Vie en montagne – Été/Automne 2024

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VIE EN MONTAGNE

PAR MOUNTAIN LIFE

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NOTRE PROTECTION

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G L A CI ÈR E S UR R OUES R OADIE MD 48 Rivière Matapédia, péninsule gaspésienne.

TABLE des MATIÈRES

À L'AVANT-PLAN

p.9 Éditorial : Les femmes à la barre

p.10 Venez comme vous êtes

RUBRIQUES

p.30 Dans la roue de Louise : La rythmique du bikerafting

p.34 Hors Québec : Les matriarches du Pacifique

p.38 Pensée : La vraie nature des femmes

EN POINT DE MIRE

p.12 Dossier Femmes : Audacieuses

p.20 Maxime Légaré-Vézina : Vision animale

SUR CETTE PAGE Rivière Ashuapmushuan. LAURENT SILVANI EN PAGE
Bikepacking dans le parc d'État Baxter, Maine. ALEXE ROOT

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VIE EN MONTAGNE

ÉDITEURS ET VENTES

Ludovic Légaré ludovic@mountainlifemedia.ca

Glen Harris glen@mountainlifemedia.ca

Jon Burak jon@mountainlifemedia.ca

Todd Lawson todd@mountainlifemedia.ca

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DIRECTRICE DE CRÉATION ET DE PRODUCTION, DESIGNER

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COLLABORATEURS

Feet Banks, Agathe Bernard, Maxime Bilodeau, Anne Marie Brassard, CHOK Images, Félix Côté, Charles Demers, Vincent Drolet, Dominic Faucher, Diane Grégoire, Bada Griffiths, Anthony Ledoux, Maxime Légaré-Vezina, Paul Mackay, Richard Mardens, Bruce McNeil, Philippe Meilleur, Natasha Van Netten, Mylène Paquette, Louise Philipovitch, Alexe Root, David Savoie, Laurent Silvani, Diego Winitzky, Steve Woods..

Publié par Mountain Life Publishing Inc, Copyright ©2024. Tous droits réservés. Toute reproduction sans autorisation est interdite. Numéro de convention de la Poste-publications 40026703. Retourner les adresses canadiennes non livrables à : Mountain Life Magazine, CP 586, Thornbury, ON, N0H 2P0 Toute reproduction en tout ou en partie est strictement interdite. Les opinions exprimées ici sont celles de l'auteur exclusivement. Pour en savoir plus sur Mountain Life, visitez mountainlifemedia.ca. Pour distribuer Vie en montagne dans votre magasin, veuillez composer le 819-216-5312.

NOTRE ENGAGEMENT ENVERS L’ENVIRONNEMENT

Vie en montagne est imprimé sur du papier composé de matériaux issus de forêts bien gérées certifiées FSC® et d’autres sources contrôlées. Vie en montagne souscrit aussi au programme PrintReleaf qui mesure la consommation de papier et la convertit en nombre d’arbres utilisés. Ainsi, 90 arbres seront plantés, soit l'équivalent de ceux consommés pour l'impression de ce magazine.

ÉCRITURE INCLUSIVE

Par souci de facilité et de fluidité de lecture des articles, l'équipe éditoriale de Vie en montagne a choisi de ne pas utiliser le style d'écriture inclusive dans cette édition du magazine. La neutralité des genres a toutefois été privilégiée autant que possible.

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Une région. Cinq centres.

Les femmes à la barre

Si, pour une fois, on ne mettait en lumière que des femmes (ou presque) dans cette édition ? Elles sont allumées, charismatiques, talentueuses et audacieuses, que ce soit dans leur vie de tous les jours ou dans leurs activités de plein air, et elles vous en feront voir de toutes les couleurs dans ce numéro particulièrement effervescent.

Il y a tant de femmes inspirantes, comme la rameuse Mylène Paquette, une aventurière du Québec qui m’a toujours épatée pour sa ténacité et sa résilience. Elle a voulu relever le défi d’être la première personne du continent américain à franchir l’océan Atlantique à la rame, en solitaire. Elle qui avait une peur bleue de l’eau depuis qu’elle avait vu le film Jaws étant petite, elle a tout de même fait face à la solitude, bravé les tempêtes et l’immensité de l’océan lors de sa traversée spectaculaire en 2013. Mère célibataire de deux jeunes enfants, elle fait encore preuve, dix ans après son exploit, d’un courage inouï.

Dans le sillage de son aviron, Mylène Paquette inspire de jeunes aventurières à réaliser elles aussi des expéditions singulières. C’est le cas d’Anabelle Guay,

une Sherbrookoise de 23 ans qui s’est lancée l’année dernière dans un périple à pied, à vélo et à la rame, de l’Estrie jusqu’aux îles de la Madeleine. Sa Grande Aventure avait pour mission de promouvoir l’inclusion et la diversité corporelle dans le plein air.

En matière d’inclusion, la Montréalaise Jamillah Jean se bat quant à elle depuis plusieurs années pour paver la voie de la nature aux communautés BIPOC (acronyme pour Black, Indigenous, and People of Color), marginalisées. Son association, Hike Mtl, organise des sorties en canot, en camping, à vélo ou encore, de l’escalade pour initier à l’aventure toutes les personnes qui ne se sentent habituellement pas représentées dans la vitrine du plein air au Québec.

Faites connaissance aujourd’hui avec Éliane, Audrey, Geneviève, Chantal, Alexe, Oanh, Chantale, Louise et Anne Marie, que nous vous présentons en images et en mots dans nos pages. À leur manière, toutes travaillent d’arrache-pied à créer une nouvelle réalité dans laquelle il n’y aura plus de frontières ni barrières, dans l’univers du plein air. –Frédérique Sauvée, rédactrice en chef

Les femmes mises en lumière dans ce numéro vont vous en faire voir de toutes les couleurs. ALAIN DENIS

Venez comme vous êtes

En 2021, Anabelle Guay m’a contactée pour l’aider dans son projet de Grande Traversée. Cette jeune femme au début de la vingtaine, de Saint-Denis-de-Brompton, s’était lancé le défi de pédaler, de marcher et de ramer entre Sherbrooke et les îles de la Madeleine. Un projet plein de sens et plein de promesses. Anabelle n’a pourtant pas le physique typique de l’athlète qu’on imagine en lisant ces lignes.

Avant de la rencontrer, et même de lui parler, j’étais déjà convaincue du bien-fondé de son aventure : un dépassement de soi au fil des kilomètres, une aventure qui vise à promouvoir une meilleure inclusion dans les sports de plein air. Non seulement Anabelle parlait de diversité corporelle, mais aussi de ce qu’elle appelle la « neutralité corporelle ».

Gros, petit, chétif, jeune, vieux, mal équipé, démodé… on ne devrait pas s’empêcher d’aller dans la nature parce qu’on ne répond pas à certains standards. On devrait simplement bouger davantage.

Aspirer à passer par-dessus le « ai-je le physique pour faire ça ? » pour en arriver à s’en ficher complètement et ne plus s’empêcher de passer à l’action parce qu’on croit qu’on n’a pas le bon équipement, celui à la mode, du dernier cri.

Le fait que de jeunes aventurières, comme Anabelle, osent sortir des sentiers battus, et parler haut et fort de la sorte, inspire et ouvre la voie.

Oui, on souhaite toujours plus de représentation féminine dans les sports de plein air. Pour ma part, j’irais jusqu’à réclamer un meilleur accès des femmes de toutes les couleurs, les cultures, les origines... Et, pourquoi pas, un meilleur accès au plein air en général, autant pour des adeptes équipés bon marché, des nouveaux arrivants, des réfugiés, des jeunes, des personnes en situation de handicap ou ayant une limitation physique.

Montagne, attache ta tuque ! – Mylène Paquette

La Grande Traversée. DOMINIC FAUCHER

Audacieuses

Elles sont pionnières dans leur domaine ou épatent par leur talent à repousser les limites de l’aventure et du plein air. Portraits de sept femmes qui se révèlent dans l'action.

ALEXE ROOT

Croquer le vrai visage du plein air

mots :: Philippe Meilleur

On dit parfois qu’il suffit de choisir un travail que l’on aime pour ne plus avoir à travailler le restant de ses jours. C’est assurément une maxime qui sied bien à Alexe Root, une passionnée de la nature qui s’est trouvé une niche extraordinaire en tant que photographe de plein air.

Née Alexandra Racine, la jeune femme a découvert sa passion pour la photographie à l’adolescence, alors qu’elle était athlète de ski de fond. Elle profitait des compétitions pour prendre des clichés avec un vieil appareil photo familial. Une habitude qu’elle a conservée une fois son parcours d’athlète complété. « C’est là que mon copain m’a fait découvrir une foule de sports que je ne connaissais pas beaucoup, parce que je m’étais toujours concentrée sur le ski de fond jusque-là, raconte-t-elle. J’ai combiné ça à ma passion pour la photo. »

Rapidement, Alexe Root – son nom d’artiste – s’est taillé une réputation enviable dans le milieu de la photo de plein air. Elle a multiplié les petits contrats et a découvert mille et une façons de parfaire son art. Ce travail a porté ses fruits : elle a déjà fait sa première couverture de magazine, sa première double page et son premier article d’aventure (dans notre édition de l’hiver 2022). Pas mal pour quelqu’un qui s’est mis sérieusement à la photographie en 2019 !

DOUCEUR ET RUDESSE

Pour Alexe Root, l’important dans une bonne photo de plein air est de juxtaposer l’âpreté des conditions au bonheur des participants. « J’adore les photos qui captent la douceur dans les moments difficiles... Ces images nous font sortir de notre inconfort et nous plongent dans le

moment présent. Qu’il fasse froid ou qu’il pleuve, on se trouve chanceux de vivre ça, et ça paraît sur les photos. »

On comprend d’ailleurs rapidement que ce ne sont pas de mauvaises conditions météo qui la font reculer. « Je ne mets jamais de barrière par rapport à la météo. Amènes-en de la neige, de la pluie, du vent, je m’en fous ! » dit-elle en riant. Cette ténacité lui permet de capturer des moments uniques et authentiques, peu importe les conditions.

Le résultat est d’ailleurs à l’avenant. Les photos d’Alexe sont dynamiques, engageantes – bref, on y sent l’effort et le plaisir des protagonistes.

« Une de mes photos préférées, je l’ai prise l’été dernier, nous dit-elle. J’étais dans le Maine, au milieu du bois, en train de faire du bicycle avec mon amie. Il faisait vraiment chaud, on était dans la bouette, il y avait des maringouins… C’était la sainte misère ! Mais sur la photo, mon amie sourit. C’est là que tu comprends que, même si c’est difficile, il y a toujours du positif à aller chercher. »

UNE PASSION À TRANSMETTRE

En plus de son travail photographique, Alexe partage ses connaissances et son amour pour les sports de plein air avec le grand public, collaborant avec des partenaires tels que le Mont-Orford pour donner des ateliers sur la prise de photo en nature.

Elle souhaite aussi poursuivre son travail aux côtés de la guide d’aventure RenéeClaude Bastien, une véritable pionnière.

« C’est une mentore incroyable, qui m’aide à grandir, reconnaît-elle. Si, comme elle, je peux apporter ma petite contribution pour l’empowerment des femmes dans le milieu du plein air, je serais super heureuse. »

VINCENT DROLET

AUDREY RINGUETTE

Se réconcilier grâce à l’amour de la pêche

mots :: Maxime Bilodeau

Lorsqu’elle pose sa mouche sur l’eau de la rivière Moisie, la Mishta-Shipu, Audrey Ringuette fait plus que taquiner le saumon atlantique : elle honore ses racines innues. Utshashumeku fait en effet figure de poisson sacré chez les membres de ce peuple autochtone de l’est de la péninsule du Québec et du Labrador. C’est notamment grâce à lui que plusieurs générations d’Innus ont prospéré – et prospèrent toujours – sur le Nitassinan, la Terre mère.

« Dès que la saison de pêche débute sur la Côte-Nord [vers la fin de mai], c’est comme si on m’enlevait un énorme poids des épaules. Enfin, je peux respirer, me noyer dans mes pensées, reconnecter avec qui je suis vraiment », raconte la fondatrice de Shakutaimu, qui a pour mission de démocratiser la pêche à la mouche. Lancée il y a un an à peine, cette entreprise d’aventure fait surtout œuvre utile dans le processus de réconciliation entre les allochtones et les Premiers Peuples.

« Beaucoup de non-Autochtones

entretiennent encore des préjugés envers la pêche de subsistance, comme de croire qu’elle contribue à massacrer impunément la ressource », regrette celle qui est membre de la communauté de Uashat mak Mani-utenam, près de Sept-Îles. La réalité est pourtant tout autre. « La nature est notre frigidaire ; nous y vouons un profond respect et veillons à ne rien gaspiller de ce qu’elle nous donne. Chaque saumon pris l’est pour une raison. »

DE PÈRE EN FILLE

Shakutaimu constitue un à-côté pour Audrey Ringuette. Au quotidien, la trentenaire occupe plutôt la fonction de sergentedétective pour la Sécurité publique de Uashat mak Mani-utenam, où elle est responsable des enquêtes sur les crimes sexuels et les violences physiques. Lourd, dites-vous ? Pas selon la principale intéressée. « Je raffole de ce métier que mon père exerçait avant moi », jure celle qui a déjà mouillé son uniforme pour secourir une personne en détresse dans la baie glacée de Sept-Îles.

Parfois, son boulot d’agente de la paix la rattrape jusqu’au fin fond des bois. Ce fut par exemple le cas lors des incendies de forêt au début de juin 2023, alors qu’un monstre de feu brûlait aux portes de la capitale régionale. « La situation d’urgence m’a accaparée », se souvient-elle. Les ravages de cette catastrophe lui ont plus tard remué les entrailles. « Cet été-là, nous avons parfois pêché à gué au beau milieu de la forêt boréale calcinée. Quel choc. J’en ai pleuré. » Au moment d’écrire ces lignes, les faibles quantités de neige tombées sur la Côte-Nord laissaient présager des conditions propices à une saison de feux de forêt encore une fois active en 2024. De quoi remettre en question une tradition chérie par l’Innue : boucaner de la viande. « Cela consiste à fumer à chaud le saumon dans une petite tente en forme de tipi », indique-t-elle. Une pratique, on le comprendra, difficilement compatible avec d’éventuelles interdictions d’allumer des feux à ciel ouvert en forêt. Audrey Ringuette doit désormais apprendre à vivre avec cette inquiétude incessante de voir souffrir son territoire.

CHARLES DEMERS

CHANTAL SOULARD

Ouvrir la voie aux femmes en aménagement de sentiers

mots :: Félix Côté

Chantal Soulard a trouvé un bon moyen de multiplier les plaisirs liés au vélo de montagne. En plus de rouler plusieurs fois par semaine, cette résidente de Québec trouve son bonheur en défrichant le sol et en déplaçant des roches afin de créer des sentiers. Elle a même remporté le trophée de la meilleure bénévole de l’année au Québec en aménagement de sentiers (trail building)

Nous pouvons l’apercevoir régulièrement faire ce type de travaux dans les sentiers du centre de plein air Sentiers du Moulin. Son implication lui a même déjà valu une nomination au titre de « digger de l’année ». Ce titre, décerné par l’organisme à but non lucratif LB Cycle, est assorti du trophée Rogue d’or pour souligner le travail d’un bénévole impliqué dans le développement des sentiers à Lac-Beauport.

L’an dernier, lorsqu’un trail builder atteignait 25 heures de bénévolat dans l’année, les Sentiers du Moulin lui donnaient un abonnement de saison. Chantal Soulard a mis la barre un peu plus haut : elle a donné 70 heures de son temps, principalement les soirs de semaine, après son travail.

Pourquoi donner autant de son temps à

creuser au milieu des champignons ? Sa réponse est simple : « J’ai grandi dans la forêt et les montagnes, et j’aime me retrouver dans le bois », nous explique cette native de la Gaspésie.

Il y a aussi l’apprentissage. Comme cycliste de montagne, se salir les mains pour la construction d’un sentier donne une perspective élargie sur l’aspect technique du sport. « À force de placer les roches de manière optimale et de discuter de l’angle des virages, on est amené à visualiser notre pilotage, ce qui nous pousse à nous améliorer sur le plan technique. »

Une autre source de motivation digne de mention est le caractère communautaire de l’aménagement de sentiers (trail building). « C’est surtout cet aspect que j’aime », avoue Chantal Soulard. « Nous travaillons sur un projet créatif entre amis et nous allons ensuite prendre une bière. C’est très rassembleur. » Elle et son conjoint y ont d’ailleurs rencontré plusieurs de leurs amis.

Faut-il le dire, la communauté des trail builders est très majoritairement composée d’hommes. En effet, 90 % des bénévoles qui participent aux corvées sont

des hommes, estime Chantal Soulard. « Les gars aiment forcer sur les gros travaux », s’amuse-t-elle.

Mais en réalité, il est rarement nécessaire de forcer pour construire un sentier. Ce que Chantal fait le plus souvent, ce sont les tâches de râteau et de « découennage » (qui, dans le jargon du milieu, signifie « enlever la tourbe »). Elle utilise également un rogue (une sorte de bêche) pour travailler la terre. Selon ses dires, construire un sentier peut être une expérience très zen. Et pour convaincre davantage de filles de se joindre aux corvées, elle fait remarquer que c’est un bon moyen de se mettre en forme et ajoute, en riant, qu’elle est toujours bien accompagnée !

Chantal Soulard rehaussera-t-elle la barre cette année afin d’atteindre ou de dépasser son nombre d’heures à la construction de sentiers ? « C’est certain que plus on en fait, plus on est porté à vouloir en faire. Mais je pense avoir atteint un équilibre intéressant et je souhaite me garder du temps pour rouler et préparer mes prochains voyages de vélo », répond-elle avec sagesse.

BRUCE MACNEIL

ÉLIANE TRUDEAU

Cadrer dans le monde du vélo

Pour Éliane Trudeau, le vélo est à la fois un mode de vie et un moyen de gagner sa vie. Première femme trans à concevoir des cadres de vélo au Canada, la copropriétaire de la compagnie montréalaise Memento a de grandes ambitions pour la petite reine.

Des tubes d’acier rangés dans un grand meuble, des cadres de vélo accrochés au mur, certains avec des roues, d’autres non, et divers outils pour travailler le métal, avec un coin bureau un peu encombré : c’est dans cet atelier de Rosemont, à Montréal, que naissent les vélos de la compagnie Memento.

Ils sont deux ingénieurs-entrepreneurs à plier, à souder et à assembler le fer : Éliane Trudeau et Ronny Perez Jaramillo. La paire se connaît depuis plus de 15 ans, passant de colocataires à copropriétaires de leur entreprise. C’est Éliane qui a eu l’idée de fonder Memento, après des années à travailler comme coursière à vélo. « Depuis 2016, le vélo fait partie de ma vie adulte », dit-elle. D’abord pour se rendre à l’école, ensuite dans son travail de messagère, et aujourd’hui à les fabriquer.

SUR MESURE

Les montures de Memento, elle les compare à des œuvres d’art, chacune étant unique. « On va aussi ajouter de petits extras, que les gens ne voient pas nécessairement, mais qu’on ne trouve pas sur des vélos génériques, pour enjoliver », fait-elle valoir. Elle ne jure aujourd’hui que par des vélos sur mesure. « Ça change tout. Je suis quand même grande, et je n’ai jamais trouvé un vélo à ma taille. C’était toujours un peu inconfortable. Quand j’ai fabriqué le mien, j’ai pu faire exactement ce qu’il me fallait. Je n’ai maintenant plus de problème de confort. »

Ce vélo sur mesure, c’est d’ailleurs le tout premier de Memento, une bécane rose qui ne passe pas inaperçue. « Parfois, des gens estiment que le vélo, c’est pénible, mais la racine du problème, ce n’est pas que c’est difficile de pédaler, c’est surtout que le vélo n’est pas confortable », affirme-t-elle.

Fourches, cadres et même guidons sont conçus entre les quatre murs de l’atelier de Memento. Dans un coin, Ronny taille une pièce. Le pire défaut de sa meilleure amie ? « Éliane est du genre fonceuse, mais elle peut ignorer les problèmes. Moi, je suis du genre à paralyser, parce que je vois trop de problèmes. » « On se complète bien », résume-t-elle.

Des exemples de l’approche intrépide de la jeune femme ? Sa traversée du Canada à vélo, effectuée sur un coup de tête et, surtout, sur pignon fixe, avec un sac à dos et un itinéraire approximatif pour toute logistique. Ont suivi des voyages en Espagne, ailleurs en Europe en bikepacking Le nom de la compagnie provient justement de ces périples sur deux roues : « Tu t’attaches vraiment au vélo sur lequel tu roules pendant tes voyages ; il devient un mémento, un élément mémorable. On voulait recréer la même chose pour les gens qui achètent nos vélos », explique Éliane.

EN ÉVOLUTION

Une femme trans à la tête d’une compagnie de cadres de vélo, c’est rare au Canada. Aussi, Memento peut se targuer d’être la

seule entreprise à fabriquer des vélos cargos. Dans son travail de coursière, Éliane Trudeau avait pu essayer divers modèles. Elle avait eu un coup de foudre instantané pour ce type de monture.

Deux des plus grandes marques étant européennes, dont l’importation s’avérait coûteuse, pourquoi alors ne pas les fabriquer ici ? Le plan original des deux complices, c’était donc de se concentrer uniquement sur la fabrication de vélos cargos. « Mais on s’est rendu compte que c’était assez complexe », admet la jeune femme. Il leur a fallu un peu de temps pour compléter ce chantier, mais leur premier vélo cargo reste leur plus grande fierté. D’autres sont aujourd’hui dans leur carnet de commandes.

Memento suit un peu la transition d’Éliane Trudeau. Ce qui a commencé par un questionnement sur son orientation sexuelle s’est transformé. Elle a réalisé qu’elle pouvait vivre dans un corps de femme. Elle juge important de se faire entendre à ce sujet. « Parce que je veux être la représentation d’une personne trans qui réussit dans la vie, qui accomplit plein de choses, pour que ce soit une bonne image pour d’autres jeunes qui se questionnent en ce moment », dit-elle.

L’entrepreneure veut aussi que sa compagnie soit une figure de proue en la matière, parce qu’il y en a si peu. « Je peux compter sur les doigts d’une main le nombre de fabricants de vélos qui sont des femmes, et encore moins des femmes trans. » Et si, finalement, tout le monde pouvait cadrer dans le monde du vélo ?

COLLECTION PERSONNELLE ÉLIANE TRUDEAU

GENEVIÈVE ASSELIN-DEMERS

Apprendre à se comprendre grâce à la course

mots :: Philippe Meilleur

Geneviève Asselin-Demers est passée des podiums de marathons à ceux d’épreuves d’ultradistance en sentier en un claquement de doigts. La Québécoise ne tiendra jamais pour acquise la course à pied, cette discipline qui lui a permis de vivre les plus grandes épiphanies de sa vie.

Elle se souvient d’un moment avec clarté. Geneviève Asselin-Demers était sur la ligne de départ d’un ultramarathon en sentier, mais son esprit était ailleurs, rongé par des doutes au sujet de son couple. Elle s’est élancée, a couru pendant des heures, s’est perdue dans ses pensées. Puis, au terme de centaines de kilomètres d’efforts, alors que ses proches la félicitaient d’avoir franchi le fil d’arrivée, l’athlète a eu une révélation : sa relation amoureuse était terminée. Elle devait en faire le deuil et passer à autre chose.

Il ne s’agit pas d’un mauvais souvenir pour cette ingénieure devenue l’une des coureuses en sentier les plus accomplies du Québec. Si elle relate l’anecdote, c’est pour illustrer à quel point les courses d’endurance sont importantes dans sa vie, et ce, au-delà de l’aspect physique de la chose. « Tous mes grands choix de vie, je les ai faits pendant une course, dit-elle. J’arrive avec une question en tête et, à la fin du parcours, j’ai la réponse. »

« Il y a quelque chose de profondément apaisant à se retrouver seule avec soi-même au milieu d’une forêt pendant une course », explique la jeune femme. Malgré les efforts et la douleur inévitable, c’est là, en train de courir dans la nature, que son esprit se pose enfin, loin de l’anxiété et du rythme effréné de Montréal.

Elle cite l’exemple de cet appel reçu un jour de la part d’un chasseur de têtes qui cherchait à la recruter pour un nouvel emploi. Le poste était intéressant, et un rendez-vous pour l’entrevue d’embauche a été fixé.

« J’étais attirée par la nouveauté, se souvient Geneviève Asselin-Demers. Mais c’est en faisant une course que j’ai réalisé que j’étais vraiment choyée dans mon travail actuel. Oui, j’aurais augmenté mon salaire en changeant d’entreprise. Cependant, je n’aurais pas eu la même qualité de vie, et j’aurais perdu l’excellente relation que j’ai développée avec mon patron et mes collègues. »

Peu après avoir traversé la ligne d’arrivée, elle a annulé l’entrevue d’embauche et a refusé toutes les autres offres des chasseurs de têtes.

UNE MALADIE QUI CHANGE TOUT

Le sport a toujours fait partie de la vie de Geneviève Asselin-Demers. Adolescente, elle accompagnait sa mère au gymnase. « Je m’entraînais une heure, une heure et demie par jour… Je n’ai jamais arrêté. »

À l’université, elle est très active dans les compétitions de canot sur glace, qui exigent de ramer pendant deux, trois heures à -30 o C. « J’ai découvert à ce moment le côté extrême de ma personnalité, se remémore-t-elle. Plus j’en faisais, plus j’en voulais ! »

Se sentant en pleine forme, l’idée de courir un marathon est apparue.

« Lors de mon premier entraînement, j’ai fait l’erreur classique des débutants : je suis allée courir 25 km… et je me suis fracturé les pieds. Disons que j’ai compris que je devais être plus sage dans ma préparation ! »

Cette leçon a été payante, puisqu’à l’automne 2015, Geneviève Asselin-Demers gagnait le marathon de Montréal, un accomplissement qui lui a ouvert des portes.

« C’est vraiment là que le déclic s’est produit, dit-elle. J’ai réalisé que plus la distance est longue, mieux je performe. »

Elle a donc fait son chemin dans le monde exigeant des marathons, jusqu’à ce que de graves problèmes de santé la forcent

à changer de discipline. Une maladie a en effet forcé les médecins à lui retirer une partie du côlon et de l’intestin. La condition rendait son hydratation plus difficile – trop, en fait, pour une marathonienne d’élite. Mais dans les ultramarathons, comme les distances sont tellement longues et que les athlètes peuvent prendre le temps de s’arrêter un peu aux stations de ravitaillement, l’hydratation y est plus aisée.

L’athlète s’est donc lancée dans cette discipline avec toute l’intensité qu’on lui connaît, remportant notamment l’Ultra-Trail Harricana du Canada… avec une heure d’avance sur sa plus proche rivale. Rien de moins.

À

L’ÉCOUTE DE SON CORPS

Pourquoi courir ? Geneviève Asselin-Demers réfléchit quelques secondes... « Plus jeune, je m’entraînais pour sculpter mon corps, et c’était malsain, confie-t-elle. J’ai frappé le mur du surentraînement. Quand tu es extrême, il faut que tu atteignes le fond pour croire qu’il existe. »

Avec des thérapeutes, elle a travaillé sur elle-même. Maintenant, elle a une relation beaucoup plus harmonieuse avec son sport. « Je fais à peu près le même volume d’entraînement que dans ma jeunesse, mais mon attitude est complètement différente, explique-t-elle. Je suis à l’écoute de mon corps. Et il me le rend bien ! Mes jumelles ont eu la gastro six fois l’année dernière, tout le monde autour de nous l’a attrapé… sauf moi. Ça, c’est mon corps qui me remercie de prendre soin de lui. »

« Aujourd’hui, je ne fais pas de l’ultratrail pour avoir un ventre plat. Quand je vais être morte, je ne veux pas que les gens se souviennent de moi pour ma shape. Je veux qu’ils se souviennent d’une personne qui courait pour faire le bien autour d’elle. Je veux inspirer les gens, et transmettre mes valeurs. C’est pour ça que je cours. »

Et aussi, parfois, pour trouver des réponses aux grandes questions de la vie.

Ne dites surtout pas à Oanh Nguyen que vous la trouvez inspirante ; elle n’aime pas ça. La para-athlète de 43 ans voudrait qu’on la considère comme une grimpeuse comme les autres, qui cherche son prochain défi vertical.

Sur les murs de Canyon Escalade, sur la rive sud de Montréal, les grimpeurs sont nombreux à se battre contre la gravité pour tenter d’arriver au sommet de différentes voies. Oanh Nguyen est dans le lot. Elle monte son pied droit à l’aide d’une main et l’appuie sur une prise. Comme elle est paraplégique, sa jambe gauche ne peut rien faire et sa jambe droite est peu fonctionnelle. C’est donc la technique qu’elle a dû développer pour grimper. Elle continue ainsi jusqu’à la dernière prise. L’athlète signale à son entraîneuse, Vanessa Trudel, de la redescendre.

« Moi, je te convaincs de faire des choses que tu ne veux pas faire », résume l’entraîneuse, d’un air moqueur, quand l’athlète est de retour dans son fauteuil roulant. Oanh Nguyen aime dire que sa coach la « torture », mais la grimpeuse dit aussi aimer l’idée de se pousser. « On essaie une autre voie ? » lance Vanessa.

Oanh Nguyen n’a pas toujours

OANH NGUYEN

Une grimpeuse (pas) comme les autres

mots :: David Savoie

exercé l’escalade et n’a pas toujours été paralysée. En fait, elle était très active – elle avait toutefois peur des hauteurs. Ce sont les traitements pour lutter contre un cancer qui ont endommagé des nerfs il y a cinq ans, ce qui a provoqué la paralysie partielle de ses jambes. Quelques mois plus tard, un physiothérapeute lui suggère l’escalade pour renforcer certains muscles. « J’ai trouvé ça vraiment le fun. Ça me donnait la sensation d’être debout, explique-t-elle. Et j’ai eu la piqûre. »

Peu de temps après, elle commence à s’entraîner dans le but de s’améliorer. L’escalade l’aide avec sa circulation sanguine, sa mobilité, sa force également.

La grimpe lui a aussi redonné confiance en elle. « Après avoir grimpé une voie 5.9, je me suis dit que j’étais capable de faire d’autres choses ! » s’exclame Oanh Nguyen. C’est ce qui l’a amenée à essayer le basketball, le tir à l’arc et le surf adapté.

PARA-ENTRAÎNEMENT

C’est grâce à Accès Grimpe qu’Oanh Nguyen a pu goûter au sport vertical. Ce programme vise à aider les personnes en situation de handicap à faire de l’escalade adaptée. Et Oanh a été la première participante qui a voulu s’entraîner pour progresser.

« C’est un peu grâce à Oanh qu’on a pu faire des choses un peu plus sérieuses », souligne Aurélie Suberchicot, la fondatrice d’Accès Grimpe. « Elle a une force de caractère et une autodérision assez décoiffantes », ajoute-t-elle. Des atouts qui aident à faire « bouger les lignes » du parasport.

À ses premiers essais en escalade, Oanh Nguyen pouvait à peine grimper deux mètres. Aujourd’hui, l’athlète fait plusieurs longueurs d’une quinzaine de mètres dans la même séance. Elle n’est plus la seule para-athlète d’escalade à s’entraîner : maintenant, quelques personnes en situation de handicap se réunissent deux fois par semaine pour effectuer des exercices et travailler leurs techniques.

Il a fallu tout créer pour que ces paraathlètes puissent s’entraîner ; il n’y avait pas de ressources. « J’ai contacté des équipes en Europe, j’ai parlé avec des coachs », explique Vanessa Trudel. Il a fallu entre autres adapter tous les exercices, chaque personne ayant des limitations différentes. « Même l’accessibilité dans les gymnases d’escalade a demandé du travail », précise l’entraîneuse.

Oanh Nguyen en sait quelque chose : certains gyms ont refusé qu’elle grimpe, tandis que d’autres centres sont encore difficiles d’accès pour les personnes ayant un handicap. « Les gens voient encore beaucoup le fauteuil roulant comme un frein. La para-escalade accuse du retard au Canada par rapport à ce qui se fait dans d’autres pays, comme la France, qui a une équipe de compétition nationale et des entraîneurs professionnels », dit celle qui travaille d’ailleurs comme conseillère en accessibilité.

La toute première compétition de para-escalade au Canada s’est tenue à la fin de 2023, un événement auquel l’athlète paraplégique a participé. Oanh Nguyen n’était pas dans la bonne catégorie et n’a pas grimpé comme elle aurait voulu, mais elle a visiblement pris goût à la compétition. Parmi ses prochains objectifs ? Participer à d’autres événements, évidemment, et même à l’extérieur du Québec. « Par curiosité », pour se comparer à d’autres athlètes. « Mais aussi un peu par esprit de compétition », conclut-elle.

ALAIN DENIS

CHANTALE BÉGIN

Ramer pour mieux comprendre le réchauffement des océans

mots :: Maxime

Biologiste marine originaire de Québec, Chantale Bégin contribue à la conservation et à la protection des océans en menant son équipe à la victoire lors de l’épreuve féminine de rame océanique la plus difficile au monde. Le podium s’est joué dans le dernier tiers de la World’s Toughest Row, une traversée de l’océan Atlantique à la rame – et sans assistance – de 5000 km. Parties des îles Canaries le 13 décembre 2023, Chantale Bégin, Noelle Shea, Lauren Shea et Isabelle Côté accusent alors 40 miles nautiques de retard (environ 75 km) sur l’équipe There She Rows, avec qui elles échangent la place de tête depuis des jours. Puis, des vents du nord se sont mis à souffler avec vigueur, scellant ainsi l’issue de la course.

« Nous avions fait le pari d’emprunter une trajectoire sous-optimale dans l’espoir de profiter de cette fenêtre météorologique. Lorsque cette dernière s’est ouverte, nous avons changé de cap et entamé une remontée », raconte Chantale Bégin, professeure de biologie à l’Université South Florida. En moins de 24 heures, son équipe Salty Science double ses rivales et reprend la

première position, qu’elle conservera jusqu’à la ligne d’arrivée. Durée de la traversée : 38 jours, 18 heures et 56 minutes. Il faut dire que l’édition 2023 de la World’s Toughest Row a été marquée par les caprices d’Éole. « On se demande encore où étaient les alizés [vents de l’Équateur qui soufflent vers l’ouest] ! » s’exclame la meneuse du quatuor formé de deux Québécoises et de deux Étatsuniennes. La faute au phénomène El Niño, certes, mais aussi aux changements climatiques. « La température de l’océan Atlantique était anormalement chaude. En théorie, les conditions étaient même favorables à la formation d’un ouragan tardif. »

POUR LA CAUSE

Chantale Bégin sait de quoi elle parle. La scientifique originaire de Québec baigne littéralement dans son sujet d’étude depuis ses 16 ans, quand elle a eu la chance d’explorer les profondeurs du Saint-Laurent à bord d’un submersible. Son parcours de vie sinueux – Nouvelle-Écosse, Québec, Colombie-Britannique, etc. – l’amènera à cumuler de nombreuses heures en mer, sur

des bateaux-écoles. « J’ai traversé plusieurs océans à la voile au cours de ma vie », mentionne celle qui estime en ce sens avoir un bon système D.

À Tampa, où elle habite avec son conjoint et ses deux enfants, la quadragénaire se consacre à mieux comprendre les récifs coralliens. Ses articles scientifiques examinent par exemple dans quelle mesure les zones marines protégées bénéficient – ou non – à ces écosystèmes très sensibles aux perturbations extérieures. Sans surprise, les 250 000 dollars américains (environ 340 000 $) amassés par Salty Science seront alloués à la conservation et à la protection des milieux marins.

« Une partie servira à financer les activités de Shellback, qui soutient la recherche marine, la conservation et l’éducation dans les Caraïbes. À titre de cofondatrice [de cet organisme à but non lucratif], je trouve cela important de toujours mieux comprendre les océans et les côtes de cette région du monde », affirme celle qui a justement levé les bras au ciel à Antigua, l’une des deux îles principales de l’État caribéen d’Antigua-et-Barbuda, avec ses coéquipières pour célébrer leur victoire, le 21 janvier dernier.

Vi

ion animale

Dans l’œil du photographe animalier

Maxime Légaré-Vézina

MOTS :: Feet Banks

Vous êtes retranché dans votre « cachette », une tente de camouflage de la taille d’une bécosse, mais avec un plafond beaucoup plus bas. C’est le milieu de l’hiver au Québec, la pire période de l’année pour rester assis sans bouger. À vos pieds, un Thermos en métal contient quelques gorgées de thé encore chaud; à côté, une bouteille en plastique est destinée à vous soulager. Cela fait plus de huit heures que vous êtes là, remuant de temps à autre pour activer la circulation sanguine et bougeant les doigts pour qu’ils restent agiles. Mais 95 % du temps, les seules choses qui bougent sont vos yeux, qui scrutent le monde extérieur à travers une ouverture de 15 cm percée dans la tente. Il fait froid, vos articulations

vous font souffrir et votre estomac gargouille. Bref, ça va mal. C’est alors que le pygargue à tête blanche que vous surveillez depuis des heures tourne la tête dans le bon sens. Ses yeux jaunes perçants sont directement fixés sur vous, et les plumes blanches sur sa tête se soulèvent une fraction de seconde au passage d’un autre oiseau. Votre mise au point est nette et la pression silencieuse du bouton déclenche le moteur de votre appareil photo sans miroir, capturant 30 images en un peu plus d’une seconde. Pendant un bref instant, vous êtes la personne la plus heureuse du pays. Vous êtes le photographe animalier Maxime Légaré-Vézina et vous venez de prendre une photo absolument parfaite.

TOUT VIENT À POINT À QUI SAIT ATTENDRE

Dire que la patience est la clé de la photographie animalière, c’est comme proclamer que le soleil est un élément important de la lumière du jour. La patience est une nécessité de base; la passion, quant à elle, change la donne.

« J’appellerais ça une maladie, déclare Maxime Légaré-Vézina. Beaucoup de photographes en sont atteints, particulièrement ceux qui sont spécialisés en photo animalière. C’est la peur de manquer une photo géniale si, un matin, je ne sors pas. »

Il peut s’agir d’un bébé et d’une mère raton laveur qui regardent à travers le trou de leur tanière dans un tronc d’arbre creux, un cliché qui a valu au photographe le statut de finaliste au prestigieux Festival international de la photo animalière et de nature de Montier en 2023. Cela peut aussi être le portrait d’un caribou des bois trottant majestueusement dans une forêt hivernale, d’un minuscule poussin huard monté sur le dos de sa mère, d’un renard bondissant, d’un lynx méfiant, d’un grand-duc d’Amérique, d’un orignal, d’un jaseur des cèdres, d’un grizzli, d’un loup gris. Nommez n’importe quel animal du Canada et il y a de fortes chances que Maxime Légaré-Vézina l’ait cherché, attendu, trouvé et, finalement, photographié.

De nos jours, par définition, la photographie animalière consiste à documenter visuellement des animaux dans leur habitat naturel. Alors que l’on photographie des oiseaux et des espèces en captivité depuis le milieu du XIXe siècle, le National Geographic n’a publié ses premières photos d’animaux sauvages – des cerfs à queue blanche en Pennsylvanie, photographiés par George Shiras III – qu’en 1906. N’oublions pas que jusqu’alors, une photographie nécessitait que le sujet reste immobile pendant 30 secondes, le temps que l’image se développe sur une plaque de métal ou de verre. Les temps ont changé.

En 2023, près de 55 000 photos ont été soumises au concours mondial Wildlife Photographer of the Year du Musée d’histoire naturelle de Londres, contre 38 570 images l’année précédente. Pourquoi les gens aiment-ils tant photographier les animaux ? « C’est une bonne question, se demande Maxime Légaré-Vézina. Moi-même, pourquoi est-ce que je les aime tant ? Parce qu’ils ne sont pas humains, peut-être ? Je ne sais pas, mais j’ai l’impression qu’avec les animaux, on entre dans un autre monde. Certains sont de féroces prédateurs, d’autres sont super mignons. Ils peuvent être gracieux, puissants, et ils ont tous des comportements particuliers. C’est une autre réalité. »

“ Mes meilleures photos viennent d’ici, du Canada, parce que c’est chez moi. Je connais les animaux, les paysages, et c’est un pays immense. ”

Les premières années, c’était assez intense, confie-t-il. La photographie était la seule chose que je voulais faire dans la vie. Mes amis me proposaient d’aller faire des activités avec eux et je leur répondais toujours non. Maintenant que je m’y consacre à plein temps, je suis plus détendu. Si je ne sors pas tous les jours, ce n’est pas grave. Je pense que c’est plus raisonnable ainsi. »

Né et élevé dans la ville de Québec, ce jeune homme de 34 ans était un petit Québécois typique qui passait ses week-ends à faire du canot ou de la randonnée avec sa famille. « Adolescent, j’avais les mêmes centres d’intérêt que la plupart des jeunes, admet-il avec d’un air entendu. Nous ne sortions pas tant que ça dans la nature, vous savez. Mais lorsque j’ai eu 22 ans, je me suis reconnecté à la nature, et c’est toujours aujourd’hui ce qui motive ma photographie. Bien sûr, j’essaie de capturer ce que je vois, mais en réalité, je cherche simplement un nouveau moyen de me connecter au monde sauvage qui m’entoure. »

Après avoir exercé ce qu’il appelle « le pire emploi qu’il n’a jamais eu » (c’est-à-dire vendre des assurances pour une banque), Maxime Légaré-Vézina a lancé sa carrière de photographe en 2014 à la suite d’une dispute avec sa blonde de l’époque. « Elle possédait un appareil photo et nous l’utilisions tous les deux lorsque nous partions en voyage, puis nous nous disputions pour savoir qui avait pris quelle photo. J’ai donc réalisé que je devais m’acheter mon propre appareil. Et puis, très vite, prendre des photos est devenu toute ma vie. »

Depuis 2019, dans le cadre de ses ateliers de photographie, Maxime Légaré-Vézina prodigue des conseils et transmet ses techniques sur la façon de se connecter visuellement au monde sauvage. En 2022, il a troqué la sécurité de son emploi à la banque (bien qu’il reconnaisse que les horaires – de midi à 20 heures – étaient extrêmement pratiques, lui permettant de prendre des photos tous les matins) contre une carrière de photographe animalier professionnel à temps plein, combinant le rôle de chasseur d’images à celui d’instructeur, et ce, dans le monde entier.

« Je n’ai rencontré personne qui a appris la photographie animalière en allant à l’école, déclare-t-il. C’est le genre de chose qu’on apprend sur le terrain, généralement seul. Alors, si je peux aider d’autres amateurs de photographie, je le ferai avec plaisir. »

COMPRENDRE AU LIEU DE CONTRÔLER

Pour bien s’initier à ce domaine, il faut notamment comprendre certaines règles éthiques importantes. De nos jours, on attend des photographes que leurs pratiques n’aient aucun impact négatif sur les animaux et les écosystèmes. Par exemple, de nombreux concours disqualifient les photos « arrangées », mises en scène. L’époque où l’on jetait des gésiers de poulet dans un champ pour attirer des renards roux ou encore, où l’on faisait flotter un poisson dans un réservoir en verre, juste sous la surface d’un lac, pour attirer un balbuzard ou un martin-pêcheur, est révolue (ou presque).

« Même lorsque j’ai commencé, il y a une dizaine d’années, on voyait encore des photographes au Québec lancer des souris à des harfangs des neiges, raconte Maxime LégaréVézina. C’est une vieille façon de penser. La nouvelle génération essaie d’obtenir des photos plus naturelles et de respecter davantage l’animal et son environnement. Il est beaucoup plus gratifiant d’obtenir un cliché parce qu’on a patienté des heures plutôt que de lancer une souris vivante à un animal. »

L’intérêt de capturer des images de la manière la plus naturelle possible réside en partie dans le fait que cela exige une compréhension et un respect beaucoup plus étroits – voire un véritable lien – avec les animaux et la nature dans laquelle ils habitent.

« J’ai commencé très tôt à distinguer les différentes espèces d’oiseaux. Pour la plupart des enfants, un oiseau est un oiseau, mais pour moi, c’était une mésange, un junco ou une mésange charbonnière. J’utilise toujours aujourd’hui ce que j’ai appris quand j’étais jeune. Connaître le chant d’un oiseau, les écosystèmes qu’il fréquente, son comportement, la saison des amours, etc., va m’aider, moi ou les personnes que je guide, à obtenir les photos désirées », fait valoir Maxime Légaré-Vézina.

Conseils aux photographes animaliers débutants

Maxime Légaré-Vézina expose ses photographies deux ou trois fois par an au Canada et en Europe. Son compte Instagram (@maxime_lv_photography) présente plus de 1200 photos. Avec un portfolio aussi révélateur, les conseils suivants valent de l’or pour toute personne désireuse de se lancer dans la photographie animalière.

L’appareil photo : Commencez par photographier en mode AV (priorité à l’ouverture). Beaucoup de gens veulent prendre des photos en mode 100 % manuel, mais ne maîtrisent pas suffisamment la vitesse d’obturation ni l’ouverture pour bien gérer l’exposition. Le mode automatique n’est pas non plus idéal parce que l’appareil ne sait pas ce que vous voulez photographier. Choisissez donc plutôt le mode AV et l’ouverture la plus grande possible (f-stop le plus bas). Vous obtiendrez un bel arrière-plan flou avec un maximum de lumière, ce qui se traduit par la vitesse d’obturation la plus élevée, à privilégier pour photographier les animaux sauvages.

Le cadrage : Lorsque vous obtenez votre premier grand téléobjectif, il est naturel de vouloir zoomer au maximum, mais soyez prudent. Lorsque j’ai acheté le mien, j’étais excité et j’ai tellement zoomé sur un vison que je lui ai coupé la queue dans mon cadrage. J’en avais oublié la composition. J’ai vite appris à tempérer mes ardeurs.

La météo : Les animaux en savent bien plus que nous sur les événements naturels qui se préparent. Par exemple, les oiseaux sont souvent plus nombreux que d’habitude à se nourrir avant un orage, car ils savent qu’ils n’auront pas l’occasion de le faire avant un jour ou deux. Pensez comme un animal et surveillez la météo.

Les parcs : Les parcs urbains sont un bon endroit pour observer des animaux, en particulier les hiboux. Dans la grande nature, il est souvent plus difficile de les repérer, car ils ont beaucoup plus d’espace. Dans de plus petits habitats comme les parcs en ville, ils peuvent être plus faciles à trouver. Ils sont également plus habitués à voir des gens autour d’eux, ce qui les rend moins craintifs.

Les collations : Un conseil, ne mangez pas de pommes lorsque vous êtes dans votre cachette. Le craquement pourrait effrayer les animaux.

Renard croisé, île d'Anticosti.

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Au cours des dernières années, ses connaissances ont traversé les frontières. Son amour pour la faune l’a conduit vers les toucans dans la jungle du Costa Rica, les flamants roses sur les hauts plateaux du Chili, les chevaux sauvages dans le sud de la France, ainsi qu’en Espagne, en Autriche, en Colombie et en Alaska. Pour son atelier annuel L’hiver en Suisse, il guide un groupe d’amateurs de photographie dans les forêts, les plaines et les montagnes helvétiques à la recherche de bouquetins, de chamois, d’hermines et d’autres animaux alpins. Mais la plupart de ses aventures photographiques se déroulent encore dans son pays natal, dont les animaux sont, selon lui, aussi impressionnants que ceux d’ailleurs, et plus décontractés.

« Notre faune semble beaucoup moins craintive qu’en Europe. Les animaux sont conscients de ma présence, mais ils ne s’en préoccupent pas autant. Un animal nerveux n’agit plus de manière naturelle – quand je vois les photos d’un renard avec les oreilles couchées, je peux parier qu’il n’était pas en confiance au moment du cliché. Je ne recherche pas ce genre de photos. Je préfère qu’un animal soit détendu ou qu’il accepte ma présence. C’est à ce moment-là que la magie opère », assure le photographe.

moment ou à un autre, alors j’ai continué. Si c’était facile, tout le monde le ferait. »

MUSES INSAISISSABLES

C’est l’aube d’un matin frais de mars. Maxime Légaré-Vézina se trouve à l’extérieur de la ville de Québec, dans un parc qu’il a visité des centaines de fois auparavant. Il reste encore un peu de neige au sol, mais son attention est tournée vers le ciel. Les chouettes épervières commenceront bientôt leur migration printanière vers le nord, et il espère en photographier une avec la lune en arrière-plan. La faune et la flore constituent de véritables cartes postales, mais y intégrer des éléments célestes tels que la lune ou les aurores boréales demande du temps et du travail.

“ Dire que la patience est la clé de la photographie animalière, c’est comme proclamer que le soleil est un élément important de la lumière du jour.

Le Canada est d’ailleurs un leader mondial dans le domaine de la photographie animalière. Une étude récente a analysé plus de 70 millions de photos Flickr téléchargées par les utilisateurs et a classé le Canada au deuxième rang mondial pour la quantité de photos nationales étiquetées « faune ». Le Kenya, qui abrite la quintessence de l’Afrique –peuplée de lions, de girafes, d’éléphants, de rhinocéros, de léopards, etc. –, occupe la première place, évidemment.

La patience est une nécessité de base ; la passion, quant à elle, change la donne. ”

Avec 80 000 espèces connues et 20 écosystèmes majeurs, dont la toundra, la forêt boréale, les prairies, la forêt pluviale tempérée, le plus long littoral du monde et une bonne quantité de tourbières infestées de moustiques, le Canada grouille d’animaux à photographier. « Mes meilleures photos viennent d’ici parce que c’est chez moi, déclare Maxime Légaré-Vézina. Je connais les animaux, les paysages, et c’est un pays immense. J’adore photographier durant l’hiver, en raison de la glace et de la neige. Il est possible de passer une bonne nuit de sommeil en hiver. Je peux me réveiller à six heures, ce qui est raisonnable, et être sur le terrain avant le lever du soleil. Beaucoup d’oiseaux ont quitté les lieux pendant l’hiver, mais je pense que cette saison permet de prendre de bien meilleures photos. »

Pourtant, quelle que soit la saison, le succès n’est jamais garanti. Le photographe est déjà sorti tous les matins pendant trois semaines sans réussir à prendre une seule photo qui lui plaisait. « Je me suis demandé si je devais vendre mon appareil photo. Pourtant, je savais que cela deviendrait forcément intéressant à un

« La lune est censée se coucher à 5 h 42, juste là, m’explique-t-il à voix basse. Je suis venu hier et j’ai vu de la fiente sur cet arbre. Regarde, il y a un hibou juste là maintenant. » Au sommet d’un arbre mort et couvert de lichen, même dans la faible lumière de l’heure bleue, deux yeux jaunes, sur une tête parfaite brune et blanche en demi-dôme, nous fixent. Un faisceau de plumes caudales pointues s’avance sous la branche. Longue d’une quarantaine de centimètres de la tête jusqu’au bout de la queue, une chouette épervière adulte peut manger plusieurs petits rongeurs (ou oiseaux) par jour. Maxime LégaréVézina espère seulement qu’elle n’en apercevra pas un avant le coucher de la lune. Silence total.

« Je suis fou des chouettes et des hiboux, confesse-t-il durant les 40 minutes de route que nous avions à faire. Je suis toujours à leur recherche, et ce n’est pas une tâche facile parce qu’ils sont nocturnes, donc insaisissables. Mais les hiboux transmettent tellement d’émotions dans leur attitude. Ils seront par exemple fâchés que vous les réveilliez, curieux, ou simplement concentrés sur la chasse. Les animaux ont-ils une âme ? Je ne le saurai jamais. Mais regardez les yeux d’un hibou, il y a certainement quelque chose d’énigmatique là-dedans. »

Le rapace reste dans sa position. Pour photographier dans une lumière aussi faible, Maxime Légaré-Vézina cesse de respirer et reste complètement immobile lorsqu’il appuie sur le déclencheur. « Je n’utilise pas de trépied ; j’ai suffisamment de choses à transporter », explique-t-il après avoir pris quelques dizaines d’images. Bien qu’il ait pris environ 600 images durant cette séance photo, la mission n’a malheureusement pas été un succès. La lune (un croissant argenté) s’est couchée à l’endroit exact où le soleil s’est levé. Le nouveau jour a effacé l’image que Maxime désirait capturer, du moins pour cette fois.

DANS LA ROUE DE LOUISE

La rythmique du bikerafting

mots et illustration :: Louise Philipovitch

Le bikerafting est une drôle d’activité qui consiste à ficeler un bateau pneumatique (appelé packraft), des pagaies et une veste de flottaison sur son vélo, en plus du matériel habituel de bikepacking, pour s’élancer sur des terrains généralement reculés et traverser des cours d’eau. Notre chroniqueuse cycliste s’est prêtée à l’exercice lors d’une fin de semaine automnale dans la réserve faunique La Vérendrye. Récit.

En octobre dernier, mon ami Daniel m’appelle pour me proposer une fin de semaine de bikerafting. J’accepte sans hésiter, sauf que j’ai le bike, mais pas le raft. Pas de problème, il m’en prête un pour l’occasion.

La myriade des options rendues possibles par le bikerafting est enivrante. La cartographie cycliste s’étend à travers tout le territoire. Et, disons-le, pouvoir traverser des lacs tout en transportant son vélo sur ces grosses bouées pour adultes que sont les packrafts est juste tellement le fun.

Nous voilà donc dans les bois au cours d’une fin de semaine particulièrement froide, avec tout l’équipement nécessaire harnaché tant bien que mal à nos vélos. Un grand sourire ne quitte pas nos visages, impatients que nous sommes à l’idée d’embarquer. La forêt arbore ses plus belles couleurs, camaïeux flamboyants de rouge et d’orange, tel un narcisse automnal se reflétant à la surface du lac et dont nous tombons amoureux.

Encombrés par notre chargement, nous nous déplaçons avec maladresse jusqu’à la première mise à l’eau. Sur la rive du lac, chacun s’affaire à préparer son embarcation. Je n’ai encore jamais fait de packraft. Je ne suis pas tout à fait certaine de la marche à suivre, j’observe mon ami et calque mes mouvements sur les siens qui s’enchaînent naturellement. Le bateau est gonflé, j’installe le vélo à l’avant. Je vérifie que tout est bien attaché puis m’élance sur le lac.

habile et mes doigts engourdis par le froid mordant n’arrangent rien. Une fois les vélos paquetés, nous voilà prêts à pédaler ! Ou presque… Dans cette section de l’itinéraire, nous emprunterons un sentier de portage. Ce déplacement qui n’est pas facile avec un canot sur les épaules l’est encore moins lorsqu’on est équipé d’un vélo surchargé. Nous poussons nos montures comme des forcenés sur des pentes rendues glissantes par les feuilles d’automne et les racines mouillées. Les muscles forcent, le souffle se fait court.

Enfin, nous quittons le sentier de portage pour rejoindre un chemin forestier. La cadence change à nouveau. Les jambes se délient, la vitesse augmente, le cœur s’emballe. Les kilomètres s’égrènent au rythme des nuages qui défilent au-dessus de nos têtes. Épinettes, sapins baumiers, humus forestier : les parfums automnaux embaument les bois.

« Absorbée par la vision de l’eau noire s’enroulant autour de la pale de ma rame, je me laisse envoûter par le chant du huard. »

Dès les premiers coups de pagaie, je réalise mon erreur : en voulant éviter que le poids du vélo ne déséquilibre l’embarcation, j’ai placé ce dernier trop proche de moi, réduisant l’amplitude de mes coups de pagaie à de tout petits moulinets. À cela s’ajoute le vent, que nous aurons de face pendant les six kilomètres que durera cette première traversée. Mon rythme est lent. Je plonge dans une sorte de transe pour conquérir cette étendue d’eau, mètre par mètre. Que ce rafiot est étroit ! L’espace est étriqué, d’autant que j’y ai empilé mes sacoches, autour desquelles je peux placer difficilement mes jambes. Je me sens engoncée dans la veste de survie qui me compresse la poitrine. Là est le paradoxe du bikerafting : les grands espaces de liberté rendus accessibles par cette activité se parcourent avec la sensation d’être coincé dans une capsule flottante. Une liberté sous contrôle. Je relativise, cependant, en pensant aux premières embarcations de bikerafting en Alaska dans les années 1990 fabriquées par Roman Dial et quelques autres téméraires, et qui devaient être autrement plus difficiles à manœuvrer avec le matériel de l’époque.

Mon ami Daniel m’attend déjà sur le rivage. Après avoir pataugé dans de la boue glacée pour atteindre la berge, il s’agit maintenant de replier le tout et de replacer le matériel sur les vélos. Cette fois encore, n’étant pas familière avec la technique, je ne suis pas très

La fraîcheur du crépuscule envahit la forêt alors que le soleil se couche. Une cabane d’observation destinée aux chasseurs, découverte au hasard du chemin, fera office d’abri pour la nuit. Une improbable moquette recouvrant le sol ainsi que des chaises de bureau transportées là par les chasseurs donnent au lieu un aspect décalé dans ce cadre naturel. Nous préparons nos ramens agrémentés de shitakés, d’oignons verts et d’œufs mollets. Le bouillon brûlant et savoureux sera une vraie bénédiction après cette journée passée dans le froid.

Le lendemain, j’aborde les mises à l’eau avec beaucoup plus de confiance. Connaissant désormais la chorégraphie, j’effectue la préparation de l’embarcation avec fluidité. Absorbée par la vision de l’eau noire s’enroulant autour de la pale de ma rame, je me laisse envoûter par le chant du huard, sirène des lacs nous guidant à travers la brume.

Alors que je pagaie doucement, je prends conscience de la rythmique du bikerafting. Le rythme de l’eau, celui de la pagaie, lent et répétitif, qui invite à l’introspection et à la poésie, puis les passages à vélo dans les bois, qui se vivent à toute allure, comme des refrains enivrants, avec un grand sourire accroché aux lèvres. Couplets aquatiques et refrains terrestres se succèdent au gré des mises à l’eau pour composer une ode au plein air.

La curiosité des personnes croisées durant la fin de semaine démontre à quel point le bikerafting reste une activité nichée. Le faible taux de popularité s’explique. D’abord, l’activité nécessite un équipement spécifique et relativement coûteux. Ensuite, bien qu’il serait plus facile de se mettre à plusieurs pour se motiver, peu de personnes le font. Le serpent qui se mord la queue. Alors, empruntez un packraft ou louez-en un, puis lancez-vous dans l’exploration du territoire québécois, un terrain de jeu de prédilection avec sa topographie parsemée de lacs.

Les matriarches du Pacifique

Dans ce numéro consacré à la gent féminine, notre rédactrice en chef établit une analogie singulière entre les êtres humains et les orques, à la suite d’une expédition en kayak réalisée en Colombie-Britannique.

mots :: Frédérique Sauvée

Cette histoire, tant humaine qu’animalière, est multigénérationnelle. Elle commence à Port Hardy, petit port du nord de l’île de Vancouver où je me trouvais en reportage en kayak lorsque j’ai appris le décès de ma grand-mère. Coïncidence, ma grand-mère portait ce même nom de famille : Hardy.

En pagayant dans les eaux émeraude du détroit de Johnstone, je me suis demandé quel impact ma grandmère avait eu dans ma vie, dans celle de ma mère aussi, bien sûr, mais également dans la vie de mes deux sœurs et de mes nièces. Est-ce elle, qui a passé une bonne partie de son existence à Madagascar, qui m’a transmis l’envie d’explorer le monde, de me nourrir d’ailleurs et de réaliser des migrations entre plusieurs continents ?

J’ai réalisé, en observant plusieurs petits et grands ailerons sombres apparaître et disparaître à la surface de l’eau au loin, que l’importance de la transmission multigénérationnelle n’est pas exclusivement propre aux humains. Il existe une espèce animale pour laquelle c’est même primordial : les orques.

DES FAMILLES SOUDÉES

C’est au contact du guide Jake Wan, de Spirit of the West, une entreprise spécialisée dans les séjours d’observation animale en kayak, que j’ai le plus appris

sur ces mammifères marins fascinants qui peuplent les eaux côtières de la Colombie-Britannique. « Au même titre que les humains, les orques ont des structures sociales parmi les plus complexes de toutes les espèces de la planète », m’explique-t-il. Ensemble, nous observons avec nos jumelles un groupe qui semble constitué d’adultes et de plus jeunes. « En identifiant les orques qui résident le long de la côte d’après leurs taches et la forme de leur nageoire dorsale, poursuit-il, des biologistes marins ont observé que ce sont les femelles qui dirigent le clan et que cellesci restent accompagnées de leur descendance tout au long de leur vie, pendant deux, trois, voire quatre générations parfois. » Ces groupes forment des familles matrilinéaires parmi les plus soudées du règne animal : leurs membres restent constamment à proximité, ne s’éloignant jamais plus longtemps que quelques heures ni à plus de quelques kilomètres.

Mais pourquoi est-ce donc les femelles qui régissent la tribu des orques ? Jake Wan m’apprend que les femelles vivent presque deux fois plus longtemps que les mâles, jusqu’à 80 ans, parfois même 100 ans. Et leurs histoires de vie sont très comparables à celles des humains. « Elles sont fertiles à partir de l’âge de 10 ans environ et deviennent infécondes autour de 45 ans. »

DAVE HARTMAN, SPIRIT OF THE WEST ADVENTURES

Je me suis presque renversée de mon kayak. Les orques deviennent-elles vraiment ménopausées ? La survie au-delà de l’âge de reproduction est rarissime dans le monde animal et semble, d’un point de vue biologique, dépourvue de justification. Pourquoi des grandsmères non reproductrices mèneraient-elles la barre ?

Le soir même, je trouverai la réponse dans un article scientifique déniché sur le site Internet de l’organisme Ocean Wise : dans de nombreux cas, les femelles postreproductrices ont tendance à guider le groupe dans sa recherche de nourriture, particulièrement dans les périodes où le saumon est en faible abondance.

De retour dans nos kayaks, mon guide pointe du bout de sa pagaie la nageoire la plus haute et la plus impressionnante du groupe. « Regarde, c’est elle qui dirige la chasse. Elle montre aux plus jeunes comment monter une embuscade dans le but de traquer un phoque. » Je comprends donc que les matriarches élèvent leurs propres jeunes, mais qu’elles vont aussi intervenir dans la formation de leurs petits-fils et de leurs petites-filles. En d’autres termes, une orque grandmère serait porteuse de connaissances qui contribuent à la survie de toute sa famille.

L’ART DE LA COMMUNICATION

Une fois de retour à notre camp de base, sur l’île Cracroft Ouest, je cherche à en savoir plus sur ces curieuses créatures qui ont plus de ressemblances avec l’être humain qu’il n’y paraît. Depuis le luxueux salon extérieur construit en surplomb de l’eau, je me plonge dans un livre de Christophe Guinet, spécialiste des orques. J’y apprends qu’au moment où la matriarche, la femelle fondatrice, meurt, les filles ont tendance à se séparer du groupe — quitte à rejeter leurs frères — et à partir avec leur propre descendance directe. Alex, le guide en chef de notre expédition, met fin à mes rêveries lorsqu’il allume un drôle de boîtier noir dont un fil semble partir du côté de la terrasse et se poursuivre dans l’eau. Il s’agit d’un récepteur d’ondes acoustiques sous-marines, qui sert à écouter les conversations des cétacés. « Les orques communiquent entre elles par des sifflements et se repèrent par écholocalisation, en émettant des clics, un peu comme les dauphins. Ces signaux sont perceptibles jusqu’à dix kilomètres. Mais au-delà, impossible pour elles de retrouver leur famille. C’est pourquoi la pollution sonore due aux

STEVE WOODS

passages de plus en plus fréquents des bateaux dans les habitats des orques est vraiment problématique. »

Nous ne serons pas chanceux ce soir, car aucun sifflement ni clic ne se fera entendre sous la surface de l’eau. Ces histoires de communications sonores ont toutefois piqué ma curiosité. Le lendemain, nous partons tôt en kayak pour nous rendre au site estival du CETUS, un organisme qui se consacre à la protection des baleines à l’état sauvage par la recherche, l’éducation et l’intervention directe. C’est ici, du haut d’un belvédère construit sur une falaise dominant le détroit de Johnstone, que des gardiens bénévoles surveillent chaque été les va-et-vient des mammifères marins dans la réserve écologique Robson Bight, l’un des plus importants sites d’observation des orques en Colombie-Britannique.

Je demande donc à l’une des bénévoles de m’en dire davantage sur le langage des orques. Elle m’explique que chaque famille possède une identité forte, dont témoigne son langage, un répertoire de vocalises et de sifflements qui lui est propre et d’autant plus différent de celui des autres familles qu’elles en sont génétiquement éloignées. Ce système de communication assurerait la diversité génétique des orques : les femelles s’accouplent en effet de préférence avec des partenaires dont le langage est le plus différent du leur, afin de minimiser les risques de consanguinité. Mais alors, c’est un peu comme si une Française ressentait une attraction folle pour un beau Canadien, mais qu’elle ne comprenne pas un mot de ce qu’il lui susurre à l’oreille. De toute manière, on dit bien que le langage de l’amour est universel, non ?

FORTES ET FRAGILES

Le talkie-walkie d’un bénévole grésille, et je perçois la voix d’une de ses collègues indiquant qu’un bateau s’approche des limites de la réserve et qu’elle va l’intercepter. Le rôle de l’équipe du CETUS n’est pas de sanctionner ni de réprimander les plaisanciers ou les pêcheurs s’approchant dangereusement des mammifères marins, mais bien de les éduquer sur l’importance du respect des distances et des bonnes pratiques d’observation.

Une orque grand-mère serait porteuse de connaissances qui contribuent à la survie de toute sa famille.

Depuis 1998, selon le CETUS, 46 orques résidentes du Sud (dans la zone comprise entre les îles Haida Gwaii, au nord de la Colombie-Britannique, et la baie de Monterey, en Californie) sont nées et ont survécu. En revanche, 81 ont disparu ou ont été confirmées décédées, 13 de ces disparitions ayant eu lieu au cours des six dernières années. L’une des plus grandes pertes s’est produite en 2018 lorsque la femelle orque nommée Tahlequah (J35 selon son identification scientifique) a perdu son deuxième baleineau. Elle a poussé son veau mort sur sa tête pendant 17 jours, parcourant plus de 1 000 milles nautiques et attirant l’attention internationale sur la situation critique des orques résidentes du Sud qui n’avaient pas eu de naissances réussies depuis trois ans. Un an auparavant, le groupe avait subi le décès de la matriarche Granny (J2), dont l’âge était estimé à 105 ans au moment de sa mort et qui était l’orque la plus âgée connue au monde.

Les scientifiques se font du souci, car les études montrent actuellement que, durant l’année qui suit le décès d’une grand-mère ménopausée, le risque de voir mourir les petits est multiplié par 4,5 — un effet exacerbé en période de disette, quand leur proie favorite, le saumon chinook, se fait rare, comme dans les dernières années justement.

Depuis mon kayak, sur la route du retour vers Port Hardy, je contemple de loin une famille d’orques, ou du moins leurs dorsales sombres dansant à la surface de l’eau. Je repense à ma grand-mère qui s’est éteinte à l’âge vénérable de 94 ans. Elle ne m’aura peut-être pas appris à monter une embuscade pour chasser ni à me géolocaliser à l’aide de sifflements, mais elle m’aura certainement transmis l’instinct de dépasser les barrières de la langue pour trouver mon partenaire de vie.

AGATHE BERNARD

LA VRAIE NATURE DES FEMMES

mots :: Anne Marie Brassard illustration :: Bada Griffiths

Je suis femme de l’horizon, à la pensée libre et au cœur léger. Je suis fille de grandes étendues, tranchante comme le vent du nord, solide comme le bois franc. Sauvage à mes heures, je file comme le temps. Je suis mère nourricière, enveloppante comme la chaleur d’un soir d’été, protectrice de mes étoiles. Ma Nature est profondément féminine.

J’aime penser que la nature est une femme impétueuse et rebelle, maîtresse de la pluie et du beau temps. Que sa force brute

impose le respect même si ses océans font rage aux quatre coins de son monde, que ses terres brûlent et que son cœur s’inonde. Elle ne tempère pas ses intempéries. Elle s’en fout de plaire. Elle est, tout simplement.

J’aime penser que la nature est une femme délicate, profonde et sacrée. Comme une plage caressée des milliers de fois par la mer ou comme un lac miroir embrassé par un coucher de soleil magistral. Source de réconfort, d’aventure et de joie pure et sincère, elle a la force tranquille d’une mère ou d’une amie qui tend la main.

La nature, du latin natura, prend racine

dans le mot naître. Elle est source de toute vie. Légendaire, sa flamme danse en chacune de nous, telle une lueur qui nous rappelle à elle, qui nous empêche de nous perdre en chemin. Son chant résonne depuis toujours à celles qui tendent l’oreille. Et même si chaque femme porte les marques du temps qui passe, comme des canyons creusés au fil des âges, notre puissance créatrice, elle, est infinie. Depuis des siècles, la nature et la femme dansent au même rythme, dans des cycles qu’on gagnerait à mieux honorer. Elles sont des sœurs de cœur, mais la première, elle, ne s’excusera jamais d’exister.

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