Suara 55 Afgiftekantoor: Antwerpen x P 508033
La voix des peuples
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Missio Belgique, Bd du Souverain 199, 1160 Bruxelles
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Publication trimestrielle de Missio
M A R S – A V R I L – M A I 2 0 1 4
Accueillir l’étranger
Accueillir le Christ, cet étranger Le Pape François l’a rappelé lors de la dernière Journée Mondiale des Migrants , le Christ et les siens ont fait l’expérience de l’exil. La Bible nous le redit sans cesse, les étrangers sont, comme nous, des enfants de Dieu. A ce titre, ils on droit à notre attention et à notre respect.
A Bruxelles comme ailleurs dans le monde, l’Église catholique n’est fort heureusement pas la dernière à s’investir dans l’accueil des étrangers, de plus en plus nombreux, qui composent notre paysage urbain. Étrangers “de luxe” des milieux internationaux, demandeurs d’asile en quête d’un Eldorado occidental, migrants économiques de la deuxième moitié du siècle dernier, tous contribuent à créer une mixité sociale et culturelle qui est devenue la caractéristique du cœur de l’Union Européenne comme de la planète entière.
Photo: Beau Lark (Corbis)
Et comme le souligne Michel Coppin, le directeur de Missio Belgique, dans son billet, la liberté et l’autonomie de pensée, acquis incontestables de notre société occidentale ne doivent pas nous faire oublier qu’il n’y a de liberté que dans le cadre d’une relation à autrui et à Celui qui nous a voulus libres.
Une exigence biblique Tout au long du Premier et du Nouveau Testament, Dieu marque sa préférence pour l’étranger. Petite histoire d’une loi fondamentale...
A nous, chrétiens d’ici, d’en mesurer la richesse et d’en relever les défis, en collaboration avec tous les Bruxellois de bonne volonté. C’est à cela que s’emploie depuis des années Jacques Van der Biest, figure du paysage bruxellois. C’est aussi le but que poursuivent de nombreuses personnes qui, de par le monde, contribuent à donner à l’Église le visage du Christ. Car tel est le sens de la mission universelle des baptisés.
Pas moins de 90 nationalités différentes se côtoient dans le quartier des Marolles, à Bruxelles. La présence d’étrangers d’origines et de conditions sociales très variées dans notre capitale est pour nous une chance. Nous ne mesurons pas la richesse humaine que cette grande diversité nous apporte. A nous d’en profiter…
Armelle Griffon
suite p. 2
en dialogue avec l’abbé Jacques Van der Biest
suite p. 8
© Wereldmediatheek, Johan Denis
dans ce numÉRO • Accueillir le Christ, cet étranger
• Réfugiés d’Afrique de l’Est en Zambie
• L’accueil de l’étranger dans la Bible
• Comment l’Église accueille les réfugiés chez nous
• À Bruxelles, on sait ce qu’accueilir veut dire:
• Journée Mondiale des Migrants, discours du Pape François
• Réfugiés soudanais à Alexandrie
• Salut du séminaire: accueil à l’africaine
• Réfugiés du Mozambique en Afrique du Sud
• Billet du père Michel Coppin
• Réfugiés syriens au Liban
• Une interview de l’abbé Jacques Van der Biest
Dialogue
Suara 2 55
La voix des peuples
Rencontre cevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde. Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous m’avez accueilli.” (Mt 25, 34-35). Et de préciser, “Chaque fois que vous l’avez fait à un de ces petits, c’est à moi que vous l’avez fait” (Ibid). Comment vivre aujourd’hui cet amour sans frontière dans nos sociétés où les frontières se multiplient et se renforcent chaque jour davantage, pour se protéger contre les étrangers?
Solidarité
Accueillons-nous les uns les autres
Les pélerins d’Emmaüs reconnaissent Jésus à la fraction du pain. Cette icône de Dmitry Schkolnik se trouve à ‘église St Paul de Dayton, dans l’Ohio, aus Etats –Unis. Photo: Fr. Ted
L’accueil de l’étranger dans la Bible | Une loi fondamentale De manière générale, le discours biblique sur l’étranger comporte deux orientations en apparence contradictoires. La première consiste en une méfiance, voire un rejet absolu des pratiques, coutumes et croyances des étrangers. Les cinq premiers livres de la Bible (le Pentateuque ou la Torah pour les juifs) regorgent d’interdictions et autres nombreuses mises en garde y afférentes. Mais d’autre part, ce même Pentateuque, et l’ensemble de la Bible d’ailleurs, fourmillent de préceptes mettant en exergue une obligation quasiment inconditionnelle d’accueillir l’étranger. C’est cette deuxième orientation qui va ici retenir notre attention. L’on se propose dans un premier temps de mettre en lumière l’essentiel de ces principaux préceptes. Puis on essaiera d’en comprendre les raisons, et enfin, il sera loisible d’en tirer les leçons pour notre vie de chrétien aujourd’hui. Emmanuel Babissagana
Accueillons l’étranger, il est aimé de Dieu
• “Vous traiterez comme un compatriote l’étranger qui séjourne parmi vous, tu l’aimeras comme toi-même, car vous avez été des étrangers en Egypte. Je suis le Seigneur votre Dieu” (Lévitique 19, 33-34). • “Au bout de trois ans, tu mettras de côté toutes les dîmes de la récolte de cette année et tu les déposeras à l’intérieur de la ville, afin que le lévite, […], l’étranger, l’orphelin et la veuve qui se trouvent dans tes murs viennent manger à leur faim, et que le Seigneur ton Dieu te bénisse dans toutes les œuvres de tes mains” (Deutéronome 14, 28-29). • “Tu te réjouiras au lieu choisi par le Seigneur ton Dieu pour y faire résider son nom, en sa présence, avec ton fils et ta fille, ton serviteur et ta servante, … ainsi que l’étranger… prends soin d’observer ces lois. “ (Deutéronome 16, 11-12). Ces trois morceaux choisis, parmi tant d’autres, résument l’essentiel des préceptes divins relatifs à l’accueil de l’étranger. Et toute déviance est susceptible d’un
châtiment exemplaire, comme ce fut notamment le cas pour les villes de Sodome et Guibéa, dont la faute majeure fut de refuser l’accueil à l’étranger et d’abuser de ses faiblesses (Genèse 19s ; Juges 1920). La question se pose dès lors de savoir pourquoi Dieu a une attention voire une préférence si particulière pour l’étranger. Une préférence parfois troublante, comme pour la veuve de Sarepta, ou encore pour Naaman le Syrien (2 Rois 5, Luc 4, 25s). Comment comprendre ce lien si particulier entre Dieu et l’étranger?
Accueillir l’étranger, c’est risquer d’accueillir Dieu
A première lecture, les lignes qui précèdent laissent penser que si le Seigneur accorde tant d’attention à l’étranger, c’est parce que son peuple a lui-même été étranger en Egypte, y compris son propre Fils, dès la naissance (Matthieu 2). De même, on pourrait évoquer l’idée que Dieu étant Amour (1 Jean 4, 16), Il a par nature une attention particulière pour les exclus et les plus vulnérables, dont l’étranger est l’une des figures les plus répandues. Mais en scrutant les Ecritures, l’on découvre une raison encore plus profonde. A savoir que de Père en Fils, Dieu a tout au long de
Au nom de notre baptême, nous sommes en effet appelés à porter la Bonne Nouvelle aux quatre coins du monde. Chaque chrétien est par conséquent un étranger par vocation. Il ne saurait dès lors s’accommoder de tout discours ou pratique hostile à l’étranger. A défaut de pouvoir empêcher les murs de s’élever entre les peuples, il lui revient de garder son cœur et sa porte ouverts à l’étranger. Il peut également le soutenir à distance ou aller à sa rencontre, lorsque les circonstances le permettent. Telle est notre vocation de chrétiens, promouvoir l’amour et l’accueil mutuels entre les hommes. Tel est l’objectif principal que poursuit Missio, et pour lequel nous sollicitons régulièrement le soutien matériel et spirituel des chrétiens.
Témoignage
A titre personnel, je peux témoigner de la réalité de ce soutien au sein des communautés chrétiennes. Car, arrivé en Belgique en 1998, en provenance du Cameroun, j’étais complètement désorienté. C’est grâce à l’accueil et au soutien des chrétiens belges que j’ai pu m’intégrer progressivement dans la vie de notre pays. Depuis lors, et jusqu’à ce jour, j’expérimente cet amour sans frontière auquel le Christ nous invite. Ma gratitude est dès lors à la mesure du devoir de chaque chrétien, aimer sans frontière et accueillir ceux que Dieu nous donne à voir ou à rencontrer. Car au soir de cette vie, ne l’oublions jamais, nous serons jugés sur l’amour…
l’histoire épousé la condition et le visage multiformes de l’Etranger pour visiter son peuple. Il rend ainsi visite à Abraham sous la forme de trois étrangers (Genèse 18). Il se fait chair, vient chez les siens mais n’est pas reconnu (Jean I). De même, une fois ressuscité, c’est encore sous l’aspect d’un étranger qu’Il accompagne les disciples sur la route d’Emmaüs, et leur ouvre l’intelligence aux Ecritures (Luc 24). Et chaque jour, à notre insu, Il nous rend visite sous la forme de l’étranger, du tout petit ou du pauvre, que nous rencontrons ici et là.
“Entre Dieu et l’étranger, un lien particulier: la veuve de Sarepta, Naaman le Syrien ont sa préférence .” Dieu se veut donc ainsi l’Etranger universel et imprévisible. Par ce biais, Il nous invite à garder nos cœurs en permanence ouverts à l’amour inconditionnel qu’Il nous recommande. Et c’est au bout de cet Amour sans frontière que se trouve le Royaume: “Venez les bénis de mon père, re-
Photo: Jan Slangen
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La voix des peuples
A Bruxelles, on sait ce qu’accueillir veut dire! Depuis plus de 35 ans, le centre El Kalima tisse des liens avec les bruxellois de religion musulmane qui représentent aujourd’hui 22% de la population de la capitale. L’Abbé Christian De Duytschaever, directeur du centre, nous présente ce lieu de convivialité. Armelle Griffon
El Kalima, La Parole Missio: El Kalima, qu’est-ce que ça veut dire? Christian De Duytschaever: C’est un mot arabe qui signifie “la parole”; ce nom a été choisi en 1978 par les fondateurs du centre. La parole échangée, c’est-à-dire le dialogue et le verbe de Dieu en arabe. Missio: Pourquoi un lieu spécifique pour le dialogue avec l’islam? De Duytschaever: Fondé par deux pères blancs avec Marie-Rose Degive, fondatrice de BAPO (voir ci-dessous) et des “Voies de l’Orient”. Marianne Goffoël, une religieuse dominicaine qui a vécu longtemps en Irak a également été très active. L’idée était de faire connaître aux bruxellois la religion musulmane de plus en plus présente à Bruxelles. En même temps, il s’agissait d’un travail d’accueil des nord-africains (surtout marocains), notamment pour trouver un hébergement, faire des démarches. L’accueil des étrangers suppose de la part de l’accueillant un minimum de connaissance de ceux qu’il accueille. Il faut notamment connaître leur langue et s’informer. Missio: Quels sont les services proposés? De Duytschaever: Tout ce qui peut aider à connaître et à comprendre.
El Kalima est donc avant tout un centre d’information qui propose: • De la documentation pour les enseignants amenés à travailler avec des élèves musulmans: “brochure ensemble à l’école”, premiers pas avec l’Islam. • Des brochures pour permettre aux jeunes musulmans de découvrir les richesses de leur culture. • Une revue trimestrielle et une newsletter. Aujourd’hui, en plus de la documentation, El Kalima fait aussi un travail sur les questions de santé: réflexion, recensement des situations qui peuvent poser problème. Pour approfondir cette relation entre bruxellois d’origine chrétienne (croyants ou non) et musulmans, el Kalima organise: • Des rencontres entre enseignants, ou avec du personnel de santé. Le plus souvent à l’initiative de belges de souche mais parfois de musulmans. Il ne s’agit pas pour autant d’un centre social mais d’un lieu de rencontre, de réflexion, de documentation • Des rencontres islamo-chrétiennes: réflexion, partage, méditation.
• Un groupe de réflexion pour les couples mixtes, accompagné par un diacre. • Une semaine de rencontre islamo-chrétiennes tous les ans. • Un groupe “église-mosquée”: accueil des musulmans par une communautés paroissiale pour la visite de leur église et inversement. • Un parcours interreligieux - voire interconvictionnel. • Des rencontres et conférences en collaboration avec des autorités communales, notamment à Bruxelles-ville et Schaerbeek. • L’envoi de cartes à l’occasion des fêtes musulmanes.
dans les rencontres qu’on fait, par exemple à l’occasion de visites d’une mosquée, c’est nous qui sommes accueillis. À l’initiative d’un marocain spécialisé dans la communication non-violente, un voyage au Maroc a été organisé (mars-avril) pour découvrir l’islam et la façon dont ce pays gère la diversité.
Le centre fonctionne avec un permanent, nommé par l’archevêché de MalinesBruxelles, Régis Close, et des bénévoles. Missio: Qui fréquente le centre aujourd’hui? De Duytschaever: Enseignants, personnel de santé, étudiants et lycéens musulmans pour un travail de fin d’études sont les visiteurs les plus assidus. Les musulmans qui viennent peuvent aussi chercher un lieu de réflexion, notamment sur des questions éthiques. Missio: Finalement, qui accueille l’autre? De Duytschaever: Ici, c’est nous qui accueillons l’autre, matériellement. Mais
A Istanbul, l’église voisine avec la mosquée. Photo: Pashazade
Plus d’info El Kalima, Rue du Midi 69, 1000 Bruxelles Mail: elkalima@hotmail.fr
En plein centre de Bruxelles, une vitrine pas comme les autres Le passant pressé n’y verra qu’une boutique comme une autre, une librairie religieuse peut-être? Mais Bruxelles Accueil Porte Ouverte (BAPO pour les habitués), c’est plus que cela. Car il s’agit surtout d’accueillir, et de renseigner les personnes qui en ont besoin, et plus si affinités… Entretien avec Marie-Paule Moreau, la responsable du lieu. Missio: Quelle est l’idée qui a présidé, au départ, à la création de ce lieu? Moreau: Il s’agissait de créer lieu d’accueil d’écoute et d’orientation pour toute personne qui passe dans la ville dans la suite logique de l’ouverture sur l’extérieur préconisée par le Concile de Vatican II. Très
Photo: Charles Declercq
Plus d’info BAPO, rue Tabora, 1000 Bruxelles Mail: bapo@bapobood.be
vite les organisateurs ont développé deux volets: un service d’accueil et un service social. Ce qui prime c’est accueillir la personne. Une des fondatrices a d’ailleurs créé le centre d’aide sociale Brabantia dont BAPO est une des antennes. Il s’agit donc d’un service généraliste et de première ligne. Nous travaillons beaucoup avec les associations néerlandophones. Missio: Quel public visez-vous? Moreau: Il n’y a pas de restriction, toute personne est accueillie. Mais le fait d’être en lien avec l’Église fait que les gens en demande sociale vienne plus facilement. BAPO travaille en lien avec les églises paroissiales, mais aussi la police, les commerçants ; le bouche à oreille joue un grand rôle. Très vite nous avons eu des permanents parlant d’autres langues que le français, le néerlandais ou l’anglais. Cela nous a amenés à créer une Service d’interprétariat social il y a plus de 15 ans: aujourd’hui, 150 langues y sont pratiquées. Ce service travaille avec des bénévoles et des indépendants. Missio: Quelle conclusion en tirez-vous sur l’accueil de l’étranger? Moreau: On a très vite donné des informations sur les communautés d’origine étrangère protestantes, catholiques et orthodoxes. Aujourd’hui nous travaillons en réseau avec les autres Eglises et confessions.
Missio: Combien de personnes travaillent à BAPO? Moreau: Trois à temps plein et deux à mi-temps ainsi qu’une douzaine de bénévoles. Les salaires sont payés par des subventions publiques: ACS (agents contractuels subventionnées) et commission communautaire commune de Bruxelles. Pour le service social. BAPO a aussi le soutien du doyenné de Bruxelles-centre à qui appartient la maison. Missio: Que vous a apporté votre expérience de travail dans ce lieu? Moreau: Cela m’a convaincue de l’importance de l’existence de lieux d’accueil ouverts comme celui-ci, surtout dans les grandes villes qui deviennent de plus en plus cosmopolites. On y apprend beaucoup sur le courage des personnes en situation de migration, leur persévérance. On reçoit aussi au niveau de la foi, notamment par les échanges avec certaines personnes qui ont une foi très profonde. On apprend à accueillir les gens tels qu’ils sont, sans être intrusif. Nous avons un très bon contact avec les commerçants du quartier qui nous envoient les personnes chez qui ils perçoivent une difficulté. Missio: Qui pousse la porte de Bruxelles Accueil Porte Ouverte? Moreau: Les gens viennent souvent pour acheter des bibles dans toutes les langues, des textes de prières. Mais ce genre de demande, qui est souvent le reflet d’une autre demande ou souffrance, souvent psychique, est toujours accompagné par l’accueil et l’écoute. Tout cela demande une certaine solidité de la part des accueillants. Depuis le développement d’internet nous avons moins de visites directes. Les gens qui poussent la porte sont souvent encore plus fragiles que les autres.
Rencontre
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Solidarité
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Partout dans le monde, l’Église accueille
Là où règnent l’exclusion et la discrimination, l’Égli ceux qui ne peuvent pas s’exprimer. Les quelques e tement, les catholiques, religieux et laïcs, se metten en marge de la société. Souvent, ils ont quitté leur f échouent, ils ne sont pas les bienvenus. Sans l’actio Caroline Medats
Photo: IHH
“Seigneur, quand nous est-il arrivé de te voir étranger et de te recueillir? (…) en vérité je vous le déclare, chaque fois que vous l’avez fait à un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.” Mt 25, 38, 40
Les petites sœurs de Nazareth et les réfugiés syriens de Dbayeh, au Libanon Des millions de Syriens ont déjà fui leur pays. Près d’un million d’entre eux sont allés au Liban voisin. Ce chiffre paraît hallucinant quand on sait que le Liban, trois fois plus petit que la Belgique, ne compte que 4 millions d’habitants. Mais où peuvent-ils aller?
Les Syriens démunis
Les Syriens aisés trouvent une maison dans les villes. Les pauvres restent dans les camps de réfugiés près de la frontière ou arrivent dans les camps de réfugiés palestiniens existants. Entre autres dans le camp chrétien Dbayeh, au nord de Beyrouth. Actuellement, il y a environ 5000 Palestiniens, Libanais et Syriens vivant dans des conditions difficiles. Impossible de trouver un toit pour toutes les familles syriennes. Certains vivent à dix ou douze dans une pièce. Le coût des loyers s’envole. Si les Syriens ne peuvent pas payer le loyer, ils sont obligés de retourner en Syrie. Comme les Palestiniens, les Syriens ne peuvent pas compter sur la sécurité sociale et dépensent énormément pour les soins de santé. Les enfants doivent aller à l’école en dehors du camp, mais c’est très cher. Les soins de santé et l’éducation en Syrie sont presque gratuits. Donc pour les Syriens il est
difficile à s’adapter et c’est dur de survivre au Liban. Beaucoup entre eux sont en plus traumatisés et sont stressés sans cesse, parce que certains membres de leur famille sont restés en Syrie. La plupart des Syriens arrivent démunis de tout. Sans aide, ils ne peuvent pas s’en sortir. Heureusement, le centre de Caritas Migrant fait énormément d’efforts pour les aider et a déjà inscrit plus de 2000 familles syriennes. Mais l’aide est insuffisante, ce qui crée du ressentiment. Les Palestiniens sont frustrés parce qu’ils reçoivent moins d’aide depuis l’arrivée des Syriens. Dans le même temps, il y a beaucoup moins de travail et les prix montent en flèche. Cela accroît encore les problèmes existants.
Les petites soeurs de Nazareth
Dieu merci, une fraternité des Petites Sœurs de Nazareth est présente dans le camp. Dans ces circonstances difficiles, elles donnent le meilleur d’elles-mêmes. Elles partagent la vie des gens, toujours avec le sourire. La présence de Johanna, infirmière de formation, est très précieuse. Sa présence est indispensable pour les résidents car la clinique locale n’ouvre que deux matinées par semaine. Dès six heures et demie du matin, elle fait sa
tournée. Elle donne des soins à domicile ou dans la fraternité, qui est une simple petite maison dans le camp. Pour l’instant, elle est la seule infirmière. Elle gagne 590 € par mois à temps plein. C’est peu, alors que la vie est à peine moins chère là-bas qu’ici et que les soins médicaux et les médicaments sont très coûteux. Trois sœurs dans le camp vivent de son salaire et avec le reste, elle aide plusieurs familles.
Photo: EU Hamanitarian Aid and Civil Protection
Réfugiés soudana
Selon le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) on peut estimer qu’en Egypte, pays voisin du Soudan, le nombre de réfugiés soudanais s’élève à 18 000 et celui des demandeurs d’asile à 11 000. Ils espèrent trouver une vie meilleure. Le risque est grand que ce nombre continue d’augmenter. Après des années de lutte armée le SudSoudan est devenu indépendant en 2011. Cependant, le nouvel Etat n’est pas le havre de paix espéré. En décembre 2013, en effet, des émeutes ont éclaté entre les partisans du vice-président Riek Machar et ceux du président Salva Kiir. Les différences ethniques jouent un rôle important dans ce conflit, Kiir et Machar représentant chacun l’un des deux plus grands groupes ethniques du pays. Les
“La plupart des Syriens arrivent démunis de tout. Sans aide, ils ne s’en sortent pas.” Comme les fonds sont déjà insuffisants pour subvenir aux besoins des Palestiniens on lui a demandé de ne pas aider les familles syriennes du camp. Mais cela lui fait mal au cœur. Les Syriens comme les Palestiniens sont ses frères et sœurs. Elle essaie de trouver une solution pour eux, mais est souvent obligée de dire “non”. Qu’il est difficile d’avouer son impuissance!
“Tu ne biaiseras pas avec le d ou d’un orphelin. (…) en Egyp et (que) le Seigneur Ton Dieu Dt 24, 17a; 18
Rencontre Solidarité
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La voix des peuples
e l’étranger | Quelques projets concrets
Photo: ICAP at Columbia University
ise est souvent en première ligne pour soulager la souffrance et donner une voix à exemples ci-dessous nous montre comment, modestement parfois mais bien concrènt au service de ceux que la vie, les conflits ou les circonstances économiques mettent famille, leur région, leur pays pour échapper à un avenir sans horizon et, là où ils on et l’attention de nombreuses organisations chrétiennes, que deviendraient-ils?
ais à Alexandrie, en Egypte deux parties s’accusent mutuellement d’assassinat, de viol et d’humiliation. On assiste à un nettoyage ethnique. Le bilan humanitaire du conflit est très lourd et la situation reste explosive. Des centaines de milliers de SudSoudanais ont quitté leur pays pour chercher refuge dans les pays voisins comme l’Egypte.
“Heureusement, grâce aux Franciscains, les enfants soudanais sont scolarisés.”
Réfugiés du Mozambique à Humulani en Afrique du Sud
L’aide de Missio
Heureusement, ils peuvent compter en partie sur l’Église. A Alexandrie par exemple, sur la mer Méditerranée, où les Franciscains accueillent 94 enfants soudanais de moins de 14 ans. Et Missio les aide. Nous payons les frais de scolarité, qui sont élevés parce que les enfants ne sont généralement pas les bienvenus dans les écoles publiques et sont obligés d’aller dans des écoles privées. Or, il est important que ces enfants continuent à aller à l’école. S’ils ne prennent pas de retard et fréquentent d’autres jeunes de leur âge, ils peuvent plus facilement surmonter traumatisme du déracinement.
De 1976 à 1992, une guerre civile longue et meurtrière, opposant les marxistes du FRELIMO, au pouvoir, aux rebelles anti-communistes du RENAMO, a ravagé le Mozambique. Fondé en 1962 durant la guerre d’indépendance du Mozambique contre le Portugal, le FRELIMO s’est érigé en parti unique en 1975. Durant 16 ans, le RENAMO a combattu ce pouvoir dictatorial. Les deux partis ont commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Des centaines de milliers de Mozambicains ont péri, plus d’un million de personnes ont cherché refuge, en Afrique du Sud notamment. En dépit du retour de la paix en 1992, de nombreux mozambicains sont restés en Afrique du Sud, dans la zone frontalière de Humulani. La pauvreté y est extrême et le taux de chômage élevé. Beaucoup de gens ne savent ni lire ni écrire et sont infectés par le virus du VIH. De ce fait, dans beaucoup de cas la mère assume seule la famille et les orphelins sont nombreux.
Photo: RR
Mais même en Egypte, la vie n’est pas toujours facile pour les réfugiés soudanais. Ils souffrent de l’instabilité politique, de l’insécurité, du jugement négatif porté sur certains
groupes nationaux. La mauvaise situation socio-économique du pays, dont témoignent notamment la hausse des prix et l’inflation, n’arrange rien. En outre, l’Egypte est maintenant confrontée à l’exil de nombreux Syriens fuyant la guerre dans leur pays.
En Afrique du Sud comme ailleurs, l’Église est du côté des plus faibles. En réponse à l’afflux des réfugiés du Mozambique, le diocèse de Tzaneen ouvrait à Humulani, dès 1990, l’école maternelle Masungolo. Aujourd’hui, cette école est dirigée par les Sœurs de l’Assomption. 110 enfants fréquentent chaque jour les trois classes de maternelle bénéficiant ainsi des stimulations physiques, mentales et spirituelles indispensables à leur développement. Parce qu’ils n’ont pas chez eux une alimentation variée et consistante, ils reçoivent un petit déjeuner, une collation et un dîner. Le personnel provient de la communauté locale et parle la même langue que les enfants. La journée commence par la prière. Les enfants participent aux spectacles bibliques qui sont régulièrement organisés. Missio finance l’entretien de l’école, la formation continue du personnel et veille à ce que les enseignants reçoivent une juste rémunération.
Les réfugiés de Meheba, en Zambie
Photo: The Dandelion Community
droit d’un émigré pte tu étais esclave u t’a racheté de là.”
Eduquer les enfants
Chez nous, la Zambie est surtout connue pour les célèbres chutes du lac Victoria et ses beaux parcs animaliers. Un nombre croissant de touristes découvre les réserves naturelles de Zambie. Ce pays est un oasis de calme dans une région très perturbée avec entre autres, comme voisins, la RD Congo, l’Angola et le Zimbabwe. A cause de la relative stabilité du pays, de nombreuses personnes de cette région se réfugient en Zambie pour échapper aux violences chez eux. On compte environ aujourd’hui 52 000 réfugiés d’Angola, RD Congo, Rwanda et Soudan. La Zambie a une longue tradition d’accueil des réfugiés et des demandeurs d’asile. La plupart vivent dans les colonies de Meheba et Mayukwayukwa situées au nord, à la frontière avec la RD Congo.
A Meheba les personnes engagées dans différentes organisations donnent le meilleur d’elles-mêmes pour améliorer les conditions de vie de la population. L’Église est du nombre. Les Sœurs de l’Enfant Jésus par exemple. Elles s’occupent de cent soixante enfants de Meheba, dont les conditions de vie sont souvent très dures. Le VIH est très répandu. Beaucoup d’enfants restent orphelins et n’ont pas les moyens d’aller à l’école. Avec l’aide financière de Missio, les Sœurs animent des ateliers sur le SIDA et initient les enfants aux valeurs chrétiennes et aux droits de l’homme. Le week-end ou après l’école, elles organisent un quizz-Bible ou des activités sportives. Les garçons et les filles peuvent aller à l’école grâce à notre soutien et recevoir une alimentation variée et, si nécessaire, des médicaments.
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Dialogue
encontreavec la réalité | La Belgique Une Eglise enRprise que italienne à Genk, quand j’ai eu besoin d’une nouvelle résidence. La communauté m’a reconnu tout de suite. Ils ont vraiment pris soin de moi. Grâce à eux je me sens chez moi en Belgique. Aldib: Je dois beaucoup au foyer d’étudiants catholique Rouah, où je vis. Nous nous réunissons régulièrement ou nous mangeons ensemble. Sinon, j’aurais l’impression de vivre dans le désert, même s’il pleut beaucoup en Belgique! Au café, j’ai fait connaissance avec quelques Flamands. Là-bas les gens ont au moins un peu de temps pour les autres. Mai Thao: Les Belges sont moins ouverts que les personnes d’origine vietnamienne. Dans la communauté vietnamienne, les gens sont extravertis, ils montrent rapidement leurs sentiments.
Solidarité
Confirmation au Vietnam. Photo: Bao Thien Nga
Dans le monde, l’Église se met au service de ceux qui sont dans le besoin. Elle met sur pied une association, elle se mobilise pour une personne. Cela n’arrive pas seulement dans des pays lointains. Chez nous aussi, la communauté ecclésiale vient en aide à beaucoup de gens. Le doctorant Syrien Iyas Aldib ou le professeur de religion arménien Hasmik Davtyan peuvent en témoigner. Ceux qui sont nés en Belgique apprécient aussi la chaleur des communautés chrétiennes. L’histoire de Vy Nguyen Mai Thao en est une illustration. Catherine De Ryck
Missio: Quelle est la vie d’un jeune immigré en Belgique? Quel est son impact sur son identité? Iyas Aldib: Je vois mon identité comme un arc en ciel. Je suis Arabe, mais aussi Syrien
et chrétien. Malheureusement, on se focalise sur certains aspects de mon identité en raison des préjugés ou de l’ignorance. Il y a énormément de stéréotypes associés aux Arabes et les gens ignorent que des chrétiens arabes vivent
au Moyen-Orient. Alors, ils demandent si je mange du porc ou si je bois de l’alcool. Vy Ngyen Mai Thao: Je me sens belge, peut-être surtout parce que je suis né ici. Mes parents ont fui vers la Belgique en raison du régime communiste autoritaire au Vietnam. Pourtant, il est important pour moi de garder la culture et des traditions vietnamiennes qui sont un exemple vivant de notre fort sentiment d’appartenance. Missio: Vous sentez-vous isolés? Est-il facile de créer des liens dans un pays que vous ne connaissez pas? Hasmik Davtyan: Je n’ai pas de contacts faciles avec les autres. Heureusement, je me suis retrouvé dans la communauté catholi-
Missio: En quoi notre l’Église belge est-elle différente de celle de votre pays d’origine? Mai Thao: J’aime la liberté de la communauté belge. La société vous donne la liberté et vous pouvez vivre votre foi dans la liberté. Pour mes parents, c’est une bouffée d’air frais. L’Église belge est plus libérale, vous ne serez jamais obligé de recevoir la Confirmation ou la Première Communion. Vous pouvez décider vous-même. Davtyan: La liberté ici est en effet une bénédiction. En Arménie, par exemple, il est presque impensable que les homosexuels viennent à l’église. Ici, il y a plus d’ouverture. Cet article a été rédigé l’aide de Braambos et Pro Migrantibus, à qui nous sommes très reconnaissant. www.promigrantibus.be www.braambos.be
Journée Mondiale des Migrants | Vers un monde meilleur L’Église catholique a célébré cette année la centième Journée Mondiale des Migrants et des Réfugiés. De nos jours, l’Église demande une attention particulière pour ceux qui sont contraints de quitter leur région ou leur pays, en quête d’une vie meilleure. A cette occasion, le Pape a adressé au monde son message annuel. S’il prend en compte les motivations des migrants, il demande aussi la mise en œuvre d’une coopération internationale: les immigrés doivent être accueillis avec chaleur mais, la migration forcée ne devrait plus être nécessaire. Catherine De Ryck
En 2006, le Pape Benoit XVI décrivait déjà la mobilité croissante de nos contemporains comme un “signe des temps”. Il y voyait l’expression de la volonté de vivre dans le respect de la diversité, de l’accueil et de l’hospitalité. Selon le Pape François notre monde a atteint un niveau d’interdépendance et d’interaction encore jamais vu.
Un monde meilleur
L’engagement solidaire le montre, nous faisons tous partie d’une grande famille. Et comme dans toute famille, il y a l’espoir d’un avenir meilleur auquel chacun
Le Pape Françoois avec les réfugiés de Lampedusa. Photo: Andreas Solaro (Belga)
pourra prendre part et où tous pourront trouver leur place. Il ne s’agit pas seulement d’une amélioration financière ou économique, mais aussi de progrès politique et culturel. C’est cet espoir qui pousse la plupart de gens à émigrer.
“Il y a l’espoir d’un avenir meilleur où chacun trouvera sa place.”
Le Pape François nous parle de la “création d’un monde meilleur” évoqué dans la Bible. Un monde dans où chacun peut s’épanouir et trouver une réponse adéquate à ses besoins. L’homme est poussé par le désir légitime de connaître, d’avoir et surtout d’être plus. Mais la société se doit d’être attentive au bien-être de tous. Cela exige en premier lieu une culture de la rencontre et de l’accueil.
Une coopération nécessaire
Le Pape François souligne en outre trois éléments importants. La nécessité d’une
collaboration plus étroite entre pays d’origine et pays de destination, dans un esprit de vraie solidarité. Le caractère intolérable de l’exil forcé. Il appartient aux responsables politiques de garantir la justice sociale, l’équilibre économique et la paix à leurs concitoyens ; ainsi que la sécurité et le respect de la dignité humaine. L’émigration doit résulter d’un libre choix et non d’une nécessité. Le devoir de mettre fin à nos préjugés, nés de la peur, à l’égard des réfugiés et migrants. Nous favoriserons ainsi l’émergence d’une société fraternelle et d’un monde plus humain.
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aine Salut du séminaire | Hospitalité à l’afric inaristes Au grand séminaire d’Anyama les sém es étrangers sont accueillis comme des frèr naire du Sénégal, le pays de la Je me nomme BASSE Jules Bienvenu, origi ire pour suivre ma formation Terranga (l’hospitalité). Arrivé en Côte d’Ivo pays d’origine dès l’aéroport. de prêtre, j’ai retrouvé l’hospitalité de mon lle d’accueil pour me loger conL’assistance des vigiles, les soins mis par la fami me sente chez moi. Le lendemain venablement, tout avait été fait pour que je mon émotion fut encore plus granen fin de matinée, j’arrivai au séminaire et moi prendre tous mes bagages de, en voyant un groupe d’inconnus venir vers dès lors la mienne. Et tout à nt pour me conduire dans une chambre qui devi en stes soutane venant me manicoup je me vis entouré de plusieurs séminari souhaiter leur habituel Akwaba fester leur hospitalité et leur sympathie, et me ainsi mon intégration dans t avec des boissons et des cacahouètes, marquan rise fut encore plus grande lorsque, cette grande famille du séminaire. Ma surp vis qu’une place spéciale avait été pour la grande veillée des congés de Noël, je e traditionnelle bien connue de faite à la culture sénégalaise, avec une dans transporté dans mon Sénégal natal. chez nous, le Mbalax. Je me sentis comme hospitalier! Quel accueil pour un étranger! Quel peuple
La voix des peuples
Column Boulevard du Souverain 199 1160 Bruxelles Belgique
Une liberté et une autonomie souhaitable...
re National de théologie BASSE Jules Bienvenu | Grand Séminai oire) saint de Marie d’Anyama (Côte d’Iv
La mission aujourd’hui | Mélanges pour le centième anniversaire de Mgr Jan Van Cauwelaert “Je n’étais pas seul, ce sont les autres qui ont tout réalisé.” Mgr Jan Van Cauwelaert est sincère en répétant ces mots. L’évêque missionnaire centenaire a toujours partagé son élan avec ceux qui l’entouraient. Il a inspiré des milliers de personnes qui à leur tour se sont mises en marche, en Flandre, au Congo, dans le monde entier. La meilleure façon de rendre hommage à Mgr Jan Van Cauwelaert est de poursuivre son élan missionnaire. C’est pourquoi cet ouvrage avec une vingtaine d’articles historiques et journalistiques ainsi qu’exégétiques, ecclésiologiques, missiologiques, spirituels et théologiques, lardés d’une dizaine d’hommages personnels au centenaire, offre une vue d’ensemble de “la mission aujourd’hui”. Avec la contribution de Missio.
Dans nos précédentes contributions, nous avons parlé des caractéristiques typiques de l’homme moderne. L’homme moderne veut être libre. Il veut penser de manière autonome, indépendamment de toute autorité. Il s’attache à son développement personnel, individuel. Souvent, il ne tient pour vrai que ce qu’il peut observer. Cette autonomie de la pensée est certainement un acquis important et précieux. Nous ne pouvons pas l’écarter d’un revers de la main. Veillons cependant veiller à ne pas en faire une application dogmatique.
Chanteurs à l’étoile | Merci Cette année encore, de nombreux enfants de Belgique ont fait de l’Epiphanie une fête de la solidarité. Sonnant aux portes, ces Chanteurs à l’étoile ont chanté aux habitants la joie de la venue de Jésus pour le monde entier, non pas pour remplir leurs propres tirelires mais pour soutenir les projets de Missio. Grâce à eux , nous avons recueilli 33.526,73 €. MERCI!
L’homme est fondamentalement en recherche et ne cesse de progresser dans la pensée et l’action. Celui qui réfléchit activement à sa vie, voit qu’il y a toujours des domaines inexplorés, qui peuvent lui permettre de se développer davantage. Cette recherche requiert un certain courage. Dans le même temps, nous nous rendons compte que la liberté humaine est une liberté très relative. L’homme reste un être limité. Il est en outre déterminé, dans sa pensée et son action, par ses motivations inconscientes. Nous dépendons des autres pour notre propre développement. L’homme peut se connecter à l’Autre toute sa vie dans une liberté qui le dépasse. Un Autre qui est Dieu et qu’il peut appeler Père. L’homme peut ainsi déplacer son attention de lui-même aux autres, à l’Autre.
… mais en relation avec l’Autre et les autres
Le danger tient au fait que l’homme considère sa liberté individuelle de pensée et d’action et son autonomie comme une fin en soi. Une attitude qui, consciente ou non, risque de l’enfermer dans sa tour d’ivoire et de le rendre insensible au sort du reste de l’humanité. Or tout être humain a le droit de s’épanouir. Tel est précisément le propre de la pensée et de l’agir chrétien: briser l’isolement, accueillir l’autre, faire place au sein de la communauté à toute personne qui le désire. Ainsi, le Christ a-t-il accueilli le Père dans sa vie. Il a lui-même considéré le peuple avec le regard aimant de son Père. Et il nous invite à notre tour à nous ouvrir à l’autre, en particulier à celui qui, au sein de le communauté, est rejeté ou méprisé. Il n’y a aucune raison d’exclure quelqu’un de la société. Tous les humains, sans distinction, sont enfants de Dieu et méritent notre amour.
17 x 24 cm; 280 p. 24,95 euros En vente en librairie et chez l’éditeur Halewijn, Halewijnlaan 92, 2050 Antwerpen, www.halewijn.info
Michel Coppin sds directeur Missio Photo: Luc Vanherck
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OURS 12ième année Suara est un mot indonésien qui signifie voix. Suara veut être la voix des sans-voix et de tous les peuples qui crient dans le désert. Bien plus, il nous revient de donner la parole aux sans-voix.» Rédacteur en chef: Kenny Frederickx Rédaction finale: Armelle Griffon Ont collaboré: Emmanuel Babissagana, Michel Coppin, Catherine De Ryck, Kenny Frederickx, Armelle Griffon et Caroline Medats Photos: Beau Lark (Corbis), Fr. Ted, Jan Slangen, Pashazade; Charles Declercq, IHH, The Dandelion Community, ICAP at
Colombia University, EU Humanitarian Aid and Civil Protection, Boa Thien Nga, Andreas Solaro (Belga), Luc Vanherck en Jacques Van der Biest Directeur National: Michel Coppin Editeur responsable: Michel Coppin, Boulevard du Souverain 199, 1160 Bruxelles Missio est une organisation internationale de solidarité et d’échange entre communautés chrétiennes et de promotion des rencontres interculturelles et interreligieuses. Près de 130 pays sont reliés à Missio qui soutient plus de 1000 communautés chrétiennes locales.
Secrétariat National de Missio Boulevard du Souverain 199, 1160 Bruxelles Tél.: 02 679 06 30 info@missio.be IBAN: BE19 0000 0421 1012 BIC: BPOTBEB1 Il ne nous est pas permis de délivrer une attestation fiscale pour les versements effectués au bénéfice des projets pastoraux
Vous cherchez une belle croix de confirmation? Nous avons ce qu’il vous faut! Nos croix en bois d’olivier confectionnées chez les Bénédictines de Bethléem. Chaque que croix est unique, faite à la main et vendue au prix de 3€ pièce. Pour les commander, adressez-vous à: commandes@missio.be.
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Jacques Van der Biest | L’accueil de l’étranger, une chance pour nous! L’abbé Jacques Van der Biest est une figure bien connue à Bruxelles. Bruxellois lui-même, il réjouit les habitants par son franc-parler et son ardeur à prendre fait et cause pour ceux que la société délaisse. Apprécié dans les milieux chrétiens comme dans les milieux laïcs, il est parfois critiqué. Engagé auprès des plus pauvres, il l’est aussi auprès des sans-papiers et des demandeurs d’asile. Armelle Griffon
Missio: Qu’est-ce qui vous a amené à prendre fait et cause pour ces derniers? Jacques Van der Biest: J’ai été élevé par mes parents en situation de contact direct et immédiat avec des personnes défavorisées qui étaient très différentes de nous par le niveau de vie, l’âge, l’origine: pauvres personnes âgées, gitans. Mon père voulait habiter là (rue Gray à Etterbeek) pour rendre cette proximité possible. Mes parents nous ont éduqués dans le sens du partage (donner des jouets à St Nicolas, mais des jouets auxquels on tenait: il ne s’agissait donc pas de partager seulement le superflu). Dans mon ministère, il était donc naturel pour moi de m’intéresser à des gens sans abri. La ville pour moi, c’est une famille et une famille c’est la proximité. La proximité physique crée le contact. Et le contact crée la vie.
Missio: Mais pour un clandestin, c’est difficile de travailler Van der Biest: Oui parce que officiellement ils n’existent pas. Mais les patrons les recru-
Missio: On entend souvent dire que l’Europe ne peut pas accueillir toute la misère du monde. Êtes-vous d’accord? Van der Biest: A Lampedusa, le Pape François a répondu à cette question: on ne nous demande pas d’accueillir toute la misère du monde mais la misère de certaines personnes arrivées ici au péril de leur vie. Pour les accueillir il faut prendre en compte le décalage culturel entre nos pays et ceux des arrivants.
Missio: La Bible fait de l’accueil de l’étranger une règle fondamentale de la vie sociale Vous sentez-vous sur la même ligne? Van der Biest: Ce n’est pas seulement dans la Bible. Ce sont les nécessités de la vie ancienne qui ont été surmontées dès 40.000 ans avant JC (cf. Germaine Tillion, Le Harem et les cousins) par une structure familiale ouverte qui a rendu possible la vie errante des nomades qui dépendaient d’autres personnes là où ils arrivaient. D’où le développement d’une solidarité obligatoire. Aujourd’hui les occidentaux voyagent par plaisir et avec de gros moyens et non par nécessité ou avec les moyens du bord. Dans l’Antiquité, on n’avait pas de papiers.
“Il faut prendre en compte le décalage culturel entre nos pays et ceux des arrivants.” Missio: En quoi le fait d’être baptisé nous met-il en position d’accueillir l’étranger ou d’être accueilli par lui? Van der Biest: Le chrétien est d’abord un homme, donc un être de relation, et aussi un chrétien. Sans contact physique et direct il ne vivra pas. Par la foi, cette vérité peut avoir une portée universelle comme nous le montrent Abraham et Jésus en voyageant constamment et en étant accueillis et accueillants. Notre cœur, notre conscience nous permet de prendre la mesure de l’amour de ceux qui nous entourent. Globalement L’Église s’investit beaucoup et les chrétiens accueillent plutôt bien les musulmans, par exemple.
“Quand ils arrivent, les gens ne comprennent rien à notre organisation.” Missio: Que ressent-on quand on arrive dans un pays, non pas par choix mais par nécessité, et qu’on voit toutes les portes se fermer? Van der Biest: Les gens n’en disent pas grand-chose: ils arrivent en “terra incognita” et ils ne comprennent rien à notre organisation. Même après des années ils ont un étonnement perpétuel devant notre bureaucratie, les formulaires à remplir. Ou bien ils tirent le maximum des aides en considérant que c’est un régime de gratuité (normal pour ceux qui venaient de pays communistes où l’état pourvoit à tout). Ou bien ils essaient de comprendre comment nous fonctionnons. Ceux qui comprennent s’intègrent mieux. Il faudrait une politique d’inculturation (langue, coutumes), comme cela se fait dans les pays scandinaves mais aussi en région flamande. Missio: Quelles sont les principales difficultés que rencontrent ces personnes? Van der Biest: D’abord l’incompréhension face à leur situation: centres d’hébergements, formulaires à n’en plus finir, le tout sans réelle explication. Il y a aussi le problème de la pauvreté. La difficulté est de pouvoir vivre décemment et pas seulement survivre. Les logements qu’on leur attribue sont souvent au-dessous des standards courants ici. Mais ils ne s’en rendent pas compte. Les clandestins ne comprennent pas toujours que la seule source de revenus pour nous, c’est le travail. Pour certains, la mendicité est une façon comme une autre de se procurer de l’argent.
tent quand même à condition qu’ils soient transparents. Tout ça pourrait se régler. Le problème est que nous nous demandons surtout à quoi ils peuvent nous servir.
Missio: Comment se fait-il que ce sens de l’hospitalité se soit perdu en Occident? Van der Biest: Parce que, pour les gens, il ne semble plus indispensable d’accueillir l’étranger pour vivre, se développer. Mais ils se trompent en pensant qu’on s’en tirera avec le chacun pour soi. Et l’Évangile peut servir à un retournement des mentalités. Ce que le Christ a fait doit intéresser les gens. Personnellement je suis plein d’espoir.
“Nous ne mesurons pas la richesse appportée par les étrangers.”
Photo: Foto: Jacques Van der Biest
Missio: Bruxelles est devenue une ville très cosmopolite, rassemblant des étrangers “de luxe” et des étrangers fragilisés. Ce brassage est-il une menace ou une chance? Van der Biest: Nous ne mesurons pas la richesse apportée par les étrangers. C’est vraiment une chance. Il y a ainsi à Bruxelles des appartenances chrétiennes très différentes qui nous aident à comprendre les différentes manières de vivre sa foi. La ville est le lieu de foi par excellence.