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Mauvaise graine, revue créée à Cirencester, Grande-Bretagne, en 1996, publiée jusqu'en 2000. mgversion2>datura en ligne depuis 2002.
Mauvaise graine – a literary magazine – was created in Cirencester, UK in 1996 and published until 2000. mgversion2>datura has been on line since 2002. 3
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Contents - Norman Olson - Cover & Inside Illustrations - Steven Fowlers – Poems - Marlène Tissot – Poems - Sylviane Cernois – Poems - Allen Davies – A short story - Christopher Barnes – Poems - Cathy Garcia – Trans(e)creation, poems - Henri Cachau – Les innocents, Poupées et Ouvrez, short stories & Portraits of Alfred Jarry, James Ellroy and Charles Bukowski - Gilbert Marques – Il y a... longtemps, A poem - Collin James – Poems - Denis Emorine – Pèlerinage along with the English version, Pilgrimage, translated from French by Brian Cole - Navanith Ak – Poems - Jan Oskar Hansen – Poems - Announcements Steven Fowlers 5
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Poems (Sean Eisenstein)
when the fighting began I managed a streetcafe belonging to the riverrose coloured and flooded
the initial problem the loosed animals the leashes had melted in the heat wax and fur a smell one grows used to
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talking of war in decades making an admission to Israel an appeal to the young women about to begin their national service i am the only man in the room with foreskin
'see it before you die how it is before tampering'
wonder how they let themselves get a taste Laszlo, Moishe, Itzhak I speak for the vines, the greek grapes toned thighs, core strength
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I love another, a sister and a mother the August heat sets concrete
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(enriched – depleted)
I was born to radiation sheet light towers have the bricked the sand into figured hand I was born to education when children cowered beneath rumination where kites flew black and hurried on a charring stack not memory, mine a false bow band to fungal roaring sign not forgetful the hanging man seared to taint his children wan
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mope the schooling a future breath on a keeling slope the cloud rising in tune with my patience breath, the bloody tide the mean ship root frieze postured printed sleaze the flesh literally slipping from the bone the lidless eye the rocket moan the launch. for men I know now, in vague, pirate documents they wanted it so, to commit the bombs litter snow
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and I do not forget in my childermass fret that my fathers tried to kill me in my cub I, like the abraham who happens to be dressing goat so slips the thirst down my throat I would have done the same
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(miserere)
my sister’s pet I hold beneath the bath water I wanted share with it my culture
a primitive mandatory baptism zither and a waterboard
a cast copper thimble required animal and I; grisly bondage
I was unable to teach it vowels regardless, it said little
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nor was I listening then for moments, it died
I had pressed it’s neck too hard trying to bulge it’s eyes
though I know not why, it then revived my sister found it changed
and in good time, died it appeared a quiet end
she blamed it on the travel
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they will say the same of I when the time comes for me to die
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(Epictetus to his wife)
that you have crippling worry I do not mind be riven starve yourself to your own end I too dislike my own toes it is that you lack the fortitude to keep it hidden that disgusts me so self hate is liquid
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weakness you have not the chracter to mind your basic manners and your chronical is poorly spelled
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(Diogenes tortures an ant)
the magnifying glass is meant for looking like eyes I would not burn an ant with those a rock a cup of water are fingers and hands built to discover cracks and they are all I need to clear a path
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of dirty bathwater and swim sunborn to the latrine that has no roof
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(oedipus rex)
doubled gangling shaved white pelvic crease cracking against one atother until clouds of powder billow smile loyal to permanence
hollow stares from sockets honest, at least sockets soon balljoints bur teeth chatter in the heat and marrow sneers
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ensor and child what but cancer is closer to death than two skeletons pummelling each other?
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Marlène Tissot
Poems untitled certains jours il suffit de croiser le regard d’une fleur poussant dans une fissure de l’asphalte pour se dire que tout est possible
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Une forêt au fond de l'eau Assises sur la berge à écouter le printemps à regarder le reflet des grands arbres sur la rivière on n’était pas venues ici depuis si longtemps tu te souviens, elle me demande quand tu étais petite et que tu croyais qu’une forêt poussait là au fond de l’eau oui, je réponds, je me souviens et je me dis c’est sans doute qu’elle doit - qu’elle devait – m’aimer quand même un peu pour se rappeler d’un truc pareil
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Tout en bas des gens Il regarde les jambes qui dépassent sous le rideau des isoloirs des genoux jusqu’aux pieds et il se demande s’il pourrait deviner pour qui vont voter ces personnes simplement en observant leurs chaussures le bas de leur pantalon leurs jambes gainées de lycra il se demande s’il n’y aurait pas davantage à découvrir là tout en bas des gens alors qu’on lit si peu de choses sur les visages trop de maquillage trop de masques trop de rôles appris par cœur et finalement, se dit-il tout ça n'a pas vraiment d'importance pas plus que le contenu des petites enveloppes bleues
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Ce matin tandis que la neige fondait doucement dans les rayons tièdes de mars, j’ai étendu la lessive envoyé les moutons brouter ailleurs rangé les factures sauf celles qu’on devra payer avec un peu de retard fait le lit sorti la poubelle rentré le courrier préparé le repas mis de la couleur sur mes lèvres sans cesser de me demander en quoi l’accomplissement de tous ces gestes pouvait sembler si parfaitement normal aux gens je n’ai pas encore trouvé la réponse mais la neige continue de fondre et je suis presque sûre qu’on est bien au mois de mars
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Cendrillon London Station Angel Sous sol d’un Starbuck Coffee Un thé gigantesque, dans un verre de carton. Pour réchauffer mes doigts. Le bout de mon nez. Mes pensées. Essayer d’y voir clair. Croiser des regards. Échanger des sourires. Peut-être même, quelques mots. Je souffle sur le voile de vapeur Earl grey. Il n’y a pas grand monde. Dans l’angle, lové sur le sofa, un jeune couple vit ses premières heures de passion. Leurs yeux comme des lucioles électrisées. Ils ne parlent pas. Elle se mordille la lèvre. Il lui caresse la joue. Front contre front. Leurs jambes enchevêtrées. Comme s’ils n’étaient plus qu’un seul corps. Je ne parviens pas à détourner le regard. Et ça fait comme des éclats de verre sous ma peau. Tranchants. Je frissonne. Besoin, subitement, d’être aimée. Non que je ne le sois pas. Mais lui et moi ressemblons davantage à des braises essoufflées sur un tapis de cendres. Je me demande où est passée l’étincelle. Et le tas de brindilles sèches 25
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prêtes à s’enflammer au premier souffle. Envie d’allumer un immense brasier. Mais j’ai paumé les allumettes. Le froid me griffe. Le vent hurle dans les sanglots de pluie. Il serait temps que l’hiver nous foute un peu la paix !
Un dimanche comme un plat de nouilles froides Les non-dits font comme des mines planquées sous la peau grise des jours ordinaires prêtes à nous péter à la gueule Alors on avance sur la pointe des pieds on échange quelques banalités mais le cœur n'y est pas Et les sourires restent figés dans un fond de beurre rance.
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Swimming poule Parfois les rêves débordent, inondent le réel et le quotidien se met à ressembler à une immense piscine où surnagent quelques aléas ridicules comme des bouées à tête de canard
Ligne de conduite Elle s’était fixé une ligne de conduite et elle comptait bien ne pas en dévier la suivre jusqu’au bout coûte que coûte avec la détermination d’un chien flairant une piste la rage d’un junkie sniffant son dernier rail de coke
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Racheter ses fautes Les nuages moutonnent Trop nombreux Ont brouté presque tout le ciel bleu - J’ai pas de père, tu me dis. Et j’essaye de trouver le rapport avec ce dont on parlait juste avant. C’était quoi, déjà ? Ah oui, le hasard des rencontres. Toutes ces vies qui se croisent, se tissent, font des nœuds, se déchirent. Tu regardes au loin. On dirait bien que je n’en apprendrais pas plus. Le point d’interrogation danse sur le bout de ma langue. Je ravale la question. Tu n’as jamais aimé les questions. Lentement, tu viens cueillir un baiser. Un de ceux qui laisse fébrile. Affamé. Et quand nos bouches se séparent, tu gardes les yeux fermés. - Elle n’a jamais rien voulu me raconter, ma mère, tu murmures. Alors tu vois, j’ai imaginé les pires trucs. Que mon père était un salop de première, une ordure, un monstre. Et je n’ai jamais pu décider si je devais le détester, ou racheter ses fautes en étant un fils exemplaire…
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Ta bouche sur le bord de la tasse Avant de partir, tu as déposé dans l’évier, ta tasse. Il reste, au fond, une petite flaque de café froid et sur le bord, la trace de tes lèvres. Je ne passerai pas l’éponge dessus. Pas encore. J’attendrai quelques jours. Que tu sois rentré. Garder le souvenir de ta bouche ici, avec moi. Glisser ma langue dessus, si tu me manques trop fort. Et je me demande d’où vient cette peur qui creuse mon ventre à chaque fois que tu prends la route pour un peu trop loin. À moins que tout ceci ne soit qu’une sale petite ruse pour oublier à quel point je déteste faire la vaisselle…
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Quand les néons tremblotent Certains matins un peu plus que d’autres il se demande ce qu’il fout là et à quoi bon tout ça parfois il voudrait bien voir voler sa vie en éclats surtout quand les collègues le traitent de gros lard l’appellent Moby Dick et lui tapent sur l’épaule en se marrant quand Barbara de la compta n’est pas là avec son sourire comme un baume apaisant quand le téléphone sonne trop ou pas assez que la machine à café est en panne que le boss décide d’être encore plus casse-couilles que d’habitude quand le ciel tire ses rideaux gris et qu’il faut éclairer les bureaux quand les néons tremblotent juste au dessus de sa tête comme s’ils n’arrivaient pas à se décider si oui ou non oui ou non ? Certains matins un peu plus que d’autres 30
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il voudrait bien travailler au dernier étage d’ un gratte ciel ouvrir grand la fenêtre et prendre son envol avec l’élégance d’un aigle Royal
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Bridge over troubled water C’est le titre, il me dit. Et il répète les mots, en les détachant bien, comme s’ils étaient d’une importance capitale : bridge over troubled water. Simon et Garfunkel, il ajoute. Je me souviens de la pochette du trente-trois tours quand j’étais gamine, avec le petit brun et le grand blond aux yeux pâles. Il tourne le bouton sur la vieille chaîne hi-fi. Pousse le son, très fort, comme pour éviter que j’entende ses pensées. Il balance son regard par la fenêtre, au loin, hors d’atteinte. Se drape dans une froideur hermétique. Et je ne sais pas quoi dire. Je décroise les jambes, tends une main timide. Mais sa posture décourage tout mouvement de tendresse. Alors je balaye quelques miettes imaginaires sur la nappe. L’impression d’être sur ce foutu pont et de le regarder se noyer dans l’eau trouble. Sans trouver quoi faire. Sans comprendre ce qui cloche. Immobile. 32
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Inutile… J’aimerais qu’on m’explique comment le sauver, effacer le tableau noir de ses pensées, remonter le temps. Je voudrais lui tendre une corde d’amour tressé. Le tirer de là. Le libérer de ce je ne sais quoi qui l’empoisonne. Mais tout est coincé en moi. Les sentiments comme des rouages rouillés. Je ne sais pas dire les choses comme il faudrait. Je ne trouve jamais le geste approprié. Je tiens ça de lui sans doute. Alors je murmure simplement, je suis là tu sais. Comme si, bordel, ça pouvait changer quelque chose ! Il ne répond rien. Serre les lèvres un peu plus fort. La gorge qui vibre, un sanglot qu’on étouffe, le léger soubresaut des épaules. Et puis plus rien. Il a déjà repris le contrôle. D’un revers de manche il torche ses yeux comme deux gosses capricieux. Avec l’agilité d’un artiste, il se dessine un sourire. On devrait rejoindre les autres 33
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dehors, il dit. L’air rassuré. Comme s’il venait d’échapper à une terrible catastrophe. Et moi j’aimerais trouver la force de lui dire qu’un père, ça n’a pas l’obligation d’être fort tout le temps, ça a le droit de pleurer aussi…
Sitting on a cornflake, waiting for the van to come Aujourd’hui j’ai huit ans et demi. Tout pile. Je n’ai pas encore décidé quelle importance accorder à ce et demi. Le soleil ouvre un œil timide en paupière de nuage. On dirait qu’il n’en sait pas beaucoup plus que moi sur cette journée qui commence. Les cornflakes se noient en silence dans mon bol de lait. 34
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- Prends un peu de sucre, dit maman. - J’aime pas ça ! - Il fait froid dehors, mets du sucre, elle insiste. Et moi, je vois pas le rapport. J’aime pas le sucre. Ni en été ni en hiver. Maman soupire et verse une pluie de cristal blanc sur mes pétales en perdition. - Ça donne de l’énergie, elle dit. Ça fait grandir ! Mais je suis déjà terriblement grande. A l’intérieur. Alors qu’aux yeux du monde, sans doute, je suis toute petite. Minuscule. Presque invisible. Telle poucette sous son pétale de rose, dans sa coquille de noix. Alors je m’assoie sur un cornflake et j’attends. Papa finira bien par revenir, comme il est parti, cheveux au vent, au volant de son combi jaune. Et les nuages deviendront roses. Il pleuvra des larmes joyeuses, les points d’interrogation prendront leur grand envol vers de lointains pays, celui où poussent des oranges sans le moindre pépin, sans la moindre amertume. - Arrête de rêver et finis ton bol, dit maman. Tu vas encore être en retard à l’école.
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Comme un animal sauvage qu’on croit pouvoir domestiquer Elle est là, perchée sur un coin de trottoir, petite vieille chétive enveloppée dans un imper gris-beige à caresser son cabas comme si c’était un petit chien bouclé à engueuler le vide à interpeller le vent Et les gens passent la dévisagent sans discrétion ricanent, haussent un sourcil émettent un petit reniflement de dédain de pitié ils accélèrent le pas ou bien s’éloignent, changent de trottoir comme si sa folie pouvait être contagieuse Et je me dis qu’on est une belle bande d’imbéciles à penser qu’on vaut mieux parce qu’on tient la nôtre en laisse parce qu’on croit avoir réussi à la dompter notre folie
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Dérive « Don’t you know you’ve got your daddy’s eyes ? Your daddy was an alcoholic » Starsailor Et ça tangue Et ça valse Du roulis dans les tripes Les vents arrières qui terrassent les nuits J’y comprends rien papa La vie, pourtant C’est pas la mer à boire Et toutes ces bouteilles vides Tes SOS Le rafiot qui prend l’eau Nage, bordel, nage vers moi Bientôt tu seras trop loin Je n’aurai plus la force de Te rejoindre
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Les jours Les jours se suivent à distance respectable en s'épiant mine de rien comme s'ils craignaient que le prochain les morde ou qu'il leur fasse de l'ombre J'ai peur qu'ils se mettent à porter tous le même costume à marcher au pas à baisser les bras Je rêve d'un hier qui lambine d'un demain qui se pointe sans prévenir et d'un aujourd'hui qui ne se soucie ni de l'un ni de l'autre
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Sylviane Cernois
Poems Ligne de ballon mort
vue de loin :une chambre derrière le drap un corps fixé par des épingles forme des cachettes - lingeries féminines bruit de baisers
un coin perdu du port une petite fille excitée jeu de jupes embrasse ses petits bras brûlés
le train de retour une voyageuse jambes nues regarde entre les mailles liens puissants de lui à elle Transe – Express
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la valise et s’en va elle sourit caressée animal deux hommes – une femme un langage minimum asexué Cinq heures d’amour
ils sont ensemble poupée parlante il va rester absent brusque écart des peaux corps sonores :J. S. Bach
lui :un séducteur sans col cravate marche vite pénètre de l’ombre à la lumière au bord de ses lèvres
très près de son visage comme collés jusqu’à la peur neige en hauteur nuit blanche à deux éperdument
à son insu insoumise désir à ras des yeux leurs gestes aussi doux que soie 40
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lui elle / elle lui Nuages chauds
voix extasiée de femme visage nu passage ouvert Elle. Toi… panoramique sur une étreinte douloureuse aisselles odorantes
main resserrée de l’homme main mate deux épaules – sueur fin d’après-midi corps enroulés larges Suspense blanc
hôtel California froissement des paupières petite image de papillons ensommeillés envie :tu restes ici sur mes lèvres
lustres vénitiens en soirée silence ils dansent jambes curieuses (assez près) sourires esquissés – Elle pleure 41
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le couple en vis-à-vis toujours- une véranda ouverte bord de mer calme. Ils s’enlacent je n’ai jamais aimé – Toi
à gauche de la scène décolletés- belle femme Vous la connaissez ? Venise ? à Berlin sa proximité charnelle blues : John Lee Hooker
murmures amoureux tête à tête reflux- persiennes closes assaut de jalousie
endroit où tombe la balle gestes souples lui sentimental silhouettes intimes Ravissement
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robe tombée à terre s’ouvre comme une fleur angles bas ongles courts mes doigts doucement sang d’oiseaux
cris couchée cadre de fer regarde pas contre son pied sa lenteur intacte bras nus oui Emotions arrachées
c’est le soir ? décor de divan nu rouge pose les mains avance lumière baissée fixement voyante
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Allen Davies
A Short Story The 2007 Kristin Henry Golden Onion award- for outstanding alternative to a single teardrop in a short story:
Tears for U Run. Push through this crowd, too many people: typical horror of the rush hour in Shinjuku. Tokyo should be the city that never sleeps, not New York. No sorries, no samisens- polite excuse me’s. He walks, no not walks jolts, bruises his feet with the force, and quickens the pace. Face is full of frowns verging on grimaces. He keeps re-adjusting his strap belonging to the man-bag. It’s heavy, full of books. He rushes into the subway, dazed, angry at the whole crowd for dawdling. Quick! There’s a seat. He sits down and takes a deep breath. Then it hits him in a spilt hair second, as if he was on the tracks run over by the train and not in it. At first a quivering lip, brushed away by a hand wiping across his face. Teeth bite his lips. Tongue rolls around. He looks forward, pretending to be proud with defiance in eyes. 44
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It’s no good. The heaving has started. It’s like he’s about to spew after too much sake. That chest is rising and falling, not evenly but in a rhythm which is disjointed. His face feels like melted plastic falling apart and dripping...Tears gush from his eyes. Now his face is red and looks full of pain and buried remembrance
resurfaces,
jolting
out
of
an
unconscious prison: shaking all over in a bodily earthquake; a warrior without armour: crying being a real man. There’s no reason to wipe away the tears. They flow non-stop. A tidal wave is released. He knows why. It’s him, the one: the only one-lost forever, thrown out of his life with a shout and hand pushing him out the door and out of his life forever. If only he could roll up into a foetal position, shake as well as heave and sob. But he doesn’t. Even when letting it all out, the molten lava of his psychic core, there is some wink of restraint required.
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Christopher Barnes
Poems Rula Lenska Hey saying countess you stump up your bloodline for the sick blue as a Vistula lunar tide. Buddhism, Botox? Self-importance unclotting - no sirree; hair flames go to wishy-washy ash overwhelmed by an Alberto VO5 hose. Does that deep-sunk burr loom when you sky-rove a balloon? And will Chelsea stargazing swirl as if it's '68 for Biba-Nova?
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Naomi Campbell Where's that drop-dead 15 year old on the sleeve of Elle? A high kicker with bayonet legs long-standing on red belfry slip-ons, every inch what Elite Model Management thought fit. The Design House Of... Cat Deluxe spoors the limelight. Off and on flashbulbs, irrepressible sequins can over do it. A stride from the runway exasperated clobbers wielding a phone. Unstrung threats to boot a dogsbody out of an about-face Peugeot - recurring white lines.
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Dev Patel Such fledgling magnetism. My nub jiggled touring you clinging on double-decker. On transmission you were each time telling, prepossessing, itsy-witsy la-di-da. Tweaking identities is but a booty waggle; you wrap up nifty. What suggests itself off-set? Go on - flashlight the wall with a smile.
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Barry Humphries A whistle-clean hyper elegant householdry, Melbourne's flower-bedded city, shore leave, subconscious selves slipped into, engendering for-all-to-see rascalism. Your ejection seat pops to Thames flux and the 60s. Klaxon-like there's gladioli, the gigastar self-coded Moonee Ponds housemother who tunesmithed the indestructible verselette "Morce En Form De 'Meat Pie" in custom-built glad rags, Australia Day kitsch. But tipple quips - run through for Sir Les?left you knocked out in a star-sequined gutter, lippy-splotch grin on a far-from-home phiz.
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Anthony Hopkins Mantelpieces stack back-pats. Stagings. Dyed-in-the-wool deck clearing in the presence of each cue. Read-throughs nominal off-the-cuffness in a crisp go. California's all gone to barflies. How many moonrake recital room overtures? Hide nor hair with your visceral range. At any rate you don't prerequisite acting.
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RuPaul Insofar as a baby bopper was immersed in Teflon 'n' Tupperware sink, mom breaking his arm while The Supremes on Ed Sullivan postured 'Baby Love'. The sugar lump with Best Afro tumbled into smittenness, a boy at grade school. We'll all sizzle Kool Filter Kings without further ado. Glam hooker drag's the riposte so a gilt-edged model for the megacosm goes mass-luminosity high-head wig flapping sex, mother-naked, trash-can interchanges, dummy blonde and star-brushed pics.
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Cathy Garcia
Trans(e)creation1 (extraits)
TRANS(e)CRÉATION Ou l’art de sabrer le poulpe et la pulpe (extraits)
Il faut parfois de grandes bourrasques qui nous laissent hébétés, en dehors de nous-mêmes. Partir. Ne laisser que nos mues quelque part griffonnées, cachées dans une fente, entre les dents d’un voleur d’âmes. Un vendeur de vent et ses hochets de feuilles. Nous purgeons nos peines de vie et pouvons saisir dans une fraction de temps, de soleil, de silence, quelques visions et parfums fugaces de paradis.
1 Ed dlc, 2009
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Le chat lèche le pain, le pain lèche le chat. Inextinguible simplicité des jours. Ne pas casser le rythme. Je songe aux sources fluides entre le bas et le haut. Moi entre deux, à laver les rigoles, désencombrer les canaux Fièvre blanche. Au centre des pupilles, la veine de nuit. A la fourche des doigts, mes flocons d’encre bleuissent. Mise au pas. Marcher tout droit. Révolution. Tourner en rond. Attaquer le chat au chalumeau pour qu’il en sorte un chameau. Jouer avec les mots. Balles au bond, rebonds. Au vol et revol, vers quoi ? Nous brocantons le futur tandis que décantent les souvenirs dans la cuvette sacrée. Aujourd’hui je lave mon sang. Lichens, pulpe et déchirures. Avec les ongles fouir jusqu’à la source, se tailler un chemin dans l’impénétrable. L’énigme.
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Trans(e)création Tant de bouches assoiffées, d’offrandes transparentes à la coupe du monde. Oublier les mots, manger les mots. Chamade des nerfs. Neige majuscule. Césure magicienne, le geste qui ouvre la mer. Le corps a soif d’équilibre Si on lui fait confiance Il sait trouver la danse Et il danse.
Le manque m’a donné la connaissance intérieure du vide. La voie de l’instant, l’ennui pulvérisé. Juste se placer dans l’intervalle. Impeccable posture. La seule qui réponde à une véritable nécessité. Appel et jaillissement, évaporation, déshabillage. Le témoin est presque nu maintenant. Franchir, s’affranchir. La traversée ne relie pas un point à un autre, elle nous rend à notre originelle unité. Pense-bête Musique de mes vertèbres, cadence de mon sang. 54
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Cendres et sang, rognures de lettres mortes. Penser quand je serai morte à récupérer mes os. (…) Cycle et fiction Le chat lèche le poulpe. Le poulpe lâche le chat. Le cycle n’est pas une roue fermée. Seule la vitesse en donne l’illusion. Qui empile les constructions mentales, mathématiquement est foutu. Rien à atteindre sinon le hors d’atteinte. L’essence du rêve. Un pli imaginaire, un sein de coquillage. Tenter de fixer à l’encre de chine, l’extase insolente du fossile.
A l’envers fluide du vertige respirer un oiseau, battre la peau des tympans. Pluie visqueuse, trop palpable. 55
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J’ai mal à elles, mal à eux. Illusions. Ne pas être touchée par le malheur, la massue, le missile qui s’abat sur toi autre moi. Chaque coup, blessure, torture sont portés à ton ardoise, Homme qui au galop voudrait fuir tes propres jambes. Arrête la main, le bras, le pouvoir de celui qui frappe ! Arrête de frapper, arrête la bouche, le mensonge ! Tais-toi ! Tais-moi. Et mâchons nos poulpes. Intermède médiatique – Corps de bébé dans le congélateur Plusieurs coups de couteau à son en-saignant Surdose d’héroïne Anxiolytique Plan de soutien Réformes en profondeur Parterre de patrons de presse Mesure d’urgence 56
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Aggravation des problèmes structurels Suivi des mesures Suppression sans licenciements Pôle emploi Partenaires sociaux Le gouvernement prendra ses responsabilités (trois fois) Exfiltration Acte de candidature Contreplan de relance Echéance à venir Suspendre le plan social Protection des lèvres Placements financiers Gestion transparente Services en ligne La solidarité est une force
Jeter les nuits vermoulues dans un sac de suie puis jeter le sac dans le puits. Scander la fin de ce monde et de son encre boueuse, redessiner l’infini.
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Je me prête à vos jeux Ô mes petits compagnons Et j’en invente aussi. J’écarquille mes perceptions, je lèche la lumière. Je trace au pinceau des sentiers échevelés, des seins de lune où je dilue les abysses.
(…) Corps thaumaturge. Flaque haletante, étreinte océanique. Vertige et déchirure de la naissance. Le volcan constricteur des chairs vibre de moissons ! Transgressions génitales, jougs intenses, sources de vif et d’extase. La béance nous fascine mais au-delà de l’érectile corail, l’infini déferle et renverse les destins, laissant ci et là des épaves poreuses. Un vomi de doigts pétrifiés. Un courant de vermine moribonde, de cordes à étancher. Nous sommes las des haines. Liane primordiale, combien de brins ? Des tissus, des normes et quelques mirages lacés serrés. Crachat de tôle, abîmes du souffle, fleur de foutre. Crevasse, chagrin souillé, poisseux de la sève essoufflée. 58
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Ecoutez ! J’entends le sanglot des papillons dans la caverne. La lente trajectoire hivernale. Ressac, sel et sang sous les paupières. L’horloge folle fait le grand saut quantique. La terre s’offre à l’espace. Les paroles se cristallisent. L’eau dénoue le vent. Dans l’échancrure de la lumière, La graine de beauté. Faire des récoltes parallèles. Braises rousses dans la bosse des ténèbres. Géographie des forges et des cryptes. Indescriptibles jachères de dentelles écorcées. Stigmates de beauté. Voir d’un séisme l’impossible éclore. Déraciner les visions, les poser entre les pattes d’un puma. Chercher le cercle vivifiant, la farouche saveur des marges où les plantes palpitent dans un froissement de forêt. Souffle et serpent dans un fouillis de luminaires. Une éclaboussure de pluie dans un giron de pollen. De l’antique humus surgissent des langues, des chants et des cordes. Des sortilèges de cornes et d’équinoxes.
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(…) Turbulences mentales. Le poids des questions. Aux quatre faires où aller, sinon en l’air ? Confusion. Grand toboggan. Oppressant, n’est-il pas ? Savoir que nous ne sommes pas seuls permet d’être seul, car grande est la tentation du terrier. Seul on se torture et on aime ça. J’ai beaucoup d’envies mais n’ai plus l’envie de l’envie.
J’épouse le labyrinthe dans la trajectoire nocturne. La langue propice se diffuse et de son flux naissent des visions errantes. Intuition d’une naissance, algue parmi les algues. Extase de la nudité.
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Je contemple l’inachevé, l’œuvre tellurique. L’œil vivant dans ma fibre noueuse. La gouge des insomnies me sculpte des hanches de génisses et un chant monte à ma gorge comme un levain. Je suis la sentinelle de la gorge d’argile. La chienne andalouse authentique et féconde. Ecoutez ! Ma meute aveugle brouille la source, dégringole en fracas les chaos de rocailles. Boit à même les carapaces, désordre et jouissances. Au bas des falaises, une lionne rugit, éclair dans l’œil, un fagot de vipères dans le ventre. Entaillée jusqu’au vertige. L’esprit fissure la chair, efface les fresques de soufre. Caravanes d’éclipses. Berceaux de minerai. Une corde vibre, écoutez ! Corde, cible, projectile. Calice fracassé.
Les orfèvres des nerfs savent travailler la poussière et la rouille dans la craquelure des crânes. Fièvre des déserts visionnaires. Lunes aveugles, dollars putassiers. Brut teinté de grenades dans lesquelles mordent les nomades. Les illusionnistes écorcent les corps après ébullition, dissimulent les noyaux instables au fond des failles. 61
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La sentinelle, les paupières lourdes de mélopées, ouvre ses cuisses solaires découvrant l’ourlet, vagin mystérieux léché par l’écume, éblouissante et fugace semence. Son enfant aura trois têtes. Tout homme dans la terre pétrit ses rêves et ce qui reste des dieux que nous n’attendons plus. Devant la beauté grave des femelles, les désirs se font crépusculaires. Elles portent l’automne comme un fétiche, dans la paume noire du corps brûlé des villes. Oubli des sources folles, des paroles d’oiseaux. La houle du sillon ventral tâtonne dans la bouche obscure. Se fraye un passage. Anges, couteaux et satin. Dans l’embrasure, ne pas céder à la panique. S’y résoudre. Erosion, usure de l’éros. Kabuki, peau, entailles. Je vous laisse l’obscure extase de l’effroi. (…)
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Henri Cachau
Three Short-Stories
Les Innocents
En
ce
temps-là
Vélasquez excellait dans la transcription des ragots de cour madrilène, mettait en scène des gnomes, des infantes, des bouffons, des ministres, des anges, des dominations,
par
leur
intermédiaire
démontrait
comment ce spectacle, parfois hideux, asservissait l’art
pictural,
portrait...
On
notamment peut
celui
imaginer
que
précieux ces
du
grands
d’Espagne ou d’ailleurs il les faisait poser en fin d’après-midi, à ce moment si particulier ou la lumière se distribue en rayonnements doux et chauds, où se lèvent des rehauts de feu, des flammes sur les velours et les pourpres cardinalices, sur les grands cordons, les insignes ; se révèlent le mordoré des soies, les rubicondes tonalités des visages, en particulier celui d’apparence bougon d’Innocent X, dont il sut saisir la douteuse personnalité ; ne le 63
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jugeaient-ils pas, ses contemporains, mystérieux et saturnien !... Il faut savoir que durant les XVI et XVII me siècles la papauté joua un rôle primordial dans l’art européen, avec sa ribambelle de Pierre – tu es Petrus, et super han petram aedificabo ecclesiam meam –, d’Urbain, de Boniface, de Léon, de Borgias, d’Innocents, qui tous pratiquèrent le népotisme, la sophistique et sur le plan des arts s’assurèrent d’un exclusif mécénat. Un terme qui ne me plaît guère, introduisant une confusion sémantique concernant ce thème, vu les éternelles misères faites aux artistes par ces fâcheux ecclésiastiques et commanditaires : « Tu me peins la Sixtine, sinon gare ! »... Il semble que Vélasquez en ait pénétré la personnalité...
… « J’aimerais
Eminence,
Majesté
ou
Président, que vous fassiez un effort, rassembliez les éparses facettes de votre personnage, les concentriez en une seule identité face à mon objectif... Faut-il que vous vous méfiiez de cet œil humain ou mécanique, jamais ne se satisfaisant de ce qu’il embrasse au travers de ses miroirs et lentilles souvent déformantes, sinon, si vous continuez à vous contorsionner, comment voulez-vous que sur la toile correspondant au format souhaité, j’y reproduise, 64
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avec
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talent
et
maîtrise
–ces
dons
qui
me
caractérisent, justifient mes émoluments –, votre grandeur !... Songez à quelques acteurs ou présidents américains en vogue, aux Paul Newman, Gary Grant, Ronald Reagan, etc... Là, c’est presque parfait... plus haut votre regard, plus lointain, plus impérieux, porté sur l’horizon, la ligne bleue des Vosges, sur le cours de la bourse !... Voilà, presque ressemblez à votre illustre ancêtre se faisant portraiturer malgré ses forfaits politiques et ainsi prédestinant votre fière (maudite) lignée... Tachez de maintenir la pose, de sauver la face, de me présenter votre meilleur profil durant cette première séance... Attention c’est parti ! j’œuvre en conséquence, à l’aide de sépia et d’ocre clair assure la mise en place des drapés, puis confirme les valeurs, celles que nous déclinions en de fastidieuses gammes avant de les manier à bon escient ; mais s’appliquait-il ce terme à consonance esthétique à celles mésusées alors qu’incessamment nous nous référions aux œuvres de cet hidalgo ? Le concernant, référez-vous à sa « Reddition de Breda » habilement suggérée par une mise en scène d’objets contondants, des hampes, des hallebardes, etc., immédiatement on se rend compte que Don Diego était un véritable artiste, et là où ce peintre excellait c’était dans le rendu de leurs carnations, de 65
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leurs nuques puissantes, de leurs fortes complexions, de leurs airs saturniens, dans l’achevé des camails, des barrettes, des pourpres cardinalices avec ces rehauts de feu, des éléments avant-coureurs d’un expressionnisme moderne, son motif par excellence demeurant l’Innocent X, l’un de vos lointains parents à ce qu’il paraît !... Alors plain-chant, Jésus que ma joie demeure ! Vite, brosses, pinceaux, chiffons, térébinthe !... N’était-il pas en notre école des beaux-arts cet artiste qu’avec prédilection les massiers nous faisaient copier, peintre officiel de la cour de Philippe IV ?... On ne bouge plus, le petit oiseau va sortir ! »... On peut être étonné par cette surveillance constante de l’œuvre en cours que s’impose tout commanditaire peu ou prou fortuné –il en allait ainsi autrefois,
lorsque
prenant
du
recul
l’artiste
attentivement observait ses modèles royaux, alors que
leurs
infants
marmottant
allez
et
ministres,
savoir
quelles
pouffant
ou
incongruités,
critiquaient l’ouvrage –, mais aussi comprendre qu’ils souhaitent un portrait digne de leur suffisance, à la perfection suggérant, une fois gommées rides et malformations
cutanées,
leur
convenue
ou
circonspecte physionomie ; seul le style naturaliste 66
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permet une juste transposition figurative, lorsque est requise la ressemblance afin de personnaliser ce genre d’individus. En conséquence ils nous rétribuent à l’aune de nos mérites, escomptent un autocontrôle garantissant la maîtrise des opérations, cependant, au-delà
de
leurs
exigences,
saisissent-ils,
ces
mécènes, les problèmes qu’entraînent leur native suspicion, cette sourde méfiance s’étendant jusqu’à leurs collaborateurs, leurs proches, les incitant à reluquer dans les recoins les plus sombres afin d’y débusquer des regards inamicaux (assassins ?) –tu quoque fili ! –, à exécuter une perpétuelle danse de Saint-Guy due à l’instabilité de leur trône ; leurs difficultés à l’occuper se répercutant à leur façon de n’installer qu’une seule de leurs augustes fesses sur le tabouret de pose !... Mais je vous parle d’une époque
relativement
tranquille,
celle
d’avant
l’arrivée des Game-Boys et téléphones portables n’ayant en rien arrangé la naturelle agitation, pour ne pas dire dissimulation de ces notables jamais satisfaits de leurs images. Dès les premières esquisses ils imposent une fidèle ressemblance avec ces hiératiques défunts pérennisant leurs castes et tares sur les cimaises familiales, d’où, bientôt accrochés à leur tour, ils y représenteront l’énième maillon de leur généalogie, l’ultime page ou séquence de leur 67
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feuilletonesque saga... Faut-il encore que sans sourciller le futur portraituré nous exhibe son meilleur profil, son attitude la plus altière, accepte d’être soumis à une féroce chirurgie plastique, attendu que si l’art n’imite pas le visible il est susceptible de le recréer !... Entre professionnels souvent nous nous référons à l’Innocent X peint par l’espagnol ainsi qu’à celui plus récemment massacré par Bacon... Comme si l’œuvre, la commande, puissent s’assurer en quelques coups de brosses, l’empressement de leurs présomptueux descendants, toujours sur le qui-vive, ajoutant aux difficultés du métier, lorsque vous faisant remarquer que selon le contrat négocié, la figure représentée ne correspond pas –mais pas du tout ! – à leur glorieux parent. Dans ce cas précis, si nous n’étions déjà engagés nous les enverrions paître vers Montmartre où les rapins de la place du Tertre ne traitent les touristes qu’en surface, à l’aide de fusains
les
figurent
sans
âme
ni
caractère,
confondent beauté et joliesse !... Car je ne le connais ni d’Adam ni d’Eve votre oncle ou grandpapa ayant réussi dans les finances, l’Eglise ou l’industrie, laissez-moi le temps de le découvrir, de faire le tour de son imposante personne, dont la démesure – j’allais dire l’enflure – encombre mon 68
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atelier. Permettez que j’assure quelques croquis, réfléchisse par quel côté attaquer sa paroi nord, escalader son profil de condottiere, rassembler ses multiples facettes afin de les replacer dans l’ordre de ses fonctions et titres ; pour un vrai caricaturiste rien n’est plus recommandable que l’accentuation des difformités, des vices rédhibitoires : un grand pif, de grandes oreilles, une tronche de demeuré, voyez du côté de l’Espagnol, de Gainsborough, de Reynolds, de
Daumier
!...
Souhaiteriez
vous
que
sans
préparations spécifiques, sans une connaissance approfondie de sa psychologie, de son thème astral, de ses phobies, de ses monomanies et appétences sexuelles,
je
me
condamne
à
imparfaitement
restituer son idiosyncrasie, me voue à l’échec ? subisse la raillerie de vos gniards –les petits enfants du grand homme ! – menant un sacré barouf dans mon dos ? Evidemment, pour leur gouverne future ces chérubins doivent assister aux séances de pose, mais dans de telles conditions comment se concentrer, alors qu’en direct vous disséquez la nature humaine, êtes censé étudier dans ses moindres recoins la vie secrète,
dissolue,
de
ces
pontifes
jouant
les
innocents ; saisir les amples mouvements de leurs âmes (inquiètes), l’expression de leurs sentiments peu amènes
envers ce peintre (ce freluquet !) les 69
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décortiquant, les évaluant, les débarrassant de leur superflu, malgré leurs souhaits d’un arrière-plan composé de figurants, de ministres, de secrétaires, de gnomes, de tentures, de tapisseries, de châteaux en Espagne !... Bien sûr, je peux rependre les ombres, accentuer les clairs, adoucir les contours, retoucher les aspérités de son caractère tout en ne minimisant pas son aspect impérieux (majestueux ?) ; ne
le
jugeaient-ils
pas,
ses
contemporains,
mystérieux et violent, puissant du col et de complexion sanguine, l’Innocent X, les blancs du surplis opposés au carmin du camail mettant en valeur ses traits (réellement ?) saturniens... J’avoue y être allé un peu fort, sans aucun respect de la position sociale de mes augustes modèles, sans crainte
de
désobligeamment
voir se
leurs détourner
futurs de
héritiers leurs
faces
malmenées avant de les remiser aux oubliettes, incapables de plus longtemps supporter leur morgue, dorénavant figée, d’aventuriers d’un autre temps... Cependant, pressés d’appendre leur aïeul, haut et court dans la salle des portraits de famille, ces collatéraux omettent de concevoir, qu’implicitement rassurante
ou
décourageante
pour
le
futur
portraituré, lorsque intercepté sur le petit matin face à son miroir (mon beau miroir), cette mise à distance 70
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correspond
à
la
chirurgicale
observation
–en
l’occurrence celle du portraitiste – d’un éventuel quidam, qui depuis le trottoir d’en face, ironique ou cynique aura
démasqué
leurs
inconcevables
manières, leurs ridicules affèteries... En prenant la pose, à ses
risques
et périls
toute célébrité
s’aventure, se soumet aux manipulations toujours désavantageuses de l’artiste, à son inquisitorial examen, à une éventuelle révélation de ses travers et dérèglements, donc devrait savoir que de ce viol psychique
sa
personnalité
n’en
ressort
jamais
garantie ! … ... J’aurais du me méfier, loin d’être innocent mon dernier commanditaire était aussi madré, violent que l’autre, le sanguin prélat, déjà avait désespéré plusieurs de mes collègues en abandonnant avec fracas leurs ateliers, les menaçant de poursuites... Ce genre de délicat exercice –fort périlleux celui relatif au portrait, sachant que tout s’apprend, que nous évoluons graduellement, de copies en resucées passons du sombre au clair, de la lampe à pétrole à la fée électricité, de la nature morte régionaliste, ‘la raie dieppoise au beurre blanc’ peinte par Chardin, à la reddition quasi complète de Breda et compagnie, son inévitable 71
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troupe de figurants composée par nombre d’entre nous, jeunes rapins, encalminés face à la somme des difficultés rencontrées – implique un tacite code de bonne conduite, requiert de ces célébrités, civiles ou militaires, qu’ils nous présentent l’aspect le plus amène,
le
plus
séduisant
de
leur
personne,
n’exacerbent ni leur côté martial, ni patelin, sous crainte de rajouter aux embarras du métier. Hélas, dès les premières ébauches leur parentèle s’insurge, les juge outrageantes si comparées à l’effigie qu’ils se font de leur illustre aîné, ce grand oncle ou papa (gâteux ou gâteau ?) avantageusement assurant la pose, avec sa silhouette Louis-philipparde présentée de
trois-quarts,
broussailleux
sa
face
occultant
couperosée, un
regard
ses
cils
autrefois
conquérant, ce front large offrant une fallacieuse impression d’ampleur intellectuelle, cette calvitie prononcée, quasi totale, etc. Et c’est au peintre, il lui aura fallu des années durant scruter, étudier les œuvres de l’espagnol avant de prétendre peindre, ensuite s’attarder sur ses compositions retraçant batailles et couronnements, peuplées de chevaux, de hallebardiers, de lansquenets, de soudards bataves – Diego y excellait, savamment procurait couleurs et sentiments à toutes ces figures : princes et nabots, reines éconduites et Ménines torves, sans oublier les 72
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fourbes Baltazar et Carlos, et l’indispensable bouffon de service –, par un jeu subtil de touches colorées s’en arranger d’autant de déficiences physiques et morales,
s’assurer
d’une
représentation
convaincante, sachant que le malentendu commence avec la possibilité de diversement interpréter cet homme responsable et de la vie et du bien être de ses
congénères,
l’exactitude
de
de
restituer,
ses
traits
sinon
d’accorder
avec
les
dites
responsabilités, par un habile savoir-faire justifier l’onéreuse d’accrocher
commande leur
futur
des
familiers,
ancêtre,
pressés
définitivement
naturalisé, sur les cimaises de leurs propriétés... Les profanes des choses de l’art –vous riez contempteurs, à votre aise, mais rappelez-vous ces cahiers à dessin sur lesquels vous trouviez
des
animaux, un coq, un perroquet, imprimés en vis à vis, leurs tracés périphériques délimitant des cases différemment numérotées, ceci afin d’y apposer les couleurs correspondant aux chiffres, y étiez-vous suffisamment adroits pour que votre béat entourage s’exclame : «Ah ce qu’il est doué ce petit ! » songeât à la suspendre au salon votre œuvre magistrale ! J’avoue que de mon côté, pinceaux et crayons débordaient, et ces pauvres volatiles, méchamment 73
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chamarrés,
prenaient
de
drôles
d’allures,
s’y
décelaient de nouvelles espèces zoologiques pouvant ravir les paléontologues – rarement ont de telles prétentions de pérennité, ils s’en méfient, hésitent à se faire tirer le portrait ; on peut les comprendre lorsque
faisant
face
(accidentellement)
offensantes
représentations
d’expositions,
parfois
profanation,
ils
entrevues
confinant
déclarent :
à
à
une
« Mais
ces lors
abjecte
c’est
du
Picasso ! »... Souvent, leurs futurs héritiers traînant alentour du pilori de pose, ces neveux ou arrières petits enfants, goguenards, sots, déjà infatués, sur le mode d’une ressassée comptine : « La peinture à l’huile c’est plus difficile mais bien plus beau que la peinture à l’eau ! » vous font comprendre que vous n’assurez que des gribouillages, qu’eux mêmes en feraient autant si on leur en donnait les moyens... « Grand-père, achète-moi une boîte de peinture afin que j’en remontre au môssieu l’artisse ! »... Et voilà que ce grand-père ou grand-oncle se tortille, s’offusque, rougit, perd toute contenance et tout est a recommencer, la séance remise au lendemain... Alors que désespérément vous vous attachez à rendre l’expression non pas butée mais la plus digne de ce chevalier d’industrie, l’artificielle gravité de cet éminent magistrat, la dédaigneuse moue de ce fin 74
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politique, l’arrogance de cet académicien ou de cet ecclésiastique posant en tenue d’apparat ; comme cidevant le chevalet du grand Diego, l’Innocent X ; un portrait immédiatement célébré, encore admiré de nos jours... Pourtant, pas si angéliques dans leur vie courante ces cuistres, selon leurs prétentions et prébendes, anticipant les heures de pose ils se seront ingéniés
–usant
des
cosmétiques
et
onguents
employés par leurs épouses ou maîtresses – à effacer les
carnages
du
vieillissement,
à éliminer
les
stigmates correspondant aux désordres passionnels : la cupidité, l’avarice, la luxure, l’ambition, etc. A la sauvette, prêts de regagner leur siège au parlement, à l’évêché ou à l’Académie, vainement ils auront essayé,
face
à
leur
miroir,
de
s’arranger
en
réajustant, selon les impératifs de la mode, leurs brillantes
parures
à
leurs
trombines
et
corps
décrépis, avant d’un pas (mal) assuré se risquer vers le monde extérieur où de rassurantes courbettes les maintiendront dans l’illusion ; puis en fin d’aprèsmidi, à ce moment particulier ou la lumière se distribuait, là-bas, à Rome, en rayonnements doux et chauds, venir s’exposer sous l’œil du maître ; l’on peut concevoir que c’est pour se rassurer que ces dignitaires débarquent accompagnés de leur cour des miracles !… 75
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Intentionnellement
je
démolissais
leurs
caboches, les soumettais à de féroces ravalements, j’effaçais, reconstruisais leurs traits jusqu’à leur faire comprendre qu’une aura de mystère était indispensable ; que ce que l’on cache est aussi, sinon plus important que ce que l’on donne à voir ; que ce qui est profond –ces gens-là ne doutent pas de leur dignité, de leur innocence ! – requiert, selon la formule de Nietzsche, un voile de pudeur ; que toute identité est interchangeable, donc envisageable d’en pouvoir changer
selon ses moyens et préférences
grâce à ce catalogue physiognomonique que je leur présentais, dans lequel, outre Diego Vélasquez, les : Quentin
de
la
Tour,
Fragonard,
Reynolds,
Gainsborough, Hogarth, Perronneau, Van Dyck, Goya, etc., proposent un véritable trombinoscope. Une convaincante gamme de portraits déstabilisant ces pédants, avant qu’ils se risquent, suite à une étude plus détaillée des figures proposées, à désigner l’une d’elles, immédiatement la comparer avec mes malhabiles
esquisses ;
aussitôt
leurs
moues
m’indiquaient leurs désemparés états d’esprit, sans aménité leurs courroucés regards m’interrogeaient, dès lors, faussement désolé, en dernier recours je leur proposais la photographie, sans doute plus 76
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fidèle mais
forcément
réaliste
sans
l’utilisation
d’idoines retouches... À peine me risquai-je à échanger mes pinceaux contre un appareil qu’ils me demandaient de surseoir les prises de vue, de plutôt poursuivre l’ouvrage en essayant de m’appliquer au mieux !... Piégés, longuement ces personnages réfléchissaient,
dubitatifs
s’attardaient
sur
les
physionomies proposées, dans la majorité des cas se référaient à ce portrait de Lord Heathfield peint par Reynolds
dont
ils
appréciaient
l’exécution,
le
jugeaient particulièrement réussi, avec un luxe de périphrases m’autorisaient de le superposer au... Je les laissais s’enferrer, leur déclarais que les clichés pris, le test du révélateur serait impitoyable, qu’immanquablement leurs tares apparaîtraient au grand jour. Encore plus agités que durant les premières séances de travail, se référant aux études jonchant le sol ils bougonnaient, pliaient sans rompre sous mes insidieux propos, notamment lorsque je leur demandais s’ils souhaitaient ou non paraître l’âge correspondant à leur état-civil, celui des affaires en cours, ou apparaître sous une plus flagorneuse, rajeunie
apparence ?
Indécis,
suspendus
entre
l’opportunité d’un portrait charge ou flatté, ils jetaient d’interrogatifs regards vers le studio photo jouxtant l’atelier, où sur l’un de ses murs trônait une 77
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monumentale copie de l’Innocent X peint (violenté ?) par
Bacon,
sur
laquelle
ils
s’arrêtaient
d’interminables secondes, puis saisis par un jeu de bascule similaire à celui mené par l’âne de Buridan, hésitaient encore avant de s’éclipser, prétextant devoir s’en remettre à un prochain conseil de famille ; en règle générale je ne les revoyais plus, un chèque suivait et basta, les séances de pose étaient définitivement suspendues !…
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Poupées
Un coin de bar ou de salon d’hôtel, deux hommes, quarantenaires, discutent autour d’un verre (de plusieurs !), la conversation paraît amène, comment en irait-il autrement puisque ces deux amis d’enfance régulièrement s’y entretiennent sur la vie en général, notamment de la leur, des inévitables accidents de parcours. L’un, Julien, est inspecteur de police, l’autre, Christian, postier, à ses heures perdues
s’essaye
à
l’écriture,
auprès
de
son
camarade récupère des anecdotes lui permettant d’embrayer sur des récits, des nouvelles... Si tu crois que mon histoire va intéresser tes lecteurs, permets moi d'en douter, il n'y a pas de sang, pas de crime, pas de poursuite endiablée, pas de sexe, de surcroît un véritable suspens lui fait défaut, ça me semble un peu léger pour maintenir en haleine les fans du 'Policier', non ? Bien sûr, bien sûr Julien, mais je n'ai pas l'intention de tirer dans cette catégorie, si tu m'autorises l'expression... Pas mal, pas mal, toujours tu m'étonneras par ton 80
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sens du rebond... de la contrepèterie... Même en n'utilisant pas les ingrédients indispensables à ce genre de littérature, un max de raisiné, de traque, de cul, je suis sûr que ton récit... pourquoi pas le notre... puis le leur... suite à sa transcription améliorée, devrait au contraire les captiver... Mouais...
si
tu
le
dis...
je
n'y
vois
qu'une
occurrence... si le métier, cette seconde nature, ne m'avait quasiment téléguidé... Du flair et du génie mon vieux Julien, tu oublies ta consciente analyse d'observations que d'aucuns, moi le premier, auraient pris pour des évidences : deux corbillards arrêtés, stationnés le long d'une rivière, les croque-morts, en train de casser la croûte... rien d’anormal à première vue... Il faut laisser les morts enterrer les morts ! comme disait l’autre... C'est vrai, deux, trois, quatre et plus, l'on a vu pire lors d’obsèques consécutives à des accidents, des catastrophes... Mais j’en reviens au métier dont l'un des commandements est de ne jamais se fier aux apparences !... donc avoir l’œil et le bon !... Trompeuses, spécieuses comme dans tout 'policier' qui se respecte ! Voilà bien où je souhaite insister : ces corbillards devant lesquels, en principe, l'on se découvre tout en marmonnant une prière, rarement contrôlés par la Police, et pour cause, n'est-ce pas, 81
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l’on n’aime guère fricoter avec les macchabées, bien que dans ces cercueils à la place des trépassés peuvent, à la barbe des meilleurs limiers, se transbahuter pas mal de saloperies ; la seule crainte de la confrontation avec la ou le défunt... Ecoute, la mort c'est au quotidien que nous y sommes confrontés : crimes, suicides, accidents, rien ne nous est épargné, aussi quand la boîte est refermée, nous pouvons juger que justement, comme l'affaire, elle est définitivement close ! Ah ! ah ! pas mal Julien, pas mal, la fin éclose !... celle-là est vraiment bonne... Arrête Christian, il n’y a pas de quoi se marrer, heureusement qu'il nous reste l'humour afin de nous dédouaner d'autant de misères humaines... Parfois ça dégobille sec, cauchemarde durant plusieurs jours... D’accord, d’accord, et les poupées gigognes... Les... nos... puisqu'en douce tu es en train de me la faire raconter cette histoire... D’ailleurs je ne sais plus trop si sous ta pression je ne suis pas en train d’extrapoler... et ce serait enfreindre la déontologie judiciaire...
Ces
pauvres
poupées
russes,
méchamment emboîtées et chloroformées... Imaginetoi des cercueils perforés afin de leur permettre de respirer, l’horreur !... Réchappées de l'enfer de la prostitution grâce à ton 82
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intervention, et le plus étonnant c'est qu'ils ne se soient pas méfiés, pourtant pas des novices les albanais concernant la traite des blanches... Des femmes en général, ils ne sont pas si regardants, quoique la blanche toujours monnayable... Mais comment veux-tu qu’ils se méfient d’un innocent jogger, par hasard empruntant une rive éloignée de toute habitation, sur laquelle ils se restauraient tout en
faisant
prendre
l'air
aux
pauvres
filles...
gigognes... momentanément désemboîtées !... Pas mal, pas mal, si tu continues je n'aurai rien à rajouter,
tu
commences
à
piger
le
métier
d’écriture... il m’apparaît même que tu outrepasses le procès-verbal officiel... Malgré
leur
méfiance
naturelle
et
les
recommandations de leurs chefs, ils n'allaient pas imaginer que dans cette cambrousse, sous le jogger se cachait un inspecteur de Police ; par contre lorsque je les eu dépassés, puis de loin observé leur manège, pour quelques instants plus tard repasser à leur hauteur, si vraiment des pros, ils auraient dû se méfier... commencer à se douter... Mais Julien, pouvaient-ils ne pas penser que ce faux anonymat, plutôt le côté intouchable, inapprochable de la mort, allait durant cet ignoble trafic les garantir de toute anicroche ; s’éloignant des sentiers 83
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battus croyaient se soustraire de toute mauvaise surprise ? Même nos croquemorts s’en assurent, j’en connais
qui,
avant
de
refermer
le
couvercle,
violemment pincent le cadavre... pour le cas ou... aïe ! ouille !... ‘lève-toi et marche’ !... Sans doute, sans doute... il est évident que si j’avais renouvelé mon manège, m’auraient-ils suspecté... Il me fallait compter avec ce que j’avais intercepté, perceptible dès mon approche, une vive altercation entre ces faux croquemorts, car ils s’engueulaient et comment... Pas un français des plus châtié n’est-ce pas... J’en sais rien, mais ils étaient bien prêts d’en venir aux mains... Aux surins, Julien, aux surins, n’oublie pas que tu es en train d’écrire le scénario de notre commun polar... Ou à la Kalachnikov ! certainement que des armes étaient planquées sous les couronnes artificielles et plaques funéraires... Ils devaient s’interroger sur l’opportunité de faire sortir, ou non, les filles de leurs boîtes à trous... De sacrés thaumaturges ces gaillards, bien mieux que les princes charmants de nos contes, puisque capables de réveiller de pauvres ankylosées... A dormir... sinon debout... mais allongées ces 84
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pauvres nanas dans leurs cercueils, cela durant des heures, peut-être des jours, avec de rares sorties au grand air... Les as-tu vues... plutôt... trouvées gigognes ou girondes ?... De derrière le parapet d’un pont se trouvant cent mètres en amont... A plusieurs ils les ont retirées de leurs respectives bières, comme mortes, inertes, leurs membres ballants, à coups de baffe ces salauds les ont soustraites de leur torpeur, les ont obligées à exécuter quelques mouvements que tu imagines... façon de voir si elles n’avaient pas perdu la main... Ensuite les ont forcées à se dévêtir, se laver à la rivière... puis absorber quelques aliments avant qu’une fois piquées donc droguées, à nouveau ils les replacent dans les bières... Et toi mon gaillard tu as récupéré ces trophées, ces soutifs et petites culottes abandonnées, qui je présume sont conservés parmi d’autres tout aussi émoustillants... Non, détrompe-toi, ces sous-vêtements font partie des pièces à conviction, de surcroît je n’avais pas le cœur à la gaudriole, plutôt m’apitoyait sur leur sort, n’avais qu’une hâte, celle de faire arrêter ces putains de maquereaux... Une
arrestation
survenue 85
après
une
course
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poursuite... Enfin nous y voilà, nous pourrons satisfaire l’attente de nos lecteurs, à la limite la décrirons échevelée comme ils le souhaitent, avec des carambolages en série, des rebondissements, des rafales, du sang, du raisiné !... Ah bon, je croyais que tu ne voulais pas utiliser ce que tu considères du remplissage, car s’il y eut poursuite elle fut menée discrètement. Une fois mes collègues avisés, nous n’avons pas précipité le mouvement, il ne fallait pas alerter les types, en face nous n’avions pas des novices, mais des mafieux de la pire espèce... et surarmés !... Et bien entendu, comme de vulgaires obsèques ça s’est terminé à l’église, ce qui n’est pas banal et nous permet d’éviter utiliser des expédients trop courus... Exact, une fois que les corbillards eurent repris la route, depuis mon portable j’indiquai à mon principal et leurs numéros minéralogiques et la direction prise. Ainsi rapidement ont-ils été pris en chasse avant d’être arraisonnés aux abords de cette église désaffectée où devait s’assurer un énième transfert des filles... Et les mecs ce sont laissés faire, pas un tir, pas une égratignure, tu parles, de fichus professionnels, non ?... Pour être crédibles il nous faudra penser à 86
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améliorer cette scène... imaginer un faux curé, de fausses obsèques... de l’harmonium... y ajouter un côté surréaliste... Surpris, incapables de réagir, piteux les souteneurs, plutôt du type lâche ! De suite ils ont levé leurs mains, bafouillé des OK, OK ! l’un d’eux a tenté s’enfuir, je l’ai rejoint, comme un rugbyman plaqué aux jambes... il en riait ce con... Et nos poupées gigognes, que sont-elles devenues... Tu l’imagines, difficile de les faire sortir de leurs bières, sans doute envisageaient-elles un nouveau transbordement, continuèrent à jouer les mortes, pensèrent tromper leurs tortionnaires... Et c’est toi le prince charmant qui d’un baiser langoureux s’est permis d’une à une les ramener à la vie... Laquelle la première a bénéficié... Ça n’a pas été aussi simple, droguée elles l’étaient... A mort ?... Arrête ! Oui, une dose suffisamment forte pour les maintenir en quasi léthargie durant ce voyage devant les conduire via Rome, d’un recoin non des Balkans mais d’Afrique jusqu’à Paris ou Amsterdam... Donc un voyage chez les morts ayant duré combien d’après toi ?... Des limbes au purgatoire, après vérification, au moins soixante douze heures, je te laisse imaginer 87
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leur état... quasi cataleptique... Cadavérique !... Comme
tu
y
vas,
l’abjection
me
semble
inopportune... Elles ont été hospitalisées puis suite à leur lente récupération, leur prise de conscience d’être
sortie
de
l’enfer,
interrogées
sur
leur
séquestration, leur dressage... Des filles de l’Est, Russes, Hongroises, Tchèques, des blondes aux yeux ?... Petit père tu regardes trop de porno, figures-toi qu’il ne s’agit pas de filles de type slave, mais de ghanéennes ayant pas mal bourlingué et pas pour leur seul plaisir... Tu me parais déçu, non ? Euh !
non !
quoique
poupées
et
russes
et
emboîtement, ça sonnait pas mal ! Mais non, non, cette couleur, le noir me semble opportunément... Si tu le souhaites, tu pourras... à ta convenance changer... c’est toi l’écrivain... seule l’anecdote impérativement... Sache-le, je ne me permettrai pas de changer quoique ce soit... par contre pour assurer une conclusion plus roborative, peut-être y inclure une morale... il nous faudra songer... Que sont-elles devenues, disparues dans la nature... à la merci d’autres
ignobles
personnages...
rebondissement... 88
Pense
au
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T’inquiètes l’ami, j’ai ce qu’il te faut... L’une, sous bonne escorte a regagné son pays où elle a été confiée à sa famille, restant à savoir si celle-ci n’avait pas joué un méchant rôle en la livrant... vierge... quant à la seconde je la marie... ça t’en bouche un coin, non ? Euh ! à bien y réfléchir, tu me... tu nous sauves la mise... quelle meilleure chute pouvais-je envisager... Par ailleurs sache que nous te considérons comme témoin,
la
cérémonie
aura
lieu
ce
printemps
prochain, d’ici-là tu auras fait connaissance avec Angéla... Julien, ce ‘happy end’ est digne d’un conte, moimême je n’aurai su imaginer une telle chute, si éloignée de ce que tout ‘policier’ propose... Notre témoin de mariage et parrain mon vieux, car une naissance... oui une fille... Tu veux que je te dise Julien, c’est toi qui vas l’écrire ce récit, il t’appartient d’autant que c’est du vécu... enfin le vôtre ! Je n’ai pas le droit de m’immiscer, d’imposer ma patte, une fois encore la réalité a dépassé la fiction. Il est vrai que j’espérais broder, ajouter quelque piment en m’appuyant sur cette
assertion
de
Nietzsche :
‘Que
sont
les
évènements de notre vie ? Bien plus ce que nous y mettons que ce qui s’y trouve ! Ou devrait-on même 89
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dire : en soi, il ne s’y trouve rien ? Vivre c’est imaginer...’ C’est devenu inutile, mais si tu le permets je jouerai les conseillers, assurerai la relecture de ta nouvelle, sa mise en forme... Je t’en remercie, je savais que je pouvais compter sur toi, mais le manuscrit a été accepté, mon livre devrait sortir la semaine d’avant mon mariage, un cadeau avant l’heure, je l’ai intitulé : « Sauvetage Noir »...
...Ce même coin de bar ou de salon, une table encombrée de verres, Julien est seul, suite à une
communication
téléphonique
Christian
l’a
précipitamment abandonné... L’inspecteur lit ce qui ressemble à des phrases précédemment griffonnées sur un coin de nappe par son ami ; après en avoir assuré
une
relecture,
froisse
ce
papier
puis
l’abandonne sur la table... Curieux le barman s’en emparera, en catimini le défroissera, le glissera dans sa poche avec l’intention d’en prendre connaissance ; chez ces professionnels, loin d’être un défaut la curiosité, souvent est une source de menus plaisirs... de possibilités de chantage... L’homme sera déçu, il ne s’agit que de recommandations concernant le monde de l’écriture : « Une encre rapide, figurative, 90
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qui vise à transmettre du réel, ne tient que moulue en fine fleur à condition que ce qu’elle rapporte concerne le lecteur... »... Du charabia ! Il attendait autre chose de la part de ces quarantenaires, dont le sujet principal de leur alléchante conversation concernait les poupées russes, dommage ce pouvait être
un
chouette
scénario
pornographique
peaufiner durant la prochaine nuit !...
91
à
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92
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Ouvrez !
...« Vous allez me prendre ce citoyen en photo, saisir ses empreintes digitales puis me remplir la fiche anthropométrique le concernant, ainsi éviterons-nous toute confusion redevable à ce chassé-croisé entre l’idéalité d’une forme et sa matière picturale. Une permutation plastique toujours irrésolue malgré des peintres patentés ayant autrefois officié chez les majestés et leurs inconstantes maîtresses, laissant perdurer un doute quant à l’identité réelle ou supposée des modèles, bien que chez les Clouet cet art fut parfaitement maîtrisé, royalement assujettis François Premier et ses suivants portraiturés par l’illustre famille. Mais nos rois, nos princes n’avaient-ils pas de plus
urgentes
occupations,
des
tournois,
des
batailles, des traités à signer, au lieu de s’exposer de trois-quarts, de face, de profil, en pied ou à cheval, à la caricature ? La figure du portraituré aussi inconvenante soit-elle, selon l’acuité, le talent de l’artiste, assurant la médiation entre son être 93
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physique et sa royale apparence pérennisée pour des siècles et des siècles, amen !… Au fait, comment trouvez-vous notre président ? Pas terrible, hein ! Crispé, engoncé dans son officiel costume anthracite, les mâchoires serrées, l’œil posé sur la ligne bleue du lagon, du genre sérieux, ombrageux car responsable ! Presque l’on compatirait étant donné la lourdeur de ses
responsabilités,
la
charge
de
l’Etat,
la
componction d’usage créant l’organe officiel de la nation, avec l’Elysée en arrière-plan, sa main droite posée sur la Constitution française… Aussi vous demanderai-je, avec ce citoyen récupéré en état d’hébétude après son ignoble forfait, de redoubler de vigilance, il fait partie de cette race d’illusionnistes capables
de
vous
faire
prendre
un
fantasme
particulier pour une réalité virtuelle ! » … « Police ! Police ! Ouvrez ! »... Le temps de réagir, de récupérer mes esprits, de rassembler quelques effets, je me retrouvais au poste soumis aux feux tournants de l’interrogatoire, au passage du tabac : gauloises ou gitanes, monsieur l’AAAartiste ? Vicieusement questionné, à savoir, si empreintes de majesté, conservant un port seigneurial malgré d’osées compromissions accentuant leur prééminence sexuelle
sur
le
commun 94
des
mortels ;
si
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somptueusement dévêtues durant le temps imparti aux
premières
ébauches,
par
leur
luxurieuse
présence, ces muses ou plutôt leurs figurantes, mutines, enjouées, ne troublaient pas la studieuse ambiance d’atelier ? Si défavorablement elles ne perturbaient
pas
l’exécution
des
portraits
des
illustres destinés aux futures générations, tant il est vrai que s’agissant de physiognomonie quelqu’un ment : lequel du mémorialiste critique ou du portraitiste de cour agissant à base de flagorneries, est fautif de crime de lèse-majesté ? Que retenir de ces illustrations assurées sur commande, de cette littérature les accompagnant ?... Henri IV en lutinait certaines, à l’orée de ce dix septième siècle où la gaudriole compensait la trahison –un exercice prisé ! – il en existait de remarquables, des brunes, des blondes, des rousses, des accortes, des revêches, des royales mentholées, des sans filtre, les : Marie Touchet,
Marguerite
d’Angoulême,
Gabrielle
d’Estrées… Après ces questions se rapportant de loin à mon forfait, je m’attendais à une suite plus corsée, ainsi me retrouvai-je offert en pâture à la vindicte publique, dont le sens moral pouvant être qualifié de démagogique
raffole
de
ce
réductionnisme
manichéen, souhaite, comme en toutes choses, polariser le panorama artistique en deux irréductibles 95
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blocs : l’abstrait et le figuratif…
Mais que leur
répliquer, alors qu’aucune chapelle, section ou école n’a obtenu mon adhésion ? Que répondre à mes assermentés tortionnaires ? Sinon leur avouer que malgré
d’acharnées
tentatives,
je
n’avais
su
maîtriser la perspective monoculaire, une technique assurant un meilleur contrôle de l’ordre spatial, mieux étayant les hiérarchies sociales chères au vulgum
pecus....
Croyez-moi
messieurs
les
inspecteurs ce n’est pas faute d’avoir essayé ! Ensuite
ils
m’interrogèrent
sur
mes
fréquentations, mon emploi du temps : où, quand, comment, pourquoi, avec qui m’étais-je acoquiné ? À la façon dont mes aveux, issus de cet apparent jeu de dupes,
s’entassaient
sous
l’aspect
de
feuillets
dactylographiés, je m’extasiais de leur faculté policière
leur
permettant
d’accoler
du
sens
administratif aux mots les plus banals, d’utiliser à leur guise, malgré l’interdit de la convention de Genève l’épreuve du passage du tabac ; finissant ces prosélytes du verbe ‘malgré soi’, par vous faire avouer jusqu’au crime le plus inavouable ! En l’occurrence, pourquoi ? allant à contre sens de la commande
officielle,
m’étais-je
obligé
à
méchamment les métamorphoser, les saisir, non sous 96
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leurs réelles (royales) apparences, mais selon leurs états
d'âme
transitoires
ou
passionnels,
mes
Seigneuriaux modèles ? Une majorité d'entre eux est rétive à l’entreprise, se méfie de son inévitable processus d’abstraction, souhaite voir leur enveloppe charnelle ressortir plus redondante, plus flatteuse, au lieu d’apparaître gauchie par de picturaux effets les menant à s’assombrir, s’interroger à la vue des premières esquisses : « Est-ce réellement moi, là, reproduit
sur
la
toile ?
Ne
pourriez-vous
pas
m’arranger les traits, retoucher ce nez bourbonien, ce menton en galoche, ces sourcils trop fournis, corriger... ces imperfections un peu trop voyantes à mon
goût ! »…
violemment
Certains
perturbés
de par
ces
dominants,
leur
empreinte
psychologique, abandonnent les séances de pose, préfèrent la non équivoque ressemblance d’un photomaton ; bien que sur leurs cartels électoraux ils ressortent tristement d’époque, démunis de tout passé, de futur antérieur, avec un avenir ne semblant guère les inciter à la gaudriole, la preuve : notre président, pas terrible, hein ?… «Dites donc l’AA Artiste (péjoratif !). N’essayez pas de noyer le poisson ! Nous nous méfions de votre sens inné de la mise en scène, de la composition. L’interrogatoire c’est nous qui le menons, nous seuls qui interrogeons 97
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dans cette grande maison ! » … J’avais
dû
irriter
ces
susceptibles
inspecteurs, après avoir décliné mes : patronyme, adresse et profession (artiste !), omettant toutefois de leur répondre dans quel camp je me rangeais, si abstrait ou résolument figuratif, je m’attendais à un redoublement
de
brimades…
« Et
pourquoi,
résolument, Messieurs ? » leur avais-je répliqué, vexé par cette brutale intrusion dans mon domaine réservé, quoique incapable de me situer dans une quelconque catégorie ; comme si au regard de la police, de nos jours où la taxinomie informatique règne,
sans
soulever
de
justifiés
soupçons
se
concevait d’échapper à l’une de ces classifications ? Irrité par mon insolence, l’un des inspecteurs haussa le ton, me balança : Nous, monsieur l’AAAartiste (péj !), uniquement agissons sur plainte, n’intervenons
que lorsque
l’ordre public est troublé, comme vous le savez il ne doit l’être sous aucun prétexte (nul n’est censé ignorer la loi !). Que vous le souhaitiez ou non, vous êtes un fauteur de trouble, ce délit d’exhibitionnisme réitéré s’applique bel et bien à votre forfait. Vous auriez dû vous dispenser d’une telle démonstration, 98
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éviter de vous produire à découvert... à poil ! Vous bénéficiez me semble-t-il, comme les illuminés de votre corporation de lieux spécifiques, de galeries, de musées, de salons, etc., où tout public est libre de vous rencontrer, d’assister à vos performances où, me semble-t-il, le sexe asservit l’art ! Par ailleurs, ne pensiez-vous pas qu’à cette heure tardive où les désordres et débordements font florès, nous n’ayons d’autres cas d’urgence à traiter !... La peinture monsieur l’inspecteur confine à une incessante marche à pied, ça use souliers et pinceaux ! Quant aux illustrations sustentant notre Histoire de France, ne peut-on se permettre quelques fantaisies, décrocher les types trop sérieux des cimaises, les VIP ombrageux, les présidents crispés par la constitution –je n’ai pas dit la constipation ! –, les remplacer par des trombines plus engageantes, désopilantes ? Rendre obligatoire la présence de l’art dans la cour de nos mairies et préfectures, des Dianes y prenant d’avantageuses poses, croquées non pas frigides mais languissantes, énamourées de nos chers élus qui, abandonnant costards et macarons, ne fixeraient plus la seule ligne d’horizon, mais celle de leurs dos ! Songez à nos rois verts et galants, à ce dix septième siècle ou amour courtois et amour profane se
chevauchèrent,
dont 99
nous
sommes
les
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descendants. Doit-on, sous prétexte de morale républicaine abandonner les chemins de la création, réemprunter
le
sentier
commun
monsieur
l’inspecteur ?… Abasourdis par cette harangue, ils se ressaisirent, vite
retrouvèrent
leurs
particularités
et
tics
professionnels, s’insurgèrent, me bousculèrent, ainsi poursuivirent : Comment trop rudement ! Comme si quelques baffes bien placées... L’on a intérêt à surveiller son langage avec des citoyens de votre acabit ! Vous allez convoquer la presse, la télé... Notre principal avait raison de nous mettre en garde, vous êtes de fieffés baratineurs, mais vous n’allez pas nous endormir aussi facilement avec votre jargon ! Que souhaitezvous nous faire entendre avec vos amphigouriques propos du genre : ‘bien que la révolution française survint, les puissants, les illustres cherchaient
à
poser pour la postérité, certains d'entre eux par le biais
de
l’échafaud
recrudescence
de
s’attendaient
publicité…
à
une
ou celle-ci,
inintelligible à notre entendement : ‘deux conquêtes fondamentales sont dues à l’apport de la peinture du portrait, le clair-obscur politique et l’application 100
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formelle
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des
raccourcis,
d’où
voir
chapitre
précédent’… Nous ne comprenons rien à votre laïus, mais avons d’autres interrogations à formuler, plus précises, des aveux à obtenir... vous allez tâcher d’y répondre, sinon gare !…Que vos volets et fenêtres fussent demeurés ouverts, la chaleur et la moiteur des nuits aoûtiennes peuvent l’expliquer. Je veux bien croire que pris dans les méandres de la création, les poussées irrépressibles de l’inspiration, cette haute tension paroxystique, ce moment algide… vous ne vous soyez pas rendu compte de vos obscénités… une masturbation paraît-il !… « Intellectuelle,
seulement
intellectuelle
monsieur
l’inspecteur ! Cependant, vous ne pouvez nier que vous agissiez intentionnellement, cette façon de vous exhiber en pleine lumière le prouve ; ‘son atelier, était éclairé de mille lux’ ; nu comme un ver il se mit à danser d’une manière quasi somnambulique, son sexe se balançant long et effilé, presque animal, entre ses cuisses maigres ’, nous déclarèrent les témoins... Vous êtes une fichue race d’exhibitionnistes, ne vous satisfaisez pas d’occuper la scène, ni de faire les choux gras de la presse spécialisée !… Qu’ai-je commis de délictueux, sinon exprimé mon droit légitime à l’exposition monsieur l’inspecteur, à 101
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la représentation de l’illustration puisque tel est mon devoir ? C’est toujours a posteriori qu’ils vous reprochent d’avoir désacralisé le mythe, de lui avoir ôté ses oripeaux de salon, comme si le roi ne vaquait point nu et l’actuel ne doit pas être terrible représenté à poil, hein ? Avec son regard bleu acier, son
service
politiques
trois
pièces...
douteuses…
Bien
engoncé
dans
des
qu’inconvenants,
ils
restent attachés à leurs portraits officiels, seuls sauvegardant les apparences, demeurent accrochés à leur esthétisme de droite ou de gauche, rarement à leurs professions de foi. Par ailleurs, je vous le demande, comment saisir le temps qui passe, le vieillissement insidieux, la ride véloce, atteindre à une
ressemblance
psychique
du
modèle
aussi
présidentiel soit-il ? L’instant de fourbir son matériel, d’apprêter les fonds, de disposer sa palette, les conditions,
autant
physiologiques
que
météorologiques initialement favorables, ont déjà changé… Stop ! Stop l’artiste ! terminées les digressions, nous allons retourner aux faits qui seuls nous intéressent : cette sarabande menée une nuit durant, cette masturbation (rédhibitoire déclarèrent ces salauds de voisins !) confinant à de la provocation, cette exhibition pleins feux, un strip-tease d’enfer, un 102
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travestissement de la réalité, c’est un truc qui vous réussit n’est-ce pas ? Vous n’allez pas éternellement vous défausser, nous avons suffisamment de plaintes, celles d’honnêtes personnes atteintes dans leur bienséance, avec leur for intérieur chamboulé ; encore heureux qu’à cette heure tardive les enfants, quoique concernant leurs rêves, si nous avions possibilité d’y aller vérifier, de drôles de surprises… Oui ou non, reconnaissez-vous les faits ? Etes-vous prêt à signer le procès-verbal d’audition ? Point de provocation dans ce strip-tease monsieur l’inspecteur, la chaleur aoûtienne, la marche à pied usant les pinceaux, l’effort consenti à l’ouvrage, l’étouffement... Il me fallait ouvrir portes et croisées, me dévêtir avant d’aller me coucher. Franchement
monsieur
l’inspecteur,
tous
ces
badauds, qui sous le fallacieux prétexte de prendre le frais sur leur balcon, voyeurs impénitents, coutumiers des premières loges des salles interlopes, auraient pu faire cesser ma démonstration. C’est trop facile après coup de la juger déplacée, inconvenante, obscène, que sais-je encore, puis vous avertir : allô Police ! une fois le spectacle touchant à son terme. Ah les salauds, comme si déçus par mon involontaire prestation, escomptée,
n’ayant ils
point
obtenu
désiraient
se
103
la
jouissance
venger.
C’est
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uniquement afin de sauvegarder leur petit confort bourgeois qu’ils ne veulent pas reconnaître cette réalité, les procurations de l’art corrodant, dénudant les modèles, fussent-ils politiques ou non !… Stop ! Stop l’artiste ! N’en jetez plus, terminée la fantaisie ! Exit l’exorde ! Les quelques heures que vous allez passer en cellule vous rafraîchiront vos ardeurs rhétoriques, vous pourrez vous y promener à poil si ça vous chante, vous masturber tout votre soûl !... ... « Pouvais-je
prévoir,
monsieur
le
président –alors qu’une œuvre originale se façonne, se dévoile en un effeuillage intellectuel – qu’en me risquant à les représenter dans des formes... disons contemporaines, en réduisant les figures parasites, en les mettant à nu, comme moi-même lors de cette soirée caniculaire, je choquerais l’ensemble de mon voisinage, troublerais les sensibilités de ces voyeurs noctambules, trop heureux de reluquer ma défonce à la térébinthe ? Par ailleurs, qu’en savent-ils ces ignares
de la
sustentant,
complexité d’une apparence se
s’identifiant
à
la
seule
quantité
d’informations qu’elle recèle, ne se révélant que si l’on parvient à les percevoir avant de les exprimer : caricaturales
ou
non ? 104
Hélas
nos
flagorneurs
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historiens les détournent, et seuls par notre art, car c’est un réel métier celui de portraitiste officiel, nous sommes susceptibles, ni de la corriger ni de l’embellir, mais de la représenter cette Illustration ! Peut-être qu’ayant apprécié sans discernement ma performance –assurément trompés par les artifices de l’art, ne cessant de convoquer l’illusionnisme – ils ne surent en identifier mon atypique intention ; j’en suis marri, monsieur le président ! »... Nous retiendrons que la création est une fonction douloureuse, secrète… Ceux qui en sont frappés œuvrent,
sinon
délibérément,
sous
influence
délétère… Toutefois, vu les risques encourus, les engagements sollicités par l’ouvrage, il leur sera beaucoup pardonné… la réalité à un prix qu’il nous convient
d’assumer...
Le
général
ne
disait-il
pas : « On ne condamne pas Voltaire ! »... Suite au délibéré, la relaxe me fut accordée...
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Gilbert Marquès
Il y a... longtemps – A Poem Il y a… longtemps je rêvais de guitares gitanes et de batteries blues d'orgues orgasmiques et de pianos panique de saxos fanatiques et de voix vérolées Il y a… longtemps je rêvais de femmes fantastiques aux seins symphoniques au sexe satanique au corps d'amour tectonique aux allures parfois androgynes jamais à la fidélité biblique Il y a… longtemps je rêvais d'exister pour exciter ma vie pour la risquer sur le fil du rasoir équilibre du désespoir alcoolique et noir naufrage cacophonique Il y a… longtemps que je ne rêve plus de rien inutile et sans destin Fou comme je me sens bien face à la page blanche lieu où j'incruste mes yeux pour une histoire harmonique
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Collin James
Poems Multiple Fixations, No Waiting The graveyard shift was not particularly productive. The cement streets wet and soft, no one hanging at the European cigarette kiosk. I watched the prostitutes strut next to a high wall. Their blood is less provocative, more methadone than plasma. My peers held a meeting in the Parson's tomb. This contained such boring minutes, I hung from the rafters in repose. I dined later on a Alzheimer wanderer. Her kicking was meandering, delightful toes.
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The Breakthrough Committee is Dismissive of ou New Look Conference call at the salutary gland. The testis are squeezed tight about the brain's meanderings. This image reoccurs, a deserted city street save for approaching deities cruising the depths of their invention.
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Denis Emorine
Pèlerinage « Alors, comme ça, vous allez à Venise ? » Cette voix, je n’y pensais plus du tout.. Accoudé distraitement à la fenêtre, les cheveux au vent, j’en étais tellement loin…A vrai dire, plongé dans mes pensées,
je
l’avais
complètement
oubliée.
Je
sursautai et levai les yeux ; c’était encore lui, évidemment, et bien décidé à m’importuner cette fois. Ouvrir mon sac de voyage en mon absence, fouiller dans mes affaires personnelles au risque d’abîmer mes précieux livres ne lui avait donc pas suffi ? Très à l’aise, l’homme me dévisageait avec une nuance d’ironie évidente. Son regard fixe chargé de défi cherchait le mien au-delà des apparences : comment le soutenir plus longtemps ? Je ne répondis rien et fermai les yeux quelques secondes. Même ainsi, j’avais l’impression qu’il n’existait aucun obstacle à sa volonté. L’air froid me parvenait par bouffées ; je rouvris les yeux voulant croire au miracle malgré tout. L’homme n’avait pas bougé, s’attachant toujours à ma personne au mépris de toutes les convenances. Que faire ? 110
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Je décidai de retourner dans le compartiment, d’ores et
déjà
persuadé
qu’il
me
rejoindrait
immanquablement. Une fois installé, je jetai un coup d’œil furtif dans sa direction. De dos à présent, il contemplait Dieu sait quoi dans la direction opposée à
notre
destination.
Son
corps
oscillait
insensiblement, au gré des trépidations de train. Je poussai un profond soupir en renonçant à parcourir les ouvrages rangés en vrac dans mon sac de voyage. A vrai dire, je n’avais rien à reprocher à ce voyageur : c’était un homme comme un autre qui, lui aussi, se rendait à Venise ; quoi de plus ordinaire, en vérité ? *** A la gare de Lyon, étreint subitement par une angoisse que je qualifierais d’irrationnelle- puisque j’étais largement à l’heure comme à l’accoutuméeje m’étais précipité dans le train en partance pour Venise. Essoufflé, j’avais bousculé par inadvertance un voyageur debout au milieu du couloir. Il était resté là, sans bouger, étrangement absent. Après un bref mot
d’excuse auquel, seul, le mutisme répondit, je
m’étais engouffré dans mon compartiment
situé
précisément en face de l’inconnu, par une de ces coïncidences troublantes, beaucoup plus fréquentes 111
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qu’on ne le pense en réalité ; l’homme, lui, s’était installé dans le couloir. Pendant une bonne partiepour ne pas dire la majeure partie-du trajet, il était resté là à me dévisager. Le nez plongé dans un livre, j’avais d’abord feint d’ignorer ce regard insistant. Par la suite il me fut impossible de simuler l’indifférence.
Je
ne
savais
quelle
contenance
adopter. J’ai d’abord pensé à un homosexuel et, dans ce cas, que faire :
alerter le contrôleur, tirer le
signal d’alarme sur de simples présomptions ? Et puis…non, ce regard n’avait rien de concupiscent ni de
franchement
l’expression
obscène.
On
n’y
lisait
pas
d’un désir quelconque. L’homme me
regardait,
un
sourire
extatique
même
aux
et,
lèvres,
confusément,
l’air
réjoui,
je
sentais
parfaitement que cette marque d’intérêt ne m’était pas
vraiment
destinée.
Paradoxalement,
j’en
ressentais une certaine amertume. A vrai dire, absorbé par mon voyage, j’étais agacé. Je n’avais aucune envie de communiquer avec qui que ce soit, surtout pas avec cet individu quelconque qui me laissait indifférent. Lui, me regardait, me dévisageait toujours avec la même obstination. Mal à l’aise, désireux de rompre une situation que je ne maîtrisais pas, je décidai de me 112
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rendre
aux
toilettes.
J’ouvris
la
porte
du
compartiment en le bousculant délibérément, sans aucun
ménagement
cette
fois
ni
formule
de
politesse. Je me conduisais comme le dernier des goujats, je l’avoue et sans raisons ; après tout pourquoi ne pas engager la conversation avec ce voyageur et répondre à ses avances ? N’était-ce pas naturel ? En cette saison qualifiée de « morte »par tous les guides, ce compagnon de voyage choisi par le hasard, était vraisemblablement un amoureux de Venise à mon image c’est-à-dire soucieux de ne la partager avec personne. C’était peut-être cette ressemblance qui m’irritait. Tout en me dirigeant vers les toilettes, j’eus la sensation que son regard restait obstinément fixé sur ma silhouette qui s’éloignait.. Une fois dans les toilettes, isolé
du monde et
surtout de cet importun, je consultai ma montre ; nous devions arriver dans moins d’une heure. De retour dans le couloir, agréablement surpris, je constatai qu’il avait disparu. Le soulagement fut de courte durée. Lorsque je fis coulisser la porte du compartiment,
je le vis tranquillement installé,
lisant un de mes livres sans vergogne. Quelle naïveté! J’aurais dû me douter qu’il n’abandonnerait pas sa proie aussi facilement. Pour m’agacer, sans doute, 113
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il froissait les pages négligemment, son éternel sourire lunaire aux lèvres. Il ne tourna pas la tête dans
ma direction, cette fois, simulant pour cet
ouvrage un intérêt qu’il n’éprouvait certainement pas. Je ne pus contenir et hurlai : « Rendez-le moi ! » Il feignit de n’avoir rien entendu, se secoua en lissant ses vêtements du plat de la main (pour mieux m’exaspérer, j’en étais sûr) puis, il se reprit : « Pardonnez-moi…
C’est
très
intéressant
ces
Esquisses vénitiennes. Reprenez-le je vous en prie. Alors comme ça, vous allez à Venise ? » Je faillis le planter là et retourner dans le couloir. Je me ravisai et ripostai d’un ton sec : « Ca se voit, non ? » L’homme ne parut ni surpris ni troublé par cette marque
de
mauvaise
humeur.
Il
répliqua
simplement : « Pourquoi Venise ? » Décidément, tout le personnage m’irritait. Avait-on idée de poser des questions pareilles ! Je n’avais vraiment aucune envie de faire la conversation avec cet inconnu. Un moment, par lassitude, je faillis débiter les clichés habituels sur la Sérénissime : la Place Saint-Marc, le Pont des Soupirs et j’en passe… Je me repris et ripostai brutalement pour m’en débarrasser : 114
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« Voyage d’affaires ! » Peine perdue, sa réaction me stupéfia. L’inconnu éclata d’un rire strident en me regardant. Plus il me regardait, plus il s’esclaffait en se tapant sur les cuisses et ce rire qui me vrillait les oreilles me rendait particulièrement furieux. Entre deux éclats, je l’entendais hoqueter : « Oh, le vilain menteur ! Mais quel vilain menteur ! » Cette fois, c’en était trop ! De quel droit ? …Mais qui était cet énergumène ? Voyant mon air indigné, il ébaucha un geste d’apaisement dans ma direction : « Pardonnez-moi, mais c’est vrai, vous racontez des mensonges. » J’avais adopté une contenance plus digne et réussis à articuler : « Comment osez-vous ? » Son hilarité avait brusquement disparu. Il me fixa obstinément dans les yeux, comme auparavant. Un bref instant, j’eus peur ; je l’avais peut-être vexé, qui sait ? Je crispais les mains sur la banquette en proie à une gêne croissante. Heureusement, le son de sa voix se fit entendre à nouveau, calme et détendu : « Simple question de logique, mon cher ! » Le ton me déplut souverainement. Décidément, il y avait dans cet homme déconcertant quelque chose qui
m’indisposait.
Il 115
reprit
d’une
voix
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condescendante : «
C’est très simple. Pour tout bagage, vous
emportez un simple sac de voyage ; dans ce sac(il le désigna du doigt en faisant mine de tirer la fermeture Eclair), un peu de linge, une trousse de toilette et… (il leva le doigt d’un air solennel)des livres, exclusivement et pas n’importe lesquels, de la littérature, s’il vous plaît. Aucun dossier, rien d’autre. Seuls, Régnier, James et Morand, ces trois auteurs ayant la caractéristique remarquable, vous en
conviendrez, d’avoir écrit essais, nouvelles ou
romans consacrés à la Sérénissime République
de
Venise (Sa voix s’éleva, plus vibrante), j’en conclus donc : voici un intellectuel typique qui revient à Venise ! En effet, je suis persuadé qu’il ne s’agit pas là de votre premier séjour, je me trompe ? » J’étais abasourdi. Ne me laissant pas le temps d’objecter quoi que ce soit, l’homme poursuivit tranquillement, sûr de lui et de mon attention : « Pourquoi un intellectuel, me direz-vous et pour quelle raison
puis-je affirmer sans risque d’erreur
que vous ne vous rendez pas à Venise pour la première
fois ?
Comment
puis-je
énoncer
ces
jugements avec autant d’assurance ? Tout simplement parce
que,
contrairement
aux
usages,
vous
n’emportez aucun guide, aucune documentation 116
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commune tout spécialement destinés à l’usage du vulgaire ! » Le tom méprisant ne m’échappa point. Je fronçai les sourcils. J’étais de plus en plus irrité par l’insouciance de mon compagnon de voyage forcé ainsi que par la finesse de son esprit déductif ; en l’occurrence, il était tombé juste et avait percé « le misérable petit tas de secrets » qui constitue l’âme humaine, selon Malraux. « Comment connaissez-vous ces détails ? -Elémentaire, mon cher Watson ! durant votre absence-alibi aux toilettes, j’ai largement eu le temps de regarder dans vos affaires personnelles… (Je ne pus réprimer un geste de dégoût) Oh, quel est ce vilain mouvement d’humour à mon égard ? » Il riait franchement en découvrant des dents éclatantes. Je
me
précipitai
sur
mon
sac,
l’ouvris
maladroitement en fouillant ça et là… il eut un air faussement apitoyé et froissé du plus bel effet : « Oh, voyons ! Pour qui me prenez-vous, mon cher ? Je ne suis pas un voleur ! Un comédien, un simple comédien qui aime à tromper son monde, vous compris ! Soyons amis, voulez-vous ? (Il regarda rapidement sa montre) Pour le temps qu’il nous reste à partager ! … » 117
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Je ne répliquai rien. Il y avait en cet homme un mélange de fatuité, d’assurance justifiées et surtout un ascendant intellectuel qui m’effrayait et me séduisait à la fois, sans qu’il fût possible de me prémunir contre un adversaire de cette trempe. En proie à une violente irritation, j’avais décidé de gagner le couloir, protection illusoire contre son obstination. Il ne fut pas long à m’y retrouver, à m’y traquer plutôt en m’apostrophant ironiquement pour la seconde fois : « Alors, comme ça, vous allez à Venise ? » tandis que, les cheveux au vent, je m’efforçais d’oublier cet individu déplaisant… Rapidement, Je jetai un coup d’œil inquiet à l’étrange personnage. Il ne se retournait pas, faisant durer
le
plaisir.
Son
corps
oscillait
toujours,
insensiblement et comme en extase, au gré des trépidations capricieuses du train. J’essayais, en vain, de mettre de l’ordre dans mes idées. Je ne savais quoi penser ; je n’oserais dire que sa présence me manquait et pourtant… Derrière cette façade sans gêne, faussement débonnaire, je percevais quelque chose de plus profond voire d’inquiétant et ceci n’était pas sans me troubler. Qui était donc réellement ce personnage et surtout pour quelle 118
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raison m’importunait-il de la sorte ? Lorsqu’il revint s’asseoir exactement en face de moi, je lui posai la question brutalement. « Qui je suis ? Vous l’avez entendu de ma bouche, mon cher : un comédien, un amoureux de la rhétorique ou de la magie des mots, si vous préférez…(Il regarda par la fenêtre et eut un soubresaut nerveux, affecté peut-être…Comment le savoir ?) nous approchons, je crois. Sentez-vous cette odeur si particulière, si entêtante, charnelle ou spermatique selon certains ? C’est Venise, mon ami, Venise retrouvée, mère et amante de chaque homme. Venise…créature infiniment désirable et détestable. Etant un paradoxe vivant, elle les engendre et les justifie tous. Serez-vous le Baron Corvo, Marco Polo ou…Casanova ? Peu importe, bien qu’imposé, le choix est tellement vaste. On revêt un costume devant Venise par peur de se révéler nu. Il se tut un instant me laissant à peine le temps de réfléchir à ces paroles dont certaines m’atteignaient profondément. Il reprit d’une voix altérée : « Car Venise se prête à toutes les apparences puisqu’elle n’en revêt aucune, favorise les jeux les plus pervers ou les plus dérisoires ; ce carnaval pitoyable par exemple : quelle belle occasion pour ces fantoches modernes, nos contemporains, de venir 119
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ainsi rire au nez de Venezia en se pavanant grotesquement ! Quelle splendide occasion d’étaler de la sorte leur médiocrité existentielle ! Oh, le paradoxe n’est pas si facile et vous le savez bien.. Venise fut la cité des masques, ne l’oubliez pas. Il y avait –vous ne l’ignorez pas – six mois de carnaval effréné –typiquement vénitien celui-là, avant que le Corse (une ombre passa sur son visage soudainement agité de tics nerveux) ne s’en empare et tente de clouer ce mirage oriental au pilori de sa rationalité toute jacobine ! » Il se tut encore et continua, l’air plus animé qu’auparavant : « Un de vos écrivains – eh oui, je ne suis pas français malgré les apparences – un de vos écrivains a écrit des pages superbes et je dirais…inspirées sur elle. Je me souviens tout particulièrement d’un passage…attendez…voilà : « Qui n’a écrit sur Venise ? Et pourquoi ? Sans doute parce que toute ville est une métaphore de l’homme, et que toute ville ancienne est une métaphore de l’histoire de l’homme, et que Venise est, parmi toutes les villes anciennes la métaphore de ces métaphores-là, de telle façon qu’allant dans Venise, c’est dans une poétique incarnée que nous allons… »2 2 Note de l'auteur: Extrait de“Venise" par Frédérick Tristan (Champ Vallon) 120
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Voyant mon air admiratif, il esquissa un geste de dénégation : « Non, non, je vous en prie, épargnez-moi votre admiration. Plus jeune, j’ai appris des extraits de mes livres préférés sur Venise dont celui-ci. Il m’en reste quelques lambeaux…(Il s’exaltait) Mais là n’est pas l’important. Seule, Venise doit emporter notre adhésion, susciter une admiration sans limite. Venise, mythe incarné, comprenez-vous ? Venise-métaphore, la métaphore du rêve, d’une Venise céleste qui n’a jamais existé ou n’existe plus. C’est dans des ouvrages tels celui-ci qu’on a vraisemblablement restitué
de
la
plus
belle
façon
l’impossibilité
d’évoquer une Venise réelle, c’est-à-dire Banale. » Il se tut, plongé dans ses réflexions. Par la fenêtre ouverte entrait l’odeur si particulière de la lagune. J’avais l’impression d’avoir en face de moi un homme transformé, transfiguré plutôt, un poète peut-être… Encore haletant, l’œil dilaté par cette évocation, la langue humectant le bord des lèvres, mon compagnon resta un long moment silencieux. J’étais conquis. Toute réticence de ma part avait bel et bien disparu. Brusquement, il releva la tête, huma l’air. Son enthousiasme si communicatif n’avait pas disparu : « C’est elle, c’est elle, n’en doutez pas, Monsieur. Venise nous attend. » 121
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Il se pencha exagérément à la fenêtre. La tête me tournait, j’étais suffoqué par l’air froid, décuplé par la vitesse du train, qui s’engouffrait dans le compartiment. L’homme semblait de plus en plus exalté. J’admirais ce délire qui m’effrayait et me fascinait en même temps. Il se rassit, remonta la vitre en murmurant : « Non, trop tôt, il est trop tôt encore… » Le silence s’installa à nouveau entre nous. On distinguait peu de choses par la vitre, la brume noyait la lagune. Mes yeux essayaient en vain d’en percer le mystère. J’étais sous le charme, moment magique auquel le voyageur n’était pas étranger. Un peu maladroitement, peut-être, j’essayai de renouer la conversation : « L’automne, voyez-vous, est ma saison préférée pour m’y rendre. La brume estompe les contours de Venise et la magnifie. Tout est fantomatique. Une fois, j’y suis allé en avion, à la même époque. A cause du brouillard, nous avons été déportés vers Trieste et j’avoue que le train… » Il me regarda longuement, l’air incrédule, égaré. Sa bouche tremblait d’indignation : « Que me chantes-tu là ? Que m’importent ton avion et ce brouillard ? Ne sais-tu pas, traître, que la manière la plus digne de découvrir la ville c’est par 122
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le train, le train et le bateau, exclusivement ! tout le monde sait cela ! » Il leva le doigt au ciel, parut se figer dans cette position solennelle qui, en toute autre circonstance m’aurait semblé ridicule : « Venise n’est pas pour toi, pitoyable mortel, tu n’en discernerais même pas les attraits, comprendstu ? Et puis c’est ton Corse, ton dictateur jacobin qui l’a tuée ! » Je ne savais quoi répondre. Je faillis acquiescer machinalement à cette tirade, malgré le tutoiement méprisant et la responsabilité –même indirecteformulée assez grossièrement à mon égard. Devais-je applaudir la performance de l’acteur ou…appeler à l’aide ? Il s’avança vers moi, menaçant, les traits contractés par l’indignation. Je reculai de quelques pas, fis maladroitement tomber mes livres à terre. Avant que j’aie pu esquisser un geste, il s’en empara. Sa taille me semblait démesurée, il gesticulait d’une manière incohérente : « Qui je suis ? Comment ne l’as-tu pas compris ? ( Il se redressa) Je suis le doge, le dernier maître de Venise, Ludovico Manin et (il jeta les livres avec violence) en vérité, je le proclame, tes misérables usurpateurs sont d’une race indigne ! » Il déclamait toujours, l’écume aux lèvres. La peur 123
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m’envahissait :
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où
était
l’aimable
conteur
qui
m’avait séduit tout à l’heure ? Cet individu était fou, certainement fou. Le doute était-il possible ? Même un simulateur, si habile fût-il, n’aurait su pousser aussi loin le sens de la tragédie. L’homme titubait. Sa voix se fit plus douce tout à coup : « Venise, ma Venezia (il tendit l’oreille et mit un doigt tremblant sur ses lèvres), ne l’entends-tu pas qui m’appelle, insensé ? » Les bras levés, il ricanait en tournant sur luimême. J’évitais son regard de dément. Je reculai vers la porte coulissante, il me semblait entendre du bruit en provenance du couloir. L’homme ne prêtait plus attention à moi. Son corps oscillait légèrement, des tics nerveux s’imprimaient sur sa face ; les yeux injectés de sang, il se tourna brusquement dans ma direction sans me voir. L’inconnu déclamait des vers dans une langue d’Europe de l’Est, du russe probablement. Tout à coup, il ouvrit la vitre en grand, hésita et retira son alliance. On distinguait Venise à travers une déchirure du brouillard qui se reforma aussitôt en une toile plus dense. Je sursautai car il hurla subitement : « Oh, Amie, Oh, Sérénissime, me voici ! (Il parlait d’un ton déchirant qui me fit frissonner) Ce n’est plus 124
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cet anneau que je vais t’offrir pour consacrer mon hymen avec toi mais mon être tout entier ! » Avant que j’aie pu esquisser un geste, l’étrange personnage
s’était
coulé
dans
l’embrasure
et
accroché, je ne sais comment, à la mince paroi de verre. Son manteau flottait dans le vent comme une oriflamme. Il hurlait toujours et proférait des paroles insensées emportées par le vent. Cette vision avait quelque chose d’irréel, de fantastique. Malgré moi, je ne pouvais m’empêcher d’être fasciné par ce spectacle puis le brouillard l’absorba. Je l’entendais vociférer contre un ennemi invisible. J’étais figé, dans l’impossibilité de m’élancer vers lui ; en avaisje réellement parvenait
le désir d’ailleurs ? Sa voix me
toujours,
étonnamment
sauvage
à
présent… Tout à coup, se déchirant d’une façon inattendue, le brouillard s’effaça et révéla Venise dans un éclat nouveau qui me fit battre le cœur… Soudain, mû par on ne sait quel pressentiment, je baissai les yeux avec effroi : l’homme avait disparu.
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Denis Emorine
Pilgrimage translated from French by Brian Cole “So, just like that, you are going to Venice?� That voice, I never thought of it now. Leaning absently at the window, my hair in the wind, I was so far away from it ... To tell the truth, deep in my thoughts, I had completely forgotten it.I jumped and looked round; it was still him, obviously, and quite determined to bother me this time. Opening my travel case in my absence, ruffling in my personal affairs at the risk of destroying my precious books – wasn't that enough for him? Quite at ease the man showed me a clear degree of irony. His fixed, defiant gaze sought mine behind the appearances: how could I put up with him any longer? I made no reply and closed my eyes for several seconds. Even so, I had the impression that there was no obstacle to his will. The cold air hit me in gusts; I opened my eyes again, wanting to believe in a miracle despite everything. The man had not moved, still clinging to me in defiance of all polite norms. What to do? I decided to 126
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go back into the compartment, though all the time convinced that he was bound to follow me.Once settled I cast a furtive glance in his direction. His back to me he was looking God knows where in the opposite direction to our destination. His body trembled slightly at the mercy of the train's vibrations. I sighed deeply, dismissing the idea of going through the books packed higgledy-piggledy in my travelling case. To tell the truth, I had nothing to reproach this traveller for: he was a man like any other who, he too, was going to Venice; what is more ordinary, after all? *** At the Gare de Lyon, struck suddenly by a sudden worry that I would call irrational – since I had plenty of time, as usual – I had thrown myself into the train going to Venice. Out of breath, I accidentally bumped into a traveller standing in the middle of the corridor. He stayed there, not moving, strangely absent. After a brief apology, which was received only with silence, I had dived into my compartment situated precisely opposite the unknown man. By one of those annoying coincidences that in reality are much more frequent than we would think; the man had established himself in the corridor. For a good part – not to say the greater part – of the journey he stayed there 127
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staring at me. My nose in my book, at first I pretended
not
to
notice
this
insistent
stare.
Eventually it was impossible for me to simulate indifference. I did not know what expression to adopt. I first thought of a homosexual and, in this case, what could I do: alert the conductor, pull the emergency cord because of a simple assumption? And yet ... no, that look had no sign of concupiscence nor of simple obscenity. You did not read there the expression of desire of any kind. The man looked at me, a smile on his lips, his expression joyful, even ecstatic, and vaguely I felt convinced that this sign of interest was really not directed at me. Paradoxically I felt a certain resentment. To tell the truth, absorbed in my journey, I was irritated. I had no desire to communicate with anybody, especially not with this unknown individual who left me indifferent. He, however, looked at me, stared still with the same obstinacy. Ill at ease, wanting to change a situation I could not control, I decided
to
go
to
the
toilets.
I
opened
the
compartment door, deliberating jostling him, this time without any care or apology. I behaved like real boor, I admit – and for no good reason; after all, why not engage in conversation with this traveller and respond to his advances? Wasn't that the natural thing 128
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to do? In this season, described as “dead” in all the guides, this travelling companion, chosen by chance, was probably a lover of Venice like me, that is to say unwilling to share it with anyone. It was perhaps this similarity that irritated me. All the way to the toilets I had the sensation that his eyes remained firmly fixed on my silhouette as it moved away. Once in the toilets, isolated from the world and especially from this importunate man, I looked at my watch; we should arrive in less than an hour. Returning to the corridor, agreeably surprised, I saw that he had disappeared. The relief was of short duration. When I slid open the compartment door I saw him calmly established, shamelessly reading one of my books. How naïve! I should have known he would not so easily abandon his prey. To tease me, no doubt, he flicked the pages casually, his eternal smile moonlike on his lips. He did not turn his head toward me this time, feigning an interest in this book which he certainly did not feel. I could not control myself and yelled: “Give it back!”. He pretended not to have heard, shook himself and smoothed his clothes with the flat of his hand (to exasperate me more, I was sure) and then he replied: “Do excuse me ... They are very interesting, these 129
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Venetian Sketches. Do please take it back. So, I assume you are going to Venice?” I nearly left him there and went back into the corridor. But on second thoughts I replied in dry tones: “That's pretty obvious, isn't it?” The man appeared neither surprised nor bothered by this sign of ill humour. He simply replied: “Why Venice?” Everything about this person irritated me. What an idea to ask me such questions! I really had no desire to make conversation with this stranger. For a moment, unthinking, I nearly reeled off the usual clichés about the Serenissima: St. Mark's Square, the Bridge of Sighs and so on ... I regained my selfcontrol
and
riposted
roughly
to
cover
my
embarrassment: “A business trip!” A waste of effort – his reaction amazed me. The stranger burst out in a strident laugh, looking at me. The more he looked at me the more he guffawed, slapping his thighs, and this laughter that bored into my ears made me quite furious. Between two bursts I heard him hiccough: “O the filthy liar! What a filthy liar!” This time it was too much! What right had he? ... But who was this ranter? Seeing my indignant expression 130
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he made a vague gesture of appeasement in my direction: “Excuse me, but it is true, you are telling lies.” I had put on a more dignified air and managed to speak: “How dare you!” His hilarity had suddenly vanished. He stared fixedly into my eyes, as before. For a brief instant I was afraid; perhaps I had offended him, who knows? I clenched my hands on the seat, seized by a growing discomfort. Fortunately the sound of his voice was heard again, calm and relaxed: “A simple question of logic, my dear fellow!” His tone displeased me greatly. Quite certainly there was something in this disconcerting man something that antagonized me. He went on in a condescending voice: “It is very simple. Your only luggage is a simple travelling bag; in this bag (he pointed at it acting as if
to
open
the
zip
fastener),
a
change
of
underclothes, a sponge bag and ... (he raised his finger with a solemn air) some books, exclusively and well-chosen literature, if you please. No files, nothing else. Only Régnier, James and Morand, those three authors with the remarkable characteristic, you will agree, of having written essays, stories or novels dedicated to the Most Serene Republic of Venice – his 131
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voice rose higher, more vibrant – I therefore conclude: here is a typical intellectual going back to Venice! As a matter of fact, I am convinced that this is not your first visit – am I right?” I was stunned. Without giving me the time to voice any objection, the man calmly continued, sure of himself and of my attention: Why an intellectual you will say and how can I affirm with no risk of error that you are not going to Venice for the first time? How can I pronounce these judgements
with
such
assurance?
Quite
simply
because, contrary to normal custom, you are not carrying any guide, or any common documentation specially designed for the use of the common herd!” The contemptuous tone did not escape me. I frowned. I was more and more irritated by the insouciance of my travelling companion, put up against a wall by the quality of his deductive ability; as it happens he was quite right, and had penetrated “the miserable little pile of secrets” that constitute the human soul, according to Malraux. “How do you know all these details?” “Elementary, my dear Watson! During your alibiabsence in the toilet I had plenty of time to look into your personal affairs ... (I could not suppress a grimace of disgust.) Oh, what is this nasty expression 132
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directed at me?” He laughed merrily, revealing shining teeth. I rushed to my bag, opened it clumsily feeling around in it ... he had an air of false commiseration and affected offence: “Oh, let's see! Who do you take me for, my dear fellow? I am not a thief! A comedian, a simple comedian who likes to mislead his public, you know! Let us be friends, will you? (He cast a brief look at his watch.) For the time that remains for us to share! I made no reply. There was in this man a mixture of fatuity,
justified
assurance
and
above
all
an
intellectual superiority that frightened and seduced me at the same time, without my being able to forearm myself against an adversary of this type. Prey to violent irritation, I had decided to go into the corridor,
an
illusory
protection
against
his
persistence. He did not take long to find me again, or rather to track me down, addressing me ironically for the second time: “So, just like that, you are going to Venice?” while I, my hair in the wind, strove to forget this unpleasant individual ... Rapidly I cast an anxious glance at this strange individual. He did not turn round, making the most of his pleasure. His body was still shaking, insensibly as if in ecstasy, at the mercy of the capricious shaking of 133
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the train. I tried in vain to put my thoughts in order. I did not know what to think; I did not dare tell him that I missed his presence, and yet ... Behind that untroubled façade, deceptively debonair, I
perceived
something
more
profound,
indeed
unsettling, and this did not fail to disturb. Who was this person in reality, and above all why was he bothering me in this way? When he returned to sit right opposite me I put the question to him, brutally. “Who am I? You heard it from my own mouth, dear fellow: a comedian, a lover of rhetoric or of the magic of words, if you prefer ... (He looked out of the window and gave a nervous shudder, perhaps only affected ... How could I know?) we are coming near, I believe. Do you smell that odour, so specific, so intoxicating, carnal or spermatic according to some? That is Venice, my friend, Venice regained, mother and lover of every man. Venice ... a creature infinitely desirable and detestable. Being a living paradox, she engenders and justifies them all. Will you be Baron Corvo, Marco Polo or ... Casanova? It matters little – although forced, the choice is so enormous. We put on a costume for Venice for fear of being seen naked. 134
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He was silent for a moment giving me hardly time to reflect on these words, some of which affected me profoundly. He continued in a different voice: “For Venice lends itself to all appearances because she does not wear any, she prefers the most perverse or the most derisory games; this pitiful carnival for example: what a wonderful opportunity for those modern puppets, our contemporaries, to come and laugh in the face of Venezia as they strut about grotesquely!
What
a
splendid
opportunity
to
demonstrate in this way their existential mediocrity! Ah, the paradox is not so simple as you well know ... Venice was the city of masks, don't forget. There were – as you well know – six months of unbridled carnival – typically Venetian, that, until the Corsican (a shadow crossed his face suddenly agitated by nervous tics) took over and tried to nail this oriental mirage to the pillory of his typically Jacobite rationality!” He was silent again, then went on, in a manner more animated than before: “One of your writers – yes, yes, I am not French, despite appearances – one of your writers wrote some superb and I would say ... inspired pages about her. I particularly remember one passage ... a moment ... there: “Who has not written about Venice? And why? 135
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No doubt because every town is a metaphor for man, and every old town is a metaphor for the history of man, and because Venice is, among all ancient towns, the metaphor of those metaphors, so that when we go to Venice, it is in a poetic incarnation that we travel ...”3 Seeing my admiring expression he made a gesture of denial: “No, no, I beg you – spare me your admiration. When I was younger I learned extracts from my favourite books about Venice, including this one. A few fragments remain ... (He grew excited) But that is not the important thing. Venice alone should demand our loyalty, evoke unlimited admiration. Venice, myth incarnate, do you understand? Venice-metaphor, the metaphor of the dream, of a celestial Venice that never existed or no longer exists. It is in works like these that we have probably restored in the finest way the impossibility of evoking a Venice that is real, that is to say, banal.” He fell silent, deep in his reflections. Through the open window there entered the very specific smell of the lagoon. I had the impression of having before me a man transformed, transfigured rather, a poet perhaps ... Still panting, his eyes dilated by this 3 Author’s note: excerpt from “Venise" by Frédérick Tristan (Champ Vallon) 136
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evocation, his tongue wetting the edges of his lips, my companion remained silent for a long moment. I was captivated. All my reticence had completely disappeared. Suddenly he lifted his head, sniffed the air, His so infectious enthusiasm had not disappeared: “There she is, there she is, have no doubt, Sir. Venice awaits us.” He leaned exaggeratedly out of the window. My head was spinning, I was suffocated by the cold air, multiplied tenfold by the speed of the train, that swept into the compartment. The man seemed more and more impassioned. I admired this passion that frightened and fascinated me at the same time. He sat down again, closed the window murmuring: “No, too soon, it is still too soon ...” Silence reigned again between us. You could see very little through the window, the mist drowned the lagoon. My eyes tried in vain to pierce its mystery. I was under the spell, the magical moment to which the traveller was not a stranger. A little clumsily, perhaps, I tried to resume the conversation: “Autumn, you see, is my favourite season for coming here. The mist blurs the contours of Venice and magnifies her. Everything is ghostly. Once I went by plane, about the same time. Because of the fog we 137
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were diverted to Trieste and I admit that the train ...” He stared at me with an incredulous air, bewildered. His lips trembled with indignation: “What nonsense is this? What do I care about your aeroplane and that fog? Don't you know, you traitor, that the most worthy way to discover the town is by train, by train and boat, only! The whole world knows that!” He raised a finger to the sky, seemed to get stuck in that solemn position with in any other circumstances would have seemed ridiculous: “Venice is not for you, pitiful mortal, you would not even notice the attractions, do you understand? And it is your Corsican, you Jacobite dictator, that killed her!” I did not know how to reply. I almost agreed mechanically with this tirade, despite the scornful use of “tu” and the accusation – though indirect – levelled quite crudely at me. Should I applaud the performance of the actor or ... call for help? He moved towards me, threateningly, his features distorted by indignation. I retreated some paces, clumsily dropping my books on to the floor. Before I could start to bend, he grabbed them. His height seemed excessive, he gesticulated incoherently: “Who am I? How could you not have understood? (He 138
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stood up again.) I am the Doge, the last master of Venice, Ludovico Manin and (he threw the books down violently) in truth I proclaim it, your miserable usurpers are an unworthy race!” He was still ranting, foam on his lips. Fear invaded me: where was the pleasant story-teller who had just now charmed me? This man was mad, assuredly mad. Could there be any doubt? Even an actor, however able he might be, could not have been able to so exaggerate the sense of tragedy. The man tottered. His voice suddenly grew calmer: “Venice, my Venezia,” (he cocked an ear and put a trembling finger to his lips), “do you not understand who is calling me, you madman?” His arms raised, he laughed derisively, turning round. I avoided his madman gaze. I retreated towards the sliding door, he seemed to hear a noise coming from the corridor. The man no longer paid any attention to me. His body was shaking slightly, nervous tics could be seen in his face; his eyes bloodshot, he suddenly turned towards me without seeing me. The stranger declaimed some verses in an Eastern European language, probably. Russian. Suddenly he opened the window wide, hesitated and took off his wedding ring. Venice could be seen through a gap in the fog which immediately reformed itself into a denser 139
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covering. I jumped as he suddenly shouted: “Oh, Friend, Oh Serenissima, here I am! (He spoke in heart-rending tones that made me shiver.) It is not just this ring that I come to give you to consecrate my marriage to you, but my whole being!� Before I could make any gesture, this strange person had flowed into the window and hung, I do not know how, on to the thin sheet of glass. His coat blew in the wind like a streamer. He continued to shout out senseless words which were carried away by the wind. This sight had something of the unreal, fantastic. Despite myself I could not avoid being fascinated by this sight, then the fog swallowed it. I heard him shout against an invisible enemy. I was rooted to the spot, unable to rush at him; and anyway, did I really want to? His voice still came to me, now astonishingly wild ... Suddenly, breaking up in unexpected fashion, the fog vanished and revealed Venice in a new brightness that made my heart beat... Suddenly, moved by some unknown premonition, I lowered my eyes in fear: the man had disappeared.
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Navanith Ak
Poems The Awakening
Blow up the illusion that holds up let the blood of your shadow drain down. walking behind the veil of terror did you think that you were walking to your eternal satisfaction o'evil one, so fucking far are you and so down into your own grave and the dead will rise from theirs to make way for your wretched enlightening path. make no sound now, scream out not the devils wrath being your hood for the evil down under you made me bleed, now bleed yourself dry. basking in the shimmering light from the pool of your blood will sway and awaken the evil twins behold your fears,for fear is inbred for those who indeed heed at the crossroad i too gave up my soul 141
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but taken in it was not and as the last ounce of blood spurts out let me enbolden up in high spirits of the unearthly let the devil hold you high, for find another to, u may seek but never find may peace be on your evil abode
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The Third cut
I open my mouth to scream to let the waves of pain pour out. Three razor cuts side by side, I wonder what evil i carry in my blood. Woke up in the pool of my own blood, and cleansed my soul in it. The evil shadow still follows me, even as i kneel down before the executioner. But chops my head he does not, instead takes immense pleasure in watching me bleed to death. My pact with satan being carried away in this pool, as i dig my nails further deep into my skin. The pain that i feel inside isn't painful enough. Severe my head off my neck, but carry it out in one quick painless stroke, for i'm still under the shadow of the evil one's hood. Rain drops starts to fall all around me, i watch it mix with my blood as i slowly loose my consciousness. 143
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O' death why don't u come fast enough to relieve me from this masked insanity that i feel. Blow the flames of my life out with the treacherous wind. Ah at last my hooded friend, the reaper is here. I choke and cough out more blood and just then i get a delightful feeling of being rescued.
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Borne Within
The sharp pain of those words embalm me with my tears and blood. The last nail in my coffin, is the sweet taste of betrayal. As i choke on my own blood, i laugh inside. I feel no pain, for i felt all these when i was alive Back to ashes is a salvation from this pathetic life i bite into my tongue from laughing out loud for this is a force of habit to trust and to be betrayed what is life without one of these i have bleeded myself dry now i want you to bleed to death. Curse of a kind never seen before is what i put on u, may the cruel saviour have mercy on u or is mercy not a harmony anymore. Razor has caressed my arms too many times 145
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but never this sweetly. I love this tingling sensation as it cuts open my skin I walk in the blood spilled corridors of my memories here i come here i come hold me high
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Jan Oskar Hansen
Poems A selection received through March 2010
Easter Egg
Kingston’s bay, the sea was shimmering translucent green, my ship was anchored there; saw the sandy bottom where red snappers swam. An open chest of gold coins in the sand, metal totally inedible, the invertebrates took no interest. I thought of Captain Morgan and since it was Easter he had gone away. Thought of calling our master and point to the untold riches, but he was a man who never deviated from his sea charts. Gold, Jesus, Capt Morgan and Easter, no navigational points for him to focus on. The shadow of a shark hovered above the treasure trove, the sea darkened, wind blew from east, as currents whirled and there were a draft from flapping, unseen, black wings 148
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obscuring the anchor’s resting place. Long Friday, the chest was buried deep in the sand, I didn’t tell anyone, and we were bound for New Orleans.
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Storm-Birds I saw them one morning a sea-gull couple, white and grey. They were walking around the village like a pair of tourists, only took flight when dogs or people came near. They spent nights on my roof, sparrows kept well away. A storm blew up salt spray from the bitter sea reached up to the village. When the storm abated the olive trees were white, and the ground glinted of salt crystals. I braved the cold went out looking for the seabirds, but they had flown away, further inland I think, to avoid the memory of the sea.
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The Captain
When I walked through the big liner in my splendid uniform and many medals, everyone treated me with great respect. I’m a staff captain, a ceremonial title given to me because I have served my masters faithfully for sixty five years. The ship docked in my hometown, but there was no one there to greet me. I walked down the gangway, dark night snow on the ground and my feet were cold. Too late, those I had wanted to impress had long since gone. Turned to walk up the gangway again, but the ship had left without me. Watched as harbour light was extinguished by dawn. My opera uniform was rented from a shop, my medals were bottle tops, epaulettes made of cheap wine, labels. Soon there would people about and I had nowhere to hide.
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The Alcoholic
The bottle of red wine I opened at eight this evening is now empty. I look t its label: Cave Marta; made in the north of Portugal and is good with roasted meat. Well, I had meat balls for my dinner. But the wine was still excellent. In a few years from now, maybe less, I will be dead and all this things about sobriety will be meaningless. It is ten in the evening the bottle is, so very empty and feel I ought to a have another drink. Years ago when I lived in Britain, strange people come to my house, they called it intervention. They upset me greatly and I have never been back since, I have a house there and my wife still lives in it. They told me to stop drinking, sober up and do something worthwhile. Yes, I know I’m a drinker you can call me an alcoholic if you like, but my drinking has never bothered me. I think of poor Tiger Wood, they have really cooked his balls, addicted to sex, it is said. Me, I’m going into the kitchen to open another bottle of wine.
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Touring Cascais (Portugal)
Cascais has the best built anthills than anywhere else I know of; and expensive too. I it used to be a small fishing village till King Carlos built a summer house there. He was a very fat little man, but since he was not an innkeeper, no one mentions it. And ever since deposed royals, from countries that sound like fairytale stories have come here, also the pretentious, rich part of the middleclass who married into royalty who only had a titles to offer. But one never knows, I saw a tall thin man with dreamy eyes, perhaps he was once the arch duke of Rurotania.
King Carlos summer residence is now a B&B hotel, the only one I know of that has its own chapel. With royals follow art, wall are decorated with flowers and plump angelic looking children with tiny wings. And should you fall on the floor, wine is strong in Portugal, you will by looking up, see angels flying about on the ceiling too. People in Cascais are rather wane looking this may be caused by too much refinement, in Algarve where I live
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the blessed Arab blood shines through. Carlos has gone Portugal is republic, and there are not many fishermen about either.
http://mensail.com/gallery/CascaisATRfleetandenvironment/IMG_1990
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Bus Travel in Iberia
We are driving past nice houses, built by Portuguese who have spent a life time working in France or Swiss. Lot of brass and gilded door knockers, made me think of expensive coffins, the kind used to bury kings and statesmen, so utterly hideous, they must be glad to be dead. But I will not scoff it is someone’s dream I’m looking at. Who am I to be a critic? Sometimes dreams should stay firmly in the other world’s realm, or failing that, listen to the advice of an architect; mind there aren’t that many good ones around, it’s all about money. I’m sitting on a bus on my way to France, it’s the least expensive way to get there, we are all poor and equal. I like the journey and there are regular stops for a pee and something to eat. The landscape we travel though right now has big boulders strewn about as some giants of yore have been playing bowls. A signpost tells me we are nearing Castello Branco, fifty minutes stop for lunch and stretching of numb legs. 155
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A fountain in Naples (Carvaggio)
In a grimy Naples street, the grubby attracts me, as do places where low life is lived in the open, a boy of thirteen tried to steal my wallet, but I grabbed him held him firmly till he stopped struggling then I let him go
He ran off turned smiled and made a rude sign like an inviting whore; I felt soiled washed my hand in a fountain, which had water spouting out of the mouth of a dolphin and astride it a smirking urchin sat.
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The Enemy Within
There were many rooms in their house, all very small, full of colourful furniture and gaudy wallpapers, it was like living inside a kaleidoscope. Each room though, had a freezer stuffed plenty of goose liver, cheese and peanut butter. I was looking for the red wine there wasn’t any, only of bottles of water with posh labels. On the patio members of a non drinking social club, sat tasting the water discussing its quality of freshness and from which well it might have come from. The club was dedicated to the abolition of French wine and members wore red berets, made in south/west of Franc. In fact they were Muslims, paid buy Jewish agents, so Israel could corner the wine market “Their,” turned out to be estate agents trying to sell me a house near a golf course, really, I could get out of my bedroom, onto the course and play at dawn presumable naked or in my pajamas. I hate golf and think all that lovely meadowland should be turned over for real sheep and goats. I said nothing, but took the bus into the centre of Lyon where I bought cheese, garlic, a baguette and a litre bottle of red wine.
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Dreamless in Lisbon
Awoke at dawn seven hours of oblivion, of not dreaming and not aware of being alive. Seven hours of nothingness, not hours painted black. Nothing penetrates stupor, no lament, tears or cannon’s thunder can upset void’s deadly calm
A shadow hangs over humanity, on a baby’s forehead is the mark of demise, also in the eyes of the old woman, in the corner, by the stove keeping ember alive, you see the stigma of oblivion, as she half asleep wakes with a start.
Tinkling bells peel, then toll before the void. Parties and funny hats, endless travel to exotic locations. Colour photos of happy time, but look closely now and see a shadow clouding the day; till daybreak brings hope after terrifying night without dreams. 158
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The Necklace
Driving around on my scooter a June day I came to a narrow valley, with steep hills on both sides, my scooter broke down. Called the garage man he was coming in an hour or so. Sat in the shade when seeing something shining in front of me, picked it up. A cheap necklace looked like it belonged to a child, and wondered what it must be like growing up in such a stifling place. A mother with her daughter came slowly down the road looking carefully into the grass verge, when they came near me, I took the collar out of my, pocket and asked, if it was this they were looking for. The woman grabbed the bijouterie out of my hand and left. The girl turned and stuck her tongue out at me. Afternoon shadows deepened, a place like this gets dark early.
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The Lost Continent
I know it is there, so many tales through the ages, I have to find a sturdy boat to ferry me across unchartered, dark waters, to the fabled continent of my past. The little I remember is often romanticized; a yearning for an ideal, something read in a book. This continent has deep fjords, craggy mountains, and deep tarns of hostility the dwellers don’t like to have a torch of light shone on their faces, asked questions by an impertinent old man coming from the future; not understanding, life was different back then. How can a slow running river understand a waterfall? How can a swimming pool understand a mountain lake? I need guts, I may find a truth I don’t want to know, when I cast anchor, in the lost continent’s bay and begin my journey. Will I find a moonscape where only green bananas grow? Or a harsh, ice pool which has nothing to reveal? And I will risk returning with nothing but dust in my hands; to live with truth that I’m just a regular man, with with an insignificant story to tell. I may also find a seam of gold, in rich soil, and navigate back to now, with my treasure trove.
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The Elimination
This morning the glass of red wine on my desk, has a film of dust on its surface. Last night it looked like fresh blood fit for Dracula. Assassination in Dubai, fourteen paid killers against a lone target. Overjoyed newspapers treat this, sordid, state sponsored affair, like a spy thriller. It is ok, we have mentally sorted out who get to wear white hats (usually those who look like us) A child would have called this a craven act of cowardice, so many against one: “not fair only baddies behave like that.” But a child is not to know we live in a murky world. A vague, righteous echo reaches me: “We have the right to defend ourselves.” Is it the voice of the sleepless we hear? The westerly blows my mountains is covered in a haze of lost hopes. The sun is as absent and as elusive as peace. From cool wine, to blood of the lamb; down the sink’s plug hole it silently runs, as we too descend into the quagmire of moral certitude.
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There is a Taliban in my Soup
A knock on my water lodged door, I didn’t open because it has been raining for days and I’m suffering from indoor phobia; think everyone is out to get me. Peered through the laced curtain, saw the huge rain man outside, blue and full of water. A car came, driver didn’t see him in the hazy light, the water man burst like a balloon. The street, a river, flushed out of drains the Talibans. The definition a Taliban is a bearded man, with a blanket around his shoulder and a lethal gun in his hands; as opposed to a bearded man with a blanket on his shoulders minus a gun, is a local farmer. They were all released and drafted into the Afghan army. A NATO general, with the US flag in the background, was interviewed on TV, said rain had ceased, his president has declared victory, they were going home.
The Afghan army has shrunk like a cheap suit; this mainly because it still rains in the mountains, but since it is not falling on us who cares? The Afghan, like the Iraqis, must learn to look after themselves, NATO has got better things to do then try stop water falling from the sky.
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Rain Dream
It’s cold, windy and rainy outside, winter is mad knows the game is up it has to give way for spring very soon. This giddy time when humanity fall in love and trees in the park greens. Yet, long is Sunday, it’s as hours have 120 minutes. If they did would I live longer? Especially now that I have bought a digital camera and can stand under an awning trying to catch a raindrop before it hits hard asphalt and is liquefied. Blends with other broken rain dreams, runs into gutters, down dark sewers where it unifies with human waste and loses its purity. I’m not greedy only want to catch, in a frame, a single drop, one with a tiny rainbow inside, and is lit up by the promise that we shall never be forgotten.
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Angola, the African Dream
A box of photos, black & white and amber, under the old woman’s bed, tell of young faces and success. Cars drive up and down an avenue called Liberty. Angola, even the most humble state functionary had a black servant. And the white people were deaf to the dark voices of independence that one day would be a tsunami, leaving destruction in its wake.
A box of photos, black& white and amber, under the old woman’s bed, tell us the Portuguese settlers had been promised a land of plenty, and the local people would be their willing serfs. Foreign legion soldiers helped them flee the wrath of the exploited. Back in Portugal again, dipping their hands in manual work, The great African dream was over.
A box of photos, black& white and amber under the old woman’s bed, do not tell us the whole story it’s a blank canvas made up of shadows, light and the unspoken. Memories are sweet and untrue. People who had to return back to poverty, will say they brought 164
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civilization to Angola, especially now that the avenue Liberty, in Luanda, is potholed.
http://www.africahunting.com
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The Conjugal Bed
We had a small bed, woke up with our feet entwined, like roots of olive trees. We laughed about it and slept long Sunday mornings. As we got older the bed got too small, we bought a bigger one it takes up the whole bedroom. I wake up at night have to stretch out my arm to feel her nearness. I roll over to her side, but her shoulders and back are insurmountable icebergs, she has much to do in morning, needs her sleep. I roll back to my side of the bed, think of times when we woke up with our feet entwined, laughing about it and sleeping to noon on Sundays.
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Announcements Le 5 juin 2010 à partir de 16h30 Le mur saint martin, les éditions du Cygne et Zalia Sékaï vous attendent au Snax'kfé 180, rue saint-martin 75002 Paris Zalia Sékaï signera son ouvrage 'autopsie d'un exil algérien' voir ici : http://zalia-s.over-blog.com/ Le même jour à la même heure Antoine Moreau est invité par le mur saint martin voir ici : http://lemursaintmartin.over-blog.com/
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ECHO DE CH’NORD (extraits) Poézine gratuit et aléatoire - Trimestriel N°53 Printemps 2010 Les auteurs sont seuls responsables de leurs écrits Yvette Vasseur. 9, rue de la Gaieté 59420 Mouvaux e-mail : yvette.vasseur@orange.fr
http://yzarts.over-blog.com
Pour participer: envoyer quelques textes inédits (20 lignes max.) + 4 enveloppes timbrées pour les expéditions, ou adresse e-mail.
Les prémices du printemps Je cultive mon jardin Pour lutter contre la fatalité Le vieillissement est l’adolescence à l’envers L’adolescent découvre L’ancien se souvient… Mais le printemps est éternel C’est la seule vrai éternité… Comme une neige qui deviendra pétales
Tout est renouveau La vie est un cadeau Comme le printemps A dix sept ans je suis partie sur la route avec les jonquilles et les primevères Aujourd’hui je les vois pousser dans mon jardin…
Ici, là bas, la vie se renouvelle Il faut la voir à sa mesure et tirer un instant sa tête hors de l’eau du quotidien. Du lot des douleurs et des chagrins Elever les yeux sur les fleurs du printemps Comme les japonais le font au temps des cerisiers en fleurs… Et aller chercher son âme dans les œufs de pâques Comme un enfant qui s’éveille à la vie Comme un vieil enfant Qui crois aux roues de l’éternité Toujours…
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Petits bonheurs En déambulant dans les artères de la ville Petits bonheurs en forme de guitare Fées ders quartiers riches ou des bidonvilles Vous distillez dans mes veines votre nectar. Stars de la laideur des quartiers Points de beauté sur la bêtise et l’horreur Il n’est pas de peine que vous n’écoutiez Lorsque votre grâce apaise mes terreurs. Femmes mûres ou jeunes demoiselles Amies, compagnes ou maitresses Au corps rondelet ou frêles gazelles Vous saurez mes rêves de la détresse En m’offrant les secrets trépidants Des torrents et des chauds paysages De vos soleils généreux et ardents Vous gravez en moi votre beau message. Petites bonheurs en forme de guitare Que j’aime être pris dans vos toiles Où je m’ébats, heureux comme un têtard Moi le passionné, le collectionneur d’étoiles.
Michaël Adam (Birr Sheva)
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Trop de couleurs Hommage aux tisseuses mayas Votre pauvre culture de pauvre N’est pas vendable Chez les riches, voyez-vous !... Trop de couleurs Trop d’imagination Trop de joie Aïe ! trop c’est trop Pour les rues et le métro Pour l’usine et le bureau. Gris et noir fumé C’est la bonne couleur Pour l’ouvrier et le chômeur Du gris et du bleu foncé Pour les sous-chefs et les valets. L’important voyez-vous, C’est que leur regard Reste noyé dans un flot De gris et de noir Sans un soupçon de rêve Ni d’espoir.
Yvan Avena ( Goiàs) « Indignation »
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Le sourire du gondolier Du rio sur lequel il vogue Un gondolier décoche Un sourire étincelant Aux touristes Qui depuis le fondamenta S’apprêtent à le photographier Dans l’exercice de sa profession Un inconnu gondolier Photographié Des milliers Des millions de fois Tout au long de sa vie Célébrité Anonyme Dans le monde entier
Béatrice Gaudy
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Femmes livre voyage… On explore un nouveau paradis Si l’on retourne dans l’ancien Une voix insidieuse fredonne La mélopée des regrets Entrer chez qui promet l’espoir Cette chambre reçoit au cœur De l’hiver Plein soleil des pampas Un sourire De compagne à effeuiller.
Jacques canut (Murmures et résonnances)
Gérard Lemaire
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Extraits de « Couleurs » Yvette VASSEUR Le printemps Au printemps tout sortait de la torpeur Les pigeonniers des jardins voisins roucoulaient jour et nuit Les coqs de la ferme d’en face chantaient à tue-tête dès l’aube Les passereaux lançaient leurs trilles, Le jardin étirait sa langueur entre explosions de bourgeons et ascensions des tiges. Il appliquait consciencieusement sa palette en camaïeu de vert et l’agrémentait du pastel des premières fleurs Au printemps, l’air osait les premières vibrations sous les élytres écarquillés des coccinelles et sur les ailes cristallines des libellules, funambules des cordes à linge
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Maman Pour sortir le dimanche Ma mère agrémentait son « bouffant » de cheveux noirs de crans brillantinés. Elle plaçait des peignes sur les côtés pour soulever les mèches trop longues Elle pondrait son visage pour le matifier Colorait ses joues et ses lèvres aux teintes de cerises Entre griottes et bigarreaux Tout cet apparat rendant à l’évidence La lumière de ses prunelles myosotis et de ses longs cils noirs. In « Parcours Urbains » la plume éditions
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Alain Crozier | Les Cités Magnétiques Livre de poésie | Jacques André Editeur (Lyon, 2010) | 12 € -70 pages | Texte de la 4ème de couverture L. C. : La Clayette (prononcer : La Clette), toute petite ville du Brionnais en Bourgogne du Sud. Blues dimanche soir, parce que seul dans cette ville glauque, Alain Crozier compose une musique de road movie qui l’entraîne vers les cités magnétiques : New York, Turin, Paris, Liverpool, Lyon, Venise... et Manhattan près de moi. Comme L. A. (Los Angelès) qui fut naguère un pôle mythique pour toute une génération, L. C., carrée et grise, est une ville qui à la fois avale et rejette ; elle offre pourtant, dans une tension amour / haine, une sorte de pivot référentiel autour duquel le poète axe les repères du monde qui est le sien. Même si les rêves, les errances, les désirs ont pris la route, les filles dérivent toujours dans le parc du château. Les mots accomplissent leur fonction de mise en territoire : toujours, il y a quelque chose dans l’air partout, y compris à L. C. La poésie permet de « prendre l’air », en quelque sorte. Louis Dubost Le livre est disponible notamment à la librairie 2B, 59 rue Centrale -71800 La Clayette. Vous pouvez aussi passer votre commande auprès de votre libraire. Vous pouvez commander le livre directement sur le site de Jacques André Editeur et payer en ligne ou par par chèque.
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Wrote Under productions and publishing presents….
POETRY AND A PINT EVENINGS Poetry-Writing-Comedy-Music-Productions-Art-Creativity Share writing in the writer’s and performance workshop Get involved in the non-for-profit creative collective Contribute to our fanzine, newsletter or blog Get a chance to see your own creative project come to life Help to organize or perform at our gigs and festivals ALL WELCOME The spotted dog PUB.ALCESTER STREET DIGBETH. Every 2nd Friday from 6pm onwards. April 2nd, 16TH, 30TH. May 14th, 28TH. June 11th,25th,July 9th,23rd. www.wroteunder.wordpress.com wroteunder@googlemail.com Brendan: 07833643720
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Gilbert MARQUÈS
INSTANTANÉS Recueil de textes courts et nouvelles Éditions du Masque d’Or PARUTION EN MARS 2010
Les vingt textes composant ce recueil appartiennent-ils réellement au genre littéraire de la nouvelle ? Les puristes épris de doctes définitions répondront par l’affirmative pour certains, non pour d’autres. Le plus important pour le lecteur ne réside-t-il toutefois pas dans ce chacun d’eux raconte plutôt que dans une vaine querelle d’experts ? A ce propos, le titre de ce recueil paraît suffisamment explicite. Il s'inspire d’un terme technique attaché à la photographie qui fige, comme savait si bien les capter DOISNEAU, des instants fugaces de vie. Ici et faute d’image, ces courtes tranches d’existence, ces portraits, ces réflexions ont été fixés par l’écriture. Qu’ils soient imaginaires ou le fruit de faits divers, d’expériences vécues, ne revêt pas une grande importance. Plus essentiel semble le prisme au travers duquel l'auteur les a déformés par ses propres visions et par la perception qu’en aura chaque lecteur. D'où l’illustration de couverture, cette femme à la position statufiée dans le marbre par Malvynn TORT, qui n’a pas été choisie par hasard. Elle symbolise à la fois l’immobilisme et l’infini que, finalement, la photographie, la sculpture et l’écriture immortalisent dans une œuvre achevée. Gilbert MARQUÈS, Toulousain fidèle à cette ville qui a vu éclore l'écrivain qu'il est devenu, n'oublie pas son passé théâtral et musical. Ce n'est pourtant pas à ces formes d'art qu'il consacre ce nouvel ouvrage. Il rend en effet hommage à la photographie et après avoir successivement publié des romans, un essai, un récit poétique, il nous propose un premier recueil de nouvelles, genre littéraire à part entière qui ne lui est pas étranger puisqu'il publie régulièrement des textes en revues et sur différents sites Internet.
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Traction-Brabant Vous trouverez ci-dessous des extraits du numĂŠro 34 de Traction-brabant - en version pdf - en version doc Vous trouverez ĂŠgalement ci-dessous, un lien qui vous permettra d'aller un tour sur le blog de Traction-brabant : http://www.traction-brabant.blogspot.com
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Passions by Denis Emorine Cervena Barva Press Announces a New Chapbook "Passions" 4 (monodrama) by Denis Emorine. Translated from the French by Brian Cole Denis Emorine is the author of short stories, essays, poetry, and theater. He was born in 1956 in Paris and studied literature at the Sorbonne (University of Paris). His theatrical output has been staged in France and Russia. He has a great interest for Eastern Europe. In 2004, he won first prize (French) for his poetry at the FĂŠile Filiochta International competition. His poetry has been published in Pphoo (India), Blue Beat Jacket (Japan), Snow Monkey, Cokefishing, Be Which Magazine, Poesia, (USA). His texts have been published in numerous e-zines including mgversion2>datura, Cipher Journal, Mad Hatter's Review, Milk, The Salt River Review, Istanbul Literary Review, and WHL Review. His last publication was a play called, "On The Platform," (Cervena Barva Press). Order online at http://www.thelostbookshelf.com/cervenabooks.html Send check or money order payable to: Cervena Barva Press P.O. Box 440357, W. Somerville, MA 02144-3222 e-mail: editor@cervenabarvapress.com
4 Published in French by mgv2>publishing
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Coming July 1, 2010. Submissions open now. Full guidelines here.
Cover photography Š Glenn Waters, all rights reserved no unauthorized use or distribution
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Featuring an interview with former US Poet Laureate, Charles Simic, introductions to two new interactive features, and calls for submissions to two new anthologies to be published in 2011. ISSN 1916-3010 Magnapoets Print, a bi-annual 8.5" x 11" print journal featuring poetry, short stories, interviews, and essays. SUBMISSIONS GUIDELINES Available here. Note: We do not publish book reviews, haibun, haiga, nor do we solicit art work or photography. SUBSCRIPTION INFORMATION Available here. Be sure to check out our announcements page and our updates page for poetry news.
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mgversion2.0>datura ISSN : 1365 5418 mgv2_67 | 06_2010 Editor: WALTER RUHLMANN. © mgversion2.0>datura & the authors E-mail : mgversion2@free.fr Web : mgversion2.free.fr
Karibu Maoré
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