N° 199 I Septembre 2019 I 2€ I M191 I ISSN 1146-2930
GRAND ANGLE
Libye : d’un enfer à l’autre
ÉDITO SOMMAIRE Dr Mego Terzian Président de Médecins Sans Frontières
« Ce que nous voyons au Yémen. » Ces derniers mois, l’ONU et certaines ONG ont multiplié les déclarations alarmistes sur l’imminence d’une famine de très grande ampleur au Yémen, photos d’enfants décharnés à l’appui. Mais les équipes de MSF qui apportent des soins médicaux à la population dans 12 des 21 gouvernorats du Yémen n’ont vu nulle part dans le pays les signes caractéristiques d’une famine telles qu’elles en ont été témoins en Éthiopie en 1984, en Angola en 2002 ou plus récemment au nord du Nigeria en 2016, quand des franges entières de la population meurent des effets combinés du manque de nourriture et des maladies associées. Ce que nos équipes voient sur le terrain, c’est une population qui peine à accéder à des denrées de base pourtant disponibles, à cause de l’inflation et des profiteurs de guerre qui font grimper les prix du carburant ou de la farine. Ce que nos équipes voient sur le terrain, c’est l’extrême contrôle imposé par les belligérants aux ONG. Ce que nos équipes voient sur le terrain, c’est un système de santé effondré, des épidémies récurrentes de choléra, de diphtérie et de rougeole. Ce que nos équipes voient sur le terrain, c’est une population prise au piège des bombardements de la coalition emiratisaoudienne, victime des mines éparpillées par les Houthis dans les champs et les routes au sud-ouest du pays ou blessée par centaines en l’espace de quelques heures sous le feu des combats à Aden. Ce que nos équipes voient sur le terrain, enfin, c’est une population épuisée par près de cinq années d’une guerre qui semble aujourd’hui sans issue. »
MEXIQUE
REGARD
Les migrants pris au piège de la violence.
Une travailleuse du sexe au Malawi.
EN APARTÉ
Montrer les lieux de vie pour raconter l’exil.
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GRAND ANGLE
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LE LAB
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Libye : d’un enfer à l’autre.
Mini-Lab : un laboratoire de bactériologie adapté aux terrains d’intervention.
EN QUESTION
Les cancers en Afrique : une nouvelle priorité pour MSF.
Les coûts de création, production et envoi du journal MSF infos s’élèvent à 0,55 €.
Directeur de la publication : Dr Mego Terzian • Directrices de la rédaction : Anne-Lise Sirvain, Claire Magone • Rédaction : Pierre-Yves Détré • Création : Anne-Sophie et Caroline Bérard • Graphisme et Fabrication : tcgraphite • Imprimeur : SIB Imprimerie, Zone industrielle de la Liane, B.P. 343, 62 205 Boulogne-sur-Mer Cedex • Photos : Couverture : Guillaume BINET/MYOP - P2 : MSF - Isabel Corthier - P3 : Juan Carlos Tomasi - P4 : Jérôme Tubiana/ MSF - P5 : Sara Creta/MSF - Hazem Ahmed/AP - P6 : Julie Remy/MSF - Sam Turner/MSF - P7 : Isabel Corthier/MSF - P8 : MSF - P9 : MSF - P10 : Sophie la girafe® - Bruno Fert/MSF - P11 : DR - 14 avenue Jean-Jaurès, 75019 Paris – Tél. : 01 40 21 27 27 • N° de commission paritaire : 0623H83241 2 I MSF INFOS I Septembre 2019
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MEXIQUE Centres de soin
Mexicali Tijuana Ensenada
Tecate
Sonoyta
Sásabe
Caborca
Ciudad Juárez
Naco Agua Prieta Benjamín Hill
Arrestations de migrants par les autorités mexicaines
États-Unis
Nogales
Violences sur les migrants par des gangs Abris pour migrants
Ojinaga
Hermosillo
Ciudad Acuña
Chihuahua
Routes migratoires
Piedras Negras
Nuevo Laredo
Reynosa Monterrey Saltillo
Matamoros
Torreón
Mazatlán
Celaya Querétaro Orizaba
Lechería
Veracruz
Apizaco
Córdoba
MEXICO
Manzanillo
Coatzacoalcos Tierra Blanca
Lázaro Cárdenas
Tenosique Palenque
Medias Matías Aguas Romero
Ixtepec Arriaga Tapachula
Belize
Huehuetoca
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Guadalajara
On estime à 500 000 le nombre de personnes qui entrent au Mexique chaque année, souvent dans l’espoir d’atteindre les Etats-Unis. La majorité d’entre elles arrive du Salvador, du Honduras et du Guatemala. Nous fournissons des soins médicaux et de santé mentale de base dans des abris situés le long des différentes routes migratoires du Mexique.
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Tampico Altamira
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Les migrants pris au piège de la violence
San Luis Potosí
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« Nous voyons déjà les conséquences de la criminalisation des migrants et des demandeurs d’asile. Condamnés à la clandestinité, ils osent moins venir aux consultations ces derniers jours. La conclusion est évidente : les personnes qui ont besoin de soins médicaux ne les reçoivent pas. » Sergio Martín, chef de mission
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Les migrants persécutés par les autorités mexicaines
Les admissions de réfugiés à leur plus bas niveau
Les demandeurs d’asile exposés à la violence des gangs
Près de la frontière sud du Mexique, les migrants sont harcelés par les forces de l’ordre. Début juin, dans la ville de Coatzacoalcos, nous avons été témoins d’une arrestation massive d’un groupe de migrants à qui nous fournissions des soins médicaux. Les migrants évitent de plus en plus les endroits où ils peuvent être interceptés et détenus par les autorités - y compris les endroits où des soins médicaux de base sont dispensés.
Pour 2019, l’administration américaine a limité à 30 000 personnes le nombre de réfugiés autorisés à entrer aux États-Unis. Il s’agit du nombre le plus bas depuis la création du programme de réinstallation en 1980. Au moins 50 des 350 bureaux de réinstallation des réfugiés aux États-Unis ont fermé leurs portes depuis le début de l’administration Trump.
De nouvelles mesures du gouvernement américain destinées aux personnes qui demandent l’asile aux États-Unis les obligent à attendre la fin des procédures légales dans des régions ultraviolentes, au péril de leur vie. À la frontière nord du Mexique, de nombreuses villes abritent temporairement un grand nombre de migrants et de demandeurs d’asile qui risquent d’être exploités par des groupes criminels. Nous sommes présents dans le nord du Mexique pour prendre en charge les blessures physiques et psychologiques des migrants qui ont été agressés ou enlevés par des gangs criminels.
Nombre de réfugiés autorisés à entrer aux États-Unis 125000 100000 75000
110 000 Plafond autorisé Entrées effectives
85 000
*(Chiffre au 31/07/19)
84 994
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Retrouvez toute l’actualité de nos missions sur www.msf.fr I 3
GRAND ANGLE
Des réfugiés à la porte d’un entrepôt où ils sont séquestrés avec 700 autres personnes.
LIBYE : D’UN ENFER À L’AUTRE Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), près de 700 000 migrants se trouvaient en Libye en 2018. Parmi eux, quelque 6 000 personnes sont enfermées arbitrairement dans des centres de détention gérés par les autorités libyennes, dans lesquels elles sont exposées à toutes sortes d’abus, tandis que des milliers d’autres sont retenues dans des geôles clandestines où elles subissent des violences extrêmes. En voyant approcher les garde-côtes libyens, un migrant qui tentait de quitter la Libye dans une embarcation de fortune a préféré plonger en haute mer pour leur échapper. Image glaçante qui illustre le désespoir des migrants, prêts à tout pour ne pas être à nouveau soumis à la violence et à l’exploitation en Libye. Pour les réfugiés censés bénéficier du droit d’asile, comme pour un migrant à la recherche d’un travail sur le sol libyen, la situation peut tourner au cauchemar à tout moment : non signataire de la Convention de Genève sur les réfugiés, la Libye ne dispose d’aucun système d’asile et sa législation criminalise en outre l’entrée illégale sur son territoire. Ainsi, un Gambien travaillant en Libye depuis des années ou un Erythréen fuyant la persécution dans son pays peuvent être arrêtés et envoyés dans des centres de détention sans autre forme de procès. Sans système formel d’enregistrement ni de suivi des dossiers, il est difficile de savoir ce qui arrive aux migrants une fois qu’ils sont détenus. Certains sont maintenus prisonniers pendant de longues périodes, et d’autres sont transférés de centre en centre. Bien que formellement sous la supervision du 4 I MSF INFOS I Septembre 2019
ministère de l’Intérieur, ces centres font partie intégrante d’un système d’exploitation où milices et trafiquants s’autorisent à abuser des migrants et à les maintenir enfermés dans des conditions inhumaines.
« Pour les réfugiés censés bénéficier du droit d’asile, comme pour un migrant à la recherche d’un travail sur le sol
SURVIVRE À LA DÉTENTION MSF est présente dans quatre centres de détention de Tripoli et d’autres centres à Misrata, Khoms, Zliten et Zintan. Elle s’efforce de fournir des soins aux personnes piégées à l’intérieur et ne peut que constater les conditions épouvantables de détention. Dans le centre de Zintan par exemple, où MSF a pu intervenir pour la première fois en mai 2019, quelque 700 personnes étaient enfermées au sein d’un entrepôt agricole surpeuplé. Il n’y avait que quatre toilettes en partie inutilisables, des seaux pour uriner, aucune douche et un accès très sporadique à la nourriture et à l’eau, non potable.
libyen, la situation peut tourner au cauchemar à tout moment : non signataire de la Convention de Genève sur les réfugiés, la Libye ne dispose d’aucun système d’asile et sa législation criminalise en outre l’entrée illégale sur son territoire. »
Près de
700 000 migrants se trouvaient en Libye en 2018.
6 000 personnes sont enfermées arbitrairement dans des centres de détention gérés par les autorités libyennes.
Des enfants dans un centre de détention en Libye.
« La plupart des migrants et réfugiés sur le territoire libyen courent le risque d’être kidnappés par des trafiquants. »
Au fil de leurs visites dans ces centres, les équipes ont constaté le surpeuplement des cellules et les conditions sanitaires déplorables qui favorisent l’apparition de maladies telles que la gale ou des maladies respiratoires infectieuses. De nombreuses formes de violences physiques et psychologiques viennent s’ajouter à l’environnement insalubre dans lequel ces populations sont maintenues en captivité. Julien Raickman, chef de mission de MSF en Libye, en est convaincu, « la présence d’une poignée d’acteurs humanitaires sur place ne saurait assurer des conditions acceptables dans ces centres. Les personnes qui y sont détenues, majoritairement des réfugiés, continuent de mourir de maladies, de faim, sont victimes de violences en tout genre, de viols… Elles sont soumises à l’arbitraire des milices et se retrouvent aussi prises au piège des combats en cours ». Ces derniers mois, la situation des détenus s’est en effet encore aggravée à cause du conflit qui a éclaté début avril entre le gouvernement libyen et les forces de l’Armée Nationale Libyenne. Les migrants se retrouvent pris au piège des combats et des
centres sont bombardés. Début juillet, le centre de détention de Tajoura, près de Tripoli, a ainsi été touché par un missile qui a causé la mort de plus de 50 détenus. MSF demande la fermeture de ces centres depuis 2017.
AUX MAINS DES TRAFIQUANTS En dehors de leurs actions au sein des centres de détention, les équipes de MSF fournissent régulièrement une aide médicale à des naufragés interceptés en mer par les garde-côtes libyens ou par des navires commerciaux. À Misrata et à Khoms par exemple, villes côtières du nord de la Libye, les équipes évaluent les besoins, distribuent des kits d’hygiène et prodiguent des soins médicaux d’urgence. Elles parviennent parfois à référer des cas graves dans les hôpitaux mais la grande majorité des rescapés est emmenée dans les centres de détention par les autorités pour une durée indéterminée, quand elle ne se retrouve pas à la merci de réseaux criminels. La plupart des migrants et réfugiés sur le territoire libyen courent en permanence le risque d’être kidnappés par des trafiquants qui les enferment dans des prisons clandestines. Les équipes de MSF ont accès à ces populations dans la région de Bani Walid, au sud-est de Tripoli, où elles organisent notamment des consultations médicales dans un foyer où se regroupent des personnes qui sont libérées ou qui parviennent à s’échapper des
AU MOINS 22 PERSONNES SONT MORTES, NOTAMMENT DE TUBERCULOSE, DEPUIS SEPTEMBRE 2018 DANS LES CENTRES DE DÉTENTION DE ZINTAN ET GHARYAN, AU SUD DE TRIPOLI. LES ÉQUIPES DE MSF ONT CONSTATÉ UNE SITUATION SANITAIRE CATASTROPHIQUE.
suite page 6
Le soir du 2 juillet, une frappe aérienne contre le centre de détention de Tajoura, situé à l’est de Tripoli, capitale de la Libye, a fait des dizaines de morts parmi les migrants et les réfugiés. Au moment de l’attaque, plus de 600 hommes, femmes et enfants vulnérables étaient retenus dans ce centre de détention.
« Il faut une évacuation immédiate de tous les réfugiés et migrants retenus dans les centres de détention en Libye. » Prince Alfani, coordinateur médical MSF en Libye Retrouvez toute l’actualité de nos missions sur www.msf.fr I 5
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prisons gérées par ces trafiquants. Dans cette région, traversée par les migrants et les réfugiés, le kidnapping et le recours à la torture pour obtenir une rançon sont monnaie courante. Certains patients rapportent qu’ils ont été retenus prisonniers par des trafiquants pendant des semaines, parfois des mois, privés de nourriture, maltraités et torturés.
REFUSER LE RETOUR EN LIBYE Au lieu d’être mis hors de danger et de recevoir la protection à laquelle ils ont droit, les réfugiés et demandeurs d’asile sont soumis à toutes sortes d’exactions, et subissent également les conséquences directes de la guerre civile en Libye. Le mécanisme mis en place par le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) pour amener ces personnes dans des pays sûrs où leur demande d’asile pourra être examinée est terriblement limité et sous-utilisé. Entre le 1er janvier et le 31 mai 2019, seulement 1 000 réfugiés et migrants ont été évacués ou réinstallés hors de la Libye par le HCR, tandis que l’Organisation Internationale pour les Migrations, à travers son programme de rapatriement volontaire, a raccompagné 5 000 personnes vers leur pays d’origine.
JULIEN RAICKMAN, CHEF DE MISSION MSF EN LIBYE
Pour fuir la Libye, les migrants n’ont d’autre choix que d’emprunter l’une des routes migratoires les plus meurtrières : au cours des 6 premiers mois de 2019, près de 10 000 personnes ont tenté de traverser la Méditerranée et au moins 600 ont trouvé la mort au large de la Libye. « Les gouvernements européens ont mis un terme à la plupart des activités de recherche et de sauvetage en Méditerranée. Un geste impitoyable qui a un lourd coût humain. Les gens choisissent encore de risquer la mort plutôt que de retourner dans l’enfer libyen. », assure Aoife, infirmière MSF qui a travaillé en Libye puis à bord de l’Aquarius. Et d’ajouter, « Je sais ce qu’ils fuient, j’ai travaillé en Libye. J’ai entendu leurs histoires d’esclavage, de prostitution forcée et de viol. J’ai soigné leurs blessures causées par les mauvais traitements et la torture. J’ai vu les conditions de vie épouvantables en Libye. Ils ne peuvent pas revenir en arrière, ils ne peuvent tout simplement pas revenir à cette existence. »
« Il n’y a pas de camps de réfugiés en Libye, ce sont des camps de détention improvisés, des écoles où on a muré des fenêtres, où les gens sont entassés, avec un mètre carré par personne. On meurt de tuberculose, on est torturé, violé et vendu. C’est ça les conditions de détention en Libye. »
EN BREF La CAME a 20 ans En 1999, MSF a créé la Campagne pour l’accès aux médicaments essentiels (CAME) pour lutter contre les obstacles politiques et juridiques qui entravent l’accès de nos bénéficiaires aux traitements dans les communautés où nous travaillons et au-delà. Depuis sa création il y a 20 ans, la CAME a mis en oeuvre de nombreuses campagnes sur des thématiques aussi variées et importantes que l’accès aux traitements contre l’hépatite C, les antirétroviraux, les médicaments antituberculeux, la lutte contre les extensions abusives de brevets, etc. 6 I MSF INFOS I Septembre 2019
« Je sais ce qu’ils fuient [...] J’ai entendu leurs histoires d’esclavage, de prostitution forcée et de viol. J’ai soigné leurs blessures causées par les mauvais traitements et la torture. [...] Ils ne peuvent tout simplement pas revenir à cette existence. »
Plus d’infos sur www.msf.fr
Un médecin de l’équipe MSF s’entretient avec un jeune détenu.
14 Trop c’est trop ! Après 14 jours en mer avec 42 migrants à bord et aucun port sûr pour les accueillir, Carole Rackete, la capitaine du Sea-Watch 3 a décidé de forcer le blocus des eaux territoriales italiennes, le 26 juin 2019. Elle a refusé d’obéir aux injonctions d’une vedette de la police douanière et financière, et a fait route vers l’île de Lampedusa. MSF est solidaire de cet acte courageux et a manifesté son soutien à l’occasion de son arrestation. Secourir les naufragés n’est pas un crime !
République démocratique du Congo (RDC) Avec plus de 2 000 décès en RDC depuis le 1er août 2018, les acteurs de santé sur le terrain n’arrivent pas encore à maîtriser l’épidémie de fièvre hémorragique Ebola. Alors que de nouveaux cas viennent d’être confirmés, l’Organisation mondiale de la santé a déclaré le 17 juillet 2019 que cette épidémie constitue une urgence de santé publique de portée internationale.
Hépatite C En 2018, MSF a fourni un traitement contre l’hépatite C à 14 419 personnes dans le monde et a lancé des projets dédiés en Iran, au Myanmar, en Ukraine, au Pakistan, en Inde et au Cambodge.
HAÏTI Loin des caméras, Haïti fait face à une crise majeure liée à la détérioration de la situation socio-économique et marquée par des flambées de violence. Au cours du premier trimestre 2019, MSF a traité 237 patients pour des blessures par balles dans son centre d’urgence de Martissant, un bidonville de Port-au-Prince. Soit le double des cas enregistrés au cours de la même période il y a un an.
REGARD
« Bien que je sois encore en bonne santé, je veux quitter le travail du sexe. J’ai rejoint deux groupes villageois de prêts d’épargne. Si tout se passe bien, j’arrêterai cette activité bientôt. Je veux rentrer chez moi et démarrer une entreprise de charbon de bois pour subvenir à mes besoins. »
Mary, 24 ans, travailleuse du sexe au Malawi Mary a reçu des soins complets, notamment contre la syphilis, dans le cadre d’un projet dédié aux professionnel(le)s du sexe à Dedza, au Malawi.
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LE LAB
À VOIX HAUTE « Le gouvernement français se rend complice des violences extrêmes qui continuent d’être infligées aux réfugiés et migrants en Libye. En les renvoyant là-bas, ces personnes sont de nouveau plongées dans un système de violences, d’exploitation et de détention. Michaël Neuman, Directeur d’études au CRASH au sujet de l’achat de six bateaux par le gouvernement français, pour le compte des garde-côtes libyens.
« DE TOUT CŒUR AVEC VOUS ET HONTE À LA FRANCE POUR CETTE LAMENTABLE DÉCISION DE REPOUSSER LES MIGRANTS VERS LES CÔTES LIBYENNES EN TOUTE CONNAISSANCE DE CAUSE ! »
« J’ADORE CE QUE VOUS FAITES ET J’ENRAGE DEVANT TANT DE LÂCHETÉ ET DE MANQUE D’HUMANITÉ DE NOS HOMMES POLITIQUES. » Dominique
Odile
« Je soutiens les ONG... C’est aux ONG qu’il faut livrer des bateaux !! Les conditions sont INHUMAINES en LIBYE ! » Claire
« Encore un triste volet de l’histoire de France. » Valentin
Cette rubrique est la vôtre ! Réagissez et partagez votre point de vue. Prochaine thématique : Bangladesh : après deux ans d’exil, aucune solution en vue pour les réfugiés rohingyas.
Écrivez-nous : msfinfos@paris.msf.org Suivez-nous :
8 I MSF INFOS I Septembre 2019
Albane Mazoyer, manager du projet Mini-Lab
« L’idée c’est d’aller plus loin en permettant d’apporter des capacités de microbiologie sur des terrains qui en manquent. » « Ce laboratoire de bactériologie est spécialisé dans les analyses de sang car c’est le plus simple à aborder techniquement et il permet de cibler un besoin des populations les plus vulnérables comme les enfants sévèrement malades, les grands-brûlés, les populations affectées par le VIH (sida), etc. Notre ambition est d’améliorer le traitement des patients et de collecter des données de surveillance notamment celles liées à l’antibiorésistance dans le cas d’infections bactériennes généralisées ou de septicémies. Actuellement, nous travaillons avec des laboratoires mais nos partenariats sont souvent limités aux très grands hôpitaux et aux grandes villes. L’idée c’est d’aller plus loin en permettant d’apporter des capacités de microbiologie sur des terrains qui en manquent. En Afrique subsaharienne, par exemple, c’est très difficile de faire venir des experts en microbiologie, de disposer du matériel adéquat et de s’adapter aux contraintes environnementales. Nous avons donc veillé à la simplification de la logistique et à son accessibilité par des personnels nonexperts. L’ambition de ce projet est de déployer en 2021 plusieurs Mini-Lab sur les terrains d’intervention et de le rendre accessible à d’autres acteurs. »
LE MINI-LAB : UN LABORATOIRE DE BACTÉRIOLOGIE ADAPTÉ AUX TERRAINS D’INTERVENTION Une priorité : la lutte contre l’antibiorésistance L’antibiorésistance est la capacité des micro-organismes à résister à l’action d’un antibiotique ; les traitements deviennent alors inefficaces et les bactéries résistantes se propagent. Selon l’OMS, l’antibiorésistance pourrait devenir la première cause de mortalité dans le monde d’ici 2050. Nous rencontrons ce phénomène sur de nombreux terrains d’intervention et le développement du projet du Mini-Lab permettra d’améliorer l’accès aux soins pour les populations vulnérables et participera à une meilleure connaissance des phénomènes de résistance sur les patients atteints de septicémies.
PREMIERS TESTS AU SEIN DE L’HÔPITAL DES GRANDSBRÛLÉS EN HAÏTI Depuis juin 2019, le centre Drouillard en Haïti a été choisi comme site pilote du projet. Les grands brûlés présentent un risque fort de septicémie et sont donc une population cible du laboratoire de bactériologie.
LE KIT MINI-LAB Incubation
Lecture
Traitement des Échantillons Administratif
Mini laboratoire transportable Eau et Assainissement Incubation
ENVIRONNEMENT
- Adapté aux contraintes (température, humidité) - Gestion optimisée des déchets
Autoclave
MODE D’EMPLOI
PUISSANCE
- Simple et robuste - Haute performance
- Plug and play - Faible consommation - Autosuffisant
USAGE
UTILISATION
- Diagnostic, surveillance et études opérationnelles - Enquête épidémique - Maladies bactériennes : septicémie - Résistance antibiotique
TRANSPORTABLE -
Livré en kit Mobilier intégré Transportable par air / mer / terre Machine de levage non nécessaire
Livré en kit et déployable sur une superficie de 20 m2, le Mini-Lab est facilement transportable sur de nombreux terrains d’intervention. Le choix a été fait de trouver des substituts aux équipements automatiques qui demandent beaucoup de maintenance, qui sont chers et fragiles. Le laboratoire a été pensé pour être déployé facilement et être accessible financièrement pour des ONG ou des acteurs de soins locaux.
-F ormation minimale et modules d’apprentissage en ligne - Capacité de télé-laboratoire
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ABORDABLE
-M aintenance et conception adaptées aux environnements à faibles ressources
Accessible à des personnels non-experts Sur certains terrains d’intervention, il est difficile d’avoir accès à des personnels qualifiés en microbiologie ou à des résultats fiables. Le laboratoire a donc été conçu pour simplifier les manipulations, accompagner les étapes d’interprétation, etc. Les équipes soignantes bénéficieront de tous les outils nécessaires à la réalisation des analyses dans le cadre du Mini-Lab. Les résultats obtenus permettront de prescrire les antibiotiques adaptés aux résistances rencontrées.
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EN APARTÉ
Legs Partenariat et donations
Livre et exposition
Protéger des vies grâce à votre assurance-vie : un formidable geste de générosité
Montrer les lieux de vie pour raconter l’exil
Savez-vous que vous pouvez désigner Médecins Sans Frontières parmi les bénéficiaires d’une assurance-vie, déjà souscrite ou non, sans léser vos héritiers ? Souscrire un contrat d’assurance-vie auprès d’une banque ou d’un organisme d’assurance permet de constituer un capital par l’épargne pour vous ou pour vos proches. Elle peut aussi prendre un tout autre sens et devenir un formidable geste de générosité.
Sophie la girafe® renouvelle son soutien à MSF pour lutter contre la rougeole En 2018, la vente des coffrets award Sophie la girafe® a permis de financer 200 000 vaccins contre la rougeole, dépassant largement l’objectif initial. C’est donc tout naturellement que l’opération de produit-partage en faveur de MSF est reconduite jusqu’au 31 décembre 2019. Pour tout achat d’un coffret award, Sophie la girafe® reverse l’équivalent de 3 doses de vaccin contre la rougeole à MSF.
En effet, le détenteur d’une assurance-vie peut désigner un ou plusieurs bénéficiaires de son contrat et les modifier. Le montant de l’assurance-vie sera alors partagé entre les bénéficiaires au décès du souscripteur. Il est également possible de donner tout ou partie de son épargne de son vivant. En désignant MSF parmi les bénéficiaires d’une assurance-vie, vous nous permettez de prendre soin des populations vulnérables chaque jour et pour longtemps et, quel que soit son montant, d’avoir un impact direct sur nos missions de terrain. Avec 600 €, par exemple, vous financez l’achat d’une table d’accouchement. Et dans tous les cas, vous pouvez déduire 75 % du montant de vos dons de votre impôt sur le revenu, dans la limite de 20 %* de votre revenu net imposable. « J’ai décidé de prolonger mon engagement en couchant MSF sur mon testament et en la désignant bénéficiaire de mon contrat d’assurance-vie car je connais bien la qualité du travail de l’association. » Marie-Thérèse B. 86 ans, donatrice depuis 1986 *Au-delà, l’excédent sera reporté sur les 5 années suivantes et ouvrira droit à la réduction d’impôt dans les mêmes conditions.
Votre contact : Sandrine Silvestre Chargée des relations testateurs
Chaque intérieur de tentes, de cabanes ou de chambres dans les camps de réfugiés, les campements où les centres d’accueil est associé au portrait et au témoignage de ses habitants. Le projet REFUGE a été réalisé à bord de l’Aquarius, en Grèce, en Italie, en Allemagne et en France. Cette année, pour que la campagne se diffuse plus largement, Sophie la girafe® offre l’équivalent de 1 vaccin supplémentaire à MSF pour toute publication sur Facebook ou Instagram. Le principe est simple : 1 photo partagée avec un cœur sur le bras et le hashtag #1HEARTWITHSOPHIE = 1 vaccin offert ! » « Sophie la girafe est fière de renouveler son engagement contre la rougeole aux côtés de MSF. Nous encourageons également nos collaborateurs, partenaires et clients à donner directement à MSF tout au long de l’année, et particulièrement en période d’urgence. » précise Eric Rossi, Directeur général de Vulli (Sophie la girafe®). Une belle idée de cadeau solidaire pour les enfants !
Tél. : 01 40 21 57 00
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10 I MSF INFOS I Septembre 2019
MSF est partenaire du livre REFUGE qui sortira le 23 octobre 2019. Les photographies de Bruno Fert racontent l’exil en montrant les intérieurs où vivent les populations migrantes, de leur arrivée en Europe jusqu’à leur installation dans de véritables logements pérennes.
« Un intérieur est un lieu de vie, un foyer. C’est un lieu d’intimité. Il reflète ce que chacun possède et ce qu’il est, l’identité comme les aspirations. Ce qui m’intéresse c’est la façon dont ces hommes et ces femmes reconstituent un foyer avec quelques objets : objets gardés tout au long du voyage en souvenir de leur vie passée, objets fabriqués ou achetés pour améliorer leur quotidien, transformer leur refuge et éloigner leur détresse » explique Bruno Fert. Venez découvrir ces parcours de vie dans le cadre de l’exposition qui se tiendra du 28 octobre au 03 novembre 2019 à l’Espace Beaurepaire, à Paris. Une signature de livre sera également organisée le soir du vernissage le 31 octobre à partir de 18h00.
Informations pratiques : Date : À partir du 28 octobre 2019 Lieu : Espace Beaurepaire 28 Rue Beaurepaire - 75010 Paris
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EN QUESTION
C’est la rentrée dans votre Boutique Sans Frontières ! Découvrez notre nouvelle sélection de produits solidaires, notamment un poster géant à colorier de la marque OMY® et des articles enfants signés Les Déglingos®. En faisant vos achats sur la boutique MSF, vous soutenez directement nos actions sur le terrain auprès des plus vulnérables.
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LES CANCERS EN AFRIQUE : UNE NOUVELLE PRIORITÉ POUR MSF Claire Rieux, coordonnatrice de l’oncologie chez MSF
Les raisons pour lesquelles MSF s’investit dans la lutte contre le cancer en Afrique.
Pourquoi MSF s’investit-elle dans la lutte contre les cancers ? Les cancers sont de plus en plus fréquents sur nos terrains d’intervention et peu de pays disposent des ressources pour y faire face. Les inégalités d’accès à la prévention, aux diagnostics et aux traitements sont majeures entre pays du Nord et pays du Sud.* Par exemple, les chances de survie à 5 ans pour un cancer du sein n’excèdent pas 15 % en Afrique alors qu’elles dépassent 85 % dans les pays à ressources élevées.
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Comment avez-vous choisi vos priorités d’action ? Nous avons constaté que l’Afrique subsaharienne présente les plus importantes inégalités en matière de mortalité et les prévisions épidémiologiques sont inquiétantes avec un nombre de cas qui va doubler d’ici 2040. Les deux cancers les plus fréquents sont ceux du col de l’utérus et du sein. Au Mali par exemple, ces deux cancers représentent 30 % de tous les cancers, tous sexes confondus. Or, le cancer du col de l’utérus peut être prévenu par la vaccination contre le virus du papillome humain (HPV) et le dépistage. Les chances de guérison des cancers du sein sont élevées si le diagnostic est fait précocement et si les patients bénéficient des traitements adéquats.
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Quelles difficultés rencontrez-vous dans le traitement de ces maladies sur ces terrains ? Il y a des équipes médicales locales compétentes et dynamiques mais qui ont peu de moyens à leur disposition.
Les campagnes de prévention ou de dépistage ne sont pas suffisamment développées et 80 % des patients sont diagnostiqués à un stade avancé de leur maladie. C’est pourquoi nous avons commencé à développer les soins palliatifs avec nos collègues africains et nous nous investissons dans le dépistage et le diagnostic précoce. Le coût des traitements spécifiques (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie) est également problématique. Il reste très élevé et est majoritairement supporté par les patients et leur famille.
Quel peut-être le rôle de MSF pour l’amélioration de l’accès aux soins et pour le traitement des cancers, dans les pays à faibles ressources ? Il faut poursuivre la prise en charge des patients sur l’ensemble du parcours de soin : de la prévention au traitement curatif et palliatif. Il faut également réfléchir aux actions à mener pour contribuer à développer l’accès aux diagnostics et aux soins. Nous devons accentuer le plaidoyer pour mettre à disposition des traitements plus accessibles financièrement, accélérer la recherche sur des outils de diagnostic simplifiés, étendre l’utilisation de la télémédecine, etc. Les avancées en traitement des cancers sont tellement importantes, qu’il est désormais intolérable de voir que des pays à faibles ressources en soient privés. * Selon l’OMS, on comptabilise en 2018 dans le monde 18 millions de nouveaux cas et 9,5 millions de décès. 72,5 % de ceux-ci surviennent en Afrique, en Asie et en Amérique latine.
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