Le magazine de l’art contemporain urbain | Urban Contemporary Art Magazine | www.graffitiartmagazine.com
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ROBERT COMBAS
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Urvanity Art à Madrid.
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Entre animalité et humanité.
AGENDA
Expos, foires, ventes aux enchères : les événements à ne pas rater !
FRA : 8,70 € - DOM : 9,70 € BEL / LUX : 9.20 € - DEU / ESP / POR CONT : 9,50 € - ITA : 8,40 € GBR : 7,80 £ - CH : 13,90 FS - POL / NL : 9.7 € SWE : 100 SEK JPN : 1050 ¥ - CAN : $CA 13,99 - USA : $ 10,90
#37 Février - Mars
LENZ
53 RUE GRIGNAN 13006 MARSEILLE
DOSSIER
MANOLO MESA / KASHINK / IAN STRANGE / BAHIA SHEHAB / MAXIME DROUET / CRANIO / LOGAN HICKS / FELIPE PANTONE
JONONE
ACTU
2018
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MANOLO MESA | KASHINK | IAN STRANGE | BAHIA SHEHAB | MAXIME DROUET | CRANIO | LOGAN HICKS | FELIPE PANTONE 16/01/2018 16:36
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Street vibes / Format 150 X 150 cm - Année 2017 ARTISTES : ThIERRy ClAMENS, COMBAS, DAvID DAvID, DON PéPé, vAlERIE DuRAND, ERRO, FlO hOMBECq, JONôNE, MOuN, PhIlIPPE PASquA, MAx ROvIRA, NOlwENN SAMSON, SvEN, DIDIER TRIglIA ... INfO : lA gAlERIE CORTADE’ART SERA PRéSENTE Au SALON ART UP LILLE Du 15 Au 18 FévRIER 2018.
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GRAFFITIART NUMÉRO 37 Février/Mars 2018 Dépôt légal à parution Commission paritaire : 0318K92150 ISSN : 1964-4639 © 2018 FINANCIÈRE DE LOISIIRS SA Alexis Diaz, Elephant-Octopus, Hanbury Street, Londres (UK). © Alexis Diaz
En couverture : D*Face, Study 04, Forever?!, 2017. © D*Face — facebook.com/graffitiartmagazine instagram.com/graffitiartmagazine twitter.com/GraffitiArtMag — GRAFFITI ART est édité par FINANCIÈRE DE LOISIRS SA au capital de 45 000 € 5, rue de Nouans - 37460 Villeloin Coulangé RCS Tours B 392 238 440 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Jean-Martial Lefranc jm@jmlefranc.net FONDATEUR : Nicolas Chenus. RÉDACTEUR EN CHEF : Jean-Martial Lefranc. MAQUETTE ET DIRECTION ARTISTIQUE : Gil Bourdeaux. SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : Véronique Blanc. TRADUCTION : Hélène Planquelle. helene.planquelle@hotmail.fr ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO Aruallan, Élodie Cabrera, Laura Audibert, Emmanuelle Dreyfus, Christian Omodéo, Michael Rouah. ABONNEMENTS ABOMARQUE / GRAFFITI ART CS 63656, 31036 Toulouse Cedex 1 Tél. : +33 5 34 56 35 60 (10h-12h / 14h-17h) Email : graffitiart@abomarque.fr SERVICE DES VENTES CAURIS MÉDIA - Stéphane Leluc. Tél. : +33 1 40 47 65 91 PUBLICITÉ SECTEUR CAPTIF Julie Augère, Directrice de la Publicité jaugere.fdl@gmail.com Tél. : +33 6 63 21 58 28 SECTEUR HORS CAPTIF MINT 51 Avenue de Paris, 94300 Vincennes www.mint-regie.com Directeurs associés Philippe Leroy - philippe@mint-regie.com - 01 43 65 19 92 Fabrice Régy - fabrice@mint-regie.com - Tél. : 01 43 65 19 56 FABRICATION CREATOPRINT - Isabelle Dubuc. Tél. : +33 6 71 72 43 16 IMPRESSION CORELIO PRINTING - corelioprinting.be Keerstraat 10, 9420 Erpe Mere, Belgique DISTRIBUTION Allemagne : Saarbach. Belgique : Tondeur. Canada : LMPI. États-Unis : LMPI. France : MLP. Guadeloupe : Sodipresse. Japon : Japan Publications Trading Co Ltd. Luxembourg : Valora Luxembourg. Martinique : GDP. Pologne : Europresse. Portugal : Johnsons International News. Réunion : ARDP. Royaume-Uni : COMAG. Suède : Svenska Interpress. Suisse : Naville Presse
ÉDIT0 #37
Par Jean-Martial Lefranc Rédacteur en chef
La saisissante pièce de D*Face qui figure en couverture de ce numéro et sera prochainement présentée à la foire Urvanity à Madrid, résume bien notre état d’esprit en ce début 2018. De quoi s’agit-il ? De s’alarmer des désordres du monde tout en conservant une certaine dose d’ironie cinglante. Une sorte d’esthétique du désespoir combatif. Alors pour cette nouvelle édition, nous repartons dans la rue. Back to the streets, avec Bahia Shehab, actrice et témoin de la révolution égyptienne à travers ses pochoirs militants. Back to the streets, avec Ian Strange et ses constructions naufragées, prélude, osons-nous l’espérer, au réveil de la conscience politique des banlieues américaines. Back to the streets, avec Cranio et ses « bons sauvages » qui se poilent en pagayant dans la colonisation consumériste de l’Amérique du Sud. Back to the streets encore, avec Kashink et son jeu de genres. Et puis, en forme de paradoxe, une interview de Felipe Pantone qui nous propose un futur de vitesse et d’électricité en triturant des images inspirées d’antiques tubes cathodiques. La nostalgie ? Oui, aussi. Quand Maxime Drouet nous emmène dans ses trains joliment « vandalisés » ou quand nous découvrons JonOne proprement « muséifié ». Petite note enfin à propos d’un publi-reportage consacré à Richard Orlinski, un garçon qui nous inspire de l’affection pour tout un tas de raisons trop longues à expliquer ici. Alarme et ironie. Bonne année à tous. ■ The stunning piece by D*Face chosen for this issue cover and soon to be exhibited at the Urvanity fair of Madrid very well sums up our state of mind at the beginning of 2018. What is it about? Awareness about the mess of the world yet with biting irony. A sort of militant aesthetic of desperation. For this new issue, we decided to go back in the street. With Bahia Shehab, a witness and player of the Egyptian revolution through the means of activist stencils. With Ian Strange and his sunk constructions: hopefully a prelude to awakening the political consciousness of the American suburbs. With Cranio and his “noble savages” who have a good laugh exploring the consumerist colonization of South America. With Kashink and her blurring of genders. And then, paradoxically, with an interview of Felipe Pantone, who shows us a future of speed and electricity through the twisting around of images drawn from old CPTs. There will also be a hint of nostalgia with Maxime Drouet who embarks us on his pretty “vandalized” trains or JonOne properly museified. We will conclude with a note on an infomercial dedicated to Richard Orlinski, a man we so deeply admire for so many reasons too long to explain. Worry and irony. Happy new year to all of you. ■
Prochain numéro, GRAFFITIART N° 38, le 16 mars chez les marchands de journaux
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GRAFFITI ART MAGAZINE · SINCE 2008
SOMMAIRE ISSUE #37 · FEBRUARY / MARCH 2018
044
006 ∙ ACTU 009 ∙ COLLABS 010 ∙ LIVRES 010 CHRONIQUES 012 NOUVEAUTÉS
016 ∙ ARTOYZ 018 ∙ GRAPHICLASH 020 ∙ UNE ŒUVRE, UN ARTISTE 024 ∙ OUTDOOR
056
066
028 ∙ INDOOR O32 URVANITY ART 2018
038 ∙ VISITE D’ATELIER MANOLO MESA
044 ∙ DOSSIER MANIMAL, ENTRE ANIMALITÉ ET HUMANITÉ
078
088
056 ∙ TALENTS 056 KASHINK 066 IAN STRANGE 078 BAHIA SHEHAB 088 MAXIME DROUET 096 CRANIO 106 LOGAN HICKS 112 FELIPE PANTONE
096
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122 ∙ AGENDA 130 ∙ ABONNEMENT
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Ci-contre - Keith Haring au Club 57, 1980. Ci-dessous - Flyer de l’International Rap Night au Club 57, 1981.
MODERN ART, NEW
YORK. DEPARTMENT
OF FILM SPECIAL COLL
ECTIONS
(© JOSEPH SZKODZINSKI. COURTESY THE ARTIST)
006 ACTU URBAN WORLD
En bas, à gauche - Une vue de l’exposition « Club 57: Film, Performance, and Art in the East Village, 1978–1983 », The Museum of Modern Art, New York (US). Ci-dessous - Kenny Scharf, Cosmic Closet (1980s/2017), vue de l’exposition « Club 57: Film, Performance, and Art in the East Village, 1978–1983 », The Museum of Modern Art, New York.
© THE MUSEUM OF MODERN ART, 2017. PHOTO : ROBERT GERHARDT
© COURTESY THE ARTIST, THE MUSEUM OF MODERN ART, 2017. PHOTO : ROBERT GERHARDT
Pour qui fut emporté par les sonorités Punk et New Wave à l’aube des années 80, il existait une Mecque qui exigeait le pèlerinage : le quartier de St Marks Place dans l’East Village à New York. Et là, l’adepte devait se glisser dans les dédales des sous-sols de l’église de la Sainte Croix pour découvrir l’entrée du Club 57. C’est à la redécouverte de cette aventure totale que nous invitent Ron Magliozzi et Sophie Cavoulacos, les commissaires de cette exposition, à la fois hommage et happening, visible au MoMA de New York jusqu’au 1er Avril 2018. Le Club 57 accueillait performances, cinéma expérimental, expositions dans une urgence explosive qui a bouleversé ce quartier de l’East Village. Autour du Club, galeries, restaurants, centres d’action culturelle se sont développés à l’époque comme autant d’extensions à l’esprit vibrionnant qui régnait au 57. Le MoMA a choisi d’organiser sa rétrospective en rendant fidèlement compte de la diversité des médias présentés au Club 57 et en exhumant bon nombre d’œuvres et de documents jamais présentés encore alors que cette génération d’artistes fut en large part décimée par le sida. Keith Haring, l’un des principaux animateurs du Club, est l’ombre tutélaire qui plane sur l’exposition. Rarement l’art urbain au musée aura fait l’objet d’un accrochage aussi ambitieux, aussi viscéral, aussi émouvant. À ne pas rater.
© THE MUSEUM OF
CLUB 57 AU MOMA À NEW YORK : RETOUR À ST MARKS PLACE, TRENTE ANS PLUS TARD
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© SHEPARD FAIREY
008 ACTU VENTE AUX ENCHÈRES
RAISON ET SENTIMENTS À LA VENTE ARTCURIAL DU 12 DÉCEMBRE 2017
Ci-dessus - Shepard Fairey, Duality of Humanity 2, mur, technique mixte (pochoir, peinture, aérosol et collages sur toile), 304,8 x 426,7 cm, 2008. Pièce unique, adjugée 162 600 €.
Ci-contre, à droite - Kaws, Sans titre, acrylique sur toile, 89 x 58,5 cm, 2015. Adjugée 135 500 €.
© KAWS
La vacation Artcurial s’intitulait « Beyond Urban » avec une claire ambition de séduire les collectionneurs de l’Art Contemporain familiers de la grande maison du Rond-Point des Champs-Élysées. Opération réussie au cours de laquelle l’ensemble des lots a été vendu dans des gammes de prix plutôt attendues. Sans créer de fièvre spéculative, l’événement a été marqué par une sélection solide, de qualité, bien argumentée par l’excellent catalogue de la vente. Au titre des transactions notables, une pièce du mythique Rammellzee datant de 1985 intitulée How to make a bomb partie à 117 000 € pour une estimation à 65 000. Un trop rare tableau d’Os Gemeos a fait tout juste le niveau de son estimation. Un même sort a été réservé à l’unique pièce de Rero venue jusque-là et intitulée comme un manifeste Sans titre (J’aurais préféré un mur blanc que cette peinture de merde). Des pièces de Kaws, Invader et Shepard Fairey tenaient la vedette et les prix les plus hauts des enchères, ce qui tend à prouver que la qualité trouve toujours preneur.
Ci-contre, à gauche - Invader, Big blue runner, carreaux de céramique sur plexiglass, 120 x 150 cm, 2009. Adjugée 108 400 €. © INVADER
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LÈCHE-VITRINES 009
COLLABS
/ EMMANUELLE DREYFUS
UN ARTISTE, UNE MARQUE KORALIE X SESSÙN
LEK & SOWAT X NEKTART WINE
L’univers graphique et féminin de Koralie fusionne avec le vestiaire de Sessùn. Si ce sont ses poupées sous influence nippone qui ont fait sa notoriété, son style a évolué : rosace et talisman viennent s’afficher sur des créations textiles dominées par le bleu indigo. Emma François, créatrice de Sessùn, et Koralie se rendent mutuellement hommage à travers les 20 pièces d’une collection capsule à laquelle la broderie et l’impression apportent toute son originalité.
Guilhem et Hubert de Castelbajac, le fils et le neveu, ont réuni les talents de vignerons récoltants et d’artistes d’art urbain autour de quatre appellations françaises. Les uns les conçoivent, tandis que les autres offrent un écrin à la hauteur du divin nectar. Lek & Sowat ont ainsi habillé en toute sobriété le flacon renfermant l’AOC Cabardès de Miren de Lorgeril. Nick Walker, THTF et JCDC apportent aussi leur contribution.
Nomadisme urbain
À collectionner (ou à boire)
Prix | de 35 à 195 € Koralie | www.koralie.com Sessùn | https://boutique.sessun.com
Prix | 16,90 € Nektart Wine | www.nektartwine.com
NIARK1 X DJECO Monstres & Cie
Prix | kakémono à partir de 18,90 € Niark1 | http://www.niark1.com Djeco | www.djeco.com
CHARLIE WATCH X TIFFANY COOPER Toujours à l’heure
Depuis 2016, l’artiste Niark1 collabore avec Djeco. Cette association, qui a débuté avec l’illustration d’un produit de la gamme déco Little Big Room, se poursuit depuis à travers des figurines, des puzzles ou des tableaux à métalliser. Un univers de monstres totems colorés et subversifs qui ne passent pas inaperçus. Vous allez aimer jouer avec vos marmots… et ce n’est pas certain que c’est celui qu’on croit qui va débuter une collection ! Le plus dur sera de décider dans quelle chambre accrocher le kakémono !
L’humour et l’univers régressif de l’illustratrice Tiffany Cooper ont séduit les deux fondateurs de Charlies Watch, Adrien SangléFerrière et Ambroise Parlos, qui ont décidé de faire appel à ses talents pour imaginer le coffret Scout. Une évidence pour les deux amis qui se connaissent depuis leurs 11 ans. Le raton laveur bad boy fumeur et facétieux colle sa bouille sur un bracelet bleu, tandis que le jaune égraine les essentiels de l’univers des colos : guitares, bandanas, mégaphones, magazines… Ultra frais et mixte. Prix | bracelet 35 €, coffret 165 € Charlie Watch | https://charliewatch.com Tiffany Cooper | www.tiffanycooper.fr
ARTPILO X STREET ART UP
REPETTO COLLECTION CAPSULE TAG
Jisbar, Kofi, Malpegados, Papa Mesk ou Stew s’invitent désormais sur les canapés ! Street Art Up a en effet sélectionné ces artistes afin qu’ils réalisent des créations uniques pour illustrer les coussins de la toute jeune marque de design intérieur Artpilo qui fabrique en France. De quoi pimper sa déco et même s’offrir une œuvre d’art puisque ces créations sont aussi déclinées en tentures murales vraiment bluffantes.
Drôle de rencontre entre la marque chouchou des ballerines et l’univers du street art. Pour ses 70 ans, Repetto s’encanaille en ornant ses modèles phares de graffitis reprenant un vocabulaire répandu dans la très classique maison : zizi, dance, ballet, Saint-Médard ou encore l’année de sa création 1947. Cette ligne a été aussi imaginée en repensant à tous ces tags et dessins qui ornaient la façade de la maison de Gainsbourg, rue de Verneuil. Quand l’anticonformisme rencontre l’académisme.
Chill arty
Alors, on danse ?
Prix | de 66 à 295 € selon les tailles pour les coussins, 350 € la tenture (140 x 250 cm) Artpilo | www.artpilo.com Street Art Up | www.streetartup.fr
Prix | porte-monnaie à partir de 130 € Repetto | www.repetto.fr GRAFFITIART #37 FÉVRIER/MARS 2018
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010 LIVRES CHRONIQUES
CHRONIQUES BOOK REVIEWS
BASQUIAT BOOM FOR REAL SAMO conquiert Londres
50 ans d’aphorismes urbains de 1968 à nos jours
TIENS ILS ONT REPEINT !
PADIGLIONE IN MOVIMENTO Une invasion barbare
Le graphisme part en cavale
DITES NON AU TAG
Auteur | Dieter Buchhart Éditeur | Prestel ISBN | 9783791356365
Auteur | Yves Pagès Éditeur | La Découverte ISBN | 9782707197313
Auteur | Jens Besser Éditeur | Urban Script Continues Tirage | 1/100
Auteur | Collectif Éditeur | Éditions Terrain Vague Tirage | 1/100
L’exposition « Basquiat Boom for Real » a ouvert ses portes en septembre dernier au Barbican de Londres, avant d’être présentée à la Kunsthalle de Hambourg à partir de février prochain. Le but de ce projet était simple : profiter du soutien de la famille de Basquiat pour organiser la plus grande rétrospective jamais consacrée à Basquiat dans un pays – l’Angleterre –, où les musées publics n’ont jamais exposé, ni collectionné cet artiste. Tout compte fait, le pari semble réussi et non seulement parce que Banksy a honoré le génie de Downtown, en réalisant deux interventions sur la façade du musée. Critiques et public sont réellement enthousiastes, parce que le parcours d’exposition laisse apprécier le tissu social et culturel dans lequel Basquiat a évolué. Le catalogue de cette exposition, aussi soigné que celle-ci, reprend les thèmes affrontés dans les salles du Barbican : l’apparition du tag SAMO ©, la participation de Basquiat à l’exposition « New York / New Wave » au P.S. 1, ses liens avec la scène musicale et son étonnante production rap, aux côtés évidemment de ses tableaux et ses dessins. Un tel regain d’intérêt pour Basquiat et son entourage ne doit, cependant, pas surprendre. Comme l’attestent aussi The Mudd Club de Richard Boch (voir Graffiti Art #36) et l’exposition « Club 57: Film, Performance, and Art in the East Village, 1978-1983 », actuellement au MoMA de New York, c’est toute la scène post-punk new-yorkaise que l’on regarde désormais d’un nouvel œil.
À une exception près, l’excellent Graffitivre publié en 2016, le monde de l’édition n’apprécie plus les graffiti comme en 1968, quand les murs du quartier latin étaient remplis de slogans peints par des jeunes révoltés, comme les célèbres « Ne travaillez jamais » ou « Sous les pavés, la plage ». À cette époque, les livres de graffiti – comme l’Iconographie populaire de l’érotisme de William McLean (1970) ou The Writing on the Wall de Roger Perry (1976) – participaient d’une vraie tendance, car les graffiti de type « pompéiens », c’est-à-dire ces « inscriptions ou dessins griffonnés par des passants sur un mur » (Larousse), intéressaient un vaste public. L’attention des éditeurs pour ce sujet a, toutefois, diminué au fur et à mesure que ces signes ont été apparentés à du vandalisme à partir des années 1980. Il est donc normal de se demander si la célébration imminente du cinquantenaire de Mai 68 remettra ce genre de graffiti à l’honneur, comme le laisse imaginer Tiens, ils ont repeint ! Pendant douze ans, l’écrivain Yves Pagès a patiemment repéré sur les murs du monde entier environ 4000 graffiti. Ces jeux de mots, fautes d’orthographe, blagues potaches, citations tronquées et inventions typographiques sont aujourd’hui réunis dans ce livre qui nous rappelle autant la richesse sémantique de l’espace urbain, que la capacité que les mots préservent de « contaminer » la ville en troublant l’ordre des discours officiels.
Depuis toujours, la Biennale de Venise est considérée comme l’une des plus importantes manifestations artistiques au monde, si ce n’est la plus importante. Pour tout artiste, présenter ses œuvres à Venise est un objectif de premier ordre. Mais la Biennale est aussi une plateforme pensée pour dépeindre, tous les deux ans, un portrait fidèle de la production artistique contemporaine. Tout discours y trouve sa place. Toute démarche y est représentée. Tout langage y est désormais reconnu… même le graffiti. En 2015, The Bridges of Graffiti a réuni, pour la première fois, une sélection d’artistes contemporains issus de la scène graffiti internationale au sein d’une exposition fastueuse qui a intégré le circuit très officiel des événements collatéraux de la Biennale. Pour l’édition 2017, Jens Besser est, en revanche, parti dans une tout autre direction. Il a invité des graffeurs à peindre illégalement les trains que les visiteurs de la Biennale empruntent quotidiennement pour arriver à Venise du continent, en s’appropriant sans autorisation les logos de Trenitalia et de la Biennale, pour laisser croire que la ligne ferroviaire Mestre-Venise avait été transformée en un Padiglione in Movimento (Pavillon en Mouvement) par la Biennale même : « Viva Treno Viva! ». Le fanzine autoproduit en 100 exemplaires qui accompagne le projet se compose d’un livret avec les photos des graffitis peints sur les trains, ainsi que d’une affiche, d’un flyer et d’une carte postale.
Dites non au tag est un livre produit par les Éditions Terrain Vague dans le cadre d’une résidence à l’Atelier Garage à Lyon en novembre dernier. C’est un petit objet de collection, soigné en tout détail, qui a été imprimé sur différents papiers et qui est doté d’une couverture sérigraphiée et d’une reliure japonaise cousue à la main. Même s’il est encore et souvent apparenté à du simple vandalisme, le tag reste aux yeux de plusieurs le fondement même du graffiti. Il est considéré comme l’exercice calligraphique par excellence et constitue une passerelle vers l’art contemporain pour de nombreux graffeurs, car cette pratique rappelle différentes formes d’écritures automatiques expérimentées tout au long du XXe siècle. Plusieurs livres, comme The Book of Tags (Kitchen 93, 2005), Tag. Paris, New York, Sao Paulo (Alternatives, 2013) et 15 Minutes (Pyramyd, 2013) ont, d’ailleurs, déjà exploré l’univers du tag. Dites non au tag ouvre, cependant, une nouvelle voie, en parcourant de nouveaux angles d’approche pour rappeler que ce n’est « qu’en répétant son nom, que le tagueur forge le style de ses lettres ». Ainsi, aux côtés de nombreuses photographies, Rizote publie un dialogue absurde avec Google au sujet du graffiti, tandis que Wesh élabore un diagramme plaçant le tag au croisement de la peinture, de l’activisme et de la publicité et Earner décrit ses déambulations dans une ville fantasmatique où les univers du graffiti, du flipper et du funk se mélangent.
Anglais | 280 pages | 28,9 x 24,1 cm | 58,00 €
Français | 300 pages | 25 x 18,2 cm | 19,00 €
Anglais-Italien | 20 pages | 21 x 15 cm | 20,00 €
Français | 80 pages | 18,5 x 29 cm | 50,00 €
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GALERIE BERTHÉAS LES TOURNESOLS
SAINT ETIENNE VICHY PARIS
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012 LIVRES NOUVEAUTÉS
NOUVEAUTÉS
NEW TITLES
DÉRIVILLE Bruce Bégout | Inculte / Barnum | 7,90 € FRA32 Chris Gibson | Whole Train Press | 24,00 €
URBAN STYLES Freddy Alva | DiWulf | 35,00 $ ROSE BÉTON Collectif | Mairie de Toulouse / 50Cinq | 35,00 €
MARQUÉ À VIE ! Comer OBK | Da Real | 17,00 € CLUB 57 Collectif | Museum of Modern Art | 40,00 $ JR – INSIDE OUT JR | Rizzoli | 49,00 €
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© VINCENT ARBELET
014 INDOOR PUBLI-REPORTAGE
LA GALERIE 100 % ORLINSKI ACCUEILLE LE PUBLIC ET LES COLLECTIONNEURS AU 68 RUE DU FAUBOURG-SAINT-HONORÉ À PARIS. Comment rendre compte du foisonnement de l’œuvre de Richard Orlinski ? C’est la question à laquelle ont voulu répondre l’artiste et son galeriste, en ouvrant ce lieu dédié au bestiaire du créateur, une sorte de solo show permanent à quelques pas du Palais de l’Élysée. L’occasion était belle d’en profiter pour rencontrer le défenseur d’un art pour tous, inclassable, qui trace sa route en dehors des conventions. Comment est née l’idée de cette galerie ? Il n’existait pas un endroit où je puisse présenter l’ensemble de ma création. Je trouvais qu’il était intéressant d’avoir une espèce de catalogue raisonné de ma production, où le public puisse sentir l’évolution de mon travail. Alors la galerie est née d’une réflexion avec mon galeriste à propos d’un lieu, dont j’aurais aussi pu maîtriser le design et où nous aurions pu présenter à la fois les créations les plus anciennes mais aussi des nouveautés très techniques comme les animaux à base de métal ajouré ou les pièces uniques recouvertes de graffiti. Est-ce que tu peux nous expliquer comment tu produis ? J’ai cinq ateliers répartis essentiellement en France et il y a 150 à 200 personnes qui travaillent avec moi dans tous les métiers : la métallurgie, la
fonderie, le design, la création 3D, l’agrandissement, le polissage. C’est très divers, car je ne m’interdis rien. Pour moi c’est un travail collectif même si à la fin, c’est moi qui ai le final cut. Les facettes, c’est un peu l’emblème de ton style, qu’est-ce qu’elles signifient ? Les facettes, c’est un peu le diamant, j’aime ce qui est précieux, le miroir, on se voit à travers, il y a un côté néo-futuriste. À la base, j’ai fait les facettes quand j’ai créé la panthère. J’avais ce collectionneur qui me réclamait une panthère. Cela ne m’intéressait pas beaucoup mais il voulait une panthère. J’ai commencé à travailler dessus et j’ai créé cette panthère avec ce code graphique qui évoque l’art nouveau et les
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© VINCENT ARBELET
015
”CE QUI ME TOUCHE, C’EST DE PARTAGER AVEC LE PLUS GRAND NOMBRE...” © VINCENT ARBELET
En haut - T-Rex, résine rouge, 140 cm, 2017. Page précédente - Orlinski et son personnage emblématique, Kong (résine cristal, 52 cm, 2017). Ci-contre - Kong, résine tag, 130 cm, 2017.
années 30 mais aussi le cubisme et je voulais lui trouver un côté futuriste, contemporain, un vaisseau spatial de La Guerre des étoiles et les facettes sont nées comme ça. Qu’est-ce que tu te reconnais comme influence artistique ? Évidemment le Pop Art. Je respecte beaucoup Andy Warhol qui, pour moi, a vraiment créé une révolution dans le monde de l’art, qui a cassé tous les codes, qui a fait de la musique, qui a fait du cinéma et qui est quelque part une forme de génie. Je pense que s’il avait vécu aujourd’hui, il aurait été un phénomène bien plus important encore avec l’Internet et la rapidité. C’est ce phénomène-là qui m’inspire.
je construis une raison de partager, plus qu’une œuvre ou une marque. Ce qui me touche ou ce qui m’intéresse, c’est de partager avec le plus grand nombre, de susciter de l’émotion. Plus je crée des vecteurs d’émotion, plus cela m’intéresse. J’ai pris le parti de vivre avec mon temps. En réalité, je pense que mon modèle n’existe pas ailleurs. Il est atypique, pas mieux, pas extraordinaire mais en tout cas, je pense que ce que j’ai créé, ça n’a jamais existé auparavant. n Galerie RICHARD ORLINSKI, 68 rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris
Qui sont tes collectionneurs ? C’est très éclectique. J’essaie d’être accessible à tous, d’atteindre toutes les catégories. Ce qui me plaît beaucoup, c’est que j’ai beaucoup de primo-accédants dans l’art, des gens qui me disent : « On n’a jamais acheté d’art, c’est la première fois que l’on a un coup de cœur » et cela me touche beaucoup. Il y a plein de gens qui n’achètent pas d’art. Tu vas parfois chez des milliardaires et il n’y a pas un truc au mur.
© VINCENT ARBELET
Est-ce que l’on peut spéculer sur du Orlinski ? Oui, on peut s’amuser à spéculer. Le premier crocodile que j’ai lancé, il vaut six à sept fois le prix auquel je le vendais à l’époque. Qu’est-ce qui est le plus intéressant : construire une œuvre ou construire une marque ? C’est la même chose. Je construis quelque chose qui va être partagé, GRAFFITIART #37 FÉVRIER/MARS 2018
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018 GRAPHICLASH
GRAPHICLASH G-SHOCK x ROMAIN FROQUET
www.g-shock.fr facebook.com/CASIOGSHOCKFrance
Dans chacun de nos numéros, nous invitons un artiste à une confrontation graphique entre son univers et celui de la fameuse montre G-SHOCK. C’est au tour du Parisien Romain Froquet, de relever le défi !
ROMAIN FROQUET âge | 35 ans résidence | Paris (FR) web | www.romainfroquet.com
Romain Froquet est un artiste autodidacte. À force de répétition et de travail de la ligne, il finit par développer son propre langage pictural. Il puise ses inspirations dans l’art ethnique et l’univers urbain. Il mène un combat constant pour concilier l’abstrait et le figuratif. Sa quête principale est la recherche de l’équilibre au travers de la gestuelle.
« La dissémination de la montre G-Shock entre mes lignes fait écho au morcellement de la mémoire. Le temps passe et altère nos souvenirs qui nous réapparaissent parfois sous forme de flash un peu incertain. Le temps est un repère faillible, il ne tient qu’à nous de conserver la mémoire de notre identité profonde ».
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GALERIE D’ART CONTEMPORAIN & URBAIN
Jo di Bona «Transition « Exposition
du 15 au 31 mars 2018 Vernissage en présence de l’artiste jeudi 15 mars à partir de 18h00
21 et 24 rue Véron - 75018 Paris - Tél : +33 (0)7 81 61 21 57 galerie@joelknafo-art.com - www.joelknafo-art.com
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