Sur les berges de la rivière Sangha

Page 1

AU MUSEE DAUPHINOIS DU 2 AU 28 FÉVRIER 2011

UNE EXPOSITION PHOTOGRAPHIQUE DE PHILIPPE FABREGUE ET DES HABITANTS DE OUESSO [Congo Brazzaville]

SUR LES BERGES

DE LA

RIVIÈRE SANGHA

DOSSIER DE PRESSE

Contact presse Agnès JONQUÈRES a.jonqueres@cg38.fr 04 57 58 89 11



Musée dauphi noi s, G renobl e SU R L ES B ER GES DE L A RI VI ER E SA N GHA Du 2 au 28 févri e r 2 0 1 1 Dossi er de p ress e

Sur les berges de la rivière Sangha L’EXPOSITION Au nord du Congo Brazzaville, au cœur de la forêt équatoriale, Ouesso s’étend sur les rives de la Sangha. Chasse, pêche, cueillette, culture du manioc, bric à brac de petits commerces et débrouillardise poussée à l’extrême font vivre les quelque 20 000 habitants de la cité. La forêt, seule ressource de la région, souffre de l’exploitation intensive des grandes entreprises européennes. Cette industrie profite peu à la population et la contraint même à se sédentariser, bousculant ainsi les traditions et la culture ancestrales. Par la photographie Philippe Fabrègue s’est proposé de fixer ces grands bouleversements et a poussé plus loin l’exercice en confiant la caméra aux habitants d’un quartier ou d’une communauté afin qu’ils livrent à leur tour, au-delà des mots, les clichés de leur actualité. Confronter l’image à la réalité du quotidien, puis en débattre dans la famille et dans le groupe, engagent chacun à devenir acteur de la transformation sociale. C’est alors que la photographie peut être considérée comme un acte citoyen. L’exposition rend compte du travail photographique réalisé par quelques habitants de Ouesso. Elle raconte en une quarantaine de tableaux, les gestes quotidiens hérités des ancêtres, la détermination des femmes, la préparation d’une journée de pêche sur les bords de la Sangha, la menace de disparition du marché couvert datant de l’époque coloniale - devenu lieu de vie central de la cité - ou encore la forêt lacérée par les larges pistes.

« Au cours de l'année 2010 une vingtaine d’habitants de Ouesso, utilisant pour la première fois un appareil photo, captent les scènes de leur quotidien, le marché, la forêt toute proche, le fleuve complice. Le soir, autour des clichés révélés par l'ordinateur, ils débattent de questions soulevées par les uns et les autres : place des femmes, des minorités, des jeunes, tradition ou modernité, rôle des institutions et des églises. La corruption, le chômage et la forêt menacée font partie de leurs longues discussions. C'est ce que racontent les photographies qu'ils ont sélectionnées. Elles nous disent qui ils sont, à nous dont le pays fut longtemps la puissance coloniale et reste si présent, aujourd’hui encore, dans le fonctionnement économique et institutionnel du Congo. A leur demande j'ai mêlé mon regard au leur, emmêlé plutôt. Ici ou là dans l'exposition, quelques-unes de mes photographies expriment mon respect, ma complicité et mon amitié. » Philippe Fabrègue. Cette exposition rejoindra Ouesso au printemps 2011 pour être accueillie en Préfecture.

Page 2 sur 10


Musée dauphi noi s, G renobl e SU R L ES B ER GES DE L A RI VI ER E SA N GHA Du 2 au 28 févri e r 2 0 1 1 Dossi er de p ress e

EXTRAITS

Le marché • Au centre du village, un vaste marché dominé par un vieux bâtiment de briques et de bois, réservé aux Noirs à l'époque coloniale. Avec les années, une marée de tôles enchevêtrées, d'ombres profondes et de lumières aveuglantes, d'allées étroites, souvent boueuses, ont élargi son périmètre. Encombré de brouettes de gibier, de poisson, de légumes et de fruits, il est caverne d'Ali Baba, souk oriental bourdonnant tôt le matin, avant que la chaleur moite n'altère la marchandise. Tous, écoliers, femmes partant au champ de manioc, fonctionnaires avant l'ouverture des bureaux, anciens, handicapés, marchands ambulants de médicaments, cigarettes, poches plastiques remplies d'eau « potable » s'y retrouvent, négocient la bonne affaire. […] Ce marché serait trop petit, trop délabré. Vraie ou fausse, la rumeur inquiète et suscite la colère. Malgré les promesses d’un marché plus moderne mais éloigné du cœur du village.

La forêt • La forêt équatoriale de la république du Congo est la deuxième plus grande au monde, après celle d’Amazonie. Elle est aussi la deuxième richesse du pays, derrière le pétrole. La forêt sombre et profonde est traversée par les bruits de la vie et les trouées lumineuses qui la transforment en cathédrale aux piliers tourmentés. A proximité, dans les vapeurs d’essence, s’élève le cri des tronçonneuses suivi de sinistres craquements. D’un côté le gibier, la cueillette et les hommes. De l’autre, des troncs amoncelés, des planches à l’autre bout de la machine, du travail pour certains, la richesse pour d’autres. […] Un peuple chasseur nomade peut-il devenir éleveur sédentaire ? Chacun fait silence invoquant la marche du progrès.

Page 3 sur 10


Musée dauphi noi s, G renobl e SU R L ES B ER GES DE L A RI VI ER E SA N GHA Du 2 au 28 févri e r 2 0 1 1 Dossi er de p ress e

La tradition • « Chez nous la tradition est primordiale pour construire et structurer nos vies. La modernité ne devra pas la faire disparaître. Nos ancêtres l’ont façonnée, les anciens en sont les gardiens, la transmettent et la font respecter. Chacun a une place définie au sein de la famille et de la communauté. […] On voit bien à la télévision que chez vous ça n‘est pas pareil : vos manières de vivre, vos valeurs sont très différentes. Mais on voit bien aussi qu’il y a encore plus de problèmes : les divorces, le manque de respect aux anciens, à la famille, les jeunes perdus, la course à l’argent qui ne respecte plus rien ». […]

La modernité • « La modernité, à Ouesso, ce serait l’électricité plus de cinq heures par jour (17 à 22 heures immuables, un jour sur deux seulement dans certains quartiers et jamais sans coupures !). Ce serait l’eau dans les maisons ou à proximité. […] La modernité ce serait aussi des écoles où tous les enfants iraient. Qu’ils aient chacun une table, une chaise, des livres. Un hôpital avec les moyens de soigner, d’opérer, de sauver. Avec des vaccins, des médicaments, des appareils modernes. Ce serait surtout que chacun puisse manger à sa faim et être logé convenablement. La modernité ça n’est pas ce qu’on voit à la télévision : ça, c’est du rêve qu’on nous vend. »

La foi • « Je vais à l’église plusieurs fois par semaine. Tous mes amis aussi et tous les gens d’ici que je connais. Il y a beaucoup d’églises à Ouesso. […] On a tous le même Dieu, c’est lui et lui seul qui décide et choisit nos vies. On peut y mettre notre grain de sucre, de sel ou de poivre, pimenter. C’est tout… Les forces du mal sont à l’œuvre. Ce sont elles qui créent la pauvreté, la maladie. Ce sont elles qui font que nos richesses si grandes sont gaspillées et que nous, simples citoyens, nous n‘en profitons jamais. Ca passe souvent par l’envoûtement, les mauvais sorts. » […]

Page 4 sur 10


Musée dauphi noi s, G renobl e SU R L ES B ER GES DE L A RI VI ER E SA N GHA Du 2 au 28 févri e r 2 0 1 1 Dossi er de p ress e

La marche • Larges pistes rouges de latérite pénétrant la forêt ; pistes de sable blond ondoyant entre les hautes herbes ; chemins conduisant au gibier, à peine visibles dans la futaie ; quadrillage des rues et ruelles à l’infini, terre et cailloux mêlés ; raccourcis hérissés de souches menant au fleuve paisible. Peu importe, les Africains marchent ! […] Jamais les mains vides ou la tête légère : hottes pesantes, bassines débordantes posées sur la tête qui tassent le cou et obligent à fixer l’horizon… toujours un piochon, une machette à la main, l’autre servant à tirer l’enfant fatigué.

Zoulabouth • A trois, quatre heures de piste de Ouesso, Zoulabouth s’enfonce plus avant dans la forêt. Village majoritairement pygmée, un tiers des habitants est cependant d’origine bantoue. […] Une forme de démocratie directe existe qui permet à chacun de débattre des questions d’intérêt collectif lors d’assemblées convoquées par les chefs. […] Les pygmées tentent de préserver leurs traditions, leur langue. Ils partent fréquemment pour de longues périodes en forêt, lieu traditionnel des cérémonies initiatiques et de la recherche de ressources, notamment des plantes médicinales parfois vendues sur les marchés. La présence d’une entreprise forestière européenne modifie profondément les bases traditionnelles de leur vie.

Raïssa • J’ai rencontré Raïssa à Zoulabouth. Jeune femme de 27 ans, célibataire, elle est venue s’occuper des enfants de son frère. Elle a dû abandonner Brazzaville et ses études, à quelques mois de passer le baccalauréat. « Je veux retourner à Brazza et reprendre mes études. J’aimerais être institutrice ou infirmière… L’homme que j’épouserai devra me respecter plus encore que m’aimer… J’utiliserai des moyens contraceptifs et n’aurai pas plus de deux ou trois enfants… Ce sera plus tard, après mes études. Je veux être indépendante financièrement et avoir un travail qui me plaise, au service de ma communauté, ici en particulier… Le travail et l’indépendance sont aussi importants que l’amour et les enfants. » […]

Page 5 sur 10


Musée dauphi noi s, G renobl e SU R L ES B ER GES DE L A RI VI ER E SA N GHA Du 2 au 28 févri e r 2 0 1 1 Dossi er de p ress e

PHILIPPE FABRÈGUE

Professionnellement Acteur du développement local, de la mise en place de politiques publiques (lutte contre le chômage, la pauvreté, politiques de la ville, Revenu Minimum d'Insertion), responsable pendant quarante ans du développement économique, social, culturel dans diverses collectivités territoriales et associations (Le Mans, Pau, Conseil général de l’Isère, Saint-Martin-d'Hères).

Photographe amateur En Afrique, au Brésil, en France, dans les quartiers, communautés, institutions, utilisation de la photographie comme vecteur du développement personnel, du lien social et de la citoyenneté active. Création et développement d'une méthodologie de travail : la photographie participative.

Expositions présentées en France, au Niger, Congo, Brésil Femmes du sahel, beauté et dignité • Enfants des sables • Congo, ô Congo • Paseos na Liberdade • Infans dentro a vida • Mémoires de l'exil Actuellement en phase de création d'un statut de travailleur indépendant et d'une association pour le développement d'une citoyenneté active et reconnue par l'usage de la photographie.

Engagement Membre de FEMOCA, association de Congolais en France pour la promotion des cultures du bassin du fleuve Congo - en particulier des musiques traditionnelles ayant influencé les musiques cubaines et noires américaines - et le soutien aux acteurs vivant et travaillant en France.

Philippe Fabrègue • phil.fab@laposte.net 6 rue Fantin Latour 38000 Grenoble • 06 76 63 51 01

Page 6 sur 10


Musée dauphi noi s, G renobl e SU R L ES B ER GES DE L A RI VI ER E SA N GHA Du 2 au 28 févri e r 2 0 1 1 Dossi er de p ress e

Festives Musiques Originaires du Continent Africain

Association de défense et de valorisation des cultures du bassin congolais, FEMOCA soutient plus particulièrement les acteurs culturels qui vivent et produisent en France. Elle privilégie les musiques traditionnelles, notamment de la période esclavagiste, qui ont largement influencé les musiques noires américaines (jazz) et cubaines (salsa). Elle organise régulièrement des concerts et des tournées, conçoit des expositions, dote en matériel des groupes de musique et les forme. Ses actions sont à consulter sur le site www.femoca.org. Maintenir et développer les liens entre les artistes installés en Europe et ceux vivant en Afrique, font partie de ses missions. Au-delà de la diaspora africaine en France, FEMOCA vise à sensibiliser les mélomanes et, plus largement, les amateurs d’arts vivants et plastiques.

FEMOCA – BP 2322 38033 Grenoble cedex 2 - +33 (0) 632 204 473 femocaproductions@gmail.com

Page 7 sur 10


Musée dauphi noi s, G renobl e SU R L ES B ER GES DE L A RI VI ER E SA N GHA Du 2 au 28 févri e r 2 0 1 1 Dossi er de p ress e

Création en mars 2010

Photo club de OUESSO yokaLipassa, carey Loundoun, steve Ntiba, fabrice Mokoulabeka, chabra Boumba, yolande Nguemgne, joel Bowali, mathieu Bomoth, théogène Nsounga, andré Koulous, richard Olabo,zikal Allam, dubien Molebanda, dodi akovjosdiy,thierry Elemba, berlin Lambo, alfery Fila, gervais Okiry, armelAbeke, samson Koumbirimana, destin Sousa, davy Ndoumba, elvis Allongayina, armel Tock, serge Ngouala, ken Lona, joel Bloma, gilles Elende, parene Banazock, notex Mombo, mavrin Ngingoro, beaudy Diabaka, ventura Magambou, anicet Mapangou, benjamin Okogna, philippe Fabrègue … Tous ont participé à cette jolie aventure … Ils ont réalisé les photos de cette exposition et en ont pétri la pâte avec leurs regards et leurs mots … Ils ont voulu et créé ce photo-club pour continuer à vivre le plaisir personnel de la photo et se mettre au service des habitants de Ouesso … Certains l’ont quitté, d’autres l’ont rejoint qui construisent peu à peu un espace de citoyenneté, de solidarité, de plaisir …

LONGUE VIE et MERCI …

Page 8 sur 10


Musée dauphi noi s, G renobl e SU R L ES B ER GES DE L A RI VI ER E SA N GHA Du 2 au 28 févri e r 2 0 1 1 Dossi er de p ress e

Photographies à la disposition de la presse

1 – Le marché, Dubien Molebanda

2 – Le marché, Richard Olabo

3 – Enfance, André Koulous

4 – Enfance, Yoka Lipassa

5 – La piste, Philippe Fabrègue

6 – La Sangha, Serge Ngouala

Page 9 sur 10


Musée dauphi noi s, G renobl e SU R L ES B ER GES DE L A RI VI ER E SA N GHA Du 2 au 28 févri e r 2 0 1 1 Dossi er de p ress e

7 – Le manioc, Yoka Lipassa

8 – Marcher, Joe Milongo

9 – Portrait de femme, Chabra Boumba 10 – Femme au champ, Philippe Fabrègue

Page 10 sur 10



Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.