LE JOURNAL DES EXPOSITIONS MARS 2012 Musée dauphinois • Grenoble Numéro 20 Édito
Actualité
Voyage dans ma tête Antoine de Galbert* est connu à Grenoble comme galeriste, amateur d’art contemporain. Il préside la fondation la maison rouge** à Paris depuis huit ans et expose aujourd’hui au Musée dauphinois sa collection de coiffes.
Comment vous est venue cette passion ? Antoine de Galbert : « Je me suis initié tout d’abord à l’art ethnique aidé par quelques amis collectionneurs. De fil en aiguille je me suis intéressé aux coiffes. Elles procèdent elles-mêmes d’une expression artistique et je me suis senti beaucoup plus libre dans ce domaine qui est immense : le monde entier se couvre la tête ! De surcroît, les notions de « faux » et « d’authenticité » propres aux œuvres d’art en sont absentes.
J’ai acheté la première coiffe il y a une vingtaine d’années : un petit chapeau en plumes de casoar. Je me suis rendu compte plus tard qu’il n’était pas destiné à un humain mais à une statue ! Mais c’est surtout lorsque je me suis installé à Paris que tout a commencé. En fait, une collection se constitue lentement, un peu à son insu : je crois qu’on ne sait pas qu’on commence à collectionner, on achète quelques objets puis un jour on se dit : « C’est bizarre, je collectionne ! ». Ça ne se décide pas vraiment. Les collectionneurs sont des gens très touchants, obsédés par la pièce manquante : leur marotte n’est pas simple à vivre. En réalité un collectionneur est une sorte d’artiste qui construit, sans même le savoir, son autoportrait.
Plus de 20 000 personnes ont déjà visité en trois mois l’exposition Un air d’Italie, venant confirmer l’intérêt et parfois la passion pour l’Isère des Isérois, et pas seulement de ceux qui sont d’origine italienne. L’évocation, dans ce musée de patrimoine régional, de l’identité culturelle pour le moins complexe de notre département est précieuse. Après les Arméniens, les Grecs, les Maghrébins, etc., il était temps de reconnaître la place que les communautés d’origine italienne occupent dans l’histoire de notre département. Sur tout le territoire isérois, ce sont plus d’une centaine de manifestations culturelles qui ont célébré les liens qui unissent nos deux peuples par-delà les Alpes. Après l’Italie en Isère, après l’évocation du monde ouvrier contemporain vu sous l’objectif de Bernard Ciancia, le Musée se devait d’élargir son regard, de considérer désormais les cultures à l’échelle de la planète. La collection de coiffes ethniques qu’a bien voulu nous confier Antoine de Galbert permet en effet de présenter la diversité des cultures et d’évoquer son devenir. Bien au-delà de la seule valeur esthétique de ces couvre-chefs, c’est une interrogation profonde sur le devenir de l’humanité qui est proposée aux visiteurs du Musée. N’est-ce pas justement le rôle du patrimoine, et du musée en particulier, que de nourrir de tels débats ? André Vallini Président du Conseil général Sénateur de l’Isère