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PATRICK VAN CAECKENBERGH La ruine fructueuse 02.02.12
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22.04.12
FR
SALLE 1 | « SPIJSKAMER. LE SYNOPTIQUE » L’exposition vous plonge dans l’univers de Patrick Van Caeckenbergh (Alost, °1960) et rassemble dans une installation totale ses œuvres des années 80 à nos jours.
BOÎTE À CIGARES Dans la première salle, Van Caeckenbergh reconstruit pour la première fois dans un musée son propre atelier, qu’il nomme sa ‘boîte à cigares’. Van Caeckenbergh décrit les objets qui l’entourent dans cette pièce comme ‘la somme de sa vie et son œuvre’. Les livres, qui constituent pour lui une importante source d’inspiration, contiennent des schémas scientifiques, des histoires religieuses ou des contes. Ce sont des ouvrages d’architecture, de philosophie, d’histoire, de biologie, d’ethnographie ou d’anthropologie. Sa soif de connaissances est insatiable. Mais la capacité de ses rayonnages est limitée et aucun livre n’est plus admis que s’il peut prendre la place d’un autre. L’artiste conserve dans des boîtes alignées sur les rayons des images découpées de joues roses, de fragments de peau ou par exemple de petits œufs qu’il utilise dans ses collages.
C’est ici que Van Caeckenbergh distille toutes les informations qu’il glane et rassemble. Ou pour employer sa propre image culinaire, c’est ici qu’il ‘réduit’. C’est ici que sont créés les collages et maquettes lui servant d’études préparatoires aux oeuvres exposés plus loin. COLLECTION L’œuvre de Van Caeckenbergh relève d’un besoin irrépressible de collectionner et ordonner le monde autour de lui. Sa rage de la collection commença très tôt grâce à une encyclopédie qu’il avait reçue en cadeau de sa mère avant même de savoir lire. Il fut d’emblée fasciné par les illustrations et les diagrammes de l’ouvrage didactique (sur l’anatomie humaine, le règne animal...). L’artiste développa ainsi une obsession durable pour la classification et l’association de données, d’expériences, d’objets et d’idées. Son processus de travail se déroule de la manière suivante. Il commence par lire et étudier, puis prend des notes qu’il rassemble dans des petits carnets. Il procède par associations et utilise notamment la taxonomie, la généalogie, la cartographie, la cosmologie ou l’étymologie. Il passe ensuite à la phase du collage, qui précède la réalisation proprement dite de l’objet. Il considère lui-même le travail préparatoire comme 95% de l’œuvre et attache moins d’importance au produit fini. Son processus créatif est marqué par la lenteur : il peut se dérouler de longues années entre le premier et le dernier stade. La distillation, la ‘réduction’ de toutes les informations, prend du temps, et le ‘bricolage’ final de Van Caeckenbergh demande beaucoup de travail.
SALLE 2 | « AU TOUR DU MONDE » UN UNIVERS SINGULIER Van Caeckenbergh crée avec ses sculptures ludiques un univers qui lui est propre peuplé de personnages singuliers et de machines à voyager surréalistes. Les sculptures sont pour lui une manière d’explorer le monde, souvent sur le mode absurde. C’est le cas de Berceau, à la fois coquillage nautilus et berceau ou de son Chapeau, qui contient toutes les informations du monde et symbolise la capacité infinie de la mémoire humaine. Van Caeckenbergh a tiré l’idée de ce chapeau d’un récit russe sur un homme souffrant d’hyper-amnésie, c’est-à-dire qu’il retient absolument tout. Le port du chapeau et toutes sortes de cases et sections permettent à l’homme d’ordonner littéralement ses pensées. Ses véhicules surréalistes transportent des personnages fictifs. Ainsi, Raket est destiné à un petit Martien partant en voyage dans sa fusée pour faire un rapport sur notre planète. La partie intérieure du véhicule contient les formules mathématiques, et sur les planches à l’extérieur sont entreposés des objets du quotidien. Les personnages fictifs de Van Caeckenbergh lui donnent l’occasion d’observer de l’univers à distance et de s’en imprégner.
SALLE 3 | « FAITES MIJOTER LE TEMPS SANS CESSER DE REMUER JUSQU’À CE QUE… » DIGESTION Van Caeckenbergh est fasciné par la digestion. C’est pour lui une référence à l’artiste qui ‘absorbe le savoir’ et ‘censure’ au moment de l’évacuation ; le produit n’est plus dans ce sens que des reliefs, des cadavres. L’estomac est pour lui l’organe le plus important, davantage encore que le cerveau. C’est l’estomac qui digère la nourriture et produit l’énergie nécessaire pour bouger, parler et réfléchir. Le tube digestif revient régulièrement dans ses œuvres. Comme dans sa Maison de cartes, une pyramide alimentaire sous forme de château de cartes. La digestion commence au niveau des petites bouches, en haut. La pyramide symbolise l’équilibre précaire lié à l’alimentation. En mangeant mal ou trop, l’homme compromet non seulement son propre équilibre corporel, mais aussi au macro-niveau l’équilibre écologique. La digestion est encore le sujet central de son Paravent. Dans les murs de cet espace intime, l’artiste vient préparer lui-même de la soupe et invite les visiteurs à la manger avec lui. Manger et digérer la soupe est pour lui une métaphore de la manière dont nous acquérons et assimilons l’information. Cette soupe partagée avec l’artiste est aussi une manière de former une communauté et lui sert à procurer au visiteur des goûts et des odeurs en même temps que des impulsions visuelles.
SALLE 4 | « ET PUIS, POURQUOI SOMMES-NOUS FAITES SANS VIANDE ? » FRAGMENTS DE PEAU Alors que dans ses modèles de voyage, Patrick Van Caeckenberg observe l’univers à distance, il a traversé au début des années 90 une période de profonde introspection et d’étude de son passé. Les fragments de peau qu’il a rassemblés à cette époque jouent ici un rôle essentiel. Depuis le début des années 90, Van Caeckenbergh découpe avec une constance presque maniaque des fragments de peau dans des magazines porno et de mode ou dans des dépliants publicitaires. Il sélectionne des petits carrés ou rectangles qui n’ont plus aucun rapport avec le corps humain. Il évite soigneusement tout ce qui peut choquer : les pénis et les vagins sont exclus. Tout devient abstrait. Van Caeckenbergh peut parfois passer des heures à découper des morceaux de peau. C’est pour lui une tactique de survie, une activité thérapeutique. Minimalisant littéralement les images dures lui permet de mieux maîtriser son malaise à l’égard de la sexualité. Il découpe pour guérir. Il y voit aussi une forme d’autocensure, une manière de contrôler son imagination débordante. L’artiste présente la diversité des peaux collectionnées en rangs superposés. Le rythme et le caractère linéaire ainsi créés évoquent une portée de notes de musique. Le Ventriloque, au centre de la pièce, est encore une référence à la digestion.
SALLE 5 | BONHEUR TRANQUILLE « GISANT SOUS LA TERRE, JE DORMIS TOUT L’HIVER JUSQU’À CE QUE... » Patrick Van Caeckenbergh a trouvé le ‘bonheur tranquille’ à Sint-Kornelis-Horebeke. Depuis qu’il a aménagé dans ce petit village des Ardennes flamandes, l’artiste trouve de plus en plus l’inspiration dans sa propre vie. Il participe intensément à la vie de la communauté. Il a ainsi créé ce Ciel bleu clair pour la procession annuelle du village en l’honneur de Saint Kornelis, patron des enfants. Le baldaquin servait d’abri aux enfants à la sortie de l’école. Il abrite précisément tous les enfants des deux classes. Il fut porté pendant la procession par les anciens du village, suivis du curé. L’arbre classé monument historique dans son propre jardin lui inspira une série de dessins de vieux arbres qu’il a rassemblés sous le titre Les Ancêtres. Chaque dessin part d’une photo d’un vieil arbre qu’il a minutieusement reproduite sur calque. La série compte actuellement 27 dessins, mais elle n’est jamais achevée.
BIOGRAPHIE | PATRICK VAN CAECKENBERGH Patrick Van Caeckenbergh (Alost, °1960) a étudié la sculpture et la céramique à l’Académie d’Alost et a poursuivi ses études artistiques à l’Académie de Gand. Il a remporté en 1996 le Prix de la Culture de la Communauté Flamande. Van Caeckenbergh participe régulièrement à des expositions de groupe et fait l’objet d’expositions solos en Belgique et à l’étranger. Ses œuvres figurent dans la collection permanente de plusieurs musées et collections privées belges et étrangers.
PUBLICATION Une première monographie très complète consacrée à l’œuvre de Patrick Van Caeckenbergh, depuis les années 80 jusqu’à nos jours. À l’aide de nombreuses photos de ses œuvres et vues de salle, la monographie retrace en détail les différentes époques de son travail. Patrick Van Caeckenbergh. La ruine fructueuse. Atlas des idéations Néerlandais/français/anglais | Avec des textes inédits de Natacha Pugnet, Sofie Van Loo et Eva Wittocx | 208 pages pleine couleur | Éditions Lannoo | ISBN 978 94 014 0053 4 | PRIX € 55
EDITION D’ART
Patrick Van Caeckenbergh a réalisé un tirage d’art, tout spécialement pour M: Das Augenspiel. ANNÉE 2011 | SUPPORT Papyrus Opti white 135 grammes avec vernis brillant | DIMENSIONS 100 x 84 cm | PRIX € 80 | TIRAGE 150 exemplaires | En vente au M-shop
COLOPHON TEXTE Marthy Locht CONCEPTION Patrick Van Caeckenbergh & Daneel Bogaerts COMMISSAIRE Eva Wittocx TOUTES LES ILLUSTRATIONS © Patrick Van Caeckenbergh Avec nos remerciements à tous ceux qui ont prêté des œuvres et à Zeno X Gallery d’Anvers.
V.u. Denise Vandevoort, Prof . Van Overstraetenplein 1, 3000 Leuven