Vie en montagne – hiver 2024-2025

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VIE EN MONTAGNE

PAR MOUNTAIN LIFE

La montagne est notre lieu de rendez-vous.

Ensemble, nous laissons nos premières traces dans la neige, découvrons de nouveaux itinéraires et créons des liens au sommet.

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TABLE des MATIÈRES

À L’AVANT-PLAN

p.9 S’arrêter ou s’adapter

p.10 Dans les coulisses

p.13 Dans la route de Louise

EN POINT DE MIRE

p.16 Le portail temporel du lac Mistassini

p.25 Courez-y avant qu’il ne soit trop tard

RUBRIQUES

p.33 Changer les visages du plein air

p.37 Portrait : Sur la piste des étoiles

p.48 Pensée : Les petites poches pleines

CETTE PAGE Le skieur Guillaume Molaison sur le mont York, près de Murdochville, en Gaspésie. YANICK NOLET

Les montagnes. Toute la journée.

Premières pistes, expéditions complètes et autres activités : les manteaux, les salopettes et les pantalons sont faits pour vous permettre de rester dehors toute la journée.

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VIE EN MONTAGNE

ÉDITEURS ET VENTES

Ludovic Légaré ludovic@mountainlifemedia.ca

Glen Harris glen@mountainlifemedia.ca

Jon Burak jon@mountainlifemedia.ca

Todd Lawson todd@mountainlifemedia.ca

RÉDACTRICE EN CHEF

Frédérique Sauvée frederique@mountainlifemedia.ca

DIRECTRICE DE CRÉATION ET DE PRODUCTION, DESIGNER

Amélie Légaré-Laganière amelie@mountainlifemedia.ca

DIRECTEUR DE LA PHOTOGRAPHIE

Alain Denis alain@mountainlifemedia.ca

TRADUCTRICE VERS LE FRANÇAIS ET RÉVISEURE

Diane Langlois dianel@mountainlifemedia.ca

DIRECTRICE DU MARKETING & DIGITAL

Noémie-Capucine Quessy noemie@mountainlifemedia.ca

ÉDITEUR WEB

Ned Morgan ned@mountainlifemedia.ca

CONTRÔLEUR FINANCIER

Krista Currie krista@mountainlifemedia.ca

DIRECTEUR DE LA DISTRIBUTION

Marc Allard

COLLABORATEURS

Anne Marie Brassard, Maxime Bilodeau, Ben Girardi, Diane Grégoire, Hike MTL, Samuel Lalande-Markon, Maxence Lavoie, Marie-France L’Écuyer, Philippe Meilleur, Yanick Nolet, Louise Philipovitch, Ian Roberge, Alexe Root, David Savoie, Jennifer Smith, Olivier St-Denis. Publié par Mountain Life Publishing Inc, Copyright ©2024. Tous droits réservés. Toute reproduction sans autorisation est interdite. Numéro de convention de la Poste-publications 40026703. Retourner les adresses canadiennes non livrables à : Mountain Life Magazine, CP 586, Thornbury, ON, N0H 2P0 Toute reproduction en tout ou en partie est strictement interdite. Les opinions exprimées ici sont celles de l’auteur exclusivement. Pour en savoir plus sur Mountain Life, visitez mountainlifemedia.ca. Pour distribuer Vie en montagne dans votre magasin, veuillez composer le 450-524-0135.

NOTRE ENGAGEMENT ENVERS L’ENVIRONNEMENT

Vie en montagne est imprimé sur du papier composé de matériaux issus de forêts bien gérées certifiées FSC® et d’autres sources contrôlées. Vie en montagne souscrit aussi au programme PrintReleaf qui mesure la consommation de papier et la convertit en nombre d’arbres utilisés.

ÉCRITURE INCLUSIVE

Par souci de facilité et de fluidité de lecture des articles, l’équipe éditoriale de Vie en montagne a choisi de ne pas utiliser le style d’écriture inclusive dans cette édition du magazine. La neutralité des genres a toutefois été privilégiée autant que possible.

Severin van der Meer
Photographe : Silvano Zeiter

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S’arrêter ou s’adapter

À une époque où la planète est en pleine révolution, en proie au réchauffement climatique mais aussi à des changements sociaux majeurs, il est temps de réinventer l’aventure. On ne peut plus considérer l’exploration ni même le plein air comme ils étaient il y a 50 ans, alors que les protagonistes étaient majoritairement masculins, monochromes, influencés par l’argent et peu conscients des conséquences de l’empreinte carbone.

Dans cette nouvelle édition de Vie en montagne, notre mot d’ordre, c’est la résilience. Nous projetons l’éclairage sur des initiatives qui prônent l’aventure locale, accessible à tout le monde et permettant de s’adapter aux variations brutales de la météo. Si certaines personnes sont encore prêtes à payer des milliers de dollars pour aller voir nos glaciers en train de fondre et des ours polaires affamés avant que ceux-ci ne disparaissent pour toujours, d’autres préfèrent garder leur énergie pour des missions qui ont plus de sens à leurs yeux. Que ce soit en initiant les personnes BIPOC (ou PANDC en français, pour « personnes autochtones, noires et de couleur ») à des activités de dépassement de soi en plein air (à lire en page 33), en traversant à ski le plus grand lac naturel du Québec malgré les difficultés (page 16) ou encore en jonglant entre l’école et les entraînements pour tenter une carrière de skieuse professionnelle (page 37), les acteurs de cette édition préfèrent tous s’adapter plutôt que de s’arrêter aux premières embûches.

À travers les mots et les images de nos collaborateurs, découvrez des histoires humaines touchantes qui redéfinissent le formidable terrain de jeu qui s’offre à nous. Et vous, êtes-vous du genre à vous adapter ou à vous arrêter ? –Frédérique Sauvée, rédactrice en chef

La disparition progressive des glaciers de la planète nous impose la résilience. BEN GIRARDI

photo :: Alexe Root

mots :: Frédérique Sauvée

lieu :: Sur le chemin d’approche du mont Katahdin, Maine, États-Unis

Mission Résilience, c’est ainsi qu’aurait pu s’appeler l’expédition d’Alexe Root et de ses amis pour aller skier sur le mont Katahdin, en Nouvelle-Angleterre, le printemps dernier. Dôme de granite s’élevant à 1606 mètres d’altitude, la « plus grande montagne » ainsi nommée en langue pentagouet, issue de la Première Nation présente dans le Maine, est réservée aux plus téméraires l’hiver en raison des conditions montagneuses extrêmement froides et glacées sur ses pentes. Pourtant, c’est un abominable cocktail de brouillard, de pluie et de redoux venteux que notre collaboratrice a dû affronter. Malgré tout, sa gang ne s’est pas défilée et a souhaité se mesurer à la montagne coûte que coûte, au prix de quelques changements d’itinéraire et de mesures de sécurité redoublées. La marche d’ascension s’est faite armée d’un parapluie à la main — pour éviter de tremper l’équipement et le sourire aux lèvres. Compte tenu des changements climatiques actuels, la résilience ne seraitelle pas désormais la meilleure approche en plein air ?

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Maine : le bikepacking en mode hivernal

mots et photos :: Louise Philipovitch

Et si le fatbike était la meilleure manière d’apprendre à composer avec nos nouveaux hivers ? Notre chroniqueuse a vécu l’expérience d’un séjour en bikepacking dans le Maine, pédalant de refuge en refuge.

Dans la nuit, nous avancions à la lumière de nos frontales, nos pneus peinant à se frayer un chemin dans la neige épaisse. Le froid nous forçait à rester en mouvement pour ne pas finir transis. À travers le rideau d’épinettes, j’ai deviné de l’éclairage. Enfin, nous étions arrivés au refuge, et le poêle chauffait déjà. Quel luxe !

Notre groupe, composé de cyclistes d’aventure, s’était mis en tête de faire

du bikepacking hivernal. Si le type de monture – des fatbikes – était évident, le choix de l’itinéraire l’était moins. Aucune option au Québec ne permet de séjourner de refuge en refuge tout en suivant des pistes damées, car celles-ci sont toujours réservées aux motoneigistes et aux skieurs. Nous avons donc porté notre regard vers le Maine. Le fatbike, en plein essor, bénéficie du réchauffement climatique puisque le faible enneigement et la neige souvent gelée créent des conditions idéales. Le Maine a su composer avec cette nouvelle réalité en adaptant ses infrastructures. Ainsi, skieurs, randonneurs et cyclistes hivernaux se croisent sur les nombreux sentiers multifonctions de cette région parfois qualifiée de mecque du fatbike

L’organisme Maine Huts & Trails propose un itinéraire qui a retenu notre attention. Avec sa formule incluant les repas et les nuitées en refuges chauffés (certains avec douches), il n’en fallait pas plus pour nous convaincre.

Le jour du départ, nous étions ravis à la vue de l’épais manteau blanc qui couvrirait notre terrain de jeu pour les prochains jours. Nous serpentions entre d’imposantes épinettes au port altier, nous incitant à ralentir la cadence pour nous imprégner des lieux. Les lacs figés par la glace offraient des vues dégagées sur les hauts reliefs, dont les cimes balayées par la poudrerie semblaient nous jauger de leur prestance millénaire.

Les pistes parcourues semblaient être tracées depuis toujours. Pourtant, ce réseau de sentiers n’a pas été si simple à bâtir.

Environ 94 % des terres du Maine sont privatisées, et un droit de passage a dû être négocié pour donner accès aux forêts. C’est justement le désir de rendre le territoire plus accessible qui est à l’origine de Maine Huts & Trails : dans les années 1970, Larry Warren, une figure locale, a souhaité développer un circuit connectant des refuges afin que le plus grand nombre ait accès à ces terres autrement hors de portée. Aujourd’hui, le réseau couvre plus de 125 km de sentiers et relie quatre écogîtes ouverts toute l’année.

En atteignant le premier refuge, nous sommes d’emblée séduits par son confort, avec sa pièce commune chaleureuse, son poêle ronronnant et ses canapés profonds. L’ambiance y est conviviale et les éclats de rire fusent, le lieu étant partagé avec d’autres randonneurs et skieurs. Une visite guidée effectuée par des bénévoles nous en apprend davantage sur le fonctionnement des refuges : ceux-ci sont carboneutres, utilisent l’énergie solaire et permettent de composter nos déchets organiques sur place.

Malgré l’itinéraire balisé, il est capital d’être autonome dans cette région sauvage sans réseau cellulaire. Dans un tel environnement, savoir gérer son habillement pour réguler sa température et éviter de transpirer est d’ailleurs une compétence primordiale. Lorsque nous n’avions pas accès à des commodités, comme dans la yourte que nous avons croisée le deuxième jour, où la chaleur d’un poêle nous a ravivés, il était impératif de bouger pour se maintenir au chaud. C’est ce que nous avons oublié de faire le troisième jour alors que, captivés par les bouillons tumultueux d’une majestueuse chute d’eau, nous sommes restés immobiles trop longtemps. Vite, nous avons dû allumer un feu de camp pour nous réchauffer. Pendant qu’une flasque de gin passait de main en main et que j’avalais avec délice quelques gorgées parfumées, je me suis demandé quel sera l’avenir de ces fragiles hivers. Le développement d’organismes comme Maine Huts & Trails, dont la mission principale est de promouvoir un tourisme respectueux et durable, sera essentiel pour continuer à profiter de la saison froide.

Fatduro à Enduro

Une destination. Quatre saisons.

Le portail temporel du lac Mistassini

Nous cherchions l’hiver et l’avons trouvé sous le ciel du lac Mistassini. Le vent balayait les glaces à perte de vue, sans rencontrer d’autres résistances que nous, deux humains aux silhouettes à peine visibles dans l’immensité du blanc. Nous étions extatiques et à moitié gelés : le froid avait fait son œuvre.

mots :: Samuel Lalande-Markon photos :: Marie-France L’Écuyer

Couvrant une superficie de près de 2500 km2, long de 160 km, large de 20, le lac Mistassini est le plus grand lac naturel du Québec. Le 51e parallèle le traverse en plein milieu, témoignant de sa double appartenance au Sud comme au Nord. Si ses eaux se versent dans la baie James en empruntant le tracé sinueux de la rivière Rupert, on y accède également en remontant le courant depuis le Saguenay. C’est de là qu’avait débouché Guillaume Couture en 1663, avec plus de 4000 ans de retard sur le peuple cri. De cette rencontre improbable est née une route de traite de fourrures, entre le fleuve Saint-Laurent et l’Europe, qui a été maintenue jusqu’au 20e siècle. Si l’emblématique réservoir Manicouagan, situé à plus de 250 km au nord-est, donne l’impression de s’être fait infliger un œil au beurre noir, le lac Mistassini porte plutôt la trace d’un coup de griffe dans son socle de roche précambrienne. Le coupable ? Un légendaire Grand Lièvre qui logerait tout près, dans une grotte de quartzite de la Colline blanche (Waapushikamikw), en aval de la rivière Témiscamie. Selon les Cris, il aurait participé à la création du monde en courant dans toutes les directions, creusant le lit des rivières, levant la cime des montagnes. Il aurait même signé son œuvre en laissant à l’entrée de la Rupert un rocher erratique de trois mètres de hauteur qui a donné son nom au lac : mista assini en iiyiuu ayimuun (langue crie) ou mishta ashini en innu-aimun (langue innue), signifiant littéralement « grosse roche ».

L’AVENTURE COMMENCE

La veille du départ, à l’auberge de Mistissini, située sur la péninsule Walton au sud du lac, nous avons dormi dans une chambre qui portait le nom de Sam Voyageur, un Cri qui avait dirigé les dernières brigades de canots de fourrures depuis Rupert House, l’actuelle Waskaganish, dans la baie James. La communauté de Mistissini était porteuse d’une histoire millénaire. Son lac ouvrait un portail temporel.

Nous disposions de peu d’informations fiables sur les conditions de glisse hivernale. Une expédition à ski avait rencontré de la neige fondante sur son chemin en 2014. Avec ses nombreux affluents et ses courants, le lac ne gelait pas uniformément et les lourdes précipitations de neige avaient sans doute contribué à créer des infiltrations d’eau en exerçant une pression supplémentaire sur les failles dans la glace. L’Office québécois de la langue française recommandait l’utilisation des termes « gadoue », « bouillie neigeuse » ou « névasse », mais peu de choses incarnaient mieux le sentiment profond d’être Québécois que de sacrer dans de la « sloche ». Même à -25 oC, la surface mouillée cédait parfois sous nos pieds. Nous réussissions néanmoins à nous faufiler entre les pièges. Nous avions compartimenté deux semaines de nourriture dans nos traîneaux à dessein de faire le tour du lac sur près de 250 km, mais le poids de 150 livres pesait étonnamment peu alors que nous goûtions la joie pure et simple de nous retrouver là. Après un

rétrécissement (le narrows), situé à une vingtaine de kilomètres au nord de la communauté, le lac s’ouvrait devant nous, comme nos cœurs qui se gonflaient de nos espoirs et de nos désirs les plus fous. L’hiver nous enserrait de sa brise venue du sud-ouest et nous poussait toujours un peu plus au nord.

De 4 degrés, la température a plongé jusqu’à -26 en l’espace de quelques heures. Le ciel devenu menaçant déferlait sur nous à 75 km/h. Nos corps comme notre matériel, mouillés la veille puis gelés, étaient à nouveau sous la souveraine emprise du froid.

Nous renouions avec la distance, et l’horizon se jouait des perspectives. Au troisième jour, nous avons surpris au loin des caribous en train de traverser le lac entre des îles, une rare apparition sachant que le grand cervidé a été en bonne partie expulsé de la région en raison de l’exploitation forestière. Dix minutes plus tard, nous avons croisé leurs traces encore fraîches. Dix kilomètres plus loin, l’île. Nous aurions pourtant juré que les deux étaient à la même hauteur. Nous défilions dans un tableau grandeur nature.

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L’HIVER DE FORCE

« Qu’est-ce que le spasme de vivre », pleurait Nelligan en s’abîmant dans le rêve. C’est l’étrange impression que nous avons eue au matin du quatrième jour lorsque nous nous sommes réveillés dans une tente anormalement chaude : le thermomètre était remonté à 4 oC durant la nuit. Toute la journée, nous avons skié sur la surface du lac qui se liquéfiait, d’abord en sloche, puis carrément en eau. Au moins, les traîneaux qui flottaient étaient soudainement plus faciles à tracter. Puis, la pluie battante s’est mise de la partie. L’hiver que nous avions cherché jusqu’au 51e parallèle nous avait abandonnés. Les 48 heures suivantes ont été parmi les plus intenses de notre vie. De 4 degrés, la température a plongé jusqu’à -26 en l’espace de quelques heures. Le ciel devenu menaçant déferlait sur nous à 75 km/h. Nos corps comme notre matériel, mouillés la veille puis gelés, étaient à nouveau sous la souveraine emprise du froid. Il fallait agir. Le vent rageait du sud-ouest : si nous restions près des îles au centre du lac, nous pouvions espérer être protégés. Nous avons repris la progression sur la surface du lac transformée en véritable patinoire et avons pu, contre toute attente, aller planter notre tente 20 km plus au nord.

Il devenait impossible de compléter la boucle initialement prévue, mais un plan de sortie était néanmoins envisageable. Avec notre boussole, nous avons tracé un azimut d’environ 6 km dans le sens du vent afin d’atteindre la rive est et de gagner la décharge du lac Albanel, situé tout près. Mais les eaux n’étaient pas gelées dans ce passage enclavé où se forment des rapides. Pour passer, nous

n’avions d’autre choix que d’improviser un portage de 5 km dans la forêt. Avec nos skis étroits mal adaptés à la neige profonde de la forêt boréale, l’entreprise était périlleuse. Les traîneaux qui nous paraissaient si légers sur la glace vive ne voulaient plus se soustraire de la gravité au moment de les hisser avec nos cordes de sauvetage en haut d’une pente à 45 degrés.

Le portage est une épreuve autant mentale que physique. Au moment où nous désespérions le plus, le bois s’est clairsemé et nous a permis de gagner le lac Albanel en nous faufilant entre les silhouettes décharnées des épinettes. Après plus de 125 km en huit jours, nous avons atteint le camping du lac Albanel — fermé pour la saison, faut-il le dire —, où nous avons pu, par un immense coup de chance, nous faire embarquer par un camionneur, qui nous a ramenés sains et saufs à Mistissini sur la route 167.

Le bois sentait le printemps, la neige mouillée et l’humus en ce début du mois de mars. Il aurait dû faire -20 oC en permanence à cette latitude. Les érables avaient commencé à couler dans le sud du Québec. Les saisons s’écroulaient.

Mais pendant quelques jours, l’hiver nous avait ouvert le portail temporel du lac Mistassini et de ses glaces de légende. Ce faisant, nous nous remémorions les paroles de Louis-Edmond Hamelin : « On s’imagine que le territoire, c’est d’abord un espace, une étendue — que ça commence à un endroit et que ça mène plus loin. C’est beaucoup plus profond. Le territoire, c’est une âme, un esprit. Ce n’est pas seulement une distance. »

L’HIVER VOUS APPARTIENT

Photo : Icebreaker

Les touristes de la dernière chance sont convaincus que les changements climatiques réduiront à néant les possibilités futures de découvrir, dans leur forme authentique, les plus beaux écosystèmes du Canada. Mais ils ne se rendent pas forcément compte qu’ils contribuent ainsi à accélérer la destruction de ces mêmes richesses naturelles.

mots :: Maxime Bilodeau

DANS LE NORD

il y de la place pour des traces

mots :: Maxime Bilodeau

Dire que Corin Lohmann a été rattrapé par une actualité brûlante est tout sauf exagéré. Dans la matinée du 22 juillet dernier, le copropriétaire d’IceWalks accordait une entrevue à Vie en montagne au cours de laquelle il s’inquiétait du sort de son gagne-pain : le glacier Athabasca, situé dans le parc national Jasper, en Alberta. « Depuis que j’accompagne des touristes sur le glacier en 2013 [son entreprise est l’une des rares autorisées par Parcs Canada à offrir ce service], j’ai vu sa base reculer de plusieurs centaines de mètres, témoignait-il, comme si sa fonte s’était emballée. » En cause, selon lui : les conditions météo extrêmes qui ont frappé l’ouest du pays dans les dernières années. En 2023, cet emblème des Rocheuses canadiennes a ainsi perdu neuf mètres de glace, un record. Plus tard ce jour-là, le gouvernement provincial ordonnait de toute urgence l’évacuation de la municipalité et du parc national Jasper en raison de plusieurs incendies qui consumaient les forêts environnantes. La suite, vous la connaissez : le brasier a fini par chambouler des milliers de vies sur son passage – dont celle de Corin. « Même si nous n’avons pas été directement touchés par la tragédie, nous sommes fermés depuis l’ordre d’évacuation, nous a-til écrit par courriel deux semaines après les événements. Espérons que les pertes économiques ne seront pas trop graves… » Comme plusieurs entreprises du secteur, IceWalks dépend du tourisme pour sa survie. Pas de visiteurs, pas de revenus.

L’ironie, c’est que les éléments de cette histoire sont reliés les uns aux autres. Selon diverses études, le tourisme (surtout le transport) représente une part non négligeable des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde, soit environ 10 %. Or, les concentrations de GES dans l’atmosphère sont telles qu’elles rendent désormais beaucoup plus probables des feux de forêts d’une ampleur

« Lorsqu’on les interroge, la plupart des touristes de la dernière chance ne sont pas disposés à compenser le carbone produit par leur voyage.

Cela témoigne d’une déconnexion entre leur attachement supposé à une destination et leurs comportements » – Karla Boluk

inégalée comparativement à ceux de l’ère préindustrielle. Les cendres noires qui se sont déposées sur le glacier millénaire dans la foulée de ces mégafeux ont eu pour conséquence d’augmenter son absorption de chaleur, précipitant ainsi sa fonte, lui qui a déjà reculé de plus de 1,5 km depuis 125 ans. Et c’est en grande partie ce statut de mourant qui attire les touristes par milliers à son chevet.

Des panneaux rappellent tristement à quel point le réchauffement climatique a un impact majeur sur la superficie du glacier. ALAMY

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QUAND LA SCIENCE S’EN MÊLE

Depuis la nuit des temps, l’Homme rivalise d’audace pour être le premier à tutoyer les plus hauts sommets, à franchir une nouvelle frontière ou à documenter l’inconnu. Les changements climatiques n’ont pas mis fin à cette course effrénée ; d’une certaine manière, ces dérèglements peuvent même être vus comme l’une de ses conséquences. Aujourd’hui, le voyage d’agrément constitue un moyen d’étancher sa soif d’exploration – à la différence près que la course se dispute désormais contre le thermomètre. Ce sentiment d’urgence se fait tout particulièrement ressentir au Canada, où le climat se réchauffe deux fois plus vite qu’ailleurs dans le monde, menaçant au passage la saison des icebergs à Terre-Neuve, les rives des Grands Lacs, les banquises en Antarctique.

Le hasard veut que ce soit une Canadienne qui ait inventé l’expression « tourisme de la dernière chance ». Jackie Dawson, professeure au Département de géographie, environnement et géomatique de l’Université d’Ottawa, a employé le terme pour la première fois au tournant des années 2010 pour désigner cette pratique touristique morbide consistant à observer les écosystèmes les plus fragiles de la planète avant qu’ils ne disparaissent ou ne soient irrémédiablement transformés sous l’effet des changements globaux. Depuis, des centaines d’études sur le sujet ont été publiées, confirmant par exemple que l’attrait de l’éphémère constitue une forte motivation pour visiter ces destinations. Ou encore, que cette

forme de tourisme émet plus de GES que toutes les autres. La littérature scientifique s’est même intéressée à l’impact du tourisme de la dernière chance sur ses pratiquants. Spontanément, on pourrait croire que contempler la fin du monde fait prendre conscience des ravages causés par les changements climatiques, et donc amène à modifier ses habitudes de consommation. C’est un peu ce que soutient Maggie Cole, directrice du marketing chez Churchill Wild, une entreprise manitobaine qui commercialise des séjours d’observation des ours polaires sur le bord de la baie d’Hudson. « Nos sondages internes indiquent que notre clientèle ressent une plus grande connexion à la nature sauvage après nous avoir visités, explique-t-elle. Cela confirme l’efficacité de notre approche basée sur l’éducation et la sensibilisation. » Dans les faits, cet impact semble au mieux superficiel. « Lorsqu’on les interroge, la plupart des touristes de la dernière chance ne sont pas disposés à compenser le carbone produit par leur voyage. Cela témoigne d’une déconnexion entre leur attachement supposé à une destination et leurs comportements », analyse Karla Boluk, professeure au Département des études sur les loisirs de l’Université de Waterloo. L’experte cite les résultats d’une enquête réalisée auprès de gens ayant visité Churchill et le parc national Jasper et à laquelle elle a collaboré. « Les conclusions […] situent le manque d’intérêt des visiteurs pour les destinations menacées par le climat comme une réponse à un marché touristique qui normalise la consommation du déclin socioécologique », lit-on dans le résumé de l’étude.

Des véhicules tout-terrain conduisent les touristes sur le glacier Athabasca, entre Banff et Jasper, en Alberta. EYE35.PIX/ALAMY

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QUE FAIRE ?

Devant ce véritable paradoxe éthique, Karla Boluk prône l’abstention. Comme dans : n’y allez pas. « Les visiteurs ne devraient pas être autorisés à visiter les attractions touristiques de la dernière chance, lesquelles devraient être protégées plutôt que commercialisées comme produits touristiques. Les vols vers les destinations concernées ne devraient même pas exister ! » tranche la scientifique, qui critique par ailleurs le concept des listes de choses à accomplir avant sa mort, les fameuses bucket lists. « Il faut replacer ce choix individuel dans son ensemble : en privilégiant ses propres désirs, on participe largement à la catastrophe qui se produit sous nos yeux. » On devient complice de la situation, en somme.

Une opinion que ne partage pas Maggie Cole, de Churchill Wild. À son avis, il existe un fossé entre ce que les gens perçoivent des changements climatiques et ce qui se passe dans la réalité, sur le terrain. « Prenez les ours polaires dans la région, illustre-t-elle, ils sont en bonne santé, car ils apprennent à composer avec les transformations de leur environnement, en chassant par exemple sur le continent plutôt que sur la glace. » Une étude de 2024 publiée

dans la revue savante Nature la contredit pourtant ; tout en saluant sa « remarquable plasticité comportementale », les chercheurs concluent que le seigneur de la banquise dépense beaucoup trop d’énergie sur la terre ferme, ce qui l’expose de manière accrue aux famines dans un monde qui se réchauffe inéluctablement.

Corin Lohmann ose quant à lui regarder la réalité en face. Bien que son entreprise IceWalks ait finalement été autorisée à reprendre ses activités, il sait que son produit affiche une date de péremption. Le paysage lunaire de moraines rocheuses que laisse derrière lui le glacier Athabasca au fur et à mesure qu’il rétrécit le lui rappelle sans cesse. « À un certain point, d’ici même les prochaines années, il ne sera plus possible d’amener des touristes à pied sur le glacier du fait de sa dangerosité croissante, avance-t-il. En revanche, il sera toujours possible de l’observer de loin. » Pendant qu’il en est encore temps. Les évaluations les plus optimistes prévoient que de 60 à 80 % de son volume disparaîtra d’ici la fin du siècle. Les plus pessimistes annoncent, pour leur part, sa fonte aussi complète qu’inévitable.

Churchill, au Manitoba. PAUL SOUDERS/ALAMY

Changer les visages du plein air

Que les grands espaces québécois deviennent des lieux inclusifs, où toutes les cultures se sentent bienvenues : voilà la mission que s’est donnée Jamillah Jean en créant Hike MTL, un organisme ayant pour but de faire tomber les barrières invisibles qui excluent encore trop souvent les communautés racisées des activités en nature.

mots :: Philippe Meilleur photos :: Hike MTL

Jamillah Jean vit et respire le plein air. Le camping et la randonnée occupent depuis toujours une place centrale dans sa vie, et cette passion s’est poursuivie après la naissance de ses deux enfants, qu’elle n’a jamais hésité à transbahuter dans ses escapades. Or, une observation s’est vite imposée : sur les sentiers, elle ne rencontrait que très rarement des familles issues de la diversité, comme la sienne. « Pourtant, le plein air comporte plusieurs avantages pour la santé, soutient celle qui a longtemps œuvré comme travailleuse sociale. Quand tu es en randonnée, tu es plus ancré dans le moment présent, alors ton anxiété diminue, tu dors mieux, tu as une meilleure capacité à résoudre des problèmes… Les bienfaits sont énormes ! »

Plusieurs facteurs expliquent cette sous-représentation des communautés culturelles, selon Jamillah Jean. « Souvent, dans les médias, on illustre une personne heureuse comme quelqu’un qui correspond aux standards de beauté nord-américains, qui n’incluent pas nécessairement les personnes noires ou arabes, par exemple », note-t-elle.

PETITE INITIATIVE DEVIENDRA GRANDE

C’est pourquoi, pendant la pandémie, Jamillah Jean a eu l’idée d’accompagner quelques familles de la diversité dans leur découverte de la nature. La demande a été si forte qu’elle a rapidement compris avoir mis le doigt sur quelque chose d’important. C’est ainsi qu’est né Hike MTL. « Les gens se sont sentis interpellés par notre mission.

Nous avons alors transformé l’idée originale en quelque chose de plus intentionnel, de plus réfléchi, et nous nous sommes donné pour objectif de développer, chez les personnes de couleur, un sentiment d’appartenance à la nature, afin qu’elles s’approprient ces espaces. »

Jamillah Jean explique que la présence plus marquée de gens issus de la diversité dans le plein air est un cercle vertueux. « Si tu vois des gens qui te ressemblent, tu te sentiras interpellé, et en sécurité, fait-elle valoir. Dans les sondages que nous avons réalisés, c’est l’aspect qui ressortait le plus souvent, bien plus que le frein financier associé aux activités, comme l’achat d’équipement. »

« Leur but, c’est d’équiper les participants pour qu’ils puissent à leur tour guider leurs proches. » – Jamillah Jean

« Moi-même, en tant que personne noire, j’ai longtemps eu du mal à ressentir un sentiment d’appartenance dans l’espace extérieur. C’est ce que j’ai voulu changer, et je pense qu’on réussit très bien. »

UNE VRAIE COMMUNAUTÉ

Les sorties organisées par Hike MTL sont toutes menées par des guides passionnés et issus de la diversité. Jamillah Jean donne pour exemple son collègue Joey Odman, qui a embarqué dans l’aventure il y a trois ans. « Il vit pour le plein air ; il incarne la curiosité et la joie qui nous sont chères, décrit-elle. Grâce à lui, notre impact a été encore plus grand que nous ne l’aurions imaginé ! »

Ces guides aiment non seulement le plein air, mais ils ont aussi le désir profond de partager leurs connaissances avec leur communauté. « Leur but, c’est d’équiper les participants pour qu’ils puissent à leur tour guider leurs proches, résume Jamillah Jean. Ce sont tous des gens qui ont envie d’aller vers l’autre, et qui sont passionnés par l’idée de transmettre leur savoir. »

Ce besoin de faire partie d’un groupe est ce qui fait le succès de Hike MTL. Environ 85 % des participants sont des femmes, et la vaste majorité d’entre elles se présentent seules aux activités. Invariablement, elles finissent par créer des liens très forts avec leurs camarades de voyage. « Elles parlent avec les autres dans l’autobus, établissent des connexions avec les guides… Au retour, elles sont membres à part entière de notre communauté ! » assure la fondatrice de l’organisation.

Hike MTL organise plusieurs types d’excursions dont la durée et le thème varient selon les saisons. L’été dernier, le Camp Culture, une escapade estivale d’une nuit, a été tellement populaire qu’il a fallu mettre sur pied un concours pour déterminer ceux et celles pouvant y participer. « Il s’agissait d’une initiation au camping, et les places sont parties presque instantanément, se réjouit Jamillah Jean. Le séjour s’est terminé avec un concours de talents, pour rappeler les camps de vacances de notre jeunesse. »

Cet hiver, Hike MTL organise le BLK Winter Fest, qui se tiendra tout le mois de février, dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs. L’événement initiera de 200 à 300 participants qui veulent apprendre à pratiquer des sports hivernaux comme le ski, la planche à neige, l’escalade de glace ou le patin. Le transport, l’équipement et les leçons sont inclus dans le prix du billet, ce qui permet aux participants de simplement profiter du moment présent.

« L’ambiance est tellement bonne ! s’enthousiasme Jamillah Jean. Nous accueillons beaucoup de familles, et je suis très fière de les voir s’initier au plein air comme ça. »

Sur la piste des étoiles

mots :: David Savoie

Vous pensez avoir un horaire chargé ? Attendez de voir l’emploi du temps de la jeune skieuse Charlie Houde.

Entre les entraînements, l’école, le travail, une vie sociale de jeune adulte, elle admet qu’elle n’a pas beaucoup de « lousse ». Mais l’athlète de Prévost, dans les Laurentides, semble s’en satisfaire.

Concrètement, ça veut dire que son quotidien est organisé au quart de tour, avec des journées qui commencent à 6 h et qui se terminent tout au plus à 21 h 30. « Le sommeil est extrêmement important pour la performance », fait valoir Charlie Houde. À certaines périodes de l’année, elle peut faire jusqu’à trois séances d’entraînement par jour. Pour bien s’alimenter, elle s’assure de bien préparer ses repas. Et souvent, ses moments de détente en famille ou avec des amis figurent dans une plage horaire bien précise.

L’école est également ponctuée de camps d’entraînement qui durent quelques semaines chacun et l’emmènent en Italie, en Autriche ou au Chili, par exemple, pour y peaufiner ses techniques de ski. Et ce ne sont pas des vacances, loin de là. Descentes le matin, entraînement et révision d’aspects techniques en après-midi, avec les devoirs et les cours à faire entre tout ça. « C’est sûr qu’il y a des moments plus difficiles. À l’école, ça peut moins bien aller. Puis, quand ça va bien à l’école, ça peut aller moins bien en ski », explique la jeune femme de 17 ans – qui, du même souffle, dit être capable de préserver un bon équilibre en performant assez bien à la fois à l’école et sur les pentes. Elle a obtenu une quatrième place aux Jeux du Canada en 2023 et une médaille d’argent au super-G. Tout en maintenant de bonnes notes à l’école.

Structurer toute sa vie autour du sport n’est pas nouveau pour

Charlie Houde. Elle participe à des compétitions depuis l’âge de six ans, inspirée entre autres par sa sœur aînée. Cet horaire chargé se traduit par des enjeux plus ordinaires. « C’est la troisième fois que je vais devoir reporter son rendez-vous pour l’extraction de ses dents de sagesse », soupire, un peu en riant, la maman de Charlie, Julie Valiquette. D’autres sacrifices sont plus importants : rater sa remise de diplôme ou son bal de finissants, par exemple. Cette vie structurée, c’est le prix à payer pour tenter de faire partie de l’élite du ski canadien. « J’ai beaucoup d’admiration pour elle, parce que je trouve qu’elle fait bien des sacrifices », nous confie sa mère. Chaque année, c’est une discussion qu’elle a avec sa fille : veut-elle continuer ?

« Moi, je trouve que c’est beaucoup pour une adolescente, ajoute Julie Valiquette. Mais l’envie de le faire, l’ambition, l’amour du sport dépassent tout ça. »

« Je suis très reconnaissante des voyages que je fais, de la chance que j’ai, mais ça me prive un peu de mon adolescence », reconnaît Charlie. Comme le dit son père, Kim Houde, « il y a une partie de l’adolescence que les autres jeunes vont connaître qu’elle ne connaîtra pas ».

C’est le dépassement de soi qui l’amène ainsi à organiser sa vie autour du ski. Elle considère le ski, avec un système basé sur les points, comme un sport où tout peut se jouer en quelques millièmes de seconde. « On ne vit pas beaucoup de moments glorieux, mais quand on en vit, ça vaut tout l’or du monde », estime-t-elle.

L’un de ces moments de gloire, justement, est celui où elle a été sélectionnée au printemps 2024 pour faire partie de l’équipe du Québec, dans laquelle elle est la plus jeune membre. Et à quoi aspire maintenant l’athlète ? « Faire partie de l’équipe nationale », un possible tremplin vers les Olympiques.

La jeune skieuse Charlie Houde lors d’une compétition. OLIVIER ST-DENIS
Le skieur Vincent Drolet dans une descente de nuit près de Piedmont, dans les Laurentides, après une énorme tempête. ALEXE ROOT
Le grimpeur Maxence Lavoie en escalade de nuit sur la magnifique falaise du Palais de Glace à Gallix, près de Sept-Îles. MAXENCE LAVOIE
Notre collaborateur Alain Denis sur les sentiers de fatbike du parc du Mont Loup-Garou, à Sainte-Adèle, dans les Laurentides. JENNIFER SMITH
Le planchiste Patrick Parent à Murdochville, en Gaspésie. YANICK NOLET

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Crédit photo: Gradué WAS Alessandro Papa

Les petites poches pleines

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Quelque part au milieu de la chambre de mon fils de six ans, passé la montagne de blocs Lego et par-delà la clairière de chaussettes éparpillées, trône fièrement ce qu’on appelle chez nous son « cabinet des curiosités ». Une vieille étagère murale trouvée sur le bord de la rue, promise à un avenir grandiose : exposer les trouvailles d’un aventurier en devenir, c’est-à-dire… des roches ! Pas forcément les plus belles, juste ses roches à lui. Des cocottes de pin aussi. Des coquillages. Même des bouts d’asphalte (il pense que c’est du charbon, mais qui suis-je pour juger ce qui a de la valeur à ses yeux ?).

Ces trésors ont été enfouis dans ses petites poches au détour d’un sentier, au chalet chez papi, dans la cour arrière de la maison entre deux rappels à l’ordre : « Viens souper ! » Ils ont été trimballés avec soin, ou pas, pour former la plus belle collection d’objets souvenirs tout croches. La sienne.

J’aime penser que la nature est entrée comme ça dans la vie de mon gars, tout bonnement, comme une quête, un jeu. Sans

forcer. Et qu’il y aura mille autres façons de lui donner envie de mettre les pieds dehors, d’observer, de prendre soin. Des façons qui ne se comptent pas en kilomètres parcourus ni en tampons dans un passeport, encore moins en sommets escaladés. Mais plutôt en petites doses de confiance fièrement gagnée, en souliers bien pleins de sable et en ongles crottés.

J’aime penser que la nature est entrée comme ça dans la vie de mon gars, tout bonnement, comme une quête, un jeu.

J’espère qu’en transmettant aussi simplement le goût de la nature aux prochaines générations on en fera des adultes curieux, attentifs et bienveillants, et que le contenu de milliers de petites poches pleines, partout dans le monde, trouvera chaque jour des bouts de tablettes pour briller. Pour devenir, tout naturellement, des bagages de vie.

DAIGA ELLABY/UNSPLASH

Plus de 9 m de neige par an | Dénivelé 1 082 m | Altitude max. 2 134 m

2 500 acres de terrain accessible par télésiège | Cinq cuvettes alpines | 145 pistes de ski nommées

Située dans les Rocheuses canadiennes, au sud-est de la Colombie-Britannique, Fernie est réputée pour son ski et surf des neiges de classe mondiale, sa neige poudreuse abondante et son ambiance locale chaleureuse. Vols directs vers l’aéroport international de Calgary (YYC) et service de navette disponible.

Neige poudreuse légendaire • Hébergement au pied des pistes • Boutiques et restaurants uniques

Contactez votre voyagiste préféré et réservez dès maintenant votre séjour hivernal à Fernie!

I #ferniestoke

Photo: Nick Nault

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