3 minute read

Oser

La nuance est ténue entre l’intrépidité et la témérité. Tout acte de courage et de créativité frise souvent la folie, le fiasco et le ridicule.

Les grands aventuriers de ce monde – alpinistes, skieurs, kayakistes ou randonneurs célèbres – affirmeront que ce ne sont pas les risques qu’ils prennent qui les définissent. Lorsqu’ils racontent leurs périples, rien ne donne l’impression de casse-cous en quête de sensations fortes. Ils paraîtraient même plutôt conservateurs. Leurs vaillants exploits sont, sans contredit, entrepris avec une prudence méticuleuse : évaluation scrupuleuse des risques et mesures calibrées avec précision afin de limiter les dégâts potentiels. Ils se préparent, ils planifient, ils procèdent avec précaution. Faire autrement serait insensé.

Les grands exploits d’aventuriers témoignent depuis toujours du potentiel humain – Edmund Hillary qui gravit l’Everest, Roald Amundsen qui atteint le pôle Sud, Gertrude Ederle qui traverse la Manche à la nage. Mais toute médaille a son revers : la mort de George Mallory sur l’Everest avant la tentative d’Hillary, la tentative avortée de Robert Falcon Scott pour atteindre le pôle avant Amundsen, la mise au pilori d’Ederle pour avoir pensé qu’une femme pourrait un jour traverser la Manche à la nage. Même les plus prodigieuses aventures règnent dans l’ombre d’une catastrophe, d’une bourde et de la dérision.

Bien sûr, le commun des mortels se lance dans des épreuves plus modestes : skier sur une piste experte pour la première fois, s’élancer en deltaplane du haut d’une falaise, faire du kayak dans un rapide de classe V. De telles réalisations ne se révèlent peut-être pas des prouesses spectaculaires, mais elles nous mènent tout de même vers l’épanouissement personnel, et nous en apprennent plus sur qui nous sommes vraiment. Nous savons que tomber, s’écraser ou chavirer est chose possible, mais à l’instar des aventuriers, nous prenons toutes les précautions raisonnables dans le but de réduire les risques. C’est en vainquant la peur, et surtout en repoussant la folie, que nous parvenons à réaliser de grandes choses.

Alors, si on osait ? – Peter Oliver

Nathalie Fortin, Souvenir d'enfance, Pont-Rouge. TIM BANFIELD

DARING

It is a thin filament separating fearlessness from foolhardiness. Any great act of daring and imagination takes flight at the fringes of folly, failure and ridicule.

Stars of the world of adventure—famous climbers or skiers or kayakers or trekkers—will tell you that it is not taking risks, per se, that defines who they are. In explaining what they do, they often sound less like thrill-seeking daredevils than staid accountants. Their intrepid feats are invariably undertaken within the parameters of meticulous prudence: painstaking risk assessments and precisely calibrated measures taken to minimize misfortune. They prepare, they plan, they proceed judiciously. To do otherwise would be foolish.

The grand achievements in adventure are historic markers of human potential—Edmund Hillary climbing Everest, Roald Amundsen reaching the South Pole, Gertrude Ederle swimming the English Channel. But there is a flip side: George Mallory dying on Everest before Hillary, Robert Falcon Scott’s foiled attempt to reach the pole before Amundsen, Ederle pilloried for thinking a woman could swim the channel. Even the greatest adventurous accomplishments lie in the shadows of disaster, blunder and derision.

Of course, most people take on adventures of a far more modest scope—skiing a black diamond trail for the first time, hang gliding from a cliff for the first time, kayaking a Class V rapid. Such efforts might not reach to the outer limits of human possibility, but they open a personal portal into self-realization, stirring an inchoate new understanding of who we are. We accept that falling or crashing or capsizing are possible outcomes, but we heed the adventurer’s mandate to take all sensible steps to mitigate risk. We then become bigger and better people not just in conquering fear but in fending off foolishness. Dare to do it. – Peter Oliver

This article is from: