LE JOURNAL DES EXPOSITIONS AV R I L 2 0 0 8 M u s é e d a u p h i n o i s • G r e n o b l e N u m é r o 1 3 L’actualité
Premiers bergers
des Alpes De la préhistoire à l’Antiquité
La nouvelle exposition du Musée dauphinois se lance sur les traces des communautés qui se sont succédé dans les Alpes en décrivant, à la lumière des informations révélées par l’archéologie, de quelle façon les pratiques pastorales ont pu s’installer et se transmettre. Un voyage dans le temps, sur la piste des bergers et de leurs troupeaux, qui dévoile une facette du rapport de l’homme à la montagne.
L’aventure commence au MoyenOrient, quelque 10 000 ans avant notre ère, lorsque des communautés déjà sédentarisées se mettent à pratiquer la culture des céréales et à domestiquer, à partir d’espèces sauvages, tous les animaux qui peuplent nos fermes : chèvres, moutons, bœufs, porcs.
Modifiant son rapport à l’animal – de chasseur, l’homme devient éleveur – ainsi qu’à son environnement, l’humanité d’alors va peu à peu renouveler son système de pensées et son mode de vie. Dès ses premiers pas dans l’exposition le visiteur transporté sur les monts Zagros est placé au cœur de ces peuplades engagées dans ce que l’on nomme « la révolution néolithique ». Quelle nécessité aurait contraint ces nomades collecteurs, vivant de la chasse, de la pêche et de la cueillette, à décider de vivre autrement ? Les scientifiques sont aujourd’hui formels : rien, ni les conditions climatiques, ni la nature, ne justifiait un tel bouleversement des mentalités. Et pourtant, au-delà d’une révolution économique exprimée par la production de nourriture,
Édito C’est grâce à l’animal que l’homme a pu s’établir en montagne. Tant qu’il vit de chasse, de pêche et de cueillette, il ne fait qu’y circuler mais dès qu’il trouve là de quoi nourrir son cheptel, ses incursions vont devenir régulières. Et quand il parvient à cultiver des céréales, toutes les conditions sont réunies pour qu’il s’y fixe. De là date, il y a quelque sept mille ans, la sédentarisation des premières communautés alpines. Sans la viande, le lait, la peau, le fumier, la chaleur et la force motrice des animaux, rien de tel n’eut été possible en altitude. Encore fallait-il, bien sûr, que ces communautés pionnières aient disposé de savoir-faire adéquats et d’herbivores domestiqués. Cela devint possible, on le sait, lors d’un événement majeur de l’histoire de l’humanité : la néolithisation. Suite en page 2