Montreux Jazz Magazine n°7

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N°7 F É V RI ER 2016

L’affiche 2016 par Giovanni Riva Interview Montreux, tous vivants! MONTREUX JAZZ STORY 1967-2016 Une rétrospective Miles Davis MONTREUX JAZZ FESTIVAL, 1973


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ÉDITO MATHIEU JATON, CEO MONTREUX JAZZ FESTIVAL

NOUS SOMMES À L’AUBE D’UN ÉVÉNEMENT SINGULIER : LA 50E ÉDITION DU MONTREUX JAZZ FESTIVAL.

MATHIEU JATON, CEO MONTREUX JAZZ FESTIVAL

50 ans de musique. Des chariots de souvenirs ressurgissent. Je pense à Claude Nobs.

EDITO. We are fast approaching a singular event : the 50th edition of the Montreux Jazz Festival.

Un jubilé, c’est rare pour un festival. C’est notamment l’occasion de prendre acte de la force incontestable de notre histoire pour mieux la projeter dans l’avenir. Au sein de l’équipe, nous avons la chance et la responsabilité de tenir entre nos mains un vinyle précieux. Montreux est un lieu d’histoires fantastiques, de convergences artistiques folles. Nous voulons célébrer cette épopée musicale bâtie sur l’audace, les impulsions et les rêves sans limites. Le Festival doit continuer de faire vivre le spectacle à sa façon. C’est à dire en prenant soin de son savoir-faire et des valeurs qu’il a toujours estimé: la pluralité et la proximité musicale, l’obsession de la qualité et le partage. En cela, l’affiche 2016 est emblématique. Elle replace en son centre la multitude colorée qui caractérise le Festival depuis ses débuts.

50 years of music. Truckloads of memories. Claude Nobs on my mind. A festival doesn’t reach the half-century mark every day. It’s the occasion to reflect on the undeniable strength of our history in order to better project it into the future. Those of us on the team have the good fortune, and the responsibility, to hold that precious vinyl LP in our hands. Montreux is a place with fantastic stories, with crazy artistic convergences. We want to honor this musical odyssey built on audacity, impulses, and dreams without limits. Our Festival must keep bringing the spectacle to life in its own way. That means nurturing the know-how and values that we have always cherished: musical diversity and proximity, an obsession with quality and sharing. The 2016 poster symbolizes that. It places front and center the colorful multitude that has characterized the Festival from its beginnings.

Alors, avant d’ouvrir ces nouveaux chapitres, je voudrais remercier les artistes et le public, et faire honneur à leur relation si particulière, au sein de laquelle se niche le sens fondamental de notre métier.

So just before opening these new chapters, I would like to thank the artists and the public and to pay tribute to their unique relationship, in the heart of which our craft finds its most fundamental meaning

IMPRESSUM published by FONDATION DU FESTIVAL DE JAZZ DE MONTREUX, 2M2C, AV. CLAUDE NOBS 5, 1820 MONTREUX, SWITZERLAND, WWW.MONTREUXJAZZ.COM // tirage 12’000 ex. // CONTACT a.bal@MJF.CH // RÉDACTION MONTREUX JAZZ  FESTIVAL COMMUNICATION DEPARTMENT, David Brun-Lambert, Salomé Kiner, CHRISTOPHE PASSER // PROMOTION & DISTRIBUTION KEVIN DONNET // traduction JAMES TARPLEY // DESIGN alafolie.Ch // PHOTOLITHO IMAGES 3 // PRINT PCL PRESSES CENTRALES SA // photos cover: G. BRAUNSCHWEIG GM PRESS / P.3 M. BENKLER / P.4 G. RIVA / P.5 FFJM-ANNE-LAURE LECHAT / P.6 FFJM-ANNE-LAURE LECHAT / P.10 G. BOSSHARD / P.12 G. BRAUNSCHWEIG GM PRESS / P.13 D. GIGNOUX, FFJM-L. FLUSIN, G. BRAUNSCHWEIG GM PRESS / P.15 E. CURCHOD GM PRESS, D. GIGNOUX, G. BRAUNSCHWEIG GM PRESS / P.16 FFJM-D. BALMAT / P.17 G. BRAUNSCHWEIG GM PRESS / P.18 P. DUTOIT, E. CURCHOD GM PRESS / P.20-21 E. CURCHOD GM PRESS, FRANÇOIS JACQUENOD, G. BRAUNSCHWEIG GM PRESS, CLAUDE NOBS ARCHIVES, G. BRAUNSCHWEIG GM PRESS, E. CURCHOD GM PRESS, E. CURCHOD GM PRESS, FFJM-MARC DUCREST, FFJM-MARC DUCREST / P.22 KENGO KUMA AND ASSOCIATES / P.23 G. BOSSHARD, DR / P.25 SEB MICHEL / P.26 D. GIGNOUX

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50 ANS: AFFICHE PHARE INTERVIEW / SALOMÉ KINER

GIOVANNI RIVA NOUS PARLE DE LA CRÉATION DE L’AFFICHE DE LA 50 E ÉDITION DU MONTREUX JAZZ FESTIVAL. UNE IDÉE FÉDÉRATRICE QUI CÉLÈBRE À LA FOIS L’IDENTITÉ DU FESTIVAL ET LES ARTISTES QUI ONT CONTRIBUÉ À LUI DONNER CETTE TONALITÉ INIMITABLE.

Pourriez-vous nous parler de la genèse du projet ? L’idée m’est venue comme un flash, au volant de ma voiture, quelque part entre Lausanne et Evian. Ce logo m’est apparu comme un pochoir: en l’utilisant comme un cache, je pouvais faire vibrer toute l’histoire du festival en incrustant à l’intérieur de ces lettres les 49 affiches précédentes. D’ailleurs, en les parcourant, j’ai remarqué que le logo de Jean Tinguely ne figurait sur aucune d’entre elles. Même si l’idée m’est venue très intuitivement, ce constat m’a encouragé à continuer dans cette voie. L’époque réclame plus que jamais des repères symboliques auxquels elle puisse se rattacher. Revenir à ce logo, c’était pour moi la meilleure manière de célébrer l’identité du Festival.

50 YEARS : BEACON POSTER. We spoke with Giovanni Riva about the creation of the poster for the 50th edition of the Montreux Jazz Festival. The concept celebrates both the Festival’s identity and the artists who have contributed to the inimitable Montreux style. How did you come up with the idea for this project ? It came to me in a flash, as I was driving my car, somewhere between Lausanne and Evian. The logo seemed like a stencil: using it as a guide, I could conjure the entire history of the Festival by inserting the 49 previous posters within the letters. And then as I went through them I realized that Jean Tinguely’s logo had never actually been featured on a poster. When I noticed this, I knew that I needed to follow my intuition fur sure. This year was calling out for symbolic landmarks, and coming back to Tinguely’s logo was the best way I could find to celebrate the identity of the Festival.

En quoi s’inscrit-elle dans la tradition esthétique du Montreux Jazz Festival ? En tant que directeur artistique, j’ai pris l’habitude, dans ce métier, de m’attaquer à des problématiques conceptuelles pour en tirer du sens, de la substance. Par ailleurs j’ai toujours dessiné, peint et fait des collages. Je suis inspiré par l’esprit du pop art qui porte aussi le Montreux Jazz Festival depuis que Pierre Keller l’a insufflé au début des années 80. Niki de Saint Phalle, Keith Haring ou Jean Tinguely: ces personnes ont jalonné mes expériences professionnelles et artistiques. Le concept de mon affiche est un travail de citation plus que de création, mais je considère néanmoins le résultat final comme une œuvre en soi: le «recyclage» est une pratique artistique très ancrée dans le popart et dans le jazz.

How does this poster fit in with the esthetic tradition of the Montreux Jazz Festival ? As an artistic director I have developed the habit of going after conceptual problematics in order to extract from them meaning and substance. I have always worked in drawing, painting, and collage. I find inspiration in the popart spirit that has been part of the Montreux Jazz Festival since Pierre Keller’s intervention in the early Eighties. Niki de Saint Phalle, Keith Haring, and Jean Tinguely: these are people who have marked my own professional and artistic experiences. My poster concept is more a citation than a creation, but nevertheless I consider the final result to be a work of art in its own right: “recycling” is an artistic practice firmly rooted in both pop art and in jazz.

Quarante-neuf affiches à caser dans un logo de vingt lettres, c’est un casse-tête chinois? Le résultat n’est pas seulement une mosaïque agencée pour

ci-contre: L’affiche du 50e Montreux Jazz Festival ci-dessus: Giovanni RIVA

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Giovanni Riva & Mathieu Jaton, CEO Montreux Jazz Festival

Forty-nine posters to fit into a logo with twenty letters— sounds like a tricky puzzle… The result is not only a mosaic laid out to be pleasing to the eye. The posters are placed in chronological order. We worked with Mathieu Jaton to choose the most coherent poster fragments, as it was essential that the elements that would be visible each had meaning. For example, you had to be able to recognize Keith Haring’s iconic figures and clearly read the name of the musical city of Detroit…

le plaisir des yeux. L’ordre et le placement des affiches est chronologique. Nous avons travaillé avec Mathieu Jaton pour que le choix des fragments sélectionnés soit cohérent. Il fallait que les éléments qui allaient apparaître dans le cadrage aient du sens, que l’on puisse reconnaître les fameux personnages de Keith Haring, le nom de la ville de Detroit, etc. Ce logo-patchwork tel qu’il apparaît sur l’affiche existe pour de vrai ? Oui, j’ai tout de suite ressenti le besoin d’offrir une structure physique à ce logo, un élément matériel marquant, quelque chose qui soit rattaché au sol. Je voulais que sa représentation sur l’affiche soit la photographie d’un objet réel, pas une création uniquement numérique. D’où la fabrication de ce totem lumineux de 6 mètres sur 5. Les lettres ont été travaillées dans la masse puis recouvertes de ces fragments d’affiches imprimés en deux couches pour que la qualité des images ne soit pas altérée lorsque la lumière des LED passe à travers.

Does the logo-patchwork we see on the poster really exist ? Yes. I immediately felt the need to offer a physical structure to the logo, a striking material element, something literally grounded. I wanted the representation on the poster to be a photograph of a real object, not a completely digital creation. That’s why we built this glowing six-by-fivemeter totem. The letters were carved into the base material then covered with the chosen poster fragments, which were printed in two layers so that the image quality would not be altered when the LEDs shone through them.

À l’image des archives, cette structure s’appuie sur des technologies ultra-modernes pour célébrer le passé au présent. Le tout pensé et assemblé par la main de l’homme. Nous tenions à travailler avec des artisans régionaux, parce que c’est aussi ça, l’ADN de Montreux: un événement qui rayonne internationalement mais qu’on ne peut pas dissocier de son panorama.

Like the archives, this totem is based on ultra-modern technologies, and celebrates the past in the present. Everything was conceived and assembled by human beings. We wanted to work with regional artisans, because that is also in Montreux’s DNA: it’s an event known all over the world, but that can’t be disassociated from its panorama

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BACK TO 1983 INTERVIEW / SALOMÉ KINER

PIERRE KELLER, MEMBRE DU CONSEIL DE FONDATION DU FESTIVAL ET ANCIEN DIRECTEUR DE L’ECAL* SE SOUVIENT DE LA CRÉATION DES AFFICHES PAR KEITH HARING.

«Keith Haring a créé deux affiches. La première fois, c’était en 1983. À ma demande, il dessine ses premiers «bonshommes qui swinguent», qu’il déclinera ensuite sous de nombreuses formes tout au long de sa carrière. Il m’avait proposé trois versions différentes que j’ai toutes gardées. À l’époque, les gens les trouvaient moches, parce que c’était très coloré! Cette année-là, Keith Haring est resté à Montreux pendant toute la durée du Festival, il dessinait partout dans la ville et en direct de la scène pendant les concerts.

BACK TO 1983. Pierre Keller, member of the board of the Festival foundation and former director of ECAL, takes us back to the creation of Keith Haring’s posters. “Keith Haring created two posters. The first time was in 1983. On my request, he drew his first swinging figures, which he would reproduce in numerous forms all throughout his career. He proposed three different versions, and I kept them all. At the time, people found them ugly because they were so colorful! That year, Keith Haring stayed in Montreux for the whole Festival, and he drew all over town and live on stage during concerts. The second time was for the 20th edition. I suggested that he collaborates with Andy Warhol. The day before I had to leave New York, nothing was ready. We met up at his studio Sunday morning at 11 for breakfast. My plane was taking off at 5pm and I had to take the poster with me! ‘What should I do?’ asked Andy Warhol.

La deuxième fois, c’était la 20e édition. Je lui ai proposé de collaborer avec Andy Warhol. La veille de mon départ, rien n’était prêt. Nous nous sommes retrouvés à son atelier le dimanche à 11h pour déjeuner. Mon avion décollait à 17 h et je devais impérativement repartir avec l’affiche! «What should I do?», disait Andy Warhol. Et Keith lui répondait: «On va faire des portées de musique. Tu fais les portées, je m’occupe des notes.» Andy Warhol dessinait des clés de sol en demandant combien de lignes comptait une portée. Keith Haring est arrivé avec ses bonshommes qui swinguent qu’il a placé sur les portées d’Andy, comme des notes. Ils ont proposé de la peindre en rouge et jaune. Je leur ai dit que c’était les couleurs du condiment Maggi, que ça ferait très suisse, et ça les a fait rire. J’ai roulé l’affiche et j’ai sauté dans mon avion. Trois jours plus tard, je recevais la typo et leurs signatures par colis UPS.»

Keith answered: ‘We’ll do musical scores. You do the lines, I’ll take care of the notes.’ Andy Warhol started drawing G clefs, asking how many lines musical notation needed to have. Keith Haring came in with his swinging figures and placed them on Andy’s lines just like notes. They suggested painting everything in red and yellow. I told them those were the colors of the Maggi condiment, and would be very Swiss— that made them laugh. I rolled up the poster and jumped on my plane. Three days later I received the text and their signatures in a UPS package.”

* École cantonale d’art de Lausanne

L’HISTOIRE DU LOGO LOGO’S STORY Les affiches du Montreux Jazz Festival font l’objet de «cartes blanches» depuis sa création en 1967. En 1972, le photographe Hamish Grimes signe le logo «seventies» de la décennie flower power. À partir de 1982, le choix des artistes est confié au graphiste vaudois Pierre Keller. Son premier invité, Jean Tinguely, livre une œuvre virevoltante qui fera date, puisque le logo actuel, tiré de son travail, est devenu une marque internationalement reconnue. «Cartes blanches» obligent, il ne figurait pourtant sur aucune affiche. Il revient cette année au cœur de l’œuvre, symbole de 50 ans d’une histoire des arts visuels à Montreux. Artists have been given “carte blanche” for the Montreux Jazz Festival posters since the very beginning in 1967. In 1972, photographer Hamish Grimes designed the very “Seventies”like flower power era logo. Starting in 1982, the choice of artists was entrusted to Vaud graphical artist Pierre Keller. His first invitee, Jean Tinguely, produced a work that marked the history of the Festival, as the current logo, based on his submission, has become an internationally recognized trademark. Of course, because of the “carte blanche” approach, it never appeared on later posters. It returns this year at the heart of the artwork, symbolic of a 50-year history of visual arts at Montreux.

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Hamish Grimes, 1972

Jean Tinguely, 1982


Giuseppe Pino, 1967

Roger Bornand, 1968

Milton Glaser, 1977

Walter Ono, 1978

Bruno Gaeng, 1979

Shigeo Fukuda, 1985

Keith Haring & Andy Warhol, 1986

François Boisrond, 1987

Nicola de Maria, 1988

Luciano Castelli, 1989

James Rizzi, 1997

Phil Collins, 1998

Romero Britto, 1999

David Bowie, 1995

Rolf Knie, 1996

Eric Wondergern, 1969

Roberto Cara, 1970

Bruno Gaeng, 1971

K. Magdalen Ringier, 1980

K.N. Martin, 1981

Zep, 2005

Julian Opie, 2006

Julian Opie, 2006

Julian Opie, 2006

Oscar Oiwa, 2013

Yoann Lemoine (Woodkid), 2014

Sylvie Fleury, 2015

giovanni riva, 2016

Katrín Ólina, 2007


Hamish Grimes, 1972

Jean Tinguely, 1982

Bernard LUGINBĂœHL, 1990

Albin Christen, 2000

John Armleder, 2008

Hamish Grimes, 1973

Keith Haring, 1983

Max Bill, 1991

Matthias Winkler, 2001

Tomi Ungerer, 2009

Bruno Gaeng, 1974

Bruno Gaeng, 1975

Keith Haring, 1983

Keith Haring, 1983

Robert Combas, 1992

Tomi Ungerer, 1993

Richard James North, 2002

Romero Britto, 2010

Ted Scapa, 2003

Francis Baudevin, 2011

Milton Glaser, 1976

Niki de Saint Phalle, 1984

Pier Arnoldi, 1994

Burton Morris, 2004

Greg Gorman, 2012

YEARS OF FINE ART



MONTREUX, TOUS VIVANTS MONTREUX JAZZ STORY / CHRISTOPHE PASSER

CHRISTOPHE PASSER, JOURNALISTE ROMAND, COUVRE LE FESTIVAL DEPUIS PLUS DE 30 ANS. IL NOUS LIVRE ICI QUELQUES SOUVENIRS IMPRÉGNÉS PAR DES CONCERTS POIGNANTS DE MONTREUX.

M

ontreux, tu penses. Ce festival a changé ma vie. Je devrais m’arrêter là, non ? Il a ouvert mille portes de mon cœur, il lui a flanqué de l’air chaud dedans. J’ai pleuré comme un gosse à je ne sais combien de concerts, je me suis retrouvé en face d’artistes tellement immenses, je ne sais même pas par où commencer, et quelle légitimité j’ai à le faire. Quand Mathieu Jaton a appelé pour me demander ce texte, j’ai répondu que ça ne faisait «qu’une trentaine d’années» que je venais voir des concerts. Ça l’a fait rire. Mais c’est vrai, j’ai raté le début. Et souvent la naissance des choses, comme dans l’amour, est la plus belle saison. Mais ce n’est pas sûr, quand même, alors j’ai dit oui.

MONTREUX, ALIVE AND WELL. Christophe Passer, a Swiss journalist, has been covering the Festival for more than 30 years. Here he shares a few of his most poignant memories from Montreux concerts. Montreux is a pretty big deal. It’s a festival that changed my life. I should just stop there, right ? It opened a thousand doors to my heart and let warmth flow right in. I cried like a baby at who knows how many concerts, I found myself face to face with such immense artists, I don’t even know where to start, nor by what rights I should do so. When Mathieu Jaton called me to ask for this text, I told him that I have “only been coming to see shows for thirty-odd years”. That made him laugh. But it’s true, I missed the beginning. And often the very start of things, like in love, is the most beautiful season. But since there’s no way to be sure about that, I said yes anyhow.

Je me rappelle d’abord des pochettes de disques de chez Pablo, le label de Norman Granz, nommé ainsi en hommage à Picasso, qu’il admirait. Les fonds bleus, avec le nom de l’artiste en blanc. Pablo C’était à quelques Live sur fond rouge, en haut. Granz avait ainsi kilomètres de chez sorti 14 (!) albums live enregistrés à Montreux moi que ces génies en 1977. Basie, Ella, Benny Carter, Oscar

I remember the record sleeves from Pablo, Norman Granz’s label, named in honor of his passaient, l’été. idol Picasso. Blue backgrounds, with the name Peterson, Gillespie, Joe Pass, un truc de dingue. J’avais 13 ans, ça m’a laissé complètement panof the artist in white. Pablo Live on red at the tois. C’était à quelques kilomètres de chez moi que top. Granz released 14 (fourteen!) live albums ces génies passaient, l’été. Je crois que ces disques recorded at Montreux in 1977. Basie, Ella, Benny ont compté fort, que Montreux est devenu une sorte de mythe Carter, Oscar Peterson, Gillespie, Joe Pass…totally crazy. dans un coin de mon âme, avant que j’aie l’âge d’entrer dans I was 13, and it completely blew my mind. That summer ce rêve. all those musical geniuses were just a few miles from my house! I think those records had a huge impact, and MonJe ne sais plus la première fois que je suis venu, et entré dans treux became a sort of myth in some corner of my soul even le Casino. C’est encore solennel d’y songer, comme une église before I was old enough to take part in the dream. en moi, ce Casino. Je me souviens d’une sorte de couleur

ci-contre: Dizzy Gillespie, Casino de Montreux, 1978

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Norman Granz entouré des artistes qu’il représente, dont Toots Thielemans, Oscar Peterson, Milt Jackson, Ella Fitzgerald et Tommy Flanagan, 1975

Count Basie & John Duke, Casino de Montreux, 1977

Ella Fitzgerald, Casino de Montreux, 1977

orangée, je ne sais pas si c’est la bonne, mais c’est comme I can no longer remember the first time I came down and ça, dans ma mémoire. Orange et heureux. Des cuivres, de la went inside the Casino. When I think about it there is a sueur, des attentes interminables, mais on s’en moquait bien. solemnity, the Casino is like a church in my mind’s eye. I J’ai vécu cela comme une fête initiatique, une trépidation, une remember a kind of orange color, no idea if that was really rupture émotionnelle et sensuelle. Je n’ai pas très envie de what it was, but that’s how it is in my memory. Orange and vous faire une chronologie, cependant. Les concerts impor- happy. Brasses, sweat, endless waits, but who cared? For me tants, ce genre de choses. Il existe des livres, des bases de it was like an exhilarating coming of age, an emotional and données, consultez ça, vous en avez pour un bon moment, sensual turning point. But I don’t really feel like giving you et c’est une chasse aux trésors qui n’a pas de fin. Je vais a chronological list. Important concerts, that kind of thing. vous dire mes instants dans le désordre, comme There are books, databases…knock yourself out, une playlist au hasard, qui n’écouterait que ce you’ll need plenty of time, it’ll be like a treasure qui affleure l’âme, sans chercher à comprendre hunt that takes the rest of your life. I am going C’est cela un pourquoi c’est cela qui vient, à l’instant d’écrire. to tell you about a jumble of instants, like a grand concert: playlist on shuffle, that spring to mind, without quand quelque chose semble dépasser la Je me souviens de Véronique Sanson en cuir trying to understand why it is those specific musique. noir, 1989, qui crie «Allez!» avant de lancer moments that come to me as I am writing. «Allah», chanson qu’il lui avait valu des menaces de mort, en France. Elle faisait comprendre, à sa I remember Véronique Sanson in black leather, manière blonde et piano debout, aussi, que la musique, 1989, shouting “Allez!” before starting “Allah”, a song ce n’était pas seulement pour danser, s’émerveiller. C’était du which had earned her death threats in France. Blonde hair, risque, du danger, des histoires, des choses venues de loin. standing at the piano, she made the point that music is not just for dancing and enjoying. It is also risk, danger, narraJe me souviens de Michel Petrucciani. En trio, avec Jim Hall tive, things from far away. et Shorter, en 1986, ils jouent «Bimini» et c’est une merveille. On dirait qu’il danse, qu’ils dansent. Et puis Michel, I remember Michel Petrucciani. In a trio, with Jim Hall and mon Michel à moi, au café devant le lac, quelques étés plus Shorter, in 1986, they played “Bimini” and it was marvelous. tard. On était devenu un peu amis, mon métier m’avait fait It was as if he were dancing, they were dancing. And then le connaître. Je crois qu’il m’aimait bien. Il déconnait sans Michel, my dear Michel, at the café overlooking the lake, a cesse. C’était le plus bouleversant de tous. Il était drôle et few summers later. We were sort of friends by then, I had

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gotten to know him through work. I think he liked me. He was always joking around. He was the most moving of all. He was funny and abrasive. I miss him. Every time I listen to one of his records, I have to concentrate to keep the tears from coming: his music is more than beautiful. It is beauty itself.

abrasif. Il me manque. Chaque fois que j’écoute un disque de lui, je dois me concentrer pour ne pas laisser les larmes venir: sa musique n’est pas seulement belle. Elle est la beauté. Il y eu aussi Tony Bennett, quand il a commencé «But Beautiful», l’été dernier. C’était son fameux concert avec Lady Gaga, et j’ai rarement senti un tel bonheur, une telle empathie monter de milliers de gens. Bennett, je l’avais vu au bar du Palace de Montreux, quelques années avant, tout seul à siroter un verre avec sa fille, sans que personne ne semble se souvenir de quel immense chanteur il s’agissait. Les années changent. Les modes changent. Les foules changent. Alors quand j’ai entendu ce vieil homme chanter «Beautiful to take a chance / And if you fall you fall», c’était joli comme la leçon d’une vie, et c’est cela un grand concert: quand quelque chose semble dépasser la musique et vous remplir. Une méthode Coué, ou une philosophie de poche pour deux jours. Ricanez si vous voulez: j’y crois à fond, ça m’a sauvé la vie mille fois.

And then there was Tony Bennett, when he started “But Beautiful” last summer. It was his famous concert with Lady Gaga, and I have rarely felt such happiness, such empathy, welling up from thousands of people. Bennett had been at the bar of the Montreux Palace, a few years earlier, sipping a drink alone with his daughter, and it seemed like no one remembered what a major singer he was. Times change. Tastes change. The crowds change. So when I heard that old man sing “Beautiful to take a chance / And if you fall you fall”, it was beautiful to hear his life lesson, and that’s what makes a great concert: when something seems to go beyond music and fills you to the brim. Like self-hypnosis, or a self-help book. Laugh if you want; I am a true believer, they have saved my life a thousand times.

En 1996, il y a aussi un concert d’Oscar Peterson qui m’a sidéré. Trois ans plus tôt, il avait été victime d’une attaque, et sa main gauche demeurait très affectée. Mais il était revenu, il jouait des arpèges littéralement incroyables à la main droite, comme s’il compensait ce qui manquait à gauche: une main qui se posait si lentement, posait les accords si longtemps. C’était bouleversant, cette façon de nous dire qu’il continuait, qu’il avait une musique à dire et jouer qui surmontait la technique folle qui avait fait sa gloire. Il devenait la musique, cette

In 1996, there was also an Oscar Peterson concert that blew me away. Three years earlier he had suffered a stroke, and his left hand was still badly affected. But he came back, he played literally unbelievable arpeggios with his right hand, as though he were compensating for what he had lost in his left hand: a hand that moved so slowly, played such long chords. I was staggered by that manner of letting us know that he was still going, that he had music to share and play that surpassed the amazing technique that had made him famous. He became music incarnate that evening. He

nuit là. Il devenait le prolongement d’une mélodie bleue et belle qui était dans son coeur.

Michel Petrucciani & Chick Corea, 1993

Tony Bennett, Casino de Montreux, 2003

Oscar Peterson, Casino de Montreux, 1975

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A WORLD OF PASSION FOR MUSIC & FOOD

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Né d’une passion commune pour la musique et la bonne nourriture, Claude Nobs et Quincy Jones imaginèrent les Montreux Jazz Café comme un lieu d’échange où la cuisine et la musique se rencontrent de manière unique. C’est avec cette même passion que nous vous servons notre fameux BB Burger, le succulent Ella’s Cheesecake ou que nous partageons avec vous les plus grands moments du Montreux Jazz Festival. Où que vous soyez, en voyage ou de passage, faites une pause gourmande au rythme des artistes les plus célèbres de ces dernières décennies.

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The Montreux Jazz Café was born of the passion for music and fine dining shared by Claude Nobs and Quincy Jones, who always wanted it to be a convivial space where cuisine and music came together like nowhere else. That same passion is on display every time we serve up one of our famous BB Burger or a slice of our succulent Ella’s Cheesecake– you are sure to feel it when we share the best moments of the Montreux Jazz Festival with you. Wherever you may be, on a trip or just stopping by, treat yourself to a delicious break to the rhythms of the most famous artists of the last few decades!

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became an extension of the beautiful blue melody that was in his heart.

J’aime les concerts des anciens, j’ai toujours aimé cela: l’instant de la récolte ou du requiem. Cette façon dont le public, ici plus qu’ailleurs, remercie un artiste, lui fait comprendre au crépuscule que c’est un honneur, que c’est de l’amour, qu’il s’agit d’une sorte de messe, de célébration. J’ai aimé Johnny Cash à Montreux, pour ça. Trenet, aussi, une poignée de chanson et puis salut. J’ai aimé tant de fois B.B. King, qui était si gentil, et Liza Minnelli en 2011, pour ça. J’ai adoré Rodriguez en 2013, revenant des revenants, fantôme en lunettes noires, lâchant de sa voix qui tenait à peine son «Sugar Man» fort comme la résurrection.

I love concerts by older artists, I always have: the moment of the harvest, or the requiem. That way that the audience, here more than anywhere else, thanks an artist, makes him understand at dusk that it is an honor, that it is love, that it is like a worship service, a celebration. I loved Johnny Cash at Montreux for that. Trenet, too, a couple of songs and then gone. So many times I loved B.B. King, who was so sweet, and Liza Minnelli in 2011. I adored Rodriguez in 2013, the comeback of a revenant, a ghost in black glasses, his dying voice serving up “Sugar Man” with the power of a resurrection.

Je crois que le génie de Claude Nobs, c’est ainsi non pas d’avoir fait l’histoire de la musique, C’est une façon là, dans cette petite ville, mais c’est d’y avoir d’être le siècle, toujours souligné que tout cela venait de I think that the genius of Claude Nobs, then, d’en dire les révoltes l’âme ancienne, qu’il s’agissait d’aventures is not to have made music history here in this et les aubes... humaines, de gens pour qui prendre une guitare little town, but to have always underscored ou une trompette, c’est plus que du jazz ou des that all of this came out of ancient spirit, that it chansons. C’est une façon d’être le siècle, d’en dire involved human adventures and people for whom les révoltes et les aubes, les soleils et l’âme noire. Il y picking up a guitar or a trumpet was more than jazz or a ainsi un concert que je n’ai pas vu, ici et qui est peut-être songs. It’s a way of becoming one’s time, of communicating le plus grand de tous les temps. Le DVD existe, vous avez de about rebellions and new dawns, rising suns and darkest la chance. C’est Nina Simone en 1976. Ca dure une heure, soul. From that perspective, there was a concert here that j’avais 12 ans, je dormais sûrement, et si à la fin vous n’êtes I did not see which was maybe the greatest of all time. The pas sidéré, retourné, estomaqué, si vous n’avez pas envie DVD exists, luckily for you. It was Nina Simone in 1976. It de mourir de joie et d’applaudir, passez votre chemin, on ne lasted an hour, I was 12, I was probably asleep… if, at the end, va pas s’entendre. Parce que Nina Simone, ce soir-là, est you are not stupefied, shaken, shocked, if you don’t want

Johnny Cash, Auditorium Stravinski, 1994

Charles Trenet, Auditorium Stravinski, 1996

B.B. King, Auditorium Stravinski, 1998

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Rodriguez, Montreux Jazz Lab, 2013

sauvage. Vous ne savez jamais ce qui va arriver, ce qu’elle to die from joy and break into applause, then take a hike, invente. Elle ne vous lâche pas une seule seconde. Elle est we are never going to be on the same wavelength. Because sarcastique et drôle. Elle est émouvante et agressive. Elle est Nina, that night, is wild. You never know what is going to seule, et en même temps avec chaque personne dans cette happen, what she will come up with. She never releases you salle. Elle est venue quatre fois à Montreux, Nina, mais jamais for a single second. She is sarcastic and funny. She is movelle n’a été aussi immense. «I Wish I Knew How It Would Feel ing and aggressive. She is alone, and at the same time with to Be Free», ou sa version de «Feelings» aussi: vous each person in the hall. Nina came to Montreux four restez là, avec ces gros plans interminables de son times, but was never that huge again. “I Wish I visage de déesse, et il s’agit de se prosterner, Knew How It Would Feel to Be Free”, or her verrien de moins, devant la grâce de l’instant, le sion of “Feelings” as well: you sit there, with génie de ces minutes-là. Si le festival de Monthese endless close-ups of her goddess face, Nina n’a jamais treux, 50 ans, devait se justifier en une heure, and you feel a need to bow down, literally, été aussi immense. c’est Nina ‘76. before the grace of that instant, the genius of those moments. If the Montreux Jazz Festival at 50 needed to justify itself in a single hour, it would be Nina ’76.

Il y a d’autres moments, bien sûr. Bobby McFerrin en 2004. Ou le deuxième des trois concerts de Prince en 2013, quand il envoie «Get on the Boat» et que c’est renversant de puissance infinie. Ou Stéphane Grappelli, en 1992, quand il finit avec «Old Man River» et que sa vie est dans cet archet qui danse lentement, et va mourir sur une note bleue.

There were other moments, of course. Bobby McFerrin in 2004. Or the second of the three Prince shows in 2013, when he performed “Get on the Boat” and knocked us out with his infinite power. Or Stéphane Grappelli, in 1992, when he finished with “Old Man River” and his life was in that bow as it slowly danced before dying on a blue note.

Un dernier pour la route, allez, on ne peut pas passer à travers. Miles Davis et Quincy Jones en 1991. Cet été là, on nous annonçait l’histoire, rien de moins. Miles rejouant les thèmes qu’il enregistra avec Gil Evans à la fin des fifties, gros big band

OK, one more for the road, we can’t skip this one. Miles Davis and Quincy Jones in 1991. That summer we were told

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ci-contre: Nina Simone, Casino de Montreux, 1976



Claude Nobs & Quincy Jones, 1991

Miles Davis, Casino de Montreux, 1991

et George Gruntz, des solistes invités en renfort (Wallace to expect nothing less than history. Miles revisiting the titles Roney, Kenny Garrett). Miles et ses petites lunettes devant he recorded with Gil Evans at the end of the Fifties, a big les partitions. Cette drôle de peur parmi nous qui l’admirions band and George Gruntz, and reinforcements in the form tant: pourvu qu’il ne se plante pas, pourvu que ce ne soit pas of soloists Wallace Rooney and Kenny Garrett. Miles and pathétique. Cette tension, ces billets très chers, presque une his little glasses in front of the sheets of music. That strange méfiance devant l’événement tellement annoncé. Et puis fear among those of us who so admired him: don’t let him cela commence et c’est un miracle. Vous sentez que mess up, don’t let it be pathetic! That tension, supercela se passe, que cela s’envole, que c’est vrai, expensive tickets, almost a suspicion about such Quand ce moment unique. Quand «Summertime» a a well-hyped event. And then it kicked off, and «Summertime» déboulé, j’ai vu un copain se mettre à pleurer, it was miraculous. You could feel it working, a déboulé, j’ai c’était si beau, c’était si merveilleux, on avait that it was taking off, that it was truly a unique vu un copain envie de hurler et sur le disque, on entend un moment. When “Summertime” began, I saw a se mettre peu de cette chaleur effarée. Je crois que c’est buddy start crying, it was so beautiful, so marà pleurer. ça, la clameur de Montreux. Que si vous l’entenvelous, we wanted to scream, and on the record dez une nuit, ça vous marque pour toujours et à you can hear a bit of that fearful energy. I think jamais. Vous remettez le morceau au début, alors, et that is the clamor of Montreux. If you hear it a single vous augmentez à fond le volume, et ce ne sont plus des night, it marks you forever and always. You start the track, souvenirs d’un concert cool du temps jadis. Puisqu’ils sont you jack up the volume, and it’s no longer a memory of a là, tous. Ils sont là pour toujours. Miles, Claude et les autres. cool concert long ago. Because they are all still there. They Vous pleurez un peu, évidemment, mais vous vous réjouissez will be there forever. Miles, Claude, and the others. You cry tellement des étés à venir. Montreux, live: vivant. a bit, of course, but you rejoice for the summers to come. Montreux, live: alive and well

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Š UBS 2016. All rights reserved.

Celebrating together Congratulations to the Montreux Jazz Festival on making music history for 50 years. ubs.com/montreuxjazzfestival


1967–2016 UNE RÉTROSPECTIVE 1967 Claude Nobs organise la première édition du Montreux Jazz Festival qui dure 3 jours. Keith Jarrett, Jack DeJohnette et Charles Lloyd sont parmi les artistes à se produire au Casino de Montreux. Dès les débuts, les concerts du Festival sont enregistrés.

1971 A l’affiche, Aretha Franklin et Roberta Flack. Au mois de décembre, l’incendie du Casino pendant un concert de Frank Zappa inspire au groupe Deep Purple le hit «Smoke on the Water». Claude Nobs doit son surnom de «Funky Claude» aux paroles de cette chanson.

1969

Claude Nobs organizes the first edition of the Montreux Jazz Festival over 3 days. Keith Jarrett, Jack DeJohnette, and Charles Lloyd are among the artists who perform at the Montreux Casino. From the beginning, Festival concerts are recorded in audio and video formats.

Venue d’Ella Fitzgerald et enregistrement de l’album live Swiss Movement de Les McCann & Eddie Harris, comprenant le tube «Compared to What». Ce sera le premier album de jazz vendu à plus d’un million d’exemplaires. Rapidement, le Festival s’ouvre à tous les styles de musique: le groupe de rock Ten Years After inaugure cette édition.

Headliners: Aretha Franklin and Roberta Flack. In December, the fire at the Casino during a Frank Zappa concert inspires Deep Purple’s hit “Smoke on the Water”. Claude Nobs’ nickname, “Funky Claude”, comes from the lyrics of this song.

Ella Fitzgerald comes to the Festival. Recording of the live album Swiss Movement by Les McCann & Eddie Harris, featuring the track “Compared to What”. This would become the first jazz album ever to sell more than a million records. The Festival rapidly opens up to all styles of music: the rock band Ten Years After kicks off this edition.

1993 1991 Trois années de coproduction débutent avec Quincy Jones. Le Festival ouvre avec un concert acoustique de Sting et accueille également B.B. King et Ray Charles. Miles Davis se produit pour la 10e et dernière fois sur scène à Montreux avec Quincy Jones, le Gil Evans Orchestra et le George Gruntz Jazz Band. Premiers enregistrements de concerts en haute définition. First of three years co-produced by Quincy Jones. The Festival opens with an acoustic concert by Sting and also features B.B. King and Ray Charles. Miles Davis gives his tenth and final concert at Montreux alongside Quincy Jones, the Gil Evans Orchestra, and the George Gruntz Jazz Band. First concert recordings in HD.

Le Festival quitte le Casino et s’installe au Centre des congrès qui comprend les salles de l’Auditorium Stravinski et le News Q’s (par la suite rebaptisé Miles Davis Hall). Ce déménagement permet d’étoffer l’offre gratuite proposée sur les quais de Montreux. James Brown, Paolo Conte, New Order et Robert Plant sont au programme. The Festival leaves the Casino and sets up in the Convention Centre, with the Auditorium Stravinski and the News Q’s (later renamed Miles Davis Hall). This move makes it possible to increase the free offerings on the lakeside promenades. On the program: James Brown, Paolo Conte, New Order and Robert Plant.

1986 Keith Haring et Andy Warhol conçoivent l’affiche de cette 20e édition. Dr. John, Talk Talk, Al Jarreau, Eric Clapton et Sade brillent sur scène. Une déclinaison du Festival est créée à Atlanta. Cette collaboration se poursuit jusqu’en 2001. Keith Haring and Andy Warhol design the poster for the 20 th edition, with standout performances by Dr. John, Talk Talk, Al Jarreau, Eric Clapton, and Sade. The Festival adds an Atlanta offshoot that will continue until 2001.

120 000 festivaliers festivalgoers

2008

2002 1998 Björk subjugue le public et Santana improvise un concert de plus de trois heures! Herbie Hancock retrouve The Headhunters et Bootsy Collins clôt le Festival sur une note groovy. Premier Montreux Jazz Festival au Japon. Björk has the public at her feet and Santana improvises a three-hour concert. Herbie Hancock reunites with the Headhunters and Bootsy Collins closes out the Festival on a groovy note. First Montreux Jazz Festival in Japan. 200 000 festivaliers festivalgoers

Le 18 juillet, David Bowie donne l’un des concerts les plus emblématiques du Festival. En guise de rappel, il reprend l’album Low en intégralité. On rend hommage aux frères Ertegun, fondateurs d’Atlantic Records. Marianne Faithfull, Air et Muse sont présents. On July 18th, David Bowie gives one of the Festival’s most emblematic concerts. For his curtain call, he performs the album Low in its entirety. The Ertegun brothers, founders of Atlantic Records, are honored. Marianne Faithfull, Air, and Muse perform.

2007 À la suite de son concert, Prince offre une une jam session surprise sur une scène gratuite. L’artiste reviendra au Festival en 2009 et pour trois soirs de concert en 2013. Les Beastie Boys, les Chemical Brothers et Placebo sont aussi à l’affiche. Workshop exceptionnel avec Quincy Jones. After his concert, Prince offers the public a surprise jam session at a free venue. He would return to the Festival in 2009 and for three nights in 2013. Performances by the Beastie Boys, Chemical Brothers, and Placebo. Exceptional workshop with Quincy Jones.

Grand concert pour les 75 ans de Quincy Jones. Le premier restaurant Montreux Jazz Café est inauguré à Genève. L’École polytechnique fédérale de Lausanne entame le long processus de numérisation et de préservation des enregistrements de concerts. Naissance de la Fondation 2 qui organise des concours, des workshops et des créations musicales dans des lieux insolites. Concerts d’Alicia Keys, Lenny Kravitz, N.E.R.D, Gossip et The National. Major gala concert for Quincy Jones’ 75th birthday. The first Montreux Jazz Café restaurant opens in Geneva. EPFL begins the lengthy process of digitalizing and preserving the Festival’s concert recording archives. Creation of the Fondation 2, which organizes the competitions, workshops, and musical creations in unusual spaces. Concerts by Alicia Keys, Lenny Kravitz, N.E.R.D, Gossip, and The National.


1972 Enracinée dans la passion de son fondateur pour le blues, Montreux consacre trois jours entiers à cette musique, et accueille Chuck Berry, T-Bone Walker, Bo Diddley et Muddy Waters. Rooted in Claude Nobs’ passion for the blues, Montreux dedicates three entire days to this genre, including performances by Chuck Berry, T-Bone Walker, Bo Diddley, and Muddy Waters.

1982 L’artiste suisse Jean Tinguely crée l’affiche de laquelle est issu le logo actuel du Festival. Gilberto Gil, The Crusaders et Stevie Ray Vaughan font vibrer le Casino. Swiss artist Jean Tinguely creates the poster from which the Festival logo is drawn. Performances at the Casino by Gilberto Gil, The Crusaders, and Stevie Ray Vaughan.

1974 Avec le concert de Flora Purim, Airto Moreira et Milton Nascimento, la musique brésilienne fait son apparition au Festival. Depuis, chaque édition est ponctuée par un événement qui lui est dédié. Montreux est déjà un véritable lieu de convergences artistiques: Bill Wyman, bassiste des Rolling Stones, joue avec son idole Muddy Waters, figure historique du Chicago blues. Concerts de Sonny Rollins, Van Morrison et jam session de Buddy Guy. Brazilian music makes its Festival début with a concert by Flora Purim, Airto Moreira, and Milton Nascimento. Ever since, each edition has been punctuated by Brazilian music event. Montreux is already a place known for artistic convergences: Bill Wyman, bassist of the Rolling Stones, plays with his idol Muddy Waters, a Chicago blues legend. Concerts by Sonny Rollins and Van Morrison, and a jam session by Buddy Guy.

1976 La prestation de Nina Simone, d’une rare intensité, est l’un des live les plus fameux de l’artiste et activiste américaine. Cette année-là, Leonard Cohen, Sarah Vaughan, George Duke ou Al Jarreau sont aussi programmés. The concert by Nina Simone, extraordinarily intense, is one of the most famous live performance by that American artist and activist. Concerts by Leonard Cohen, Sarah Vaughan, George Duke, and Al Jarreau.

1977

1980

C’est la plus longue édition du Festival. Elle s’étend sur 24 jours. Gala des artistes du label Pablo Records de Norman Granz parmi lesquels Oscar Peterson, Dizzie Gillespie, Ella Fitzgerald, Count Basie et Clark Terry. Les jazzmen Don Ellis, Don Cherry et Charles Mingus mais également Véronique Sanson et Jacques Higelin marquent les esprits.

Marvin Gaye donne son unique show à Montreux. En visionnant les enregistrements de concerts chez Claude Nobs, il se laisse convaincre d’être filmé sur scène. Le Festival s’exporte aux Etats-Unis en s’associant avec la ville de Detroit pour le MontreuxDetroit Jazz Festival. Marvin Gaye gives his sole Montreux performance. After watching recordings in Claude Nobs’ chalet, he agrees to be filmed. The Festival crosses the Atlantic for the Montreux-Detroit Jazz Festival.

This is the longest-ever edition of the Festival, lasting 24 days. Gala for the artists of Norman Granz’s Pablo Records, including Oscar Peterson, Dizzie Gillespie, Ella Fitzgerald, Count Basie, and Clark Terry. Standouts of this edition: jazzmen Don Ellis, Don Cherry, and Charles Mingus, and French-language artists Véronique Sanson and Jacques Higelin.

75 000 festivaliers festivalgoers

2013 Décès de Claude Nobs en janvier. La collection des enregistrements de concerts du Montreux Jazz Festival entre au Registre Mémoire du monde de l’Unesco sous le nom de «The Claude Nobs Legacy». Le Miles Davis Hall devient le Montreux Jazz Lab et naissance du Montreux Jazz Club, salle de concerts intimiste où les jams se succèdent. Prince, Leonard Cohen, Joe Cocker et Green Day marquent le public montreusien. Claude Nobs passes away in January. The collection of filmed concerts from the Montreux Jazz Festival enter UNESCO’s world cultural heritage list under the name “The Claude Nobs Legacy”. Miles Davis Hall becomes the Montreux Jazz Lab, and the Montreux Jazz Club is born as an intimate performance space perfect for jam sessions. Prince, Leonard Cohen, Joe Cocker, and Green Day wow the Montreux public.

2014 Stevie Wonder donne un concert historique de 2h30 pour sa première apparition. OutKast, London Grammar et Pharrell Williams complètent la programmation. Jam sessions surprises de Woodkid et Jamie Cullum. La Fondation 2 devient Montreux Jazz Artists Foundation et organise la première Montreux Jazz Academy, destinée à guider les jeunes talents dans leur éclosion professionnelle. Stevie Wonder gives a historic two-and-a-half-hour concert for his Montreux premier. OutKast, London Grammar, and Pharrell Williams are also on the program. Woodkid and Jamie Cullum give surprise jam sessions. The Fondation 2 becomes the Montreux Jazz Artists Foundation. It organizes the inaugural Montreux Jazz Academy, designed to guide talented young musicians as they develop their careers.

2015 Les duos de Tony Bennett & Lady Gaga, Caetano Veloso & Gilberto Gil, Chick Corea & Herbie Hancock incarnent les rencontres si caractéristiques de Montreux. Le Festival dure 16 jours et compte 350 concerts sur 14 scènes. Duo performances by Tony Bennett & Lady Gaga, Caetano Veloso & Gilberto Gil, and Chick Corea & Herbie Hancock embody the kind musical encounters characteristic of Montreux. The Festival now lasts 16 days and offers 350 concerts on 14 stages. 240 000 festivaliers festivalgoers


NOUVEAU CAFÉ TECHNOLOGIQUE ABOUT US

UN MONTREUX JAZZ CAFÉ OUVRIRA SES PORTES À L’AUTOMNE PROCHAIN SUR LE CAMPUS DE L’EPFL, DANS LE FUTUR BÂTIMENT «UNDER ONE ROOF». UN BOND EN AVANT POUR L’ACCÈS AU PATRIMOINE CULTUREL QUE REPRÉSENTENT LES ARCHIVES DU FESTIVAL.

Vue latérale du bâtiment «Under One Roof»

S

itué dans un édifice longiligne de 250 mètres conçu par l’architecte japonais Kengo Kuma, le projet «Under One Roof» rassemblera trois pavillons dédiés aux interactions entre sciences, arts et société. L’objectif? La valorisation des savoirs et leur accessibilité. Ouvert sur le Léman à l’extrémité sud du bâtiment, le Montreux Jazz Café at EPFL cohabitera avec un espace d’expérimentation muséale permettant aux nombreuses recherches en humanités numériques de tester en situation les innovations muséographiques de demain. A l’extrémité nord, un troisième espace public ambitieux sera dédié à la mise en valeur des projets de recherche phares de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL).

A NEW TECHNOLOGICAL CAFÉ. A new Montreux Jazz Café will open its doors next autumn on the EPFL campus in the future “Under One Roof” building. A leap forward for access to the cultural treasures of the Festival’s archives.

Situated in a linear edifice 250 meters long designed by Japanese architect Kengo Kuma, the “Under One Roof” project will bring together three pavilions dedicated to interactions between science, art, and society. The goal is to valorize and increase access to knowledge. Looking out over Lake Geneva at the southern extremity of the building, the Montreux Jazz Café at EPFL will be neighbors with an experimental exhibition space allowing numerous researchers in the digital humanities to test, in situ, the museum innovations of tomorrow. At the northern end of the building, Un rôle essentiel a third ambitious public space will showcase key pour la visibilité research projects from the Swiss Federal Instides archives. tute of Technology in Lausanne (EPFL).

Les concerts enregistrés à Montreux depuis 1967, patrimoine culturel aujourd’hui reconnu Mémoire du Monde par l’UNESCO, font partie des nombreux objets de recherches et d’expérimentations de l’EPFL. Pour rappel, en 2007, l’EPFL et la Claude Nobs Foundation joignaient leurs forces et leurs compétences pour créer le Montreux Jazz Digital Project: un projet colossal de numérisation de ces bandes audiovisuelles destiné à la préservation des archives et leur valorisation pour les générations futures. Dans cette nouvelle agora consacrée à l’innovation, le Café aura donc également un rôle essentiel pour la visibilité des archives. Le public pourra notamment profiter de dispositifs de visualisation et de navigation en immersion développés par l’EPFL+ECAL Lab.

The concerts recorded at Montreux since 1967, a cultural heritage recognized in UNESCO’s Memory of the World, are part of many research projects and experiments at EPFL. In 2007. EPFL and the Claude Nobs Foundation joined forces and pooled their competencies to create the Montreux Jazz Digital Project: a colossal undertaking to digitize the audiovisual tapes in the goal of preserving the archives and enhancing their value for future generations. In this new high-tech and innovative meeting place, the Café will play an essential role in making the archives visible and accessible. Guests will be able to enjoy the archives through immersive viewing and navigation tools developed by l’EPFL+ECAL Lab

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PLATEFORME MULTIMÉDIA ABOUT US

QUELQUES MOIS AVANT SA 50E ÉDITION, LE FESTIVAL INAUGURE SA PLATEFORME MULTIMÉDIA DANS LE BUT DE DIFFUSER AU PLUS GRAND NOMBRE LE CONTENU COLOSSAL QUE REPRÉSENTENT LES ENREGISTREMENTS DE CONCERTS DE MONTREUX.

Champion Jack Dupree, Casino de Montreux, 1979

La fiche de l’artiste James Blake sur www.montreuxjazz.com

à

l’heure où la numérisation des archives du Montreux Jazz Festival entamée en 2008 est sur le point de s’achever au Metamedia Center de L’École polytechnique fédérale de Lausanne, une étape cruciale est désormais en jeu: leur diffusion.

MULTIMEDIA PLATFORM. A few months before its 50th edition, the Festival is inaugurating its multimedia platform with the goal of sharing with as many as possible the colossal content represented by the Montreux concert recording archives.

Le Festival a donc développé une nouvelle plateforme multimédia sur le site montreuxjazz.com, afin d’offrir un accès public et gratuit aux trésors audiovisuels que représentent non seulement les archives de concerts audios et vidéos enregistrés depuis 1967, mais également à un ensemble de formats vidéos que la Montreux Jazz TV réalise chaque année depuis 2011. Avec cet outil évolutif, le Festival centralise ses contenus sur une seule plateforme.

At a moment when the digitalization of the Montreux Jazz Festival archives, begun in 2008, is about to be completed at the EPFL Metamedia Center, a crucial step is now being reached: the diffusion of all that content. The Festival has therefore developed a new multimedia platform on the montreuxjazz.com website in order to offer free public access to the audiovisual treasures represented not only by the audio and video concert archives going back to 1967, but also the video content produced by Montreux Jazz TV since 2011. This cutting-edge tool allows the Festival to centralize all content on a single platform.

Sur ce site, les divers médias sont contextualisés, mais surtout liés de façon intuitive. Ils sont également complétés par de nombreux niveaux d’informations sur les artistes et les concerts. Ainsi, selon leurs goûts et leur curiosité musicale, les internautes peuvent rebondir beaucoup plus loin grâce aux fiches artistes, aux news et à des fonctions de recherche telles que la “Database”. Celle-ci répertorie par concert et par salle l’ensemble des line-ups et set-lists depuis 1967. Les visiteurs peuvent aussi découvrir les enregistrements live du Festival sous des angles variés, grâce à des playlists thématiques proposées régulièrement sur le site. Porte d’entrée immersive dans l’univers du Festival, cette nouvelle plateforme dynamique s’inscrit au carrefour de l’avenir numérique des archives.

On this site, the various media are contextualized and organized by theme, but above all tied together in an intuitive manner. They are also complemented by multiple layers of information on the artists and concerts. According to their tastes and musical interests, users will be able to dig much deeper thanks to artist profiles, news, and search functions like the “Database”. This tool provides breakdowns by concert and by venue every single Festival line-up and set list since 1967. Visitors can also discover live Festival recordings from different perspectives thanks to thematic playlists regularly proposed on the site. This new dynamic platform is an immersive gateway to the Festival universe, leading to the digital future of the archives

www.montreuxjazz.com

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ESPRIT D’ÉQUIPE MONTREUX JAZZ STORY

LE FESTIVAL EST UNE AVENTURE HUMAINE. DANS LES COULISSES, DES ÉQUIPES SE SOUDENT ET SE SUCCÈDENT DEPUIS 50 ANS POUR QUE LA MAGIE OPÈRE CHAQUE ÉTÉ.

I

l faudrait pouvoir compter les emails envoyés, les câbles tirés, contrats signés, boulons fixés et boutons pressés, les horaires modifiés, artistes salués et scènes montées, les chambres bookées, les projets pensés et toute cette matière grise grillée, les fly-cases poussées, plans redessinés, tickets déchirés et les blagues balancées: on croulerait sous la masse de ce que représente l’organisation d’un rendez-vous comme Montreux.

TEAM SPIRIT. The Festival is a human adventure. Behind the scenes, teams have joined forces year after year for half a century to make the magic happen each summer. If only it were possible to count all the emails sent, cables hooked up, contracts signed, bolts tightened, buttons pressed, schedules changed, artists greeted, stages set up, rooms booked, projects conceived, neurons fired, travel cases pushed, maps redrawn, tickets torn, and jokes made: you would be crushed by the sheer mass of all that goes into organizing an event like Montreux.

Le Festival fonctionne sur un rapport d’échelle un peu para-

doxal. C’est un microcosme très local dont la dimension internationale fascine toutes ces personnes qui s’emploient à le faire vivre. Elle les dépasse aussi un peu. Montreux puise ses valeurs non seulement dans la passion déraisonnable et les The Festival functions on a somewhat paradoxical scale. It’s rêves de gosses, mais aussi dans l’obsession toute hôtelière an local microcosm whose history and international dimension fascinates all these people that work so hard to de l’accueil artistique: c’est un savoir-faire façonné bring it to life. It is bigger than they can really take par le souci de la proximité, transmis de main en in. The values of Montreux stem not only from main depuis 1967. On peut sentir ce caractère Sans tous ces unreasonable passion and childhood dreams, “spécial” dans la bouche d’une programmatrice inconditionnels but also from a hospitable obsession with the comme d’un staff garde-scène qui réembarque qu’on appelle welcome reserved for the artists. This knowinlassablement depuis 30 ans. Un attachement «staff», Montreux how has been fashioned with extreme care for presque familial. Un rituel.

n’existe pas.

close relationships that have been passed along from person to person since 1967. You can see this special emotion just as easily in the expression on a programming agent’s face as in a member of the support staff returning tirelessly for the thirtieth year in a row. Their relationship with the Festival is familial, almost sacred.

Ainsi, tout au long de l’année, un bureau permanent d’une trentaine de personnes prépare l’édition à venir: programme à ficeler, projets et nouvelles idées qu’il faut matérialiser. En général, au tournant de l’hiver, le rythme s’accélère, d’excitation en sursauts de panique. Avec le printemps, ce noyau dur augmente par dizaines, par centaines pour monter la bête. Rapidement, ce sont des milliers de renforts professionnels ou bénévoles qui s’engagent quand le Festival démarre. Certaines étiquettes ultra specialisées résonnent non sans humour sur la surface du lac: chauffeur de clark, poursuiteur, crieur, plongeur-monteur, joker, poseur de moquettes ou facteur de piano… Sans tous ces inconditionnels qu’on appelle “staff”, dont certains prennent jusqu’à des vacances pour le vivre encore une fois, Montreux n’existe pas. Ils charrient avec eux ce dont le Festival a certainement le plus besoin pour avancer: une forme d’ivresse à “être là”, sous les coups de la musique.

All year long a full-time office of some thirty people prepares the coming edition: crafting the program, fleshing out new ideas and projects. Things generally start heating up as winter arrives, excitement and flashes of panic increasing in tempo. In spring this core group grows by dozens, then hundreds as set-up begins. Pretty soon there are thousands of reinforcements, professionals and volunteers, for the Festival kick-off. You start hearing ultra-specialized job titles echoing across the lake, all proud members of the “Staff” tribe. Without these true believers, some of whom use their vacation time to live the Festival vibe one more time, Montreux simply wouldn’t exist. They bring with them the one thing the Festival absolutely has to have in order to move forward year after year: an unquenchable thirst for “being there” as the music unfolds

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Le bureau permanent du Montreux Jazz Festival, 2015

LE STAFF DU FESTIVAL EN QUELQUES CHIFFRES THE FESTIVAL STAFF IN NUMBERS

2050 MEMBRES DU STAFF en 2015 dont / IN 2015 of whom  :

1644

34 ANS

moyenne d’âge au Bureau Permanent AVERAGE AGE OF THE YEAR-ROUND TEAM MEMBERS

46 nationalités

bénévoles VOLUNTEERS

représentées au sein du staff REPRESENTED AMONG THE VOLUNTEER FESTIVAL STAFF

220

37 éditions

personnes à la TECHNIQUE TECHNIQUE PERSONNEL

125

Nombre record d’éditions effectuées par un bénévole THE RECORD NUMBER OF EDITIONS PARTICIPATED IN BY ONE VOLUNTEER

33

23 mariages

personnes pour montage / démontage du site PEOPLE FOR SET-UP AND TAKE-DOWN

Employés du Bureau permanent (assistés par 28 personnes supplémentaires en période de Festival) MEMBERS OF THE YEAR-ROUND TEAM (PLUS 28 EXTRA TEAM MEMBERS DURING THE FESTIVAL)

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suite à des coups de foudre parmi le staff du Festival (selon nos estimations) BETWEEN PEOPLE WHO MET ON STAFF AT THE FESTIVAL (ACCORDING TO OUR ESTIMATES)


ETTA JAMES, 1975 LE 3 E LP DE LA COLLECTION «THE ESSENTIALS» EST SORTI EN ÉDITION LIMITÉE : LE CONCERT SIDÉRANT D’ETTA JAMES À MONTREUX, EN 1975.

Etta James, Casino de Montreux, 1975

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éjà vingt ans de carrière au compteur. Une discographie jalonnée de blues cuirassés. Une trajectoire personnelle menée entre conquêtes et tragédies multiples. Ce 11 juillet 1975, la venue d’Etta James à Montreux ne laisse aucun indifférent. Claude Nobs, lui-même, est dans ses petits souliers. Pour autant, question blues vocal, son jeune festival (huit bougies) en a déjà vu d’autres: Nina Simone ou Aretha Franklin au cours des éditions passées. Ella Fitzgerald le visite même pour la deuxième fois cette année-là. Mais Etta James est d’un autre pedigree. Indocile, à vif, l’interprète du hit «At Last» incarne dans son art écorché la mémoire de toutes les femmes mal aimées, lâchées. Coupe afro cuivrée, robe salopette denim, lourdes bagues d’améthyste et sourire lancé comme on flanquerait une gifle, «Miss Peaches», trente-sept ans, impose admiration et crainte dès son entrée. Voix grave, déchirante souvent, débute alors le récital d’une survivante.

ETTA JAMES, 1975. The third LP in our “The Essentials” collection was released as a limited edition: the incredible show by Etta James at Montreux in 1975. Twenty years of career on the odometer, featuring a host of solid blues hits. A personal life replete with conquests and tragedies. On 11 July 1975, the arrival of Etta James in Montreux was a major event –Claude Nobs himself was feeling the strain. It didn’t matter that his young festival (just eight candles on the cake) had already hosted major blues vocalists including Nina Simone and Aretha Franklin, or that Ella Fitzgerald was making her second appearance at the Festival that very year. Etta James was a whole different story. Skittish, touchy, the singer of the hit “At Last” brought a wounded intensity to her art, channeling women everywhere who were unlucky in love and left by the wayside. Shining afro hairstyle, strappy denim dress, heavy amethyst rings and a smile that struck like a slap, “Miss Peaches”, at 37, impressed and intimidated from the get-go. With her deep voice on the jagged edge of cracking, she began a veritable survivor’s tale

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vinyl collection : «The essentials» Recorded live the 11th July, 1975. Double LP, 78 minutes. 180 grams, re-mastered sound. Edition limited to 1’000 numbered copies. Mini-poster inside. Co-edition between the Montreux Jazz Festival and Radio Télévision Suisse

Enregistré en live le 11 juillet 1975. Double LP, 78 minutes. 180 grammes, son remasterisé. Edition limitée à 1’000 exemplaires numérotés. Affichette à l’intérieur. Co-édité par Montreux Jazz Festival et la Radio Télévision Suisse

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