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LE MONDE DE SUMO
ARTISTE | SUMO! L'ANNÉE DU SUMO!
Sumo! alias Christian Pearson, a été très prolifique cette année. L'artiste graffeur luxembourgeois a surtout signé de belles collaborations avec de grandes maisons. Par David Bail
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Ses deux dernières collaborations, avec l'enseigne de prêt-à-porter Bram et Porsche Luxembourg.
Quand Bram m'a invité au vernissage de la collection Capsule de Sumo, je n'ai pas hésité un instant. Comme moi, Sumo est un enfant de la pub et du graphisme, même si par la suite nous avons choisi d’autres voies, cette expérience nous a forgés et sans doute procuré une approche différente de ce que nous faisons aujourd'hui, l’art pour lui et l’édition pour moi. Chez Bram, je le découvre attablé dans l’espace VIP qui a été aménagé pour l'occasion au fond du magasin, en train de siroter un cocktail. Nous bavardons comme de vieux amis qui viennent de se retrouver.
CRÉER DES OEUVRES D’ART A TOUJOURS ÉTÉ UNE ÉVIDENCE
« J’ai été graphiste de 2000 à 2006, et j’ai par la suite ouvert un concept store avec petite galerie, durant 4 ans, avec deux associés. Mais je sentais que je devais prendre mes propres décisions. ». Sa vie professionnelle a donc toujours été orientée vers l’art, sa plus grande passion. Il avoue toutefois que son but originel n’était pas de devenir artiste, « On m’a toujours dit que ça ne rapporte pas, que ça ne vaut pas le coup d’essayer. ». Christian Pearson - aka Sumo - a finalement écouté son instinct, et a pris la décision de troquer son emploi dans la publicité pour celui d’artiste. Il a donc poursuivi l'exposition de ses œuvres en galerie. Petit à petit, son nom s’est fait connaitre, et ses œuvres teintées d'optimisme lui ont permis de vivre de son talent. « Je voulais m‘amuser en travaillant », me révèle-t-il ; n’est-ce pas la clé du bonheur ? Pour Sumo, tout n’est qu’une question de volonté. Acharné du travail, son atelier est devenu son lieu de vie : « Il faut se donner les moyens de parvenir à ses fins. Si d’autres survivent avec de l’art, alors moi aussi ». Je me retrouve dans les mots de Christian Pearson. Lui aussi a monté sa propre entreprise, et nous avons échangé sur les avantages et inconvénients de cette situation : « Faire son marketing, construire son réseau et sa clientèle, la médiatisation... c’est compliqué si tu es seul ». Mais rien n’est plus gratifiant que de vivre de sa passion, et c’est un Sumo épanoui qui prononce ces mots : « Je me suis révélé »..
DES PARTENARIATS SOUS LE SIGNE DE LA RÉUSSITE
Qu’est-ce qu’un avion Luxair, une Porsche Taycan et une collection de vêtements streetwear ont en commun ? Une collaboration avec Sumo ! Durant notre entretien, Christian me raconte les détails de sa collaboration avec Porsche Luxembourg. Visiblement très fier de sa création - à juste titre ! -, il m’explique pourquoi la réalisation de son œuvre a duré 5 mois. « C’est la première voiture que je peins ! J’aurais pu le faire en une semaine ou un week-end. Mais j’ai peint la voiture comme sur une toile, à même la carrosserie. C’était un honneur, je voulais créer une œuvre de qualité à l’image de la marque ». L’assiduité est une valeur primordiale pour ce grand nom de l’art contemporain, qui déclare « je soigne mon rapport à l’image, tout en me faisant plaisir ». L’amour du travail bien fait est une valeur que nous partageons, et je prend plaisir à discuter avec un chef d’entreprise authentique, fidèle à ses convictions.
Sumo me parle également de ses intentions lorsqu’il travaille en collaboration. Pour lui, l’essentiel est de conserver ses idées et son identité ; il ne s’adapte pas aux enseignes avec qui il travaille, car il souhaite que ses œuvres reflètent sa personnalité et véhiculent ce message positif qui le caractérise. Si des marques le contactent, c’est parce qu'elles désirent transmettre son discours dans leur projet. Pour sa collaboration avec Bram qui a rendu possible cette rencontre, le cheminement est le même. L’enseigne a approché Sumo, car elle souhaitait occuper un espace vide de leur vitrine et le style de l’artiste concordait avec l’image de la marque. Sumo m’indique qu’il a privilégié la propreté et l’esthétique, d’où son choix d’offrir une imposante toile à Bram. L’utilisation d’un spray et d’une peinture avec acrylique facilite le travail de l’artiste. « Ce sont des matières qui sèchent très vite. Je suis un grand impatient, je déteste attendre ! Et pourtant, je peux travailler des mois sur une même œuvre (rires). J’aime le processus et voir apparaître un résultat qui me plait, mais ça dure une éternité ». Le projet a mené à la création d’une collection capsule éphémère que j’ai eu le plaisir de découvrir, mêlant l’univers pop et contemporain de l’artiste à celui plus minimaliste de l’enseigne. Désireux d’élargir ses partenariats et sa clientèle, sans pour autant aspirer à la célébrité, Sumo me fait savoir qu’il espère collaborer avec l’enseigne Nike. « J’adorerais créer un modèle qui serait reproduit numériquement et que je pourrais moi-même porter, c’est très tendance ! », un projet qui n’en est encore qu’à un stade embryonnaire, mais qui fait rêver l’artiste.
LA FORCE DE SON ART QUI SÉDUIT LE PUBLIC
J’ai découvert un artiste réellement bienveillant visà-vis de sa clientèle. Lorsque je lui demande quel est son rapport à la vente de ses œuvres, il me répond humblement : « Depuis que je ne travaille plus dans la communication, je cherche à rendre des choses fondamentalement bien, je ne veux plus vendre de produits qui ne sont pas réellement ce qu’ils valent ». L’artiste s’est également livré à moi concernant la vente de ses créations. « Leur coût onéreux s’explique : mes œuvres demandent du temps et des moyens. Mais cela ne dérange pas mes clients d’attendre leur bien ; je pense que les gens ont confiance en mon travail, j’ai probablement fait mes preuves ! ». La notoriété de Sumo est en constant développement ; la demande ne cesse d’augmenter, et les collectionneurs raffolent de ses œuvres contemporaines aux messages joyeux. C’est donc pour son public, ses proches, mais également pour son bien-être personnel que Sumo voit la vie en rose. Ces good vibes qui constituent sa signature, il les compare paradoxalement à un « virus » qui se propage. Et selon lui, « observer un tableau coloré a un impact sur notre journée, comme un effet boule de neige. On se sent mieux, on oublie nos soucis et on relativise ». Les projets de Sumo s’insèrent dans une ligne d’horizon bien précise, il explique « les pièces que je crée font partie d’une œuvre géante ». Ces pièces se complètent à l’infini, et chaque toile renferme une histoire passionnante. Avant de nous quitter, Sumo me lâche « Je suis heureux aujourd’hui, et vis de mon art, et je m’éclate même si je travaille énormément. On ne sait pas de quoi demain est fait, je vis au jour le jour, et pour l’instant tout va bien. »