Le magazine engagé des étudiants
Union Nationale des Étudiants de France n°281 Janvier-Février 2008 2 euros
Étudiants de France
Contre la précarité : un statut social pour tous !
Du 25 mars au 4 avril, élections au CROUS
50% d’étudiants salariés, bourses versées sur 9 mois et d’un montant maximal de 400 euros, loyers en augmentation exponentielle, discriminations des étudiants étrangers… La situation sociale des étudiants ne cesse de se dégrader et les étudiants n’ont le choix aujourd’hui qu’entre dépendance familiale ou précarité des petits boulots pour financer leurs études. Le pouvoir d’achat étudiant est en chute libre et les difficultés financières sont devenues la première cause d’arrêt des études ! Après un 1er semestre de confrontation, les étudiants ont exprimé leur malaise et leur rejet de la précarité. Et pourtant le gouvernement ne prend pas de mesure d’ampleur pour améliorer la situation sociale des étudiants. Les élections au CROUS ont donc une importance particulière. Elles auront pour enjeu d’interpeller le gouvernement sur la baisse du pouvoir d’achat des étudiants et serviront aussi dans les urnes de référendum pour l’obtention d’un véritable statut social de l’étudiant : mettre en place une allocation d’autonomie, assurer un accès au logement, aux transports, à la restauration, à la culture, à la santé pour tous les étudiants !
Travailler plus... pour réussir moins ? 1 étudiant sur 2 est obligé de se salarier pour financer ses études car le système de bourses est totalement obsolète : insuffisantes, les bourses sont aussi inadaptées car calculées en fonction des revenus des parents et pas des étudiants. Pire, le système est totalement injuste, car par le biais de la demie part fiscale (exonération d’impôts accordée aux parents qui ont des enfants dans l’enseignement supérieur), l’Etat accorde plus aux familles qui ont le plus de revenus qu’à celles qui sont en difficultés financières.
A la précarité à laquelle on tente de nous soumettre, l’UNEF oppose un projet alternatif
Une allocation
Bilan de deux années de travail fl Construction de 42 000 logements en cité U et rénovation de 55 000 chambres d’ici à 2012
fl Maintien de la bourse en cas de redoublement
fl Augmentation du nombre de boursiers (50 000 supplémentaires à la rentrée 2008)
d’autonomie pour tous les étudiants
L’UNEF propose une véritable alternative au système de bourses actuel inefficace, injuste et insuffisant. Nous demandons la mise en place d’une allocation d’autonomie !
fl Création d’un 6ème échelon
Cette allocation d’autonomie doit être :
fl La
fl Pour tous car chaque jeune en formation ou en insertion y aura droit fl Calculée en fonction de la situation propre de l’étudiant et non celle de ses parents fl D’un montant suffisant pour qu’aucun jeune ne soit obligé de se salarier pour financer ses études
de bourse suppression de l’Autorisation Préalable de Travail et droit de travailler 21h par semaine (au lieu de 17h30) pour les étudiants étrangers
Des mesures immédiates pour répondre à l’urgence sociale
L’égalité des droits entre
L’accès au logement indépendant est le premier pas vers l’autonomie. L’UNEF, en s’appuyant sur les avancées déjà obtenues, exige un plan national pour le logement étudiant :
Pour lutter contre la baisse du pouvoir d’achat, des mesures immédiates doivent être mises en place . L’UNEF demande :
Les étudiants étrangers font face à une véritable politique de discrimination.
fl La revalorisation des aides au logement
fl L’augmentation du nombre et du
Un droit au logement pour tous les étudiants
UN STATUT SOCIAL POUR TOUS (APL, ALS) et le versement des aides dès le premier mois
fl La suppression de la taxe d’habitation pour tous les étudiants
fl La généralisation du cautionnement solidaire (Locapass) à tous les étudiants
montant des bourses
fl Un 10ème mois de bourse versé dès septembre
fl Accès aux bourses du CROUS pour tous les étudiants qui en sont privés (IFSI, écoles d’archi ou d’art, grandes écoles…)
étudiants français et étudiants étrangers
Nous demandons donc :
fl Ouverture du système d’aides sociales pour les étudiants étrangers
fl Délivrance de la carte de séjour pour
un cycle d’études (et non pour une année)
fl Une carte d’étudiant doit donner
lieu à une carte de DANGER systématiquement séjour DÉFENDONS LA LAÏCITÉ. SIGNONS L’APPEL !
ELECTIONS AU CROUS : DECOUVREZ LE PROJET DE L’UNEF POUR LES ÉTUDIANTS INTERVIEW CAROLINE FOUREST, MILITANTE FÉMINISTE
Leader français de la diffusion d’abonnements presse au monde de l’éducation, l’OFUP a pour ambition d’enrichir les connaissances des étudiants, de valoriser leurs compétences et d’améliorer leur qualité de vie.
Coxinélis
C’est pourquoi l’OFUP propose plus de 370 titres à des prix spécialement négociés auprès des éditeurs pour les étudiants, les lycéens et les enseignants.
La presse réservée a u m o n d e d e l ’é d u c a t i o n
Edito
Sommaire
Actus
6
• Changement dans le calcul des bourses • L’UNEF obtient la construction de 40 000 nouveaux logements étudiants
8
7 Actus Pour une retraite solidaire
Dossier spécial CROUS A quelques jours des élections des représentants étudiants au CROUS, découvre dans un dossier complet de 20 pages le projet de l’UNEF pour améliorer la situation sociale des étudiants. Pour comprendre le projet de statut social, d’allocation d’autonomie ou encore les améliorations à apporter au logement étudiant ou à la restauration universitaire, rendez-vous page 8 !
Denrées alimentaires, énergie, loyers…les prix ne cessent d’augmenter rendant les fins de mois toujours plus difficiles. A cela s’ajoute l’augmentation de l’inscription à la fac et les frais de sécu. Le gouvernement refuse de prendre la mesure de la situation, et ne consent toujours pas à la moindre mesure pour améliorer le pouvoir d’achat des étudiants depuis la rentrée... alors qu’il a voté 15 milliards de cadeaux fiscaux pour les plus riches. Pire, la réforme des bourses de Valérie Pécresse, très insuffisante, risque d’entraîner la baisse ou la suppression de l’aide de plusieurs milliers d’étudiants. Dans ce contexte, les élections au CROUS, qui concernent l’ensemble des étudiants de France, seront un outil pour faire passer un message fort. L’UNEF s’appuiera sur ces élections pour démontrer que les étudiants attendent des mesures fortes afin de sortir de la précarité des petits boulots et de la dépendance familiale, et pour sanctionner les politiques du gouvernement. Alors du 25 mars au 4 avril avril, n’oublie pas de voter UNEF pour les élections au CROUS. Jean-Baptiste Prévost, Président de l’UNEF
30
LMDE : leurs propositions pour la santé des étudiants
26 Entretien Caroline FOUREST, féministe engagée
Etudiants de France n°281 • Janvier-Février 2008 Une publication de l’UNEF • CP 0505 G 83184 • ISSN 1153-4397 • Prix : 2 euros • Bureau national : 112, Boulevard de la Villette - 75019 Paris • email : communication@unef.fr • Directeur de la Publication : Jean-Baptiste Prevost • Rédactrice en chef : Mila Jeudy • Comité de rédaction : Gabriel Szeftel, Quentin Guillemain, Lucile Jamet, Juliette Griffond, Sophie Binet, Jonathan Halimi, Hélène Pasquier, Camille Miclot, Damien Ramage • Ont participé à ce numéro : Mickaël Zemmour, Karl Stoeckel, Lucas Jourdain • Conception maquette : Mila Jeudy • Impression : Imprimerie Grenier RCS Créteil B 622.053.189. • Service abonnement : 01 42 02 25 55 ou contact@unef.fr
Etudiants de France n°280 • Novembre-Décembre 2007
ACTUS NATIONALES
Mémento
L’UNEF fait reculer le gouvernement sur l’augmentation des droits d’inscription
N’oubliez pas de faire votre demande de bourse avant le 30 avril ! La demande se fait par l’intermédiaire du Dossier Social Étudiant qui regroupe les demandes de bourses sur critères sociaux et sur critères universitaires et (ou) les demandes de logement d’un étudiant, pour toute la France, en un seul dossier qui peut comporter 4 voeux. La demande doit être faite par internet à partir du 15 janvier et avant le 30 avril dans l’académie fréquentée. Les étudiants non scolarisés déposent leur dossier dans l’académie où résident leurs parents. Les demandes pour les académies extérieures sont automatiquement transmises par le CROUS. Pour constituer votre dossier, rendez-vous donc sur le site du CROUS de votre académie ou directement dans les antennes du CROUS existant sur votre lieu d’étude. Les modalités précises de la demande, les conseils pour une connexion efficace et rapide, sont à la disposition des étudiants dans les établissements scolaires ou universitaires, au CROUS et dans les CLOUS, dans les cités et résidences universitaires. Les réponses aux demandes sont connues fin juin-début juillet. Pour les étudiants qui ne peuvent prétendre à une bourse du Ministère de l’Éducation Nationale (établissement sous tutelle du Ministère de la Santé, de la Culture, de l’Industrie, etc…) le DSE doit être constitué seulement pour la demande de logement. Plus d’informations : crous.fr Pour tout problème ou question : contact@unef.fr
1er épisode : Dauphine renonce à augmenter ses droits d’inscriptions Le Président de l’université Paris 9 Dauphine (université à statut dérogatoire lui permettant de sélectionner ses étudiants) a annoncé début février son souhait de prélever une « contribution complémentaire » des étudiants, s’élevant à 800€ en moyenne. L’UNEF a aussitôt dénoncé une réforme injuste, dangereuse et surtout illégale et a exigé que la Ministre fasse respecter la loi. Saisi par Valérie Pécresse le conseil d’Etat a très clairement rappelé Paris 9 à l’ordre. Le conseil d’administration de Dauphine, au lieu de voter des frais complémentaires applicables dès 2008, a donc simplement proposé d’engager une discussion sur la réforme avec le ministère…Le message est clair : les étudiants feront barrage à toute tentative d’augmentation des droits d’inscriptions.
2ème épisode : Roselyne Bachelot renonce à faire payer les étudiants Le 28 février, Roselyne Bachelot, ministre de la santé, de la jeunesse et des sports, a présenté un « plan santé jeunes » prévoyant d’augmenter les droits d’inscriptions de 3 à 6 euros par an pour développer la médecine préventive universitaire. S’il est positif de faire évoluer les MPU en véritables centres de soins étudiants, il est en revanche inacceptable que l’argent nécessaire soit prélevé dans la poche des étudiants. Suite à la protestation de l’UNEF, le ministère a donc rétro pédalé, souhaitant « lever une ambiguité » en expliquant que le plan santé jeune sera « intégralement financé par l’Etat et l’assurance maladie ». Qui a dit que les étudiants ne faisaient pas peur ?
Réforme de la première année de médecine : un manque d’ambition criant Pour lutter efficacement contre l’échec qui sévit en 1ère année de médecine,
Etudiants de France n°281 • Janvier-Février 2008
V.Pécresse et R.Bachelot manquent complètement d’ambition. Alors qu’il faut s’attaquer à une réforme du concours (les sciences humaines doivent tenir une place plus importante), augmenter le numerus clausus et multiplier les passerelles vers d’autres filières à l’issu de la 1ère année, la seule proposition du ministère est une réorientation forcée à l’issu du 1er semestre de médecine. Quant au numérus clausus, il n’est pas même évoqué par les ministres.
ACTUS NATIONALES
LIGNE JAUNE
Signez l’appel laïque ! Suite aux nombreuses remises en cause de la laïcité par le Président de la République, l’UNEF et de nombreuses organisations lancent «l’appel laïque»... A de nombreuses reprises, notre Président ordonné depuis peu chanoine honoraire de la basilique st Jean de Latran à Rome - a remis en cause la loi de 1905 en exprimant en tant que chef de l’Etat ses convictions religieuses. L’UNEF, comme de très nombreuses organisations et personnalités se mobilise pour rappeler les principes fondamentaux de la république en lançant un appel laïque : « Les organisations et personnalités signataires rappellent solennellement que, selon l’article 1er de la Constitution, la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Ces quatre termes indissociables définissent des principes qui s’imposent à tous, au premier rang desquels le Président de la République. Or, les déclarations récentes de Monsieur Sarkozy, mêlant ses convictions personnelles et sa fonction présidentielle, portent atteinte à la laïcité de la République. La mise en cause de ce principe constitutionnel indispensable à la paix civile est inacceptable. Depuis 1905, grâce à la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat, la République assure à chaque citoyen la liberté de conscience, garantit sa liberté de croire ou de ne pas croire et de pratiquer le culte de son choix, de n’en pratiquer aucun ou de pouvoir en changer. Elle permet ainsi de vivre ensemble, dans le respect de chacun, quels que soient ses origines, ses choix philosophiques ou ses convictions religieuses. Dans notre République et notre société multiculturelle, la diversité doit être richesse et non source de conflit. Pour cela, la laïcité, assurant l’égalité en droit des citoyens dans le respect des lois de la
République, permet à la fois l’expression du pluralisme des convictions et la recherche de valeurs communes pour construire une communauté de destin. Dans un monde aujourd’hui global et de plus en plus complexe, où se multiplient les voies d’accès à l’information et aux connaissances, et où explose la médiatisation des événements et de la pluralité des représentations du monde, seule la laïcité permet l’émancipation de tous en favorisant le libre accès au savoir et à la culture et le discernement de chacun pour un libre choix de vie, par une démarche rationnelle et critique faisant toute leur place au doute, à l’imagination et à la créativité. C’est pourquoi, les organisations et personnalités signataires s’opposeront à toute tentative qui mettrait, de fait, en cause la laïcité par une modification du contenu de la loi de 1905. A l’heure où nos concitoyens éprouvent des difficultés et des inquiétudes croissantes, elles les appellent à promouvoir la laïcité comme une exigence partagée avec la ferme volonté de bâtir ensemble une société où la justice sociale assurera, quotidiennement, pour toutes et pour tous, la liberté, l’égalité et la fraternité. » Cet appel a déjà été signé par plus de 130 000 personnes et 150 organisations (syndicats, associations…) différentes. Premiers signataires : UNEF, CGT, UNSA, CFDT, FSU, UNL, Solidaires, Ligue de l’enseignement, Animafac, LDH, FCPE, Léo Lagrange, Céméas, Francas, CMJCF (conférération des maisons des jeunes et de la culture de France), Eclaireuses et
Eclaireurs De France, Planing Familial, MRAP…. Signer l’appel : www.unef.fr
Laïcité : Nicolas Sarkozy persiste et signe - Latran (Rome), le 20 décembre 2007 : «Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur même s’il est important qu’il s’en rapproche parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance». - Riyad, le 14 janvier 2008, Nicolas Sarkozy célèbre un «Dieu transcendant qui est dans la pensée et dans le coeur de chaque homme», «Dieu qui n’asservit pas l’homme mais le libère». - Dîner annuel du CRIF, le 13 février 2008 «Le drame du XXe siècle n’est pas né d’un excès de l’idée de Dieu, mais de sa redoutable absence»
Etudiants de France n°281 • Janvier-Février 2008
ACTUS NATIONALES
ATTENTION
Changement dans le calcul des bourses Plusieurs milliers d’étudiants vont voir leur bourse baisser l’année prochaine.
S
uite à la mobilisation, les étudiants ont obtenu la création de 100 000 bourses échelon 6 dès le mois de janvier ! Ces étudiants verront leur bourse revalorisée de 19€ par mois soit 161€ par an. Cette mesure, arrachée par les étudiants, va dans le bon sens mais concerne encore un nombre trop limité d’étudiants et reste bien en deçà des besoins, dans un contexte de baisse continue du pouvoir d’achat étudiant depuis plusieurs années.
Changement de calcul des bourses : des mesures d’apparence technique qui vont baisser l’aide de certains étudiants Malgré cela, sous couvert de «simplification» du système, le Ministère de l’Enseignement Supérieur a décidé de supprimer certains critères d’attributions prenant en compte la situation individuelle de l’étudiant (les « points de charge ») et qui permettaient d’adapter le montant de la bourse en fonction de la situation propre de l’étudiant, et notamment les points handicap et parents isolés. Sous la pression des étudiants, la prise en compte de l’éloignement entre le lieu d’étude et le domicile familial a été maintenue, mais
Si votre bourse baisse suite à la réforme, rendez-vous sur unef.fr pour vous faire recencer. diminuée de moitié (1 à 2 points au lieu de 2 à 4).De ce fait plusieurs dizaines de milliers d’étudiants risquent de voir leur bourse baisser à la rentrée prochaine. A titre d’exemple un jeune, étudiant à 40km de son domicile et dont la famille a un revenu brut global de 20 000€ percevra 704€ de moins pour l’année universitaire 2008-2009. De même, un étudiant en situation de handicap dont les parents ont un revenu brut global de 13 500€ perdra 2 points liés au handicap et percevra en 2008-2009 1171€ de moins qu’avec l’ancien barème, soit une baisse de 130€ par mois.
L’UNEF se bat pour faire reculer le gouvernement Depuis le mois de janvier l’UNEF recense les cas d’étudiants pénalisés par la réforme et a rendu public ce scandale en alertant la presse et les étudiants. Le 19 janvier, l’UNEF a écrit à Valérie Pécresse afin d’obtenir le rétablissement immédiat de l’ensemble des critères supprimés. A ce jour elle n’a toujours pas obtenu de réponse. L’UNEF continue de se battre pied à pied pour qu’aucun étudiant ne voit baisser sa bourse à la rentrée prochaine suite à cette réforme. Mickaël Zemmour
LOGEMENT
L’UNEF obtient 40 000 nouvelles chambres Grâce à sa campagne choc, l’UNEF a gagné 620 millions d’euros pour le logement étudiant.
A
lors que le député Anciaux allait rendre son rapport, l’UNEF a fait le choix de lancer une campagne de pétition pour s’assurer que ce rapport ne soit pas un nouveau rapport pour rien, mais soit bien suivi de mesures d’ampleur. La campagne de l’UNEF dénonce la situation du logement étudiant, responsable de la précarisation des étudiants et de leur dépendance vis-à-vis de leurs parents, en mettant en avant 2 chiffres : 80% des étudiants qui habitent chez leurs parents le font par obligation et le loyer représente 50% du budget étudiant. Pour l’UNEF, le levier prioritaire est la construction de logements en cités U. En effet, alors que dans les années 60, il y avait 100 000 chambres en cité U pour 200 000 étudiants, il n’y en a que 155 000 aujourd’hui pour 2,2 millions d’étudiants, soit moins de 7% d’étudiants hébergés en cité U. Grâce à la mobilisation des étudiants autour de la campagne de l’UNEF « exigeons 1 milliard d’euros pour les cités-U » jusqu’en 2014, nous avons obtenu que la ministre annonce un engagement de 620 millions d’euros jusqu’en
2012. C’est une avancée importante car pour la première fois, l’annonce de construction s’accompagne d’engagement budgétaire. Le montant annoncé permet de construire 40 000 chambres supplémentaires et d’en rénover 55.000, dont 5000 ouvertes aux étudiants dès la rentrée prochaine ! De plus, alors que Valérie Pécresse avait plusieurs fois souhaité revoir les critères d’attribution des aides au logement (APL, ALS) afin d’en limiter les bénéficiaires, cette réforme est, face à l’opposition ferme de l’UNEF, restée dans les tiroirs. Beaucoup reste encore à faire pour permettre à tous d’accéder à un logement indépendant (exonération de la taxe d’habitation pour tous, revalorisation des aides, maîtrise des loyers). L’UNEF sera particulièrement vigilante pour que les engagements soient tenus, et pour que des terrains et bâtiments soient mis à disposition. Les élections au CROUS doivent permettre d’adresser un message clair : les étudiants exigent un droit au logement effectif et sauront s’organiser pour l’obtenir. Camille Miclot
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ACTUS NATIONALES
SOLIDARITÉ
Pour une retraite solidaire Dès le mois d’avril, des négociations vont s’ouvrir sur l’avenir de notre système de retraites. Les jeunes étant les premiers concernés, l’UNEF s’investit aux côtés des syndicats pour défendre une retraite solidaire. Pour une retraite par répartition Le système actuel, fondé sur la solidarité, assure aujourd’hui à tous, l’accès de tous à une vie après le travail. Ce « troisième âge » autrefois plongé dans la misère en a été sorti grâce au système de retraites par répartition. Ainsi, grâce au progrès technique, social et sanitaire, l’espérance de vie s’est élevée, donnant une réalité à ce nouvel âge de la vie pour l’ensemble de la population. Alors que la génération du baby boom arrive à l’âge de la retraite, le contexte économique et social a changé. D’abord, la richesse nationale n’a jamais été aussi élevée. Ensuite, le rapport entre actifs et retraités a diminué. En l’état, cela provoque un déséquilibre, avec une augmentation des dépenses, liée à l’allongement de la vie. Pour rééquilibrer le système, 3 paramètres sont ajustables : la durée de cotisation, le niveau des retraites, et le niveau des cotisations. Les gouvernements successifs se bornent à jouer sur la durée de cotisation, en allongeant le nombre d’années nécessaires à l’acquisition d’une retraite à taux plein. La durée de cotisation est ainsi passée depuis 1993 pour le privé, et 2003 pour le public de 37,5 annuités à 40, et le gouvernement a déjà annoncé sa volonté de passer maintenant à 41 ou 42 annuités. Alors que les personnes de plus de 55 ans ont de plus en plus de difficultés à trouver un emploi, l’allongement de la durée de cotisation entraîne d’abord une baisse du niveau des pensions, de nombreux salariés partant atteignant l’âge de la retraite sans avoir réussi à côtiser 40 ans. A l’opposé de la logique d’individualisation des risques liés à la vieillesse, l’UNEF affirme la
nécessité de mutualiser les risques et les coûts qui doivent reposer alors sur la collectivité et sur la solidarité entre les toutes les générations.
La jeunesse en première ligne Plus que les retraités d’aujourd’hui, les choix qui sont à l’œuvre en ce moment engagent les générations à venir. Ainsi, le recul de l’âge auquel les jeunes occupent un emploi stable (27 ans en moyenne) doit être pris en compte dans la réflexion sur les retraites, car la précarité salariale actuelle ne permet plus à un jeune de cotiser pleinement dans ces premières années, et retarde ainsi d’autant l’âge effectif de la retraite. De plus, l’allongement de la durée de la formation initiale fait reculer d’autant l’âge de la retraite. Puisque l’objectif de la formation du plus grand nombre est partagée (M. Fillon a déclaré vouloir avoir 50% d’une génération au niveau licence et un quart titulaire d’un master), il faut prendre en compte cette donnée dans la réflexion sur l’âge de la retraite. Aussi, l’UNEF réclame la prise en compte des années d’études dans le calcul des retraites, afin de ne pas pénaliser le fait de faire des études. Car cela répond non seulement aux besoins économiques d’une main d’œuvre toujours plus qualifiée, mais répond également à l’objectif d’émancipation individuelle et collective portée par l’UNEF. Parce qu’il s’agit bien d’un choix de société, la question des retraites ne doit pas être déconnecter des questions de pouvoir d’achat et d’âges de la vie. Plus encore que pour les générations aujourd’hui proches de l’âge de la retraite, la jeunesse d’aujourd’hui sera
pleinement « bénéficaire » (ou « victime ») des choix faits dans les semaines et mois à venir. Aussi, plus que jamais, l’UNEF s’investira dans toutes les discussions, pour y porter la voix de la jeunesse. Lucas Jourdain
Initiative jeunes et retraites Le 15 février dernier, était organisé par la CGT, un échange avec l’UNEF, la JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne), la Fédération Syndicale Unitaire (FSU) et la CFTC, sur le thème des jeunes et de la retraite. En présence notamment de Bernard Thibault, Secrétaire Général de la CGT, de Inès Minin, présidente de la JOC, de Jean-Baptiste Prévost, Président de l’UNEF, et de Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU, et avec quelques 350 participants, c’est d’abord l’inquiétude qui s’est exprimée quant aux projets du gouvernement d’allonger la durée de cotisations et de valoriser le système de capitalisation.
Etudiants de France n°281 • Janvier-Février 2008
petits boulots pour financer leurs études
Le pouvoir d’achat étudiant est en ch cause d’arrêt des études ! Après un 1e et leur rejet de la précarité. Et pourtant situation sociale des étudiants.
Les élections au CROUS ont donc une impor sur la baisse du pouvoir d’achat des étud d’un véritable statut social de l’étudia logement, aux transports, à la restaurati
Travailler plus... pour réussir moins ?
1 étudiant sur 2 est obligé de se salarier pour financer ses études car le sy obsolète : insuffisantes, les bourses sont aussi inadaptées car calculées parents et pas des étudiants. Pire, le système est totalement injuste, ca fiscale (exonération d’impôts accordée aux parents qui ont des enfants d l’Etat accorde plus aux familles qui ont le plus de revenus qu’à celles qui s
A la précarité à laquelle on tente de nous soum oppose un projet alternatif
Une allocation d’autonomie pour tous l
L’UNEF propose une véritable alternative au système de bourses actuel ine Nous demandons la mise en place d’une allocation d’autonomie ! Cette allocation d’autonomie doit être :
fl Pour tous car chaque jeune en formation ou en insertion y aura droit fl Calculée en fonction de la situation propre de l’étudiant et non c fl D’un montant suffisant pour qu’aucun jeune ne soit obligé de se sal
Contre la précarité, UN STATUT SOCIAL POUR TOUS Un droit au logement pour tous les étudiants
Des mesures im répondre à l’urgen
L’accès au logement indépendant est le premier pas vers l’autonomie. L’UNEF, en s’appuyant sur les avancées déjà obtenues, exige un plan national pour le logement étudiant :
Pour lutter contre la d’achat, des me doivent être mises demande :
fl La revalorisation des aides au logement
fl L’augmentatio
(APL, ALS) et le versement des aides dès le premier mois
fl La suppression de la taxe d’habitation pour tous les étudiants
fl La généralisation du cautionnement
montant des bou
fl Un 10ème moi dès septembre
fl Accès aux bours
tous les étudi privés (IFSI, éco grandes écoles…
ELECTIONS AU CROUS : DECOUVREZ LE PROJET DE L’UNEF POUR LES ÉTUDIANTS solidaire (Locapass) à tous les étudiants
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s.
hute libre et les difficultés financières sont devenues la première er semestre de confrontation, les étudiants ont exprimé leur malaise t le gouvernement ne prend pas de mesure d’ampleur pour améliorer la
rtance particulière. Elles auront pour enjeu d’interpeller le gouvernement diants et serviront aussi dans les urnes de référendum pour l’obtention ant : mettre en place une allocation d’autonomie, assurer un accès au ion, à la culture, à la santé pour tous les étudiants !
Bilan de deux années de travail
stème de bourses est totalement s en fonction des revenus des ar par le biais de la demie part dans l’enseignement supérieur), sont en difficultés financières.
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efficace, injuste et insuffisant.
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logements en cité U et rénovation de 55 000 chambres d’ici à 2012
suppression de l’Autorisation Préalable de Travail et droit de travailler 21h par semaine (au lieu de 17h30) pour les étudiants étrangers
L’égalité des droits entre
étudiants français et étudiants étrangers
Les étudiants étrangers font face à une véritable politique de discrimination. Nous demandons donc :
fl Ouverture du système d’aides sociales pour les étudiants étrangers
fl Délivrance de la carte de séjour pour
un cycle d’études (et non pour une année)
fl Une carte d’étudiant doit donner systématiquement lieu à une carte de
séjour
pour un statut social, votez unef ! Du 25 mars au 4 avril prochain, tous les étudiants vont élire, académie par académie, leurs représentants au sein des Conseils d’Administration des CROUS. Seul scrutin à l’échelle nationale, ce vote intervient alors que la question de la baisse du pouvoir d’achat et de la hausse de la précarité chez les jeunes est au coeur de l’actualité. Découvrez dans ce dossier spécial le projet de l’UNEF pour améliorer la situation sociale des étudiants. Etudiants de France n°281 • Janvier-Février 2008
DOSSIER DU MOIS
Dépo un pr cultu
LE CROUS
a quoi ça sert ? comment ça marche ? Du 24 mars au 4 avril, les 2,2 millions d’étudiants vont voter pour désigner leurs représentants et le projet qu’ils souhaiteraient voir défendu dans les CROUS. Zoom sur cet instance essentiel.
Fonctionnement des CROUS Centre National des Oeuvres Universitaires et Scolaires (CNOUS) 8 étudiants y siègent
Centre Régional des Oeuvres Universitaires et Scolaires (CROUS) 7 étudiants siègent à son Conseil d’Administration. Il y en a 28 en France, soit un par académie.
Commission d’attribution de l’allocation unique d’aide d’ugence
Commission Cultur’Action
Il y a aujourd’hui 28 CROUS, soit un par académie. La gestion quotidienne est assurée par un directeur à la tête de l’administration et du personnel. Chaque CROUS est doté d’un conseil d’administration au sein duquel siègent 7 élus étudiants. Ce conseil d’administration définit les orientations du CROUS, le budget, les tarifs, etc. C’est lui aussi qui décide des rénovations et des constructions des cités U, de restaurants et du soutien des initiatives et projets associatifs. Le CA se réunit au minimum 3 fois par an.
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Etudiants de France n°281 • Janvier-Février 2008
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DOSSIER DU MOIS
Trouve r chamb une re e n cité U
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Le rôle des élus étudiants Les élus étudiants qui siègent dans les CA du CROUS ont un rôle fondamental. En effet, ils ont la possibilité d’intervenir à tout moment dans l’élaboration des projets afin de faire respecter l’intérêt des étudiants ou faire tout simplement des propositions. Leur rôle tend d’ailleurs à se renforcer depuis la mise en place d’une vice-présidence étudiante dans chaque CA du CROUS. Les étudiants siègent également dans l’ensemble des commissions thématiques qui traitent des différentes missions du CROUS, notamment celles qui attribuent l’allocation unique d’aide d’urgence.
Les missions universitaires
des
oeuvres
Les CROUS, c’est le service public de la vie étudiante.Les CROUS ont quatre missions essentielles : l’aide sociale, le logement, la restauration et la culture. 1ère mission : l’aide sociale Les CROUS gèrent l’attribution des bourses et leur versement. Ils attribuent également d’autres sortes d’aides comme les aides d’urgence, les allocations d’études ou encore les prêts d’honneur ou les bourses au mérite.
Enfin, les CROUS s’occupent des bourses des étudiants étrangers de certains pays. L’attribution des aides est chapeautée par des commissions dans lesquelles siègent les élus étudiants. 2ème mission : le logement universitaire Les CROUS gèrent les résidences et les cités universitaires. C’est par exemple le CA du CROUS qui vote chaque année le montant des loyers, décide des plans de rénovations ou de constructions. Les élus UNEF se battent contre l’augmentation des loyers et ont ainsi obtenu un plan de construction et de rénovation des chambres en cités U (voir article sur le logement p.6).
Autre problème : de nombreux sites universitaires délocalisés n’offrent aucune restauration universitaire. L’intervention des élus étudiants est dans ces cas-là essentielle afin d’obtenir l’ouverture de nouveaux restaurants universitaires ou pour proposer des solutions alternatives avec les cantines scolaires par exemple.
Les CROUS, c’est le service public de la vie étudiante.
3ème mission : la restauration Les CROUS gèrent les restaurants universitaires et un grand nombre de cafétérias. Le rôle des resto U étant de fournir aux étudiants un repas équilibré à moindre coût, leur gestion est fondamentale. Malheureusement, l’Etat se désengage progressivement de leur financement se qui se traduit par une hausse du coût du repas chaque année. L’UNEF mène à ce sujet une bataille pour le retour à la parité Etat-étudiant dans le financement des RU.
4ème mission : le développement de la culture à l’université
Le CROUS comprend une commission Cultur’Action, souvent présidée par un étudiant. Cette commission va s’occuper des projets culturels et donc du développement de la culture dans les universités. Composée des services culturels du CROUS, des universités et de l’académie, elle aide au financement des projets culturels étudiants comme l’organisation de concerts, d’expos, de conférences, etc. Le financement accordé n’est jamais intégral mais peut permettre de boucler les projets. Les CROUS disposent également d’un fond d’animation qui sert souvent à financer des activités en résience comme par exemple des soirées. Ils organisent également divers concours par an (photo, nouvelles, BDs, etc.).
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Pré
n e f m e Bo rité DOSSIER DU MOIS
Bilan
de deux ans de travail
En s’appuyant sur le rapport de force construit au quotidien et lors des précédentes élections au CROUS, l’UNEF a pu obtenir des avancées concrètes pour les conditions d’études et de vie, au niveau national et au niveau local.
Les victoires nationales Aides sociales
Logement
® Le maintien de la bourse en cas de redoublement ® L’extension des bourses sur critères sociaux aux étudiants de Master 2 ® La création de 50 000 bourses supplémentaires dès septembre 2008
® Le Cautionnement solidaire (Locapass) pour les étudiants boursiers et salariés ® Le déplafonnement de l’aide au logement (ALS) en résidence universitaire rénovée
Pouvoir d’achat ® La suppression des frais d’inscription illégaux ® Le doublement des bourses pour les étudiants en IFSI entre 2004 et 2007 ® Le doublement des bourses de mobilité pour partir étudier à l’étranger
des L’augmentation aides sociales : s bourses L’augmentation de bre 2007 et la de 2.5% en octo 000 bourses création de 100 échelon 6
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Etudiants étrangers ® L’accès à la sécurité sociale pour les étudiants étrangers
Handicap
Un premier plan pour le logement étudiant : L’UNEF a obtenu un plan de construction et de rénovation du logement étudiant avec une enveloppe budgétaire de 620 millions d’euros.
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® La généralisation des chambres pour étudiants en situation de handicap dans les cités-U
Culture ® L’augmentation des aides aux projets culturels étudiants (cultur’action)
Au quotidien ® La défense de milliers de dossiers individuels pour l’accès aux bourses et au logement étudiant
Des droits pour le s étudiants étranger s: Le droit de trava iller 21h par sem aine (au lieu de 17h30) sans autorisation préalable et l’ouv er ture de l’aide unique d’urgence du CROUS aux étudiants étrang ers
DOSSIER DU MOIS
Les victoires locales à généraliser Rouen : ouverture du dispositif d’exonération des
Lyon : création
frais d’inscription pour les étudiants étrangers
de 2000 chambres CROUS supplémentaires et ouverture d’un centre d’hébergement temporaire pour les situations d’urgence
Ile de France : Mise en place de la carte Imagin’R
Créteil : remboursement à 50% de la carte de transport par les départements du 93 et 94
Grenoble : Guichet unique pour les étudiants étrangers regroupant les services de l’université, du CROUS et de la préfecture
Poitiers : versement de l’ALS dès le premier mois en cité U
DOM TOM : mise en place d’un pass mobilité
Bordeaux, Aix- Marseille, Nice : ouverture du cautionnement solidaire à tous les étudiants (non boursiers, étudiants étrangers)
Les dernières élections au CROUS ont été marquées par une manipulation électorale crapuleuse de la part du gouvernement.
CROUS 2006 : chantage et manipulation Lundi 20 mars 2006. Le mouvement contre le CPE bat son plein. 68 universités sont en grève. La majorité d’entre elles sont bloquées et les journées d’action réunissant étudiants, lycéens et salariés se multiplient et se massifient. Acculé, le gouvernement qui commence à prendre la mesure du mouvement social qu’il a lui-même provoqué, tente une manœuvre pour affaiblir l’UNEF et par là même la mobilisation des étudiants. Comme tous les deux ans, doivent se tenir dès le lendemain, et ce sur une période de trois jours, les élections des représentants étudiants dans les Centre Régionaux des Œuvres Universitaires et Scolaires. Tout le monde au sein de la communauté universitaire s’accorde alors pour
considérer que ces élections ne peuvent décemment se tenir sans que le résultat du scrutin n’en soit faussé, plus de la moitié des sites universitaires étant de fait inaccessibles. Pour le gouvernement et plus particulièrement pour le ministre de l’Education Nationale, Gilles de Robien, voilà l’occasion rêvée pour déstabiliser le syndicat des étudiants et faire fléchir le mouvement de grève qui secoue les universités. Le gouvernement propose alors de reporter les élections si l’UNEF appelle à la fin du mouvement. L’UNEF refuse, dénonce ce chantage qui vise à l’affaiblir. Le maintien forcé des élections au CROUS permettrait d’augmenter artificiellement la représentativité des organisations étudiantes amies
du gouvernement au détriment de l’UNEF. Face à ce chantage honteux d’un gouvernement qui fait le choix d’instrumentaliser un scrutin fondamental pour les étudiants, l’UNEF décide de ne pas participer à cette parodie de démocratie et appelle les étudiants à boycotter cette mascarade. Et ce qui devait arriver arriva : la participation à ces élections fut divisée par deux par rapport au précédent exercice, des centaines de milliers d’étudiants n’ayant ni été informé de la tenue du scrutin, ni pu se rendre dans les bureaux de vote bien souvent inaccessibles. Malgré le caractère anti-démocratique de ce scrutin, les résultats furent proclamés. Mais la quasi-totalité des tribunaux administratifs saisis
quelques semaines plus tard par l’UNEF condamnèrent ces pratiques dignes d’une république bananière. L’éphémère heure de gloire de ceux qui avaient fait le choix du gouvernement contre les étudiants se transforma rapidement en une double humiliation. Celle d’abord de voir ces élections être légitimement annulées par la justice. Celle ensuite de constater que les nouvelles élections qui furent organisées à partir de l’automne 2006 consacrèrent des victoires de l’UNEF. Plus que jamais, les prochaines élections au CROUS constituent un élément indispensable au rapport de force de l’UNEF et des étudiants que le gouvernement a voulu mépriser en 2006.
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DOSSIER
CONSTAT
Pouvoir d’achat en baisse Précarité en hausse En l’espace de cinq ans, les dépenses obligatoires des étudiants ont augmenté quatre fois plus que les aides qui leur sont attibuées. Conséquence directe : une précarité toujours plus forte chez les étudiants.
Dans le même temps, alors que les dépenses ne cessent d’augmenter, les aides en direction des étudiants ont stagné au cours des années. Entre 2002 et 2006 les bourses ont moins augmenté chaque année que les prix. Encore cette année, l’aide apportée aux étudiants boursiers est moins importante que celle qu’ils recevaient en 2001. Ainsi, selon le panier de rentrée publié par l’UNEF à la rentrée 2007, depuis 2001 les dépenses étudiantes ont augmenté de plus de 27% tandis que les aides (bourses et aides au logement) ont à peine augmenté de 10%.
Le panier des étudiants constante augmentation
en
Les prix montent pour tout le monde et depuis l’élection présidentielle, le pouvoir d’achat est au cœur des préoccupations des français. Les étudiants n’échappent pas à la règle et sont même particulièrement touchés par la vague de hausse des prix. En effet, les prix qui augmentent le plus vite sont ceux qui prennent une part particulièrement importante dans le budget des étudiants : prix des pâtes (+44%), prix des denrées alimentaires, mais surtout l’augmentation en flèche des loyers (ceux-ci ont doublé en moins de dix ans), qui pèse particulièrement lourd dans le budget des étudiants. Au-delà de ces augmentations liées aux fluctuations de l’économie, la politique du gouvernement au cours des dernières années n’est pas étrangère aux difficultés que rencontrent les étudiants chaque mois. En effet
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bon nombre de prix ont augmenté suite à des décisions du gouvernement. C’est le cas pour le prix du gaz (+ 4%) cette année ou encore pour les franchises médicales (jusqu’à 50€ en plus par an et par assuré). C’est également le cas pour des prix spécifiquement étudiants, car à chaque rentrée, le gouvernement fait le choix de faire payer toujours un peu plus les étudiants au lieu de financer suffisamment le service public. Ainsi depuis 2002, les droits d’inscriptions en Licence ont augmenté de 22% et de 59% en Master. De même le prix du ticket RU a augmenté de 14,6%. A la lumière de ces chiffres révélés par l’UNEF à chaque rentrée, on sent bien que la dégradation du pouvoir d’achat étudiant est une conséquence des politiques menées par le gouvernement.
Des aides en direction des étudiants au point mort
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Des mesures nécessaires
d’urgence
Après avoir tiré la sonnette d’alarme au mois de juillet et à la rentrée, l’UNEF a obtenu la revalorisation des bourses de 2,5% en juillet dernier et la création de 100 000 bourses échelon 6 en janvier dernier. Mais ces mesures sont loin d’être suffisantes. En effet avec la précarité croissante, c’est la possibilité même de faire des études et de les réussir qui est en cause : un étudiant sur quatre arrête chaque année ses études pour des raisons financières. Le phénomène pourrait s’accélérer si rien n’est fait. Pour enrayer la dégradation de nos conditions de vie, l’UNEF exige la mise en place de mesures d’urgence en direction des étudiants : gel des droits d’inscription, mise en place d’un dixième mois de bourse pour couvrir le mois de septembre, revalorisation des aides au logement, ou encore suppression de la taxe d’habitation pour les étudiants.
DOSSIER
PROJET
Contre la precaritÉ, un statut social pour tous les étudiants ! L’UNEF porte le projet révolutionnaire de création d’un statut social pour tous les étudiants afin que chaque jeune en formation soit protégé tout au long de ses études. Les jeunes revendiquent un droit à l’avenir La situation de la jeunesse est de plus en plus difficile : 25% des jeunes actifs sont au chômage, plus de 100 000 étudiants vivent sous le seuil de pauvreté, 800 000 étudiants sont contraints de cumuler emploi salarié et études. Ainsi, notre génération est la première qui s’apprête à vivre moins bien que celle de ses parents. Face à cette situation, le gouvernement fait la sourde oreille : aucune réponse jusqu’ici aux revendications des étudiants, aucun projet d’avenir pour l’ensemble de la jeunesse. Or, la situation s’aggrave également chez les étudiants puisque les dépenses obligatoires ne cessent d’augmenter (+ 20% en 5 ans) tandis que l’évolution des aides ne suit pas (+5% sur la même période) entraînant ainsi une dégradation du pouvoir d’achat des étudiants. Aujourd’hui, c’est plus d’un étudiant sur cinq qui met fin à ses études pour des raisons financières tandis que la dépendance vis-à-vis de la famille et des petits boulots pèse lourdement sur le choix et la réussite d’étude du plus grand nombre.
Protéger les jeunes en formation Seul le service public d’éducation est à même de relever le défi qui se pose à notre génération s’il répond à un double objectif : permettre à chaque jeune d’accéder à une formation et
donner à chacun les moyens de réussir ses études dans de bonnes conditions. Ce n’est pas en acceptant la précarité que nous impose le gouvernement mais bien en sécurisant les jeunes durant ce nouvel âge de la vie qui se situe entre la sortie du secondaire et l’accès au premier emploi stable que nous pourrons répondre aux besoins de qualification de l’ensemble de la société et construire un avenir à notre génération. L’UNEF porte le projet d’un statut social pour tous les jeunes en formation permettant à chacun de mener à bien un projet d’étude et d’insertion professionnelle, quelle que soit sa situation sociale et quel que soit son degré de dépendance familiale. C’est ainsi que le droit aux études pour tous les jeunes pourra devenir une réalité. La pierre angulaire de ce statut social est l’allocation d’autonomie qui doit permettre à chacun de financer sa période de formation et d’accéder à l’autonomie. Mais le statut social de l’étudiant ne s’arrête pas là : il doit intégrer le droit au logement, aux transports, à la culture, etc. Ce statut social doit être ouvert à tous les étudiants, y compris aux étudiants étrangers actuellement exclus du système d’aide sociale. Le projet de statut social porté par l’UNEF depuis de nombreuses années a permis d’obtenir un certain nombre d’avancées pour les étudiants : création des allocations d’études, mise en place du «Plan Social Etudiant» entre 1998 et 2002, accès des étudiants aux aides au logement, etc.
Sécuriser l’insertion professionnelle Le sas de précarité à la sortie des études est toujours plus long et prend la forme de successions de stages sous payés (qui sont autant d’emplois déguisés), de CDD ou de périodes d’intérim. Enfin, les difficultés financières et la menace du chômage poussent les diplômés à accepter des emplois non qualifiés, bouchant ainsi le marché du travail pour les jeunes sans qualification. Ainsi, on estime qu’un jeune diplômé met en moyenne de 8 à 10 ans à accéder à un emploi stable ! Une réelle politique d’insertion professionnelle doit être mise en place. Une réglementation nationale des stages doit garantir une rémunération, un encadrement pédagogique, un statut du stagiaire et empêcher le remplacement de salariés par des stagiaires afin que les stages puissent jouer réellement le rôle pédagogique intégré à la formation qui devrait être le leur. Enfin, les aides sociales étudiantes doivent être prolongées un an après la fin des études pour protéger la période de transition vers l’emploi durant laquelle on ne touche aucune aide (ni chômage, ni RMI...) et aider à la recherche du premier emploi. Ainsi protégés, les jeunes ne seront plus obligés d’accepter le premier stage venu et pourront occuper un emploi correspondant à leur qualification.
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DOSSIER DU MOIS
L’allocation d’autonomie le projet de l’unef
Face à la précarité qui touche le milieu étudiant, seule une refonte totale du système d’aide sociale et la mise en place d’une allocation d’autonomie permettra à tous d’accéder à l’enseignement supérieur et d’y réussir sans être obilgé de travailler à côté de ses études ou de dépendre financièrement de sa famille. Zoom sur le projet d’allocation d’autonomie de l’UNEF.
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Affiche de campagne de l’UNEF pour exiger la mise en place d’une allocation d’autonomie
L
Aides directes archaïque
L’aide sociale aujourd’hui
Notre système d’aide sociale ne permet plus de répondre aux besoins des étudiants : il est pour cela bien trop insuffisant, mais également injuste et mal adapté aux diverses situations des étudiants.
e système d’aide sociale tel que nous le connaissons aujourd’hui, basé essentiellement sur les bourses sur critères sociaux, n’a que très peu évolué en cinquante ans. La situation d’insécurité sociale dans laquelle se trouvent les étudiants est la résultante du fonctionnement archaïque et injuste de ce système.
:
un
système
Notre système d’aide sociale est aujourd’hui archaïque.
Elle comprend trois grandes catégories : • les aides indirectes telles que les cités U et restaurants universitaires qui sont subventionnées, mais insuffisamment, par l’Etat. • le régime de sécurité sociale étudiant, désormais accessible à tous les étudiants étrangers, qui est la première pierre du statut social des étudiants • les aides financières, dites «aides directes». Certaines sont directement versées à l’étudiant : aides d’urgence comme le FSU, bourses sur critères universitaires, bourses de mobilité, allocations d’études, aides au logement, bourses sur critères sociaux... A ces dispositifs s’ajoutent des aides à la famille, essentiellement par le biais de réductions d’impôts comme la demi-part de déduction
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fiscale ou les allocations familiales.
Insuffisant d’abord, parce que le montant de aides ne permet pas de vivre et que trop peu d’étudiants en bénéficient. Injuste, parce que le système de la demi-part-fiscale est favorable aux familles les plus aisées : pour les plus riches, cette aide est supérieure aux bourses les plus élevées. Inadapté enfin, parce qu’il ne prend pas en compte la siutation propre de l’étudiant mais celle de ses parents. Nombreux sont donc ceux qui sont contraints de prendre un petit boulot, à cause des carences du système d’aide sociale actuel.
L’autonomie est un droit, pas un privilège En une génération, la durée des études s’est largement allongée. On entre plus tard
DOSSIER DU MOIS
sur le marché du travail et l’on reste donc plus longtemps sans ressources. Pourtant les aspirations sont les mêmes : vivre de manière autonome, en faisant nos propres choix de vie, nos propres choix d’études. En nous considérant comme des enfants à la charge de nos parents, on nous refuse le droit à la majorité sociale. Majeurs civilement, nous restons donc mineurs socialement. C’est ainsi que cette période charnière entre l’adolescence et la vie salariée est synonyme d’une grande précarité pour de nombreux jeunes. Cette situation est le résultat d’un choix de société simple : soit on considère, comme cela a été le cas jusqu’à aujourd’hui, que c’est à chaque famille de financer comme elle peut les études de ses enfants (avec un système d’aide sociale qui se contente de pallier aux situations les plus difficiles, mais ne permet pas la réussite de tous les étudiants), soit on fait le choix de mettre en place un système de solidarité collective de l’ensemble de la société qui permette d’aider tous les jeunes à financer leurs études. C’est bien sûr pour cette seconde possibilité que nous nous battons.
Pour une allocation d’autonomie Entre dépendance familiale et précarité des petits boulots, les étudiants refusent de choisir. Voilà pourquoi l’UNEF plaide depuis longtemps
pour une refonte totale du système d’aide sociale existant au travers de la création d’une allocation d’autonomie. Cette allocation serait régie par trois grands principes : • L’universalité : tous les jeunes en formation pourraient en bénéficier quel que soit leur cursus (général, professionnel, apprentissage, etc.) et leur niveau d’études dès 16 ans. • L’individualisation : cette allocation serait calculée en fonction de la situation propre de chaque jeune et non plus en fonction des revenus des parents. • Enfin, l’allocation d’autonomie devra être d’un montant suffisant (900 euros minimum d’après une étude de l’Observatoire de la Vie étudiante) pour permettre d’étudier sans se salarier. Cette aide serait donc plus sociale, car elle permettrait à de nouvelles catégories sociales d’accéder à l’Enseignement Supérieur et d’y réussir. Elle serait également plus juste car, attribuée à hauteur des besoins de chacun, elle garantirait l’égalité entre étudiants. A l’heure où l’on a besoin de plus en plus de salariés hautement qualifiés, l’UNEF a la certitude qu’un tel système est plus que possible, il est nécessaire.
Des mesures immédiates pour répondre à l’urgence sociale En attendant la mise en place d’une allocation d’autonomie, il faut pousser les pouvoirs publics à mettre en place immédiatement des mesures concrètes pour répondre à l’urgence sociale des étudiants. Ainsi, l’UNEF demande : ú L’augmentation du nombre et du montant des bourses sur critères sociaux ú L’ouverture du système d’aide sociale aux étudiants étrangers ú La création d’un 10ème mois de bourse ú La mise en place d’un régime spécifique pour protéger les étudiants salariés ú L’augmentation du nombre et du montant des allocations d’études ú L’augmentation des aides d’urgence ú La limitation du coût des études
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DOSSIER DU MOIS
droit au logement un
pour tous
Premier levier pour accéder à l’autonomie et faire les études de son choix, acquérir un logement indé indépendant soit un droit pour tout étudiant et qu’une politique publique ambitieuse soit menée dans ce
C
omme l’ensemble de la population française, les étudiants sont touchés de plein fouet par la baisse du pouvoir d’achat. Représentant en moyenne la moitié du budget d’un étudiant, l’augmentation des prix du logement est en grande partie responsable de cette situation. Pour les étudiants, les conséquences de la crise du logement sont dramatiques : sans accès à un logement décent à un tarif abordable c’est la possibilité même de faire des études et d’accéder à l’autonomie qui est remise en cause.
Les principales difficultés du logement étudiant
Pour ceux qui accèdent à un logement indépendant les difficultés financières sont fréquentes. Les loyers ne cessent d’augmenter, particulièrement vite dans les petites surfaces que louent les étudiants. En dix ans les loyers du parc privé ont ainsi été multipliés par deux. Dans le même temps, les aides au logement n’ont pas été revalorisées. De ce fait le poids du loyer devient de moins en moins supportable pour les étudiants et représente couramment plus de la moitié du budget mensuel.
83% des étudiants résident au domicile familial par contrainte
Le nombre de logement en résidence universitaire est très insuffisant. Moins de 7% des étudiants sont logés par le service public du logement, géré par le CROUS. Alors qu’en 1960, les CROUS disposaient de 100.000 places pour 200.000 étudiants, on n’en compte aujourd’hui que 155.000 pour une population de 2.2 millions d’étudiant. Dans ces conditions, de nombreux étudiants sont dans l’obligation de se tourner vers le logement privé. Or l’accès à un logement privé est loin d’être évident. Ce d’autant que les garanties demandées par les propriétaires sont de plus en plus importantes, et excluent celles et ceux qui ne peuvent mobiliser un capital important : justifier de revenus égaux à trois mois de
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loyer, avancer 2 mois de loyer pour la caution, alors même que les aides au logement ne sont pas versées le premier mois c’est quasiment mission impossible.
Les conséquences pour les étudiants Pour trop d’étudiants, ces difficultés dans l’accès au logement sont synonymes de renoncement aux études. Dans l’incapacité de prendre un logement dans la ville universitaire de leur choix, les jeunes ne peuvent poursuivre leur formation initiale. Ces difficultés sont aussi à l’origine de choix d’orientation par défaut, dans une formation proche du domicile des parents. Certains étudiants se trouvent obligés de demeurer dans le logement familial, même
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L’UNEF entendue Le député (UMP) JeanPaul Anciaux s‘est vu confier pour la seconde fois un rapport sur le logement étudiant. Le député a remis son rapport début février et reprend les constats et l’analyse de l’UNEF : 4 ans après le lancement du plan Anciaux, alors que 20 000 logements devaient être construits, seuls 5500 sont sortis de terre. Quant aux rénovations, seules 17 500 chambres ont été rénovées alors que 28 000 devaient l’être. Premier responsable : l’Etat, qui n’a pas pris les engagements financiers nécessaires pour honorer sa part du contrat. Pour le député, il reste beaucoup à faire pour améliorer l’accès des étudiants à un logement indépendant : inciter les collectivités à fournir au CROUS des terrains et des bâtiments vides pour les transformer en cités-U, mais aussi exonérer les étudiants de la taxe d’habitation ou encore ouvrir à tous les étudiants le dispositif de cautionnement solidaire qui permet de se passer de garants. Premier vœux du député : ne pas avoir à recommencer dans 4 ans car la situation des étudiants se sera largement améliorée. C’est tout le mal qu’on lui souhaite !
DOSSIER DU MOIS
épendant représente un véritable casse-tête pour les étudiants. L’UNEF exige que l’accès à un logement e sens. éloigné du lieu d’étude. Loin de l’image de « Tanguy », 83% des étudiants résidant au domicile familial ne le font pas par choix, mais par contrainte financière. Cette cohabitation forcée parfois jusqu’à un âge avancé est source de conflits familiaux et est souvent difficile à supporter pour le jeune comme pour sa famille. Pour la majorité, les 1.3 millions d’étudiants qui habitent seuls, le poids des loyers pousse à cumuler emploi salarié/études. Le plus souvent sans lien avec le contenu des études, le salariat étudiant augmente en moyenne de 40% l’échec dans les études. Outre le problème de l’échec, cette solution ne permet souvent pas aux étudiants de se loger dans des conditions décentes. Les souslocations, les logements insalubres sont légions, et ne permettent finalement pas aux étudiants d’être dans les meilleures conditions pour exercer l’activité qui devrait pourtant occuper la majeure partie de leur temps : étudier.
Les échecs d’une politique publique sans moyens En 2004, Jean-Paul Anciaux, député UMP, était missionné par Jean-Pierre Raffarin alors Premier Ministre, pour faire un constat de la situation des logements étudiants. Dans son rapport, le Député préconisait la mise en place d’un plan pluriannuel de rénovations et de constructions de logements. Sous la pression des étudiants le gouvernement s’était engagé à
suivre ce plan. Quatre ans plus tard, ce sont 8332 logements qui ont été construits au lieu des 20.000 prévus, et à peine 17.500 rénovés contre 28.000 prévus. La principale cause du retard est le manque de crédits d’Etat qui n’a jamais atteint les objectifs fixés. Par exemple, l’Etat n’a payé que la moitié des sommes promises aux Régions pour réaliser des cités U. Les financements publics se sont aussi parfois « évaporés », détournés par certaines collectivités pour subventionner des logements privés. Sous la pression des étudiants le gouvernement a enfin reconnu ces retards et s’est engagé, dès 2008 à mettre suffisamment de moyens pour tenir les rythmes prévus.
L’accès à un logement indépendant est une condition de l’autonomie des étudiants Une véritable politique du logement étudiant est un pilier indispensable de la création d’un véritable statut social de l’étudiant à même de permettre à chacun de réussir les études de son choix et d’accéder à l’autonomie. Le premier levier consiste à augmenter le nombre de chambres CROUS : cela permet à la fois d’augmenter le nombre d’étudiants logés sur critères sociaux à un tarif abordable, et de freiner l’augmentation des loyers privés en répondant à la pénurie. L’UNEF vient d’obtenir que le gouvernement s’engage à construire d’ici
2012 42.000 chambres CROUS supplémentaires, et à réhabiliter 55.000 chambres CROUS dégradées. L’UNEF sera particulièrement vigilante pour que les 620 millions d’euros promis par le gouvernement à cet effet soient effectivement versés. L’UNEF se battra pour que les constructions privilégient la réalisation de logement très sociaux à des loyers abordables (autour de 100€ pour l’étudiant) et que les réhabilitations intègrent les normes de confort moderne (WC, douche dans chaque chambre) sans augmentation de loyer pour les étudiants. Le deuxième levier est de permettre à la majorité des étudiants, qui occupent un logement privé, de faire face à leurs dépenses de loyer. L’UNEF exige une revalorisation immédiate des aides au logement, permettant aux étudiants de faire face aux augmentations effectives des loyers. Pour faire face à toutes les dépenses de la vie étudiante, l’UNEF revendique également la généralisation de l’exonération de la taxe d’habitation pour les étudiants. Enfin, l’accès à un logement autonome doit être facilité par l’universalisation du dispositif de cautionnement solidaire (Locapass), afin de supprimer la caution obligatoire et le dépôt de garantie. Alors que de nombreux étudiants sont déjà obligés de se serrer la ceinture, sortir en une seule fois, jusqu’à 3 mois de loyer relève du miracle.
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DOSSIER DU MOIS
Festival
etudiant contre le
racisme
Chaque année, l’UNEF organise le Festival Etudiant contre le Racisme et contre les discriminations. Présentation d’un festival pas comme les autres. Pourquoi un Festival contre le Racisme ?
Etudiant
Le « Festival Etudiant Contre le Racisme » a vocation à développer pendant une semaine l’intervention auprès des étudiants de nombreux acteurs de la société civile pour les sensibiliser aux questions de discriminations. Par des conférences, des concerts, des expositions, des jeux et des animations, nous souhaitons éveiller l’intérêt du plus grand nombre. Permettre à chaque étudiant qui participera au Festival étudiant contre le racisme de mieux connaître les différentes cultures qu’il peut côtoyer sur son université et de refuser les logiques de repli sur soi sont les principaux objectifs. Nous souhaitons aussi instaurer un dialogue sur la question des discriminations entre les différents acteurs de la communauté universitaire: administrations, associations, enseignants, personnels…
républicaines semblent perdre du terrain au profit de discours individualistes ou communautaires. Année après année, on ne peut que constater une banalisation du racisme ordinaire en France qui se traduit inexorablement dans le renforcement de la lepénisation des politiques publiques de gestion des flux migratoires. La chasse aux sans-papiers s’est encore accentuée depuis l’accession de Nicolas Sarkozy à la Présidence de la République, qui nous rappelle des périodes douloureuses de notre passé. Mais c’est bien en matière de politique migratoire que la « rupture » sarkozyste est réelle. La création même d’un Ministère de l’Immigration et de l’Identité Nationale est un symbole du basculement sémantique dans la politique de contrôle des flux migratoires. En effet, le couplage des termes « immigration » et « identité nationale » sous-entend que les immigrés mettraient à mal l’identité du pays. Cette approche laisse entrevoir une distinction entre ceux qui auraient mérité de la Nation et ceux qui la dénatureraient. Cette ambiance délétère se couple à un affaiblissement des valeurs républicaines dans la société. La place des solidarités collectives a reculé au profit des solidarités individuelles.
Année après année, il y a une banalisation du racisme ordinaire
Quels enjeux pour l’édition 2008 du Festival ? Le Festival Etudiant Contre le Racisme se déroulera cette année dans un contexte inquiétant : banalisation du racisme, mise en place du Ministère Hortefeux, les valeurs
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Affaiblissement des principes de solidarité au bénéfice de logiques assurantielles, réduction des services publics, les logiques libérales mises à l’œuvre par le gouvernement ne font qu’inciter au repli sur les sphères familiales ou communautaires, détricotant un peu plus le lien social.
Semaines d’éducation contre le racisme L’UNEF est membre du collectif des « Semaines d’éducation contre le racisme ». Ce dernier existe depuis 1984. Composé de 24 organisations, associations, syndicats, mouvements d’éducation populaire, le collectif se mobilise et multiplie les évènements locaux au service de la lutte contre le racisme et toutes les discriminations. C’est dans le cadre de cette Semaine que se déroule le Festival Etudiant Contre le Racisme. Pour plus d’infos, voir le site : http://semaines.cidem.org/
DOSSIER DU MOIS
ZOOM Sur les evenements locaux Le festival se déroulera du lundi 17 mars au jeudi 20 mars dans une cinquantaine de sites universitaires. Parmi ceux-ci, voici l’exemple de Metz :
Metz Un chapiteau sera monté toute la semaine sur le campus. Toute la semaine Village associatif Jeux, stands, atelier cirque, atelier graphique, loges Cirque, Danse, percu, animations … Stand d’assos Lundi 17 mars 21h ouverture du festival. Utilisation de l’espace bar. : Percussion danse dans le cadre d’un apéritif. 21h20 débats d’ouverture . scene. 22h Débat d’ouverture du festival puis danse orientale dans salle de spectacle
Programmation nationale Le festival se terminera le vendredi 21 mars par une journée nationale de mobilisation à Paris. Cette journée rassemblera des étudiants issus de toutes les universités de France.
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10h: Finale du tournoi de foot 14h: Projection du film « La Graine et le Mulet » à l’université Paris 1 16h: Conférence-Débat à la Sorbonne: « Identité Nationale et immigration: attention, terrain dangereux», organisée avec la Ligue des Droits de l’Homme. Intervenants invités : Patrick Weil, enseignant et historien, Lilian Thuram, sportif et Gérard Noiriel, directeur de recherche à l’EHESS 20h: Concert au Trabendo, en présence de nombreux artistes: Rost, Trust, Axiom, Princess Anies, La Caution…
En parallèle, des actions militantes seront menées en Ile de France: diffusions de tracts dans les universités franciliennes, repas du monde dans les restaurants universitaires des académies franciliennes avec animations.
Nos partenaires Voici les organisations partenaires de l’édition 2008 du Festival Etudiant Contre le Racisme :
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La Mutuelle Des Étudiants, qui gère le centre 601 de Sécurité Sociale Étudiante.
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La Ligue des Droits de l’Homme : Organisation civique, la LDH intervient dans tous les domaines concernant la citoyenneté et les droits et libertés, collectifs ou individuels.
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La Fédération Unie des Auberges de Jeunesse : La FUAJ est le maillon français du réseau international des Auberges de Jeunesse (IYHF). Ce réseau comprend 4000 Auberges dont 160 en France.
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Fédération Léo Lagrange : Réseau d’associations d’éducation populaire et employeur de l’économie sociale et solidaire, créé en 1950 et reconnu d’utilité publique.
La Fédération des étudiants en résidences universitaires de France : la FERUF regroupe des étudiants résidant en cité U et des associations de résidents. La FERUF déclinera dans les cités U le « Festival étudiant contre le racisme et les discriminations ».
Mardi 18 mars 19h00 danse 20h00 crash texte: théâtre d’improvisation lié au thème des discrimination. Puis débats. Salle de spectacle 21h Solinane Mottlib 21h30 projections de films documentaires (salle noire) 22h soudkaya 23h00 nohaidy 00h30 kapadnom Mercredi 19 mars 14h Tournoi de foot 18h Assoc nambara : sketch lié racisme percu, danse : acoustik dans le hall 20h assoc cefedem Danses de société et musiques orchestrées 21h gilles victor 21h30 projection de films 22h15 alextoucourt 23h30 tinket lazard 01h00 kitoslev Jeudi 20 mars 21h Les nancéens rodéo 17h00 projection d’un documentaire. Salle noire 19h00h débat final. Salle de spectacle 20h compagnie Hinc et Nunc. Pièce hintertur. Salle de spectacle 21h30 projections de films. Salle noire. 22h Voleurs de swing 23h15 Pistil 00h15 David Vincent Voir toute la programmation sur unef.fr
Etudiants de France n°281 • Janvier-Février 2008
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DOSSIER DU MOIS
Étudiants salariés : non au double cursus Être obligés de cumuler un emploi salarié pour financer ses études : voilà le problème principal que rencontrent aujourd’hui les étudiants. Cette situation accentue l’échec et creuse les inégalités. Avec un système d’aide insuffisant un étudiant sur deux est obligé de se salarier 40% des étudiants de premier cycle ne parviennent pas à obtenir un diplôme. Si l’absence de suivi pédagogique explique en partie ce chiffre, chacun sait aujourd’hui que les difficultés sociales des étudiants sont une des premières causes des difficultés universitaires et du décrochage. Au premier rang de celle-ci le salariat étudiant. En effet 8 étudiants sur 10 travaillent chaque année et près d’un étudiant sur deux travaillent au cours de l’année universitaire. Ce phénomène touche aussi bien les boursiers qui complètent leur aide d’un petit job que les étudiants n’ayant droit à aucune aide et dont l’emploi salarié est la première source de revenu. Le plus souvent (80% des cas) les étudiants occupent un emploi alimentaire sans lien avec le contenu de leurs études. Call-center, fast-food, caissiers, vendeurs, intérimaires, bon nombre d’étudiants occupent des emplois précaires et peu payés et servent à leur employeur de main d’œuvre particulièrement flexible et bon marché. Quand le travail est en lien avec les études, la situation n’est pas toujours meilleure : ainsi les internes en médecine qui sont salariés dans le cadre de leur cursus perçoivent à peine 24€ pour 24h de garde.
Le salariat étudiant principal obstacle à la réussite de tous Etudier est un métier à plein temps. Ainsi la norme européenne des ECTS indique que le temps de travail d’un étudiant est d’environ 40h par semaine dont la moitié en cours. Dans certaines filières, le temps de présence en
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cours est encore bien supérieur (prépa, BTS, IUT, filières scientifiques, etc.) Du coup les étudiants qui travaillent ont un taux d’échec de 40% supérieur au taux d’échec moyen. Le chevauchement d’emploi du temps n’est pas rare et le salariat constitue la première cause d’absentéisme dans les amphis. Pire aucune réglementation ne garantit aux étudiants de pouvoir prendre des congés durant les périodes d’examens ; et lorsque ceux-ci s’étalent sur quinze jours, il n’est pas toujours possible d’avoir une autorisation de son employeur. Même lorsque ces problèmes d’emplois du temps sont résolus, avoir une double activité augmente la fatigue des étudiants, diminue le temps libre et augmente le risque de découragement et d’abandon. Enfin certains choix d’orientation sont exclus pour les étudiants salariés : préparer le concours de médecine ou le CAPES en travaillant à côté revient à courir un 100m avec un boulet au pied ! Alors que la mobilisation du premier semestre a permis d’obtenir la mise en place d’un « plan Licence » pour permettre la réussite de tous en premier cycle, la plupart des évolutions pédagogiques proposées sont incompatibles avec le salariat étudiant: augmentation du volume horaire, développement des stages, évaluation au contrôle continu.
Faire reculer le salariat étudiant, défendre les droits des étudiants salariés Ainsi contrairement à ce que peut dire le gouvernement, le salariat étudiant ne peut être proposé comme réponse à la précarité
Etudiants de France n°281 • Janvier-Février 2008
étudiante et au besoin de financement des études. Au contraire, l’UNEF se bat pour une véritable politique sociale et la mise en place d’un véritable statut à même de supprimer le cumul formation initiale et études. Au quotidien, il est également indispensable de défendre les droits des étudiants salariés : ainsi l’UNEF a obtenu qu’à l’avenir, les revenus du salariat étudiant ne soient plus pris en compte dans le calcul des aides au logement et des bourses. A l’université, il faut généraliser les dispositifs spécifiques pour rendre les études des étudiants qui travaillent moins difficile : dispense d’assiduité, priorité dans le choix des TD, mise à disposition gratuite des cours en ligne, prise en compte du contrôle continu que s’il est favorable, etc.
ZOOM Décret étudiant salariés dans les universités Un décret vient de paraître concernant l’emploi étudiant dans les universités. Il faut d’abord souligner qu’il s’agit de la première fois que le travail étudiant dans les universités est cadré au niveau national, ce qui constitue une avancée importante. L’UNEF a notamment obtenu un contrat aménagé pour l’étudiant en fonction des périodes d’examens, ainsi que le recrutement prioritaire sur critères sociaux, pour que les étudiants les plus en difficultés puissent travailler directement sur leur lieu d’étude. De plus nous avons également obtenu l’assurance que ces salariés ne viennent pas remplacer des postes statutaires existants.
DOSSIER DU MOIS
Etudiants étrangers :
sortir de la précarité et de l’isolement Aujourd’hui, être étudiant étranger en France signifie précarité pédagogique, sociale et administrative.
S
i l’ensemble des étudiants de France connaissent des conditions de vie et d’étude dégradées, les étudiants étrangers au quotidien sont confrontés à des difficultés particulières : précarité administrative liée à l’obtention et au renouvellement du titre de séjour sous le contrôle arbitraire des préfectures ; précarité sociale pour des étudiants exclus par principe du système d’aide et grandes difficultés dans l’accès au logement ; précarité pédagogique lorsque les dispositifs d’accueils dans les universités sont rares ou inexistants. Porteuse de discours d’accueil, d’aide des pays pauvres au développement, et d’ouverture de notre enseignement supérieur à l’international, la France réserve aujourd’hui un accueil indigne aux étudiants étrangers. Pour un étudiant sur dix en France le seul fait d’être étranger fait passer au second plan l’intérêt scientifique et pédagogique de son cursus : ce n’est pas l’université mais les préfectures et les services de police qui à tout moment décident du sort et de la poursuite d’études des étudiants étrangers. Cette situation n’honore pas la tradition d’accueil de la France et montre que l’intérêt scientifique, pédagogique et l’autorité de l’université sont relégués au second plan. Ces difficultés rencontrées quotidiennement nuisent souvent à l’intégration à la communauté universitaire et créent des situations d’isolement. De plus la politique menée par le ministère Hortefeux aggrave cette situation : sélection des « éléments » les plus brillants avant l’arrivée en France, basée sur les intérêts économiques et
diplomatiques de la France ; refus de délivrance de la carte de séjour et reconduites à la frontière, difficulté à trouver un logement, pas d’accès aux aides sociales… la situation des étudiants étrangers ne cesse de s’aggraver ces derniers mois.
Des victoires pour étudiants étrangers
les
L’UNEF a fait le choix d’agir en association avec l’ensemble des organisations militantes (LDH, Cimade…) et associations d’étudiants étrangers qui travaillent dans le même sens. Cela nous a permis, dans un contexte difficile, d’obtenir des victoires pour les étudiants étrangers, notamment la suppression de l’Autorisation Provisoire de Travail et le droit de travailler jusqu’à 21h par semaine au lieu de 17h30 auparavant.
Mettre fin à administrative
la
volontairement plusieurs dizaines de milliers d’étudiants. En premier lieu, la visite médicale obligatoire pour obtenir un titre de séjour doit être gratuite et doit pouvoir être effectuée dans les universités par les médecines préventives, pour raccourcir les délais d’attente à un mois maximum (jusqu’à 6 mois actuellement dans certaines académies).Tout étudiant étranger doit pouvoir obtenir une carte de séjour d’une durée au moins égale à la durée de son cycle d’étude. L’installation de guichets uniques regroupant les services du CROUS, de l’université, de la préfecture et des différentes administrations à la rentrée dans chaque université, doit permettre de faciliter les démarches.
Ce n’est plus l’université mais les préfectures qui décident du sort des étudiants étrangers.
précarité
Pour de nombreux étudiants, les formalités d’obtention d’un titre de séjour, et la procédure de renouvellement chaque année est un véritable parcours du combattant, durant lequel à tout moment, un refus arbitraire de la préfecture peut être synonyme de reconduite à la frontière et d’interruption forcée des études. Un certain nombre de mesures peuvent être mises en place rapidement pour mettre fin à l’insécurité juridique dans laquelle on maintient
Mettre fin à la précarité sociale
Cependant pour éviter la précarité extrême dans laquelle se trouvent de nombreux étudiants étrangers, il est indispensable qu’ils puissent avoir accès au système d’aides sociales. Les étudiants étrangers n’ont généralement pas de garants présents sur le territoire : ils doivent se voir ouvrir le dispositif Locapass leur permettant d’accéder à un logement privé. Les quotas qui se pratiquent dans certaines cité U doivent être supprimés et plus généralement, l’attribution des chambres doit mettre fin à la répartition des étudiants par étage ou par bâtiment en fonction de leur nationalité.
Etudiants de France n°281 • Janvier-Février 2008
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DOSSIER
Généraliser le demi-tarif étudiant Se rendre sur son lieu d’étude, pouvoir avoir accès à la culture sans se ruiner... Le demi-tarif étudiant, s’il est appliqué au coup par coup dans certaines villes ou pour certains loisirs doit pourtant être généralisé à l’ensemble des étudiants.
DANS LES TRANSPORTS
Ê
tre étudiant, c’est pas définition avoir à se rendre sur son lieu d’étude. Et pour cela, la majorité des étudiants a besoin d’emprunter les transports en commun. De plus, la possibilité de se déplacer facilement et pour pas cher est une des conditions de l’autonomie des jeunes. Pourtant, si les situations sont très disparates d’une région de France à l’autre, le coût des transports en commun est loin d’être adapté au budget de l’étudiant. Selon leur lieu d’habitation et d’étude, les étudiants ne sont donc pas égaux dans l’accès aux transports en commun. Ainsi, selon les villes, les étudiants doivent verser de 12 euros par mois à Bordeaux à 37 euros à Marseille... Le demi-tarif étudiant est, on le voit, loin d’être acquis partout. La carte Imagin’R dont l’UNEF a obtenu la
La carte Imagin’R ou le demi-tarif étudiant dans les traports en région parisienne constitue l’une des victoires de l’UNEF.
mise en place en Région Parisienne, est un bon exemple de ce qui devrait être généralisé : elle permet à plus de 300 000 étudiants ainsi qu’aux lycéens de bénéficier du demi-tarif. Et c’est un parfait exemple à mettre en avant quand les pouvoirs publics nous disent que cette mesure
coûte trop cher, alors qu’elle permet de diminuer significativement la fraude. Les candidats aux municipales seront bien inspirés de reprendre cette revendication dans leurs villes respectives...
DANS LA CULTURE
E
tudier, c’est acquérir des connaisances. Les étudiants doivent donc bénéficier d’un accès privilégié à la culture, afin de pouvoir assimiler le maximum de savoirs pour réussir leurs études. D’autant que c’est lorsqu’on est jeune que se prennent nos habitudes en matière culturelle. Pourtant, il n’existe aucun dispositif national de réduction pour les étudiants dans les établissements culturels (théâtres, cinémas, musées, salles de concert, etc.). Ici ou là, certaines institutions offrent des réductions étudiantes, mais cela relève exclusivement de leurs initiatives propres alors qu’il faudrait au contraire mettre en place des pass’culture, qui permettraient l’accès à l’ensemble de l’offre culturelle. C’est une des conditions de l’épanouissement personnel des étudiants, qui est nécessaire à la poursuite et à la réussite des études. Des exemples de ce type de dispositifs
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Etudiants de France n°281 • Janvier-Février 2008
existent notamment à Strasbourg ou à Arras. C’est donc qu’il est possible de les réaliser pour peu qu’il y ait une volonté. Le deuxième problème posé aux étudiants en matière de culture concerne les moyens qui sont mis à leur disposition pour réaliser des projets culturels. Il existe certes des commissions, à la fois au CROUS et dans les établissements d’enseignement supérieur mais avec des moyens ridicules par rapport à la demande. Tout le monde s’accorde à reconnaître l’apport que constituent les jeunes dans le dynamisme culturel d’une ville ou d’une région, mais les pouvoirs publics se reduisent encore aujourd’hui à donner les moyens aux étudiants de financer leurs projets culturels. Les élections au CROUS seront de ce point de vue également l’occasion de réaffirmer la volonté des étudiants de disposer de moyens suffisants pour monter des projets culturels.
DOSSIER
Plus de moyens pour la restauration universitaire Alors que la restauration universitaire est un volet central de l’aide sociale étudiante, les moyens manquent aujourd’hui de plus en plus pour permettre au CROUS de remplir cette mission.
D
ans la restauration universitaire, un grave manque de moyens financier est à constater. Augmentation continuelle du prix du ticket RU, absence de resto U sur certains sites, horaires d’ouverture inadaptés faute de personnels, les insuffisances du système sont grandes et appellent pour y remédier à une augmentation des moyens financiers mis à disposition par l’Etat pour la restauration universitaire.
Réengagement financier de l’Etat dans le financement du ticket RU Alors qu’il existait une parité de financement du prix du repas entre l’Etat et l’étudiant au milieu des années 80, c’est aujourd’hui à l’étudiant de payer la plus grosse part. Le prix du ticket RU ne cesse d’augmenter (225% d’augmentation en vingt ans, pour une augmentation de 135% du montant des bourses sur la même période). Il est urgent de stopper cette escalade et de revenir à la parité de financement entre l’Etat et l’étudiant. A 2,80 euros, le ticket RU pèse plus lourdement sur le budget des étudiants les plus démunis à chaque augmentation supplémentaire. Il est aussi indispensable que soit généralisée la vente du ticket RU à l’unité comme cela se pratique dans certains endroits car les étudiants n’ont pas toujours de quoi payer 28 euros (le prix d’un carnet) d’un coup, sans surtaxe.
Un restaurant par site universitaire N’oublions pas également que de nombreux sites universitaires regroupant peu d’étudiants ne bénéficient toujours pas d’un restaurant universitaire, ce qui oblige les étudiants à se nourrir plus mal et plus cher dans des snacks ou des cafétérias privées. Il faut de ce point de vue investir rapidement pour construire de nouveaux restaurants afin de couvrir l’ensemble des sites universitaires de France.
Un léger mieux depuis deux ans
les horaires d’ouvertures aux emplois du temps des sites universitaires proches, que les restaurants universitaires fonctionnent comme de véritables lieux de vie, mettent en place des repas du monde, etc. Il est également prévu que la carte monétique qui remplace les tickets RU dans certains endroits soit gratuite.
Aujourd’hui, c’est plus d’un étudiant sur cinq qui met fin à ses études pour des raisons financières
Si certaines situations locales restent préoccupantes, l’intervention des élus UNEF au CNOUS a permis l’adoption d’une politique de restauration au niveau national qui va dans le bon sens : il est prévu que des efforts soient fait pour harmoniser
Après des années de baisse continue de la fréquentation des RU par les étudiants, l’association des élus étudiants à la politique de restauration a permis d’inverser la tendance puisque depuis deux ans la fréquentation des restos U augmente d’environ 1% par an. Il reste encore beaucoup à faire en terme financier notamment pour que cette politique décidée nationalement soit appliquée dans tous les établissements.
Garantir une alimentation équilibrée Le manque de moyens financiers conduit certains CROUS à vouloir diminuer le nombre de périphériques (desserts et entrées) accessibles en plus du plat pour le prix d’un ticket RU, alors qu’il faudrait au contraire donner accès à trois périphériques au minimum dans l’ensemble des restaurants universitaires pour assurer la variété de l’offre. Les CROUS ont un rôle particulier à jouer pour assurer l’équilibre nutritionnel et le bien-être alimentaire des étudiants.
En l’espace de 15 ans, le prix du ticket de RU a augmenté de 225% quand le montant des aides accuse seulement une augmentation de 135% dans la même période
Etudiants de France n°281 • Janvier-Février 2008
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MOUVEMENT SOCIAL
INTERVIEW
Caroline FOUREST
A l’heure où de nombreuses remises en cause pèsent sur la laïcité et la situation des femmes, Caroline Fourest nous offre une interview sans concession sur les politiques menées.
Quelle signification a la journée du 8 mars pour vous? C’est un rendez-vous qui permet de faire le point chaque année sur la situation de l’égalité hommes-femmes. Je préfère cela à la fête des mères…
Pourquoi le combat féministe est-il toujours d’actualité selon vous?
Je conçois le journalisme engagé à la fois comme un rôle d’éclaireur et de cerbère.
Parce que la domination masculine existe depuis des milliers d’années, disons que depuis que la répartition des rôles : entre l’homme qui chasse et la femme qui enfante. Elle a généré des représentations inégalitaires. Il reste encore beaucoup de chemin avant de déconstruire définitivement cet imaginaire. En France, en Europe et encore plus dans de nombreuses parties du monde où les femmes restent inféodées simplement parce qu’elles naissent femmes. Au Kirghizistan, les hommes enlèvent leurs futures épouses. Ils leur donnent rendez-vous pour boire un verre, les font monter de force dans une voiture grâce à l’aide de copains et elles sont conduites de force à leur cérémonie de mariage. En Somalie, on découpe le clitoris des jeunes filles avant de les recoudre à vif pour être sûr qu’aucun homme ne les pénétrera avant le mariage. Le soir de la nuit de noces, le marié, souvent choisi par la famille, doit déchirer la couture avec son sexe. La douleur est atroce. En France, je viens de terminer un reportage sur des jeunes femmes, principalement d’origine
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maghrébine, se faisant recoudre l’hymen pour arriver vierges au mariage et ne pas faire honte à leurs familles. Par respect de la tradition et par peur du qu’en dira-t-on. Dans les beaux quartiers comme dans les quartiers populaires, des femmes sont battues, sont violées, et en plus elles culpabilisent. Tant que la domination masculine existera, le féminisme sera d’actualité.
Nicolas Sarkozy a multiplié les remises en cause de la loi de 1905, comment analysez vous ces interventions?
Nicolas Sarkozy veut renouer avec la tradition concordataire par envie d’instrumentaliser le sacré au service du politique et par fascination pour le modèle américain. En tant que président de la République, il n’a pas à nous expliquer que la religion représente l’ « espérance » et donc qu’il souhaite que « le plus de Français espèrent », c’est-à-dire croient. Ni que «dieu est dans le cœur de chaque homme». Il n’est pas encore pape, mais chef d’un État, donc en charge de l’ « espérance sociale » et non de l’ « espérance spirituelle ». Il a le droit d’admirer les imams, les pasteurs, les prêtres et les rabbins… Mais on attend de lui qu’il s’occupe des instituteurs ! Surtout en pleine remontée des intégrismes, c’est-à- dire dans un moment historique où la République doit plus que jamais résister au repli communautaire religieux en soutenant le social et la culture.
Pensez-vous qu’il y a un risque de
Etudiants de France n°280 • Novembre-Décembre 2007
Caroline Fourest est diplômée en histoire, en sociologie à l’EHESS et en Sciences politiques. Elle est titulaire d’un DESS de communication politique, obtenu à la Sorbonne. Essayiste, elle a écrit plusieurs ouvrages consacrés à l’extrême droite et à l’intégrisme. Journaliste, elle est rédactrice en chef de la revue Prochoix et collabore à Charlie Hebdo. Elle enseigne aussi à SciencesPo Paris dans le cadre d’un séminaire sur «Egalité, identités et Vivre ensemble». Elle a reçu le Prix national de la laïcité en 2005 et le Prix du livre politique en 2006.
MOUVEMENT SOCIAL
montée des fondamentalismes? Il faut être sérieusement myope pour le nier. En 2003, j’ai publié un livre qui analyse la remontée des intégrismes juif, chrétien et musulman à l’échelle internationale. Je peux vous dire qu’ils ne se sont jamais mieux portés qu’aujourd’hui. Partout, ils marquent des points, partout la confessionnalisation des identités et du débat gagne du terrain. Car bien entendu, ils se renforcent les uns les autres. L’islamisme politique monte depuis qu’il représente une alternative possible pour les déçus du nationalisme arabe. Ceux qui ont perdu patience ont choisi l’action directe et armée, notamment le 11 septembre. Ils ont semé la peur au cœur des démocraties américains et européennes. Et susciter des réactions outrancières qui génèrent à leur tour de l’extrémisme. D’une part chez ceux qui redoutent les amalgames et vont parfois jusqu’à se solidariser avec les intégristes musulmans. De l’autre chez ceux qui redoutant l’intégrisme musulman au point de le confondre avec l’Islam et de se solidariser avec l’extrême droite ou de prôner le retour aux traditions chrétiennes, ou encore le repli communautaire juif.
Quel doit être le rôle de l’école et de l’université dans ce contexte? L’école doit être sanctuarisée pour rester un espace où chaque futur citoyen puisse faire l’apprentissage de la citoyenneté, de l’égalité, de la liberté et de différents savoirs lui permettant de nourrir son esprit critique. La loi contre les signes religieux à l’école publique était un pari
risqué mais elle fait partie de ces protections lui permettant de résister au prosélytisme intégriste à l’intérieur de ses murs. L’université est un lieu différent. C’est un lieu où l’on choisit d’approfondir certaines connaissances pour bâtir son avenir, où l’on confronte ses idées. La liberté y est plus grande. Je n’ai pas les mêmes exigences laïques pour l’université que pour l’école, concernant le voile par exemple. Par contre, il faut espérer que les organisations représentant des étudiants sauront être à la hauteur du défi que représente cette liberté d’expression, notamment faire face aux arguments et aux propagandes venant de groupes d’extrême droite ou de groupes intégristes déguisés en Association d’étudiants religieux.
Quelle doit être la mobilisation du camp laïque et des intellectuels? Je conçois le journalisme engagé comme un rôle à la fois d’éclaireur et de cerbère. Eclaireur au sens où nous devons sans cesse produire des analyses qui permettent aux citoyens d’anticiper et d’approfondir leurs convictions, sur la base d’arguments et d’informations permettant d’appréhender la complexité des débats. Mais aussi de « cerbère » car cette capacité d’anticiper doit servir à tirer la sonnette d’alarme lorsque des décisions ou des confusions nuisent à l’intérêt commun. En ce moment, par exemple, il faut prévenir nos concitoyens : nous sommes en train de perdre beaucoup d’éléments fondateurs de notre modèle : en matière de laïcité et en matière d’égalité. Le président veut détourner le concept d’égalité au profit du concept de «
diversité », lequel va introduire le droit à la différence dans le préambule de la constitution. Il veut aussi remplacer une interprétation séparative du politique et du religieux par une «laïcité positive», c’est-à-dire à l’anglo-saxonne permettant de mélanger les genres, notamment d’abandonner le lien social et le culturel aux religieux dans les quartiers populaires. Il faut trouver un moyen de se rassembler sur une bases égalitaire et laïque, ni sécuritaire ni victimaire, antiraciste et anti-intégriste, pour refuser de perdre ces acquis et exercer une vigilance collective. Interview réalisé par Sophie Binet Pour aller plus loin : • Le choc des préjugés, Caroline Fourest, Calmann-Lévy, 242 p., 18 € (2008) • La tentation obscurantiste, Caroline Fourest, éditions Grasset, 9€ (2005) • Face au boycott, Caroline Fourest, éditions Dunod, (2005) • Frère Tariq, éditions Grasset. ISBN 2-24666791-7 (2004) • Tirs croisés, La laïcité à l’épreuve des intégrismes juif, chrétien et musulman (avec Fiammetta Venner), éditions Calmann-Lévy (2003) • Foi contre choix : La Droite religieuse et le mouvement Prolife aux États-Unis, éditions Golias (2000) • Le guide des sponsors du Front national et de ses amis (avec Fiammetta Venner), éditions Castells Raymond (1998) • Les anti-pacs, ou la dernière croisade homophobe (avec Fiammetta Venner), éditions Prochoix (1998)
Etudiants de France n°280 • Novembre-Décembre 2007
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CULTURE
Mon FÜHRER
un film de DANI LEVY Appréhendant la période de la Shoah par le biais de la farce tout en s’appuyant sur de véritables faits historiques (voir notes du réalisateur en pièce jointe), ce film d’outre-Rhin a rencontré son public en Allemagne où il a déjà attiré plus d’un million de spectateurs! Synopsis
la «LISTE DE SCHINDLER», je faisais partie des critiques orthodoxes, qui s’opposaient à Décembre 1944: la «guerre totale» est pour l’idée qu’on puisse représenter l’Holocauste ainsi dire presque totalement perdue. Pourtant au cinéma. Le fait que le cinéma puisse Goebbels ne veut pas s’avouer aussi facilement reconstituer, mettre en scène une représentation vaincu. — fût-elle authentique — de la misère était pour moi (en tant que juif) un mensonge Pour le Nouvel An, le Führer doit prononcer un mégalomane. Les discussions discours guerrier pour galvaniser autour de «LA VIE EST BELLE» de les foules. Mais il y a un hic à tout «C’est l’histoire Benigni marquèrent le début d’une cela: le Führer ne pourra pas nouvelle époque. L’Holocauste, prononcer ce discours. Malade d’un drame rendu abstrait par un décor, peutet dépressif, il fuit les apparitions il être utilisé comme regard tragipubliques. Il ne reste qu’un seul humain, la comique sur une relation entre homme pour l’aider: son ancien professeur de théâtre, Adolf tragédie morale un père et un fils ? Je pense que oui ! Benigni n’a jamais essayé de Grünbaum, un juif. d’une époque» faire passer sa vision de l’époque Goebbels le fait sortir ainsi et de son horreur comme réaliste. que sa famille du camp de Benigni s’est situé sur un autre concentration de Sachsenhausen, et le fait venir à la chancellerie du Dani Lévy plan. Il exprime, au travers d’un conte poétique se déroulant dans Reich. Le temps presse: c’est un camp de concentration, le fait dans 5 jours seulement que le que l’imagination enfantine est indestructible. Führer doit être au sommet de sa forme.
Note d’intention du réalisateur « Le Fûhrer est immortel. Dans nos esprits tout au moins. Le traumatisme de cette époque est loin d’être oublié et on voit bien l’intérêt universel porté à notre histoire avec des succès comme «LA CHUUTE», «SOPHIE SCHOLL», «LE BATEAU», etc. Lorsque Spielbereg réalisa
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Les circonstances et l’histoire qui sont relatées dans «MON FÜHRER» sont librement inventées, tout en se basant sur les connaissances que l’on a de cette époque. Parce que pour moi, l’imagination, la fable indépendante des faits, s’approche peut-eptre davantage de la réalité. Ou pour dire les choses autrement, je ne souhaite pas faire l’honneur
Etudiants de France n°281 • Janvier-Février 2008
d’une représentation réaliste à ces hommes cyniques et si sauvages. La vérité que je souhaitais raconter est tout autre. C’est l’histoire d’un drame humain, la tragédie morale d’une époque. Dans quelle époque, et avec quelles valeurs éthiques ont grandi les leaders et les adeptes du National Socialisme. Quels esprits ont imaginé ces crimes, ces injustices et la destruction de tant de vies humaines ? Comment était-ce possible de faire cela à tant de millions de gens ? Pour ce faire, j’ai souhaité utiliser la comédie : la comédie est plus subversive que la tragédie. Elle peut exprimer beaucoup plus que ne le ferait une représentation sérieuse et authentique de la réalité. Elle peut montrer des comportements de manière crue et sans fard et ainsi démasquer leur bassesse.»
A SAVOIR L’UNEF et APC ont organisé l’avant première du film. Vous pouvez y participer gratuitement en étant adhérent de l’UNEF. Surveillez la newsletter pour découvrir les prochaines avant-premières.
CULTURE
A VOIR A LIRE
A LIRE
PERSEPOLIS
Le complot contre l’amérique
De Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud difficile pour elle de se rappeler seize ans de vie, «avec tout ce que vous voulez forcément enfouir, oublier». Enfin, Persepolis a raflé de nombreuses récompenses : Prix du jury au Festival de Cannes en 2007, pas moins de 6 nominations aux Césars (2008) pour les catégories de meilleur film, meilleure musique écrite pour un film, meilleur son, meilleur montage, meilleur premier film et meilleur adaptation. Persépolis récoltera les Césars de meilleur premier film et de meilleure adaptation. Nommé en 2008 pour l’Oscar du meilleur film d’animation, le film est également nommé aux Golden Globes (2008) pour le meilleur film en langue étrangère.
Une émotion refoulée
Synopsis Téhéran 1978 : Marjane, huit ans, songe à l’avenir et se rêve en prophète sauvant le monde. Choyée par des parents modernes et cultivés, particulièrement liée à sa grand-mère, elle suit avec exaltation les évènements qui vont mener à la révolution et provoquer la chute du régime du Chah. Avec l’instauration de la République islamique débute le temps des «commissaires de la révolution» qui contrôlent tenues et comportements. Marjane qui doit porter le voile, se rêve désormais en révolutionnaire. Bientôt, la guerre contre l’Irak entraîne bombardements, privations, et disparitions de proches. La répression intérieure devient chaque jour plus sévère. Dans un contexte de plus en plus pénible, sa langue bien pendue et ses positions rebelles deviennent problématiques. Ses parents décident alors de l’envoyer en Autriche pour la protéger. A Vienne, Marjane vit à quatorze ans sa deuxième révolution : l’adolescence, la liberté, les vertiges de l’amour mais aussi l’exil, la solitude et la différence.
Adapté d’une BD culte, plébiscité par les critiques Persepolis est l’adaptation sur grand écran des quatre albums de bande dessinée homonymes écrits et dessinés par Marjane Satrapi. L’histoire de ces albums est directement inspirée de la jeunesse de la dessinatrice. Celle-ci avoue qu’au moment de l’écriture des livres, il a été
Marjane Satrapi, qui a créé les personnages des albums de Persepolis en s’inspirant d’ellemême et de sa famille, avoue qu’il a été difficile de voir d’autres dessinateurs s’approprier ses dessins et reproduire son visage. «Ce n’est pas juste mon dessin et mes personnages que les dessinateurs s’approprient, mais également mon visage et mon histoire... En plus, j’avais toujours travaillé seule ? même dans l’atelier, j’avais vraiment un coin à moi ? alors, imaginez, en plus, dès que j’entrais dans le studio, il y avait mon visage. Petit, moyen, grand. Petite fille, adolescente, jeune fille, adulte, de face, de dos, de profil, en train de rire, en train de vomir, en train de pleurer, etc. C’était insoutenable ! Il n’y avait pas d’autre solution que de se dire «C’est juste un personnage». Comme pour les autres personnes dont je parle d’ailleurs. Car leurs histoires sont vraies. Je ne pouvais pas m’autoriser d’émotion sinon cela aurait été ingérable pour tout le monde. Il fallait que je mette de côté ma part d’émotivité pour pouvoir travailler sur cette histoire avec autant de gens. Si dès qu’ils dessinent, les gens me voient la larme à l’oeil, ils ne peuvent plus travailler. Alors qu’on a besoin qu’ils se sentent libres, qu’ils soient au mieux de leurs possibilités. Je ne pouvais pas faire autrement que parler de moi et des personnes de ma vie comme de personnages de fiction : «Marjane fait ça, sa grand-mère est comme ça...» Sinon, c’était impossible.» Avec ce film, l’animation française s’ouvre, avec bonheur, à un genre inédit : l’autofiction (...)adaptation libre et fidèle [de la BD] : même réalisme stylisé, sur la forme ; un plus grand souci d’universalité, sur le fond. Le tout porté par un humour ravageur qui ne fait aucune concession sur les ravages d’une dictature islamiste. A voir et à lire de toute urgence.
De Philip Roth Résumé du livre Juin 1940 : Charles A. Lindbergh, l’aviateur héroïque adulé des Américains, est choisi par le parti républicain comme son candidat à l’élection présidentielle face à Franklin D. Roosevelt. La nouvelle fait l’effet d’une bombe. Car le brillant aventurier est aussi un admirateur de l’Allemagne nazie et un antisémite notoire. Tout comme les autres familles juives de Newark, les parents du petit Philip (le narrateur, âgé de sept ans) sont atterrés. Car, déjouant tous les pronostics, Lindbergh, exploitant à fond le pacifisme américain, imposant son slogan ‘Lindbergh ou la guerre !’, devient en novembre 1940 président des États-Unis. Dès son arrivée à la Maison Blanche, il s’empresse de signer un pacte de non-agression avec Hitler, puis avec le Japon. Les juifs ne tardent pas, alors, à être considérés comme des indésirables au même titre que les Noirs, puis pire encore... Mais, entre certains membres de la communauté juive qui soutiennent la paix à tout prix prônée par Lindbergh et ceux qui osent entrer en dissidence, voire créer des ‘brigades internationales’ antinazies qui partent combattre en Europe, le fossé va s’élargir jusqu’à la rupture... ‘Le Complot contre l’Amérique’ est un livre sur la Deuxième Guerre mondiale. Ici, les champs de bataille et l’horreur des combats sont mis de cotés, la guerre se passe dans la tête d’un petit garçon, narrateur et auteur de ce livre : Philip Roth. C’est d’abord une guerre au sein d’une famille juive de Newark, la famille Roth, certains d’entre eux pro-Lindbergh, les autres contre. Lindbergh veut assurer la paix des Etats-Unis, pour cela, la collaboration doit avoir lieu. Il succède à Roosevelt qui, lui, est pour l’entrée en guerre de cette nation contre les nazis. Le choix est le suivant : la paix ou la guerre. La paix gagne, la collaboration aussi. P. Roth narre ses souvenirs d’enfance, d’une Amérique dans laquelle il a vécu étant enfant. Roth arrive tout particulièrement bien à décrire, et à nous toucher par cette montée du fascisme dans ce pays. Montée sournoise de la fascisation de cette société, salvatrice dans la réalité, mais qui effraie dans cette fiction, qui, pour sa part semble très, trop même, réelle et l’on se demande ce qu’il serait advenu s’il en avait été ainsi...
Etudiants de France n°281 • Janvier-Février 2008
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SANTÉ
La santé des étudiants :
les propositions de la LMDE Alors que la ministre de la santé vient de sortir un « plan santé jeunes », la LMDE fait ses propositions pour améliorer la santé des étudiants Des services de santé universitaires incapables de répondre aux besoins 42 % des étudiants n’ont jamais passé de visite médicale au sein du service de médecine préventive de leur établissement. Pourtant cette visite est obligatoire lors de la première année. Or faute de moyens, les services de médecine préventive n’ont ni le temps ni les personnels suffisants pour convoquer les étudiants pour un bilan de santé. La situation des Bureaux d’Aide Psychologique Universitaire (BAPU) est aussi alarmante. Alors que la souffrance psychique est très présente chez les étudiants, du fait notamment de la précarité dans laquelle ils se trouvent et de leur rythme de vie, il y a moins de 20 BAPU (pour plus de 2 millions d’étudiants). Il reste ainsi beaucoup de choses à améliorer au niveau des services de santé universitaires. Un réinvestissement nécessaire dans la prévention et la santé étudiante En premier lieu nous plaidons pour la création d’un véritable statut social de l’étudiant, pour que chaque jeune en formation puisse bénéficier de ressources adaptées à ses besoins, et par conséquent d’une protection sociale de haut niveau et des moyens de maîtriser sa santé de manière autonome. Nous souhaitons un réinvestissement dans la santé étudiante. On ne peut améliorer l’enseignement supérieur en France sans moyens pour l’accueil et l’accompagnement social et sanitaire des étudiants. Les étudiants ont des problématiques de santé spécifiques auxquelles il faut d’abord répondre par une forte action préventive, qui peut être prise en charge par les mutuelles étudiantes, en lien bien sûr
avec les services de santé des établissements d’enseignement. Cela nécessite un financement public aux actions de préventions étudiantes.
Améliorer la couverture sociale des étudiants La création d’un chèque santé, délivré par les CROUS, permettrait aux 13% d’étudiants dépourvus de complémentaire pour raisons financières de bénéficier d’une protection sociale de qualité et d’éviter le renoncement ou le report de soins, qui concerne 23% d’entre eux. Il faut également promouvoir une simplification du système à travers le rattachement des étudiants salariés apprentis et stagiaire au régime étudiant de sécurité sociale, afin de rendre effective l’égalité d’accès à une protection spécifique adaptée.
Renforcer les services de santé universitaire en modifiant leur périmètre d’action Il est nécessaire de rendre la visite médicale obligatoire effective en donnant des moyens suffisants aux Médecines Préventives Universitaires (MPU). Il faudrait compléter le rôle des MPU en matière de prévention en leur permettant de délivrer directement des soins. Pour renforcer les services de soins, il faudrait regrouper les MPU dans des « maisons de santé », gérées par les CROUS, qui sont les opérateurs de la vie étudiante, pour que
l’ensemble des étudiants de la ville, y ait accès. Les établissements d’enseignement supérieur, qui ont aujourd’hui la charge de la santé étudiante, ne s’y investissent en effet que trop peu, du fait du recentrage de leurs moyens sur leurs missions (enseignement, recherche). Enfin, pour améliorer l’accueil des étudiants étrangers et faciliter leurs démarches, il faudrait également que les MPU soient agréées pour faire passer les visites médicales préalables à la délivrance des titres de séjour étudiants. Fabrice Chambon, Secrétaire Général de la LMDE ELECTIONS À LA LMDE : ADHÉRENTS DE LA LMDE VOTEZ POUR LA LISTE «ENGAGEMENTS MUTUALISTES SOUTENUS PAR L’UNEF» Créée par et pour les étudiants, la LMDE appartient à tous les étudiants. En effet, la mutuelle est une structure gérée par des étudiants élus. A partir du 4 décembre 2007 jusqu’au 12 mai 2008 seront organisées les élections des nouveaux délégués des instances locales et nationales de la LMDE.; ce sera l’occasion pour chaque adhérent de participer à la vie mutualiste en désignant ceux qui s’impliqueront en son nom pour une durée de 3 ans. Tous les adhérents de la LMDE vont donc recevoir dans leur boîte au lettre un matériel de vote par corresponsance à renvoyer avant le 5 avril 2008 ainsi que les professions de foi des listes qui se présentent. N’oubliez donc pas de voter à l’occasion de ces échéances importantes. Plus de renseignements : lmde.com
DERNIÈRE MINUTE : UN PLAN SANTÉ JEUNE Roselyne Bachelot, Ministre de la santé, a annoncé le 28 février la mise en place d’un « plan santé jeunes ». S’il est positif que, pour la première fois depuis longtemps, les pouvoirs publics prêtent attention à la santé des jeunes, en soulignant l’importance
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de développer la prévention et les services de santé universitaires, l’absence de concertations préalables à l’annonce du Plan a conduit les principaux acteurs de la santé étudiante à prendre connaissance du plan dans la presse et leur a réservé quelques
Etudiants de France n°280 • Novembre-Décembre 2007
surprises désagréables. Ainsi, la ministre souhaite financer l’augmentation des moyens alloués aux MPU par l’augmentation des frais d’inscription des étudiants ! Suite à la pression de l’UNEF, Roselyne Bachelot a reculé sur les frais d’inscription et a annoncé
des négociations afin de modifier le Plan et le faire aller dans le sens de la santé étudiante. Gageons que le résultat des élections au CROUS ne sera pas sans influence sur la capacité des étudiants à faire entendre leur voix également en matière de santé…
La Mutuelle des Étudiants - LMDE : mutuelle n° 431 791 672, soumise aux dispositions du livre II du code de la Mutualité. Ce document n’a pas de valeur contractuelle - Studio LMDE - 07306