Suara 53: Ensemble, misons sur l'avenir

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Suara 53 Afgiftekantoor: Antwerpen x P 508033

La voix des peuples

Missio Belgique, Bd du Souverain 199, 1160 Bruxelles

Publication trimestrielle de Missio

s ep t em b r e –­ o c t o b r e ­– n o v em b r e

2013

Ensemble, misons sur l’avenir Vivre ensemble comme des frères «Il existe encore des entreprises où on refuse ouvertement d’engager des Noirs ou des musulmans. Certains propriétaires refusent de louer leur appartement à des Noirs. C’est illégal et pourtant c’est une pratique courante tant le sentiment d’impunité domine dans ce domaine.»

Il convient de créer et de dynamiser des structures susceptibles de promouvoir l’art du vivre ensemble. Le chrétien se rend compte du fait qu’il ne sert à rien de se renfermer sur soi-même. Il importe de construire des communautés d’amour, de vivre comme des frères et sœurs de la «famille de Dieu» (Eph. 2,19). Il serait faux de dire que cela n’est pas dans les gènes du peuple européen. Car celui-ci est capable de témoigner d’une grande solidarité lors de différentes catastrophes dans le monde. A cet égard, on ne peut désespérer. Puisse l’expérience de l’Eglise-famille du Burkina Faso inspirer toute l’organisation Missio et tous les fidèles belges au cours de la campagne 2013.

Photo: Eric Montfort

Ces propositions renvoient à une interview accordée par l’écrivaine belgo-nigerianne Chika Unigwe au journal flamand Knack au courant du mois de mai 2013. Elles font voir que le vivre ensemble peut être menacé par un certain type de comportement.

Mandela, icône du vivre-ensemble «Madiba (Nelson Mandela) a planté l’arbre universel du vivre ensemble, au prix de sa vie personnelle et familiale. Il revient à chacun de nous de l’arroser quotidiennement, afin qu’il porte en abondance ‘des fruits qui demeurent’».

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en dialogue avec le journaliste Christian Laporte

Sylvain Kalamba Nsapo

Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots.»

«On a parfois l’impression que les réformes institutionnelles, sans doute nécessaires, prennent plus de place que la lutte contre la pauvreté. Ce qui empêche de mener une vraie politique sociale en vue d’éradiquer ce fléau qui jette les gens sur la rue.»

(Martin Luther King)

© Wereldmediatheek, Johan Denis

Dans ce numéro • Foi et communauté

• Action Cartes postales

• Mandela, icône du vivre-ensemble

• Nouvelles du Sacred Heart Seminary en Inde

• La magie du chocolat ‘équitable’

• JMJ de Rio

• Un nouvel avenir pour les orphelins du SIDA

• Missio Pralines

• L’Eglise avec les deux pieds sur terre: Rép. Centrafricaine

• Enjeux et défis du vivre ensemble. Interview

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Dialogue

R Texte de campagne | Foi et communauté encontre

S

Comme ultime geste de son pontificat, le Pape Benoît XVI nous a invités à réfléchir. Il a proclamé l’année de la olidarité foi, afin que l’on insuffle une nouvelle vie à notre propre foi. Michel Coppin

• Que signifie être chrétien aujourd’hui? Qu’est-ce que cela veut dire, en 2013, cheminer chrétiennement dans le vie? • Notre foi repose sur quatre éléments importants: la Parole, la construction communautaire, la prière et les actes. • L’homme n’est pas fait pour vivre seul. Celui qui sait vivre en communauté est un homme heureux. • Prendre soin de la communauté est au cœur de l’expérience chrétienne sur le continent africain. Des valeurs humanistes orientent beaucoup de personnes en Occident. Mais nous voyons, à travers le monde entier, que la relation avec une divinité détermine le style de vie de beaucoup de gens. Pour nous, il en est de même avec le Père qui nous a envoyé son Fils pour nous libérer et nous a donné son Esprit pour nous procurer la force de faire aussi l’expérience de cet indicible amour pendant notre parcours terrestre.

Des dimensions différentes

Que signifie pour des chrétiens, en 2013, d’avancer dans la vie? Il y a toute une série d’éléments qui ne devraient pas manquer dans notre vie de croyants. Tout d’abord, notre foi est un don que nous obtenons du Père lui-même. Croire n’est pas une obligation. C’est un don que nous recevons et que nous laissons croître en nous. Ce cadeau, nous le retrouvons dans un sentiment de bien-être et de bonheur. Dans le même temps, nous le découvrons aussi dans une Parole du Père à l’humanité, qui est une parole d’amour.

Photo: Eric Montfort

Croire c’est donc, en premier lieu, découvrir le Message que le Père a confié, à l’intermédiaire de son Fils, à tous les hommes. La Parole de Dieu crée un lien d’amour entre Dieu et les hommes. Nous disposons de nombreuses possibilités pour valider cette relation entre nous et le Père et pour insuffler sans cesse une vie nouvelle. Nous pouvons raffermir ce lien en témoignant de la gratitude et en adressant notre louange. Nous pouvons présenter nos peines au Père ou dans le silence, faire l’expérience de l’amour de Dieu de façon plus profonde. Cela est vraiment le degré de la prière, de la liturgie et des sacrements. A ces moments-là, notre amour pour le Père présente une forme concrète.

«Une vie en communauté met ensemble des talents différents et peut ainsi faire des merveilles.»

Solidarité

La force que nous tirons des sacrements comporte toujours la mission de convertir l’amour de Dieu en actions concrètes. La Bible en parle en invitant à prendre soin des veuves et des orphelins. Le Christ va encore plus loin, et vise aussi les personnes qui ne trouvent pas leur place dans la société: les pécheurs, les malades et les pauvres. La Parole s’allie donc à la prière, à la liturgie et aux actes générés par la justice et la paix. La solidarité entre les premières communautés de chrétiens était déjà bien apparente au temps des apôtres. Dans les Actes des Apôtres, il est écrit: «Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens et en distribuaient le revenu à tout le monde, à chacun selon ses besoins» (Ac. 2, 44-45). C’est dans ce même passage que nous retrouvons les quatre éléments fondamentaux de notre foi: «Ils se montraient assidus à l’enseignement (la Parole) des apôtres, restaient fidèles à la vie communautaire (à la constitution de la communauté) et appliqués dans la fraction du pain et la prière (sacrement de la prière). A l’intervention des apôtres se réalisaient de nombreux miracles» (actions) (Ac. 2, 4247). Ces quatre éléments sont inextricablement liés. Pas de mots sans actions. Aucune action sans prière ni célébrations ou pas d’actions sans une relation avec Lui, notre Père, lui qui nous envoie. Pas d’actions ou de célébrations sans une communauté.

Constitution de la communauté

En cette année de la foi, Missio met en évidence la constitution de la communauté. Nous regardons pour cela en direction de l’Afrique. Prendre soin de la communauté est au cœur de l’expérience chrétienne sur le continent africain. Tout le monde, de la naissance à la mort, fait partie d’une communauté soudée. Parmi les chrétiens africains règne le concept d’une «Eglise-famille» qui est à la base d’une spiritualité africaine typique. Les chrétiens africains peu-

vent nous apprendre à nouveau à découvrir la valeur de la vie communautaire. Pour notre part, nous devons être solidaires et leur donner la chance de rendre possible l’émergence d’une Eglise-famille.

«Celui qui réussit à vivre en communauté, est un être plus heureux. Et le bonheur n’est-il pas l’un de nos principaux objectifs dans la vie?» Développement communautaire

Pourquoi un développement communautaire est-il si important? Parce que l’homme ne peut survivre seul. Mais c’est aussi une tâche. Vivre animé du même esprit semble faisable. Aller vers des personnes ayant des opinions différentes, une autre culture, une expérience religieuse différente exige beaucoup plus d’efforts. Celui qui réussit à vivre en communauté est un être plus heureux Et le bonheur n’est-il pas l’un de nos principaux objectifs dans la vie? Nous optons aussi pour la communauté parce que c’est l’option du Christ lui-même. Il avait une grande attention à l’accompagnement de ses disciples directs et leur a enseigné que la communauté est importante. Les apôtres ont progressé en disciples authentiques du message libérateur en interaction avec Jésus et les uns avec les autres. C’est la tâche de Missio de venir en aide aux communautés locales. Une communauté qui suit le Christ recevra l’amour de Dieu. Cet amour mène à la gratitude, à la générosité et au pardon. Il est l’ouverture à l’altérité de l’étranger, dont la vie est généralement ancrée dans une autre culture et souvent aussi dans une expérience religieuse différente.

Miracles

Une vie en communauté met ensemble des talents différents et peut ainsi faire des merveilles. «Le corps humain, avec ses divers membres, constitue un ensemble; tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps. Un corps n’est pas uniquement constitué d’un seul membre, mais bien de plusieurs. En fait, cependant, il y a plusieurs membres, mais un seul corps. Quand un membre souffre, tous souffrent avec lui; un membre est-il honoré, alors tous se réjouissent. Bien, donc nous sommes le corps du Christ, et chacun de nous est un membre de ce corps.» (1 Cor 12,12-27). La campagne Missio est une invitation à travailler sur d’authentiques communautés de foi chrétiennes aussi bien ici en Belgique qu’au loin. Nous devons enrichir notre individualisme par la solidarité. Une conjonction de l’expérience de la foi selon la Bible et de la dynamique de la vie communautaire peut faire des merveilles. Ces deux éléments peuvent conférer à notre monde un nouveau dynamisme. Une dynamique que beaucoup cherchent mais ne trouvent pas. C’est à cela que Missio veut contribuer. Nous devons construire cette dynamique avec l’aide de Dieu. Permettons qu’ensemble, avec les communautés chrétiennes d’Afrique, nous mettions sur pied des initiatives valorisantes qui donnent de la vie.


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Mandela, icône du vivre-ensemble

Photo: Landov

Rien, en réalité, ni ses origines, ni sa jeunesse, et pas même son nom, ne prédisposaient Mandela à devenir l’icône universelle du vivre-ensemble que le monde entier admire voire vénère aujourd’hui. Emmanuel Babissagana

Originaire d’un village lointain, à 900 km de Johannesburg, Mandela naît le 18 juillet 1918 à Mvezo, dans le Transkei. A sa naissance, son père lui donne un nom, Rolihlahla, qui signifie «celui qui crée des problèmes». Et quant au prénom Nelson, il le reçoit le jour où il arrive à l’école, car explique-t-il, «les blancs considéraient que porter un prénom africain était non civilisé». Comment comprendre donc que cet enfant «destiné à créer des problèmes» soit devenu un modèle du vivre-ensemble? L’histoire de ce destin exceptionnel est racontée dans divers ouvrages par Mandela lui-même, notamment dans Un long chemin vers la liberté. Il suffit ici d’en restituer l’essentiel.

Début d’une vocation

Habituellement appelé Madiba, du nom de son clan, Mandela est très vite orphelin, à neuf ans. Eduqué par un ami de son père, il s’enfuit pour Johannesburg à l’âge de 23 ans, afin d’échapper à un mariage forcé. C’est là que son destin va véritablement basculer, parce qu’il entre alors «en contact physique avec tous les maux de la suprématie blanche». Ainsi est-ce au con-

tact de l’apartheid que naît sa vocation de combattant de la liberté et de la dignité. Pacifique mais non pacifiste, Madiba recourt à la lutte armée lorsque l’apartheid l’y contraint. Il le paie très cher, soit plus de 27 années de réclusion, et sa famille plus encore. «Quand votre vie est la lutte…, il reste peu de place pour la famille.

«Etre libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes, c’est vivre d’une façon qui respecte et qui renforce la liberté des autres.» (Nelson Mandela)

Cela a toujours été mon plus grand regret et l’aspect le plus douloureux de la vie que j’ai choisie.». Et il ajoute, «Etre père de la nation est un grand honneur, mais être père d’une famille est une joie plus grande. C’est une joie que j’ai trop peu connue».

Un combat juste, sans haine

Toutefois, y compris pendant ses années de réclusion, Mandela mène un combat dépourvu de haine et d’ambition personnelle, avec un sens obstiné de la justice, une quête permanente de la paix et une foi solide dans l’irréductible bonté de tout être humain. C’est cette foi qui le conduit à croire et à prêcher inlassablement la réconciliation entre Blancs et Noirs, pour qu’ils vivent ensemble dans une société non raciale, où l’on ne pense plus en termes de couleur. Aussi se donne-t-il pour mission, à sa sortie de prison, de libérer à la fois l’oppresseur blanc de sa haine et l’opprimé noir de sa rancœur. A l’heure où le père et premier président de la nation Sud Africaine se trouve sur le chemin du retour vers le Père, peut-on considérer qu’il a atteint cet objectif? Madiba a planté l’arbre universel du vivre ensemble, au prix de sa vie personnelle et familiale. Il revient à chacun de nous de l’arroser quotidiennement, afin qu’il porte en abondance «des fruits qui demeurent». Missio le fait à travers ses œuvres de solidarité, qu’elle nous invite à soutenir inlassablement.

La chocolaterie Belvas | La magie du chocolat équitable Le 11 Juin, l’entreprise chocolatière BELVAS a remporté le «Grand Prix 2013 pour les générations futures». Depuis plusieurs années, au cours de sa campagne, Missio vend des pralines Belvas en mettant l’accent sur le commerce bio et équitable. Pour Missio, c’est une activité de collecte de fonds, derrière laquelle se profilent bien d’autres choses. C’est que Belvas n’a pas obtenu ce prix sans raison. Kenny Frederickx

En nous rendant vers l’entreprise à Ghislenghien, dans le Hainaut, des panneaux avec le mot «chocolatier» nous signalent que nous sommes dans la bonne direction. Ils nous font deviner que ce sera une savoureuse matinée. La statuette - qui témoigne du prix reçu - et trône à la réception, indique ce à quoi il faut s’attendre. Thierry Noesen, le directeur, nous accueille, alors qu’il met la dernière touche à un nouvel emballage de chocolat destiné au marché américain. Le prix reçu par la société la remerciait des efforts consentis dans trois domaines, que l’on peut définir par les mots: planète, populations et prospérité.

Des normes objectives

«Le terme planète se réfère à la protection de l’environnement», explique Thierry Noesen. «Au début, nous avons commencé l’entre-

Photo: GP Toekomstige Generaties

prise en mettant l’accent sur le bio. Mais il est vite apparu que ce n’était pas toujours facile d’expliquer en quoi nous étions ‘bio’ et sur quoi cela se basait. C’est pourquoi j’ai commencé, dans la deuxième phase de croissance de Belvas, à chercher une norme objective que nous pourrions suivre. C’est ce que nous avons trouvé avec l’EMAS. Ce qui signifie en clair: Eco Management and Audit Scheme. Il s’agit de critères généraux en vigueur, émanant de la Commission européenne, octroyés si vous satisfaites à un label ‘bio’.

«Le prix reçu par la société la remerciait des efforts consentis dans trois domaines, que l’on peut définir par les mots: planète, populations et prospérité.»

C’est une sorte de ‘canevas’ qui prescrit la façon de traiter les déchets industriels et combien de contrôles y sont nécessaires. C’est une indication progressive de succès, grâce à laquelle l’entreprise espère ainsi qu’à l’avenir un label européen de confiance se retrouvera dans votre supermarché. De cette façon, il n’appartient plus à chaque pays de déterminer quels critères sont à respecter pour ce label bio.»

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La chocolaterie Belvas (suite) Le deuxième domaine où Belvas est forte, est le bien-être social (de la population) et le fait que l’entreprise emploie plusieurs personnes qui étaient auparavant au chômage. Aussi, offre-t-elle, entre autres choses, un lieu d’expérience pour de jeunes stagiaires. Le directeur estime qu’il est normal qu’il y ait un bon équilibre dans la vie du personnel et qu’une entreprise se doit d’avoir cette dimension sociale.

Changer de l’intérieur

Thierry Noesen souligne encore: «Je dois admettre que d’autres candidats pour l’attribution du prix étaient très forts dans les domaines environnemental et social et, selon moi, tous pouvaient réellement gagner. Peut-être que dans le cas qui est le nôtre, l’aspect économique (la prospérité) a-t-il plus pesé dans la balance. Nous avons énormément progressé depuis quelques années, et nous prévoyons une croissance de plus de 30% pour 2013. Il est bien sûr vrai que plus nous vendons, plus grand est notre impact sur l’aspect du commerce bio et équitable.» Thierry Noesen est un grand partisan du changement du système économique existant à partir de l’intérieur. Sortir dans la rue avec des brochures, n’est pas tellement son fort. Il veut avancer dans le modèle économique actuel et y trouver un meilleur équilibre. Si ses produits de chocolat ont du succès, d’autres producteurs seront intéressés par le commerce équitable.

Avec la mondialisation, pense-t-il, le capitalisme a certes quitté la main directrice, mais un nouveau système inventé à la Don Quichotte - se situant hors de l’économie ne fonctionnerait pas.

«Le danger réside dans le fait que l’étiquette ne devienne un label vide de sens, avec lequel seul une vente accrue et une augmentation des marges bénéficiaires deviennent le but principal.» Je peux encore faire beaucoup de délicieux chocolats et d’exquises pralines, et finalement les vendre, et ce, de préférence, dans un supermarché où beaucoup de gens peuvent y faire connaissance. Ce n’est pas toujours facile. Lors de récentes négociations avec un acheteur potentiel chinois, j’ai expliqué ce que nous entendons par le commerce équitable. Après mon exposé, la dame m’a dit qu’elle ne me comprenait pas, sur quoi j’ai recommencé mon explication. Cependant, elle m’a interrompu et a précisé qu’elle comprenait ce que je disais mais

qu’elle ne saisissait pas pourquoi j’achetais mon cacao plus cher auprès des paysans. Parce que cela entraînait un surcoût pour ses achats et par conséquent elle devrait vendre plus cher. Elle se demandait pourquoi elle paierait plus à ce paysan d’Amérique latine, alors qu’en Chine, la pauvreté existe aussi. A vrai dire, elle voulait juste obtenir un excellent produit, le moins cher possible. Les exemples que donne Thierry Noesen, montrent que la philosophie du commerce équitable n’est pas toujours facile à vendre. Il la compare à ce que nous aurions pu faire, il y a une centaine d’années en Europe, avec l’achat de cacao et de bananes. «Avec un système de commerce équitable, un certain nombre de pays auraient pu ne pas être aussi pauvres qu’ils ne le sont aujourd’hui et nous aurions depuis longtemps accordé un peu plus d’argent aux petits producteurs locaux, alors que nous n’aurions pas mangé moins de bananes ou consommé moins de cacao. Après 100 ans, nous nous trouvons dans une situation où le prix de ces deux produits sont devenus beaucoup trop bas».

La concurrence

Thierry Noesen trouve que le commerce équitable est un must, mais souhaite en même temps préserver la magie du chocolat. Il ne veut pas tomber dans une position qui donne un sentiment de culpabilité aux personnes qui n’achètent pas au commerce équitable. Dans les prochaines années, l’entreprise veut même faire un pas de plus et traiter directement avec le

«Avec la mondialisation (…), le capitalisme a certes quitté la main directrice, mais un nouveau système inventé à la Don Quichotte - se situant hors de l’économie - ne fonctionnerait pas.» Pérou, l’Equateur et le Chili et y négocier avec les coopératives paysannes. Dans le même temps, il espère que pas trop de concurrents ne feront leur apparition, vu que récemment aussi, de nouveaux labels de commerce équitable sont nés, pour lesquels les critères sont appliqués de façon plus souple. Le danger réside dans le fait que l’étiquette ne devienne un label vide de sens, avec lequel seul une vente accrue et une augmentation des marges bénéficiaires deviennent le but principal. «Il ne serait pas inconcevable que, de cette façon, une pure pensée capitaliste arrive à se glisser à nouveau dans le commerce équitable. Et cela nous devons l’éviter.» plus d’infos

www.belvas.be www.gp-toekomstigegeneraties.be www.ec.europa.eu/environment/emas

Un nouvel avenir pour les orphelins du SIDA Chaque année, Missio soutient plus de 2 500 projets liés à l’enfance dans le monde. Ces projets concernent entre autres l’éducation, la santé ou l’évangélisation. Michel Musimbi

Présentés et soutenus par les directeurs nationaux de Missio, et validés chaque fois par l’évêque local, ils sont choisis par le conseil supérieur annuel des directeurs de Missio du monde entier. Cette méthode garantit, d’une part, une vision d’ensemble des projets à soutenir, et, d’autre part, le partage équitable de l’aide et de la décision. Voici le projet que Missio Belgique soutient pour 2013-2014 au Burkina Faso: «Le service des orphelins et enfants vulnérables». Photo: Eric Montfort

Photo: Missio

Objectif du projet: aider les enfants orphelins et vulnérables. Le projet se situe dans le diocèse de Kaya, au nord du Burkina Faso. Comme d’autres à travers tout le pays, ce diocèse est confronté à l’accroissement du taux d’enfants orphelins victimes du SIDA du fait de leurs parents. Le diocèse dispose d’une équipe de bénévoles qui veille au bon fonctionnement du comité diocésain catholique de lutte contre le VIH/SIDA et de la promotion de la santé de Kaya. L’accompagnement de ces enfants constitue l’un des axes majeurs de l’action dudit comité. Cet engagement de lutter contre le VIH/SIDA et son impact négatif est effectif dans 9 paroisses du diocèse où sont présents des comités paroissiaux. Grâce

à cette organisation, les enfants nécessiteux sont identifiés, soutenus et suivis à travers tout le diocèse. L’aide que le Père Olivier Poly Lompo, président du comité, sollicite auprès de Missio sera répartie dans les 9 paroisses pour soutenir ces enfants. Concrètement il s’agit de: • prendre soin de ces orphelins en leur apportant la joie de vivre. • prodiguer les soins médicaux, transmettre les valeurs chrétiennes. • les nourrir, les habiller, leur permettre d’aller à l’école. • sensibiliser aux droits fondamentaux des personnes souffrant du SIDA. • Transmettre les valeurs chrétiennes. Les comités paroissiaux sont composés de bénévoles qui assurent l’accompagnement des enfants. Leur travail consiste à les identifier, à sensibiliser leur entourage, à effectuer des visites à domicile et à l’école afin de suivre leur progression. Allez à la rencontre de ces enfants, organiser leur insertion dans la société, assurer leur scolarité, représente une part significative de nos dépenses. Votre don ou un ordre permanent permettront ainsi de redonner vie et espoir à ces enfants.


Dialogue Rencontre

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L’Eglise avec les deux pieds surSolidarité terre | République Centrafricaine Quel titre! J’ai souvent l’impression que cette terre n’a pas de chemins au sol ferme, mais plutôt des chemins boueux. S’il en est ainsi pour le réseau routier, c’est aussi vrai pour la vie politique et sociale. Telle fut la première réaction de Mgr Albert Vanbuel, évêque de Kaga Bandoro en République Centrafricaine (RCA), lors de la présente interview. Depuis le coup d’état des rebelles Seleka du 24 mars 2013, le chaos règne dans tout le pays. En outre, la RCA est l’un des pays parmi les plus pauvres et les plus dangereux au monde. Ce qui suit est le témoignage d’une Eglise qui, malgré tout, ne reste pas les mains dans les poches. Caroline Medats

Mgr Albert Vanbuel: «Le 6 Octobre 1994, j’ai atterri avec deux confrères en RCA. Là m’attendait un grand défi, celui de donner de l’espoir en Centrafrique. Les mois qui suivirent le coup d’état du 24 mars 2013 étaient ‘du jamais vu’. Par le passé, il y a eu déjà de telles actions, mais le plus souvent le calme revenait après une semaine. Maintenant, le chaos règne toujours après quatre mois. Qui ose résister au pillage par les rebelles Seleka est enlevé ou assassiné. Les trois quarts de la population se cachent encore, pendant la semaine, dans la brousse et dans les champs» Missio: Que fait concrètement l’Eglise de Bandoro pour aider la population? Mgr Vanbuel: «Caritas est la force motrice de l’aide humanitaire de l’Eglise. Caritas travaille notamment avec l’Organisation des Nations Unies, la Croix-Rouge internationale et l’organisation nationale de Caritas. Pour l’instant, nous nous limitons à la distribution de nourriture, de semences et d’outils agricoles. Nous aidons ainsi les gens, au début de la saison des pluies, à cultiver leurs champs dans l’espoir d’avoir une récolte satisfaisante pour l’année à venir. Nos dispensaires continuent d’offrir

Missio: La lumière se voit-elle au bout du tunnel? Mgr Vanbuel: «Heureusement, il y a des éléments positifs. Les 450 réfugiés qui avait trouvé un refuge provisoire chez nous, pourraient retourner dans leurs villages ou à Bangui. A Dekoa, nous avons réparé 215 maisons qui, lors des émeutes, avaient été incendiées. Fin septembre, nous voulons rouvrir les écoles et les centres de formation professionnelle. Toutefois, nous devons procéder avec prudence. Mais ainsi qu’il est écrit ici sur un minibus: Pour qui croit, tout est possible. A partir de cette foi, nous voulons aussi, ici ensemble, générer de l’espoir pour l’avenir en Centrafrique».

«Pour qui croit, tout est possible. A partir de cette foi, nous voulons aussi, ici ensemble, générer de l’espoir pour l’avenir en Centrafrique».

Photo: Albert Vanbuel

Action cartes postales | Message de solidarité Lors des messes du coup d’envoi de la campagne Missio, et aussi lors de la célébration du dimanche de la Mission Universelle le 20 octobre 2013, nous avons suggéré de préparer de petites boîtes qui serviront à récolter les messages de solidarité que chaque chrétien de Belgique pourra adresser aux chrétiens du Burkina Faso. Michel Musimbi

Nous avons conçu une petite carte avec notre affiche de campagne au recto, et au verso un espace pour écrire un message destiné aux chrétiens de l’Eglise du Burkina Faso. Missio distribuera un lot de cartes aux participants lors des célébrations de coup d’envoi et du dimanche de la Mission Universelle. D’autres personnes intéressées

leurs services. Heureusement les organismes de secours reviennent progressivement. Ils doivent cependant tout reprendre à zéro, car leur matériel a été pillé et leurs bâtiments ont été détruits.»

par cette opération peuvent spontanément se joindre à Missio et commander les cartes en vue de les distribuer. Notre message personnel encouragera nos frères et sœurs chrétiens du Burkina Faso et surtout ceux du diocèse de Kaya qui s’engagent bénévolement dans la prise en charge d’orphelins et enfants vulnérables. Nos prières seront l’expression concrète de notre solidarité vécue personnellement et communautairement. Nos dons aideront le diocèse de Kaya à mener à bien ses engagements au sein du comité diocésain catholique de lutte contre le SIDA et de la promotion de la santé. Les chrétiens de Belgique pourront glisser des messages de solidarité, de soutien et d’encouragement dans des boîtes prévues à cet effet. Une façon pour nous d’être en communion avec nos frères et sœurs chrétiens du Burkina Faso. Ces boîtes pourront être déposées au fond de l’église ou devant l’autel. Notre objectif est de rassembler tous ces messages et de les envoyer au diocèse de Kaya au Burkina Faso, lequel les transmettra particulièrement aux responsables du projetdes orphelins du SIDA et enfants vulnérables.

Missio: Quel message délivrez-vous au monde entier à partir de la RCA? Mgr Vanbuel: «Nous avons besoin de personnes qui sont sensibles à la pauvreté et aux besoins de l’homme de la rue, dûs à la soif de pouvoir de certains rebelles. Nous avons besoin d’un soutien moral et effectif de votre part, sur base du mouvement évangélique. Nous avons besoin d’un appui direct à notre Caritas et pas uniquement aux grandes ONG.»

Nouvelles du Sacred Heart Seminary en Inde Voici une fois de plus les échos d’une maison de formation dans le monde. Chers donateurs de Missio Belgique, Chaleureuses salutations du Sacred Heart Seminary, Poonamallee, Chennai, en Inde. Notre Séminaire a rouvert ses portes le 2 juin 2013. La nouvelle rentrée académique a été officiellement inaugurée le 5 juin 2013, lors d’une célébration eucharistique présidée par l’archevêque de Madras-Mylapore, Mgr. George Antonysamy. Le staff académique, les étudiants ainsi que tous les supérieurs des congrégations religieuses locales étaient présents, ce qui a apporté plus de chaleur et de solennité à l’événement. Jusqu’ici, l’Esprit de Dieu nous a guidés et continuera à le faire, afin que nous demeurions unis, une véritable famille du peuple de Dieu. Cette année, nous accueillons 208 étudiants originaires de 23 diocèses et 9 congrégations religieuses, dont 133 résident sur place, au Séminaire. Chaque année, lors de la fête de Saints Pierre et Paul, nous organisons un séminaire au sujet de la papauté. Ainsi, avons-nous organisé, le 29 juin 2013, un séminaire sur le thème: «François, le pape du nouveau monde». Par ailleurs, lors de la fête du Sacré Cœur de Jésus, nous avons eu le privilège d’accueillir la plupart des membres des maisons de formation locales. Ce fut un beau moment de communion fraternelle. Le Staff et les étudiants du Sacred Heart Seminary vous renouvellent l’assurance de leurs prières constantes, et vous remercient pour votre fidèle soutien spirituel et matériel. Fraternellement, Fr. Y.J. Prasad Recteur


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JMJ de Rio de Janeiro | «Allez sans peur pour servir»

Photo: JMJ.be

Les jeunes Belges ont préparé soigneusement les JMJ de Rio de Janeiro. Deux Belges témoignent de leur expérience. La dimension missionnaire de celle-ci se trouve soulignée.

Etudiante Catholique Belge, j’ai eu la chance de participer aux dernières journées mondiales de la jeunesse à Rio de Janeiro. Je voudrais partager ce qui m’a le plus marqué au cours de cette expérience. Je commencerai par la générosité brésilienne. Nous avons été reçus dans des familles du diocèse de Goias. En dépit de leurs conditions de vie souvent précaires, celles-ci nous ont réservé un accueil remarquablement chaleureux. La majorité des Belges ne parlaient pas le portugais, mais c’est à travers des sourires, des gestes et des petits signes d’attention que nous nous sommes rendu compte du caractère universel du langage de l’Amour. Durant tout mon périple, j’ai rencontré un peuple très ouvert, accueillant et surtout très sensible au dialogue. Les Brésiliens tiennent à leur authenticité. C’est bien cela qu’ils peuvent nous apprendre. Le Brésil a aussi une faune et une flore très riches. Le voyage au Brésil m’a permis de découvrir de nombreuses richesses naturelles que je ne connaissais pas (ex.: la canne à sucre, le manioc, le jus de coco, la noix de cajou). Sans oublier de nombreux paysages. Ce qui m’a le plus marqué, c’est bien la rencontre avec notre nouveau pape François qui nous a invités à être, dans nos pays respectifs, les messagers de ces paroles: «Allez sans peur pour servir». Camille De Peuter

Avant de rallier Rio de Janeiro pour les JMJ, notre délégation belge a vécu une semaine missionnaire à Goiàs, une petite ville du centre du Brésil, pour partager le quotidien de la population locale et découvrir ainsi une autre réalité de ce pays. Pour cela, nous avons été répartis par petits groupes dans différents projets. En ce qui me concerne, j’ai été envoyé pendant trois jours avec un autre garçon dans une paroisse de la ville. Nous avons d’abord accompagné un prêtre qui allait célébrer la messe dans des familles vivant à l’écart sur les terres de grands propriétaires de troupeaux. Le matin, plusieurs jeunes de la paroisse nous rejoignaient pour prendre le petit-déjeuner avec plusieurs sans-abris. Puis, nous sommes allés saluer les pensionnaires d’un asile. Partout, les gens nous ont accueillis chaleureusement et étaient heureux de notre présence. Je me souviendrai toujours d’un geste des familles que nous avons visitées. A la fin de la messe, elles nous ont imposé les mains et nous ont dit: «Aujourd’hui, vous êtes venus en mission chez nous, maintenant nous prions pour que vous puissiez être des missionnaires autour de vous quand vous rentrerez en Belgique.» S’il y a une chose que j’ai retenue de ces JMJ, c’est bien cet appel à être témoin. Damien Martens

Campagne 2013 | Calendrier Missio donnera le coup d’envoi de sa nouvelle campagne au début d’octobre 2013. Pendant tout le mois, en plusieurs endroits du pays, seront organisées diverses activités. Mais même après octobre, vous pourrez participer à nombre de celles-ci. Voici quelques dates: Dimanche 6 octobre: Coup d’envoi Bruxelles: Messe à 11h15 à la paroisse St Charles Borromée, 15 avenue du Karrevelde 1080 Bruxelles. Pour des raisons multiples, certains diocèses n’ont pas prévu de donner le coup d’envoi de la nouvelle campagne le dimanche 6 octobre. Dimanche 20 octobre: Dimanche de la Mission Universelle Janvier 2014: Action Chanteurs à l’étoile Les enfants parcourent les rues, passent de maison en maison en chantant. L’argent récolté sera destiné au soutien des projets de solidarité ecclésiale. Plus d’infos sur notre site! Dimanche 5 janvier 2014: Journée de l’Afrique

Faire rayonner Missio Qu’ils pensent principalement à notre affiche de campagne dont l’explication peut faire l’objet d’un échange au cours de différentes rencontres. Que signifie cette affiche? Dans un village du Burkina Faso, une jeune femme et sa fillette qui glisse un coup d’œil hésitant entre ses doigts écartés, regardent l’avenir avec confiance. Elles peuvent compter sur leur famille et leur village qui sont des lieux d’initiation où, en Afrique, on acquiert identité, statut social et esprit de solidarité. Elles s’appuient aussi sur nous! Avec elles, misons sur l’avenir. Soutenons l’Église-famille de Dieu du Burkina, dans sa mission de promotion de communautés fraternelles et solidaires.


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La voix des peuples

Prière de campagne Père très aimant, Par l’annonce du Royaume et le don de sa vie, le Christ notre Pasteur a fait naître des communautés croyantes. Rends-nous prêts à nous engager, à notre tour, dans la construction de communautés fidèles à l’Évangile. Au fil de nos rencontres, fais de nous de vrais témoins de la Bonne Nouvelle. Inspire-nous un profond désir d’aider les gens à vivre pleinement de ta Parole. Aide-nous à soutenir les communautés de foi qui œuvrent à l’édification d’un monde fraternel. Bénis l’Église du Burkina Faso. Que ta force et ton inspiration l’encouragent à continuer, en ton Nom, à cheminer avec tous les fidèles. Amen. Michel Coppin Directeur national

Missio-pralines | Goûtez la différence C’est devenu insensiblement une tradition, l’appréciation des délicieuses pralines de Missio. Nous vous exposons ici trois bonnes raisons pour lesquelles vous ne pourrez résister à l’envie d’en déguster. Elles sont exquises. Les pralines sont un point de départ idéal pour profiter pleinement d’une rencontre ou pour débuter un long entretien. Nos pralines sont un signe de solidarité. Ce qu’elles rapportent est directement versé au profit de nombreux projets initiés en solidarité, dans le monde entier. Vous pouvez commander vos pralines auprès de votre service diocésain de Missio et en vendre autour de vous. Pourriez-vous nous aider à soutenir ceux qui sont dans le besoin? Pralines de Missio! Un excellent mélange de trois goûts: pralines de chocolat au lait, chocolat noir, chocolat blanc: 4,00€ par boîte de 100 g.

Par ailleurs, Missio vend des bougies dont la liturgie peut s’inspirer afin d’être en phase avec la campagne 2013.

Grandes bougies

Les grandes bougies de Missio marquées du slogan de la campagne. Elles sont le symbole de la lumière du Christ pendant la liturgie. Prix: 9,00€ par bougie.

Petites bougies

Les petites bougies marquées du slogan de la campagne. Prix: 4,00€ par bougie. Mais c’est la vente des pralines qui occupe une place spéciale dans la collecte de Missio.

Column Nous poursuivons notre série sur «Croire aujourd’hui». Aujourd’hui, nous voulons nous arrêter sur l’une des propositions de notre monde moderne: l’homme doit être capable de penser de façon indépendante, sans pressions extérieures. Nous souscrivons pleinement à cette affirmation. L’homme doit être libre de penser. Il doit être capable de penser indépendamment de tout ce qui se dit, de toute autorité et de toute idéologie. Aussi, peut-il ou non accepter la transcendance, quelque chose qui le surpasse et qu’il peut ou non refuser. En effet, Dieu nous donne la pleine capacité de réfléchir en toute liberté et indépendance pour que nous l’insérions ou non dans notre façon de penser. Être capable de penser est une caractéristique essentielle de l’homme. Mais si nous voulons être honnêtes, nous devons accepter une limitation de notre pensée. Nous ne pouvons pas penser à tout à la fois. Notre pensée dépend de notre éducation, de la culture et de l’endroit où nous nous trouvons. Elle est également déterminée par l’esprit du siècle dans lequel nous vivons, et plus encore par les personnes qui nous entourent. Notre propre situation actuelle joue un rôle, laissant aussi place aux forces inconscientes qui influencent nos vies. On peut même se demander s’il n’existe pas une pensée grande et plus parfaite que la nôtre qui serait à l’origine et pourrait lui donner une orientation. Un autre élément que nous devons prendre en compte, c’est que nous ne sommes pas les seuls à penser. Partout vivent des gens qui pensent et dont les pensées peuvent être très différentes des nôtres. On peut dire que ma pensée est déterminée par celle des autres et peut influencer celle-ci. Sous cet angle, cela est toujours un événement communautaire. Et là où les gens réussissent à se rassembler pour réfléchir et confronter leur vision des choses, la pensée peut conduire de manière positive à l’avènement d’un monde meilleur. Les gens qui acceptent les limites de leur pensée peuvent donc plus facilement s’ouvrir à la pensée de l’autre et même du tout Autre. Dans une juste approche relationnelle, nos pensées rendent possible l’acceptation d’une transcendance et d’un Dieu, lequel est au-dessus de ce que nous pensons et est une garantie dans notre quête de la vérité et du bien. Dès lors, ne pouvons-nous pas reconnaître en ce Dieu et Christ, un Père qui veut nous guider avec amour et patience dans notre recherche d’un monde où la vérité et le bien prennent le pas sur la manipulation et l’oppression? Dans la vie du Christ, dans son message libérateur, nous trouvons des cheminements de pensée qui vont sûrement nous rendre plus libres et plus autonomes. Ne souhaitons-nous pas aussi trouver ces chemins et les admettre dans nos vies? Michel Coppin

OURS 12ième année Suara est un mot indonésien qui signifie voix. Suara veut être la voix des sans-voix et de tous les peuples qui crient dans le désert. Au-delà d’être la voix des “sans-voix”, il nous revient de faire en sorte que les “sans-voix” en arrivent à avoir leur propre voix. Rédacteur en chef: Kenny Frederickx Rédaction finale: Catherine De Ryck Ont collaboré: Michel Coppin, Catherine De Ryck, Sylvain Kalamba Nsapo, Caroline Medats, Mgr Vanbuel, Michel Musimbi, Damien Martens, Camille

Photos: Missio, Eric Montfort, Damien Martens, Camille, Johanna de Tessières/La Libre Belgique, Belga Mise en page et impression: Halewijn Printing & Publishing Directeur National: Michel Coppin Editeur responsable: Michel Coppin, Boulevard du Souverain 199, 1160 Bruxelles Missio est une organisation internationale de solidarité et d’échange entre communautés chrétiennes et de promotion des rencontres interculturelles et interreligieuses.

Près de 130 pays sont reliés à Missio qui soutient plus de 1000 communautés chrétiennes locales. Secrétariat National de Missio Boulevard du Souverain 199, 1160 Bruxelles Missio Brabant-Wallon Ch. de Bruxelles, 67 1300 Wavre Tél.: 010 23 52 62 brabant.wallon@missio.be

Missio Bruxelles Rue de la Linière, 14 1060 Bruxelles Tél.: 02 533 29 80 bruxelles@missio.be Missio Eupen Bergkapellestrasse 46 4700 Eupen Tél.: 087 55 25 03 eupen@missio.be

Missio Liège Maison des Bruyères Rue des Bruyères 127/129 4000 Liège Tél.: 04 229 79 40 liege@missio.be Missio Namur Rue du Séminaire, 11 5000 Namur Tél.: 081 25 64 46 namur@missio.be

Missio Tournai Rue des Jésuites, 28, 7500 Tournai Tél.: 069 21 14 59 tournai@missio.be Veuillez vous adresser à vos services diocésains pour avoir du matériel et d’autres informations. IBAN: BE19 0000 0421 1012 BIC: BPOTBEB1 Il ne nous est pas permis de délivrer une attestation fiscale pour les versements effectués au bénéfice des projets pastoraux


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La voix des peuples

Christian Laporte | Enjeux et défis du vivre ensemble Christian Laporte a travaillé pendant 27 ans comme journaliste au journal Le Soir. Depuis 9 ans, il est journaliste à La Libre Belgique où il se concentre sur les valeurs qu’on croit dépassées mais qui ne le sont pas: philosophie, religion, armée, monarchie. Il est un parfait bilingue. Nous le remercions de nous avoir accordé une interview. Sylvain Kalamba Nsapo

Missio: Que veut dire, selon vous, l’idéal du mieux vivre ensemble? Quels en sont les enjeux et les défis? Christian Laporte: «Avant de répondre, j’aimerais préciser en quoi consiste, selon moi, le vivre ensemble. Cet idéal consiste à permettre à tous les hommes et à toutes les femmes de connaître un certain bonheur et une certaine liberté (liberté de ses convictions, d’une vie normale, etc.). Les enjeux du vivre ensemble sont ceux-là même dans une société où l’on aspire à un bonheur rapide et passager. En termes de défis, il faut dire que c’est la crise aussi bien en Occident que dans le monde entier. On est dans une société globalisée où le bonheur consiste bien sûr dans le fait que nous devenons tous citoyens du monde. Mais il est regrettable de constater que cette globalisation renforce en même temps les inégalités.»

de mener une vraie politique sociale en vue d’éradiquer ce fléau qui jette les gens sur la rue. Cette vraie politique sociale est également absente lorsque les hommes politiques apprécient l’islam. Ils ne font que pointer du doigt les prédicateurs dangereux. Ce qui se comprend bien.

Missio: On reproche parfois à l’Europe de veiller à la coexistence pacifique de ses populations en ruinant les chances de réussite de cet objectif dans d’autres pays du monde. Qu’en pensez-vous? Christian Laporte: «Il y a toujours la tentation de repli et de ne plus aider d’autres pays. On a tendance à diminuer l’aide au développement. C’est bien vrai et triste.» Missio: Peut-on vivre ensemble en temps de crise? Christian Laporte : «Ce n’est pas facile. Mais c’est un défi et une nécessité. Sinon, il y aura des dérives : révolte, violences. De vraies politiques s’imposent.»

«Depuis Vatican II, les prêtres ne sont plus les chefs de l’Eglise. Il faut associer les laïcs. Là, le Burkina peut inspirer. Mais les réflexes égoïstes n’aident pas à développer cette perspective.» Missio: Quelles sont les causes de certains échecs de l’objectif de mieux vivre ensemble? Christian Laporte: «Comme je viens de le souligner, nous sommes dans une société en crise. A cet égard, on a tendance à se replier sur soi-même. Ce qui ne favorise pas la quête du bonheur de tous. Pensons à l’Union Européenne qui fut et demeure un très grand projet. Mais quand la Grèce, le Portugal, l’Italie ont des difficultés, on ne voit pas émerger de vraie solidarité. On leur demande des efforts sans tenir compte de la réalité. Ce n’est pas un signe positif pour l’avenir de l’Europe. On voit que le vivre ensemble est mis en difficulté par la crise et la montée des égoïsmes. Missio: Quelles actions faut-il mener en vue d’assurer la politique de mieux vivre ensemble? Christian Laporte: «On se demande parfois si nos décideurs politiques en sont conscients. On a parfois l’impression que les réformes institutionnelles, sans doute nécessaires, prennent plus de place que la lutte contre la pauvreté. Ce qui empêche

de plus près. On avait du respect pour les valeurs laïques et religieuses ainsi qu’un consensus sur les grandes valeurs. Mais dans une Europe composée de 27 ou 28 membres, il est difficile de trouver des points communs. Pour dépasser cette situation, les choses dépendent aussi de l’éducation afin d’apprendre à mieux se connaître.» Missio: De temps en temps, on reproche aux médias de tenir des propos nuisibles à la paix entre les communautés? Quelle est votre réaction à ce sujet? Christian Laporte: «Il y a 25 ou 40 ans, il existait une grande solidarité. De nos jours, on analyse tout. On ne veut ni la dictature ni l’islamisme. On ne connaît plus assez les autres sociétés. Les médias creusent encore les différences. Ils ne jouent plus un rôle éducatif. Les bonnes émissions, c’est tard dans la nuit. Tout est commercialisé. L’école joue aussi un rôle dans ce contexte où l’on ne sait plus voir l’essentiel. On ne saurait oublier la responsabilité de la famille même si, à l’heure de la montée du taux des divorces, les enfants manquent de points de repère à force d’être ballottés entre le domicile de la maman et celui du papa plus préoccupés des besoins matériels de leur progéniture que de l’initiation aux valeurs durables.» Missio: Quel peut être l’apport de l’Evangile pour enraciner l’esprit communautaire et solidaire dans la société ? Christian Laporte: «L’Evangile est un merveilleux message de mobilisation. Mais on ne le lit plus. Depuis l’élection du pape François, on a l’impression qu’on suit un peu plus les valeurs de l’Evangile. Sa simplicité, sa volonté de vivre sobrement l’Evangile ne laissent pas indifférents.» Missio: Est-ce que l’Eglise est capable de contribuer à la promotion de l’harmonie entre les peuples? Christian Laporte: «Je viens d’évoquer la figure du nouveau pape. François va insuffler un nouveau courant à l’Eglise. Même ses successeurs ne pourront pas revenir en arrière. On le voit, l’Eglise est effectivement capable de contribuer à la promotion de l’harmonie entre les peuples, à condition de tenir compte des réalités de chaque pays.»

Photo: Johanna de Tessières/La Libre Belgique

Mais ils semblent oublier qu’ils devraient s’occuper du sort des gens qui sont en bordure de la mort à cause de leur misère sociale. Au fond, il ne s’agit pas d’un oubli mais d’une tactique qui paie électoralement. Parfois, les médias favorisent cette faute parce qu’ils surfent sur le superficiel et vendent des actualités moins importantes.»

Missio: Comment faire pour tisser en Europe des liens communautaires, par-delà les clivages sociaux et religieux? Christian Laporte: «Lorsque la situation était bonne, l’Europe a pu se développer. Au début de la construction européenne c’était une Europe à 6 - on se connaissait

Missio: Est-il possible d’envisager la formation des communautés à petite échelle, moins anonymes, sur le territoire de la Belgique? Christian Laporte: «C’est plus difficile. Culturellement, ce n’est pas dans nos gènes. La société s’est fort repliée sur elle-même. En outre, depuis des siècles, on vit avec d’autres modèles. Ceci dit, il convient de reconnaître que l’Eglise de chez nous tente des échanges notamment avec les unités pastorales. Mais depuis Vatican II, les prêtres ne sont plus les chefs de l’Eglise. Il faut associer les laïcs. Là, le Burkina peut inspirer. Mais les réflexes égoïstes n’aident pas à développer cette perspective.»


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