LE JOURNAL DES EXPOSITIONS MARS 2012 Musée dauphinois • Grenoble Numéro 20 Édito
Actualité
Voyage dans ma tête Antoine de Galbert* est connu à Grenoble comme galeriste, amateur d’art contemporain. Il préside la fondation la maison rouge** à Paris depuis huit ans et expose aujourd’hui au Musée dauphinois sa collection de coiffes.
Comment vous est venue cette passion ? Antoine de Galbert : « Je me suis initié tout d’abord à l’art ethnique aidé par quelques amis collectionneurs. De fil en aiguille je me suis intéressé aux coiffes. Elles procèdent elles-mêmes d’une expression artistique et je me suis senti beaucoup plus libre dans ce domaine qui est immense : le monde entier se couvre la tête ! De surcroît, les notions de « faux » et « d’authenticité » propres aux œuvres d’art en sont absentes.
J’ai acheté la première coiffe il y a une vingtaine d’années : un petit chapeau en plumes de casoar. Je me suis rendu compte plus tard qu’il n’était pas destiné à un humain mais à une statue ! Mais c’est surtout lorsque je me suis installé à Paris que tout a commencé. En fait, une collection se constitue lentement, un peu à son insu : je crois qu’on ne sait pas qu’on commence à collectionner, on achète quelques objets puis un jour on se dit : « C’est bizarre, je collectionne ! ». Ça ne se décide pas vraiment. Les collectionneurs sont des gens très touchants, obsédés par la pièce manquante : leur marotte n’est pas simple à vivre. En réalité un collectionneur est une sorte d’artiste qui construit, sans même le savoir, son autoportrait.
Plus de 20 000 personnes ont déjà visité en trois mois l’exposition Un air d’Italie, venant confirmer l’intérêt et parfois la passion pour l’Isère des Isérois, et pas seulement de ceux qui sont d’origine italienne. L’évocation, dans ce musée de patrimoine régional, de l’identité culturelle pour le moins complexe de notre département est précieuse. Après les Arméniens, les Grecs, les Maghrébins, etc., il était temps de reconnaître la place que les communautés d’origine italienne occupent dans l’histoire de notre département. Sur tout le territoire isérois, ce sont plus d’une centaine de manifestations culturelles qui ont célébré les liens qui unissent nos deux peuples par-delà les Alpes. Après l’Italie en Isère, après l’évocation du monde ouvrier contemporain vu sous l’objectif de Bernard Ciancia, le Musée se devait d’élargir son regard, de considérer désormais les cultures à l’échelle de la planète. La collection de coiffes ethniques qu’a bien voulu nous confier Antoine de Galbert permet en effet de présenter la diversité des cultures et d’évoquer son devenir. Bien au-delà de la seule valeur esthétique de ces couvre-chefs, c’est une interrogation profonde sur le devenir de l’humanité qui est proposée aux visiteurs du Musée. N’est-ce pas justement le rôle du patrimoine, et du musée en particulier, que de nourrir de tels débats ? André Vallini Président du Conseil général Sénateur de l’Isère
Une nouvelle histoire
Antoine de Galbert devant les coiffes des îles Banks (Vanuatu, Océanie). montage de l’exposition au musée dauphinois à droite : Ensemble de Coiffes Lega, Afrique centrale, République démocratique du Congo, région du Kivu En Bas : Ornement pour la tête sanggori (homme ou femme) Toraja. Fin XIXe siècle. Asie, Indonésie
« Chaque coiffe, et plus généralement chaque œuvre collectée par un amateur, véhicule une histoire artistique, ethnographique, culturelle, sociologique... Mais les raisons pour lesquelles un collectionneur s’approprie un objet ne sont pas uniquement scientifiques, car celui-ci l’enrichit de sa propre histoire ; pourquoi l’a-t-il acheté, à quel endroit, à quel moment, qui en était le propriétaire, en compagnie de qui était-il ? La naissance des objets est étudiée par les ethnologues ou les historiens, mais ce qu’il advient ensuite, le fait qu’ils parviennent miraculeusement jusqu’à nous des années ou des siècles plus tard, est du domaine du destin et de la magie. Chaque coiffe de la collection a donc une histoire qui lui est propre. Ainsi je me souviens de Port Vila au Vanuatu où, accompagné de mon amie, j’ai fait l’achat des quatre coiffes des îles Banks à un ancien instituteur, marchand improvisé sorti d’un roman de Conrad, dans son jardin parsemé d’objets de toutes sortes et infesté de moustiques, par quarante degrés et 100 % d’humidité. Ces coiffes ne sont certainement pas anciennes mais c’est ce souvenir précis qui leur donne une autre valeur ».
Antoine de Galbert
Comment s’est constituée cette collection ? Êtes-vous un grand voyageur ? Je n’étais pas spécialement un grand voyageur, je le suis devenu. Mais la plupart du temps je ne rapporte pas d’objets, je voyage pour rencontrer et comprendre ceux qui portent ou qui portaient ces coiffes ; c’est ce qui donne du sens à certaines d’entre elles. Et puis, je m’étais rendu compte qu’il n’y avait pas de visages sous ces coiffes. C’est sans doute aussi pour cela que j’ai eu besoin de voyager, pour réactiver ces objets détournés de leur histoire. Enfin, toute œuvre d’art, par les croyances ou la magie qui s’y expriment, pose la grande question de l’au-delà. Et s’il existe une idée force dans ma collection, c’est bien celle-ci.
Mes coiffes sont surtout achetées entre Paris et Bruxelles, dans des ventes publiques ou chez des particuliers. Quelquefois je trouve une pièce dans une brocante ou un grenier car il y a souvent un grandpère qui a vécu quelque part dans le monde. Je me suis fixé comme règle de ne pas acquérir de coiffes occidentales car je ne constitue pas une anthologie du chapeau. Quels sont vos critères de choix ? L’ancienneté en est-il un ? La plupart de mes coiffes ne sont pas très anciennes ; elles datent du début du XXe siècle, plus rarement du XIXe. La beauté d’un couvrechef ne dépend pas de son âge, son intérêt provient de l’authenticité du rite pour lequel il a été conçu et porté. Mais je ne suis ni ethnologue, ni historien de l’art et c’est uniquement le coup de cœur qui guide mes choix. J’ai constitué une collection de formes, de couleurs, de matières et d’odeurs. On peut parler de « cabinet de curiosités », qui représentent autant de voyages que je n’ai pas faits. Aujourd’hui j’achète de moins en moins, je voudrais même me
séparer des pièces qui ne sont pas vraiment rares. Les milliers de lega de l’ancien Congo belge, par exemple, ne m’intéressent pas. En revanche, j’aimerais élargir ma collection d’Alaska et de Sibérie. Il m’arrive aussi de refuser une offre trop onéreuse, telle cette coiffe extraordinaire ornée de perles et de trois hermines, provenant du détroit de Béring, que je regrette maintenant de ne pas avoir acquise. Vous aviez déjà présenté vos coiffes en 2010 à la maison rouge. En quoi cette exposition au Musée dauphinois est-elle différente ? Tout d’abord, Grenoble est ma ville natale, j’y ai gardé beaucoup d’amis et après Paris, je ne pouvais exposer que dans ce musée d’ethnographie contemporaine qui touche à la sociologie, à l’art populaire, aux traditions. La maison rouge présentait quelque 400 coiffes organisées par thématiques : la religion, le mariage, etc. Au Musée dauphinois, la sélection resserrée de 165 coiffes, les choix scénographiques et le regard d’ethnologues proposent un éclairage autre que la valeur esthétique de l’objet. De plus, vous avez décidé d’établir un lien avec les coiffes alpines. Et en effet, quel que soit le territoire, l’usage que l’on fait des coiffes est sensiblement le même, le monde a partout les mêmes préoccupations : il doit se couvrir. On se coiffe donc tous de la même façon ? On en est tous à se protéger du soleil ou exprimer son pouvoir par un chapeau, mais dans la
Sur la tête comme au ciel, différence. C’est ce qui rend le monde plus beau, la diversité est un enrichissement, pas une peur ni un péril. Il est vrai qu’aujourd’hui tout perd son sens, une casquette Nike portée à New York ou à Papeete ne sert à rien, qu’à une sorte d’uniforme mondial. Malheureusement, les coiffes de ma collection ne sont plus utilisées, souvent même elles ne sont plus conservées dans leur pays d’origine. Néanmoins, elles restent chargées des rituels et des croyances qu’elles incarnaient et par conséquent elles ont valeur de témoignage. n * Antoine de Galbert, né en 1955, travaille dans la gestion des entreprises, avant d’ouvrir une galerie d’art contemporain à Grenoble. Parallèlement il débute une collection qui prend de plus en plus d’importance dans sa vie. En 2000, il choisit de créer une fondation, la maison rouge, pour donner à son engagement une dimension pérenne et publique. ** Créée en 2004 à Paris à l’initiative d’Antoine de Galbert, la maison rouge est une fondation privée reconnue d’utilité publique. Sa mission est de promouvoir la création contemporaine en organisant, au rythme de trois par an, des expositions temporaires, monographiques ou thématiques, confiées pour certaines à des commissaires indépendants. Si la maison rouge ne conserve pas la collection de son fondateur, Antoine de Galbert, amateur d’art engagé sur la scène artistique française, elle est imprégnée par sa personnalité et sa démarche de collectionneur. Ainsi depuis l’exposition inaugurale, L’intime, le collectionneur derrière la porte, la maison rouge poursuit une programmation d’expositions sur la collection privée et les problématiques qu’elle soulève. Installée dans une ancienne usine réhabilitée dans le quartier de la Bastille, face au port de l’Arsenal, elle occupe 2500 m² dont 1300 m² de surface d’exposition qui s’étendent autour d’un pavillon qui lui a donné son nom. Celuici témoigne de la volonté de faire du lieu un espace convivial où le visiteur peut voir une exposition, assister à une conférence, explorer la librairie, boire un verre… L’aménagement des espaces d’accueil a été confié à l’artiste JeanMichel Alberola. La maison rouge 10 boulevard de la Bastille à Paris (XIIe ) www.lamaisonrouge.org
une œuvre de Jean-Michel Alberola
Comment devenir (un vrai) collectionneur en trois étapes ? Il faut une vie pour constituer une collection. Commencer par l’achat de quelques pièces qui très vite seront complétées par de nouveaux trésors qui envahiront votre intérieur. Le « vrai » collectionneur est celui qui achète des œuvres au-delà de sa capacité d’accrochage. Mais l’accumulation n’est pas la seule clé. En matière d’art contemporain, le format des œuvres est une distinction importante. Ainsi, certains collectionneurs acquièrent des œuvres non domestiques qui nécessitent de grandes capacités de stockage. Dernière étape et pas la moindre : « rendre utile une collection ». Antoine de Galbert prête souvent aux musées pour les besoins de leurs expositions, un état d’esprit qui n’est pas forcément répandu parmi tous les collectionneurs. « Face à l’immensité de la création, le collectionneur, à moins d’être totalement visionnaire, est dans le risque absolu. Seul, constituer une sorte d’autoportrait peut lui faire accepter de passer à côté de l’histoire, la collection devant alors une œuvre. »
Publication Voyage dans ma tête. La collection de coiffes ethniques d’Antoine de Galbert De Bérénice Geoffroy-Schneiter, Gérard Wajcman, Antoine de Galbert Éditions Fage. Juin 2010. 256 pages, illustré, 35€. Ouvrage publié à l’occasion de l’exposition éponyme à la maison rouge, du 12 juin au 26 septembre 2010.
Artiste contemporain né en 1953, Jean-Michel Alberola vit et travaille à Paris. Dans le sillage des conceptuels, il manipule photographies, cartes postales, objets trouvés, films et textes, pour les assembler en peinture. Il mêle et s’inspire d’univers aussi variés que la bande dessinée ou la peinture impressionniste d’Edouard Manet. Lors de la première présentation de la collection d’Antoine de Galbert à la la maison rouge, Jean-Michel Alberola a représenté une carte du monde en dérive sur laquelle des silhouettes de coiffes des cinq continents s’agrègent pour former une « macro-coiffe » imaginaire. Pour le Musée dauphinois est réalisée une version inédite d’un planisphère où les peuples portant les quelque cent soixante couvrechefs exposés seront situés.
EXPOSITION PRÉSENTÉE DU 10 MARS AU 2 JUILLET 2012.
Autour de l’exposition MERCREDI 21 MARS À 18H30
• Conférence de Bérénice GeoffroySchneiter, historienne de l’art MERCREDI 30 MAI À 18H30
• Rencontre avec Antoine de Galbert MERCREDIS 11 ET 18 AVRIL DE 14H À 17H
• Ateliers pour enfants de 8 à 12 ans « Un chapeau sur mesure », animés par la modiste Carole Perron. Inscription obligatoire. Durée 3h. 7€60. SAMEDI 17 ET DIMANCHE 18 MARS, DE 14H
• Venez couverts pour un Voyage dans ma tête ! À l’occasion du « weekend musées » organisé les 17 et 18 mars par le magazine Télérama, le Musée dauphinois invite le public à participer au voyage proposé par Antoine de Galbert en se parant d’un couvre-chef sorti de sa malle à souvenirs. Pourvu qu’il fût porté pour un événement particulier, pour des raisons professionnelles ou simplement par plaisir, les formes, les couleurs ainsi que les matériaux les plus divers sont attendus… Ceux qui le souhaitent poseront dans un « Photomaton » improvisé puis raconteront l’histoire de leur chapeau. On les retrouvera sur le site internet du musée : www.musee-dauphinois.fr
Coiffe de mariage d’homme Lampung. Asie, Sumatra, Indonésie. Coiffe palikur Oyapok, Amérique du Sud
Au fil du temps
L’Isère voit midi à sa porte
Petit cadran solaire en cuivre (XVIIIe siècle) Montre solaire/ boussole, boîtier en bois plein s’ouvrant comme un livre cadran multifaces visible dans le cloître du Musée
Les cadrans solaires en Isère Chantal Mazard, Presses universitaires de Grenoble, 146 pages, 30 €
Dès l’âge le plus reculé, l’homme a voulu matérialiser l’idée du temps qui s’écoule. Du bâton planté dans le sol jusqu’à l’horloge atomique, des techniques de plus en plus sophistiquées ont été imaginées. Chantal Mazard* nous invite à découvrir une facette de cette passionnante histoire du temps dans l’ouvrage qui vient d’être publié : « Les cadrans solaires en Isère ».
Chantal Mazard s’est intéressée à toutes sortes de patrimoines. Mais c’est à la lecture de l’inventaire des cadrans solaires de l’Isère, réalisé par l’atelier Tournesol**, qu’un déclic s’est produit. Aujourd’hui, elle songe même à installer un cadran sur la façade de sa maison… La publication qu’elle a rédigée à partir de cet inventaire est une lente promenade à travers le département, au fil des cadrans solaires de nos villages. La centaine présentée dans l’ouvrage révèle la diversité de ce patrimoine à part entière, qui compte en Isère plus de sept cents cadrans repérés, décrits et photographiés. Ils sont l’œuvre de cadraniers, concepteurs scientifiques et artistiques dont les plus connus en Isère, Liobard et Pascalis (XVIIIe et XIXe siècles),
s’opposent par leur style et leur sensibilité. Notre département est l’un des plus riches en cadrans conservés. Cinq cent cinquante sont antérieurs à la Seconde Guerre mondiale et près de deux cents sont des créations contemporaines. Cependant l’inventaire réalisé n’est pas exhaustif, loin s’en faut ! Certains, par exemple, n’ont pu être identifiés en raison de leur mauvais état et comme « un cadran solaire est une œuvre d’art, créée par un artiste et restaurée par un spécialiste, il est donc préférable de le laisser tel quel plutôt que de mal le restaurer ». Dans le cloître du Musée dauphinois deux cadrans s’imposent. Un scaphé gallo-romain en calcaire du IVe siècle dont le style (cette pointe qui porte l’ombre sur le cadran) a disparu. Les douze lignes des heures, gravées à l’intérieur de la demi-sphère, sont encore perceptibles. Le second est un cadran multifaces en pierre sculptée et gravée, créé en 1793 en pleine période révolutionnaire. Mais peut-être découvrironsnous un jour exposés au Musée dauphinois les cadrans solaires diptyques de poche – ancêtres de
nos montres – dotés d’une boussole, datant des XVIIe et XVIIIe siècles. Chantal Mazard espère les voir restaurés, étudiés et présentés au public. À bon entendeur ? n *Archéologue, conservateur en chef du patrimoine qui a assuré des missions tant au service de l’administration des Monuments historiques que du Conseil général de l’Isère. ** L’atelier Tournesol est une association fondée en 1986 par Christiane Guichard, fresquiste et Jean-François Dana, gnomoniste. Elle a son siège à la Casamaures, maison mauresque bien connue située à l’entrée de Grenoble.
Interview
Denis Vinçon, photographe au Musée dauphinois Comment es-tu devenu photographe ? Adolescent, je n’aimais pas particulièrement la photographie, les photographes restaient pour moi toujours en marge de la fête ! Mais après des études en génie thermique, j’ai été reçu à l’Institut de Promotion Commerciale de Colmar, spécialisé dans la photo et le cinéma. La partie commerciale ne m’intéressait pas beaucoup et j’ai orienté mes stages sur la photographie. J’ai ensuite assisté Adolfo Fiori (grand photographe de Nature morte) à Paris qui est devenu mon maître et a aiguisé mon regard. En 1991, je me suis installé à mon compte à Grenoble comme photographe pendant treize ans. Je faisais principalement des
reportages pour des institutions comme le CEA, le Conseil général de l’Isère et la Métro. Et puis, j’ai postulé au Musée dauphinois pour remplacer Yves Bobin qui partait à la retraite. En quoi consiste le travail de photographe dans un musée ? C’est un travail très ouvert. Je suis sollicité autant pour photographier les collections que pour les besoins en communication. Par ailleurs, je participe à la campagne de numérisation en fournissant la matière photographique, je vérifie aussi le travail des sous-traitants. J’interviens également auprès de l’équipe du service du patrimoine culturel. Par exemple, j’étais à Bourgoin-Jallieu récemment pour
photographier une clinique qui n’existera bientôt plus que dans l’inventaire du patrimoine isérois ! Quelles sont tes activités artistiques personnelles ? Actuellement, j’étudie deux sujets dont je ne sais s’ils seront exposés. Le premier sur le thème de la chaise vide, que je fais voyager en différents endroits, dans un musée, au Palais du Parlement ou dans une usine à Lancey avant sa fermeture, où la chaise vide devient une symbolique forte. Le deuxième sujet, « L’entre deux » est un travail sur le portrait où je scrute l’espace entre la vie et la mort. D’ailleurs dans toutes mes photographies, l’idée de la mort physique, sociale, se révèle presque malgré moi. n
En bref Nouvelles acquisitions Alexandre Debelle, carnet de croquis titré « Tunis », 1861 Alexandre Debelle, dessin au trait, 1844
D’un grenier aux réserves du Musée dauphinois L’association Corepha* de Voreppe a fait don au Musée dauphinois d’un ensemble d’œuvres d’Alexandre Debelle (1805 – 1897) constitué de treize dessins (oiseaux, études, portrait de saint Luc), d’un carnet de dessins réalisés en Tunisie en 1861-1862, d’une photographie et de six moulages en plâtre retrouvés dans le grenier de la maison de l’ancienne gouvernante de l’artiste. Ces œuvres rejoignent la collection
importante de peintures et d’estampes, notamment les vingt-six dessins préparatoires pour les décors de la chapelle privée dite « des Papeteries » à Rives. Commandée par Léonce Blanchet, cette chapelle fut construite par l’architecte Berruyer en 1847. * Corepha : Comité de Recherche et de Promotion de l’Histoire et de l’Art.
Mobilier du Queyras Le Musée dauphinois vient d’acquérir une armoire, un coffre à grains, un lit et deux pétrins
Le courrier Après avoir connu des réflexions racistes telles que « Retourne dans ton pays, sale macaroni », je suis très émue de cette reconnaissance et vous remercie de nous faire revivre ces moments. n L’intégration réussie des Italiens si souvent soulignée en France, ne s’est pas faite sans difficultés. En témoignent les actes italophobes – parfois très violents – qui ont jalonné leur arrivée ou les réflexions que les migrants ont eu à subir au quotidien, durant des décennies. Comme c’est dur de venir un jour « manger le pain des autres » et pourtant on le gagnait ! n Cette main-d’œuvre italienne a grandement contribué au développement économique de ce département en travaillant dans des secteurs d’activité qui souvent étaient délaissés par la population locale, en raison de la pénibilité de certains métiers, par ailleurs bien peu rémunérés.
Bel hommage rendu aux immigrés italiens. Parfois un peu caricatural mais pris avec beaucoup d’humour car d’origine italienne ! Grâce à nos parents, un bel avenir nous est ouvert. n C’est bien un hommage en effet que le musée a souhaité rendre à ces migrants dont les apports à notre territoire ont été injustement ignorés. Très belle exposition, il la fallait. Une lacune cependant : notre père et grand-père a été un des pionniers du carrelage en Isère. Arrivé à 16 ans en France, à Grenoble, fuyant le fascisme, il construit à la force de ses bras une entreprise employant bientôt jusqu’à plus de 100 ouvriers (…) Les carreleurs ne sont pas cités dans les savoir-faire : pourtant de nombreuses sociétés se sont montées, travaillant avec de grands noms locaux de travaux publics, Italiens
provenant de la famille Philip à Saint-Véran, hameau du Raux. Ce mobilier avait été repéré il y a 33 ans par Charles Joisten, alors conservateur au Musée dauphinois, venu enquêter sur les contes populaires à Saint-Véran.
Mouvements Une maquette d’une maison en pisé de Brézins au 1/20e est présentée au Grand Séchoir/ Maison de la noix à Vinay pour l’exposition Pisé, entrez en matière présentée jusqu’en décembre 2012.
des visiteurs eux aussi : Perrino Bordone, Biasini, Fileppi, Carpano… n Cette histoire de la présence italienne en Isère doit être encore nourrie. Nous en avons conscience. Votre témoignage en est une nouvelle fois la preuve à travers cette évocation des carreleurs isérois, originaires de la péninsule, que nous ignorions. Voici un savoirfaire de plus à ajouter à la liste déjà longue de ceux que les migrants ont apportés à l’Isère. Cœurs d’ouvriers, du bonheur plein les yeux, merci pour tant de beauté (autant pour les travaux du photographe que pour le lieu). n Merci !
Ils ont directement répondu à la question posée en fin d’exposition « Un air d’Italie » : DONNEZ VOTRE AVIS ! Des expositions sur des populations d’origine étrangère ontelles, selon vous, leur place dans un musée de patrimoine régional ? « Les populations d’origine étrangère ont leur place au musée si un lien est établi avec la région. » n Pour cette exposition comme pour toutes les autres, le Musée dauphinois veille à présenter des cas particuliers, tous liés à notre territoire (l’Isère, le Dauphiné, les Alpes, selon les sujets) ; et ne présente jamais des généralités. Ce n’est pas de la communauté italienne en général, dont il est question, mais bien de celle qui s’est installée en Isère. « Absolument. Expo super qui permet de combattre la xénophobie ambiante ! » n C’est effectivement une des missions d’un musée de société, et l’une des plus belles,
que de favoriser le respect des cultures, et plus généralement le respect des autres, quels qu’ils soient.
« C’est bien mais j’aurais aimé plus de détails sur certains parcours. En fait il manque une liste de livres traitant le sujet. » n Mais il faut lire l’ouvrage qui accompagne et complète l’exposition ! « Oui ! Mais parler de la Mafia serait intéressant je pense. » n Mais nous en avons parlé, dans l’exposition. Peut-être de façon trop discrète, mais la référence est présente. La mafia est la plus connue des organisations criminelles et elle est liée à l’Italie, mais chaque communauté a ses « mafieux » !
Réagissez sur le blog : unairditalie-museedauphinois.blogspot.com
En Isère
Ce que nous devons
Présentée au Musée dauphinois du 16 octobre 2010 au 9 janvier 2012, l’exposition Ce que nous devons à l’Afrique proposait d’évaluer les apports du continent africain à notre civilisation, tant par son histoire que par ses valeurs, et de contredire nombre d’idées fausses qui trouvent écho dans notre société.
L’intérêt qu’a suscité cette exposition, bâtie avec plus d’une centaine d’acteurs associatifs et culturels isérois en lien avec l’Afrique, a conduit le musée et le service de la Lecture publique du Conseil général de l’Isère à réaliser une
version itinérante qui puisse être diffusée dans tout le département, et plus particulièrement au sein du réseau des bibliothèques et des établissements scolaires. Composée de treize panneaux, cette version itinérante parcourt l’histoire de l’Afrique, de l’origine de l’humanité à nos jours. Elle traite également des défis actuels – politiques, économiques et sociaux – que ce continent doit relever. C’est à la plume d’Anne Jonas, auteur de nombreux livres de littérature jeunesse, que la rédaction des textes a été confiée. L’exposition itinérante reste riche
Hans Sylvester
à l’Afrique
de l’iconographie que le musée avait rassemblée. Elle sera disponible à partir du 25 avril prochain, date de sa présentation en avant-première à la Maison du territoire des Vals du Dauphiné, à La Tour-du-Pin. Informations et réservation à la Bibliothèque départementale de l’Isère / Lecture publique (04 76 63 30 70 - service animation) ou au Musée dauphinois (04 57 58 89 11) n
Exposition 2012
Les dessous de l’Isère
Histoire de la lingerie féminine au XXe siècle Vous avez été nombreux à répondre à notre appel, en novembre dernier, pour venir témoigner des sentiments qui vous lient toujours à l’histoire de ce secteur de l’industrie textile et du rôle important qu’il tint sur notre territoire. Chacune de ces rencontres a apporté son lot de souvenirs et d’informations utiles quant à notre connaissance des trois principales sociétés de lingerie féminine en Isère que sont Valisère, Lou et Playtex.
Chaque récit a donné sa représentation de l’entreprise. La « piqueuse » et la contre-maîtresse ont raconté leurs tâches soumises au rendement dans l’atelier, leur rapport aux « patrons », l’évolution de leur carrière et les liens « entre filles ». La modéliste a dépeint le studio de création où naissaient, à chaque
collection, les nouveaux modèles inspirés des tendances parisiennes. Les dirigeants ont rappelé comment l’activité de leurs sites de production était soumise, par le groupe industriel, à des prises de décisions stratégiques et comment leur survie était liée à des alliances économiques. Ces rencontres ont aussi permis la collecte de photographies, de journaux et de films d’entreprises, de « réclames » et de publicités mais aussi de sousvêtements inédits, documents précieux pour une présentation concrète et souvent bien surprenante de ces entreprises. D’autres acteurs de cette aventure industrielle nous informent encore sur leur implication dans cette histoire qui se perpétue puisque d’autres sociétés sont toujours
présentes sur notre territoire (Jabouley, Perrin et fils, Bouvelle). Par leurs compétences et leur savoirfaire, elles maintiennent leur place dans l’économie internationale de la lingerie, du Brésil à l’Asie... n Exposition présentée à partir de décembre 2012.
Entretien avec les anciens directeurs de l’Usine Playtex (La Tour-du-Pin) par Laurie Blandin, étudiante en Histoire contemporaine, Université Grenoble
Hannibal et les Alpes
Une traversée, un mythe Jusqu’au 2 juillet 2012
Un air d’Italie. Prochaine exposition
Portrait de famille L’apparition du daguerréotype en 1839 transforme le rapport à l’image et à la représentation de soi. Ce procédé révolutionnaire connaît très vite un fort engouement et la deuxième moitié du XIXe siècle ne cesse de perfectionner la technique de la photographie : par la commercialisation de négatifs sur verre prêts à l’emploi puis avec l’apparition du tirage sur papier.
La photographie demeure cependant l’affaire d’amateurs éclairés capables de mener les nombreuses manipulations chimiques nécessaires à la réalisation de l’image. La famille Flandrin, qui compte à la fois des artistes et des scientifiques, fut
séduite par cette technologie et constitua sur plusieurs générations, un fonds photographique d’une valeur documentaire inestimable. L’exposition présentera un siècle de photographies, des années 1840 aux années 1940, provenant des collections du Musée dauphinois. Aux portraits de famille posant devant l’objectif comme dans l’atelier d’un peintre, succèderont des images plus naturelles, prises sur le vif. Au fil du parcours, on découvrira ainsi quels étaient les loisirs de la bourgeoisie grenobloise des années 1900 : excursions en tricycle, courses hippiques, patinage en plein-air ou parties de croquet. Des images de promenades familiales en montagne ou d’excursions organisées par les toutes nouvelles associations d’alpinisme accompagneront celles des travaux d’aménagement des premiers refuges. Entre humour de carabins et soins donnés aux nouveaux-nés, une exceptionnelle série de photographies plongera au cœur de la vie de l’hôpital et de l’internat de Grenoble entre 1860 et 1890. n Exposition présentée à partir d’octobre 2012.
La présence italienne en Isère Jusqu’au 17 septembre 2012
Cœurs d’ouvriers. Un travail photographique de Bernard Ciancia Jusqu’au 17 septembre 2012
Gens de l’alpe La Grande histoire du ski LE JOURNAL DES EXPOSITIONS Numéro 20 • Mars 2012 Directeur de la publication : Jean Guibal Conception, coordination : Agnès Jonquères Rédaction : : Zoé Blumenfeld-Chiodo, Olivier Cogne, Jean Guibal, Agnès Jonquères, Franck Philippeaux. Conception graphique : Hervé Frumy Réalisation graphique : Francis Richard Crédits photographiques : Denis Vinçon, Patricia Kyriakides, Franck Philippeaux Imprimerie du Pont-de-Claix / Tirage 10 000 ex. Dépôt légal : 1e trimestre 2012 • ISSN en cours
Musée dauphinois Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 10h à 18h du 1er septembre au 31 mai et de 10h à 19h du 1er juin au 31 août. Fermetures exceptionnelles les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre. 30 rue Maurice Gignoux 38031 Grenoble cedex 1 Téléphone 04 57 58 89 01
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L’entrée est gratuite dans les musées départementaux.