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C h â t e a u n e u f - s u r - L o i r e
2012
C
Sommaire
et ouvrage qui propose une brève histoire de la marine de Loire à travers les collections du musée, a été rédigé par
Catherine Dupraz, attachée de conservation du musée de la marine
h Histoire du musée
3
de Loire.
de la marine de Loire Nous tenons à remercier la ville de Châteauneuf-sur-Loire et en par-
h Un peu d’histoire
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et de géographie h Bateaux et techniques
Fombelle, conseillère municipale chargée du musée, pour leur soutien
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de navigation h Entretien de
ticulier Monsieur Gérard David, Maire et Madame Annick de
dans la réalisation de ce travail. Notre gratitude va également à toute l’équipe du musée et en
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la voie navigable
particulier à Jacqueline Keiflin, assistante qualifiée de conservation du patrimoine et à Caroline Ferrari, agent du patrimoine.
h Dangers et obstacles
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h Les canaux et l’extension
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Enfin, nous remercions également pour son aide précieuse, Madame Huguette Baumard. [Edition 2003]
du réseau navigable h Transport des marchandises
43
Cette seconde édition, moins de dix ans après la création de cette publication, montre l’intérêt de ce guide auprès de notre public. Cet
h Le transport des voyageurs
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h Mariniers de Loire
52
h Les autres
58
ment de la Loire au Patrimoine mondial de l’UNESCO. A la faveur des multiples actions développées par les pouvoirs publics et le monde associatif, la Loire constitue bien un nouvel attrait pour les riverains et les touristes et le musée participe de cet élan.
riverains du fleuve h Loire et modernité
intérêt qui va croissant, nous le devons en grande partie au classe-
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Je remercie la municipalité représentée par son maire Loïs Lamoine qui soutient l’action du musée et la dynamique équipe du musée.
h Châteauneuf, capitale
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ligérienne des ponts h Bibliographie
74
Laurence de Lamaëstre, directrice du musée Octobre 2012
Histoire du musée
de la marine de Loire LE
CHÂTEAU DE
L Le château de Châteauneuf-sur-Loire Charles Campion, graveur (1734-1784) Eau forte, 1773 Inv. : M 1517 Bien qu’ayant appartenu à des familles prestigieuses le château a livré peu de témoignages iconographiques.
CHÂTEAUNEUF-SUR-LOIRE
e premier château est
château devient résidence
construit au XI siècle,
des ducs d’Orléans.
sous Henri Ier. C’est le
Au XVIIe siècle, il est recons-
plus récent des châteaux
truit par Louis Phélypeaux,
royaux des environs : on
marquis de La Vrillière qui
l’appelle
e
castrum
appartient à une famille de
novum, le château neuf. Il
secrétaires d’Etat et de maî-
appartient successivement
tres de cérémonies du roi.
alors
S’inspirant de l’architecture de Mansart et des jardins à la française de Le Nôtre, il transforme le château en « un petit Versailles ». C’est d’ailleurs sur le modèle de celles de Versailles que sont alors bâties les écuries. Le bâtiment peut recevoir une quarantaine de chevaux. L’étage, constitué d’une enfilade de pièces, est vraisemblablement dévolu au logement des palefreniers. A la fin du XVIIIe siècle, le château
est
racheté
et
agrandi (construction des pavillons d’entrées, adjoncaux Capétiens et aux Valois.
tion de la galerie, recons-
A la Renaissance, les rois
truction de l’orangerie) par
quittant l’Orléanais pour le
le duc de Penthièvre, petit-
Blésois ou la Touraine, le
fils de Louis XIV et de
3
La ville de Châteauneufsur-Loire et la Loire (détail) Anonyme Huile sur toile, 2nde moitié du XVIIe Inv. : 2000.12.1 Cette œuvre constitue l’unique témoignage iconographique du château et des jardins à la française descendant jusqu’à la Loire.
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Madame de Montespan. On compte alors, parmi les hôtes accueillis parfois à Châteauneuf, le fabuliste Florian. A la mort du Duc, en 1793, le château devient bien national et est en partie détruit. L’aile principale est démolie en 1802. Seules sont épargnées par les destructions de la Révolution française une petite partie du corps principal de logis, les dépendances (orangerie et pavillons d’entrée) et les écuries. La totalité est classée monument historique en 1927. Au cœur du parc à l’anglaise, composé
d’essences
rares,
conçu par le botaniste Huillard d’Hérou au début du XIXe siècle, les écuries accueillent depuis 1998 les collections du musée et réaffirment ainsi leur valeur patrimoniale. h
Sainte Catherine d’Alexandrie, Jacques Blanchard (1600-1638) Huile sur toile, XVIIe siècle Inv. : 2000.16.1 Des prestigieuses collections de peintures conservées au château et disséminées à la Révolution française, cette toile appartient encore aujourd’hui à la ville de Châteauneuf.
5
LE
MUSÉE DEPUIS
L
1960
es habitants de la ville de
Châteauneuf
ont
toujours entretenu des
liens étroits avec le fleuve, facteur déterminant de développement
patrimonial
et
économique. A la fin du XVIIIe siècle, en effet, Châteauneuf est un des premiers ports de Loire par le nombre de ses mariniers, derrière des villes comme
Nantes,
Angers,
Orléans et Tours. L’activité de marine de Loire connaît sa période faste au début du XIXe siècle, avant de s’éteindre
Vue extérieure du musée : les écuries du château (fin du XVIIe siècle).
quelques décennies plus tard face à la concurrence du che-
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min de fer. Avec la disparition
décidé de rendre permanente
des mariniers et l’abandon des
cette exposition temporaire.
bateaux, la marine de Loire
Les collections, réunies par des
sombre progressivement dans
bénévoles, sont données à la
l’oubli.
ville et installées dans les
Cette activité a cependant
salles de gardes du château,
laissé de nombreuses traces à
considérées alors comme con-
Châteauneuf dans le domaine
venant « admirablement à ce
architectural (quais pierrés du
but, tant par leurs vastes pro-
XVIIIe siècle, maisons mari-
portions que par cet aspect un
nières, hangar à bateaux...)
peu rude des murs de pierre
comme dans les mémoires et
brute et du sol dallé qui évo-
les biens transmis par les
quent un hangar à bateaux. »
familles. En effet, ce sont les
(Val de Loire Orléanais, mars
descendants de ces familles de
1962). Le 15 novembre 1963,
mariniers qui prêtent les objets
est fondée l’association des
utilisés par leurs ancêtres pour
amis du musée qui assurera le
une première exposition en
fonctionnement de l’établis-
1960. Devant son succès, il est
sement jusqu’en 1984, date à
Vue d’une des deux nefs intérieures du musée dévolue aux collections permanentes. Son pendant accueille les expositions temporaires.
laquelle la ville le reprend
nissant des ouvrages et docu-
d’édifices anciens. Le program-
entièrement à sa charge. L’as-
ments relatifs à la marine flu-
me architectural est fondé sur
sociation des amis, aujour-
viale et à l’histoire de la Loire,
le respect de la structure origi-
d’hui forte d’environ 250
unique en son genre.
nelle des écuries et la mise en valeur des espaces intérieurs. L’agencement
des
salles
évoque l’univers de la marine de Loire : l’accueil est conçu comme un hall d’embarquement ; la nef principale offre à la vue le moulage de la coque d’un bateau incrustée dans le sol pavé, un chaland au mât incliné
est
reconstitué
et
semble passer sous une voûte du bâtiment qui figure l’arche d’un pont… Le musée est rouvert au public en octobre 1998. Le musée, contrôlé par la Direction des Musées
de
France
depuis
1964, a obtenu le label Musée de France en 2003. Aujourd’hui, l’inscription du Val de Loire au Patrimoine Mondial de l’Humanité par l’UNESCO légitime cet hommage rendu L’étage du musée : espace consacré à la pêche.
membres, continue de soute-
Vers 1990, on prend conscience
à l’opiniâtreté des hommes
nir les activités du musée, en
que les espaces dévolus au
qui ont fait ce fleuve. h
organisant notamment des
musée sont trop étroits et ne
conférences mensuelles et en
correspondent plus aux exi-
publiant un bulletin, depuis
gences de conservation des
1974.
collections et d’accueil du pu-
Parallèlement au développe-
blic. Le réaménagement de l’é-
ment du musée, s’est consti-
tablissement dans les écuries
tué un fonds documentaire
du château est alors décidé. Le
important qui a amené l’ou-
concours d’architecture est
verture au public, en 1985, d’un
remporté par Philippe Prost,
centre de documentation réu-
spécialisé dans la restauration
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Un peu d’histoire et de géographie a Loire est le plus long fleuve de France (1 020 kilomètres). Elle prend sa source au Mont Gerbier-deJonc, à 1 400 mètres d’altitude et se jette dans l’Atlantique, à Saint-Nazaire. Son bassin (115.120 km2) représente le cinquième du territoire français et s’étend
L
sur l’est du Massif central (Loire supérieure), le sud du Bassin parisien (Loire moyenne) et le sud-est du Massif armoricain (Loire inférieure). C’est un fleuve au régime irrégulier : très basses eaux estivales et crues (souvent hivernales) alternent. Les bancs de sable, constitués
par les alluvions formées dans le Massif central et charriées par les eaux, sont caractéristiques de la Loire, entre Roanne et Nantes. Les premières embarcations connues en Loire datent de la Préhistoire : ce sont principalement des pirogues monoxyles (creusées dans un tronc
Saumur Gaspard Mérian (1627-1668), graveur Gravure sur cuivre, ca 1657 Inv. : 2012.9.1
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d’arbre). A l’époque galloromaine, la Loire est naviguée à la descente comme à la remonte. La navigation est alors contrôlée par une corporation de bateliers, les nautae ligirici (nautes ligériens). Mais lorsque l’Empire romain d’Occi-
dent s’effondre sous la poussée des Barbares (476), le trafic fluvial décline. Les invasions scandinaves des IXe et Xe siècles aggravent la situation : avec la chute du commerce, les bateaux de fort tonnage disparaissent. La navigation
reprend au cœur du Moyen Age et prospère, dès lors encadrée par la Communauté des marchands fréquentant la rivière de Loire et fleuves descendant en icelle. h Vue du Mont Gerbier-de- Jonc, Isidore-Laurent Deroy (1797-1886), dessinateur, Charles Motte (1785-1836), graveur Lithographie aquarellée extraite de l’album « Les rives de la Loire », 1836 Inv. : M 918
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