Planète Paix n°563

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L’info pacifiste : www.mvtpaix.org La paix en mouvement

3,20 euros

/ N° 563 / Juin-Juillet 2011

t i p é r t i e p d é s r a e P d Pas e b m o l e o b c m a o l l o r c u o a l p r u o p


ARRÊT SUR IMAGES...

Une action des femmes au Burkina Faso Le samedi 14 mai 2011, les femmes du Burkina Faso ont marché pour la paix. Vêtues de blanc, elles sont sorties nombreuses dans la rue pour dire non à la violence. Cette marche, initiée par les associations et groupes de femmes a connu une forte mobilisation des femmes grâce à l’appui du ministère de la Promotion de la Femme. Elles sont mécontentes du sort des femmes durant les mutineries militaires au Burkina Faso pendant la période de février à avril 2011. Des manifestations qui ont affecté les femmes (viols, pillages de bien). à l’issue de la marche, elles ont remis leurs doléances au représentant du gouvernement. Quelques photos de la marche. Haoua Congo 2

N° 563 - Juin / Juillet 2011 - Planète PAIX


Sommaire l’Édito

Planète Paix n°563 - Juin-Juillet 2011

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Dialogues

Le courrier des lecteurs

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actualitÉ

20 ans de pacifisme en Corrèze, L. Puydebois

7

L

es rédacteurs de Planète Paix n’ont aucun talent pour la fiction. Mais il n’est pas exclu qu’il faille demain, plus encore qu’aujourd’hui, trouver nos espaces et nos outils pour nous enseigner, nous approprier et nous transmettre les matières que l’école ou l’université (ou les deux) tarde à propager, dans les domaines qui nous importent.

Débat

Réflexions sur une technologie duale, P. Flament, M. Wannass, P. Richard

8

p.6

Un kit imparfait du va-t-en-paix

p.7

Campagne

Journée d'action pour abolir l'arme

Yes WE CAN le 25 Juin, A. Denis

p.8

Pour une filière de déconstruction Navale

Mourir dans la dignité

11

p.9

‘‘

dossier

[...] il ne nous

La Paix, une matière comme les autres

Les centres de formation à la paix Au menu des facultés

p.12

a pas échappé

p.13

que les va-t-

p.14

en guerre sont

p.15

une espèce bien

Culture de paix et gestion locale

Le « vivre ensemble », M. Cibot éduquer pour résister, L. Brunel

16

protégée et

portrait

Dulcie September

Victime de l'Apartheid, é. Aymard

p.16

Bertrand Russell, J-P. Vienne

p.18

prolifique.

’’

Histoire

19

mondialiser la paix

La guerre en Afghanistan

L'OTAN discréditée, J. Le Dauphin Musées pour la Paix, de bonnes adresses

22

p.19 p.20

Culture

Lectures pour tous René Vautier, la caméra au poing

Mensuel édité par le mouvement de la paix 9, rue Dulcie September, 93400 Saint-Ouen Tél.  01 40 12 09 12 Fax : 01 40 11 57 87 planete.paix@mvtpaix.org

p.22 p.23

Directeur de publication : Pierre Villard. Rédacteur en chef : Ben Cramer. Conception maquette : Chérif Beldjoudi. Graphiste - maquettiste : Hugues Le Roy. Comité de rédaction : évelyne Aymard, Arielle Denis, Jacques Le Dauphin, Pierre Villard. Photos et illustrations : Tous droits réservés. Illustration de Une : Hugues Le Roy, d'après photos DR. Ont participé à ce numéro : Louis Aminot, évelyne Aymard, Laurent Brunel, Michel Cibot, Arielle Denis, Pierre Flament, Chloé Gourgues, Jacques Le Dauphin, Louis Puydebois, Patrice Richard, Jean-Paul Vienne, Majid Wannass. Gestion des abonnements : Nassera Macrez, tél.  01 40 12 09 12. ISSN 1773-9241. Numéro de commission paritaire : 0312G85601.

Ce travail d’anticipation s’explique : un patient a tout intérêt à entrer à l’hôpital avec sa trousse de survie. Vaut mieux le savoir. Après tout, à l’heure où l’usager, pardon, le client de la Poste est sommé d’affranchir lui-même ses timbres... en attendant qu’on lui vante les mérites de remplacer le postier, il nous faut penser à tout. Dans l’éducation, c’est bien parti : des écoliers sont de plus en plus privés de profs, parce que ce « service public » est dans la dèche et que les budgets doivent se mettre au pain sec. Alors ? Alors, les plus jeunes qui aspirent à un avenir meilleur – ce qui est légitime – risquent fort de devoir apporter au bahut leur propre chaise, comme hier leur porte-plume et leur casse-croûte. Et pourquoi pas concevoir leurs propres cours et les faire imprimer à leur compte ? Au vu de ces dérives, Planète Paix a prévu quelques « devoirs de vacances ». Le numéro que voici vise à ce que chacun et chacune, au bureau ou sur la plage, en costard ou en maillot de bain, trouve le meilleur moyen de prolonger son éducation au désarmement, à d’autres sécurités, à la paix, bref, de s’armer intellectuellement. Au fil des pages, c’est aussi l’ébauche d’un futur kit du bricoleur de la paix, ou si vous préférez, l’équivalent du canif suisse pour désinventer l’arme nucléaire sur le plan politique. Avec ou sans kit, il ne nous a pas échappé que les va-t-en guerre sont une espèce bien protégée et prolifique. Ils font du bruit, font « parler » (sic) les armes. Les va-t-en guerre font la « une » car ils sont fournisseurs d’images - chocs, de couleurs sanglantes. Les peuples qui se réconcilient, c’est différent et ils n’attirent pas trop l’attention : nos sociétés accrocs à l’instantané n’ont pas le loisir ou l’intelligence de capter ces processus discrets, voire silencieux. Les « va-t-en paix » qui veulent désarmer sont carrément suspects, dans le domaine nucléaire comme les autres.

B.C.

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Dialogues

Les guerres de Sarkozy à l’instar de Margaret Thatcher redorant son blason par la guerre des Malouines contre les généraux argentins, ou de George W. Bush s’affirmant par les armes de l’Empire, Nicolas Sarkozy combat d’abord son impopularité. Sa belliqueuse entreprise sera - t - elle autant couronnée de succès que celle de ses mentors ? Dans Le Courrier, daté du 7 avril 2011, Benito Perez intitule son éditorial « La guerre à tout faire ». Il écrit : « La guerre est une drogue à forte accoutumance pour Nicolas Sarkozy. (…) Personne ne croit au désintérêt de Paris dans ces opérations militaires (en Libye, en Côte d’Ivoire), pas même les bruyants supporters de la " guerre humanitaire ". (…) On voit vite quel type de relations internationales nous préparent ces apprentis sorciers. Un monde où grandes et moyennes puissances peuvent user de la force armée au gré de leurs intérêts nationaux voire électoraux ! – et des justifications offertes par l’actualité. » Dominique de Villepin se montre plus raisonnable que le va-t-en-guerre Président français. Dans l’entretien au Berner Zeitung du 4 avril intitulé « Die Welt braucht Frankreich » (Le monde a besoin de la France), l’ancien premier ministre trace nettement la limite entre responsabilité de protéger et ingérence, condamnant la tentative de renversement du régime de Kadhafi. La position de Jean-Pierre Chevènement témoigne d’une semblable modération sur son blog. Comme Dominique de Villepin, il précise la limite entre la responsabilité de protéger, instaurée par le Document final du Sommet mondial des Nations unies à New-York en 2005, décrite en ses paragraphes 138 et 139, et mise en oeuvre par la résolution 1973, d’une part , et le droit ou devoir d’ingérence dont est si friand BHL, d’autre part. Libre aux naïfs de croire à des histoires de bons et de méchants. Combien de citoyens informés savent que 4

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 le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Libye sont depuis des lustres soutenus par l’Union européenne et ses états membres pour contenir les migrants remontant d’Afrique noire ? à défaut d’avoir transporté (ou laissé) des richesses au Sud, des populations du Sud se déplacent vers les ressources des pays du Nord. Gabriel Galice – le 7 avril 2011 Extrait de Lettre genevoise 26 Colombe blessée

C’est une très belle calligraphie arabo-musulmane qui illustre un article du bulletin d’avril du comité audois du Mouvement de la Paix. Un bulletin fort bien fait qui couvre l’ensemble des problèmes auxquels sont présentement confrontés les pacifistes. Et on a envie de dire les pacifistes français plus particulièrement. C’est que notre pays est dans une logique de guerre et de violence avec trois corps expéditionnaires sur le théâtre d’opérations militaires : Afghanistan, Libye, Côte d’Ivoire. Une logique qui s’inscrit dans les fondements du système capitaliste : « la raison du plus fort est toujours la meilleure ». Il n’y a d’ailleurs pas d’argu-

Opinions, Suggestions, Observations ! Envoyez-nous vos messages pour qu’ils soient diffusés dans le journal et sur le site Internet du Mouvement www.mvtpaix.org. écrire à : Mouvement de la Paix 9 rue, Dulcie September, 93400 Saint-Ouen. Courriel : planete.paix@mvtpaix.org Les réflexions suivantes sont destinées au débat et n’engagent donc que leurs auteurs.

ment pour qu’on limite nos interventions à ces trois secteurs. Les prétextes ne manquent pas et comme l’enfer est pavé de bonnes intentions et que nos gouvernants ont le don de cacher leur motivations réelles sous de bons sentiments (émancipation des femmes, respect de la démocratie, action humanitaire…) on pourrait aller en Syrie, en Iran, en Corée… enfin aux quatre coins de la planète pour y apporter le bonheur ! à Béziers nous ne sommes pas en reste, dans sa séance du lundi 18 avril le conseil municipal vient de donner le nom d’une avenue au général Bigeard. Ben voyons, comme nous l’a doctement expliqué un intellectuel de haut vol, « si tout le monde avait été comme lui... » « Bombez le torse, relevez la tête, vous êtes des guerriers ! » nous exhortait le capitaine responsable de l’instruction des appelés du contingent à Oran où j’effectuais mes classes en 1960. Ben oui, il suffisait d’un peu de bonne volonté de notre part, et la torture, dont Bigeard était un praticien, aidant, nous pouvions gagner la guerre et maintenir ces trois départements dans le giron de la France. Le ci-devant secrétaire d’état aux anciens combattants, conseiller municipal de Béziers et conseiller général du premier canton de Béziers, ne serait pas loin d’appeler à l’envoi d’un autre corps expéditionnaire en Algérie pour reconquérir cette terre que la lâcheté de certains gouvernants de l’époque avait abandonnée à l’ennemi ! Je suis persuadé qu’élie Aboud, qui accompagne régulièrement les nostalgériques qui viennent fréquemment faire leurs dévotions sur la stèle à la gloire des tueurs de l’OAS érigée dans le cimetière neuf de la ville, pourrait appuyer sa démarche. Il n’y a eu que deux voix pour refuser de donner à une avenue de notre ville le nom d’un général tortionnaire : Patrick Pollet et

Aimé Couquet. Les élus de gauche, parmi lesquels, et par procuration, Jean-Louis Bousquet, qui il y a peu pourfendait les thuriféraires de la stèle à la gloire de l’OAS, se sont prudemment abstenus ! De ce côté on se tâte : estce qu’il ne faut pas prendre en considération le rôle positif de la France dans ses colonies en général et en Algérie en particulier ? Les bouclages, les ratissages, les corvées de bois, les crevettes Bigeard (du nom des prisonniers largués d’un hélicoptère ou d’un avion, de préférence dans la mer, mais lestés d’un bloc de ciment aux pieds !)… après tout n’étaientce pas autant d’aspects de l’œuvre civilisatrice de la patrie des Droits de l’Homme ? Jacques Cros Soldat de plomb Petit soldat de plomb Debout et immobile sur ton étagère Bouger, tu ne le peux pas Tu ignores tout de la guerre Tu es pourtant soldat Petit garçon, Toi qui joues avec tes soldats de plomb, Tu les fais vivre, Tu les fais mourir, Tu es le maître qui décide de leur sort, Et ils se battent pour leur pays, Pour une cause qu'ils croient juste. Mais est - il une cause qui soit juste ? Est - il une cause qui justifie La mort de ces hommes qui te sont soumis ? Et toi petit garçon, Toi qui joues avec tes soldats de plomb, Te rends - tu compte de ton abomination ? Tu es le maître qui décide de leur sort, Tu les fais vivre, Tu les fais mourir, Mais sais - tu que dans la réalité, C'est peut-être toi le désigné Pour aller les remplacer ? Chloé Gourgues (14 ans)


Sur la toile http://www.actionpourlapaix.be/ Site d'Action pour la paix Action pour la paix est un mouvement pluraliste pour la Paix ; il mène des campagnes multiples sur le Bombspotting, le « Nato game over », etc. On peut s’abonner à la newsletter en s’inscrivant auprès de : info@actionpourlapaix.be

http://www.massviolence. org/Vers-une-versionfrancaise-de-l-Encyclopedieelectronique Le travail de Jacques Sémelin sur les destructions de masse En 2004, Jacques Sémelin a lancé le projet d’une encyclopédie électronique sur les violences de masse. Ses recherches prennent place dans le projet transversal

LES PhraseS de l'été

du CERI « sortir de la violence ». Jacques est notamment l’auteur de « Sans armes face à Hitler, la résistance civile en Europe (1939 - 1943) », Paris, éditions Payot, 1998.

http://avaaz.org Avaaz Le Times de Londres les appelle « l’une des nouvelles voix les plus influentes sur la scène internationale ». Parmi les campagnes récentes, une campagne anti-corruption en Inde. Avaaz travaille aussi en collaboration avec les leaders des mouvements pro-démocratie en Syrie, au Yémen, en Libye et ailleurs. 600.000 messages seraient parvenus sur la Place Tahrir transmis par Al Jazeera au moment où la dictature sévissait encore au Caire ; des membres d’Avaaz se sont mobilisés pour que le gouvernement

“ Certains pays peuvent penser que cette époque agitée ne se prête pas à de nouvelles discussions importantes sur le désarmement. Je voudrais cependant leur rappeler que les pays peuvent, ainsi que l'histoire l'a déjà démontré, être détruits par de multiples façons. L'une d'elles consiste à se lancer désespérément dans une course aux armements ” M. Naray, ambassadeur de Hongrie à la Conférence du désarmement, Genève, le 7 septembre 1999

CHIFFRES DE L'éTé

Hebdomadaire imprimé à Zürich favorisant la pensée indépendante, l’éthique et la responsabilité. Pour le respect et la promotion du droit international, du droit humanitaire et des droits humains. www.horizons-et-debats.ch/index. php?id=2133

Une Suisse sans armée L’organe d’échanges et de débats du GSSA, Groupe pour une Suisse Sans Armée. Le canard paraît au minimum 4 fois par an. Il tire à 4.000 exemplaires. Adresse : GSSA, CP 151, 1211 Genève 8.

Union Pacifiste (mensuel) Un journal qui n’est pas distribué en kiosque, qui est la voix de la section française de l’Internationale des Résistants à la guerre. Il donne aussi des informations sur Radio Libertaire. Dans le numéro du mois de mai, un dossier sur la militarisation de l’éducation. Le travail par exemple mené par le Nation Network Opposing the Militarization of Youth (réseau qui s’oppose à la militarisation de la jeunesse) et les campagnes en Allemagne « militaires, hors des écoles ». www.unionpacifiste.org

101

Cent-un journalistes au total ont été tués dans le monde en 2010, a annoncé dans un communiqué l'Institut international de la presse (IPI). C'est un peu moins qu'en 2009 (110 morts) mais c'est « quand même le deuxième plus mauvais chiffre enregistré depuis que l'IPI a commencé à recenser les décès de journalistes au début des années 1990 ». La région la plus meurtrière est l'Asie, avec 40 journalistes tués, dont 15 au seul Pakistan. Vient ensuite le continent américain, avec 32 journalistes tués.

1.335

http://www.afcdrp.com/ Site de l’association française de Mayors for Peace L’AFCDRP, créée en 1997, est une structure associative constituée par et pour les collectivités locales. En 2011, une centaine de collectivités locales françaises y adhèrent. L’association est l'antenne française du réseau international des Maires pour la Paix (Mayors for Peace), créé en 1985, qui regroupe maintenant plus de 4.700 villes et collectivités dans 150 pays.

Revues à recommander Horizons et Débats

“ On vient de perdre un hélicoptère à 60 millions de dollars dans cette mission (des Navy Seals à Abbottabad). Ne pouvait - on pas se permettre d'acheter un mètre ? [pour mesurer la taille d'Oussama Ben Laden] ” Barak Obama, le 1 er mai 2011

des états-Unis mette fin au traitement inhumain infligé à Bradley Manning, l’informateur présumé à l’origine des notes diplomatiques publiées par Wikileaks.

C’est le nombre d’enfants palestiniens tués depuis l'année 2000 au 3 mai 2011, à cause de la présence militaire israélienne et des colons dans les Territoires palestiniens, selon le Rapporteur spécial de l'ONU pour les Territoires palestiniens, Richard Falk.

Alternatives Non - Violentes Un numéro à ne pas manquer « le désarmement nucléaire unilatéral de la France est-il possible ? » Avec les points de vue de Jean-Marie Muller, membre fondateur du MAN. Dans ce numéro, des contributions de Paul Blanquart, Marie-Christine Blandin, Simone de Bollardière, Patrice Bouveret et Dominique Lalanne, Christian Mellon, Richard Petris, Dominique Voynet. ANV - Centre 308, 82 rue Jeanne d’Arc, 76000 Rouen. alternatives-non-violentes.org/

Forum du Désarmement Trimestriel bilingue (Anglais / Français) de l’Institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement (UNIDIR), créé à l’initiative de la France sous VGE. Le dernier numéro de 2010 est consacré au dossier « la société civile et le désarmement nucléaire ». http://www.unidir.org

Cahiers de l’I.D.R.P. Trimestriel. Au sommaire du numéro de juin 2011, des contributions de l’amiral Jean Dufourcq et du général Henri Paris sur la sécurité européenne, + des contributions de Andreï Gratchev sur les relations Europe - Russie.

Recherches internationales Revue trimestrielle éditée par l'Association Paul Langevin. D'inspiration marxiste, d'un marxisme dégagé de toute école et ouvert au débat et à la controverse, la revue accompagne les activités de l'association « Espace(s) Marx » et de la Fondation Gabriel Péri dont elle est partenaire. Le prochain numéro est consacré aux enjeux climatiques. Association Paul Langevin - 43, rue Jean Jaurès 93200 - Saint-Denis www.recherches-internationales.fr/

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actualité

20 ans de pacifisme en Corrèze Le comité du Mouvement de la Paix de Corrèze (19) vient de souffler ses 20 bougies. Pour en savoir davantage, son président Louis Puydebois a bien voulu nous raconter cette aventure, histoire de faire le point, dresser un premier bilan.

François Hollande, Président du Conseil Général de Corrèze, s'adresse aux participants du Forum des comités du Mouvement de la Paix.

J

e ne dirais pas comme Martin Luther King « I have a dream » mais j’ai vécu ces vingt dernières années un peu comme dans un rêve. En effet, après la première guerre du Golfe, je me suis retrouvé président du comité départemental, initié par 8 personnes, suite à une conférence de Daniel Cirera, le secrétaire national du Mouvement à l’époque. Par hasard car je ne savais rien ou presque alors du Mouvement de la Paix.

Ci-dessus, le Trail de la Paix organisé par le comité corrézien du Mouvement de la Paix.

Au fur et à mesure de la croissance de notre petit comité départemental, nous avons participé à des manifestations nationales dont Gramat, Le Barp, les forums des comités – Bourges, Châtellerault, Gruissan. Nous avons été aux différents congrès : Bobigny, Marseille, Dijon. Nous avons surtout grandi en organisant en Corrèze nos propres manifs : Mont Bessous, Mont Gargan, le château de Bity, propriété des Chirac (avec 300 personnes et 500 gardes mobiles) ; nous nous sommes mobilisés contre la deuxième Guerre du Golfe et les derniers essais nucléaires français à Brive, à Tulle, la dernière en présence de plus de 4.000 personnes. Notre comité s’étoffe avec 80 membres dès 1999. Nous organisons alors des rencontres cinéma, du théâtre avec la troupe sénégalaise Bou sanaa. Si nos relations avec la télévision (FR3) sont quasiment inexistantes, les radios locales sont réceptives à nos messages ; la presse écrite est partagée entre « L’écho » qui relaie nos infos et « La Montagne » qui préfère nous éviter ou réduire, voire squeezer notre message.

de la Paix (5), la confection de 2 mallettes autour de deux livres pour enfants, remises au CRDP, l’envoi d’un jeune à New-York au siège des Nations Unies, et les actions spécifiques du mouvement. Parmi elles, une dizaine de descentes de la Dordogne en canoë sur 45 km, puis le trail de la paix. Sans oublier la visite traditionnelle au monument pacifiste à Gentioux 1 un périple que nous entreprenons chaque année, le 11 novembre. Nous nous introduisons peu à peu dans les établissements scolaires avec les Arbres de la paix. à notre grande satisfaction, nous disposons désormais de 3 villes de paix (Tulle, Argentat, Malemort 2) et bientôt une quatrième. De nouveaux adhérents viennent nous rejoindre et nous sommes 130 aujourd’hui, dont la moitié résidant sur Brive ou dans les alentours. Parmi eux, une quarantaine nous suit depuis les 5 premières années. Nous allons porter nos efforts sur l’enseignement et sur les communes de paix. Au vu du chemin parcouru – qui exigerait un livre entier – nous sommes convaincus que la culture de paix peut nous permettre d’aller encore plus loin... Louis Puydebois

EN SAVOIR PLUS Comité départemental de la Corrèze du Mouvement de la Paix : Maison du Bénévolat municipale de Saint-Germain – 10, Boulevard Marx Dormoy – 19100 Brive-la-Gaillarde 19@mvtpaix.org 6

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Notre action globale corrézienne va trouver sa vitesse de croisière avec la création en décembre 1999 du collectif « Planète Paix 19 » qui répond à l’appel de l’UNESCO pour la culture de Paix, inscrit dans la décennie. Le collectif comprend 20 organisations départementales et locales. Nous conjuguons alors les actions du collectif. Parmi elles, les fêtes de la Paix, les plantations d’arbres

1 – voir Autour des Monuments aux Morts Pacifistes en France, de Danielle et Pierre Roy, de la Fédération Nationale laïque des Associations des Amis des Monuments Pacifistes, Républicains et Anticléricaux, 1999 (pp 13-19). 2 – voir Planète Paix numéro 559, itw du maire de Malemort.


Débat

Réflexions sur une technologie duale

J

e suis abonné depuis mon adhésion au Mouvement de la Paix fin des années 70. Mais, il y a seulement une vingtaine d'années que j'ai pris vraiment mes distances sur les analyses des organisations auxquelles j'appartenais déjà concernant le nucléaire civil. Je n'ai plus confiance. Et Tchernobyl, bien sûr, y a été pour beaucoup. Je me dis que les générations futures prendront la nôtre pour des criminels qui leur aura laissé la patate chaude des déchets dont on ne sait que faire, si le jeu des apprentis sorciers n'a pas provoqué d'ici là une catastrophe qui aura tout détruit. Heureusement que le Mouvement de la Paix tient le créneau de la lutte pour l'abolition de l'arme nucléaire, car très peu d'organisations s'en préoccupent y compris dans toutes celles qui militent contre le nucléaire civil. C'est indispensable de parler (voire de lutter, mais là ça dépend des analyses de chacun) du nucléaire civil ET du nucléaire militaire. Aussi, je me réjouis que le Mouvement de la Paix, avec qui je milite contre vents et marées pour l'abolition de l'arme nucléaire, aborde bien plus souvent le lien entre le nucléaire militaire et le nucléaire civil : une commission a eu lieu sur le sujet aux JDN de Caen et PP a traité le sujet (je pense que c'est la deuxième fois) dans le dernier numéro. Le dossier du dernier PP « les deux facettes du nucléaire » m'a séduit. J'ai appris que des armes pouvaient être converties en électricité aux USA (qui l'eût cru aux USA ?). J'ai aimé les sujets « l'État et son devoir d'informer », abordant le mensonge d'état que nous avons eu en URSS, mais aussi pour d'autres raisons en Occident et particulièrement en France avec Tchernobyl, ainsi que la relation « incestueuse » et scandaleuse entre l'AIEA et l'OMS. On ne peut être juge et partie, c'est pourtant ce qui se passe dans tous les cas dès qu'on aborde le nucléaire. Merci donc. Mais, je reste encore avec mes questions et je vous livre ma réflexion mûrie et nourrie par la culture de la paix, qui est notre culture commune à tous. Pour moi, ce n'est pas la culture de la paix pour la popu-

lation d'aujourd'hui mais aussi pour celle de demain que de transporter (sans information des populations) puis d'enfouir des déchets qui mettrons des millions d'années avant d'être inoffensifs. Ce n'est pas culture de la paix que de détourner des fonds gigantesques de la recherche pour des énergies respectueuses de notre Planète Terre (que nous empruntons à

D

ans son édito du Planète Paix du mois d’avril, Pierre Villard ouvre grand les portes du débat sur la dualité civile / militaire de la technologie nucléaire et je salue cette initiative. Si nous, pacifistes, nous militons pour un monde totalement exempt de l’arme nucléaire, nous sommes également dans la démarche de la promotion de la culture de la paix pour un monde solidaire, fondé sur un développement durable. De ce point de vue, les questionnements sur le nucléaire civil doivent être un sujet qui nous intéresse particulièrement, non par simple équivalence nucléaire militaire / nucléaire civil, qui reste une approche très réductrice, mais par nécessité relative à notre démarche pour un autre monde. Si l’opinion publique est majoritaire dans son rejet du nucléaire militaire, le manque de transparence dans le débat sur le nucléaire civil la prive d’éléments de compréhension des enjeux de cette technologie. Seule prévaut la peur d’un incident et, à chaque fois que cela se produit (Tchernobyl et Fukushima), le débat ressurgit dans tous les sens entre les pro et les anti - nucléaires. Certes, l’ampleur de la gravité de ces deux « incidents » justifie la peur, mais ce sujet

nos descendants), de mentir sur les coûts réels de production (qui ne comptent pas celui du démantèlement qui seront à la charge des générations futures). Car nous sommes responsables de la paix pour aujourd'hui, mais aussi pour demain. Que la Paix soit avec vous. Merci de m'avoir lu. Pierre Flament. ne peut être traité qu’occasionnellement, au gré de l’actualité et sous l’effet de l’émotion qu’elle suscite. Au-delà de la question de son usage, la technologie nucléaire manque de maîitrise totale sur tout le processus, de l’extraction au traitement des déchets. L’incident de Fukushima nous démontre concrètement que le statut public ou privé des acteurs du nucléaire n’acquiert pas la garantie de zéro risque. Ni l’un ni l’autre n’a de maîtrise sur les risques dépendant d’éléments naturels. Le stockage des déchets nucléaires reporte sur les générations futures les conséquences de choix injustes et contraires à notre désir d’un autre monde, solidaire y compris entre ces générations. La prolifération du nucléaire civil, pour ce qui concerne la production énergétique du moins, augure un accroissement du déséquilibre entre le Nord et le Sud et multiplie les risques d’autres Tchernobyl et Fukushima dans tous les continents. à la question de la sûreté nucléaire, notre réponse doit être compatible avec l’objectif que nous visons tous à atteindre, celui d’une évolution vers un monde de paix, d’égalité, de solidarité et d’un développement durable. Majid Wannass

Post - Fukushima Nous avons besoin d’électricité, certes, mais est-ce au point d’être aveugle sur les risques générés par ce nucléaire qui échappe de plus en plus au contrôle des états, quand l’état n’est pas complice lui-même. Quand un système peut déjouer Patrice Richard, toutes les prévisions et quand ce système est dangereux, il convient de se poser la question : le nucléaire est - il malgré les Association des problèmes d’émission de CO2 une bonne réponse au problème posé ? En tant que médecin nous aimons bien la prévention, médecins pour donc notre réponse est peut-être : NON. Car il y a en plus 2,5 à 3 kg de déchets nucléaires radioactifs / personne avec des la prévention demi - vies de 20.000 ans. Une centrale nucléaire, c’est un peu comme une bombe atomique qui est maîtrisée dans le temps de la guerre et dans l’espace. En théorie. Nous avons des quantités d’uranium ou de plutonium qui avoisinent les quantités utilisées nucléaire dans les bombes atomiques. Exemple : à Fukushima, 100 kg de plutonium fondus avec le soubassement et le cœur d’un 7 des réacteurs, c’est à peu près l’équivalent de 10 bombes atomiques. N° 563 - Juin / Juillet 2011 - Planète PAIX


Campagne Journée d'action pour abolir l'arme nucléaire

Yes we can le 25 JUIN La campagne ICAN, Planète Paix y a déjà consacré un dossier (avec une interview d’Alyn Ware, coordinateur des parlementaires pour la nonprolifération) dans son numéro 541. Un nouveau temps fort est prévu le 25 juin, nous explique ici Arielle Denis depuis Genève, où elle anime la campagne ICAN pour l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient.

EN SAVOIR PLUS Chrono des événements nucléaires : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/ dossiers/nucleaire/chronologie.shtml Les engagements français selon la Mission Permanente de la France auprès de la Conférence du Désarmement à Genève : http://www.delegfrance-cd-geneve.org/ spip.php?article419 8

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B

ien qu’il soit difficile d’en faire davantage, les partisans d'ICAN veulent se faire entendre. C’est pourquoi ils appellent à une Journée mondiale pour l'Abolition de l'arme nucléaire, le 25 juin prochain. Juste avant le Sommet du « P5 » annoncé à Paris pour les 29 et 30 juin. De quel sommet s’agit - il ? Les Cinq 1 se réunissent pour donner des preuves tangibles de leur mise en oeuvre du fameux Article 6 du TNP : « poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires à une date rapprochée et au désarmement nucléaire ». à cette occasion, l’objectif est de montrer le degré d’exigence des peuples – et des gouvernements – pour débarrasser le monde des armes nucléaires en signant une convention d'abolition, tel est l'objectif de cette journée du 25 juin. Concernant les gouvernements, 142 états se disent favorables à la négociation d'une Convention d'Abolition des armes nucléaires ! Cette exigence gagne donc chaque jour en crédibilité.

Pétitions et site internet Pour l'animer, le site nuclearabolition.org collecte les initiatives et en propose d'autres, que l'on dispose de cinq minutes ou d'une journée. En France, la carte pétition qui appelle l'élysée à agir pour le désarmement est relancée par les 52 organisations du Collectif ICAN - France 2 ; elle vise à recueillir 100.000 signatures, la moitié ayant déjà été collectée. Le Collectif ICAN - France organise aussi un Forum sur le Parvis des Droits de l'Homme à Paris, pour donner la parole à de nombreux délégués de Grande- Bretagne, des Pays-Bas, d'Allemagne, des états-Unis... Ce Forum précèdera une conférence d'échange, avant le nouveau cycle du TNP qui commencera en 2012.

Le dessous des cartes Même si l’actualité du désarmement nucléaire n’est pas très pourvue, depuis la signature du traité Start (cf. encadré), la mise en oeuvre des engagements du TNP en 2010 se poursuit. Du fait qu'ils mentionnent une Convention d'Abolition,

celle-ci a encore gagné en crédibilité et portée par un groupe d'états actifs en lien avec la campagne d'ICAN l'idée de négocier une Convention se rapproche du centre du débat mondial. ICAN a réussi à collecter de nouveaux moyens pour renforcer ses équipes en Europe, en Asie et en Amérique 3. Toujours dans les suites de 2010, une dynamique intéressante est en train de s'organiser autour de la convocation de la Conférence pour une Zone libre d'arme nucléaire au Proche-Orient. Cette année 2011 marquera le 15 ème anniversaire de l'Avis de la Cour internationale de Justice sur la licéité de la menace ou de l'emploi des armes nucléaires. De nouvelles approches sont travaillées par les experts du droit international, qui marqueront notamment les débats du Congrès international de la Croix rouge en novembre prochain, ouvrant aussi un nouveau volet d'arguments légaux en lien avec la préservation de l'environnement. Un nouveau souffle s'est levé à New-York en 2010 et le 25 juin prochain est l'occasion de pousser ensemble à nouveau la roue de l'histoire ! Arielle Denis 1 – Chine, Russie, Grande-Bretagne, France et états-Unis. 2 – www.icanfrance.org 3 – voir PP n ° 562, mai 2011.

Diplomatie atomique, suite Ban Ki Moon à l’occasion de la réouverture en janvier 2011 de la Conférence du désarmement (CD) à Genève : « D'un côté, les états font des progrès, ils ont pris des initiatives pour renforcer la sécurité nucléaire ; les états parties au TNP ont organisé avec succès la Conférence d'examen en 2010 ; d'importants efforts bilatéraux ont porté leurs fruits, à l’instar du nouveau Traité START. Mais d'un autre côté, la CD a joué un rôle limité ou inexistant dans ces avancées. L'impasse qui se poursuit est de mauvaise augure pour la sécurité internationale. Plus elle persiste, plus grave est la menace nucléaire. Alors que les initiatives des états et de la société civile créent le mouvement, (cf. article d’Arielle Denis), cet organe continue lui de stagner ».


Campagne Pour une filière de déconstruction navale

Mourir dans la dignité La CGT a organisé le 12 avril dernier, à Rennes, des « Assises Nationales » en présence de syndicalistes, d'élus locaux et de représentants d'associations, « pour la création d’une filière de déconstruction des navires en fin de vie ». Cette création est un engagement du Grenelle de l’environnement. Où en est - on ?

EN SAVOIR PLUS CGT - Collectif « Déconstruction des navires en fin de vie » 263, rue de Paris 93516 Montreuil cedex « Brest face à son avenir » par Louis Aminot Rapport 1996 de l’Observatoire des transferts d’armements CDRPC Lyon

M

is en service le 22 novembre 1961, désarmé le 1 er octobre 1997, condamné le 16 décembre 2002 sous le numéro Q790, feu le porte-avions Clémenceau conservera à jamais le mérite d’avoir inscrit en grand et à la face du monde « le démantèlement et la déconstruction des navires en fin de vie » à l’ordre du jour des problèmes navals, industriels et environnementaux à résoudre. Bien que la France des mers et océans ait à tort négligé et même abandonné sa marine marchande et ses chantiers navals, la CGT appuie son argumentaire sur les réalités du monde en mouvement : 1) les transports maritimes assurent plus de 85 % des échanges internationaux, la Manche accueillant près de 20 % du trafic international ; 2) « plusieurs milliers de navires poubelles rouillent dans les ports ou sont coulés au large » ; 3) quelques 700 navires sont détruits chaque année notamment dans les pays asiatiques et ce « dans des conditions d’hygiène et de sécurité déplorables pour les travailleurs » ; 4) la Marine nationale a retiré des dizaines de coques, dont récemment le navire-école Jeanne d’Arc, du service actif et 80 autres bâtiments, souvent bourrés d’amiante, pourraient les rejoindre d’ici à 2017 ; 5) rien qu’en France, 20.000 bateaux de plaisance arrivent chaque année en fin de vie. Sans prétendre à l’exhaustivité du panorama maritime, il y a en outre, bien sûr, les différentes flottilles de sous-marins. Dans un contexte international évolutif, les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, ceux de nouvelle génération, engendrent pour leur démantèlement des préoccupations industrielles et écologiques complexes. Les militants de la Paix défendent pour leur part « le droit pour les sous-marins nucléaires de mourir dans la dignité ». Aussi, cet ensemble de données ne justifie - t - il pas l’exigence de création d’une filière industrielle de déconstruction, « économique et écologique », filière dans laquelle les ports du Havre, de Cherbourg et de

Brest joueront un rôle central ? Ne suffit - il pas de poser la question ? Sur ce fond surgissent les conséquences de la désindustrialisation à l’œuvre depuis des années et son corollaire, le développement déséquilibré des régions, sources majeures de la montée des injustices et inégalités sociales et territoriales. En Bretagne occidentale, le chômage de masse et l’exode des jeunes sont palpables. Décidés en Louis Aminot. 1996 par Chirac - Millon, le reformatage de la marine et la restructuration des arsenaux font souffrir Brest. à tel point que la ville ne retient plus ses habitants. Il est admis que depuis lors de 8 à 10.000 âmes se sont évanouies. L’industrie navale se résume désormais à une peau de chagrin. L’électronique et l’informatique (de Défense) ne cessent de réduire leurs effectifs. L’arsenal poursuit sa mutation en base navale ou « garage pour sous-marins atomiques ». Brest Atomik Base ! Une vraie dégringolade industrielle, d’autant que les gouvernements successifs se sont tous refusés à imaginer, et a fortiori à entreprendre, une authentique reconversion industrielle durable des arsenaux. Il est donc essentiel que la CGT ait réaffirmé ses objectifs en ce domaine. Ceux-ci peuvent servir de point d’appui et de convergence. Les militants de la Paix, du moins ceux qui conçoivent leur combat pour le désarmement nucléaire comme pilier de la transformation sociale, démocratique et écologique, les populations soucieuses de l’environnement, la jeunesse des quartiers populaires, recevront avec intérêt les propositions cégétistes. D’abord parce qu’elles touchent Brest et Cherbourg. Ensuite parce que, en arrière plan, elles posent aussi la question des alternatives aux activités industrielles liées aux sous-marins nucléaires. Pour conjuguer le droit de vivre et de travailler au pays et le droit à un monde sans armes nucléaires, quels projets industriels définir localement et démocratiquement pour Brest et Cherbourg, avec quels outils unitaires ? Du beau travail en vérité. Il y a tant à faire. Louis Aminot, Militant de la Paix, élu de Brest de 1977 à 2001

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Agenda 1 er juin - 3 juillet : représentation du spectacle « Croisades »(cf. affiche) du théâtre Majàz au Théâtre du Soleil, Vincennes (94). Une pièce écrite par Michel Azama. Contact : Lauren Houda Hussein - tel : 06 99 83 11 40

Réponses au Jeu n°11 1- Quel est le nom de l'actuel ambassadeur de Palestine en France ?

10 - 17 juin : Semaine pour la Paix, La Rochelle (17).

2- Combien d'états ont reconnu la Palestine comme état depuis novembre 2010 ?

b) 13.

Samedi 11 Juin : Voiles pour la Paix.

3- En quelle année est né Romain Rolland ?

Mardi 14 juin : groupe d’art traditionnel populaire et chants. 20 h 30 : dans la cadre de la semaine pour la paix de la Rochelle. Exposé-débat sur le thème « la paix dans le monde » et la résistance rochelaise en 1940 sous l’Occupation.

16 Juin : soirée artistique à la salle des fêtes de Périgny. 17 juin : soirée dédiée à Jean Ferrat. Contacts : Albert Bret. tel : 06 68 32 98 05 http://larochellelapaix.canalblog. com/ 17 - 20 Juin : Semaine de rencontres Corse sur le thème « Pauvreté / Surarmement » 17 juin : Ajaccio, 18 h 30 maison de quartier Saint-Jean, projection des films « Le salaire de la dette » et « Noir Coton ». 18 juin : Ajaccio, Rencontres Per A Pace - Espace diamant, projection du film « La fin de la pauvreté ». Débats sur Pauvreté / surarmement. Avec éric Toussaint du Comité pour l’annulation de la dette du Tiers Monde, Colin Archer du Bureau International de la Paix, Mehdi Lallaoui de l’association 10

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?

d) Hael Al Fahoum.

10 juin : expo avec des enfants. 18 h, réception des partenaires de la mairie et prise de parole du maire et des associations et la chorale Harmon’ile.

15 juin : 20 h - soirée poésie et chants.

QCM

b) 1866.

« Au Nom de la Mémoire », Paul Euzière du Festival TransMediterranée. 20 Juin : Bastia Lupino - Rencontres pour une culture de Paix. 23 au 24 et 26 juillet : Lulea, Suède – Séminaire international contre les terrains d’entraînement de l’OTAN. Pour plus d’information contacter : info@ofog.org +46 (0)733 815361 Voir aussi : http://www.ofog.org/english Ou en français sur la mobilisation : http://warstartshere.com/ node/61336


campagne DOSSIER Les études de la paix sont nées des cendres des dévastations du XX ème siècle. 65 ans après la Deuxième Guerre mondiale, la paix est enseignée comme discipline dans près de 300 collèges et universités de par le monde. Parmi les instituts qui ont façonné cette science naissante, le Peace Research Institute d’Oslo (PRIO) et le Richard Institute en 1959. Dès 1965 se tient la première conférence de l’Association internationale de recherche sur la paix (IPRA). Dès 1969 démarrent les premiers programmes à l’université Colgate puis à l’Université Bradford en Grande-Bretagne en 1973. Dès 1980, 75 programmes de « peace studies » sont mis sur pied aux étatsUnis, une centaine dès 1986 dont un tiers dans des universités publiques. C’est à cette époque que se monte l’Université pour la Paix (UPEACE) au Costa Rica.

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dossier

La paix, une mati

Les centres de formation à la paix Avec la volonté de « doter l’humanité d’un établissement international d’enseignement supérieur au service de la paix », selon la résolution 35/55 de l’AG de déc.1980, l’Université pour la paix des Nations unies (Upeace) est créée. Son mandat : faire avancer la cause de la paix dans le monde. Grâce au concours du PNUD, un fonds d’affectation spéciale alimenté par des contributions volontaires voit le jour en 1991. L’Upeace s’installe alors à San José. Elle ouvre un bureau à Genève depuis avril 2000. Depuis, une bibliothèque électroniqueon a été mise en service, un programme de culture de paix en Amérique centrale (avec l’Unesco), des programmes sur la consolidation de la paix et le règlement pacifique des différends. L’enseignement de la paix est dans l’air du temps. Les universités francophones se rattrapent, trente ans après Bradford.

C

e ne sont pas des vraies universités, ce sont des associations. Mais à vocation pédagogique. Elles sont parfois associées à des musées de la paix (cf. dossier musées).

L’Université de Namur à 51 ans d’existence, elle intervient dans les écoles pour que les jeunes puissent régler les conflits… Pour prévenir la violence dans les écoles. L’Université de Paix se constitue en ASBL (équivalent blege de l'association loi 1901) et est reconnue comme Organisation de Jeunesse par le Ministère belge de la Culture. La première formation de la FOC (Formation des Objecteurs de Conscience) est réalisée du 27 / 09 / 1976 au 01 / 10 / 1976. Elle prend fin en 1993 en raison de la suppression du service militaire – OTAN oblige. L’Université de Paix de Namur a été récompensée : - 1977, le Prix Schweitzer de la philosophie et de la Culture ; - 1978, le certificat d’institution participant au système Unesco des écoles associées ; - 1987, le Prix « Messager de la Paix » des Nations Unies ; - 1998, le Prix Jeunesse et éducation Permanente de la Communauté française pour le livre « Négocier, ça s’apprend tôt ! » ; - 2006, Prix pour le programme de formation « Graines de médiateurs – Développement des habiletés sociales », dans le cadre 12

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de la 10 ème réunion des Coordinateurs du Programme éducation à la Citoyenneté et aux Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe.

L’Université de la paix de Verdun L’Université de la Paix, association type loi 1901, a pour but, dans le respect de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948, de promouvoir et de valoriser les recherches sur la paix, et d'en permettre la diffusion auprès de différents publics. Elle fonctionne en réseau avec des centres, organismes, auxquels se joignent des personnalités du monde politique, scientifique et culturel connues pour leur action en faveur de la paix. L'Université de la Paix s'occupe notamment : - de l’organisation de journées études, rencontres, colloques nationaux et internationaux ; - de l'information régulière du public et de tous les milieux concernés par la création, l'organisation et l'animation de lieux, de manifestations, de supports et de réseaux informatifs sur le thème de la paix en liaison permanente avec les associations et organismes qui se sont donnés cette vocation ; - de la mise en place d’actions de formation, d'éducation et de sensibilisation auprès de publics appartenant notamment à des zones de conflits.

L’Université Européenne de la Paix à Brest Cf. PP n562

Université d’évry - Val-d’Essone Cette université propose un enseignement autour de la « culture de la paix » depuis 2007 (cf. Planète Paix n ° 520, mars 2007). Il s’agit d’une unité d’enseignement libre ou UEL qui est sanctionnée comme les autres. « Pour l’avenir », pronostique Josette Fourme, l’une des initiatrices du projet, « nous devons faire un effort pour accrocher plus les étudiants à cet enseignement et peut-être trouver un autre intitulé qui pourrait les intéresser davantage ».

EN SAVOIR PLUS L'Université pour la Paix sur le web : www.upeace.org


mati ère comme les autres

Au menu des facultés Bradford Peace University Les études de / sur la paix : un domaine des sciences sociales qui se focalise sur l’étude de la violence et des conflits dans un monde de plus en plus complexe et interdépendant. Exploration et analyses des crises inter - et infra - étatiques, violence étatique et non - étatique ; terrorisme, pauvreté et marginalisation ; implications éthiques des progrès scientifiques et technologiques. Nouvelles formes de gouvernance par rapport aux proliférations des armes, changement climatique, et pauvreté ; mouvements sociaux et militantisme mondial. Parmi les profs : Shaun Gregory, expert sur les armes et le Pakistan ; Owen Green, sur la non-prolifération et la transparence militaire et le désarmement ; Paul Roger sur les conflits environnementaux. http://www.brad.ac.uk/peace/index.php http://www.brad.ac.uk/peace/courses/

Faculté de Droit – Grenoble (masters 2) La spécialité « Sécurité internationale et défense » s’attache à former des spécialistes de haut niveau capables de développer une vision globale des problèmes de sécurité internationale et de défense associant, à l’approche juridique, majoritaire, des approches économiques et politiques dans une vision renouvelée de la sécurité, englobant notamment la sécurité coopérative non strictement militaire. Dans le cadre d’un Master de Sécurité Internationale et défense, économie de la sécurité internationale et de la défense : – Introduction aux principaux domaines de l’économie de la sécurité internationale et de la défense : coût et financement de la sécurité et de la défense, coût du terrorisme ; conflits, guerres et développement ; guerres, guerre économique sanctions économiques ; guerre et globalisation ; industrie d’armement ; désarmement et développement, conversion. Volume horaire : 20 heures de cours. – Les formes de la violence (guerre, guérilla, guerre civile, guerre révolutionnaire, guerre asymétrique, guerre sainte, terrorisme…), la pensée stratégique et les cultures de guerre, la culture de paix et le pacifisme, les systèmes et structures de sécurité (alliances, coalitions),

les communautés de sécurité, la sécurité collective... aussi 20 heures de cours. Unité 2 : Droit de la sécurité internationale et de la défense : Introduction aux principaux domaines du droit de la paix et de la sécurité

Le Centre d’études Autrichien pour la Paix et la Solution des Conflits (ÖSFK) h t t p : / / f r. d b - c i t y . c o m / A u t r i c h e / Burgenland/Stadtschlaining

Le Pôle Bernheim Paix et Citoyenneté de l’Université Libre de Bruxelles Les cours de la Chaire Bernheim Paix & Citoyenneté ont été créés pour permettre une intégration plus approfondie des thèmes de la paix et des conflits dans les programmes de l’ULB, selon une approche pluridisciplinaire. Ils sont financés par le Pôle Bernheim Paix & Citoyenneté, avec le soutien de la Fondation Bernheim, pour la période académique allant du 1 er octobre 2010 au 30 septembre 2011. Parmi les profs : Amy Dahan donne, avec Edwin Zaccaï, le cours de la Chaire Bernheim intitulé « Science, Guerre, Paix et Développement Durable » inscrit en Faculté des Sciences (Bacheliers). http://www.iee-ulb.eu/polebernheim/02_ equipe.htm http://www.iee-ulb.eu/polebernheim/06_ activities.htm

http://geopolitiquesecurite.wordpress. com/le-master/lequipe-pedagogique/

Département de Polémologie – université de Strasbourg http://geopolitiquesecurite.wordpress. com/le-master/lequipe-pedagogique/

Université Panthéon-Assas, Paris. Parmi les thèmes : épistémologie de la sécurité globale. La guerre ou le contrôle de la violence par la politique. La guerre dans la pensée clausewitzienne. Guerre juste et guerre nécessaire ; les critiques de l’approche réaliste de la guerre. La diplomatie ou la sécurité négociée. Le règlement pacifique des différends : la voie judiciaire ; désarmement et contrôle des armements. L’équilibre des puissances. Les caractéristiques des alliances contemporaines ; la stabilité au sein de l’alliance : les communautés de sécurité. Les Mesures de Sécurité et de Confiance (MDCS) ; De la coexistence pacifique aux complexes de sécurité. La sécurité collective et le maintien de la paix ; le mécanisme de la sécurité collective ; l’intervention préventive. Bilan de la pratique onusienne en matière de maintien de la paix.

Institut Catholique de Paris Masters géopolitique et sécurité. L’année universitaire 2010 - 2011 a vu l'amorce d'un partenariat avec le Comité français pour l'intervention civile de paix. Cette plate-forme rassemblant treize ONG spécialisées dans les techniques d’intervention civile de paix et de promotion des initiatives de règlement non - violent des conflits. Le Master bénéficie donc de l'expérience d'experts de terrain, tandis que ces organisations peuvent tirer profit des activités scientifiques organisées par la formation. http://www.icp.fr/fr/Organismes/Facultede-Sciences-Sociales-et-EconomiquesFASSE/Formations-et-diplomes/MasterGeopolitique-et-securite-internationale-M2 http://geopolitiquesecurite.wordpress.com N° 563 - Juin / Juillet 2011- Planète PAIX

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dossier

La paix, une mati

CULTURE DE LA PAIX et GESTION LOCALE

Le « vivre ensemble » Pas de culture de paix sans implication des territoires. Planète Paix martèle cette évidence, éclaire ses lecteurs sur les villes de paix. D’où aussi l’Appel aux maires de France à Dijon en présence de Catherine Margaté, maire de Malakoff (PP n ° 538 de janvier 2009). Réflexion ici de Michel Cibot qui connaît bien les communes, départements et régions pour la paix de France… EN SAVOIR PLUS AFCDRP : www.afcdrp.com Mayors for Peace : http://www.mayorsforpeace.org/english/ link/index.html Filmographie  de  l’institut Hiroshima - Nagasaki : http://www.ihn-france.org/filmographie/ index.html 14 N° 563 - Juin / Juillet 2011 - Planète PAIX

L

a notion de « Culture de la Paix » doit ses caractéristiques à ce qu'elle prend appui sur un fait majeur de notre époque : l'homme détient désormais le pouvoir absolu d'exterminer tous ses semblables. Ce nouveau visage de la réalité humaine, symbolisé par l'anéantissement de deux villes japonaises les 6 et 9 août 1945, rend dès à présent nécessaires des institutions, des formes d'organisation sociale ou économique, des pratiques collectives et des comportements individuels en rupture avec le passé. Il est le volet mortifère absolu de la globalisation et situe ainsi l'ensemble des problèmes humains à une échelle mondiale. Outre son dénouement tragique possible, la menace d'extermination totale produisant aussi, en elle-même, des effets immédiats parfois insoupçonnés, nous avons désormais intérêt, à tous niveaux et au-delà de tous choix éthiques ou idéologiques, à vouloir (apprendre à) vivre ensemble. La réalité indiscutable de ce pouvoir exorbitant a d'ores et déjà conduit des hommes à plus de sagesse puisqu'ils ont adopté des textes internationaux exprimant une adhésion largement partagée aux valeurs universelles . Ils ont ainsi donné à la notion de « Culture de la Paix » une fondation en droit qui, ajoutée à sa fondation objective, en fait autre chose qu'une version mise à jour d'un humanisme généreux trop souvent réduit à des programmes éphémères de bonnes intentions. Un engouement certain pour le développement durable atteste de cette prise de conscience qui doit évidemment inspirer l'action concrète. La reconnaissance constitutionnelle du principe de précaution peut faire espérer que la prévention devienne un mode de gestion des affaires humaines... affaires nucléaires comprises...

La culture de la paix, un référentiel La « Culture de la Paix » doit encore trouver une place à la mesure des effets présents de la menace et à la mesure des besoins des générations futures, dans nos stratégies, dans nos ambitions, dans nos programmes, dans nos projets, dans nos manières de penser ou d'agir. Nous devons considérer la Culture de la paix non comme un élément de ces stratégies, projets et programmes mais bien comme un cadre méthodologique et stratégique fondamental inédit, un référentiel alternatif, une dimension nouvelle d'un grand dessein humain qui sera mis en mou-

vement grâce à tout ce que nous connaissons déjà et tout ce que nous inventerons encore dans tous les domaines : éducation, solidarités (sociales, économiques, personnelles, professionnelles, syndicales, géographiques, etc), objectifs du millénaire contre la pauvreté proposés par l'Onu, démocratie représentative et participative, respect mutuel (laïcité, responsabilité, refus des discriminations), égalité des genres, communication partagée, biens et services publics, protection de l'environnement et de tous les droits humains, développement durable, sécurité pour tous, etc.

Vers l'abolition des armes La Culture de la Paix est donc bien un moyen d'innovation, un véritable référentiel de modernité. Elle apporte sens et cohérence à tous les niveaux de « gouvernance », en particulier au niveau territorial s'agissant de l'AFCDRP (Association française des Communes, Départements et Régions pour la Paix). Elle doit contribuer à un repositionnement relatif de tous les acteurs sociaux. Elle est à la fois objectif, « horizon » et moyen, problème et solution. Mais elle n'est pas innée, ni mécaniquement opérationnelle. Elle appelle à la mise en place d'outils de formation conséquents. à la « révolution » dans la nature des affaires militaires engendrée par les armes nucléaires au sein du « bios » profond de notre monde doit répondre une « re-évolution » de la civilisation et des comportements humains. La voie est étroite et courte à l'échelle de l'histoire avant qu'il ne soit trop tard. Elle passe, comme le disent les survivants d'Hiroshima et de Nagasaki, les « Hibakusha », par l'abandon de l'esprit ancestral de revanche. Elle passe par la réconciliation et par l'élimination des moyens d'extermination totale. Cette dernière mesure n'est pas théorique puisqu'un traité la prévoit. Elle libérerait des moyens financiers et humains précieux, comme le suggère l'Onu en démontrant qu'un quart des dépenses militaires du monde suffirait à éradiquer bien des fléaux tels que la pauvreté ou les dérèglements climatiques causés par l'activité humaine. Notre pays doit maintenant oser des propositions exemplaires comme il a parfois su le faire pour la liberté ou contre la guerre et s'en trouver grandi tant sur la scène européenne que mondiale. © Michel Cibot, Directeur territorial - Délégué général de l'AFCDRP / Maires pour la Paix


campagne mati ère comme les autres

éduquer pour résister Ziad Medoukh est un universitaire

P

lanète Paix : Les images de destructions qui nous parviennent de la bande de Gaza rendent parfois inimaginable l’existence de projets éducatifs, qu’en est - il réellement ?

département

Ziad Medoukh : L’éducation est devenue en Palestine, une forme de résistance non - violente. Car les Palestiniens ont compris que c’était un enjeu essentiel pour l’avenir. L’Unesco chiffre à 93 % le taux de scolarisation en Palestine, en dépit de toutes les difficultés. Cela illustre bien l’attachement à la terre. Après chaque bombardement de l’armée israélienne à Gaza, les parents cherchent dans les décombres les livrets scolaires de leurs enfants. L’éducation, c’est notre espoir.

de français de

PP : On peut donc étudier en Palestine ?

palestinien. Il coordonne le Centre de la Paix à Gaza, où il dirige le

l’université Al-Aqsa. Nous l’avons rencontré à l’occasion d’un séjour en France, invité par l’université d’évry.

EN SAVOIR PLUS L'université d'Al-Aqsa : http://translate.google.fr/translate? hl=fr&langpair=en%7Cfr&u=http:// www.alaqsa.edu.ps/en/ Le site du Centre de la Paix de Gaza. http://www.palestine-solidarite.org/ centredepaix.sommaire.htm Un site toulousain parle du Centre de la Paix : http://www.non-violence-mp.org/ actions/centrepaixgaza.htm L'école de la Paix : http://www.ecoledelapaix.org Galerie des affiches : http://www.ecoledelapaix.org/ coppermine/

ZM : Oui, bien sûr. à Gaza, les étudiants représentent 10 % de la population. Pourtant, les frais d’inscription à l’université sont très élevés, et les étudiants savent qu’après trois ou quatre ans d’études, ils seront probablement au chômage. De plus en plus de spécialités s’ouvrent. Avant, nous devions aller étudier en égypte ou dans d'autres pays arabes. Maintenant, il y a la volonté des universitaires de maintenir les jeunes au pays.

PP : Qu’est-ce que le centre de la Paix ?

ZM : L’idée est venue lors d’un séjour à Grenoble où j’ai connu l’école de la paix (cf. encadré). Le Centre de la Paix a été créé en 2006 par un groupe d’universitaires palestiniens. C’est un centre ouvert, c’est-à-dire destiné aux étudiants des 13 grandes universités de Palestine. Dans les faits, à cause de la division géographique entre Gaza et la Cisjordanie, il est utilisé par les seuls gazaouïs. Nous l’hébergeons au sein du département de français de l’université Al Aqsa. L’accès y est gratuit. Tout repose sur des bénévoles.

PP : Que trouve - t - on au Centre de la Paix ?

ZM : Le Centre se développe autour de 3 axes, la formation, l’ouverture vers la société civile et la coopération internationale. La formation prend la forme de stages, d’ateliers et de rencontres autour des axes de la culture de la Paix. L’ouverture à la société palestinienne se concrétise par l’invitation de partenaires associatifs pour animer les ateliers. Nous ne faisons pas de cours, nous organisons des moments d’échanges. Le volet international se traduit par la participation à des rencontres à l’étranger, et l’invitation d’universitaires à Gaza.

PP : Comment est-ce possible ?

ZM : Malgré les difficultés, nous continuons à demander des visas et à inviter des partenaires. Pour faire face aux difficultés, nous nous sommes équipés de matériel de visio-conférences. C’est devenu courant à Gaza. Entre 2006 et 2010, nous avons pu faire participer des étudiants à 7 rencontres en France, au Liban, en Jordanie, en égypte, invités par des associations non-violentes, de paix et pour la démocratie. De plus, nous avons organisé 3 rencontres depuis Gaza par visio-conférence, la dernière date de mars 2011 avec l’université d’évry à l’occasion d’une prestation de Daniel Durand de l’IDRP *. Je me déplace également comme coordinateur du Centre pour la Paix. Les invitations portent sur la Culture de la Paix comme en 2009 à l’Unesco.

PP : Quelle est la prochaine étape ?

ZM : Nous avons deux objectifs majeurs : développer l’offre de recherche et former des animateurs de la Paix. Nous ambitionnons de former 12 à 15 animateurs diplômés par an. Tout cela demande du temps car nous travaillons dans des conditions très difficiles. C’est pourquoi votre soutien politique pour la création de l’état de Palestine est essentiel. Propos recueillis par Laurent Brunel * Institut de Documentation et Recherche pour la Paix

« J'ai rencontré... l'école de Paix à Grenoble » Comme l'explique Raymonde Caraguel, responsable du Pôle Education à l'école de la Paix de Grenoble, celui qu'on surnomme le Gandhi palestinien, Nassez Assaily, est passé par Grenoble, encore récemment. Il oeuvre depuis 1981 au développement de la non violence auprès des enfants palestiniens. Il a mis en place des bibliobus pour la paix du côté de Hebron. N° 546-547 - Novembre/Décembre N° 563 - Juin / Juillet 2011 2009 - Planète PAIX

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Portrait Dulcie September

Victime de l'Apartheid Le 9 rue Dulcie September à Saint-Ouen, une majorité des lecteurs connaît cette adresse et pour cause : c’est là où le Mouvement de la Paix a installé son siège national un jour d’été de 2006. L’inauguration de la « Maison de la Paix » a eu lieu le 27 janvier 2007. Mais sait - on qui est Dulcie September ? Pourquoi a - t - elle été assassinée à Paris en 1988 ? Pourquoi aucune plaque commémorative à l’endroit même où les coups de feu sont partis ?

N

ée le 20 août 1935 en Afrique du Sud, fille d’un directeur d’école, Dulcie September est contrainte de quitter sa maison pour un quartier des Cape Flats, la township du Cap. Elle entreprend une formation d’institutrice mais n’enseignera jamais. Elle s’engage pour les droits de tous les Sud-Africains et combat le régime raciste, appelé Apartheid, mot afrikaans qui signifie « développement séparé » issu des lois racistes de 1913 pour aboutir à la séparation matérielle des races après la Seconde Guerre mondiale. Son militantisme la conduit en prison pendant cinq ans. Puis, l’exil la mène à Lussaka en Zambie, à Londres. Considérée comme une organisation terroriste jusqu’en 1981, l’ANC (African National Congress, organisation anti-apartheid) est autorisée à ouvrir un bureau à Paris par les socialistes. Dulcie devient représentante de l’ANC en France. Professeur d’Anglais et militante anti-apartheid, Jacqueline Dérens aide Dulcie à trouver ses marques en France. Elle évoque avec émotion cette « grande métisse aux yeux remplis de paillettes d’or, bourreau de travail, et femme de terrain qui parcourait le pays inlassablement… à cette époque, en France, Mandela était considéré comme un terroriste. C’est grâce à Dulcie, s’il y a eu chez nous une prise de conscience ! » Elle est assassinée le 29 mars 1988 à Paris, au siège parisien de l’ANC – au 28 rue des Petites Ecuries dans le X ème arrondissement de la capitale – de cinq balles tirées à bout portant. Cet assassinat intervient trois ans avant la fin de la politique ségrégationniste de la République sud-africaine.

N° 563 - Juin / Juillet 2011 - Planète PAIX

– rues à Saint-Ouen et La Courneuve (93), Vigneux-sur-Seine (94), évreux (27), Cléon (76), Avion (62) au Mans (72) ; – places à Paris X ème, Nantes (44) et Gardanne (13) ; – allées à Angers (49) et Vénissieux (69) ; – square à Montreuil-sous-Bois (93) ; – boulevard à Saint-Martin-d'Hères (38) ; – école maternelle à Grigny (91), école primaire à Ivry-sur-Seine (94), collège à Arcueil (94), centre socioculturel de Loon-Plage (59), salle des fêtes de Nangis (77), centre social à Garges-lès-Gonesse (95)…

En Afrique du Sud : – Dulcie September Street à Pretoria et Dulcie September Avenue à Tembisa.

Son assassinat était - il prévisible ? De 1982 à 1988, plusieurs attentats sont dirigés contre des représentants ou des locaux de l’ANC, en Grande-Bretagne et Belgique... à Paris, Dulcie September est agressée dans le métro. Avant son assassinat, elle enquêtait sur un trafic d'armes entre la France et l'Afrique du Sud. Les soupçons se portent sur deux mercenaires français, proches de Bob Denard. L'affaire Dulcie September n'a pas été résolue par la justice française. Suite à son meurtre, plusieurs marches silencieuses sont organisées en France et, notamment à Paris, pour rendre hommage à cette militante pour la démocratie, l’égalité des droits et la liberté. évelyne Aymard

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Quelques rues et établissements « Dulcie September » :

Nelson Mandela Nelson Rolihlahla Mandela, né le 18 juillet 1918 à Mvezo en Afrique du Sud, intègre, en 1944, le Congrès national africain (ANC), afin de lutter contre la domination politique de la minorité blanche et la ségrégation raciale. L'ANC est interdit en 1960. Après vingt-sept ans d'emprisonnement, Mandela est relâché le 11 février 1990 et soutient la réconciliation et la négociation avec le gouvernement du président Frederik de Klerk, avant de devenir président de la République d'Afrique du Sud de 1994 à 1999, à la suite des premières élections nationales non raciales de l'histoire du pays.


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1 - Q uel a été le premier pays à proposer un fond international financé par les réductions de dépenses d'armement au service du développement ? a) la France. c) le Japon.

b) l'Inde. d) les Bahamas.

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d'abonnement

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2 - En 1973, cinq pays se sont engagés à réduire de 10 % leurs budgets militaires pour financer l'aide au développement. Lesquels ? a) Canada, Norvège, Thaïlande, Jordanie, Mali. b) Chine, états-Unis, France, Royaume-Uni, ex-URSS. c) les 5 neutres d'Europe : Irlande, Autriche, Suisse, Finlande, Malte. d) le Vatican, Swaziland, Bhoutan, Belize, Tuvalu.

6 mois

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3 - Quels pays se sont récemment dotés d'un ministère du Désarmement ? a) les états-Unis 

b) l'Afrique du Sud 

c) la Nouvelle-Zélande 

d) le Népal 

* Les trois premières personnes dont les bonnes réponses seront parvenues au magazine gagneront, ou feront gagner à la personne de leur choix, 6 mois d’abonnement à Planète Paix. Réponses dans le prochain numéro.

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Portrait Histoire

Bertrand Russell (1872-1970) Planète Paix a déjà publié quelques portraits de pacifistes plus ou moins célèbres ou reconnus dont Bertha Von Suttner (PP n ° 500 de mars 2005), Andrée Michel (PP n ° 521 d’avril 2007), Mordechai Vanunu et Ruth Leger Sivard (PP n ° 557 - 558 de décembre - janvier 2011). Cidessus, celui à qui l’on doit les différents tribunaux Russell grâce à notre historien, JeanPierre Vienne.

EN SAVOIR PLUS Sur Bertrand Russell : http://www2.vo.lu/homepages/fce/ pensee109.htm 18

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I

ssu d’un milieu aristocratique et aisé, il perdit ses parents très jeune. Il étudia les mathématiques, mais aussi la philosophie et les sciences morales au célèbre Trinity College de Cambridge, pour devenir bientôt un spécialiste mondialement reconnu de la logique, de l’épistémologie, de la démarche scientifique, ce qui le fit entrer à la Royal Society en 1911. En philosophie, il fut influencé de façon déterminante par l’Autrichien Ludwig Wittgenstein et désigna l’amour de l’humanité comme la cause essentielle, avec la non-violence comme moyen. Devenu à son tour professeur au Trinity College, il en fut renvoyé en 1916 pour ses activités pacifistes et son opposition frontale à la guerre. Il fut même condamné à une peine de prison (de 6 mois) en 1918. Il ne cessa, dès lors, à côté de ses travaux sur la logique, de s’engager toujours plus à fond pour une société de paix, prônant l’objection de conscience, mais aussi de liberté, s’opposant à toute forme d’oppression, notamment religieuse. Ses activités de journaliste et d’écrivain le rendent désormais célèbre. Comme conférencier, il est partout demandé. Son anticonformisme peut passer pour de l’excentricité. Son ironie (redoutée) lui valut d’être qualifié de Voltaire anglais. Il mène néanmoins de façon obstinée et conséquente son combat pour la paix. à partir de 1938, il enseigne aux états-Unis, mais y est interdit d’enseignement en 1944, tant il choque par ses positions libertaires et anti-religieuses. Dès son retour en Grande-Bretagne, il se lance, avec une obstination farouche, dans un combat contre les armes nucléaires (les bombes atomiques venaient d’être lancées sur Hiroshima et Nagasaki) qu’il poursuivra, avec l’appui d’Albert Einstein et de Joseph Rotblat, jusqu’à son dernier jour. Il en devient immédiatement la figure de proue emblématique. Le Prix Nobel de littérature qui lui est décerné en 1950 consacre aussi tous ses engagements humanistes, mais n’empêchera nullement sa nouvelle arrestation en 1961, à l’âge de 89 ans ! Un certain nombre de Français associent encore son souvenir à celui de Jean-Paul Sartre,

avec lequel il avait, à la fin de sa vie bien remplie, fondé le Tribunal Russell-Sartre pour juger, face à l’histoire, les crimes de guerre américains au Vietnam. Son dernier grand combat. On le retrouve, en effet, à la tête du combat contre la guerre du Vietnam menée par les Américains. Le Tribunal Russell qu’il a conçu en cette circonstance lui survit après sa mort (il est même question de le réactiver à l’occasion de plusieurs conflits actuels), ainsi que la Fondation Russell pour la Paix. Laissons le dernier mot à l’une de ses plus célèbres citations (un jeu de mots anglais, en vérité) : « War doesn't determinine who is right, only who is left » (à peu près : « La guerre ne détermine pas qui est dans son droit, mais seulement qui va y rester »). Un très grand bonhomme, vous dis - je. Il fut une référence absolue pour plusieurs générations de pacifistes, rendue possible par le grand âge auquel il parvint. Il n’est que justice de rappeler sa mémoire auprès des jeunes militants de la paix. Jean-Paul Vienne, Isère (38).

Extrait du Manifeste RussellEinstein, proclamé le 9 juillet 1955 Un « Manifeste » proclamé en 1955, par le physicien Albert Einstein et le philosophe Bertrand Russell et signé par 11 scientifiques dont Linus Pauling et Joseph Rotblat, est à l’origine de la fondation de Pugwash en 1957. Cette année-là, 22 scientifiques éminents se réunissent dans le village de Pugwash en Nouvelle-Écosse (Canada) et soutiennent le Manifeste Russell-Einstein qui appelle les scientifiques du monde entier à prendre en considération les implications éthiques, morales et sociales des armes de destruction massive, à œuvrer contre la menace des conflits armés et à trouver des solutions coopératives aux problèmes globaux.


Mondialiser la paix La guerre en Afghanistan

L’OTAN discréditée Trop de morts pour rien ? Pour un conflit qui concerne qui ? à l’heure où la liste des combattants français morts au front s’agrandit, de plus en plus de citoyens se demandent si le « front » mérite d’être défendu. Les soldats néerlandais ont plié bagage dès le 1 er août 2010. à qui le tour ? Les Italiens ? à défaut de résistance, une opposition s’organise. Explication avec Jacques Le Dauphin de l’IRDP. EN SAVOIR PLUS Les pertes au combat : http://icasualties.org/oef/ ISAF : http://www.isaf.nato.int/news/4.html http://www.isaf.nato.int/troop-numbers-and-contributions/index.php

E

n effet après dix ans de guerre, la stratégie otanienne est en échec. Les forces militaires de la coalition sont enlisées dans un véritable bourbier. Les victimes militaires et civiles s’accumulent. Au-delà des incantations du secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen, plus personne ne croit aujourd’hui à une possible victoire. Ainsi la question grandit, pourquoi poursuivre une guerre perdue d’avance ? La lutte contre le terrorisme d’Al-Quaida, avec la mort de Ben Laden, apparaît de moins en moins crédible. Dans le peuple afghan, la présence militaire de l’OTAN est de plus en plus ressentie comme illégitime et oppressante. Son maintien ne peut qu’apporter une audience nouvelle aux Talibans. à l’évidence, d’autres solutions à caractère politique sont à explorer. Dans un tel contexte le retrait des troupes de l’OTAN du territoire afghan est d'une brûlante actualité. Ce retrait global apparaîtra sans doute comme une défaite, mais l’OTAN n’a - t - elle pas déjà perdu toute crédibilité dans le conflit ? à marteler que l’avenir de la sécurité du monde et de la lutte contre le terrorisme se jouait en Afghanistan, l’OTAN a réduit sa marge de manœuvre. Les états-Unis à l’initiative de l’intervention militaire, pour des raisons politiques et surtout d’intérêts dans cette région du monde sont naturellement réticents à un retrait de leurs troupes qui représentent les 2/3 des effectifs déployés. Certes le président Obama avait évoqué pour 2011 un retrait partiel, mais cette perspective tend à glisser dans le temps et sous des formes qui conduiraient, en réalité à un certain maintien. Plusieurs pays dont les opinions sont majoritairement hostiles à la guerre, envisagent un retrait rapide de leurs troupes. C’est chose faite pour le contingent néerlandais. L’Italie a annoncé un retrait pour 2011, le Canada l’envisage très sérieusement. Au siège de l’OTAN on surveille avec beaucoup d’anxiété ces premiers retraits significatifs, car susceptibles de faire tâche d’huile. De manière générale, pressions ou pas, il semble difficile d’enrayer ce mouvement de retrait. Quand un bateau prend l’eau, c’est bien connu, il est sage de quitter au plus vite le navire. Le gouvernement français, quant à lui, n’a nul besoin de pressions et a contrario d’une opinion pourtant largement hostile à la guerre, il se com-

porte en bon élève de la classe et a décidé de se maintenir sur place jusqu’à « la victoire finale ». Il convient de rapprocher la guerre en Afghanistan, comme celle plus récente en Libye, du nouveau concept stratégique adopté par l’OTAN à Lisbonne. On y trouve l’option d’une transformation majeure de l’OTAN en une organisation de sécurité collective afin de lui donner un rôle globalisé. C’est une concrétisation de la perception américaine de l’Organisation tendant à lui donner une mission globale, sans aucune limite géographique, en élargissant son domaine de compétences pour faire face aux crises. C’est un réel danger pour la sécurité mondiale. Jacques Le Dauphin

Selon un rapport de la CIA de mars 2011, la chute du gouvernement des Pays-Bas sur son engagement en Afghanistan est la démonstration de la fragilité du soutien européen pour la mission de l’OTAN. Quelques états de l’Otan, spécialement la France et l’Allemagne, ont compté sur l’apathie du public sur l’Afghanistan pour accroître leurs contributions à la mission ISAF, mais l’indifférence pourrait tourner en hostilité active si les combats du printemps et de l’été résultent en une recrudescence des pertes militaires ou civiles afghanes et si un débat du type néerlandais déborde sur les autres états contributeurs de troupes. Les Pays-Bas ont mis fin, le 1 er août 2010, à leur participation à la mission de l’OTAN en Afghanistan, mission au cours de laquelle le pays a déployé 1.950 militaires. Cette participation, largement contestée au sein de la population néerlandaise, a d’ailleurs été l’une des principales causes de la chute du précédent gouvernement. Trois jours après cette décision de retrait, les talibans ont fait savoir sur leurs sites Internet qu’ils espéraient que « d’autres pays comme l’Allemagne suivront l’exemple et retireront leurs troupes ». Depuis lors, les députés des Pays-Bas ont approuvé au mois d’avril, avec une faible majorité, l’envoi d’une mission de formation en Afghanistan. Cette mission, forte de 545 personnes, sera déployée de 2011 à 2014 et aura exclusivement pour tâche de former les recrues de la police afghane. Elle viendra renforcer la mission européenne de police présente en Afghanistan. N° 563 - Juin / Juillet 2011- Planète PAIX

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Mondialiser la paix

Musées pour la Paix De bonnes adresses Le réseau international des musées pour la paix a été créé à partir d’une conférence à

Musée anti-guerre – Berlin Fondé en 1982, le Musée soutient la détente, le désarmement dans le monde. Expo en ce moment du centre d’information Gandhi. Mullerstrasse 158, Berlin http://home.snafu.de/mkgandhi/ http://www.anti-kriegs-museum.de/

Musée de la Résistance (1940 - 45) – Copenhague

http://www.diplomarc.org/liens.php http://www.micr.org tel : 4122 748 95 01 - Ouverture 10 h – 17 h Boutique – restaurant. Attention : le musée ferme le 30 juin pour transformation vers « musée de l’Espoir » avec 3 espaces thématiques : défendre la dignité humaine, reconstruire le lien familial, refuser la fatalité.

Barcelone en mai

http://www.frihedsmuseet.dk/sw4604.asp Churchillparken 1 1263 Copenhagen (tel : + 45) 33 47 39 21 Accès libre. Ouvert de mai à septembre de 10 heures à 17 heures.

2011. Sur la « une »

Musée de la Paix de Guernica

Musée Albert Schweizer

h t t p : / / w w w. m u s e o d e l a p a z . o r g / f r / edu_acti_fr.php

http://www.ville-kaysersberg.fr/musee-albertschweitzer.htm

Friedensmuseum – Landau

Memorial de Caen

Bradford en 1992 – la dernière fut à

du site internet, le célèbre proverbe : « tant que les lions n’auront pas leurs historiens, les histoires de chasse continueront de glorifier le chasseur ».

Créé en 1980.

Nobel Peace Centre – Oslo h t t p : / / w w w. n o b e l p e a c e c e n t e r. o r g / english/?aid=9084954 illustration h t t p : / / w w w. n o b e l p e a c e c e n t e r. o r g / english/?aid=9083672 To book a guided tour outside the regular schedule, please contact us : post@nobelpeacecenter.org Phone: + 47 4830 1000

Musée Européen pour la Paix au Château de Schlaining

EN SAVOIR PLUS Secrétariat aux Pays-Bas : Laan van Meerdervoort – 70 2517 AN – The Hague / La Haye – tel : (00) 31-70-3450202 Secretariat@MuseumsforPeace.org http://peace.maripo.com/p_inmp.htm http://museumsforpeace.org/ Un article sur Wikipédia : http://en.wikipedia.org/wiki/International_ Network_of_Museums_for_Peace 20

Musée international de la Croix Rouge et du Croissant Rouge – Genève

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Créé en l’an 2000, le Musée pour la Paix est essentiellement conçu comme un projet européen. Il ne prétend pas seulement contribuer à une politique extérieure européenne assurant la sécurité qui devra aboutir dans une politique européenne de paix mais surtout il se veut être une contribution culturelle au processus de l’unification européenne. http://www.inst.at/studies/l_03_f.htm

Peace Museum – Leeds, Royaume-Uni http://www.peacemuseum.org.uk/ Une expo sur la reconversion et le passage de la guerre à la paix. http://www.royalarmouries.org/visit-us/leeds/ leeds-galleries/war/peace-farewell-to-arms

Musée de Henry Dunant – Heiden, Suisse http://www.dunant-museum.ch/de/

Il soutient aussi l’association Cartooning for Peace (des dessins pour la paix). http://www/memorial-caen-.fr

Centre Mondial de la Paix et des Droits de l’Homme – Verdun http://www.cmpaix.eu/ On peut y visiter une exposition permanente d'excellente qualité (dans son contenu comme dans son esthétique) qui s'intitule « De la guerre à la paix ». Le lien sur la Lettre du Centre où figure son agenda actuel : http://www.cmpaix.eu/la-lettre-du-cmp.pdf


2011,

année décisive pour Orbival, le métro en Val-de-Marne 1

Val de Fontenay

VINCENNES

Nogent Le Perreux

SAINT-MANDE

Fontenay/Nogent/ le Perreux RD244

Parc du Tremblay

CHARENTON-le-PONT

TCSP Altival

SAINT-MAURICE GENTILLY Y

4

LEE KREMLINKREMLINNBICÊTRE BICÊTRE

Arcueil Cachan

TVM

Hôpital du Kremlin Bicêtre

Villejuif IGR

Bagneux

ChampignyBry-Villiers

IVRY-sur-SEINE IVR

St Maur Créteil

Villejuif Louis Aragon

14 L'Haÿ/Villejuif/Chevilly juif/Chevilly

Champigny Centre

LE PLESSIS-TREVISE CHENNEVIERES-sur-MARNE

Créteil L'Echat

ORMESSONsur-MARNE

LA QUEUEen-BRIE

Vitry Centre Les Ardoines

OSES L'HAY-LES-ROSES

Le Vert de Maisons

BONNEUILsur-MARNE

NOISEAU SUCY-en-BRIE

CHEVILLY-LARUE ILLY LY-LARUE

CHOISY-le-ROI THIAIS

FRESNES

Min Porte de Thiais

TVM

VALENTON

TVM RUNGIS

BOISSY-ST-LEGER

Pont de Rungis

LIMEILBREVANNES

ORLY

Aéroport Vitry d'Orly

VILLENEUVE-LE-ROI

MAROLLESen-BRIE

VILLENEUVEST-GEORGES

SANTENY

Centre

ABLON-sur-SEINE VILLECRESNES

MANDRESles-ROSES

PERIGNYsur-YERRES

ORBIVAL est le projet de métro qui traversera le Val-de-Marne d’est en ouest.


culture

Lectures pour tous Ce n’est pas dans la « rubrique Livres ». Cette page « spéciale », des livres qu’on peut emmener sur la plage ou sur une île déserte, est le fruit d’un collectif qui a répertorié le meilleur pour les lecteurs de Planète Paix. La course à la mort ou la technocratie de la guerre de Robin Clarke, éd. du Seuil, Paris, 1971, traduit de l'anglais The Science of War and Peace par Georges Renard. Robin Clarke a été rédacteur en chef de la revue américaine Science Journal. Au cours de ses recherches, un sentiment de désillusion à l'égard des états-Unis s'empare de lui et, par la suite, il remet en question l'ensemble des acquis technologiques vénérés par ses contemporains. Il entreprend alors une expédition vers des gouffres inexplorés et invite le lecteur à l'accompagner dans son récit qu'il intitule La course à la mort, l'un des premiers ouvrages à dévoiler la grande illusion des années soixante.

éloge des Frontières de Régis Debray, éd. Gallimard « Partout sur la mappemonde, et contre toute attente, se creusent ou renaissent de nouvelles et d’antiques frontières. Telle est la réalité. En bon Européen, je choisis de célébrer ce que d’autres déplorent : la frontière comme vaccin contre l’épidémie des murs, remède à l’indifférence et sauvegarde du vivant. »

Al Jazeera - de la liberté d’expression dans une pétromonarchie De Claire Gabrielle Talon, éd. Presses Universitaires de France, Collection Proche-Orient 2011 La plus populaire des chaînes d’info arabe s’est, en l’espace de dix ans, révélée plus professionnelle et moins docile que ses concurrentes occidentales. Comment ceci a - t - il été possible ?

1984 de George Orwell, éd. Gallimard, 1950, traduit de l’anglais par Amélie Audiberti G. Orwell a été policier aux Indes, clochard à Paris, combattant au sein des brigades internationales en Espagne, speaker à la BBC, etc. 22

N° 563 - Juin / Juillet 2011 - Planète PAIX

Il faut supprimer l’armée française De Pierre-Marie Guillon, éd. Dangles, collection Prospective, 2010 C'est un pamphlet. Il aborde entre autre le concept de « seuil de puissance » au-dessous duquel un pays comme la France ne peut que faire semblant… Il ne semble pas savoir que l’Union Pacifiste demande l’abolition de l’armée depuis 1993.

Hiroshima de John Hersey, éd. Taillandier, Texto coll. dirigée par JC Zylberstein, 2011 John Hersey a été l'un des premiers journalistes occidentaux à se rendre à Hiroshima après le 6 août 1945. C'est pour le journal « New Yorker » qu'il se rend au Japon où il va interviewer six survivants de la bombe. Le livre relate la situation de ces Hibakusha à partir de leur réveil ce matin-là, ce qu'ils faisaient au moment de l'explosion, les heures, les jours qui suivirent et quelques mois plus tard. Il fut publié pour la première fois en août 1946.

Pourquoi la guerre ? Comment la paix ? Avec une introduction de Memona Hintermann, éd. Gallimard Jeunesse Ce livre pour les jeunes de 10 ans raconte et explique les différentes étapes ou acteurs d’un conflit : la propagande, le commerce des armes, l’attente, les combats, les négociations internationales, la reconstruction mais aussi les soldats, la population civile, les réfugiés, les casques bleus, les humanitaires ou les journalistes…

Bugaled Breizh, Secrets d’état autour d’un naufrage de Laurent Richard et Sébastien Turay, éd. First, Janvier 2007 Histoire et révélations sur ce chalutier

bigouden envoyé à 80 mètres de fond au sud-ouest des côtes britanniques en janvier 2004. Un dossier embourbé dans les eaux troubles du secret défense avec des pièces à conviction sur des sous-marins dans la zone.

Non à la Guerre, Oui au Bonheur de Monique Picard-Weyl, éd. de l'Humanité, 116 p. 10 euro Foudroyée en pleine activité, Monique Picard-Weyl venait de terminer un livre auquel elle tenait beaucoup comme contribution au combat qu'elle avait toujours mené prioritairement contre l'arme nucléaire, en pensant aux générations futures. C'est à la fois un livre de passion où elle évoque son vécu (de la façon dont Hiroshima fut perçu sur le moment aux difficultés de la campagne de l'Appel de Stockholm) et un ouvrage de référence par l'argumentation qu'elle y développe sur l'illégalité de l'arme nucléaire en droit international, et la dénonciation qu'elle fait des multiples manières de battre en brèche ou simplement minoriser cette illégalité.

L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie de Hervé Kempf, éd. Seuil, collection « L’histoire immédiate » Explorant le domaine 5 de la culture de la paix concernant la démocratie, cet ouvrage est triplement intéressant car il aborde cette question de la démocratie au travers de la préoccupation d’un terrible défi du XXI ème siècle, celui de la maîtrise de la crise écologique (domaine 2) sur la base de l’égalité des droits de tous les êtres humains (domaine 3). En montrant que les oligarchies qui nous gouvernent sont incapables d’éviter à l’humanité la pente du désastre, Kempf fait de la démocratie une question pratique qui se pose aujourd’hui d’une manière urgente à l’humanité. N’en est - il pas de même d’autres crises et d’autres défis dont celui de l’élimination des armes nucléaires ?


culture

René Vautier, la caméra au poing René Vautier, né le 15 janvier 1928, vit aujourd’hui avec les siens à Cancale. Parmi les films projetés au Salon de la Critique Sociale à Arras (1

er

mai 2011), « La grande lutte des mineurs », « Afrique 50 » – premier film anti-colonialiste français. Vautier

P

lanète Paix : Que faire si on veut visionner tes films ?

René Vautier : Je mets mes films à la disposition des gens qui veulent les montrer. Ils sont disponibles désormais à la cinémathèque de Bretagne, à Brest, une bonne cinquantaine. On commence à les récupérer, peu à peu. Je récupère les 16 millimètres et ils sont convertis en DVD. C’est d’ailleurs toute une histoire pleine d’anecdotes. En 1957 - 1958, j’ai réalisé un film sur les femmes tunisiennes, à l’heure de l’indépendance. Il a été primé à l’époque au festival de Berlin. Parmi les actrices, Claudia Cardinale à ses débuts, à l’âge de 17 ans. Elle vient de m’écrire pour me demander une copie et me remercier. L’image du « petit blanc avec la caméra rouge », çà m’a fait voyager. Je me rappelle avoir accompagné une délégation de Ben Bella en Union Soviétique ; alors qu’il présentait son équipe, ses « frères », il m’introduit en disant « le camarade Vautier ». J’en ai gardé non seulement une certaine fierté et en plus, çà m’a permis de recevoir quelques bouteilles de vodka que j’ai partagées avec les autres membres de la délégation.

PP : Ce qui se passe en Libye, cela t’inspire quelle réflexion ?

réalisé avec

RV : Je me demande dans quelle mesure les décisions ne sont pas des coups montés de la part de ceux qui ont intérêt à diviser le pays pour contrer une autonomisation. En même temps, le besoin de changement est si fort là-bas comme dans toute la zone que c’est peut-être moi aussi qui peux me tromper. Peut-être même que la manipulation est dépassée, c’est vrai. Y a - t - il une puissance qui attise le feu ? J’ai été à leurs cotés dans le passé, je n’ai donc pas à les juger dans leurs choix. Mais de toute façon, on a une bataille à mener pour que la France ne devienne pas le poing armé du capitalisme à l’échelle mondiale. Ce n’est pas à nous d’intervenir…

le Mouvement

PP : Sur la paix ?

a réalisé environ 180 films dont « Marée noire et colère rouge » (1978) et « Hirochirac » ; ce dernier,

d’amitié avec les Hibakusha, a été diffusé par le Mouvement de la Paix.

RV : Je reviens sur ce que je faisais quand j’avais 18 ans. J’ai participé à des séances de projection avec de mouvements israéliens et palestiniens. On a projeté « Avoir vingt ans dans les Aurès » primé (prix de la critique internationale) au Festival de Cannes en 1972. C’est l’histoire d’un gars qui porte des armes et qui décide de se tirer avec un prisonnier. Parmi les spectateurs, des Israéliens

René Vautier avec sa petite-fille.

ont protesté, en disant « pourquoi tu as choisi un acteur d’origine israélienne pour jouer le rôle du gars qui déserte ?! ». Heureusement, il y avait des Refuzniks parmi nous et qui ont répliqué : « Nous aussi c’est ce qu’on pense et le gars qui a réalisé le film, il ne savait même pas que le déserteur en question était juif ».

PP : Les événements à Brest d’il y a 50 ans ?

RV : Oui. Une BD est sortie il y a deux ans à partir du film sur le mort de Brest. Il y a une page qui a été censurée, la mienne, celle qui remettait en cause la version officielle selon laquelle les balles venaient des manifestants. On vient d’avoir accès aux archives. Ma version des faits qui mettait en cause le gendarme qui avait donné l’ordre va pouvoir être inséré. ça prend du temps de rectifier, de se battre avec la justice, mais j’ai besoin de gagner ; pareil avec mes droits d’auteur qu’il me faut récupérer. Propos recueillis par B.C.

EN SAVOIR PLUS La censure enfin levée pour Vautier : http://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/ rene-vautier-40-ans-de-censure-36282 Itv. de R.V. dans Alternative Libertaire de juin 2004 : http://www.alternativelibertaire.org/spip. php?article216 Index des films à la Cinémathèque de Bretagne : http://www.cinematheque-bretagne.fr/dossiers/ Bretagne_et_Cinema/index.php?id=5 N° 563 - Juin / Juillet 2011 - Planète PAIX

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