Hannibal et les Alpes
Une traversée, un mythe
des Alpes par le général carthaginois Hannibal Barca (247-183 avant J.-C.), est un thème très populaire et ô combien débattu. Un véritable mythe s’est construit autour de la figure d’Hannibal et de son périple, notamment sur la question du col franchi par l’armée punique, en raison de leurs caractères extraordinaires et du mystère qui les entoure encore. L’art et la littérature se sont rapidement emparés du phénomène qui a nourri au fil des siècles une production florissante. Encore aujourd’hui, Hannibal apparaît comme un modèle militaire et ses stratégies font toujours autorité, sans parler des éléphants de combat qui terrorisèrent alors les soldats ennemis, marquant profondément les esprits. Plusieurs spécialistes français et italiens, universitaires, conservateurs ou archéologues, apportent un éclairage nouveau sur les conditions du passage montagnard, sur son contexte (archéologie, gravures rupestres, éléments environnementaux, etc.), mais ils rappellent aussi les sources historiques qui le mentionnent et l’engouement extraordinaire que cette traversée suscite depuis plus de vingt-deux siècles.
Hannibal et les Alpes
L’épisode de la Deuxième Guerre punique (219-202 avant notre ère), avec la fameuse traversée
Une traversée, un mythe
Ouvrage collectif sous la direction de Jean-Pascal Jospin et Laura Dalaine.
Hannibal Une traversée
un mythe
et les Alpes ISBN 978-2-88474-244-3
Hannibal et les Alpes
Illustrations de couverture - Tête barbue et laurée d’Hannibal assimilé à Héraclès-Melqart, une massue sur l’épaule. Monnaie des Barcides frappée en Espagne, dishekel en argent. 237-209 av. J.-C. Département des Monnaies, médailles et antiques, BnF. (Luynes 3958). © Bibliothèque nationale de France. - Gottlob Heinrich Leutemann, La Traversée des Alpes par Hannibal (détail), 1866. Images de l’Antiquité XIII. Les Carthaginois. Münchener Bilderbogen, n°438, publié par Caspar Braun et Friedrich Schneider. Gravure coloriée. © Photographie Denis Vinçon / Musée dauphinois. - En chemin vers un col de la région du Mont Cenis par lequel Hannibal aurait pu passer. © Photographie Denis Vinçon / Musée dauphinois Impression Graphicom, 36100 Vicenza, Italie © 2011, Infolio éditions, CH - Gollion, www.infolio.ch, info@infolio.ch ISBN 978-2-88474-126-2 Maquette : Anne-Catherine Boehi El Khodary Mise en page : A.-C. Boehi El Khodary et Camille Meier
Hannibal Une traversée, un mythe
et les Alpes Coordination de l’ouvrage : Jean-Pascal Jospin et Laura Dalaine
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Contributions et remerciements
Pages précédentes : d’après Jules Romain, 13e pièce de la Tenture de l’Histoire de Scipion : La Bataille de Zama, 16881689. Tapisserie : basse lisse, fil de soie, laine ; H. 435 cm ; L. 740 cm. Atelier de JeanBaptiste Mozin. Copie à l’envers d’après la tenture de Jacques d’Albon, maréchal de Saint-André, Bruxelles, 1588. Musée du Louvre, Paris. (OA5394). © RMN / Daniel Arnaudet
L’exposition « Hannibal et les Alpes » présentée au Musée dauphinois de Grenoble d’avril 2011 à juin 2012 a été réalisée par Jean-Pascal Jospin, conservateur en chef au Musée dauphinois, sous la direction de Jean-Claude Duclos, directeur du Musée dauphinois (2000-2010) et de Jean Guibal, directeur de la culture et du patrimoine du Conseil général de l’Isère.
Conseillers scientifiques de l’exposition et auteurs de l’ouvrage - Andrea Arcà, cooperativa archeologica Le Orme dell’Uomo et Istituto Italiano di Preistoria e Protostoria - Françoise Ballet, conservateur en chef du patrimoine, Conservation départementale du Patrimoine de la Savoie - Giovanni Brizzi, professore, Université de Bologne, Faculté de lettres et de philosophie, département d’histoire antique - Laura Dalaine, historienne et historienne de l’art, stagiaire au Musée dauphinois - Filippo Maria Gambari, dottore, Surintendance aux Biens Archéologiques de la Ligurie, Gênes - Philippe Leveau, professeur émérite d’antiquités nationales de l’Université de Provence, Centre Camille Jullian, UMR 6573, Aix-en-Provence - Luca Mercalli, climatologue, président de la Société météorologique italienne et éditeur en chef de la revue Nimbus - Philippe Raffaelli, conservateur des antiquités et objets d’art, Conservation départementale du Patrimoine de la Savoie - Mégane Revil Baudard, historienne, stagiaire au Musée dauphinois - Émilie Rey, archéologue, conception des cartes, stagiaire au Musée dauphinois - Francesco Rubat Borel, dottore, Surintendance aux Biens Archéologiques du Piémont et du Musée des Antiquités Égyptiennes, Turin - Michel Tarpin, directeur du CRHIPA, professeur d’histoire de l’art et d’archéologie à l’Université Pierre Mendès-France, Grenoble - Laëtitia Vendittelli, historienne et archéologue, entreprise Arkhaia - Petruta Vlad, historienne de l’art, chargée de mission au Musée dauphinois La réalisation de ce catalogue ainsi que celle de l’exposition n’auraient pas été possibles sans les collaborations de nombreuses personnes et institutions qui ont apporté leurs conseils, prêté leurs collections et fourni les documents et les ressources iconographiques qu’ils conservent. Qu’ils en soient remerciés - Musée départemental archéologique Jérôme Carcopino, Aléria, Corse : Jean-Claude Ottaviani, conservateur - Musée Savoisien et Musée des Beaux-arts, Chambéry : Chantal Fernex de Mongex, conservateur en chef ; Laurence Sadoux-Troncy, chef du service ressources scientifiques et documentaires ; Solenne Paul, responsable de l’atelier photographique ; Jean-Pierre Angella, chef du service technique et responsable des collections archéologiques du Musée Savoisien - Conservation départementale du Patrimoine de la Savoie, Chambéry - Site et Musée archéologique d’Ensérune : Marie-Laure Fromont, Administrateur du site et du musée ; Maeva Méplain, département de la conservation des collections, Centre des monuments nationaux ; Christian Olive, archéologue, DRAC Languedoc-Roussillon, SRA - Musée de l’Ancien Évêché, Grenoble : Isabelle Lazier, conservateur en chef - Musée de Grenoble : Anne Laffont, documentaliste et photothécaire - Bibliothèque d’étude et d’information, Grenoble : Christine Carrier, directeur des bibliothèques ; Marie-Françoise Bois-Delatte, conservateur en chef et responsable du département Patrimoine ; Sandrine Lombard, service reproduction - Musée des Beaux-arts, Lyon : Geneviève Galliano, conservateur des Antiquités ; François Planet, chargé du Médaillier
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- Musée des Confluences, Lyon : Bruno Jacomy, directeur ; Elsa Lépine, régie des collections - Musée des Ursulines, Mâcon : Marie Lapalus, conservateur en chef des musées de Mâcon ; Benoît Mahuet - Bibliothèque municipale, Tours : Michèle Prevost, conservateur en chef des Fonds patrimoniaux - Bibliothèque nationale de France, Paris - Parc national de la Vanoise - Musée d’Archéologie de Catalogne, Barcelone : Xavier Llovera Massana, directeur ; Teresa Llecha, conservatrice - Universitäts und Landesbibliothek, Düsseldorf - Badisches Landesmuseum, Karlsruhe : Prof. Dr Harald Siebenmorgen, directeur ; Suzanne Erbelding, conservateur, archéologie romaine, département des civilisations antiques - Städtische Museen, Augustinermuseum, Freiburg im Breisgau : Dr Detlef Zinke - Bayerisches Nationalmuseum, Munich : Dr Matthias Weniger, conservateur - Württembergische Landesbibliothek, Stuttgart : Ute Becker ; Magdalene Popp-Grilli - Koninklijke Bibliotheek, Bibliothèque royale des Pays-Bas, La Haye : Tanja de Boer, conservatrice en chef des collections - Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles - Kunsthistorisches Museum, Vienne - Médiathèque du Valais, Martigny - Surintendance aux Biens Archéologiques du Piémont et du Musée des Antiquités Égyptiennes : Egle Micheletto, directrice ; Federico Barello, dottore ; Francesco Rubat Borel, dottore - L’Atelier des Charrons - Muséographie et scénographie : Pierre-Yves Guillot ; Charlotte Soubeyrand - Agence photographique de la Réunion des Musées Nationaux : Raphaëlle Cartier, iconographe ; Annie Madec, documentaliste - Amina et Wissal Boutenbat - Marielle Boucharat, restauratrice - Sophie Dormoy, iconographe, Les Cahiers de Science et Vie - Hervé Frumy, graphiste - Jean-Marie Gassend, illustrateur, architecte et archéologue émérite, Institut de Recherche sur l’Architecture Antique, Maison méditerranéenne des sciences de l’homme, Aix-en-Provence - Claus Hattler, conservateur et archéologue - Jean-Benoît Héron, illustrateur - Anne Jospin - Olivier Lemaître, auteur-réalisateur, infographiste 3D - Thomas Lemot, cartographe - Jean-Pierre Martin, historien - Laurie Martin, chargée de communication, Office du Tourisme de Montgenèvre - Marc Miquel - Jean-Paul Morel, professeur émérite d’archéologie et d’histoire de l’art romain, Université de Provence, Maison méditerranéenne des sciences de l’homme, Centre Camille Jullian, Aix-en-Provence - Jean Prieur, professeur honoraire d’histoire romaine, Université Pierre Mendès-France, Grenoble - Pierre Putelat, Les Éditions du Queyras, photographe et illustrateur - Daniel Roger, conservateur du patrimoine, Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, Musée du Louvre, Paris - Jean Soutif, illustrateur - Donato Spedaliere, illustrateur - Claude-Alain Wambergue - Florence Andreacola et Stéphanie Rouanet, chargées de mission au Musée dauphinois - Gaëlle Grimoldi, Laurent Rizzo et Éloïse Roch, stagiaires au musée dauphinois
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Sommaire
Avant-propos Jean Guibal
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Hannibal Giovanni Brizzi
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La Deuxième Guerre punique Giovanni Brizzi
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L’armée d’Hannibal Giovanni Brizzi
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Hannibal, les sources antiques et la construction d’un mythe Michel Tarpin
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Polybe et Tite-Live Mégane Revil Baudard
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Les Gaulois des deux versants des Alpes Filippo Maria Gambari et Francesco Rubat Borel
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Les hommes en armes et les armes dans l’art rupestre du Second Âge du Fer dans le Val de Suse et la Valcenischia Andrea Arcà
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Guerriers et chars dans l’art rupestre de l’Âge du Fer, Aussois, Maurienne Françoise Ballet et Philippe Raffaelli
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Poininos / Poeninus : un faux ami entre la langue celtique et Poeni, le nom latin des Carthaginois Francesco Rubat Borel
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Hannibal et les Alpes : l’identification du col franchi et son contexte environnemental Philippe Leveau et Luca Mercalli
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Les « blindés » d’Hannibal, quels éléphants ? Jean-Pascal Jospin et Laëtitia Vendittelli
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Hannibal, archétype de l’imaginaire héroïque Petruta Vlad
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Par quel col Hannibal est-il passé ? Une littérature sans fin… Laura Dalaine
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Chronologie générale
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Quelques références bibliographiques
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Avant-propos Anonyme, Le passage des Alpes par Hannibal et la Bataille de Cannes, illustration de L’Histoire romaine de TiteLive, fol. 121r, Monastère de Marmoutier, 1465. Enluminure. Bibliothèque municipale, Tours. (Ms. 984). © Bibliothèque municipale de Tours, Ms 984, F° 121. © IRHT-CNRS
Le moment choisi pour présenter au Musée dauphinois une exposition et le présent ouvrage consacrés à Hannibal et les Alpes correspond, de façon toute fortuite, à la sortie en France d’un film de la grande tradition hollywoodienne sur le même héros antique (Hannibal the Conqueror). Gageons que les fameux éléphants et le franchissement des Alpes y occuperont la meilleure place. Ainsi continue à se transmettre, plus de deux mille deux cents ans après une aventure militaire dont
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la réalité n’a jamais été contestée, un récit légendaire tout à la gloire du célèbre Carthaginois. Dès lors, historiens et archéologues, réunis pour assurer le conseil scientifique de l’exposition et rédiger les textes de cet ouvrage, se retrouvent face à une double problématique : comprendre (tenter de comprendre !) et expliquer au public, à partir des textes anciens et des traces archéologiques, la réalité de cette traversée des Alpes, ou tout au moins son interprétation la plus vraisemblable ; mais tout autant comprendre (tenter de comprendre !) les raisons de l’intérêt que manifestent les populations, alpines tout au moins, pour ce personnage historique et son épopée. Il y a donc deux patrimoines, qu’il s’agit de ne surtout pas opposer. Le Musée dauphinois, de longue date sensibilisé à la valeur du patrimoine dit désormais « immatériel » – naguère dit « ethnologique », plus avant encore « folklore » – ne pouvait s’y tromper : le mythe, ou plutôt le récit légendaire, présente autant d’intérêt que la réalité historique ; sans confondre les deux domaines, bien évidemment, même s’ils interagissent l’un avec l’autre. Charles Joisten, conservateur au musée de 1968 à 1981, avait ouvert magistralement le champ de la littérature orale alpine, dont il est devenu l’un des grands spécialistes français. Et c’est lui qui, au début des années 1950, rencontre un interlocuteur à Rochebrune, près de Gap, qui lui raconte qu’Hannibal était passé dans son village ; sans que l’on sache si ce récit était transmis depuis le IIIe siècle av. J.-C. par la tradition orale, ou s’il avait été « rénové » par les érudits, leurs ouvrages ou l’école. On est donc en devoir de se demander ce qui fonde cette célébrité au long cours et cet engouement populaire. D’aucuns pensent que c’est son statut de « résistant » à la domination romaine qui fait d’Hannibal le héros des peuples de la Méditerranée. Sans doute aussi intervient la fascination pour ce guerrier « barbare », à la tête d’une armée d’une taille démesurée, sans comparaison possible. Plus sûrement, son périple, de Carthage à Rome, un parcours correspondant à la moitié de
la rive méditerranéenne, n’a dû cesser d’intriguer et de susciter l’admiration. Et dans le parcours sont évidemment valorisés les obstacles naturels, le franchissement des Pyrénées, du Rhône et bien sûr des Alpes. C’est ce dernier obstacle qui nous importe, sans doute le plus emblématique dans le récit légendaire, puisque la neige attendait notre héros sur les cols alpins, en ce mois de novembre 218 avant notre ère Enfin, on ne peut que penser – au risque de l’anachronisme ! – que cet Africain symbolise l’altérité absolue, celle-là même que représenteront bien plus tard les Maures et autres Sarrazins venus nourrir tout un autre imaginaire ; peut-être celle-là même dont sont aujourd’hui victimes les Maghrébins, qu’ils soient immigrés dans les pays du nord de la Méditerranée ou demeurant dans ces pays actuellement en révolution. Le concept de « choc des civilisations » était peut-être déjà à l’œuvre dans les mentalités, avec tous les risques et toutes les dérives que l’on imagine. Mais, on l’aura compris, le principal attribut de l’image d’Hannibal, celui que l’imagerie populaire ou savante (de Turner à Goya et jusqu’à Dali) retient avant tout autre, c’est bien évidemment la présence des éléphants. Jean-Pascal Jospin a beau rappeler, dans les pages qui suivent, que l’armée d’Hannibal ne comptait que trente-sept pachydermes, contre huit mille chevaux et sans doute trente-huit mille hommes, rien n’y fait ! Le spectacle devait être parfaitement organisé pour que l’on retienne uniquement la présence de ces animaux exotiques. Ainsi vont les grands récits populaires s’inspirant de l’histoire. Mais cette figure, qui ne fut pas même un héros national (sauf pour la Tunisie contemporaine), présente un autre caractère, celui d’avoir retenu la même attention passionnée de la part des érudits et des savants. On ne peut en effet que remarquer avec quelle vigueur ils débattent, tout particulièrement la question du lieu de passage des Alpes, ce col dont les textes anciens nous disent seulement qu’il était enneigé et que l’on pouvait y embrasser du regard la plaine du Pô ! Ce débat souvent tendu,
dont rend compte une bibliographie tout à fait exceptionnelle, témoigne lui aussi que nous ne sommes pas, face à l’histoire d’Hannibal, devant un thème ordinaire. C’est plus sereinement que le Musée dauphinois se montre attentif à tous les patrimoines, à leur signification comme aux symboles qu’ils véhiculent. Jean Guibal
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Jean-Marie Gassend, La colonne de l’armée carthaginoise dans les Alpes, observée par des Gaulois, 2008 et Le passage du Rhône avec les éléphants, 2011. Aquarelles. © Jean-Marie Gassend, IRAA, Aix-Marseille Université-CNRS, MMSH
Les « blindés » d’Hannibal : quels éléphants ? Jean-Pascal Jospin avec la collaboration de Laëtitia Vendittelli
Les éléphants de guerre dans l’Antiquité
Décadrachme dit « de Pôros ». Le roi indien Pôros, juché sur un éléphant, retourne sa lance contre un cavalier. Monnaie en argent, Babylone, vers 330 av. J.-C. Département des Monnaies, médailles et antiques, Bibliothèque nationale de France, Paris (ACQ 1978-21). © Bibliothèque nationale de France
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uand on évoque le passage d’Hannibal dans les Alpes, vient immédiatement à l’esprit, le sujet des éléphants. Et pourtant, selon Polybe, la formidable armée du général carthaginois comprenait trente-huit mille hommes, huit mille chevaux, quelques milliers de mulets, et seulement trente-sept pachydermes (3, 35). Inutile de dire que ces animaux, inconnus en Gaule, ont dû faire une forte impression sur les populations locales au point de laisser des témoignages qui passèrent à la postérité. Le souvenir en était d’autant plus fort que ces pacifiques animaux d’Afrique avaient été transformés en instrument de guerre par les Puniques. Mais ces derniers n’avaient pas été les initiateurs de leur utilisation militaire. Inconnus alors en Occident, Alexandre en eut le premier la révélation lors la bataille de Gaugamèles (Mésopotamie) contre les Perses en 331 av. J.-C. puis dans ses combats contre les tribus de la vallée de l’Indus. Mais c’est le roi grec d’Épire, Pyrrhus, qui le fit connaître en Occident. Appelé en tant que chef mercenaire par les habitants de Tarente, la plus grande cité grecque d’Italie du Sud, à combattre la menaçante confédération
romaine, Pyrrhus traversa le détroit d’Otrante (Italie du Sud), avec une armée de vingt-cinq mille hommes et vingt éléphants indiens que lui avait fournis son beau-père, Ptolémée Soter Ier, roi d’Égypte (Denys d’Halicarnasse, Fragments, 69, 14). Cependant l’expédition subit une terrible tempête, et Pyrrhus en fut réduit à gagner la terre à la nage, avec deux mille guerriers, un peu de cavalerie et deux éléphants. Surnommés par les Romains « vaches de Lucanie », d’après la région d’Italie du Sud où ils les avaient vus pour la première fois, les éléphants terrorisèrent la cavalerie romaine, et Pyrrhus remporta à Héraclée (près
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Hannibal et les Alpes
de Métaponte) sa première victoire (280 av. J.-C.) (Plutarque, Vies parallèles, 6, 15). Devant cette « arme » nouvelle de guerre, les Romains ne tardèrent pas à trouver des parades. Ainsi à la bataille d’Asculum (près d’Ordona), ils utilisèrent une machine tractée par des bœufs depuis laquelle les soldats tiraient divers projectiles sur les pachydermes, sans succès il est vrai, puisque Pyrrhus y remporta une victoire où les éléphants jouèrent un rôle décisif : « Et ce furent les éléphants dont la force et la fougue contribuèrent le plus à son succès. Les Romains ne purent déployer leur courage dans cette sorte de combat mais emportés comme par un razde-marée ou par un tremblement de terre, ils crurent qu’il fallait céder et ne pas attendre une mort inutile » (Plutarque, Vies parallèles, 5, 21). Au contraire, la tradition rapportée par Elien raconte que l’éléphant redoute entièrement le grognement du porc et que les Romains arrêtèrent la marche de Pyrrhus à Asculum (Pline, Histoire naturelle, 8, 9 ; Elien, De la nature des animaux, 1, 35 ; 16, 36). Répondant à l’appel lancé par une autre cité grecque de Sicile attaquée par des forces carthaginoises, l’intrépide Pyrrhus s’embarqua pour l’île avec ses éléphants, en 278 av. J.-C. La campagne fut sans lendemain, car les Carthaginois évitèrent d’affronter l’ennemi, et donc les éléphants, dans une bataille ouverte, préférant se mettre à l’abri dans leurs villes fortifiées.
Lingot décoré d’un éléphant. L’éléphant est sans doute inspiré des éléphants d’Asie employés par le roi Pyrrhus qui a envahi l’Italie en 280 av. J.-C. Utilisé comme monnaie romaine, bronze, IIIe siècle av. J.-C. © Droits réservés
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Les « blindés » d’Hannibal, quels éléphants ?
De retour en Italie, Pyrrhus, fut, à la bataille de Bénévent (près de Capoue), défait à la fois par les Romains, mais aussi par ses propres éléphants, pris de panique et qui dans la confusion de la bataille se retournèrent contre leurs propres troupes. Cette victoire permit au consul Marius Curius Dentatus en février 274 av. J.-C. de s’emparer de quelques pachydermes (quatre, dont une mère et son petit) et de les ramener à Rome pour célébrer son triomphe, où il est rapporté qu’ils avaient une tour sur le dos (Eutrope, Breviarum, 2, 14 ; Sénèque, De Brevitate Vitae, 13 ; Florus, 1, 18 ; Pline, Histoire naturelle, 8, 6) Mais les Carthaginois adoptèrent rapidement ce nouveau moyen militaire, dont ils avaient pu constater l’efficacité comme la fonction dissuasive. Il est probable que cette expérience les décida ensuite à capturer des éléphants dans les montagnes de l’Atlas pour les apprivoiser. Cette nouvelle force fut utilisée pour la première fois contre les Romains en 262 av. J.-C. quand cinquante pachydermes furent envoyés en Sicile durant la Première Guerre punique par les Carthaginois et où les Romains capturèrent la plupart d’entre eux à la bataille d’Agrigente (Sicile). Les officiers romains savaient comment parer les attaques de l’animal et sa capture fut certainement l’occasion d’analyser son comportement, sans pour autant l’incorporer dans l’armée (Polybe, 1, 19-20).
La petite espèce africaine Sa figuration assez fréquente à l’avers du monnayage punique d’Espagne fait d’ailleurs de l’éléphant l’animal totémique des Barcides. Selon Serge Lancel, ce sont d’ailleurs ces représentations monétaires qui permettent de le classer non pas dans la catégorie de l’éléphant d’Asie mais dans celle de l’éléphant d’Afrique. Des oreilles aux pavillons énormes, une croupe rebondie et non pas tombante, une trompe annelée, au lieu d’être lisse dans l’espèce asiatique, et de longues défenses distinguent l’espèce d’Afrique de celle d’Asie. Selon le chercheur Philippe Leveau, il s’agirait d’un éléphant de forêt de plus petite taille (Loxodonta cyclotis) plutôt que l’éléphant africain de brousse (Loxodonta africana) réputé indomesticable. Sa taille au garrot ne dépassait pas les 2,80 mètres. Dans ses Histoires, Hérodote signalait cette espèce déjà au Ve siècle avant notre ère dans les confins sud de l’actuelle Tunisie (4, 191). Le texte du Périple d’Hannon, gravé à Carthage sur une stèle aujourd’hui disparue et dont nous connaissons la transcription en grec, le situait dans les régions côtières du Maroc. Au début de notre ère Pline l’Ancien (Histoire naturelle, 8, 5) a reconnu un habitat au pied de l’Atlas marocain, non loin des « Colonnes d’Hercule » (détroit de Gibraltar). Dans ces diverses régions du Maghreb antique, où la couverture forestière était alors plus
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Embarquement d’un éléphant sur un bateau. L’animal de petite taille (éléphant de l’Atlas), furieux (ses pavillons sont écartés), doit être embarqué prudemment à l’aide de cordages attachés à ses pattes pour la traversée de la Méditerranée. Mosaïque, villa de Véiès, IVe siècle apr. J.-C. Badisches Landesmuseum, Karlsruhe (Inv. 98/388). © Badisches Landesmuseum, Karlsruhe
Éléphant transportant des défenses sur son dos. Stèle funéraire en pierre, Rome, voie appienne, Ier-IIe siècles de notre ère. Musées du Vatican. © Photographie Claude Alain Wambergue
importante que de nos jours, ils se sont maintenus jusqu’aux premiers siècles de notre ère. Leur extinction paraît moins la cause d’une raréfaction de la végétation que la chasse systématique dont ils furent victimes, en particulier pour approvisionner les amphithéâtres de la Rome impériale, grande consommatrice dans ses jeux d’animaux sauvages. Selon Serge Lancel la taille de ces éléphants interdisait qu’on les harnache d’une tour de combat : cependant à la bataille de Cannes les Romains attaquèrent les éléphants de guerre carthaginois avec des tisons enflammés mettant le feu à des châteaux de bois qui abritaient des archers. Selon les textes, Hannibal quant à lui chevauchait un éléphant de grande taille nommé Surus, qualifié de gétule (ou libyen) (Tite-Live, 22, 2).
L’utilisation des « blindés » par Hannibal Peu de textes témoignent de la tactique employée par les Puniques pour l’utilisation des éléphants dans les combats. À la bataille de la Trébie, les trente-sept éléphants d’Hannibal furent placés avec la cavalerie numide aux deux ailes de l’infanterie légère. Servie par une cavalerie supérieure en nombre et harcelante, l’armée d’Hannibal enfonça l’infanterie lourde romaine par une charge de cavalerie appuyée par les éléphants qui écrasèrent bon nombre d’ennemis acculés à la rivière. Selon Polybe, après la bataille tous les éléphants périrent des souffrances du froid ou des conséquences de leurs blessures, sauf un, Surus (3, 74, 10). TiteLive, quant à lui, parle de sept survivants (21, 13). Difficile à utiliser dans les combats, ce corps d’armée avait un effet d’abord dissuasif pour les hommes comme pour les chevaux si l’on en croit Plutarque : « À la fin, comme les éléphants surtout accablèrent les Romains dont les chevaux, même à distance, ne pouvaient en soutenir la vue […]. Pyrrhus lança la cavalerie thessalienne sur les ennemis en désordre, les mit en déroute et en fit un grand carnage. » (Vies parallèles, 5, 17, 6). Lors du périple en Gaule et dans les Alpes, et selon les besoins stratégiques, Hannibal les plaça tantôt en tête de l’armée, tantôt en arrière : « les éléphants furent d’une grande utilité pour [Hannibal] ; l’ennemi n’osa jamais approcher la partie de la colonne où ils étaient placés, terrorisé qu’il était par l’étrangeté de leur apparence » (Tite-Live 21, 4).
Le passage du Rhône et des Alpes La traversée du Rhône s’avéra particulièrement difficile, à la fois d’un point de vue logistique, mais aussi parce qu’une armée romaine commandée par Scipion marchait au-devant des Carthaginois tandis que des Gaulois hostiles (peut-être les Volques) les attendaient sur l’autre rive. Selon les textes, les ingénieurs d’Hannibal construisirent ce qu’on appellerait aujourd’hui des « pontons flottants » qu’ils placèrent de
Guerrier galate foulé aux pieds par un éléphant de guerre. Au cours de la Bataille des éléphants en 273 av. J.-C., le roi Antiochos Ier et ses seize éléphants ont mis en déroute les Galates, Gaulois d’Asie Mineure. Terre cuite, Myrina (Asie Mineure), milieu du IIe siècle av. J.-C. Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, Musée du Louvre, Paris (MYR284). © RMN / Gérard Blot
Hannibal et les Alpes
chaque côté du fleuve et firent traverser les éléphants sur deux radeaux recouverts de terre. Mais dès que les amarres des radeaux furent coupées et que les rameurs entrèrent en action sur des bateaux remorqueurs, quelques pachydermes furent pris de panique et certains plongèrent dans l’eau. Des cornacs se noyèrent, tandis que tous les éléphants atteignirent l’autre rive. À cette époque de l’année (en automne sans doute) et à l’endroit de la traversée du Rhône, le fleuve ne devait pas dépasser les 2,50 à 3 mètres de haut puisque selon Polybe ceux qui s’étaient jetés dans le fleuve marchèrent sur le fond du lit en faisant fonctionner leur trompe comme un tuba (3, 46, 12). Malgré les incidents, la construction des radeaux et la manœuvre de transbordement obéissaient à des préparatifs minutieux et calculés. La taille d’un radeau a été estimée par Philippe Leveau à près de 250 m², pouvant supporter le poids de trois éléphants à la fois (15 tonnes). Polybe comme Silius Italicus qui décrit l’opération font une brève allusion à l’usage de câbles permettant de contrôler la trajectoire des radeaux depuis les pontons de départ (Polybe, 3, 43, 3 ; Silius Italicus, Punica, 3, 460-461). À la nage ou sur un radeau, tous les éléphants passèrent le Rhône pour continuer leur route vers les Alpes. Faire passer des éléphants dans les Alpes, qui plus est à la belle saison, n’est pas en soi un exploit. Toutes les tentatives modernes pour faire circuler un ou plusieurs pachydermes à haute altitude se sont révélées positives, ces dernières explorations relevant d’ailleurs plus de l’animation folklorique que de la démonstration scientifique. Songeons donc que l’éléphant asiatique, cousin proche de l’africain, habite et travaille à haute altitude dans les montagnes du Bhoutan ou du Népal. En revanche, pour le Barcide, l’exploit était bien réel, tellement, en cette fin d’automne de l’an 218 avant notre ère, les conditions météorologiques, l’absence dans la caravane de soutien logistique, ajoutées à la guérilla presque permanente des Gaulois et des Alpins, rendaient l’entreprise hautement plus périlleuse qu’une promenade touristique avec des éléphants de cirque.
Gaston Bussière, La charge des éléphants, 1920. Huile sur toile ; H. 115 cm ; L. 90 cm. Musée des Ursulines, Mâcon (Inv. A.1003). © P. Plattier / Musées de Mâcon
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Les « blindés » d’Hannibal, quels éléphants ?
Une des difficultés de l’expédition avec les éléphants résidait dans le parcours, sinueux et escarpé, avec, somme toute, des chemins plutôt que des pistes, peut-être mal entretenus et surtout dégradés par les intempéries et les mouvements saisonniers des terrains de montagne. Une fois le col passé, le terrain de la redescente était tellement périlleux qu’il fallut trois jours à un contingent de Numides pour établir un chemin suffisamment large pour le seul passage des éléphants (Polybe, 3, 20).
La mort des « blindés » Déjà pendant la Première Guerre punique en 250 av. J.-C., les Carthaginois commandés par Hasdrubal subirent une défaite à Panormus (Palerme, en Sicile) contre le consul romain Lucius Caecilius Metellus parce que leurs éléphants avaient fait demi-tour et marchaient contre leur propre camp (Polybe, 1, 90). Plutôt que d’utiliser ces animaux comme auxiliaires de guerre, les Romains préféraient former un corps d’élite, qui à la Bataille de La Trébie (218 av. J.-C.) s’attaquèrent aux éléphants : « Des vélites, disposés pour cet effet, leur firent tourner le dos, en leur lançant des javelines acérées ; puis, se précipitant sur leurs traces, ils les perçaient sous la queue, à l’endroit où leur peau plus molle était plus accessible au fer » (Tite-Live, 21, 5). Les Romains comprirent rapidement que les éléphants n’étaient dangereux que sur les champs de batailles classiques dans de grandes plaines ouvertes et sans relief, où ils avaient loisir de manœuvrer. Sur un terrain pentu boisé, dans les rues étroites, ils pouvaient être aussi nuisibles pour leur propre camp que pour celui de l’adversaire. C’est en 207 av. J.-C., qu’Hasdrubal, le frère d’Hannibal qui passa à son tour les Alpes, mais sans encombre, fut arrêté en Italie du Nord à la bataille du Métaure. Il perdit à la fois la vie et la bataille notamment parce que ses dix éléphants, ayant échappé à tout « contrôle, chargèrent de tous côtés comme des navires sans gouvernail et pris entre deux lignes, et qui ne savent plus à laquelle ils appartiennent » (Titelive, 27, 49, 1). Pourtant les cornacs sur le point
de perdre le contrôle de leurs montures, affolées par les blessures reçues ou par le vacarme du combat, avaient consigne d’abattre l’éléphant sur place en enfonçant un ciseau dans sa nuque à l’aide d’un maillet. Dans la fureur d’un combat on comprendra aisément que cette opération était difficile à conduire. Enfin c’est à Zama (202 av. J.-C.), lors de l’ultime défaite de la Deuxième Guerre punique sur le sol africain que les Carthaginois utilisèrent une dernière fois les éléphants de combat. Devant l’offensive des pachydermes, Scipion donna l’ordre à ses lignes d’infanterie de ménager des couloirs en profondeur pour mieux les laisser s’engouffrer dans la masse ennemie et mourir transpercés de coups de javelines portés sur les flancs (Polybe, 15, 12).
Éléphant et son cornac. Monnaie en argent (dishekel), Espagne, 237209 av. J.-C. Département des Monnaies, médailles et antiques, Bibliothèque nationale de France, Paris (LUYNES 3958). © Bibliothèque nationale de France
Bibliographie · S. Lancel, Hannibal, Paris, Fayard, 1995. · P.-E. Klingbeil, La marche d’Hannibal : ravitaillement et stratégie, Antiquités africaines, 36, 2000, p. 15-37. · P. Leveau, Le franchissement du Rhône par Hannibal : le chenal et la navigation fluviale à la fin de l’Âge du Fer, Revue archéologique, 35, 2003. · E. Babelon, L’éléphant d’Hannibal, Revue numismatique, 1896, p. 1-13.
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Hannibal et les Alpes
Une traversée, un mythe
des Alpes par le général carthaginois Hannibal Barca (247-183 avant J.-C.), est un thème très populaire et ô combien débattu. Un véritable mythe s’est construit autour de la figure d’Hannibal et de son périple, notamment sur la question du col franchi par l’armée punique, en raison de leurs caractères extraordinaires et du mystère qui les entoure encore. L’art et la littérature se sont rapidement emparés du phénomène qui a nourri au fil des siècles une production florissante. Encore aujourd’hui, Hannibal apparaît comme un modèle militaire et ses stratégies font toujours autorité, sans parler des éléphants de combat qui terrorisèrent alors les soldats ennemis, marquant profondément les esprits. Plusieurs spécialistes français et italiens, universitaires, conservateurs ou archéologues, apportent un éclairage nouveau sur les conditions du passage montagnard, sur son contexte (archéologie, gravures rupestres, éléments environnementaux, etc.), mais ils rappellent aussi les sources historiques qui le mentionnent et l’engouement extraordinaire que cette traversée suscite depuis plus de vingt-deux siècles.
Hannibal et les Alpes
L’épisode de la Deuxième Guerre punique (219-202 avant notre ère), avec la fameuse traversée
Une traversée, un mythe
Ouvrage collectif sous la direction de Jean-Pascal Jospin et Laura Dalaine.
Hannibal Une traversée
un mythe
et les Alpes ISBN 978-2-88474-244-3