Grands Festivals en Auvergne

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Gannat

Festival des Cultures du

monde

Mission d’intérêt planétaire

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Il est discret et presque campagnard, ce chemin qui mène, en bordure de Gannat, à ce vaste bâtiment rose pâle, ancienne malterie de la riche plaine de Limagne devenue la Maison des cultures et traditions. C’est ici que se trouve le quartier général et que bat le cœur administratif et technique du très renommé festival des Cultures du monde, l’événement phare de l’Association nationale Cultures et Traditions. Cette structure, à vocation internationale, œuvre ni plus ni moins, sous le haut patronage de l’Unesco, à la défense des expressions culturelles du monde et au dialogue entre les peuples.

L

’affaire est d’importance car il en va pour ainsi dire de la survie de certaines civilisations et d’une meilleure compréhension de la place de l’homme dans l’ordre du monde. Une dizaine de permanents s’affairent au bon fonctionnement de cette lourde machine, autour d’un personnage central : Jean Roche. L’homme ne s’est pas contenté de fonder le festival ; il en est aussi son délégué général et son directeur artistique en même temps qu’il reste président d’honneur de l’association. Pivot presque mythique de l’événement, il vous confessera humblement qu’il est bien entouré par son équipe technique et par la présence enthousiaste de 500 bénévoles impliqués dans le déroulement de la manifestation. Tout de même, la notoriété du président n’est plus à construire ; c’est précisément avec lui que nous avons rendez-vous : il a réussi d’extrême justesse à caler une entrevue entre deux déplacements au Bénin et au Kazakhstan.

Le temps de nous dévoiler les ambitions passées et futures de son entreprise, avant de s’éclipser pour un énième rendez-vous à Vichy, coiffé de son éternel et large chapeau, cet attribut vestimentaire qui a aussi construit sa silhouette médiatique. Au fait, parlons-nous de folklore ? Jean Roche s’anime soudainement en entendant ce mot ; on le sent balancé entre le rejet d’un terme trop entaché de légèreté et un profond respect pour son étymologie, car folklore signi¿e précisément « science du peuple ». Voilà bien le dilemme car cette science n’est rien d’autre que l’émanation des traditions, des coutumes et des arts populaires propres à un pays ou à un groupe humain. C’est une vérité qu’il ne saurait négliger dans la mesure où c’est cette science qui aujourd’hui est la plus menacée. Cette fois, nous abordons de plein fouet le sens réel du festival gannatois, en ce lieu presque rural où se déclenche le réveil des consciences humaines. Nous sommes sur un territoire qui hésite entre l’Auvergne et le Bourbonnais et qui joue carrément une partition internationale sous le regard encore proche du puy de Dôme, autrefois baptisé « mont Fraternité » : tout un symbole !

Se connaître soi-même à travers l’autre Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’on accueille à Gannat de « très lointains cousins » venus des quatre coins du monde. Ce n’est pas d’aujourd’hui non plus que l’on a pris conscience de la fragilité des cultures ancestrales. Il y a plus de trente-cinq ans maintenant, la Bourrée gannatoise, groupe folklorique local, lançait l’idée d’un festival comme mode d’expression de la tradition musicale, dans la succession logique des saisons artistiques antérieures au cours desquelles étaient déjà invités des groupes étrangers. Il est

Ensemble Slavitsa (Russie).

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Festival des Cultures du monde

Danseur de l’île des Pins (Nouvelle-Calédonie).

cependant indéniable qu’avec la création de l’Association nationale Cultures et Traditions (ANCT), le festival de Gannat, qui en est devenu l’émanation la plus emblématique, a acquis une dimension universelle autour de ce qui résonne comme un avertissement : le patrimoine culturel immatériel de l’humanité et son extrême fragilité. Cette prise de conscience s’amorce véritablement dans les années 1980 avec à la clé un terrible constat : celui de l’uniformisation, et à terme de la disparition complète, des identités culturelles des peuples, sous l’effet d’une mondialisation érosive. L’Unesco est bien sûr au cœur de cette réÀexion qui aboutira au cours des années 2000 à l’adoption d’une Convention

pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Complètement globalisé, cet impératif se décline tout autant à l’échelle individuelle car le respect de la mémoire commune d’un peuple répond en écho à celui de la dignité de la personne humaine. En créant depuis des années à travers son festival des moments privilégiés de dialogue, de découverte des civilisations d’ailleurs et donc de ceux qui les portent, en incitant les artistes invités à s’imprégner des traditions de leur pays d’accueil, l’association installée à Gannat fait ¿gure de plate-forme d’échanges mondiale. Il y a belle lurette que la notion de spectacle est dépassée ; Gannat n’est pas un show folklorique planétaire : elle n’est que passerelles et rapprochements entre différentes sensibilités. Elle est aussi une invitation pour chacun à dépasser son propre hori-

Gannat n’est pas un show folklorique planétaire : elle n’est que passerelles et rapprochements entre différentes sensibilités. - 11 -


Gannat et son festival distraient le spectateur pour une noble cause grâce à un art qui leur est propre : celui de rendre l’éphémère plus durable. pour l’homme du IIIe millénaire. Par la dévotion innée qu’ils portent à la nature et à l’environnement, ces peuples nous rappellent que l’homme n’est que la composante d’un tout qu’il lui appartient d’abord de respecter. À l’autre bout du monde mais cette fois sur nos propres terres, le groupe Arcadanse mêle harmonieusement l’art, la cadence, la danse en faisant revivre, grâce à une adaptation très appropriée des chants, musiques et danses, l’ensemble des coutumes du pays de Bresse, qui chevauche à la fois le Jura, l’Ain et la Saône-et-Loire. Ici aussi, c’est tout l’héritage identitaire d’une région qui est remis à l’honneur par les balades musicales et dansées qui font rentrer le spectateur dans la vie champêtre et villageoise de la Bresse d’autrefois. À travers ces deux exemples, c’est toute la quintessence du festival gannatois qui se dévoile ; un festival, nous l’avons déjà dit, où le spectacle sert de faire-valoir vendeur à une ambition plus profonde : celle de la sauvegarde du patrimoine immatériel mondial. Tout au long de ces journées, les festivaliers ne peuvent aucunement rater les nombreuses occasions de se confronter à cette exigence, qu’il s’agisse de conférences sur la notion de patrimoine immatériel, de tables rondes sur la question des rituels et des croyances en présence d’experts et de porteurs de traditions, de projectionsdébats avec des spécialistes des cultures traditionnelles ou, dans un registre plus délié, des soirées cabaret et des repas typiques en présence des représentants des pays mis à l’honneur. Sans édulcorer d’aucune façon sa présentation, on peut avancer que Gannat et son festival distraient le spectateur pour une noble cause grâce à un art qui leur est propre : celui de rendre I l’éphémère plus durable.

Jean Roche, fondateur mythique du festival et directeur artistique ; il veut rapprocher les mondes.

zon et, dans son rapport à l’autre, à s’interroger sur soi-même par rapport au temps et au monde. Devant une expérience aussi forte, on ne s’étonnera pas que l’ANCT ait été recommandée pour être accréditée en tant qu’organisation non gouvernementale assurant des fonctions consultatives auprès du comité ONG de l’Unesco.

Des Papous de Merauke aux rythmes populaires du pays de Bresse

Informations

Ils sont venus au cours d’une toute récente édition pour offrir au public l’un des instants les plus précieux du festival : les ethnies papoues de Nouvelle-Guinée occidentale, sous souveraineté indonésienne, venaient pour la première fois à la rencontre de l’Europe avec pour simples bagages les rituels qui composent leur quotidien et surtout, une stupé¿ante leçon d’humilité

Association nationale Cultures et Traditions Numéro Indigo : 0825 800 750 www.gannat.com

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Festival des Cultures du monde

Danseur de l’île des Pins (Nouvelle-Calédonie).

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Gannat Tourisme

À voir Surprenante, la cité gannatoise, dont on ignore trop souvent le passé de ville forti¿ée. C’est au XIIe siècle que Gannat, située à la frontière du Bourbonnais et de l’Auvergne, entre dans la vassalité des sires de Bourbon, qui n’ont alors qu’une seule préoccupation : la forti¿er contre leurs encombrants voisins, les comtes d’Auvergne. De ce passé subsistent quelques témoignages d’architecture.

LE CŒUR ANCIEN Le château des ducs de Bourbon date donc du XIIe siècle ; son architecture de château fort de plaine avec de très larges fossés évoquait celle des châteaux du midi de la France. Il abrita à plusieurs reprises une prison et accueille de nos jours le musée municipal de Gannat. Les tours Larat et Calixte-Moulin sont des vestiges qui subsistent de l’enceinte forti¿ée de Gannat. Le four banal. Symbole de la féodalité des sires de Bourbon, tenus de fournir à la population des pressoirs, des moulins et des fours banaux. En façade, on peut encore remarquer deux corbeaux supportant autrefois poutres et poulies pour l’acheminement des sacs de farine. La maison Machelon. Beau reste de l’époque médiévale (XIIIe siècle) doté d’un premier étage en encorbellement et d’un escalier à vis. Il s’agit d’une des maisons les plus anciennes de Gannat.

L’église Sainte-Croix.

Les églises. L’église Saint-Étienne est à la marge du centre ancien. Élevée dans le style roman primitif, elle se distingue par la diversité de ses toitures (lauze, ardoise, tuile romaine et bourbonnaise). L’église Sainte-Croix juxtapose plusieurs époques de construction (XIe-XVIIe siècle) ; sa chapelle est dédiée à sainte Procule, patronne de la ville, décapitée par le chevalier Géraud, à qui elle était promise et à qui elle s’était toujours refusée, préférant se consacrer à Dieu. Ces deux édi¿ces sont sur le circuit des églises Arc-en-ciel, réseau de valorisation de l’art religieux médiéval en val de Sioule. Les musées. Le musée municipal YvesMachelon comporte 20 salles dédiées à l’histoire locale où sont présentés les arts religieux, les Arts déco, l’artisanat et les traditions populaires, l’époque de la Résistance dans la région, l’archéologie, les véhicules hippomobiles et automobiles du XIXe siècle et des années 1920 mais surtout le très précieux évangéliaire carolingien de Gannat, manuscrit du IXe siècle richement décoré (manuscrit intégralement numérisé visible sur le site Internet www.bassin-gannat.com). - 14 -

Quant au musée Rhinopolis, il vous ouvre les portes de la grande histoire de la vie sur Terre depuis trois milliards et demi d’années. Rencontre avec les premiers êtres vivants, dinosaures, reptiles volants, oiseaux, mammouths… Le jardin public. Au détour de ses allées, on croise un séquoia centenaire, un kiosque à musique, le buste de Gabriel Delarue, ancien député-maire de la ville, et son pavillon, qui abrite des expositions temporaires.

AUX PORTES DE LA VILLE Les coteaux calcaires du bassin de Gannat. Ils sont classés « espaces naturels sensibles de l’Allier » et constituent un périmètre surprenant aux multiples richesses géologiques et naturelles.


Le village de Charroux.

Prenez le temps d’arpenter le coteau des Chapelles, garni au printemps de plusieurs espèces d’orchidées, les pelouses des Diagots, d’aspect steppique, rocheux, quasi méditerranéen, et en¿n le mont Libre et ses calcaires en forme de chou-Àeur vieux de 23 millions d’années. Sur les sentiers de randonnée, vous verrez aussi vivre une faune très variée d’oiseaux, d’insectes, de reptiles et, depuis ces hauteurs, vous pro¿terez des points de vue sur la plaine de Gannat. Le jardin des plantes médicinales est à découvrir à Saint-Bonnet-de-Rochefort, près de Gannat. C’est ici que l’association Naturopôle organise les journées du même nom consacrées aux plantes dans la vie quotidienne. Villages de charme et viaducs ferroviaires de caractère. Charroux et Verneuil-en-Bourbonnais sont deux

adorables villages médiévaux (le premier appartient au club des « plus beaux villages de France ») associant le patrimoine, la nature et un incomparable art de vivre. Les ouvrages d’art de Neuvial et de Rouzat ont été construits selon la technique de l’ingénieur Eiffel ; ils sont tous deux classés monuments historiques. La Maison du luthier-musée est installée à Jenzat, capitale mondiale de la vielle, sur le site historique des luthiers qui, grâce à la qualité de leur production, ont fait la renommée du lieu.

À vivre BROÛT-VERNET : FESTIVAL ROCK PRESERV’ Vingt ans d’âge pour cet événement qui réunit chaque été 15 000 fans de musiques actuelles et d’ambiance conviviale en pleine campagne bourbonnaise. Festival de plein air à résonance écologique, porté par 300 bénévoles, Rock Preserv’ traite sur un plan d’égalité musiciens internationaux, nationaux et locaux, s’ouvre à un grand éclectisme musical (électro jazz, ska, reggae, jazz - 15 -

manouche…) et con¿rme son intention première d’ouvrir le monde rural à une certaine émancipation culturelle. Mais avant tout, ce festival est un immense terrain de rapprochement entre les hommes et de reconnaissance pour ceux que la maladie ou le handicap marginalisent. Depuis toujours, une partie des béné¿ces est reversée à la lutte contre le sida, via Aides Auvergne, pour laquelle un village prévention a été établi sur le site même. Le handicap y trouve aussi un champ d’expression grâce à la présence de nombreux festivaliers et bénévoles handicapés impliqués dans l’organisation de l’événement ou partie prenante de spectacles vivants. Autre exemple de reconnaissance réciproque : le festival Galipin’son rassemble les plus jeunes et les victimes de handicap autour d’un projet festif. En¿n, Rock preserv’ s’ouvre à la jeunesse


internationale avec la mise en place de chantiers internationaux très associés à la préparation de ces deux journées de partage musical.

À goûter LA GRANDE-RUE À GANNAT C’est la rue des tentations par excellence, artère vitale d’un cœur de ville gourmand. La balade commence chez l’artisan boulanger-pâtissier Philippe Saignie, place Pasteur : ses macarons joufÀus et colorés vous feraient oublier tous les malheurs de la terre ! Un peu plus bas, la pâtisserie Joseph est elle aussi une adresse obligée. Dif¿cile de résister à ses chocolats, dont ses crottes de marquis du Bourbonnais, ses entremets, ses con¿series. À la même hau-

Au Plateau d’Auvergne.

teur, la boutique du primeur est une ode colorée et parfumée aux fruits et légumes de France et d’ailleurs. En¿n, ne quittez pas la rue sans une halte au Plateau d’Auvergne ; le crémier-fromager y a convoqué toutes les stars fromagères d’Auvergne et d’autres régions. Fraîcheur et goût vont se révéler à vous comme nulle part ailleurs !

LA FERME SAINT-SÉBASTIEN : LE GOÛT DU BON Quel régal lorsqu’à la découverte d’un ancien village forti¿é, authentiquement préservé, on peut adjoindre les plaisirs d’une table sans arti¿ce mais érigée en temple du goût ! Vous êtes à Charroux, en pleine Limagne bourbonnaise, dans un village riche de son histoire et de ses traditions, à la croisée des anciens pays d’oc et d’oïl, autrefois ville autonome où se côtoyaient bourgeois, marchands et intellectuels. - 16 -

La pâtisserie Joseph.

Après avoir arpenté les rues pavées de grosses pierres et bordées de façades sculptées ou à colombages, franchi d’anciennes portes, témoins des enceintes de protection, traversé des places ¿gées dans leur décor, il est l’heure de sortir du cœur de cité pour rejoindre les anciens faubourgs de la ville où, parmi des jardins, des bosquets, des vergers, se nichent des fermes bourbonnaises. Entrez dans la ferme Saint-Sébastien, dont le nom évoque la présence d’une église aujourd’hui disparue. et dédiée à ce saint. Valérie Saignie vous y attend pour vous faire pénétrer avec délectation dans son univers gastronomique. Présentation rapide : le chef arbore déjà un beau parcours auprès de célébrités comme Michel Bras à Laguiole ou Jean-Yves Bath à Clermont-Ferrand et peut revendiquer d’être la seule femme


du Bourbonnais à l’exotisme de l’orange. De même, Valérie sait à merveille jouer des différences de tonalité d’un même plat en juxtaposant tout simplement différentes techniques de cuisson. Le principe de l’assiette composée va par exemple permettre la mise en harmonie d’un faux-¿let cuit instantanément et d’une daube de joue de bœuf ou d’un hachis Parmentier à la préparation plus minutieuse. Voilà bien un de ces petits joyaux de terroir dont seule la France détient le secret ! La Ferme Saint-Sébastien à Charroux Tél. 04 70 56 88 83

toque d’Auvergne. Mais c’est surtout la cuisine d’instinct, instantanée, portée par les préférences du jour, elles-mêmes dictées par les saisons, les arrivages, les coups de cœur dans les épiceries ou sur les marchés locaux, qui va marquer votre parcours. Vos papilles ne vont pas tarder à déceler le secret du bonheur qui marque cette table : le « fait maison ». Car, des mises en bouche jusqu’aux mignardises, du pain au menu du marché, tout porte l’empreinte de Valérie, de son savoir-faire, de ses inspirations spontanées, de ses prédilections pour certains produits. Qu’on se le dise : le bon surpasse ici le beau, même si l’exigence de présentation reste forcément de mise. Mais le bon s’accommode parfaitement des tendances ou des techniques nouvelles ; la maison sait défendre haut et fort le terroir régional mais ne s’interdit pas de marier par exemple le poulet fermier

RESTAURANT LE FRÉGÉNIE Décor pastel et intérieur très feutré pour cet établissement classé au guide Michelin et Champerard. Comme l’annonce la carte, nul besoin de dépenser une fortune

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pour s’octroyer une pause gourmande et reposante. Au dessert, demandez une crème brûlée ! Goûté et véri¿é. Le centre-ville de Gannat est tout proche. Restaurant Le Frégénie Tél. 04 70 90 04 65 www.le-fregenie.com

Informations Office de tourisme du pays de Gannat et des Portes occitanes Tél. 04 70 90 17 78 www.bassin-gannat.com


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La Chaise-Dieu

Festival de

musique

de La

Chaise-Dieu L’art de s’élever

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Voilà bien ce qui fait la puissance et le charme de ce lieu : son éloignement, son isolement quasi monastique, son austérité, sa rigueur climatique qui font que le voyageur, mieux le pèlerin, venu des plaines et des vallées, aborde le village sur la pointe des pieds tant il règne ici une atmosphère de spiritualité intense.

A

a Chaise-Dieu se conquiert, se mérite. Ne vient ou ne revient ici que celui qui lui est spirituellement attaché et qui, à la vue de cet ensemble écrasant de beauté sans fard, n’a qu’une seule envie : celle de se découvrir.

en sera clos quelque vingt années plus tard alors que son neveu Grégoire XI occupe le trône de saint Pierre. La Chaise-Dieu connaîtra bien sûr des heures sombres ; son patrimoine et ses moines eurent à subir les ravages et les excès des guerres de Religion et de la Révolution française, mais il était dit que le renom international de cette cité, solidement ancrée sur cette terre sauvage, ne devait connaître qu’une simple éclipse pour retrouver au XXe siècle toute sa plénitude sous l’effet d’un signe du destin.

Oui, nous sommes face ici à l’un des plus majestueux ensembles gothiques auvergnats mais qui, à la différence des cathédrales de Saint-Flour ou de Clermont-Ferrand, semble surgi du néant. Un lieu d’histoire, de culture, de rayonnement qui, depuis le haut Moyen Âge et l’arrivée sur ce rude plateau de Robert de Turlande, chanoine du chapitre de Brioude, éclaira de son influence l’Auvergne et toute l’Europe occidentale. Saint Robert fit de son abbaye le modèle de la perfection bénédictine, s’inscrivant en concurrent direct de ses frères clunisiens et cisterciens. Le site casadéen entré aussi vigoureusement dans l’histoire n’allait pas la quitter de sitôt. Quelques siècles plus tard, en plein XIVe siècle, il acquiert une autre dimension sous la maîtrise d’un ancien novice des lieux devenu pape en Avignon sous le nom de Clément VI, qui fera financer personnellement la reconstruction de l’abbatiale telle qu’on peut l’admirer aujourd’hui. Le chantier

Par la magie d’un vieux proverbe hongrois Les grandes choses sont souvent filles du hasard. Ce dernier est bien présent à La Chaise-Dieu en ce jour de 1965, alors que le pianiste Georges Cziffra, en séjour chez des amis, visite l’abbatiale. Ce dernier est hongrois, tout comme Liszt, dont il excelle à jouer le répertoire. Il est accompagné de son fils chef d’orchestre et cherche un lieu où il puisse donner un concert. D’emblée, Cziffra saisit toute la « puissance de feu » d’un pareil endroit, remarquable à la fois par ses dimensions et son acoustique exceptionnelles. C’est alors que son fils contemple les orgues qu’il découvre à leur pied une pièce de monnaie. D’une simple anecdote qu’illustre fort opportunément le proverbe hongrois « Là où tu trouves un sou jaillira la fortune » va naître un dessein supérieur : celui d’organiser ici dès l’année suivante un concert dont le cachet servira à la restauration des orgues. Car l’abbatiale Saint-Robert est blessée en son cœur : ses orgues datées des XVIIe et XVIIIe composent un ensemble unique qui n’a pas échappé au vandalisme révolutionnaire et qui depuis lors est muré dans un silence absolu. 1966 va amorcer la renaissance des orgues ; cette année-là, Cziffra y donne un récital de piano où il se pose en interprète exceptionnel des œuvres romantiques de Liszt et de Chopin. Le concert

Concert en la basilique Saint-Julien à Brioude.

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Festival de musique de la Chaise-Dieu

Au théâtre du Puy-en-Velay.

connaît un succès retentissant pour cette première édition du festival Cziffra, entièrement dédiée au célèbre pianiste et à son fils. C’est aussi dès cette première année que se révèle toute l’efficacité de l’association spécialement créée à cet effet où se côtoient bénévoles et habitants de La Chaise-Dieu et où ont œuvré dès cette époque le docteur Mazoyer ainsi que le docteur Perrin, dont le fils est actuellement maire du village. Près de quarante-cinq ans après son lancement, le festival continue d’être porté par la foi des bénévoles qui œuvrent à son bon déroulement.

de dix éditions par quelques aléas financiers – qui va propulser ce qui devient alors le Festival de La Chaise-Dieu au rang des plus prestigieux rendez-vous internationaux de la musique. De cela, Guy Ramona va s’acquitter avec maestria en mobilisant des partenaires financiers, en cultivant le mécénat d’entreprise, en étoffant l’équipe de permanents du festival mais aussi en diffusant sa promotion aux quatre coins du globe : une initiative audacieuse qui amènera l’organisateur à signer un partenariat avec l’afficheur Giraudy pour occuper jusqu’à 4 000 emplacements en France et à l’étranger. On a ainsi vu La Chaise-Dieu courtiser un public international en s’affichant délibérément dans le hall de l’aéroport J.-F.-Kennedy à New York. Enfin, la période Ramona est ostensiblement placée sous le si-

Sous la baguette de Guy Ramona Tandis qu’en 1976, les orgues retrouvent leur voix, c’est l’arrivée de Guy Ramona – sollicité par les autorités préfectorales de l’époque pour remettre à flot l’événement, déjà gagné au bout - 93 -


gne de l’ouverture en dépit du souvenir indélébile de Georges Cziffra, qui imprègne toujours les lieux. La programmation annuelle a subi une évolution très significative en n’étant plus seulement axée sur un récital et un concert symbolique avec piano, rattachés personnellement à Georges Cziffra, mais en se déployant sur un vaste répertoire allant de la musique ancienne à la musique plus contemporaine, où sont privilégiées les œuvres baroques, classiques et romantiques. Le répertoire baroque des XVIIe et XVIIIe siècles a fait plus particulièrement l’objet d’une remise à l’honneur grâce à de magistrales interprétations signées entre autres de William Christie, Michel Corboz ou Jean-Claude Malgoire.

H^! cdidg^ i dWa^\Z! aZ [Zhi^kVa gZhiZ jc Y^[[jhZjg Yj \gVcY g eZgid^gZ hZgk^ eVg YZ egZhi^\^Zjm Vgi^hiZh! ^a VXXjZ^aaZ Vjhh^ YZh g eZgid^gZh eajh Y aV^hh h Zi eVgVaa aZbZci YZ _ZjcZh Zhed^gh bjh^XVjm# Le panel des artistes invités témoigne tout autant de ce décloisonnement voulu par Guy Ramona et développé par son successeur Jean-Michel Mathé depuis 2003. Si, notoriété oblige, le festival reste un diffuseur du grand répertoire servi par de prestigieux artistes, il accueille aussi des répertoires plus délaissés et parallèle-

Belgian Brass Soloists. Kiosque du jardin Henri-Vinay au Puy-en-Velay. - 94 -


Festival de musique de la Chaise-Dieu

ment de jeunes espoirs musicaux. La place réservée à la musique contemporaine est aujourd’hui une tendance de fond : plusieurs compositeurs du XXe siècle sont à présent programmés et la 43e édition du festival fut ainsi marquée par la présence d’une nouvelle génération de compositeurs français mais également européens. Phénomène exceptionnel : La Chaise-Dieu joue tout autant des registres qualitatif que quantitatif : sur douze jours de rendezvous musicaux, plus de 30 concerts sont proposés, prétexte à quelque 25 000 entrées ; quant aux artistes, ils sont environ 1 000, venus de l’Europe entière, à se presser sur les hauts plateaux du Livradois.

La clef de voûte de la musique sacrée L’histoire, l’environnement, la forte spiritualité qui, depuis le haut Moyen Âge, a marqué ce lieu de son empreinte mais aussi des raisons plus techniques liées aux volumes et à l’acoustique de l’édifice, tout convergeait pour conférer à La Chaise-Dieu le droit à faire de la musique sacrée sa vraie spécialité, en dépit d’une présence non négligeable du répertoire profane. De par ses dimensions, l’abbatiale est en effet susceptible de rivaliser avec de grandes salles de concert permanentes. C’est précisément lorsqu’y sont produites des œuvres telles que les requiem que l’on peut voir se déployer sur la « scène » de l’édifice 40, jusqu’à parfois 250 artistes. Le répertoire sacré va donc rester la marque identitaire de La Chaise-Dieu. Qu’il soit extrait de la liturgie à travers messes et requiem ou d’un sujet biblique à travers l’oratorio, il signe la ligne éditoriale du festival. Une tendance encore confortée par la récente délocalisation de l’événement en des lieux religieux puisque les voix du festival emplissent désormais les voûtes de la basilique Saint-Julien de Brioude, celles des églises baroques ou modernes de la cité mariale du Puy-en-Velay, au même titre que celles plus modestes de Saint-Jean à Ambert ou de Saint-Paulien. Toutefois, l’ouverture, toujours elle, laisse également pénétrer quelques notes de musique légères ou profanes. On se presse ainsi au jardin Henri-Vinay du Puy-en-Velay ou au kiosque à musique d’Ambert pour savourer de nouveau les traditionnelles aubades cuivrées très en vogue au XIXe siècle dans les kiosques à musique, ou au théâtre du Puy-en-Velay pour des opéras en version concerts.

L’orchestre national de Lorraine, direction Jacques Mercier. Abbatiale de la Chaise-Dieu.

De la pérennité de l’orgue De ce lien sacré entre l’orgue et le festival et plus encore avec ses fondateurs aujourd’hui disparus, chaque édition se fait le porte-mémoire obligé. L’instrument demeure très présent au cœur de cet été musical, surtout depuis qu’une campagne de restauration menée dans les années 1990 sous la direction du facteur d’orgues Michel Garnier lui a rendu tout son lustre. Une association portant le nom de Marin Carouge, en référence au célèbre fabricant franc-comtois à qui l’on doit la réa- 95 -


Collégium 1704 (Prague), direction Václav Luks. Abbatiale de la Chaise-Dieu.

lisation du grand buffet d’orgues commandé par le cardinal de Rohan, veille à sa survie. De ce fait, l’instrument accompagne la liturgie et se trouve à l’origine des Journées de l’orgue qui, chaque année, précèdent le festival. Mais surtout, il fait résonner toute la puissance de ses tuyaux en ouverture de chaque concert alors que chaque spectateur se laisse personnellement guider par une hôtesse jusqu’à sa place, d’où il a le sentiment d’entrer dans un autre monde. C’est cela le charme à la fois discret et grandiose de La Chaise-Dieu, si apprécié des artistes et du public. Peut-être est-ce le moment de laisser tomber juste une petite O pièce de monnaie !

Mathé, son actuel directeur général en poste depuis presque dix ans, que de s’être lancé un challenge : celui de « désacraliser » la grande musique avec l’impérieux devoir de l’ouvrir à un plus vaste public. Dans ce registre, les facettes sont multiples qui vont de la pédagogie pour enfants à la découverte préalable des œuvres avant concert O jusqu’à des missions culturelles à caractère plus social.

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Informations

L’exigence en matière artistique génère toujours un risque d’élitisme. Le Festival de La Chaise-Dieu y est confronté et ce n’est pas l’un des moindres mérites de Jean-Michel

Festival de musique de La Chaise-Dieu Tél. 04 71 00 01 16 - www.chaise-dieu.com

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Festival de musique de la Cjaise-Dieu

L’union sacrée avec un patrimoine hautement spirituel, représenté par l’abbatiale Saint-Robert de La Chaise-Dieu.

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À le_h Comme tous les grands festivals musicaux, celui de La Chaise-Dieu possède un lien sacré avec l’édifice qui est à l’origine de son éclosion. Avant d’essaimer en d’autres lieux spirituels d’Auvergne, le festival n’a de raison d’être qu’entre les murs de ce vaisseau des cieux qu’est l’abbatiale Saint-Robert. La cité casadéenne doit son existence à l’omniprésence du monastère bénédictin fondé par Robert de Turlande au milieu du XIe siècle ; il s’ensuit qu’une visite de La ChaiseDieu doit rayonner depuis l’imposant ensemble monastique pour concerner ensuite l’ancienne ville médiévale venue se greffer autour, en ayant soin de ne point omettre le circuit des remparts bâtis pour protéger cette effervescence à la fois marchande et spirituelle.

B7 L?BB; 7887J?7B; L’abbatiale. C’est en 1344 que débute la construction de l’abbatiale en lieu et place de l’église romane existante, à l’initiative du pape Clément VI,

Gisant de Clément VI.

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La place de l’Écho. Elle accueille les anciens bâtiments de fonction des moines, dont une partie est occupée aujourd’hui par le prieuré Sainte-Marie et la communauté des Frères de SaintJean. Quant à la salle de l’Écho, ses voûtes révèlent une acoustique pour le moins inattendue. La maison du cardinal de Rohan. L’affaire du collier de la reine fut fatale à ce personnage qui dut s’exiler sur les terres de l’abbaye de La Chaise-Dieu, dont il était abbé commendataire. C’est en cette demeure, à l’angle de l’abbatiale, qu’il vécut son exil tandis qu’au XXe siècle, c’est Jacqueline Picasso, l’épouse du grand artiste, qui en devint propriétaire avant d’en faire don à la ville.

lui-même ancien moine bénédictin de La Chaise-Dieu. Cet impressionnant ensemble gothique abrite des tapisseries flamandes du XVIe, des fresques sur la danse macabre du XVe, des orgues du XVIIe et bien sûr le tombeau du pape Clément VI. La cour Lafayette. On y pénètre par la seule porte fortifiée encore visible. L’élément fort en est la tour Clémentine, sévère donjon daté de la guerre de Cent Ans à vocation défensive évidente. L’Historial/Musée de cire. Entre personnages de cire grandeur nature et décors reconstitués, vous revivrez près de huit cents ans d’histoire casadéenne, depuis cette année 1043 où un certain Robert de Turlande, épris de solitude et d’ascétisme, vint fonder ici une abbaye bénédictine. L’agencement des lieux est dû à un architecte du célèbre musée Grévin.

B7 L?BB; C7H9>7D:; La place de la Fontaine est une limite entre la cité commerçante et le périmè-

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tre occupé par les moines. Nombreuses habitations à caractère médiéval sur la place et dans les rues attenantes (rues des Casernes, Saint-Esprit, Sainte-Marie…). Admirer la maison dite du Drapier et la maison forte de la Cloze, en bordure des anciens remparts. Dans la rue Sainte-Marie, une lanterne de l’époque médiévale servait à l’éclairage d’une Vierge à l’Enfant.

B;I H;CF7HJI Éléments protecteurs de la cité, ils se signalent notamment par la rue des Fossés mais aussi par plusieurs témoins architecturaux qui jalonnent cet ancien circuit défensif (chapelle de BonneRencontre, porte de la cour Lafayette, abreuvoir de Fontgiraud, porche de l’aile des Moines et surtout le portail de la Coste, autrefois entrée principale de la ville).


À l_lh[

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97I7 :Ê7HJ Village de haute renommée culturelle, La Chaise-Dieu est aussi devenue une terre d’élection de l’artisanat d’art. Plusieurs maîtres artisans résidant en ville et sur son plateau se sont regroupés au sein de Casa d’art dans une démarche de reconnaissance et de promotion de leurs métiers et du territoire dont ils sont issus. Ces artisans accueillent dans leurs ateliers répartis sur tout le territoire casadéen des stages tout public organisés à l’année ainsi que des expositions des savoir-faire locaux. BÊ797:xC?; :; CKI?GK; Dans le sillage du festival, la musique est une richesse qui, sur ce haut plateau casadéen, se cultive à l’année. C’est pour cela que l’Académie de musique

D[ÒXZ YZ idjg^hbZ YZ aV 8]V^hZ"9^Zj J b$ &* -' && &' ', mmm$bW#Y^W_i[#Z_[k$_d\e

a été fondée en permettant à de jeunes talents ou à des passionnés d’échanger et de pratiquer avec des musiciens de renom. Le public peut également assister au concert clôturant les sessions.

B;I @EKHDx;I :; BÊEH=K; Éblouissante mise en appétit musicale que ces Journées de l’orgue qui, le week-end précédant le 15 août, introduisent avec éclat le festival. L’instrument historique de l’abbatiale vient rappeler avec magnificence aux auditeurs

La salle des Échos.

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présents la genèse d’un des plus grands festivals de musique sacrée au monde.

DEIJ7B=?; :K H7?B Comme dans beaucoup de régions reculées du Massif central, les lignes de chemin de fer régionales ont été délaissées. C’est grâce à la dynamique de plusieurs associations que le réseau ferré autour de La Chaise-Dieu a pu renaître en s’ouvrant aux touristes avec, à la clé, une autre façon de pénétrer le parc du Livradois et le haut Forez. À découvrir absolument !

À ]e j[h B; HE? :;I <EHÛJI L’économie casadéenne a de tout temps été influencée par la présence de ces impénétrables forêts et de leur richesse première : le bois. Du travail de défrichement des moines et des chantiers navals de la marine royale jusqu’à l’exploitation des richesses minières régionales, et plus récemment jusqu’aux matériaux de construction modernes et écologiques, le bois fut le pilier de l’activité locale. Mais il est un autre habitant des forêts qui fait le bonheur cette fois-ci de la cuisine familiale ou de celle des grands chefs : le champignon, représenté ici par une extraordinaire diversité d’espèces. C’est bien sûr à l’automne qu’il fait salon avec la célèbre Foire aux champignons de La Chaise-Dieu (dernier jeudi d’octobre) et c’est alors qu’il faut savourer l’élite du monde mycologique.


>äJ;B :; BÊx9>E H;IJ7KH7DJ :; BÊ7887O; C’est en 1640 que, sur décision de Richelieu, l’abbaye de La Chaise-Dieu fut rattachée à la communauté bénédictine de Saint-Maur. Les moines, une fois sur place, entreprirent de rénover les anciennes installations et c’est ainsi que prit forme la place de l’Écho, bordée par différents bâtiments monastiques réservés au logement des moines mais aussi aux cuisines. C’est précisément là qu’est venu sagement s’intégrer le Restaurant de l’Abbaye. Dans un décor discret et feutré, on y sert une cuisine bourgeoise à base de produits frais de saison. Le terroir y est mis à l’honneur, à l’image des champignons, des fruits des bois ou de la verveine. Il faut goûter l’escalope de foie gras de canard et succomber sans état d’âme au chariot de pâtisseries et d’entremets qui suscite tant de convoitises ! Restaurant de l’Abbaye Tél. 04 71 00 00 45

7K CE?D; =EKHC7D: 0 :?L?D;C;DJ 8ED Entre le travail, la prière et le repos, y a-t-il place pour la gourmandise ? La question reste entière ! Cependant, depuis plus d’un demi-siècle, la pâtisserie Au moine gourmand, à La ChaiseDieu, a semble-t-il placé sa réussite sous la bienveillance de saint Robert, le fondateur de l’abbaye, jusqu’à pousser la dévotion à créer le gâteau du même nom ! Alors, dégustez sans état d’âme cette délicieuse pâtisserie à base de biscuit au rhum et de chocolat dont la feuille extérieure tout en chocolat noir évoque précisément… la mitre de saint Robert ! Et s’il n’y avait que cela pour vous compromettre définitivement ! JeanMarc Dumas a érigé le chocolat en un véritable dogme. Résultat : le Fuseau de Haute-Loire, une douceur chocolatée intense composée d’une amande grillée enrobée d’un praliné aux amandes. Histoire de filer le très mauvais coton de la gourmandise ! Les pâtes de fruits et

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les confitures sont forcément faites maison, en haute saison, grâce à ce panier de fruits des bois et des hauts plateaux (mûres, myrtilles, fraises, framboises, verveine feuille) livré directement par les petits producteurs des environs mais également en hiver avec ces oranges amères venues du Midi ensoleillé. Quant aux petits fours à la pâte d’amande, à la texture savoureuse et moelleuse, garnis de chocolat, de griottes, de myrtilles, de praliné au café, ils sont carrément bénis des dieux. Avouons-le, cette maison plus que cinquantenaire est bien un avant-goût du paradis ! Au moine gourmand pâtissier-chocolatier Tél. 04 71 00 01 17


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Festival international de thテゥテ「tre de rue HXツツZh YZ gjZ

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Que seraient l’innovation, l’aventure artistique sans l’audace et, mieux encore, la folie d’entreprendre, auxquelles vient s’adjoindre une infaillible complicité entre celles et ceux qui sont prêts à sauter le pas ? Car, tout de même, il a fallu une sacrée dose de culot artistique pour oser transformer Aurillac, la ville préfecture prétendument la plus reculée de France, en un véritable lieu de référence du théâtre de rue dont la résonance est aujourd’hui internationale.

:

t souvenons-nous, c’est à la fin des années 1970, au cœur d’un élan culturel quelque peu libéré, que va éclore un mouvement artistique entièrement tourné vers le spectacle de rue. Le courant est porté par un collectif d’artistes baptisé La Falaise des fous, qui entend s’affranchir des représentations en salle pour carrément installer le théâtre dans la rue. Première originalité qui va très vite se fondre en une seconde idée tout aussi atypique : celle de lancer un festival des arts de la rue en milieu rural. Derrière cette initiative révolutionnaire et qui bouleverse les codes établis, un pionnier, Michel Crespin, dont le souci principal est de dénicher une ville d’accueil pour une première expérimentation. Parmi les villes sollicitées pour tenter l’inconnu, Albi déclina et c’est Aurillac qui, par la voix de son premier magistrat d’alors, Yvon Bec, répond « banco ! ». Nous sommes en 1986 ; lever de rideau sur la première édition du Festival

européen de théâtre de rue et sur la première expérience de ce genre en France.

Un chaudron culturel à ciel ouvert Dès le lancement du festival d’Aurillac, ses producteurs mettent en avant une ambition forte en forme de leitmotiv qui, vingtcinq années plus tard, continue à sous-tendre l’esprit de cet événement : l’encouragement et la promotion de la création artistique. Les compagnies officiellement invitées chaque année et celles de passage amenées à se produire sur cet immense forum des arts de la rue ne s’y sont pas trompées : elles se sont approprié au fil du temps un gigantesque espace de liberté créative, la totalité d’une ville délibérément ouverte à un bouillonnement d’expressions. Même si un fil conducteur régit les spectacles proposés, comme en 2010 autour de la thématique des arts de

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la rue, la souplesse est généralement de mise pour les artistes et les créateurs. Une sorte de confiance réciproque s’établit ; une volonté commune de tenter à chaque fois un audacieux pari à travers une représentation conçue à l’état brut sans entraves. C’est comme cela depuis le départ ; le festival s’est construit grâce aux acteurs du spectacle vivant et avec eux. Aujourd’hui, près de 500 compagnies de passage animent chaque été ce grand marché du off qui investit sans complexe 90 lieux aurillacois « ouverts ». Elles bénéficient en plus d’un soutien technique et d’une assistance en termes de communication. Quant aux compagnies figurant dans la programmation offi-

cielle, elles bénéficient de la même liberté de parole à l’intérieur des thèmes de leur choix, mais leur venue à Aurillac à la demande de l’association productrice Éclat s’accompagne d’un cachet artistique et de services en termes d’hébergement, de transport et de restauration. Parce que sa programmation tend les bras à toutes les formes d’expression, et parce qu’il se veut ouvert sur l’international, le festival aurillacois est devenu une formidable caisse de résonance de toutes les thématiques et de toutes les questions qui hantent l’homme du XXIe siècle. Car, avouons-le, le théâtre de rue interroge, interpelle, dérange, retourne, provoque, renvoie des images. Ce que résumait fort bien, en préambule de l’édition 2009, son directeur artistique, Jean-Marie Songy, à travers une formule sans ambages : « Il n’y aura rien à vendre ici… rien que

Les Spectaculaires Allumeurs d’Images Aurillac 2010.

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Festival international de théâtre de rue

À gauche : Gran Reynata, Les Cauchemars de Toni Travolta. Centre de création Le Parapluie, Aurillac, 2008.


Théâtre des Frères Forman. Obludarium Aurillac 2010.

de l’humain qui décloisonne et bazarde les lois du silence. » C’est peut-être là que se situe le rôle salutaire d’un événement comme celui-ci, en ce que le théâtre de rue sait, selon l’expression de Jean-Marie Songy, « s’emparer avec pique de nos maux de tête et tenir ce rôle de cambrioleur des esprits ».

La consécration En près d’un quart de siècle, le théâtre de rue a acquis en terre cantalienne ses lettres de noblesse. Reconnu à présent comme l’une des manifestations de référence à l’échelle française, européenne et internationale, ce grand rassemblement du spectacle vivant a réussi à s’imposer dans le paysage culturel national et à participer à la notoriété de sa ville d’adoption. On se souvient encore du cru 2009, où environ 120 000 personnes ont déambulé dans les rues de la cité géraldienne durant quatre jours sous des cieux on ne peut plus cléments, venant de toute la France mais plus spécialement de la région parisienne et de l’Auvergne dans son ensemble. Et c’est bien là l’une des victoires les plus éclatantes des maîtres d’œuvre de ces rencontres : avoir su conquérir la curiosité des Auvergnats eux-mêmes, dont on a cru longtemps qu’ils étaient réfractaires à tout bouleversement dans leurs habitudes de consommation culturelle. Le génie du festival est bien là : avoir

Batteurs de pavés Macadam Cyrano. Les Préalables, Aurillac, 2008.

» >a cÉn VjgV g^Zc | kZcYgZ ^X^½ g^Zc fjZ YZ aÉ]jbV^c fj^ Y Xad^hdccZ Zi WVoVgYZ aZh ad^h Yj h^aZcXZ# ¼ ?ZVc"BVg^Z Hdc\n

su faire émerger au fil du temps un sentiment d’appropriation de l’événement doublé d’une sorte de fierté territoriale devant l’ampleur prise par ce rendez-vous. On mesure là toute la progression accomplie en termes d’image auprès d’un public régional aujourd’hui décomplexé et débarrassé de tout préjugé. Certes, il demeure encore quelques réfractaires, mais la recette miracle du festival est d’avoir réussi une évidente mixité à la fois géographique, sociale et générationnelle à l’intérieur d’un public où l’on croise aussi bien des jeunes citadins que des familles rurales. Durant ces quatre journées, une communion s’installe dans une ambiance plutôt bon enfant, où les organisateurs, aidés en cela par les services de la ville et de l’État, ont su gommer, grâce à un maillage d’interventions sociales efficaces, les problèmes de cohabitation qui marquèrent les premières éditions entre une population marginale et un public plus normalisé. Une autre clé de la réussite du festival d’Aurillac est d’avoir permis l’émergence d’une réelle complicité à la fois avec les artistes, le public et les partenaires économiques de l’événement. Complicité avec les gens du spectacle, c’est indéniable. Elle s’est progressivement construite sur des relations fortes et durables avec les artistes. Pour les compagnies de passage tout d’abord, la notoriété montante du festival d’Aurillac en fait un rendez-vous incontournable, une étape indispensable de la

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Festival international de théâtre de rue

Lancement de l’édition 2009. Place de l’Hôtel-de-Ville.

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production d’un spectacle. Les compagnies s’inscrivent par mail des quatre coins du monde, à l’instar de ces formations sud-américaines et asiatiques qui ont marqué de leur présence les récentes éditions en sachant d’avance tout le potentiel de promotion que représente l’espace aurillacois. Avec les compagnies officielles, une fidélisation s’est instaurée qui explique la présence à intervalles plus ou moins réguliers des plus célèbres d’entre elles. Ici, on ne se contente pas d’aider à la représentation extérieure d’un spectacle : on entend aussi aider une prise de connaissance mutuelle entre les comédiens et le grand public. C’est le côté très professionnel du festival. Lors de chaque édition, dans l’espace d’accueil du collège D’après une installation de l’artiste international Spencer Tunick, Aurillac, 2010.

GZXdccj | eg hZci XdbbZ aÉjcZ YZh bVc^[ZhiVi^dch YZ g [ gZcXZ | aÉ X]ZaaZ [gVc V^hZ! Zjgde ZccZ Zi ^ciZgcVi^dcVaZ! XZ \gVcY gVhhZbWaZbZci Yj heZXiVXaZ k^kVci V g jhh^ | hÉ^bedhZg YVch aZ eVnhV\Z XjaijgZa cVi^dcVa# Jules-Ferry, sont organisées les rencontres professionnelles en présence des artistes, du public et des personnalités invitées. Ici s’improvise alors un vaste forum propice aux échanges, aux présentations, aux débats provoqués par les spectacles du moment autour de thèmes tels que l’économie, la sociologie, la philosophie, l’urbanisme. C’est le principe des « Conversations d’été » ou des rendez-vous intitulés « Les artistes face à vous ». Le festival donne aussi aux compagnies professionnel-

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FjVcY aZ [Zhi^kVa eVgi Zc XVbeV\cZ / aZh eg VaVWaZh

Materia Prima Eternal. In/Out, Aurillac, 2010.

les l’occasion d’éplucher avec le public toutes les facettes d’un spectacle en préparation pour les saisons prochaines. C’est ici tout le processus de l’écriture d’un projet que le public est amené à apprécier et à décortiquer in situ. À Aurillac, on ne se contente donc pas de regarder béatement ; on s’interroge, on réfléchit, on confronte, on participe, c’est le règne du public actif et le deuxième volet de cette complicité évoquée plus haut. C’est aussi le principe de l’existence du Parapluie, centre international de création artistique sans équivalent en France que nous évoquerons en parallèle. Dernier élément de connivence, suffisamment fort et original en soi pour être salué par l’association Éclat, productrice du festival : le consensus très large qui a su se créer entre cette dernière et ses partenaires à la fois techniques et financiers. Si les conseils régional et général, l’État au travers de la Direction régionale des affaires culturelles, la communauté d’agglomération du bassin d’Aurillac sont des soutiens de la première heure au même titre que le Crédit agricole, Éclat rend tout spécialement hommage à la ville d’Aurillac, capable de mobiliser en plein mois d’août ses services techniques pour mettre en place une logistique d’accueil irréprochable. Une action menée main dans la main avec l’organisateur, assez unique sur le territoire français face à l’ampleur d’un tel événement. Preuve s’il

Symbole d’un enracinement fort sur le territoire, depuis 1999, le festival investit désormais en amont de son déroulement officiel les petites villes et villages du bassin aurillacois, du reste du département et des départements voisins tels que le Lot et l’Aveyron. La recette fait merveille ; dans une ambiance composée de rythmes, d’approches, de rencontres un peu différents de ceux de la capitale cantalienne, c’est un véritable spectacle de proximité qui vient irradier les places des villages auquel le public familial mais aussi touristique répond avec un enthousiasme grandissant. C’est du reste là l’un des intérêts majeurs de cette « délocalisation festivalière » qui est de permettre de fixer et fidéliser la présence touristique dans différents lieux de séjour. En 2009, six compagnies officielles ont ainsi joué les « artistes O aux champs » auprès d’une quinzaine de communes.

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Informations Festival d’Aurillac, association Éclat Tél. 04 71 43 43 70 - www.aurillac.net

Festival international de théâtre de rue

en était besoin que les institutionnels locaux ont saisi depuis l’origine le formidable impact médiatique et économique rattaO ché au festival.


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À le_h KD 9ED9;DJHx :Ê>?IJE?H; Si vous choisissez de faire le périple qui vous mènera de la très fréquentée place du Square jusqu’à celle plus modeste qui borde l’église Saint-Géraud, en passant par la promenade du Gravier, vous allez voir se dérouler sous vos yeux plus de mille ans d’histoire de la cité géraldienne en observant les places, les églises, les bâtiments publics et les statues parmi les plus emblématiques du passé de la ville. C’est le second Empire qui marque de sa présence le square d’Aurillac. D’abord parce que le jardin central fut dessiné par Jean Alphand dans les années 1870 ; le même qui aménagea à Paris le parc Monceau et les Buttes-Chaumont. Ensuite parce qu’en toile de fond se dresse le palais de justice, achevé à la même époque dans le plus pur style dorique. À l’autre bout de la place, l’église Notre-Dame-aux-Neiges, ancienne chapelle du couvent des Cordeliers, fut édifiée au XIIIe siècle. En rejoignant la Jordanne par le parking du Gravier, c’est cette fois un

symbole de la période contemporaine qui s’offre à vous. Planté en sentinelle au bord du gravier, l’hôtel du département s’offre des habits de verre pour orchestrer la dynamique départementale. Face à lui, mais à distance, un autre symbole, de l’an 1000 cette fois, regarde du haut de ses siècles la ville s’affairer : immortalisé par le sculpteur David d’Angers, le pâtre Gerbert, devenu pape à Rome de 999 à 1003 sous le nom de Sylvestre II, semble tenir la cité sous sa protection éternelle. Toujours au bord du Gravier, le style Empire habille l’ancienne préfecture et l’adorable kiosque à musique rappelle la Belle Époque. En haut du parking apparaissent d’autres images emblématiques d’Aurillac. En bordure du centre ancien, c’est d’abord le marché aux fromages, dernier bâti- 156 -

ment de ce genre à subsister en Europe ; il est l’illustration même de ce qui a fait la réputation du Cantal : son activité fromagère. Et c’est encore le long de la Jordanne qu’il faut s’attarder pour goûter cette carte postale aussi célèbre que la Petite France à Strasbourg ou les canaux du vieil Annecy : les vieilles maisons à balcons de bois construites à la fin du XVIIIe siècle à l’emplacement des remparts, dont s’échappe la flèche de l’église Saint-Géraud, consacrée en 1095 par le pape Urbain II et, plus loin, sur son promontoire, la silhouette massive du château Saint-Étienne aux allures de palais des papes d’Avignon et qui abrite le muséum des Volcans. Enfin, vous parviendrez à la si charmante place Saint-Géraud, bordée par l’ancienne halle aux blés, l’hôpital abbatial Saint-Géraud, la maison des Chanoines, etc. Ici, ce sont les temps médiévaux que l’on respire encore.

B; 9ÃKH 7D9?;D Il s’organise autour de l’hôtel de ville, de style Empire, dont la couleur rappelle au choix la Bavière allemande mais aussi la Toscane italienne. De là, il faut déambuler le long des petites rues d’allure très « Sud-Ouest », bordées de discrets hôtels particuliers, et s’attarder tout spécialement devant la maison consulaire et le théâtre, si cher aux Aurillacois. 7KN FEHJ;I :; B7 L?BB; Les gorges de la Jordanne : l’eau à l’état sauvage. Vivez un dépaysement


possibilité de voler parmi un groupe d’oiseaux migrateurs, dont des oies spécialement entraînées par leur propriétaire. Et le rêve prend forme ! Tél. 06 07 42 77 56 www.voleraveclesoiseaux.com

absolu au fil d’un aller-retour de quatre kilomètres, au milieu de gorges de 20 à 60 mètres de profondeur que l’eau a sculptées dans la roche volcanique. Ici, l’eau orchestre tout : elle vrombit, elle s’évapore, elle colore le paysage en vert tendre ; on la longe, on la franchit, on la surplombe. Symphonie naturelle pour citadins en mal de retour aux sources ! Tél. 04 71 47 93 95 www.gorgesdelajordanne.fr

IÊx9B7J;H :7DI BÊxF?9;DJH; Voilà encore une aventure unique ! Pour les adeptes du graff, du skateboard, des rollers, du bicross… bref, de tout ce que l’on nomme aujourd’hui les cultures urbaines, il existe un lieu original de défoulement de soi : l’Épicentre. À l’extérieur, un territoire de jeux de 1 200 mètres carrés, avec en particulier une piste de bicross garnie d’un champ de bosses, et à l’intérieur, le « bowl » autorise toutes les figures à bicross ou à skate, sans compter les espaces réservés aux graffeurs. Réponse très officielle à un véritable phénomène de société. Tél. 04 71 62 44 59 www.sessionlibre.com

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À l_lh[ LEB;H 7L;9 B;I E?I;7KN Ce sera l’une des expériences les plus intenses de votre vie : vous élever dans le ciel à bord d’une montgolfière ou d’un ULM. Mais ici, le baptême de l’air devient extraordinaire car vous avez la - 157 -

À ]e j[h Aurillac est la ville du goût. Un festival aux couleurs européennes vient vous le rappeler chaque été mais également un périple gourmand auprès des artisans du goût ou des magasins centenaires de la ville, parmi lesquels les commerces de bouche s’illustrent particulièrement.

B;I ;KHEFx;DD;I :K =EçJ Ce festival met en valeur à la fois les produits et savoir-faire typiques de France et d’Europe en y associant une ambiance musicale populaire et festive. Le duo musique et saveurs fonctionne à plein et l’on s’en va picorer de concerts épicés en guinguettes improvisées au bord de la Jordanne, d’ateliers de dégustation en petits déjeuners musicaux. Le week-end semble trop court ! Et, pour parfaire le tout, venez participer au concours des « Goudots gourmands » et à son jury


populaire pour élire le meilleur produit de sa catégorie. Savoureuse expérience ! www.e-gout.fr festival@e-gout.fr

B; =EçJ :Ê7KH?BB79 Rencontres gourmandes avec les métiers de bouche de la vieille ville. Échanges, dégustations, histoire, anecdotes autour des charcuteries, des vins, des liqueurs, des pains, des fromages et des épices qui font la renommée du plateau aurillacois. Et la fierté de ceux qui les commercialisent.

Delos décline quant à lui le parapluie dans des formes carrées associant l’art à l’utilitaire. Ces commerces de parapluies ne sont pas labellisés commerces centenaires.

B;I 9ECC;H9;I 9;DJ;D7?H;I Il s’agit d’un label octroyé par la municipalité aux commerces dont la réputation a franchi le siècle. Tous les secteurs ou presque sont représentés, mais les artisans du goût y tiennent une place de choix (crémerie, charcuterie, vins, distillerie, épicerie…), sans oublier les cafés et les bijoutiers. Parmi ces tenants de la tradition commerçante et manufacturière, la coutellerie Destannes a remis à l’honneur le fameux couteau d’Aurillac tandis que le parapluie reste le symbole de la vie industrieuse locale grâce à un produit unique baptisé l’Aurillac, fabriqué par deux entreprises de la ville : la très ancienne maison Piganiol et la Sofrap ; le Carré

www.pluie.fr www.piganiol.fr Magasin L’Ondée (pour la Sofrap) Tél. 04 71 48 29 53 www.delos-france.com

B7 <;HC; :K 8HK;B Vous savez, la ferme en miniature et ses sujets qui passionnaient tant les enfants d’autrefois, eh bien, on retrouve tout cela à la ferme du Bruel, chez Françoise et Laurent Fleys. Mais ici, les animaux sont bien vivants. Bovins de race salers, porcs fermiers, poulets, pintades, canards sont élevés en plein air sur 70 hectares, dans un cadre et selon des méthodes tout à fait naturels. Car, dans cette exploitation agricole doublée d’une entreprise artisanale de transformation des - 158 -

viandes, tous les conservateurs et OGM sont proscrits. L’objectif est de proposer à la clientèle, à partir d’animaux élevés en plein air, des produits fermiers au goût irremplaçable, et les fins connaisseurs ne s’y trompent pas, venus spécialement de Paris, Lyon ou Clermont-Ferrand pour s’approvisionner au magasin en foie gras, confits, pâtés, fritons et autres magrets mais aussi pour s’attabler à l’auberge, où l’on peut déguster la truffade, la terrine de pied de porc ou encore la crépinette de queue de porc au vin rouge amoureusement cuisinées par Françoise.


L’auberge propose un menu unique à 26 euros avec un grand choix d’entrées, de fromages et de desserts. Auberge du Bruel à Saint-Illide Tél. 04 71 49 72 27 www.aubergedubruel.com

B7 8H7II;H?; <BE 7D9H7=; F7H?I?;D IKH B;I GK7?I :; B7 @EH:7DD; Rares sont les villes auvergnates à pouvoir s’enorgueillir de posséder une salle de restaurant classée monument historique. Aurillac possède ce privilège avec ce qui fut à l’origine une salle des fêtes où se déroulèrent moult bals et banquets et où est venue s’installer aujourd’hui la très moderne Brasserie Flo. C’est en 1850 que Jean Leymarie fonde l’hôtel Saint-Pierre, qui va devenir très vite une vénérable institution où la bonne société aurillacoise aimait se retrouver en bordure même de la célèbre promenade du Gravier et de son kiosque à musique. La bourgeoisie urbaine de l’époque y avait pris ses quartiers, entre discussions feutrées dans les salons de l’hôtel, réceptions officielles et copieuses agapes dans la salle aux boiseries luxueuses ; un décor très ouvragé voulu par le maître des lieux, qui avait laissé carte blanche à trois compagnons ébénistes pour laisser éclater sur les murs sa passion première : la chasse. Jean Leymarie y mit assurément les moyens. Pas moins de 300 mètres cubes de noyer brut traités naturellement furent ainsi employés à la réalisation de différentes scènes de chasse. Un brin mégalomaniaque, le commanditaire de ces œuvres voulut

se faire représenter lors d’une partie de chasse sur fond de paysage aurillacois où l’on reconnaît très précisément l’hôtel Saint-Pierre, le château Saint-Étienne et la croix de Saint-Géraud. La salle sera terminée en 1892, offrant à l’admiration des hôtes de l’établissement une débauche d’ornements parmi lesquels deux superbes cariatides, dont l’une figurant saint Pierre ainsi qu’une succession de têtes de diables grimaçantes et souriantes. Plusieurs scènes de pêche cohabitent également avec des décors de chasse. Le propriétaire de l’hôtel avait même fait aménager dans les étages des chambres adaptées à l’accueil des chasseurs. L’établissement connut incontestablement son siècle d’or à une époque où l’on dépêchait jusqu’à la gare un car chargé d’acheminer les voyageurs et où un voiturier prenait en charge les véhicules des clients jusqu’à vérifier de nuit leur bon état dans le garage privé de l’hôtel. De même que l’on y vit défiler quelques

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célébrités républicaines avec la venue, entre autres chefs d’État, de Valéry Giscard d’Estaing, de Jacques Chirac, de François Mitterrand et du Cantalien Georges Pompidou, qu’il n’était pas rare de croiser dans les salons, entre deux bains de foule sur sa terre natale. Plus de 150 ans plus tard, c’est un parfum parisien qui flotte sur cet hôtel entièrement modernisé où la chaine de brasseries parisiennes Flo a choisi de s’investir, et c’est presque une première dans une ville moyenne de province! Une arrivée salutaire pour Aurillac avec, dans son sillage, une enseigne connue conférant à la préfecture cantalienne une image de cité active propice au tourisme d’affaires. On y sert une cuisine imaginative, ouverte, à base de produits locaux et qui revisite avec assurance les recettes traditionnelles. L’esprit ferme-auberge à la mode parisienne… Et ça marche ! Brasserie Flo, 16, cours Monthyon à Aurillac; Tél. 04 71 48 37 60


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