Suara 54 Afgiftekantoor: Antwerpen x P 508033
La voix des peuples
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Missio Belgique, Bd du Souverain 199, 1160 Bruxelles
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Publication trimestrielle de Missio
D E C E M B R E 2 0 1 3 – J A N V I E R – F E V R I E R 2 0 1 4
L’image de la femme Elles sont formidables!
Tout commence avec les femmes du Premier Testament qui, de Saraï à Esther, en passant par Ruth la Moabite, ont permis au peuple juif de rester fidèle à son Dieu. L’histoire se poursuit avec Marie, Marie Madeleine et les autres femmes de l’Evangile. Sans Ste Hélène et Ste Monique, mères de l’empereur Constantin et du grand Augustin, que serait devenu le christianisme? Dans ce numéro, vous (re)découvrirez quelques-unes de ces figures féminines d’hier et d’aujourd’hui. La grande mystique du Moyen-Age, Ste Hildegarde de Bingen. Mais aussi Sr Angélique, une religieuse augustine au service des femmes victimes de violences. Ou encore, Baptistine Ralamboarison, une femme en responsabilité au Vatican. Nous vous parlerons aussi cinéma avec notre article sur les femmes africaines cinéastes. Même dans les sociétés les plus traditionnelles, le statut des femmes change et c’est heureux. Mais ce qui demeure, c’est que les femmes créent du lien, veillent au quotidien, tout en réfléchissant à l’avenir.
Photo: DFID
Présentes auprès de Jésus, de sa naissance à sa mort, actives dès le temps de l’Eglise primitive, les femmes ont toujours été les chevilles ouvrières des communautés chrétiennes. Longtemps, la chrétienté n’a mis à l’honneur que leur rôle d’épouse et de mère. Cependant, l’Eglise, comme le Christ, a su reconnaître, bon an mal an, que la sainteté et la connaissance de Dieu ne sont pas l’apanage des hommes. Voyage au pays des bâtisseuses de communautés.
Hildegarde de Bingen: une femme visionnaire! «Lorsque le pape Benoît XVI en 2012 fait entrer Hildegarde de Bingen dans le canon des saints, il a (…) reconnu que (celle-ci) avait joué un rôle sans précédent. Jamais auparavant une femme ne s’était ainsi consacrée à la proclamation de l’Evangile et au développement de l’Eglise. »
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en dialogue avec Madame Magdeleine Willame-Boonen
Oui, les femmes sont formidables! Vous n’allez tout de même pas vous en plaindre, Messieurs?
Dans le paysage politique en Belgique, s’il y a eu un progrès remarquable, c’est notamment grâce aux lois sur les quotas en politique. A la Chambre, par exemple, on est passé de 7 à 8 % de femmes dans les années 80 à 30 % de femmes aujourd’hui.
Armelle Griffon
Suite p. 8
© Wereldmediatheek, Johan Denis
DANS CE NUMÉRO • Elles sont formidables!
• Chant de Noël
• La fidélité de l’immigrée
• Les chanteurs à l’étoile sont là!
• Une femme visionnaire! Hildegarde de Bingen
• Rendre l’espoir aux orphelins du SIDA
• Soeur Angélique sur la brèche pour défendre les réfugiés
• Journée de l’Afrique 2014
• Les femmes au Vatican
• Festival du film africain
• L’Eglise avec les deux pieds sur terre - Ouganda
• Column
• Les religieuses du coeur immaculé de Marie de Luebo
• La femme dans la construction des communautés. Interview
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La voix des peuples
femme dans les tâches familiales et ménagères. Ce modèle est encore bien ancré dans notre société. Et c’est précisément la subsistance de ce schéma ‘machiste’ que veut combattre la revendication d’égalité des droits entre les deux sexes.
«La gestion aux femmes, la réflexion aux hommes»? L’Eglise aussi a tendance à entretenir une conception dépassée des relations entre les hommes et les femmes. En généralisant un peu, on pourrait dire que les femmes peuvent contribuer à la gestion de l’Eglise, mais ont rarement le droit
n’y a-t-il que peu de femmes chargées de plus importantes fonctions dans l’Eglise?»
Aucune femme au pouvoir? | La lutte féministe La ‘lutte féministe’ se poursuit dans le monde entier. Une lutte qui en fait gémir plusieurs et fait frémir les autres. C’est une lutte incomprise qui a une connotation négative à cause de certains excès. Bien sûr, le combat féministe connaît des extrêmes, mais le fondement de cette lutte est très modéré: la demande d’égalité de traitement entre hommes et femmes. N’est-ce pas logique? Et pourtant, la lutte est loin d’être terminée… Catherine De Ryck
Celui qui prend parti pour les femmes et leurs droits, est vite considéré comme le partisan d’une personne qui plaide en faveur d’une égalité totale entre les hommes et les femmes. Ce point de vue suscite méfiance et rejet à l’égard du féminisme. Toutefois, dans de nombreux cas, c’est une approche erronée. Globalement, le combat pour les droits des femmes
est fondé sur l’équité et non sur l’égalité. Les hommes et les femmes s’équivalent dans la société, mais ils ne sont pas égaux. Un féminisme bien conçu n’exige pas des droits spéciaux pour les femmes. Il appelle aux mêmes droits pour les hommes et les femmes. Par exemple, le droit à une carrière au lieu du modèle dépassé qui consiste à confiner une
Photo: AIDSVaccine
«Pourquoi
d’exprimer leur pensée. Or, les femmes portent les communautés ecclésiales: elles rapprochent les gens, s’occupent de l’entretien des bâtiments de l’église et offrent une tasse de café autour de laquelle on se rassemble. Leur rôle ne peut pas être sous-estimé. Mais il est dédaigneux de le limiter à ces tâches. Pourquoi la fonction de réfléchir ne revient-elle qu’aux hommes? Pourquoi n’y a-t-il que peu de femmes chargées de plus importantes fonctions dans l’Eglise?
Une évolution en marche
Nous reconnaissons que nous avons déjà parcouru un long chemin dans l’Eglise. Les femmes dans l’histoire de l’Eglise commencent à obtenir la reconnaissance qu’elles méritent. Petit à petit, les femmes théologiennes sont aussi prises au sérieux par et comme leurs collègues masculins. Mais quand il s’agit de théologiennes féministes, la route est encore longue. Ces dernières n’exigent pourtant pas toutes l’ordination des femmes. Loin de là. Ce qui est en jeu, c’est l’équité qui suppose la reconnaissance des capacités et des compétences. La principale revendication de la théologie féministe est que les hommes ont toujours eu un statut privilégié dans l’Eglise. Si cette évidence n’est pas admise, la situation ne changera pas. Perçue comme étant la reconnaissance de l’égalité entre hommes et femmes, la lutte féministe demeure nécessaire aussi longtemps que les privilèges masculins seront mis à l’honneur.
La fidélité de l’immigrée Pour peu qu’on ne tourne pas trop vite les pages, l’univers biblique nous révèle à quel point les femmes sont partie prenante et agissante de l’histoire de Dieu avec son peuple. Elles ne font pas que suivre mais bien au contraire, souvent, prennent l’initiative. Et c’est ainsi le cas avec Ruth, à laquelle est consacré un petit livre de la Bible. Anne Dupont
L’histoire de Ruth nous place devant la fidélité d’une étrangère à l’égard de sa famille adoptive. Le mariage lie, en effet, cette Moabite à une famille de Bethléem venue s’installer dans les champs du pays de Moab à la suite d’une famine en Juda. Restée veuve, comme sa belle-mère, Ruth est à la croisée des chemins. Noémie n’a plus rien qui la rattache au pays de Moab, et la prospérité étant revenue en Juda, elle s’apprête à rentrer. Elle conseille à ses belles-filles moabites de retourner elles aussi dans leur famille pour refaire leur vie. Car Noémie doit se préparer à l’une des pires humiliations que peuvent connaître les migrants: rentrer au pays, non pas avec les marques de la réussite, mais seule, sans biens, sans descendance, sans rien. Dans ces circonstances, la décision de Ruth d’accompagner sa belle-mère, de se lier à son destin avec un statut d’étrangère
n’est clairement pas raisonnable! Le sort est dur. Noémie a perdu son statut dans la société du clan. Pour assurer la subsistance, Ruth fait usage du droit à glaner des épis sur les champs moissonnés. Ce faisant, Ruth incarne pour moi un idéal d’amitié, de foi et d’amour. Elle, qui avait eu la possibilité d’aller «son» chemin, de se rendre la vie plus facile, choisit de ne pas abandonner Noémie. Elle se montre déterminée dans ce sort commun, comme peuvent l’être des femmes immigrées acceptant des conditions de travail et de vie de dépendance pour nourrir leur famille.
Parier sur l’avenir
Cette détermination et cette confiance ouvrent l’avenir, par la rencontre de Booz: propriétaire, homme mûr, respecté. C’est dans son champ que l’étrangère grappille. Va-t-il la remettre durement à sa place?
Eh bien, non. Il va lui offrir sa pleine protection. Pour quelle raison? Il dit reconnaître en cette jeune femme courageuse et débrouillarde une digne héritière d’Abraham, quittant comme lui ce qu’elle connaissait pour se risquer à la découverte de ce qu’elle ne connaissait pas, avec une bonne dose de foi: pas une croyance raisonnable, tranquille, mais l’aventure de parier sur l’avenir alors qu’il n’y a pas d’avenir. Et Booz intègre celle qui jusqu’à présent n’était qu’exclue. A la différence d’autres femmes bibliques (comme Sarah ou Rachel) qui, pour de bonnes causes, avaient utilisé des moyens détournés et discutables, Ruth accueille cette grâce avec discrétion, dans une relation de dialogue. Elle ne veut pas jouer la ruse et la séduction. Booz s’attache à elle et la prend pour femme. Leur fils Obed, c’est-à-dire, «le serviteur», deviendra le père de Jessé et donc le grand-père de David. Ruth, l’étrangère, a été le canal utilisé par Dieu pour se forger la descendance de laquelle devrait naître le Messie.
La part étrangère de notre foi
Aux antipodes de la pensée dominante de l’époque, le livre de Ruth propose en exemple et en ancêtre de notre foi cette
Photo: Fr. Lawrence Lew, O.P.
immigrée, douée d’une fidélité et d’une tendresse et d’un dévouement qu’on ne retrouve pas à un si haut niveau parmi les filles d’Israël. Découvrir que des étrangers sont meilleurs que nous-mêmes est parfois dur à avaler. Et pourtant, à la racine de notre identité, il y a toujours une part étrangère, une part qui vient d’ailleurs. C’est grâce à cela que notre identité peut demeurer ouverte. C’est seulement en acceptant cette part étrangère en nous mêmes que nous aurons un avenir, fidèles à notre identité.
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Soeur Angélique sur la brèche Une femme visionnaire| pour défendre les réfugiés «L’Armée de résistance du Seigneur (LRA) a pénétré dans la localité de Dungu. J’étais à la messe. Les balles sifflaient autour de nos oreilles. J’ai dit que je ne pouvais pas rester. J’ai peur de la guerre et des armes. Ensemble avec d’autres sœurs, nous avons pris la fuite, ne sachant pas où aller. En chemin, nous avons fait halte, nous étions épuisées. Les enfants pleuraient, des parents recherchaient désespérément leurs propres enfants.» Caroline Medats
Hildegarde de Bingen
Il y a dans l’histoire de l’Eglise beaucoup de femmes remarquables. Des femmes qui ont su se défendre, des femmes qui ont convaincu des hommes, des femmes qui ont plongé au cœur de l’Eglise. Leur histoire, souvent légendaire, est teintée de féminisme avant la lettre. L’une d’elles est certainement Hildegarde de Bingen, une mystique allemande du XIIe siècle. Catherine De Ryck
Hildegarde est née en Rhénanie en 1098. Elle était le dixième enfant d’une famille noble. A cette époque, il était de coutume que le dixième enfant soit mis au service de Dieu. Il en fut donc ainsi pour Hildegarde. A huit ans, elle fut confiée à la garde de Jutta. Celle-ci se chargea de son éducation. En 1136, Jutta meurt et Hildegarde lui succède comme abbesse. Sous sa direction, la communauté de femmes continue de croître. Vers 1148, lors d’une vision, Hildegarde parvient à
Photo: UNHCR
Tels sont les mots de Sœur Angélique Namaika. En 2009, elle a fui face à la violence de la LRA. Cette expérience lui a permis de se donner à fond aux victimes de cette LRA, victimes qu’elle accompagne depuis 2003. Pour ses efforts, elle a reçu le 30 septembre, le Prix Nansen 2013, décerné par l’UNHCR, organisme qui s’occupe des réfugiés dans le cadre des Nations-Unies. Au Centre pour la Réinsertion et le Développement à
«Avec des ressources limitées (…), Sœur Angélique donne le meilleur d’elle-même.» Dungu, dans le nord-est de la R.D. Congo, Sœur Angélique vient en aide aux victimes de viol, de sévices et d’abus perpétrés par la LRA. La LRA est un mouvement rebelle de l’Ouganda, actif dans la région depuis 2005, qui passe avec force à l’action et est connu pour ses violations des droits de l’homme. Jusqu’à présent, Sœur Angélique a changé la vie de plus de deux mille femmes. Par son approche personnelle, elle a permis à ces dernières de traiter leur traumatisme. Elle les aide à reconstruire leur vie et à la refaçonner. Plus précisément, le centre leur apprend à lire et à écrire, leur donne la formation nécessaire pour démarrer une petite entreprise et leur accorde des microcrédits. Cela les aide à surmonter le traumatisme, à devenir indépendantes et à se réinsérer dans leur communauté. Là encore, les témoignages de ces femmes en disent long sur l’influence remarquable que Sœur Angélique a exercée sur leur vie. Beaucoup l’appellent affectueusement «mère». Avec des ressources limitées et dans un endroit où l’électricité, les routes pavées et l’eau courante sont rares, Sœur Angélique donne le meilleur d’elle-même.
Agée de 46 ans, elle est membre des Augustines. Elle doit sa vocation à la Sœur Tone, une religieuse allemande qui, dans son village, soignait les malades, lui a inspiré la vocation de devenir Sœur. «Je voulais tout faire pour devenir comme elle. A cette époque, je ne savais même pas s’il y avait des Sœurs noires.» En 2003, elle est arrivée à Dungu. Dans cette localité, les femmes se réunissaient entre elles, mais n’avaient personne pour les guider. Elles n’avaient pas eu la chance d’aller à l’école, mais voulaient devenir actives et apporter leur part à la collectivité. Sœur Angélique leur a appris la couture, la cuisine, la lecture et l’écriture. Finalement, elle a fondé le Centre pour la Réinsertion et le Développement. Le centre recevait principalement des orphelins, des filles-mères et des victimes de mariage forcé. Mais avec l’arrivée de la LRA en 2005, Sœur Angélique s’est tournée plus particulièrement vers les victimes d’abus sexuels. «J’ai recueilli ces femmes alors qu’elles sortaient de la brousse où les hommes de la LRA avaient abusé d’elles. J’ai veillé à ce qu’elles reçoivent les premiers soins, puis je les ai conduites au Centre. Par la suite, je suis aussi allée dans des camps de réfugiés.» Les femmes dans ces camps avaient beaucoup de difficultés. Elles avaient subi un très douloureux traumatisme et avaient vu et vécu beaucoup d’atrocités». La distinction Nansen (1) pour les réfugiés est un prix que le HCR décerne annuellement depuis 1954 aux personnes qui fournissent des efforts humanitaires extraordinaires en faveur des réfugiés, déplacés ou apatrides. Outre une médaille commémorative, Sœur Angélique a également reçu 100,000 USD qui, en accord avec le UNHCR, doivent être consacrés à un projet qui complète son propre travail.
«Jamais auparavant une femme n’avait osé dire que le Saint-Esprit avait parlé par sa voix, parce que l’Eglise - dirigée par des hommes - avait dévié du droit chemin.» comprendre non seulement le sens de ses visions mais aussi celui de la Bible. A cette occasion, elle reçoit également l’ordre d’écrire dorénavant ce qu’elle voit et comprend. Elle part de la communauté monastique à Bingen (Rupertsberg) contre la volonté de l’abbé de la communauté des hommes. Cependant, Hildegarde considère ce changement comme un commandement divin et fait passer vaillamment le projet.
Les visions
L’œuvre de Hildegarde de Bingen est très diversifiée. Elle a composé de la musique et écrit des travaux sur la physique, mais nous la connaissons plus par ses livres sur ses visions. En se penchant sur sa vie, Hildegarde constate qu’elle a déjà eu des visions dans son enfance. Comme enfant, elle ne peut pas comprendre les choses qu’elle voit. En outre, elle se rend rapidement compte que tout le monde n’a pas de visions et elle décide de garder le silence. Vers 1144, Hildegarde a une vision où elle commence à comprendre tout, pas seulement ses visions, mais aussi la Bible. Dans cette vision clarifiante, Hildegarde reçoit aussi l’ordre d’écrire tout cela à partir de ce moment. Tout d’abord réticente, elle juge que ce n’est pas à une femme d’écrire ces choses, mais c’est là la volonté de Dieu. Ses œuvres
sont lues et approuvées par beaucoup. Au cours du Synode de Trèves (11471148), elle obtient même l’approbation papale.
Evolution
Une telle évolution est peut-être ce qui rend Hildegarde de Bingen inoubliable. Il est très inhabituel qu’une femme au XIIe siècle soit si active en tant qu’auteur et fasse avec autorité des déclarations en matière de théologie. Peut-être y est-elle parvenue grâce à ses protecteurs dans son propre couvent et au soutien des évêques et de grandes personnalités comme Bernard de Clairvaux et le pape Eugène III. Elle savait cependant en tant que «simple femme» obtenir le soutien de ces hommes éminents! Lorsque le pape Benoît XVI en 2012 fait entrer Hildegarde dans le canon des saints, il a également reconnu que celle-ci avait joué un rôle sans précédent. Jamais auparavant une femme ne s’était ainsi consacrée à la proclamation de l’Evangile et au développement de l’Eglise. Jamais auparavant une femme n’avait osé dire que le Saint-Esprit avait parlé par sa voix, parce que l’Eglise - dirigée par des hommes - avait dévié du droit chemin. Suite à son audace et à son autorité, Hildegarde de Bingen est, aujourd’hui encore, un exemple pour nous. Elle ne demandait ni grandes révolutions, ni changements drastiques, mais elle défendait ce en quoi elle croyait. Sa contribution a été prise très au sérieux. Non parce qu’elle était une femme, mais parce qu’elle a su argumenter et défendre son message avec talent.
Photo: Paniko
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La voix des peuples
Cinéma africain: quelle place pour les femmes? Depuis près de vingt ans, le Festival du Film Africain se déroule annuellement à Leuven et dans quelques autres villes du pays. Plus de mille films ont déjà été projetés. Pourtant, peu de Belges savent que des films sont réalisés en Afrique par des cinéastes africains, et encore moins des cinéas tes africaines. En outre, si le public du Festival est en majorité féminin, on ne peut pas en dire autant des réalisateurs des films présentés. Il y a peu, le cinéma africain était encore un bastion masculin et cela reste partiellement vrai. Ce n’est que depuis les années 1980-90 que les femmes sont plus nombreuses à occuper le devant de la scène.
Photo: Jacques M. Chenet/CORBIS
Guido Huysmans
L’importance du cinéma pour le développement d’un pays ne doit pas être sous-estimée. Les organisations internationales telles que l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture) et la CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement) estiment que le développement des produits culturels tels que les films, est crucial pour le progrès global d’un pays. Le cinéma est une industrie créative, qui porte non seulement ses fruits sur le marché culturel, mais favorise également le développement économique et politique. Face à cette prise de conscience, les femmes ont un rôle particulier à jouer. En effet, dans leur rôle traditionnel de mères et d’éducatrices, elles comprennent que leurs enfants ont besoin de films créés dans leurs propres pays.
Un point de vue réaliste
Chaque année, de plus en plus de femmes africaines optent pour une carrière cinématographique. Elles veulent contribuer au développement de leur pays, mais doivent aussi se battre pour en présenter une conception objective. Ainsi, dans les années 1990, la cinéaste kenyane Ann Mungai déplorait le fait que le cinéma kenyan cantonnait les femmes dans les rôles de personnages secondaires. Selon elle, les femmes sont les véritables héroïnes de l’histoire de l’Afrique et du Kenya. C’est pourquoi elle présente le monde tel que celles-ci le perçoivent, d’un point de vue féminin. Ann Mungaï raconte des histoires de femmes dans son pays, qui ont une dimension universelle. Des histoires qu’elle connaît depuis le temps de sa jeunesse jusqu’à ce moment où elle est devenue grand-mère.
Se battre
Les femmes cinéastes ont chèrement acquis leur place dans le monde du cinéma. Certaines ont vraiment dû se battre, estime la cinéaste Fanta Regina Nacro du Burkina Faso. Celle-ci a étudié le cinéma à la Sorbonne et dans un institut technique, mais elle n’a pas bénéficié d’un accueil très chaleureux. Elle était bien placée pour voir que les femmes étaient toujours reléguées aux «fonctions exécutives»: script ou monteuse, par exemple. Mais ce que Nacro voulait vraiment faire,
c’était de la mise en scène. Grâce à sa persévérance de militante féministe, elle a réussi.
Complémentarité
Les films comme ceux de la Burkinabè F. R. Nacro montrent que les œuvres des femmes sont complémentaires de celles des hommes. Les femmes cinéastes présentent toujours la réalité à partir d’un point de vue féminin. Nacro tourne très souvent des films qui traitent de la position sociale des femmes. Son court-métrage Bintou (2001) par exemple, parle de la violence domestique et de la discrimination envers les filles dans l’éducation: dans le film, le père enverra ses garçons à l’école mais pas sa fille. Dix ans après le génocide au Rwanda, Nacro a fait le film La Nuit de la vérité, son premier long métrage. Il ne montre pas tant la violence que les efforts accomplis par les communautés pour vivre ensemble en paix, malgré les tensions. Plus d’nfo concernant le Festival du Film Africain de Leuven: www.afrikafilmfestival.be. Le Festival du Film Africain aura également lieu à Louvain-la-Neuve à Cinéscope (16 au 19 avril 2013) et au Studio 13 (22 au 25 avril 2013). On traitera notamment le thème de la condition de la femme. MISSIO EST UN FIDÈLE SPONSOR DU FESTIVAL DU FILM AFRICAIN.
Baptistine Ralamboarison | Les femmes au Vatican Dans notre pays, il doit y avoir autant de femmes que d’hommes sur les listes électorales. En outre, dans un conseil d’administration d’une société cotée en bourse ou d’une entreprise publique, une personne sur trois doit être une femme. On peut ou non être favorable à cette situation ou reconnaître qu’il y a du pain sur la planche. Ce qui est sûr, c’est que, petit à petit, beaucoup de femmes trouvent leur chemin au premier rang dans la société. Mais comment cela se passe-t-il au Vatican? On croit généralement qu’au Vatican, la présence masculine est dominante. Mais il y a aussi des femmes qui y assument de grandes responsabilités. A titre d’exemple, on peut citer le nom de Baptistine Ralamboarison, secrétaire générale de l’Enfance Missionnaire. Caroline Medats
Missio: Que pensez-vous du fait que peu de femmes occupent de hautes fonctions au Vatican? Baptistine Ralamboarison: «Effectivement il y a peu de femmes au Vatican qui occupent un poste à responsabilité. Mais il y en a et c’est un bon signe. Il n’en était pas ainsi dans le passé.»
Missio: Qu’est ce qui rend l’approche d’une femme différente de celle d’un homme? Baptistine Ralamboarison: «Vous savez bien ce qu’on dit: dans une famille, c’est la femme qui porte la culotte! Et Dieu seul sait combien de problèmes il y a dans
Missio: Avez-vous parfois du mal à vous imposer? Baptistine Ralamboarison: «Je dois avouer que j’étais un peu intimidée surtout au tout début. C’était normal. Comment ne pas l’être quand on se retrouve plongée dans un univers surtout masculin. Mais en même temps cela m’inspire un sentiment de curiosité: j’essaie de m’interroger, de comprendre pourquoi les femmes n’y ont pas été admises auparavant. La raison ne serait-elle pas dans le fait qu’autrefois, les études de théologie et de missiologie étaient le domaine réservé des hommes? Mais ce n’est plus le cas. Actuellement, si on recrute, on ne se base pas uniquement sur le diplôme. Il y a également à tenir compte d’autres éléments tels que l’expérience et le sens pratique ...» Photo: Missio
une famille! Donc, les femmes sont réputées pour avoir une approche plus concrète sur les problèmes. Et c’est vrai car en règle générale, nous sommes non seulement très près de la réalité, mais nous la vivons d’une façon plus intense, plus pratique, nous sommes terre à terre et nous essayons toujours de «ménager la chèvre et le chou.» Missio: On a dit que les femmes sont autorisées à travailler dans l’Eglise, mais elles ont peu ou rien à dire. Êtes-vous d’accord? Baptistine Ralamboarison: «Je ne pense vraiment pas que les femmes n’ont rien à dire. Si on soutient que, dans l’Eglise, elles parlent peu, c’est surtout parce qu’on accorde la parole aux hommes qui occupent de grands postes de responsabilité. En revanche, il est vrai qu’elles agissent. Allez dans les communautés de base et les paroisses, et vous verrez qu’elles parlent et agissent.» Missio: Comment voyez-vous l’avenir des femmes dans l’Eglise? Baptistine Ralamboarison: «La femme a une place importante dans l’Eglise aussi bien au présent qu’à l’avenir. Elle est déjà très présente, je pense notamment à l’animation et à la participation aux célébrations liturgiques. Sans les femmes, certaines paroisses de brousse, de campagne et même de ville seraient inanimées.»
Dialogue Rencontre
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L’Eglise avec les deux pieds surSolidarité terre | Ouganda Peu de sujets sont aussi controversés que l’excision. Ce fait, nous l’estimons barbare, indigne pour la femme et dangereux. Pour d’autres, c’est un ancien rituel pour garantir la virginité des femmes. Plusieurs organisations sensibilisent les communautés sur les dangers de l’excision et accompagnent les jeunes filles en question. L’Eglise y apporte son appui. Les Sœurs du Sacré-Cœur à Kitintale, en Ouganda, par exemple, se sont saisies de cette problématique. Sur une petite échelle, mais avec des résultats. Elles organisent des cours de coupe et de couture pour les filles de souche Sebey qui ont fui la maison par crainte de se faire exciser. Caroline Medats
Dans le centre «Sebey Girls Rescue and Development» à Kitintale, dans la banlieue de la capitale Kampala, les Sœurs du Sacré-Cœur recueillent ces filles Sebey. Afin que les jeunes femmes puissent vivre par elles-mêmes, elles organisent depuis peu des stages de coupe et de couture. Missio a été impressionné par la détermination des Sœurs et les soutenait dans l’achat de machines à coudre, fils et tissus. Après la formation, les filles peuvent se lancer comme indépendantes ou entrer dans une petite entreprise. Elles perçoivent un revenu et peuvent prendre soin d’elles-mêmes. Mais il y a plus encore. Le programme stimule leur confiance et les aide à traiter le traumatisme. Ainsi, les filles se réalisent que leur vie peut changer et revêtir une dimension positive.
Rituel primitif
Chaque jour, des filles Sebey, âgées de 5 et 14 ans sont excisées. La communauté Sebey croit toujours fermement dans le rituel de l’excision pour garantir la virginité des jeunes filles. Au cours du rituel séculaire, on force le corps des jeunes femmes
à se coucher en silence, tandis qu’on maintient leur tête fortement appuyée contre le sol. On leur ferme littéralement la bouche, de telle sorte qu’elles ne puissent pas crier. L’excision est un rituel très primitif et une expérience douloureuse et traumatisante. Les filles perdent tout sens de l’excitation sexuelle et les rapports sexuels sont très douloureux.
«Après la formation, les filles (victimes de l’excision) peuvent se lancer comme indépendantes ou entrer dans une petite entreprise. Elles perçoivent un revenu et peuvent prendre soin d’elles-mêmes.»
Photo: Stephen Luke
Jeunes filles diaboliques
Les Sœurs du Sacré-Cœur ne sont pas les seules à agir. La Commission des droits de l’homme de l’Ouganda, les organisations pour le droit des femmes et d’autres institutions religieuses condamnent les excisions et sensibilisent les communautés qui procèdent encore à ce rituel sur les dangers de ce dernier. Même certaines filles se révoltent, mais elles en paient souvent le prix fort. Les filles âgées de 15 ans ou plus qui ne sont pas excisées sont encore trop souvent considérées comme des
Lu pour vous 1/3 des catholiques belges fréquentent la messe dominicale. 2013: ils ne sont plus que 5%. Le christianisme serait-il en voie de disparition? Telle est la question qu’on peut se poser au terme de la lecture de J. Davin et P.-E. Biron dans «Quand germe la semence» publié aux édition Fidélité en 2012.
diablesses. Elles seraient obsédées par la sexualité et impures. Elles constituent une menace pour leur famille et pour toute la communauté et en sont la honte et, de ce fait, sont souvent rejetées. Les experts soulignent le traumatisme psychologique et physique qui en résulte. Régulièrement, des filles meurent pendant ou peu après l’excision parce qu’elles ont perdu trop de sang ou parce que surviennent des infections. D’autres en conservent un handicap profond. Mettre un enfant au monde devient un vrai cauchemar pour ces filles.
Congrégation au service de la Vie
Fondée par Mgr Bernard Mels, les religieuses du Cœur Immaculé de Marie de Luebo (R.D. Congo) sont dévouées à l’annonce de l’Evangile et à la construction des communautés chrétiennes dans leur diocèse. Elles Armelle Griffon sont particulièrement actives dans quatre domaines: la catéchèse, l’éducation, la santé et la promotion de la femme. Missio: De quoi s’agit-il dans Et alors? S’ils mettent quotidien- ternité, de prière, de dialogue, de ce livre? Armelle: «J. Davin, un prêtre jésuite de plus de 75 ans engagé dans la pastorale auprès des personnes en difficulté ou handicapées et P.-E. Biron, 30 ans, professionnel de la communication au service de l’Église de Bruxelles, ont écrit à quatre mains ce survol des mille et une façons de vivre l’Evangile aujourd’hui. A travers les initiatives plus ou moins audacieuses de groupes, petits ou grands, de personnes décidées à vivre leur christianisme dans leur cœur comme dans leurs actes. Oui, les Églises ayant pignon sur rue connaissent une baisse de la pratique, oui de plus en plus de gens se disent «croyants mais pas pratiquants».
nement l’Evangile en pratique, plutôt que de considérer l’appartenance à une religion comme un épiphénomène culturel, ne sont-ils pas sur la bonne voie? Dieu sème où il veut et la graine germe là où le terreau est fertile.
Missio: Que trouvez-vous de spécial à ce livre? Armelle: «La différence d’âge entre les auteurs tout d’abord. Elle nous rappelle qu’il n’y a pas de profil type du chrétien. Ensuite, le coup d’œil englobant à la fois l’Église ‘officielle’ et les initiatives qui lui échappent. Il ne s’agit pas de dénigrer les Églises institutionnelles, mais de voir positivement la germination des graines de fra-
découverte des autres.»
Missio: Y a-t-il une idée de ce livre dont il restera une trace en vous? Armelle: «Pour quelqu’un qui travaille dans les structures de l’Église, dans un service où la diffusion de l‘Evangile est une priorité, ce livre rappelle une donnée essentielle: la Bonne Nouvelle continue d’être annoncée aujourd’hui.» Missio: À qui offririez-vous cet ouvrage? Pourquoi? Armelle: «Aux jeunes et aux vieux, aux femmes et aux hommes, aux religieux et aux laïcs. Et surtout à ceux qui pensent que c’était mieux avant!»
E. Banatshinyi Betukumesu
La catéchèse a lieu dans les paroisses du diocèse, tandis que l’éducation et la formation chrétienne sont dispensées dans les écoles dirigées par les religieuses. En ce qui concerne la pastorale de la santé, la congrégation compte quelques centres de santé et maternités disséminés à travers des villages pour répondre aux nécessités des hommes et des femmes du diocèse en proie à la maladie et à la souffrance. Par son engagement au service de l’encadrement et de l’instruction des filles-mères, notre congrégation veut leur redonner de l’espoir et de la dignité, car elles sont bien souvent victimes d’abus. Enfin, notre congrégation s’occupe aussi de l’encadrement et de l’alphabétisation des femmes. Car, comme on dit chez nous, éduquer une femme c’est éduquer une nation. Telles sont les quelques œuvres à travers lesquelles notre famille religieuse participe à l’édification de communautés chrétiennes dans notre diocèse de Luebo, pour la gloire de Dieu et le salut du monde.
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La voix des peuples
Noël et souffrances des enfants d’aujourd’hui
Les chanteurs à l’étoile sont là!
C’est pas l’enfant Qui va naître Qui m’affole Lui, c’est un grand Sous sa tête L’auréole
Le dimanche 5 janvier 2014 aura lieu l’action Chanteurs à l’étoile. Mme Véronique Franssen de l’Unité pastorale de Welkenraedt et son groupe d’enfants en catéchèse ont remporté le concours-photo «Chanteurs à l’étoile 2013» organisé par Missio. Elle nous livre ses impressions sur l’action.
D’un Dieu vivant Et un sceptre Pour symbole
Missio: Que signifie «l’action Chanteurs à l’étoile»? Véronique Franssen: «Pour moi, cette action se résume en un Partage et une Solidarité avec les enfants démunis du monde, une Rencontre et une Convivialité entre habitants et enfants du village.» Missio:Votre Unité pastorale a remporté le «concours-photo Chanteurs à l’étoile 2013»; comment cela a été perçu par les enfants et les paroissiens? Véronique Franssen: «Les enfants étaient super fiers d’être les gagnants du concours. Ils recevaient ainsi une motivation supplémentaire. Pour les paroissiens, familiers de l’action, c’était une preuve de notre dévouement, une mise en valeur de leur soutien». Missio: Les paroissiens et les curés sont-ils porteurs de cette action? Véronique Franssen: «Je trouve qu’ils ne le sont pas assez. Est-ce une charge supplémentaire pour eux? Peut-être!» Missio: L’action des Chanteurs à l’étoile a lieu un jour par an. Comment répercutez-vous cette journée aux enfants pour le reste de l’année? Véronique Franssen: «Certains partent, parce qu’ils ont grandi, d’autres arrivent. Il y a une certaine continuité.» Missio: Que peuvent apporter ces Chanteurs à l’étoile aux habitants? Véronique Franssen: «C’est depuis 10 ans que nous organisons cette action. Les habitants attendent avec impatience notre visite pour recevoir la bénédiction de leur maison. Nous leur apportons notre sourire, notre chanson; nous sommes leur intermédiaire avec les enfants du Tiers-monde. Nous avons déjà été invités à l’intérieur des maisons pour chanter devant la crèche et le sapin de Noël, et écrire la formule de bénédiction dans le hall d’entrée, sur le mur intérieur.»
Y a 2000 ans Qu’on la fête Sa parole En attendant La planète Déboussole C’est l’autre enfant Qui va naitre Qui m’affole Noir, jaune, ou blanc Qu’on rejette Qu’on isole Ces innocents Qu’on maltraite Et qu’on viole
Brigitte Jorissen
Serge Bile (Martinique)
Rendre l’espoir aux orphelins du SIDA Le projet de soutien aux orphelins du SIDA et aux enfants vulnérables, mis en œuvre par le comité diocésain de lutte contre le SIDA et de la promotion de la santé dans le diocèse de Kaya, s’inscrit dans l’option préférentielle pour les pauvres, les malades, les faibles et les petits, faite par toute une Eglise famille dans son devoir de charité et d’amour fraternel. L’Eglise de Kaya exerce ce devoir sans distinction de religion, en partenariat avec Missio Belgique et bien d’autres partenaires. La parole à deux de ses membres.
Nous enseignons aux enfants la parole de Jésus à travers la catéchèse qu’ils suivent tous les jeudis et les dimanches. Ils cherchent à aimer Jésus et à le connaitre à travers sa Parole de vie. De la sorte, ces enfants deviennent, par euxmêmes, des semeurs de la Bonne Nouvelle au sein de leurs familles.»
Missio: Que pouvez-vous dire au sujet de votre situation d’enfant orpheline du SIDA? Bibata Sawadogo: «Je m’appelle Bibata SAWADOGO. Je suis en 5ème primaire. Je vous écris pour vous dire du fond de mon cœur un grand merci pour votre aide financière qui me permet d’aller maintenant à l’école comme les autres enfants. Du fait de la maladie de mes parents, je ne pouvais pas étudier. Ils n’ont plus de force ni de moyens pour payer les frais de scolarité de mes trois petites sœurs et de moi-même. Grâce à l’aide de Missio Belgique, nous sommes deux à pouvoir fréquenter l’école. Cela nous rassure de ne plus être chassées pour cause d’argent. Je vous promets de bien étudier et d’avoir de bons résultats scolaires. Je demande aussi à Dieu de vous bénir et de vous rendre au centuple le bien que vous faites pour les enfants en difficulté comme moi.»
Photo: Missio
Photo: Missio
Missio: «Est-ce que les enfants orphelins du SIDA savent que Jésus les aime tous? Est-ce qu’on leur enseigne les paroles de Jésus aux disciples: ‘Laissez venir à moi les petits enfants…’» (Luc 18, 15-17)? Sœur Victorine Nana: «Les enfants savent que Jésus est leur grand frère, qu’il les aime tous sans distinction de race ou de peuple. Ils ont leur place dans son cœur. Ils savent que Jésus les aime et les protège chaque jour. Il les appelle à le suivre de tout leur cœur. Les enfants savent bien que c’est par amour pour eux que Jésus a accepté de s’humilier et de mourir sur la croix pour les sauver tous. Ils sont conscients que Jésus est là pour pourvoir à leurs besoins au-delà des souffrances morales et corporelles qu’ils endurent dans leur vie. Ils sont heureux d’avoir Jésus pour grand frère qui s’occupe bien d’eux.
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La voix des peuples
Journée de l’Afrique 2014 Chaque année, l’Eglise de Belgique célèbre la Journée de l’Afrique en vue d’exprimer sa solidarité avec les Eglises de ce continent, notamment celles du Rwanda, du Burundi et de la R.D. Congo. Missio concrétise la communion fraternelle entre ces Eglises-soeurs. En tant qu’organisation de l’Eglise catholique, elle encourage et promeut ainsi la démarche des communautés de l’Afrique des Grands Lacs. En 2013, Missio Belgique a envoyé à la Conférence Episcopale du Rwanda (C.E.R.) une enveloppe de solidarité d’une valeur de 31.200 € (41.000 USD). L’Abbé C. Hakizimana, Secrétaire Général de la C.E.R., nous informe sur l’utilisation de ces fonds. Nous en retenons ce qui suit. Participation aux frais de fonctionnement du Symposium des Conférences Episcopales d’Afrique et Madagascar (SCEAM): 9.000 USD. Contribution aux activités de l’Association des Conférences Episcopales de l’Afrique Centrale (ACEAC): 4.500 USD. La communication étant indispensable à l’évangélisation, la publication du Journal Catholique mensuel (vet) Kinyamateka (einde vet) revêt une importance capitale. L’épiscopat lui octroie 6.000 USD par an. Sans oublier ce qui est investi dans le domaine de l’apostolat biblique. Au nom de son Excellence Mgr Smaradge Mbonyintege, Evêque de Kabgayi et Président de la Conférence Episcopale du Rwanda, et de tous les Evêques du Rwanda, l’Abbé C. Hakizimana, Secrétaire Général de la C.E.R., remercie Missio Belgique et tous ses bienfaiteurs. N.B.: Les fonds reçus de Missio sont généralement utilisés en vue d’organiser les programmes d’évangélisation dans un contexte post-génocide où l’Evangile doit suffisamment transformer les coeurs.
Festival du film africain Bien souvent, le public a une image négative de l’Afrique. Il importe de présenter une conception objective du continent africain. Le Festival du film africain a pour but d’en montrer une image positive et dynamique à travers la présentation des films de qualité. C’est pourquoi, depuis quelques années, Missio entretient un partenariat avec cette institution. Du 21 mars au 5 avril 2014 aura lieu la 19ème édition du Festival du film africain à Leuven (www.afrikafilmfestival.be). En Wallonie, on parle du Festival du film africain à Louvain-la-Neuve. Il n’y aura pas que de projections de films! On nous attend aussi avec des expositions dans l’espace lounge de Cinescope, au Centre Placet et dans l’Espace Vents du Sud du Centre Placet ainsi que d’autres activités plus festives. Des thèmes qui préoccupent l’ensemble de l’Afrique seront abordés à Cinéscope (16 au 19/04), dans la salle du Centre Placet, au Kot Carrefour Vincent Lebbe et au Studio 13 (22 au 25/04). Ces
thèmes sont : les enfants soldats, la condition de la femme, les enfants des rues, l’immigration.
Informations et réservations auprès du Centre Placet.
Column Et voilà que le pape François a clôturé l’année de la foi. Dans les éditions précédentes de Suara, nous nous sommes posé plusieurs questions sur la compréhension de cette foi dans un environnement moderne.
S’émanciper dans une communauté
Dans ce monde, le développement de l’individu est au centre des préoccupations. Alors qu’au Moyen-âge, la personne désignée était au service de la société, désormais c’est à la communauté de servir l’individu qui veut développer ses talents de façon autonome et en toute liberté. «Je pense», disait Descartes, «donc je suis». La personne est en cela bien consciente qu’elle possède des talents qu’elle peut elle-même développer. Il ne fait aucun doute que cette affirmation représentait une réelle révolution. Mais une telle vision des choses n’était-elle pas des plus optimistes. Et l’homme moderne ne devrait-il pas se souvenir que pour son propre développement, il reste encore dépendant des autres? La réalisation de soi ne trouverait-elle pas place au sein d’une communauté? Notre culture veut repousser l’expérience religieuse dans la sphère privée alors qu’une des caractéristiques fondamentales de toute croyance est que celle-ci est encore toujours à pratiquer et à vivre en communauté. L’auto-développement de l’individu est quelque chose de positif, mais nous devons trouver comment y parvenir dans une communauté. D’où le thème de notre campagne basé sur la construction des communautés chrétiennes.
Emancipation de la femme
Associée à l’émancipation des individus se trouve aussi celle de la femme. La femme n’avait plus seulement pour fonction la procréation, la préparation de la table et l’entretien de la maison. Elle était enfin à considérer comme une personne respectable, capable de développer ses talents personnels. Mais il a fallu encore du temps avant qu’il n’en soit ainsi, et il y a encore du travail à faire. En tant que dispensateur de la vie, la femme aborde la réalité des choses de façon personnelle. Si grâce à cela, elle a la chance et la capacité de concrétiser ce rapport au réel, la société s’en trouvera renouvelée et enrichie. La vérification peut être faite également au sein de notre propre communauté d’Eglise dont les femmes ne sont pas écartées. Dans les pays du Sud, la femme n’a souvent qu’un rôle mineur, bien que cette règle ne s’applique pas à toutes les cultures. Mon expérience montre qu’au Vénézuela, même dans les quartiers les plus pauvres, la femme reste le fondement de la vie familiale. C’est elle qu’on écoute en premier lieu. La lutte de Soeur Jeanne Devos, en Inde, montre à suffisance combien les jeunes femmes dans certaines cultures sont encore traitées comme un objet et non comme une personne. Sur la base de notre foi, il est de notre devoir de continuer à défendre le bien-être de la femme et ce, dans toutes ses dimensions. C’est donc pour ces femmes que Missio prend aujourd’hui parti. Michel Coppin sds
OURS 12ième année Suara est un mot indonésien qui signifie voix. Suara veut être la voix des sans-voix et de tous les peuples qui crient dans le désert. Au-delà d’être la voix des “sans-voix”, il nous revient de faire en sorte que les “sans-voix” en arrivent à avoir leur propre voix. Rédacteur en chef: Kenny Frederickx Rédaction finale: Sylvain Kalamba Nsapo Ont collaboré: Michel Coppin, Catherine De Ryck, Sylvain Kalamba Nsapo, Caroline Medats, Magdeleine Willame-Boonen, Anne Dupont, Armelle Griffon, Banatshinyi Elisabeth, Serge Bilé, Kalamba Nsapo, Michel Coppin, Michel Musimbi, Emmanuel
Babissagana, Baptistine Ralamboarison. Photos: DFID, Magdeleine WillameBoonen, AIDSVaccine, Fr. Lawrence Lew O.P., UNHCR, Paniko, Stephen Luke, Missio, Jacques M. Chenet/ CORBIS, Marc Vergote Directeur National: Michel Coppin Editeur responsable: Michel Coppin, Boulevard du Souverain 199, 1160 Bruxelles Missio est une organisation internationale de solidarité et d’échange entre communautés chrétiennes et de promotion des rencontres interculturelles et interreligieuses.
Près de 130 pays sont reliés à Missio qui soutient plus de 1000 communautés chrétiennes locales. Secrétariat National de Missio Boulevard du Souverain 199, 1160 Bruxelles Missio Brabant-Wallon Ch. de Bruxelles, 67 1300 Wavre Tél.: 010 23 52 62 brabant.wallon@missio.be
Missio Bruxelles Rue de la Linière, 14 1060 Bruxelles Tél.: 02 533 29 80 bruxelles@missio.be Missio Eupen Bergkapellestrasse 46 4700 Eupen Tél.: 087 55 25 03 eupen@missio.be
Missio Liège Maison des Bruyères Rue des Bruyères 127/129 4000 Liège Tél.: 04 229 79 40 liege@missio.be Missio Namur Rue du Séminaire, 11 5000 Namur Tél.: 081 25 64 46 namur@missio.be
Missio Tournai Rue des Jésuites, 28, 7500 Tournai Tél.: 069 21 14 59 tournai@missio.be Veuillez vous adresser à vos services diocésains pour avoir du matériel et d’autres informations. IBAN: BE19 0000 0421 1012 BIC: BPOTBEB1 Il ne nous est pas permis de délivrer une attestation fiscale pour les versements effectués au bénéfice des projets pastoraux
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La voix des peuples
Magdeleine Willame-Boonen | La place de la femme dans la construction des communautés Madame Magdeleine Willame-Boonen est Sénatrice honoraire CDH. Actuellement, elle assure la présidence du Conseil de l’Egalité des Chances entre Hommes et Femmes et du Centre féminin d’Education Permanente. Femme d’expérience et de conviction, elle le démontre à travers l’interview qu’elle vient d’accorder à la rédaction de Suara. Sylvain Kalamba Nsapo
Missio: Peut-on considérer que la société belge s’efforce d’accorder les mêmes chances à l’homme et à la femme et de faire de celle-ci un élément indispensable dans l’édification d’une communauté épanouie et d’une vie harmonieuse? Magdeleine Willame-Boonen: Effectivement, la société belge s’efforce d’accorder les mêmes chances à l’homme et à la femme mais il y a encore énormément de choses à réaliser: lutter contre la violence à l’égard des femmes, obtenir pour elles les mêmes droits sociaux qu’ont les hommes, veiller à leur autonomie financière, placer des femmes au «top» pour que par leurs exemples, elles en entraînent d’autres... Ainsi, je me suis battue pour qu’il y ait une loi imposant des «quotas» de femmes dans les conseils d’administration des sociétés publiques et privées. S’il n’y a pas de femmes au sommet, on ne peut parler d’égalité. Et on a eu ces quotas.
Magdeleine Willame-Boonen: Je trouve cela indigne et révoltant, comme femme et comme être humain. En ce qui concerne Madame Taubira en France, je suis indignée contre le Front National. Qu’on fasse dire par des enfants à Madame Taubira: «quand vas-tu manger tes bananes?», c’est très choquant, et nous ramène à des siècles en arrière… Missio: Que pensez-vous des femmes qui affichent leurs convictions religieuses sur leurs lieux de travail? Magdeleine Willame-Boonen: Je suppose que vous voulez parler du port du foulard… Dans une société privée, il me semble qu’une
«A la Chambre (en Belgique) … on est passé de 7 à 8 % de femmes dans les années 80 à 30 % de femmes aujourd’hui.» Missio: Comment voyez-vous l’évolution de la place de la femme dans le paysage politique et dans l’Eglise de Belgique? Y a-t-il encore des progrès à réaliser? Magdeleine Willame-Boonen: Dans le paysage politique en Belgique, s’il y a eu un progrès remarquable, c’est notamment grâce aux lois sur les quotas en politique. A la Chambre, par exemple, on est passé de 7 à 8 % de femmes dans les années 80 à 30 % de femmes aujourd’hui. En ce qui concerne l’Eglise de Belgique, il y a lieu de s’inquiéter. Beaucoup de femmes s’impliquent à fond dans les messes et les offices et travaillent dans les paroisses. Mais, j’ai peur qu’on les considère toujours comme des êtres inférieurs à l’homme. Je suis très révoltée par la place accordée à la femme dans l’Eglise. Certes, on leur manifeste beaucoup de sentiments d’affection mais on voit toujours leur rôle comme complémentaire, aidant, bref «la servante du Seigneur» ou de celui qui le représente. J’espère que le nouveau pape travaillera à un profond changement sur ce point. Missio: Comment percevez-vous le soutien qui a été apporté à la ministre italienne d’origine congolaise, assez, pas assez? Comment réagissez-vous face à la manière dont le Front national traite en France la Garde des Sceaux, d’origine guyanaise?
femme peut afficher ses convictions religieuses si elle s’est mise d’accord avec son employeur. Par contre, si elle travaille pour une entité publique et est en contact avec le public, la neutralité s’impose. Si une femme représente l’Etat, par exemple au guichet dans une commune belge, elle a intérêt à se montrer neutre. Précisément parce qu’elle risque de provoquer une double réaction: soit une complicité anormale avec des personnes qui se sentiront plus à l’aise avec elle, ayant les mêmes convictions qu’elle; soit une attitude de rejet adoptée par des gens qui ne pensent pas comme elle. Comme fonctionnaire ou agent de l’Etat, elle doit être un lien «neutre» entre l’entité qu’elle représente et le public. Le cas de la députée CDH voilée au Parlement bruxellois nécessite quelques nuances. Cette femme a été élue comme ayant telle conviction. Elle représente une partie de l’électorat avec son foulard. Il est normal qu’elle affiche ses convictions religieuses. C’est le fait de l’élection qui change la donne. Elle ne représente pas l’Etat belge mais son électorat.
Missio: Que pensez-vous de l’implication des femmes d’origine étrangère dans la construction de la société belge ? Sontelles suffisamment intégrées? Magdeleine Willame-Boonen: Je connais des femmes d’origine étrangère réellement bien intégrées. D’autres ne le sont pas. Comme présidente du Centre féminin d’Education Permanente (CFEP), situé en plein St Josse, je promeus l’enseignement du français dans le cadre de la cohésion sociale. Parmi les cours dispensés, il y a la conversation française. Je constate que certaines femmes séjournant depuis longtemps en Belgique ne sont pas capables de s’exprimer en français, parce qu’elles ne sortent pas de chez elles ou que leur entourage ne tient pas à ce qu’elles le parlent… Si elles veulent se rendre à une administration communale, elles sont accompagnées de leurs enfants connaissant le français. Ca, c’est l’exemple d’un refus d’intégration. Missio: Quel est votre regard sur la situation de la femme dans le monde? La question doit-elle être abordée en termes d’égalité ou de complémentarité? Magdeleine Willame-Boonen: La situation de la femme dans le monde doit être abordée en termes d’égalité, s’il vous plaît! La complémentarité, c’est dangereux. Avec ça, on a maintenu les femmes dans le privé pendant des centaines d’années. On s’est contenté de dire: «les femmes sont faites pour ceci et les hommes sont faits pour cela». Missio: Il existe des théologiennes féministes en Europe. Soutenez-vous leur combat? Y a-t-il ou non une certaine exagération de leur part? Magdeleine Willame-Boonen: Je connais une théologienne féministe: il s’agit d’Ivonne Gebara. Son féminisme délirant me plaît. Elle allie un profond sens évangélique et une virulence féministe qui me fait du bien. De façon générale, je ne peux dire que les théologiennes féministes exagèrent. Il faut une certaine violence dans l’expression pour secouer les gens.
«Beaucoup de femmes s’impliquent à fond dans (…) les paroisses. Mais, j’ai peur qu’on les considère toujours comme des êtres inférieurs à l’homme.»
Photo: Magdeleine Willame-Boonen
Missio: Avez-vous besoin de religion ou de philosophie singulière pour vivre comme une personne de sexe féminin en société? Magdeleine Willame-Boonen: J’ai besoin de ma foi et d’une certaine vision des choses, mais pas tellement comme personne de sexe féminin . Cela parce que j’ai eu la chance de naître en Europe occidentale, à une certaine époque qui a déterminé mon itinéraire personnel comme femme instruite, libre de choisir un métier, son conjoint, le nombre de ses enfants, ses engagements ultérieurs, son idéal… Mais si j’ai une extraordinaire admiration pour les Béatitudes, par exemple, ce n’est pas parce que je suis une femme…