MSF Infos - Avril 2019

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N° 197 I mars 2019 I 2€ I J191 I ISSN 1146-2930

MALADIES NÉGLIGÉES

Les patients oubliés de la recherche médicale


ÉDITO

NORD-EST DU NIGERIA

La population reste dépendante de l’aide pour survivre

SOMMAIRE Dr Mego Terzian Président de Médecins Sans Frontières

« Ces attaques menacent les premières victimes de l’épidémie : les patients. » « Nous vous exposions dans votre MSF infos de décembre 2018, le contexte sécuritaire complexe dans lequel nos équipes tentaient de contrer l’épidémie d’Ebola en République démocratique du Congo. Quelques mois plus tard, nous étions contraints de suspendre nos activités suite à deux attaques. En effet, en février dernier, des assaillants non identifiés ont incendié des bâtiments de notre centre de traitement Ebola à Butembo, épicentre de l’épidémie. Au moment de l’attaque, 57 patients étaient hospitalisés dans le centre, dont 15 étaient des cas confirmés. Cet incident est intervenu quelques jours après l’attaque d’un autre centre de traitement dans le district voisin de Katwa. Par mesure de sécurité, les équipes ont immédiatement suspendu leurs activités médicales. Cette interruption intervient alors que nous disposions, contrairement aux épidémies passées, d’importantes innovations sur le plan médical, comme les nouveaux traitements, dont les essais cliniques étaient en cours, et un vaccin qui a montré une très bonne efficacité. En plus de mettre en danger la vie de nos équipes, ces attaques menacent les premières victimes de l’épidémie : les patients. »

NORD-EST DU NIGERIA

La population reste dépendante de l’aide pour survivre.

REGARD

Soins aux personnes déplacées en Irak.

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Plus de 200 000 déplacés à Maiduguri

La population bloquée dans des enclaves

Des zones toujours inaccessibles

Le contexte sécuritaire et sanitaire continue de se dégrader dans les Etats de Borno et Yobe, où sévit depuis 2009 un conflit entre des groupes armés communément regroupés sous le nom de Boko Haram et les armées du Nigeria, entraînant d’importants mouvements de population. Une grande partie de l’aide humanitaire est concentrée à Maiduguri, la capitale de l’État de Borno, qui accueille des milliers de personnes ayant fui des camps ou des enclaves contrôlés par les militaires.

En dehors de la capitale, le conflit restreint les mouvements de la population et des organisations humanitaires. Plusieurs centaines de personnes vivent dans des enclaves contrôlées par l’armée au milieu de zones non sécurisées. Ils ne peuvent donc ni cultiver, ni pêcher, ni vendre leurs marchandises les laissant entièrement dépendant de l’aide humanitaire. C’est dans ce contexte qu’en 2016, nos équipes découvraient et révélaient des taux de malnutrition alarmants dans plusieurs de ces villes-enclaves, privées de toute assistance pendant de longs mois.

Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) de l’ONU estime qu’environ 800 000 personnes vivent dans des zones inaccessibles aux organisations humanitaires qui se trouvent en dehors des enclaves. Compte tenu des restrictions d’accès pour raisons politiques et sécuritaires, il est presque impossible de savoir s’il reste des personnes dans les localités où se tiennent les combats ou si elles sont désormais vidées de leurs populations.

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GRAND ANGLE

Maladies négligées : les patients oubliés de la recherche médicale.

« Je suis arrivée il y a 20 jours, juste après la distribution mensuelle de nourriture et de biens de première nécessité. Depuis je n’ai rien reçu. Je n’ai rien à manger, pas de couverture, pas de bidon pour récupérer de l’eau, pas de matelas sur lequel dormir. Tout ce que j’ai au monde, ce sont les vêtements que je porte sur moi. »

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LE LAB

Le POCUS, une révolution technologique qui sauve des vies.

Maryam Sofo, 80 ans, vit dans le camp de déplacés de Bama.

Borno

Yobe

Ngala Rann

Maiduguri

Damaturu

EN APARTÉ

Retrouvez le témoignage d’une de nos testatrices.

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EN QUESTION

La fin de l’Aquarius.

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EncartLes VPC coûts de création, production et envoi du journal MSF infos s’élèvent à 0.46 €.

Directeur de la publication : Dr Mego Terzian • Directeurs de la rédaction : A.-L. Sirvain, C. Magone • Rédaction : M. Dugoujon • Création : Anne-Sophie et Caroline Bérard • Graphisme et Fabrication : tcgraphite • Imprimeur : SIB Imprimerie, Zone industrielle de la Liane, B.P. 343, 62 205 Boulogne-surMer Cedex • Photos : Couverture : Alexis Huguet - P2 : Natacha Buhler / MSF - Khaula Jamil - Mohammad Ghannam / MSF - Kevin Hill / MSF - MSF Ikram N’gadi  - P3 : Junaid Khan / MSF - Natacha Buhler / MSF - P4 : Khaula Jamil - P5 : Claire Jeantet - Fabrice Caterin / INEDIZ - Nasir Ghafoor / MSF P6 : Susanne Doettling / MSF - Matthew Smeal / MSF - P7 : Mohammad Ghannam / MSF - P8 : MSF - P9 : Adi Nadimpalli - Kevin Hill / MSF - Yann Libessart / MSF - P10 : Hugues Robert / MSF - Alexis Harnequaux / MSF - P11 : MSF - P12 : Frederic NOY/COSMOS - 8, rue Saint-Sabin, 75544 Paris CEDEX 11 – Tél. : 01 40 21 27 27 • N° de commission paritaire  : 0623H83241

Centres de soins Déplacement de la population allant des villes enclaves jusqu’à la capitale

NIGERIA

Pulka Gwoza

Gombe 232 378 RÉFUGIÉS NIGÉRIANS

CAMEROUN

Quelques chiffres* Nombre de consultations : 98 137 Nombre de patients malnutris admis : 12 317 Consultations de santé mentale : 11 660

Adamawa

2 I MSF INFOS I Mars Juillet2019 2017

TCHAD

Consultations prénatales : 20 699 *De janvier à octobre 2018

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GRAND ANGLE

90 %

des personnes infectées par le Noma décèdent en moins de deux semaines.

100 000 personnes meurent chaque année dans le monde à la suite d’une morsure de serpent.

Maryam, 4 ans, a déjà subi quatre opérations de reconstruction pour remplacer des tissus détruits par le Noma. docteur Manica Balasegaram, ancien directeur de la Campagne d’Accès aux Médicaments Essentiels.

Maladies négligées :

LES PATIENTS OUBLIÉS DE LA RECHERCHE MÉDICALE Paludisme, maladie de Chagas, ulcère de Buruli, maladie du sommeil, leishmaniose viscérale, Noma, toutes ces maladies tropicales sont négligées des industries pharmaceutiques... Rendre les traitements accessibles aux malades est le cheval de bataille de MSF depuis plus de 20 ans. Ce combat a considérablement influencé son histoire et sa pratique de la médecine sur le terrain. « Certaines personnes courent en voyant mon visage. Elles ne me considèrent pas comme un être humain », s’attriste Bilya, un jeune homme de 20 ans, dont le visage porte la marque du Noma. Il a été touché par cette infection bactérienne alors qu’il n’avait qu’un an. Sa lèvre supérieure et son nez ont été ravagés. Le Noma, maladie négligée très peu connue, touche principalement les jeunes enfants qui vivent dans une pauvreté parfois extrême. Elle commence par une inflammation de la gencive puis gagne les mâchoires, les joues, le nez ou les yeux, laissant les survivants aux prises avec une grande douleur et des difficultés pour s’alimenter ou pour respirer. Comme Bilya, des milliers de personnes souffrent chaque année de maladies dites « négligées » dans le monde. Elles n’ont pas accès à des outils de diagnostic, des vaccins ou des traitements efficaces. En cause notamment, le faible intérêt des laboratoires

4 I MSF INFOS I Mars 2019

pharmaceutiques pour ces pathologies et le coût prohibitif de certains médicaments. C’est dans les années 1990 que MSF commence à pointer du doigt le problème des maladies négligées. « Les médecins MSF étaient désespérés, car ils ne disposaient pas de médicaments adaptés pour les malades qu’ils voulaient soigner sur le terrain. Nous étions par exemple très démunis pour traiter nos patients atteints de la maladie du sommeil, une pathologie mortelle si elle n’est pas traitée, qui sévit plus particulièrement en Afrique sub-saharienne, dans des zones rurales pauvres. Le seul médicament dont nous disposions alors, le Melarsopol, était à base d’arsenic, et tuait un patient sur vingt. Dans certaines régions du monde, nous n’avions d’autre choix que de traiter les patients atteints du paludisme avec de la chloroquine, dans un contexte où le parasite devenait pourtant extrêmement résistant à ce médicament », explique le

« Des milliers de personnes souffrent chaque année de maladies dites négligées dans le monde. Elles n’ont pas accès à des outils de diagnostic, des vaccins ou des traitements efficaces. En cause notamment, le faible intérêt des laboratoires pharma­ ceutiques et le coût prohibitif de certains médicaments. »

De 1975 jusqu’à la fin des années 1990, très peu de nouveaux traitements (seulement 1,1 % à l’échelle mondiale sur cette période) ont été développés pour des maladies sévissant dans les pays pauvres et plus particulièrement dans la zone intertropicale. Parce qu’elles affectent des populations pauvres qui n’ont pas les moyens de se payer des soins, ces maladies représentent une trop faible part de marché pour intéresser les entreprises pharmaceutiques. « Certains laboratoires abandonnent même leurs secteurs maladies tropicales et  infections, considérant qu’ils ne sont pas assez rentables », ajoute le docteur Jean-Hervé Bradol, directeur d’études au Centre de Réflexion sur l’Action et les Savoirs Humanitaires (Crash) de MSF.

« Nous n’avions tout simplement pas les moyens nécessaires pour soigner les gens qui arrivaient, nous étions démunis et, au final, nous les regardions mourir. Beaucoup étaient des enfants. »

LE RÔLE CLÉ DE MSF « Nous n’avions tout simplement pas les moyens nécessaires pour soigner les gens qui arrivaient, nous étions démunis et, au final, nous les regardions mourir. Beaucoup étaient des enfants. Il était très clair que les choses devaient changer », explique Jean-Hervé Bradol. Sans attendre que les autres agissent, MSF va s’entourer de structures pour s’emparer de ce problème et faire évoluer la situation. La Campagne d’Accès aux Médicaments Essentiels tout d’abord, créée en 1999 va tenir un rôle clé, en aidant à lever les obstacles à l’accès à des traitements pour tous. En 2003, MSF et ses partenaires créent la DNDi, Drugs for Neglected Diseases initiative (Initiative Médicaments contre les Maladies Négligées). L’une des premières études menée à l’initiative du DNDi montre que seulement 4 % des médicaments et des vaccins enregistrés entre 2000 et 2011 étaient destinés à lutter contre le paludisme, la tuberculose et les autres maladies négligées. « Nous avons décidé de mettre en place un programme avec une double stratégie. L’une d’elles est d’améliorer les traitements avec les médicaments déjà existants, les reprendre en améliorant leur composition. Notre seconde stratégie était de revenir sur la découverte, sur la sélection de nouvelles entités chimiques afin que de nouveaux médicaments puissent soigner nos patients », raconte le Docteur Bernard Pecoul, directeur de la DNDi. « En dix ans, la DNDi a permis de sortir six nouveaux traitements. »

LE KALA-AZAR (OU LEISHMANIOSE VISCÉRALE) EST RESPONSABLE DE 20 000 À 30 000 DÉCÈS PAR AN. TRANSMIS PAR UN PARASITE, IL ENVAHIT LA MOELLE OSSEUSE, LA RATE, LE FOIE ET LES GANGLIONS. L’ÉVOLUTION DE LA MALADIE EST EN GÉNÉRAL FATALE EN QUELQUES MOIS EN L’ABSENCE DE TRAITEMENT.

En novembre 2018, et ce après des années de recherche et de développement, un nouveau médicament pour lutter contre

 suite page 6

Saeepur, chauffeur de taxi à Peshawar, a contracté la leishmaniose cutanée. Sa lésion a énormément grandi au cours des derniers mois. Il a dû cesser son activité. « Mes économies arrivent à leur fin. Je ne peux plus nourrir mes enfants à cause de cette maladie. Je n’ai pas conduit mon taxi depuis des semaines, j’en suis incapable. C’est trop douloureux

d’appuyer sur la pédale. J’ai connu le centre de traitement MSF par le biais d’un ami. J’ai vu cette blessure grandir et rétrécir tant de fois. Aujourd’hui, j’espère la voir disparaître pour de bon. » Retrouvez toute l’actualité de nos missions sur www.msf.fr I 5


GRAND ANGLE

REGARD

la maladie du sommeil, le fexinidazole, a été approuvé par l’Agence européenne des médicaments. Il est le premier traitement par voie orale qui peut permettre au patient de guérir de la maladie en 10 jours. Ndona, 18 ans, a été soigné avec ce nouveau traitement en République démocratique du Congo. « J’étais très agité. Je voulais toujours me bagarrer avec les autres enfants et je me battais à l’école. J’avais des maux de tête et des ganglions gonflés. Aujourd’hui, je ne me bats plus, je ne me sens plus comme quand j’avais la maladie du sommeil. » Il étudie maintenant pour travailler dans la construction.

DE MALADIES NÉGLIGÉES À MALADES NÉGLIGÉS ?

« J’étais très agité. Je voulais toujours me bagarrer avec les autres enfants et je me battais à l’école. J’avais des maux de tête et des ganglions gonflés. Aujourd’hui, je ne me bats plus, je ne me sens plus comme quand j’avais la maladie du sommeil. »

20 ans après l’émergence des premières mobilisations autour des maladies négligées, on constate de réels progrès. Pour autant le problème reste entier, comme le prouve l’absence de recherches sur certaines pathologies comme la maladie de Chagas qui est une maladie mortelle transmise par des insectes et qui est endémique dans plus de 20 pays d’Amérique latine. En outre, certaines catégories de patients ne bénéficient pas des avancées réalisées dans la lutte contre certaines maladies. Ainsi, dans le cas du sida par exemple, la découverte et la mise à disposition de traitements antirétroviraux partout dans le monde à partir des années 1990 a permis de sauver la vie de millions de personnes, mais il reste des malades négligés, tels que les enfants qui reçoivent des traitements anciens et sous-optimaux alors que des médicaments récents ne sont toujours pas disponibles en formulation pédiatrique.

DR ERNEST NSHIMIYIMANA EST MÉDECIN EN ÉTHIOPIE

Plus d’infos sur www.msf.fr

« Dans la plupart des régions du pays, les anti-venins sont indisponibles ou trop coûteux pour les communautés affectées par les morsures de serpents. Beaucoup de personnes en décèdent. Nous avons régulièrement des patients qui ont dû voyager des heures pour se rendre dans notre clinique. »

EN BREF Mali

Dans la zone de Mopti, au centre du pays, MSF appuie les différents services des hôpitaux de Douentza et Ténenkou et assure la référence des patients. Cette année, MSF a étendu son soutien à trois centres de santé communautaires en périphérie de Douentza et soutient le déploiement de personnes formées à diagnostiquer et prendre en charge le paludisme auprès des populations vivant dans des zones difficilement accessibles à Ténenkou. Des consultations en cliniques mobiles sont également effectuées pour ceux qui n’ont pas ou peu accès aux centres de santé communautaires. 6 I MSF INFOS I Mars 2019

Jeune patiente atteinte du Kala-Azar.

Yémen

Depuis octobre 2018, MSF travaille dans l’hôpital d’Al Salakhana dans la ville d’Hodeidah. Un tiers des patients traités ont des blessures causées par le conflit. Ils sont victimes de balles perdues ou de balles directes, d’éclats d’obus et de mines. Entre octobre 2018 et février 2019, 535 opérations chirurgicales et plus de 4 000 consultations ont été réalisées par nos équipes.

République démocratique du Congo Depuis mars 2018, une épidémie de rougeole a été déclarée dans différentes zones de santé des provinces qui constituaient auparavant la province du Katanga. En collaboration avec les équipes locales du ministère de la Santé, MSF a pris en charge 393 enfants souffrant de rougeole sévère dans des hôpitaux et 2 957 cas moins sévères dans des centres de santé de la province du HautLomami, de décembre 2018 à février 2019. 64 629 enfants ont également été vaccinés.

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patients ont été traités en 2018 par MSF dans la ville d’Abdurafi en Ethiopie, à la suite de morsures de serpents.

SOUDAN DU SUD MSF AIDE D’ANCIENS ENFANTS SOLDATS SUD-SOUDANAIS À RÉINTÉGRER LEUR COMMUNAUTÉ D’ORIGINE, DANS LA VILLE DE YAMBIO. ELLE LEUR OFFRE UNE PRISE EN CHARGE MÉDICALE, QUI PREND NOTAMMENT EN COMPTE LES CAS DE VIOLENCES SEXUELLES, ET LEUR FOURNIT DES SOINS DE SANTÉ MENTALE AFIN QU’ILS PUISSENT SE REMETTRE DES EXPÉRIENCES VÉCUES. BEAUCOUP ONT ÉTÉ ACCUEILLIS DANS LEUR FAMILLE, MAIS D’AUTRES ONT EU DU MAL À RETROUVER LEURS PARENTS, QUI ONT PU ÊTRE DÉPLACÉS PAR LE CONFLIT OU SONT DÉCÉDÉS DEPUIS.

« J’ai fui Falloujah avec mon fils Mohammad en 2014. Nous sommes allés à Bagdad. Le voyage a été très difficile car les routes étaient bloquées. Mais nous avons finalement réussi. Mon mari a refusé de quitter la ville. J’y suis retournée pour le convaincre de fuir en 2015. Je ne l’ai pas reconnu, il était si maigre. Après deux mois à Bagdad, il est décédé. Mon fils a été enlevé par un groupe armé, il y a trois mois. Je n’ai aucune nouvelle de lui depuis. »

Rasmiyya, 63 ans

Rasmiyya a élevé sept fils et quatre filles, elle vit maintenant seule dans un camp de personnes déplacées. En 2004, à la suite de l’invasion américaine, elle a perdu quatre de ses sept fils lors du bombardement de leur maison. Son histoire témoigne des multiples strates de violence et les pertes que beaucoup d’Irakiens ont subies au cours des dernières années.

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LE LAB

À VOIX HAUTE

LE POCUS, UNE RÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE QUI SAUVE DES VIES

« Les civils ont de moins en moins d’options pour accéder aux soins de santé au Yémen. Nous voyons des enfants blessés par balles et des femmes enceintes présentant des complications, qui ont un besoin urgent de soins médicaux vitaux, arriver trop tard dans nos hôpitaux de Mocha et d’Aden. »

Le POCUS, c’est quoi ?

Caroline Seguin, responsable des opérations au Yémen

« MERCI À VOUS D’ÊTRE LÀ OÙ LES AUTRES ONG NE VONT PAS. » Marie

« J’ESPÈRE QUE VOUS SEREZ SOUTENUS À LA HAUTEUR DE VOS BESOINS. » Arisso

« Le salaire partout est indispensable. Et dans les pays en guerre, ne pas être payé empêche de continuer de travailler dans les hôpitaux pour assister et soigner des populations désespérées et épuisées. » Béatrice

« Bravo à ces chirurgiens engagés au service des populations abandonnées. » Philippe

« LA SOLIDARITÉ N’EST PAS UNIQUEMENT L’AFFAIRE DE VOTRE ORGANISATION MAIS DE TOUS. » Dominique

Cette rubrique est la vôtre ! Réagissez et partagez votre point de vue. Prochaine thématique : Deux centres de traitement Ebola attaqués en République démocratique du Congo. Écrivez-nous : msfinfos@paris.msf.org Suivez-nous : 8 I MSF INFOS I Mars 2019

Achai Bulabek, médecin au Soudan du Sud

« Nous avons pu retirer le liquide en moins de 10 minutes et sauver le jeune patient. » « Cette année, on m’a appelée pour effectuer un examen sur un petit garçon d’environ huit ans. Il souffrait de douleurs abdominales depuis une journée. Je lui ai fait une échographie en utilisant le POCUS en seulement quelques minutes alors que le déplacer jusqu’à une machine et l’installer aurait pris davantage de temps. L’examen a montré une rupture de la rate. Immédiatement, l’équipe médicale a pris la décision de l’opérer. Plus tard, j’ai été appelée aux urgences pour examiner un autre jeune garçon d’environ sept ans. Nous suspections une pneumonie. Il est arrivé avec des antécédents de toux et de fièvre, ainsi qu’une douleur à la poitrine droite. L’échographie a montré une accumulation de liquide dans la cavité pleurale. Toujours à l’aide du POCUS pour nous guider, nous avons inséré une petite aiguille dans la paroi de la poitrine pour éliminer le liquide. Nous avons pu le retirer en moins de 10 minutes et sauver le jeune patient. Ce minuscule échographe portable est un outil très précieux d’aide à la décision, qui peut directement contribuer à sauver des vies. Il est aussi moins coûteux pour l’hôpital et remplace les radiographies et autres scanners d’imagerie. Au sein de l’hôpital d’Aweil, au Soudan du Sud, nous diagnostiquons maintenant facilement de nombreuses maladies, en particulier dans le service de chirurgie. »

Une première utilisation au Soudan du Sud

Le Point-of-Care Ultrasound (POCUS) est une technologie médicale qui permet d’effectuer des échographies avec un outil portable. Ainsi, au lieu de se rendre dans un cabinet ou de faire appel à un spécialiste, les équipes disposent d’une sonde à ultra-sons couplée à un ordinateur ou à une tablette qu’on peut placer directement à côté du patient. C’est une révolution car les appareils à ultrasons plus anciens étaient volumineux, coûteux et complexes. Seuls des experts tels que les radiologues, les cardiologues et les obstétriciens étaient formés à leur utilisation.

Le projet a été lancé début 2017 pour être testé à l’hôpital d’Aweil au Soudan du Sud, où les équipes gèrent un service de pédiatrie et de maternité en coopération avec le ministère de la Santé. Cet hôpital, situé dans une région reculée apporte des soins de santé de qualité à environ 1,5 million de personnes. Six agents paramédicaux ont donc été formés au POCUS et plus particulièrement au volet diagnostic pulmonaire car les pneumonies bactériennes, la tuberculose et les cardiopathies, difficiles à diagnostiquer, sont des pathologies fréquentes chez les patients.

Les sages-femmes sud-soudanaises sont formées à l’utilisation du POCUS, un atout majeur dans un hôpital où environ 400 bébés naissent par mois.

Le POCUS permet de diagnostiquer la pneumonie, l’une des principales causes de mortalité dans le monde, en particulier chez les enfants.

L’équipe médicale examine l’échographie d’une femme enceinte à l’hôpital d’Aweil.

Un médecin utilise le POCUS sur un jeune enfant malnutri dans un centre de nutrition thérapeutique au Tchad.

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EN APARTÉ

Legs Soutenir et donations MSF autrement Parole de testatrice

Après avoir grandi et vécu au Maroc quelques années, Patricia Buirette(1) voulait devenir médecin. Elle s’est finalement consacrée à des études en droit international(2). Elle nous raconte son histoire avec MSF… « C’est dans les années 70 que j’ai appris la création de MSF durant la Guerre du Biafra. J’ai été admirative de la naissance de cette organisation, qui a reçu en 1999 le prix Nobel de la paix et dont les actions mondiales ont un impact certain sur les soins apportés aux personnes les plus vulnérables. J’ai consacré une partie de ma carrière universitaire au droit international humanitaire(3). C’est donc tout naturellement que je me suis rapprochée de MSF, qui utilise le droit international humanitaire pour garantir l’indépendance et l’efficacité de ses actions médicales. Mon parcours et celui de MSF se sont croisés à plusieurs reprises, lors de conférences sur les enjeux de l’action humanitaire ou sur des questions en lien avec les interventions de MSF.

Faites don de vos miles ! Vous avez un compte Flying Blue et des Miles que vous n’utilisez pas ? Et si vous en faisiez don à MSF ? Air France-KLM propose aux membres de son programme Flying Blue de faire don de leurs points de fidélité à ses organisations partenaires, dont Médecins Sans Frontières.

En régions

Initiative

Informez-vous !

« Accueillons », une structure d’hébergement pour mineurs non accompagnés

Organisées en régions et au siège parisien, les réunions d’information sont l’occasion pour ceux qui souhaitent devenir volontaire d’en savoir davantage sur la mission de MSF, ses valeurs et ses programmes dans le monde entier. Plusieurs intervenants ainsi que des volontaires de retour du terrain sont présents pour répondre aux questions et partager leur propre expérience. ll est recommandé d’assister à l’une de ces réunions avant de postuler en ligne. Elles ont lieu sans inscription préalable.

Pour MSF, le soutien des adhérents Flying Blue est précieux. Les Miles qui nous sont offerts nous permettent de bénéficier de billets utilisés par nos volontaires pour se rendre sur le lieu de leur mission.

(2) Elle a également créé et dirigé le Master « Droit humanitaire et droits de l’homme » à l’Université d’Evry Val d’Essonne et a écrit « Le droit international humanitaire », ouvrage essentiel publié en 1996, 2008 et 2019. (3) Elle est professeur émérite de droit international et humanitaire des Universités, doyen honoraire.

« C’est un soutien très utile pour notre association puisqu’ils sont des centaines à partir chaque année sur le terrain. La générosité des clients de Air France-KLM nous permet d’apporter des soins à ceux qui ont en besoin et ce, partout où ils se trouvent », explique Isabelle Defourny, directrice des opérations.

Pour plus d’informations   et de conseils, contactez-nous :

Chaque geste de générosité compte !

Sandrine Silvestre, chargée de relations testateurs

Si vous aussi, vous souhaitez nous soutenir, n’attendez plus et faites don de vos Miles en vous rendant sur www.flyingblue.com/fr/donation/ charities

Tél. : 01 40 21 29 09 E-mail : relations.testateurs@msf.org 10 I MSF INFOS I Mars 2019

Ils devraient pourtant être pris en charge par l’État au titre de la protection de l’enfance, mais les procédures pour se faire reconnaître mineur non accompagné sont souvent extrêmement longues. Pendant tout ce temps, ils se retrouvent sans famille, sans soutien et sans toit.

C’est pour les aider et leur permettre d’être mis à l’abri que nos équipes et Utopia 56 ont créé “Accueillons”, une structure qui permet à ces jeunes d’être pris en charge de manière temporaire par un hébergeur solidaire qui s’engage à accueillir un jeune mineur non accompagné pendant un mois minimum et cela, sans aucune contrepartie. Il met à la disposition du jeune une chambre privée et il veille sur lui en s’assurant qu’il s’alimente correctement, qu’il soit en bonne santé. C’est un vrai geste citoyen et un engagement concret.

Je m’intéresse aux actions des médecins sans frontières et je retrouve dans cette organisation des valeurs communes comme la solidarité, l’engagement, l’expertise. J’ai choisi de gratifier par un legs diverses organisations dont MSF, afin de l’aider à poursuivre ses interventions et lui permettre de maintenir ses actions sur le long terme. » (1) Patricia Buirette est l’auteure d’une thèse « La participation du Tiers-Monde à l’élaboration du droit international – essai de qualification » parue en 1980, Université Paris I Panthéon-Sorbonne.

Aujourd’hui, en France, des milliers de mineurs non accompagnés vivent dans la rue après avoir vécu un parcours migratoire souvent chaotique.

Chaque engagement d’hébergement est clarifié dès le départ par la signature d’une convention entre le jeune hébergé, l’hébergeur solidaire et la plateforme « Accueillons ».

Retrouvez les dates des prochaines réunions à Paris et en régions :

Vous êtes intéressés par cet engagement solidaire ?

Paris 16 avril, 7 mai, 21 mai, 4 juin, 18 juin 2019 Lyon 11 avril, 16 mai, 20 juin 2019 Toulouse 15 avril, 20 mai, 17 juin 2019 Marseille 19 avril, 17 mai 2019

Pour plus d’informations et pour vous inscrire pour devenir “hébergeur solidaire” : hebergementsolidaire.msf.fr

EN QUESTION LA FIN DE NOS ACTIVITÉS DE SAUVETAGE EN MÉDITERRANÉE

Françoise Saulnier, responsable du département juridique de MSF Les raisons et les conséquences d’une telle décision.

Pourquoi stopper les activités de recherche et de sauvetage en Méditerranée ? L’arrêt forcé de la mission de sauvetage en mer de l’Aquarius est le résultat d’une campagne de dénigrement, de calomnie, et d’obstruction contre ceux qui sont mobilisés depuis 2015 pour sauver des vies en Méditerranée. Elle est menée par le gouvernement italien, en lien avec les blocages d’une politique commune des pays européens sur l’accueil des réfugiés. Les méthodes d’intimidation employées sont scandaleuses et visent clairement à délégitimer toutes les opérations de secours effectuées par les ONG de la société civile.

Revenons sur les faits… Avec l’arrêt en 2016 de l’opération « Mare Nostrum » conduite par la marine italienne, le nombre de victimes en mer a augmenté de façon effrayante. C’est pour pallier l’arrêt des opérations de secours conduites par les États de l’Union européenne que les ONG, dont la nôtre, sont intervenues avec leurs propres navires. Puis en 2017, la politique italienne s’est considérablement durcie. Nous nous sommes vus ainsi que d’autres ONG sous le coup de plusieurs accusations émanant des autorités politiques et judiciaires italiennes. Nous avons été accusés de faciliter l’entrée illégale de migrants en Italie, de trafic d’êtres humains, de médicaments ou encore de déchets, dernière accusation en date. Mises sur écoute des conversations de nos bateaux, infiltrations des renseignements italiens sur les navires humanitaires pour espionner nos équipes… Au regard de ces méthodes plus que douteuses, nous avons compris que tous les prétextes seraient bons pour tenter de mettre nos bateaux à quai.

Quelles sont les conséquences de l’arrêt des activités de sauvetage ? En portant atteinte à leurs finances, à leur réputation, à leurs bateaux, à leurs volontaires, les autorités italiennes se sont assurées que les ONG n’aient plus aucun moyen de poursuivre leurs opérations et qu’elles abandonnent leurs activités de sauvetage, laissant des milliers de personnes se noyer sans témoin. Car les premières victimes de ce combat bien inégal sont les personnes migrantes, demandeuses d’asiles ou réfugiées. Combien sont-elles, ces victimes ? Aujourd’hui, personne ne le sait. La volonté de cacher ce qui se passe en Méditerranée est réelle.

Dernièrement, la France offrait six bateaux à la marine libyenne. Que pensez-vous de cela ? C’est scandaleux de voir qu’après avoir activement sabordé les efforts de sauvetage en mer des ONG depuis 2016, la France confie les pleins pouvoirs aux garde-côtes libyens alors que l’on sait, pour les avoir vus à l’œuvre de nombreuses fois, que leur but n’est pas le sauvetage mais l’interception, souvent de façon extrêmement violente. Hommes, femmes et enfants sont ensuite renvoyés dans l’horreur qu’ils avaient tenté de fuir, celui des centres surpeuplés ouverts à toutes les formes d’abus et d’exploitation en Libye. Des conditions de détention inhumaines dont Emmanuel Macron s’est lui-même récemment ému. On peut donc se demander comment la France peut dans le même temps s’indigner des conditions de détention abjectes de ces centres et donner aux garde-côtes les moyens logistiques de ramener les gens dans cet enfer ? Retrouvez toute l’actualité de nos missions sur www.msf.fr I 11


Soudan du Sud Furaha Bazikanya, sage-femme, examine une jeune femme enceinte dans un dispensaire mobile du village de Kier.

OUI, JE VEUX FAIRE UN DON RÉGULIER DE : 7 EUROS PAR MOIS 10 EUROS PAR MOIS (2,5 euros par mois après réduction fiscale)

MANDAT DE PRÉLÈVEMENT SEPA EN FAVEUR DE MÉDECINS SANS FRONTIÈRES

Association reconnue d’utilité publique - 8 rue Saint-Sabin 75011 PARIS • ICS : FR32ZZZ193046 Objet du mandat : soutien régulier aux actions de Médecins Sans Frontières Type d’encaissement : récurrent • Référence Unique du Mandat*. * Celle-ci me sera communiquée dès l’enregistrement de mon mandat.

VOS COORDONNÉES J191CMXX Nom / Prénom : ..................................................................................................................................................................................................................................................................................... N° : ........................ Rue : .........................................................................................................................................................................................................................................................................

15 EUROS PAR MOIS

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20 EUROS PAR MOIS

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