Planète Paix n°565

L’info pacifiste : www.mvtpaix.org La paix en mouvement

3,20 euros / N° 565 / Octobre 2011

DOSSIER (P.11-17)

Film

Wresinski en vedette (P.23)

Témoignage

L'appel d'une mère de soldat (P.15)

REGARD SUR...

Yannick Noah arbore de drapeau arc-en-ciel.

Fête de l'humanité - septembre 2011 Lancement du livre de Pierre Villard

21 septembre, Journée internationale de la paix

Carcassonne

Marseille

Albertville Paris

2

N° 565 - Octobre 2011 - Planète PAIX

8 octobre Paris "Troupes françaises hors d'Afghanistan"

Sommaire

l’Édito

Planète Paix n° 565 - Octobre 2011

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Campagne

campagne pourl'abolition de l'arme nucléaire

P.6

‘‘L'Europe, clef du succès’’

16

Débat - congrès

Bâtir l'avenir

Nous, les indignés d’Afghanistan

P.7

Mettons les pendules à l'heure

7

Congrès

Le Mouvement de la Paix

P.8

Un congrès tourné vers l'avenir Programme du forum et du congrès

11

P.9

entendre notre re-

dossier

Blessures d'Afghanistan Bl e ss u r e s d e g u e r r e

P. 1 2

Mourrir pour l'Afghanistan Les méfaits des conflits

guerrières et de

P.14

promouvoir des

P.15

alternatives. Les

De retour d'Afghanistan Témoignages de soldats

L'appel d'une mère L'angoisse de Baptiste La misère, un dégât collatéral ?

P.16

‘‘Personne ne revient égal à lui-même’’ Arrêt sur images

P.17

‘‘L'ombre de la guerre’’

P.19

L'Allemagne dans la cour des grands Palestine

P.20

Vers le droit et vers la paix Conflits oubliés

P.21

A ne pas zapper

22

élections présidentielles et législatives de 2012

mondialiser la paix

Commerce des armes

fus des solutions

P.13

La dépression du combattant Entretien

18

‘‘ A nous de faire

seront l’occasion d’interpeller les candidat-e-s sur ces enjeux.

portrait

Hommages à Wangari Maathai

’’

P.22

Les arbres ont perdu leur mère

23

culture

Film

P.23

Wresinski en vedette

Mensuel édité par le mouvement de la paix

9, rue Dulcie September, 93400 Saint-Ouen Tél. 01 40 12 09 12 Fax : 01 40 11 57 87 planete.paix@mvtpaix.org

Directeur de publication : Pierre Villard Rédacteur en chef : Ben Cramer Secrétaire de rédaction : Nadia Bennad Conception maquette : Chérif Beldjoudi Rédactrice - graphiste - maquettiste : Laurence Leclert.

Comité de rédaction : Raoul Alonso, évelyne Aymard, Roger Billé, Nadia Bennad, Nicole Bouexel, Jacques Le Dauphin, Annie Frison, Roland Nivet, Claude Ruelland, Jean-Paul Vienne, Pierre Villard.

Photos et illustrations : Tous droits réservés. Onu Ont participé à ce numéro : Ben Cramer ,Christine Rosemberg, Dr Abraham Béhar, Micheline Guilhaumon, Pierre Villard, Marie-Hélène Bourdier, Jean-Paul Vienne, Bernard Ravenel, évelyne Aymard, Michèle Montezin Gestion des abonnements : Nassera Macrez, tél. 01 40 12 09 12.

ISSN 1773-19241.

Numéro de commission paritaire : 0709G85601.

Imprimeur : Compédit Beauregard - 61600 La Ferté-Macé

Bon d’abonnement à Planète Paix page 18

D

ix ans d’intervention militaire en Afghanistan et voilà encore un échec dans la longue liste des gesticulations peu glorieuses dont les militaires ont le secret. La libération du peuple afghan du joug des talibans ne fait d’ailleurs plus partie des objectifs à atteindre. Libérer le pays de l’analphabétisme était-il au programme ? En tout cas, ce fléau atteint les femmes à 87% ; avec en supplément la loi de la Charia, confirmée par la nouvelle constitution, élaborée en présence des forces d’occupation, et qui légalise le viol au sein du mariage. L’ingérence humanitaire a ses limites : l’aide civile ne représente que 10% des dépenses militaires.

Le bourbier afghan se mesure au besoin d’escadale depuis le 11 août 2003. De 5.000 hommes en 2003, la FIAS est passée à plus de 105.000 hommes en 2010 ; auxquels on peut ajouter 94.000 soldats de l’armée nationale afghane. Malgré l’opposition de plus de 80 % des Français à la poursuite de cette guerre, Paris s’est laissée entraîner dans l’escalade et cette tendance interventionniste n’est pas sans lien direct avec la réintégration de la France dans le commandement militaire intégré de l’Otan.

Si Planète Paix insiste dans ces pages sur les blessures du retour, la « guerre à la maison » comme disent les vétérans, c’est parce que le retrait des troupes – qui s’impose – ne doit pas nous faire oublier les dégâts qui perdurent. A nous de faire entendre notre refus des solutions guerrières et de promouvoir des alternatives. Les élections présidentielles et législatives de 2012 seront l’occasion d’interpeller les candidat-e-s sur ces enjeux.

Christine Rosenberg

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C’EST VOUS QUI LE DITES

 A l’heure des chamboulements, miser sur l’Onu Le Mouvement de la Paix met souvent en exergue la contradiction inadmissible qui existe entre le gaspillage que constituent les dépenses militaires mondiales et les besoins vitaux insatisfaits qui entretiennent la faim, la misère, la maladie, le chômage, les exodes, ..pour une grande partie de l’humanité

Opinions, Suggestions, Observations ! Envoyez-nous vos messages pour qu’ils soient diffusés dans le journal et sur le site Internet du Mouvement www.mvtpaix.org. écrire à : Mouvement de la Paix 9 rue, Dulcie September, 93400 Saint-Ouen. Courriel : planete.paix@mvtpaix.org Les réflexions suivantes sont destinées au débat et n’engagent donc que leurs auteurs.

(...) Un certain nombre d’événements récents montrent qu’une telle contradiction devient de plus en plus insupportable pour ceux qui en subissent les conséquences.

Il faut dire qu’à la lumière de la réalité apparue assez rapidement, on a pu apprécier les véritables raisons de la plupart des guerres récentes (...).

Cette stratégie occidentale de force, pour contrôler les ressources naturelles de tel ou tel pays, n’a pas changé : ce qui était valable pour l’Irak hier, l’est aujourd’hui pour la Libye, où la condition émise par l’Onu de « protectoin des populations civiles (et seulement cela) a été

largement outrepassée, avec la nature des frappes aériennes, le matériel lourd parachuté et la présence avérée de conseilleurs militaires au sol.

Il est temps que les politiques qui conduisent à une telle situation changent. Et c’est bien ce qui est ressenti fortement en de nombreux pays, en ce début du XXIème siècle : révolutions arabes, soulèvements dans des pays africains, manifestations citoyennes jusqu’en Israël, mouvement des indignés en Europe, et aux États-Unis, conquêtes politiques et sociales latino-américaine... L’opposition entre les tenants d’une domination violente pour conserver

des privilèges exorbitants et les aspirations populaires à une société plus humaine, atteint un niveau de plus en plus élevé et de plus en plus universel(...).

Et pour aller vers plus de justice, de démocratie, de développement, de sécurité et de paix, il est incontournable de redonner à l’institution internationale qu’est l’Onu un rôle déterminant. En corrigeant ses insuffisances, donc en imposant aux pays qui en sont les composantes une contribution à la hauteur des enjeux.

Georges Pellet Chambéry

Hommage à François Blumental

Au nom des nombreux amis du Mouvement de la Paix, et au nom des salariés de la Maison de la Paix, je voudrais rendre ici hommage au pacifiste qu’était notre ami François et à son action pour la promotion de la Culture de la paix.

Je voudrais associer à cet hommage la mémoire de notre ami Jean Ridoux, président de l’Association internationale des éducateurs à la paix, lui aussi membre de notre Bureau national, disparu quelques jours avant François et dont il était un grand ami.

François et le Mouvement de la Paix, c’est une histoire somme toute assez récente au 4

N° 565 - Octobre 2011 - Planète PAIX

regard de ses nombreux engagements. Il avait rejoint notre bureau national en 2005 pour y représenter la Confédération générale du travail, après Jeanine Marest et Jacques Obriet.

Le souvenir de François, c’est d’abord un homme dévoué, curieux, disponible qui aimait les autres. Très attaché au développement des valeurs communes à l’éducation populaire, au syndicalisme et au pacifisme, François était un militant tourné vers l’action concrète. Ces choix étaient clairs et assumés.

Il avait ainsi fortement contribué au renforcement des liens et de la coopération sur nos objectifs commun entre le Mouvement de la Paix et la CGT. La parole de François avait toujours une belle résonnance dans nos réunions au sens propre et au sens figuré.

Toutes ces années, son engagement à nos côtés est allé bien au-delà d’une simple représentation. Il avait accepté d’être l’un des associés de notre galerie d’art et était d’un grand soutien moral dans les débats sur le développement d’un pacifisme moderne et renouvelé. Dans la dernière période, nous

échangions souvent ensemble sur le renouvellement des générations et la manière de faire confiance aux plus jeunes. Avec Arielle Denis, nous aimions fortement cette complicité et ce soutien fraternel.

Avec la disparition de François, nous perdons un camarade dont l’engagement pour la paix au sein de la CGT était fortement apprécié. Son attachement à notre Mouvement était fort et il n’a jamais ménagé ses efforts et ses compétences pour nous le témoigner.

François est parti bien trop vite, bien trop tôt. Comme tous les gens que l’on aime, on a envie de crier à l’injustice. Nous sommes peinés et tristes. Mais nous avons besoin de garder de l’énergie pour poursuivre les combats qu’il a initiés pour prendre soin des graines qu’il a semées. C’est sans doute le meilleur hommage à lui rendre.

Aussi, je veux témoigner à Nicole, à ses enfants et petits-enfants, à sa famille et ses amis, toute notre amitié et notre reconnaissance pour l’implication de François dans l’action pacifiste. Vous pouvez compter sur nous et sur notre engagement à poursuivre les combats qu’il a impulsés.

Pierre Villard, co-président du Mouvement de la Paix

REPÈRES ... À lire

« Ceux qui ont dit NON » une collection pour les jeunes, chez Actes Sud Junior.

Pourquoi ce titre ? Les livres de cette collection s'attachent à raconter ces personnages sous forme totalement romanesque. Le roman est suivi de petits dossiers qui montrent que d'autres aussi ont su dire non. (...) Les problèmes d'aujourd'hui ne sont pas sans passé, les combats d'autrefois résonnent toujours. (...) Le roman doit permettre au jeune lecteur de se projeter dans les personnages et d'accompagner l'esprit de révolte et d'indignation propre à leur âge.

La collection destinée aux ados à partir de l’âge de 13 ans, est dirigée par Muriel Szac. elle compte plus d’une dizaine de titres dont : Victor Hugo : « Non à la peine de mort » par Murielle Szac Victor Jarra : « Non à la dictature » par Bruno Doucey Lucie Aubrac, « Non au nazisme » par Maria Poblete Rosa Parks, « Non à la discrimination raciale » par Nimrod Joseph Wresinski : « Non à la misère » par Caroline Glorion Victor Schoelcher : « Non à l'esclavage » par Gérard Dhôtel.

Jean Jaurès avec « Non à la guerre » de Didier Daeninckx : Louis, le sous-lieutenant (fils de Jean Jaurès), avait crié : « En avant ! ». « Un déluge de feu s’était alors abattu sur ses hommes, plaintes, râles d’agonie ».

Dans un cratère creusé par un obus, deux hommes se retrouvent.

L’un, Gaston Lallemand(1) était acteur dans le civil ; l’autre, l’aspirant Louis Jaurès était celui qui avait crié « En avant ! » lançant ses fantassins hurlant dans la tourmente pour repousser leur peur.

IMAGE DU MOIS

Sous la lueur des fusées éclairantes et dans le fracas de la mitraille, la conversation s’engage. Humilité de l’homme de troupe. Tristesse de l’officier engagé pour la République.

Réflexion sur la guerre : Louis, en référence aux idées de son père rappelle que « contre le déclenchement de la guerre, ce fut toujours l’insurrection de la conscience ouvrière, la proclamation de la grève générale dans laquelle les femmes avaient toute leur place ».

(1) Gaston Lallemand avait été acteur dans la troupe de Firmin Gémier. De son vrai nom Firmin Tonnerre, il fut le créateur du premier Théâtre National Populaire(TNP) à Paris en 1920.

21 septembre, journée internationale de la paix célébrée par des militaires en Corée du Sud Le 21 septembre, pleins feux sur la Finul, force intérimaire des Nations Unies au Liban. Aussi étonnant que cela puisse paraitre, ces casques bleus sont dirigés par un contingent sud-coréen. En effet, dans son discours de bienvenue, le commandant a rappelé que la paternité d’une journée internationale de la paix revient à l’un de ses compatriotes. La FINUL est (aussi) composée d’un bataillon sud-coréen.

Ceci explique cela.

N° 565 - Octobre 2011- Planète PAIX

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campagne campagne pour l'abolition de l'arme nucléaire

‘‘L’Europe, clef du succès’’ leur inutilité aujourd'hui, sauf dans les musées.

Rien n'empêche d'y adjoindre des prototypes atomiques". Autre exemple: "Pour des pays où la décision de déclencher la guerre nucléaire est aux mains d'un petit groupe voire d'un seul homme, comme en France, la dissuasion basée sur la destruction de quelques villes peuplées de civils ne pèsera pas lourd, en tout cas bien moins que la destruction totale de son arsenal militaire. Baser la sécurité sur un tel pari est absurde".

A Genève du 17 au 19 septembre, la première Conférence internationale de la zone Europe - Afrique - Moyen-Orient a réellement lancé la campagne ICAN. Le point de vue d'un praticien (de base) de la campagne.

EN SAVOIR PLUS • www.icanfrance.org 6

N° 565 - Octobre 2011 - Planète PAIX

Initiative du collectif IcaN, le 20 juin 2011 à Paris

C

e qui m'a frappé le plus et qui restera dans ma mémoire, c'est l'extraordinaire mobilisation et l'incroyable enthousiasme des délégués venus de plus de 35 pays pour cette conférence.

Fait exceptionnel : les représentants d'ONG engagés dans cette campagne ont été rejoints, par des représentants d'États, partie prenante de notre campagne pour la convention d'abolition des armes nucléaires. Très officiellement, les gouvernements de Norvège et de Suisse ont participé activement aux discussions de la conférence.

C'est aussi la première fois qu'une conférence s'appuie sur des analyses et des interprétations aussi approfondies au sujet de l'élimination des armes atomiques, en alliant une grande profondeur intellectuelle à un langage et des expressions volontairement accessibles à tous. Par exemple, en réponse à la ritournelle mille fois entendue sur "on ne peut pas désapprendre à faire la bombe", notre collègue répond d'une façon simple: "On ne désapprend pas non plus la façon de faire des locomotives à vapeur ou des bicyclettes à une roue, cela n'empêche pas

Après deux jours de débats et de décisions d'actions, l'objectif est parfaitement défini. Pour la campagne ICAN, l'Europe est la clef du succès, et donc le principal terrain de notre combat.

Même si les stocks les plus importants de têtes nucléaires sont situés en Russsie et aux ÉtatsUnis, ils sont l’un et l’autre englués dans leurs logiques nucléaristes et les discours prometteurs n'y changent rien. Le mouvement ne peut venir que du continent européen. C'est dire si l'action actuelle pour le retrait total des armes américaines présentes sur le sol européen, - action en passe de réussir si on fait sauter le veto français - a de l'importance. C'est dire aussi combien ce signal devrait être accompagné d'un désarmement atomique en France et en Angleterre. Pourquoi notre objectif ne serait-il pas la signature de la convention par notre prochain gouvernement ?

La campagne ICAN gagne en puissance partout, avec de nouveaux pays favorables et avec le ralliement de grandes associations comme la Croix Rouge internationale qui s'apprête à voter en novembre une résolution plus percutante et plus active pour l'élimination totale des armes atomiques.

L'opinion publique mondiale, durement secouée par le désastre de Fukushima (bien plus grave que ce que l'on en dit chez nous, à en croire les délégués japonais), peut maintenant être plus réceptive et mobilisable pour l'adoption de la convention.

Dans cette période où de grands changements sont possibles dans notre pays, nous devons accentuer notre action, réussir à imposer ici les objectifs d'ICAN. Ce n'est pas facile, mais nous le pouvons.

Dr. Abraham Béhar Association des Médecins pour la prévention de la guerre nucléaire

Débats - Congrès Bâtir l'avenir

Mettons les pendules à l’heure A vos plumes. Dans le droit fil des derniers préparatifs, et sans présager des décisions qui seront prises les 12 et 13 novembre, Planète Paix poursuit ce débat entamé dès le mois de décembre (PP n° 557-558).

C

omme toute association, nous sommes confrontés à l'engagement des nouvelles générations dans l'action citoyenne dont celui de la culture de paix. Ce phénomène n'est pas typique à notre association.

Je pense que la rencontre européenne et internationale des jeunes dans la Nièvre, cet été, a démontré un potentiel de jeunes générations prêt à s'engager dans cette voie.

Cette initiative audacieuse du Mouvement de la Paix, à 6 mois de la tenue de notre congrès, augure qu'on peut franchir un pas supplémentaire dans ce sens.

Le Mouvement de la Paix a cette chance d'exister depuis plus de 60 ans. Nous avons dans nos comités des amis qui ont participé à sa création. Je pense à Jean Ridoux qui vient de nous quitter, membre de mon comité et dirigeant national de notre Mouvement. Un homme d'exception.

Je reprendrai donc le slogan du congrès de Dijon "comprendre le passé pour bâtir l'avenir en cultivant la paix au présent", c'est aussi vrai pour nos instances : un mélange indispensable de nouveaux et d'anciens. Les nouveaux agiront-ils comme les anciens ?

Je ne pense pas, le contexte social, économique et politique n'a rien à voir avec celui d'après guerre ! Il faut donc que nos instances s'adaptent à cette nouvelle donne.

Quant à la représentativité territoriale, le maillage de l'implantation du Mouvement de la Paix dans nos villes, départements, régions : je constate que la participation à nos instances que ce soit le Bureau ou le Conseil

Congrès du Mouvement de la Paix. Dijon, 2008

national, la région parisienne est surreprésentée, par commodité de transport ! Serions-nous sourds de ne pas entendre des amis élus au Bureau ou au Conseil national de ne pas y participer pour des raisons financières ? Alors, il faut prendre des dispositions pour rééquilibrer ce fait qui est pour moi un handicap à la vie démocratique, d'autant que certaines régions dépassent, et de loin, la région parisienne. Je fais remarquer en passant que depuis le congrès de Montluçon en 1995, premier secrétaire et co-présidence sont des provinciaux : Daniel Durand, Pierre Villard, Arielle Denis.

Quant aux femmes, nous sommes malheureusement le reflet de la société, en bas dans les comités, c'est une majorité de femmes qui anime les comités et on ne les retrouve pas au sommet ! Alors comme partout, il faut que nos instances s'adaptent aux disponibilités spécifiques des femmes.

Pour conclure et rappeler des faits : au

congrès de Dijon, ont été élus au Bureau national 24 hommes et 16 femmes soit moins 8 femmes par rapport au congrès de Marseille Pyramide des âges : 14 en activité 40 retraités soit 13 retraités en plus par rapport au congrès de Marseille !

Représentation géographique : 32 de la région parisienne, 22 de province soit moins 5 de province par rapport au congrès de Marseille il y a près de 10 ans ! Les chiffres parlent d'eux-même. Je ne suis pas favorable au couperet des "critères" par contre, il faut au prochain congrès un rééquilibrage dans ces 3 domaines et c'est au Bureau national sortant d’œuvrer dans ce sens, un BN dont je ne suis plus membre depuis Dijon, je l'ai été pendant 13 ans, soit beaucoup trop à mon avis. Curieux qu'il n'y ait que les femmes qui le reconnaissent !

Micheline Guilhaumon, Paris N° 565 - Octobre 2011 - Planète PAIX

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Congrès Le Mouvement de la Paix

Un congrès tourné vers l’avenir Le Mouvement de la Paix tiendra son congrès national les 12 et 13 novembre en plein cœur de la capitale. Les 10 et 11 novembre seront consacrés au 2ème Forum de la Paix.

Pierre Villard coprésident de l’association nous en explique les enjeux.

EN SAVOIR PLUS • www.mvtpaix.org 8

N° 565 - Octobre 2011 - Planète PAIX

P

lanète-Paix : Le Mouvement de la Paix tient son congrès national triennal, pour quelle raison ?

trois tables-rondes, nous aborderons cette fois-ci concrètement la mise en place de ce forum permanent de la Culture de la paix. Innovation très importante, six forums décentralisés se tiendront en Ile-de-France le jeudi 10 novembre. Les forums sont ouverts à tous ceux qui veulent réfléchir et travailler ensemble. Le Congrès s’adresse aux adhérents et comités du Mouvement de la Paix qui ont à décider de l’orientation, de la pratique et des campagnes.

Pierre Villard : Un congrès est toujours un moment très important. Cela permet de faire un bilan sur notre activité et de se projeter dans l’avenir en adaptant, voire modifiant, notre orientation, notre stratégie, nos campagnes. Le Mouvement de la Paix n’est pas un mouvement de témoignages ou de simples contestations. Nous voulons faire de la culture de la paix un moteur de PP : A qui est réservé le Congrès national ?

PV : Justement, le congrès n’est réservé à pertransformations sociales. Cela demande réflexions et confrontations saines des idées. Le monde vit des sonne. Toute personne intéressée peut y participer, transformations très importantes. Une crise systé- apporter sa contribution et s’enrichir de celle des mique sans précédent qui affectent toutes les popu- autres. Les lecteurs de Planète Paix y ont toute leur lations, des dépenses militaires mondiales qui ont place. Nous attendons cette année une participation importante des jeunes presque doublé en moins de de la Rencontre internatio10 ans, mais aussi des mounale de juillet dernier dans la vements d’émancipation qui Nièvre, des délégués à Newbousculent l’ordre établi, de York en mai 2010, de ceux nouvelles coopérations entre qui se sont engagés dans la les citoyens, les États et les campagne « un bateau franinstitutions. Face aux dançais pour Gaza », de tous gers qui guettent la planète, Congrès de Dijon - Novembre 2008 un nouveau monde est à portée de main pour lequel ceux qui s’investissent pour le retrait des troupes il faut oser la paix. Le congrès sera le moment de françaises d’Afghanistan, qui s’engagent pour le décider de la manière dont le Mouvement de la Paix 21 septembre, des acteurs de paix au quotidien, dans les quartiers, les villes, les universités, … Le agit dans ce contexte inédit. programme fera la part belle au milieu artistique PP : Congrès, forum, quelle est la différence ? avec le vernissage de la nouvelle exposition de la PV : En 2002, à son congrès de Marseille, le Mou- Galerie l’Art et la Paix, le nouveau spectacle de la vement de la Paix a clairement fait de la culture de compagnie « Bou-Saana » et le concert de Pierre la paix sa boussole stratégique. En 2005, à notre Meige et ses amis. congrès de Saint-Ouen, nous avons décidé d’œuvrer à la mise en place d’un forum permanent de la PP : Comment aborderez-vous les échéances culture de la paix qui n’est pas encore concrétisé. électorales de 2012 ?

PV : Un des temps fort du congrès sera à l’adopL’implication dans la culture de la paix nous a amenés à défricher de nouveaux terrains et à nous im- tion des « Exigences citoyennes pour la culture de pliquer dans de nombreux collectifs. Nous n’avons la paix ». Discutées en ateliers, elles serviront de sans doute pas encore trouvé le bon équilibre entre document public d’interpellation aux candidats qui « être partout » ou nous cantonner dans nos « do- aspirent aux responsabilités publiques. Le site Inmaines historiques ». Le forum de la paix, qui sera ternet du Mouvement de la Paix a ouvert un espace le deuxième du nom a pour objectif de rassembler dédié au congrès, avec à la fois les textes en discusdes partenaires divers, nationaux et internationaux, sion et des contributions variées. Le bilan d’actide se rencontrer, de confronter nos points de vue vités, les orientations stratégiques, le contenu des et d’établir des convergences sociales. Au-delà des exigences citoyennes, tout est en débats.

Programme du forum et du congrès du Mouvement de la Paix

Jeudi 10 novembre 2011  Paris 17h30 – 19h30 : Mairie du 3ème arrdt de Paris Vernissage de l’Exposition : « 100 œuvres pour la paix »

Forums décentralisés en Ile-de-France  Seine-Saint-Denis • Saint-Ouen – Salle Barbara à 19h. Les armes ne sont pas une marchandise, stoppons leur commerce.  Val-de-Marne • Vitry-sur-Seine - Maison de la vie associative à 20h30. Gagner l’abolition des armes nucléaires • Villejuif : « La Culture de Paix ». Salle Esselieres à 20 h  Yvelines • Achères. Construire la Paix au Proche-Orient à 20h30  Val-d’Oise • Bezons. Démocratie et besoins de liberté, quels enseignements du printemps arabe ?  Hauts-de-Seine • Nanterre, salle de l'Agora à 20h : 60 ans d’OTAN, ça suffit.

2ème Forum de la paix • Bourse du Travail de Paris. Annexe Eugène Varlin. 29 boulevard du Temple, Paris 3ème

Vendredi 11 novembre 2011 • 9h / 19h • Séance d’ouverture : • 10h15 / 11h45 : Première table ronde : « Économie et Culture de Paix »

• 12h : Allocution de Bertrand Delanoë, maire de Paris • 14h / 15h30 : Seconde table ronde : « Sécurité humaine, non-violence et culture de la Paix » • 15h30 : Projection du film « J’irai à New-York avec toi », réalisé par le CE Cheminot PACA • 16h / 17h30 : Troisième table ronde : « Droits et culture de paix » • 17h45 : Séance de clôture « Vers un Forum permanent de la culture de paix ». Avec la participation des partenaires associés au Forum.

• 20h30 : Spectacle – Théâtre « Les mots qui tuent » par la compagnie Bou Saana

B1 - Le Mouvement de la Paix et les questions internationales.

B2 - Le Mouvement de la Paix dans les collectifs et coordinations.

B3 - Les jeunes dans le Mouvement de la Paix.

B4 - Le Mouvement de la Paix et les institutions locales et nationales.

B5 - Mondialiser la culture de la paix B6 - Droits humains et culture de la paix

Congrès

 Plénière 2 : 17h30 / 19h30 • 17h30 / 19h : « Notre projet stratégique pour développer le Mouvement de la Paix » • 20h : Happening place de la République • 21h : Soirée culturelle Pierre Meige en Concert pour la Paix

Samedi 12 novembre 2011

Dimanche 13 novembre 2011

 Plénière 1 : • 9h00 : Ouverture du congrès Allocution de Monsieur Jean-Paul Huchon, président du Conseil régional Ile de France* • 9h30 : Rapports moral et d’activités présentés par le bureau national • 10h30 - 12h : « Bilan d’activités et analyses » Vote du quitus moral • 12h : Présentation des invités et des parte naires internationaux • 14h – 15h30 : Première séries d’ateliers A1 - Démocratiser les institutions internationales A2 - Abolir l’arme nucléaire A3 - Réduire les dépenses militaires A4 - Eduquer à la paix A5 - Construire la paix au Proche-Orient A6 - Prévenir les Conflits A7 - Culture de Paix et Non-violence • 15h45 – 17h15 : Seconde séries d’ateliers

 Plénière 3 : 9h – 12h30 • 9h – 10h : Rapport financier – discussion - Vote du quitus financier • 10h45 – 12h : « Adaptation des 30 exigences citoyennes pour la Culture de la Paix » Adoption du document public en vue des échéances publiques des années à venir • 12h15 : Présentation des candidatures au Conseil national.  Plénière 4 : 14h – 16h30 • 14h – 15h30 : « Synthèse et adoption des projets – Définition des priorités » Vote du document d’orientation • 15h30 : Réunion du Conseil national / Élection du bureau national • 15h45 : Présentation de la nouvelle équipe d’animation du Mouvement de la Paix • 16h : Conclusions du congrès

 Invités : Stéphane Hessel, ancien ambassadeur de France Ancien recteur de l’université d’Alger (Algérie), Samir Abi, ATTAC auprès de l’Onu*, Marion Cotillard, actrice*, Sergio Duarte, Haut- (Togo). Suzy Snider, Pax Christi, (Pays-Bas). Lucas Wirl, Ialana, représentant de l’Onu pour le désarmement *, Kevin Martin, di- (Allemagne).Jago Kosolovski. Vrede, (Belgique). Nils Andersson, recteur de Peace Action des USA. Sergueï Kolesnikov, co-prési- France. Aurélie Trouvé, co-présidente d’ATTAC. Jean-Christophe dent of IPPNW de Russie. Jacques Ndour, réseau sénégalais de Le Duigou, économiste, Jean-Marie Muller, Mouvement pour lutte contre les armes légères. Kate Hudson – Secrétaire géné- une alternative non-violente. Lada Vidakovic-Kovjanic, Women rale de la CND (Grande Bretagne). Martins Hinrich – Réseau Ban initiative, (Croatie). Grand Corps malade*. Un représentant de la All Nukes Génération (Allemagne). Anaïs Parfait – Directrice Jeunesse Ouvrière Chrétienne. Pierre Tartakoswky, président de Europe de Global Zéro. Hiroshi Taka, Gensuikyo (Japon). Marcos la Ligue des Droits de l’Homme. Bernard Salaman président du Estrada, coordinateur de Youth Team for a culture of peace CRID. Adeline Prouteau, Droit Solidarité. Flavio Lotti, président Ingeborg Breines, Bureau international de la Paix (Norvège). Yi- de la Tavolla de la Pace (Italie). fat Solel– Mouvement pour le désarmement (Israël). Ben Chek, * Sous réserve N° 565 - Octobre 2011 - Planète PAIX

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çA BOUGE Les lauréats du prix 2011 pour la prévention des conflits Le Prix de la fondation Chirac pour la prévention des conflits a été décerné Marguerite Barankitse pour son action en faveur des victimes des conflits ethniques au Burundi. Fondatrice de la Maison Shalom, de la Cité des anges et de l'hôpital Rema, elle recueille depuis 1994 des orphelins hutus, tutsis et twas, victimes de la guerre civile qui a éclaté en 1993 et a fait plus de 250 000 morts. L'accès à l'éducation, à la culture et aux soins permet aux enfants de se reconstruire et c'est ainsi que naît une nouvelle génération de citoyens tournés vers la paix.

Le Prix Spécial du Jury à Louise Arbour, ancien procureur du Tribunal pénal international (TPI) pour l'Ex-Yougoslavie et du TPI pour le Rwanda pour son action à rendre efficace et visible la justice internationale.

Voilà donc deux personnalités qui selon la formule de Chirac, « ont su discerner dans l'aveuglement de la haine, les hommes et les femmes qui pouvaient se parler, celles et ceux qui ont pu dissiper à temps les malentendus » Cette distinction leur sera remise le 5 novembre en présence de Kofi Annan, Prix Nobel de la Paix, ex-Secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, et des membres du Jury, dont l'artiste Youssou N'Dour.

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Guinée Bissau, Sao Tomé et Principe, le Swaziland et le Zimbabwe.

Pour que le CTBT entre en vigueur, la signature et la ratification de certains États est obligatoire. Parmi ceux qui_ sont incontournables : l’Egypte, a Corée du Nord, l’Inde, l’Indonésie, l’Iran, Israël, le Pakistan et les États-Unis d’Amérique.

Pour en savoir plus : Annika Thunborg, porte-parole et chef de l’information E-mail : annika.thunborg@ctbto.org Site : www.ctbto.org

Les ambitions russes La Russie prévoit de construire 20 sous-marins nucléaires lanceurs d’engins dans les 10 à 12 prochaines années, 15 au plus tard, vient d’annoncer le chef de la marine russe, l’amiral Vladimir Vysotsky.

Auparavant, la marine russe prévoyait de construire 8 SNLE de la classe Borei. Le premier d’entre eux, le Yury Dologoruky, doit être affecté à la flotte du Pacifique d’ici la fin de l’année.

Les 3 suivants sont l’Aleksandr Nevsky, le Vladimir Monomakh et le Svyatitel Nikolay.

Les 4 premiers SNLE de la classe Borei seront tous affectés à la flotte du Pacifique. Sur les 20 nouveaux, on ne sait pas combien seront basés avec le flotte russe du Nord. Pour l’instant, le chantier naval Sevmash de Severodvinsk est le seul à construire des SNLE de la classe Borei.

Où en est le CTBT ?

L’Allemagne et la guerre en Afghanistan

L’adhésion au Traité d’interdiction des essais ou CTBT est quasiment universel dit-on à Vienne puisque 182 États l’ont signé et 155 dont la Guinée (au mois de septembre) – l’ont ratifié.

En ce qui concerne l’Afrique, deux États doivent encore le signer : Ile Maurice et Somalie.

Onze États doivent encore le ratifier dont l’Angola, le Tchad, les Comores, la RDC, l’Egypte, la Guinée Equatoriale, la Gambie, la

Le coût réel de l'engagement militaire allemand ne serait pas de 5, 5 milliards d'euros, comme l'annonce officiellement le gouvernement fédéral mais de 17 milliards d'euros.

Ce chiffre est fourni par le DIW (Institut allemand de recherche économique) et repris par la très respectée FAZ (Frankfurter Allgemeine Zeitung) dans son édition du 3 octobre.

Ce même institut annonce que

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l'engagement militaire allemand coûtera encore 5 autres milliards d'euros jusqu'au retrait programmé de la Bundeswehr en 2014.

La Grande-Bretagne et l’intervention en Libye Selon une récente étude du Département de la Défense, le MOD, le coût de l’intervention représente 7 fois les prévisions du gouvernement de Londres.

Au mois de juin, le gouvernement de Sa Gracieuse majesté avait affirmé que le coût de cette campagne tournerait autour de 260 millions de livres. Fin septembre, on se rapproche du 1,75 milliards de livres. L’opposition travailliste estime qu’il faudrait davantage de transparence…

L’engagement allemand en Afghanistan (suite).

L’engagement de la Bundeswehr en Afghanistan dans le cadre de l’ISAF est un sujet politiquement sensible en Allemagne, et même de plus en plus sensible au fil des jours.

Quelques chiffres pour résumer cet engagement : 98.000 hommes y ont déjà pris part, pour un effectif sur zone de 5.300 hommes en moyenne 52 soldats tombés (au 5.09.2011) 200 blessés aux séquelles durables.

1.800 soldats lourdement traumatisés (nécessitant un traitement à vie)

Nobel 2011 : trois pacifistes à l'honneur La fondation Nobel a tranché début octobre. Le choix, cette année, s'est porté sur trois femmes, deux issues du Libéria - Ellen Johnson Sirleaf et Leymah Gbowee - et une citoyenne du Yémen Tawakkul Karman. Le prix de 10 millions de couronnes soit un million d'euros, sera remis à Oslo (Norvège) le 10 décembre prochain. Celle que les médias ont mis en avant, c'est Laymah Gbowee. Cette militante pacifiste, surnommée "la guerrière de la paix" a joué un rôle pour mettre fin à la guerre civile qui a frappé son pays le Libéria durant 14 ans . Une guerre qui a entraîné 250.000 morts, des victimes que le monde occidental a zappés. Elle fut à l'origine du mouvement pacifiste Women of Liberia Mass Action for Peace' . Enfin, parmi les gagnantes du cru 2011, T. Karman. Elle s'était illustrée dans les combats pour le printemps arabe dans son pays, aussi via l'association 'Femmes Journalistes sans chaîne" qu'elle a mise sur pied.

Planète Paix reviendra prochainement sur le profil de ces personnalités hors du commun et qui honorent le pacifisme.

DOSSIER

• Blessures de guerre Mourir pour l'Afghanistan • Les méfaits des conflits La dépression du combattant • Entretien De retour d'Afghanistan • Témoignages de soldats L'appel d'une mère L'angoisse de Baptiste • La misère, un dégât collatéral ? ‘‘Personne ne revient égal à lui-même’’ • Arrêt sur images ‘‘L'ombre de la guerre’’

blessures d'Afghanistan

La guerre d’Afghanistan va laisser des traces. Les conflits qui s’éternisent ne peuvent déboucher sur des replis en bonne et due forme. Les conflits dits de ‘faible intensité’ ressemblent à ces munitions qui explosent à retardement.

Nous ne parviendrons pas ici à disséquer ces maux, mais il est temps d’alerter sur ces blessures... et de remercier ceux qui on bien voulu témoigner.

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DOSSIER

b lessures

Blessures de guerre

Mourir pour l’Afghanistan ?

P

lanète Paix ouvre le dossier des blessures de guerres. L’anniversaire n’est pas une raison suffisante. Mais, parce que la guerre menée contre l’Afghanistan dure depuis dix ans, les familles des combattants se réveillent, se mobilisent à leur tour, se constituent en réseau pour affirmer haut et fort que 2014 est tout simplement trop loin. Nous tenterons de servir de relais à ces voix qui commencent à se faire entendre un peu partout en France, émanant de milieux qui ne sont pas forcément de couleur ‘pacifistes’.

Par rapport aux soldats, justement, c’est aussi l’occasion pour nous, pacifistes, de modifier notre regard sur ces hommes qui, même s’ils risquent leur vie, ne s’engagent pas sur le front pour mourir.

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N° 565 - Octobre 2011 - Planète PAIX

Même s’il s’agit cette fois-ci d’une armée de professionnels, des rapprochements se font en France avec la guerre d’Algérie et aux États-Unis avec la guerre du Vietnam.

Motif ? Parce que la guerre fait ‘craquer’ tout un chacun, qu’on soit plus ou moins volontaire (comme professionnel) ou pas. Parce que cette façon de côtoyer les horreurs de la guerre suffit pour « péter les plombs ». Instantanément ou longtemps après. Quel que soit son grade ou son degré d’implication dans le face à face avec la mort. Parce que le combattant, le trouillomètre au ventre, n’est jamais loin d’une expérience à l’Apocalypse Now. Parce que les traumatismes du retour font partie des dégâts collatéraux que la Grande Muette – de moins en moins muette – tente de dissimuler ou de nier.

C’est ce que les Américains surnomment

la ‘guerre à la maison’, la guerre que le combattant ramène dans ses bagages comme une munition qui explosera avec délai. Détonateur imprévisible.

Il est temps aussi de faire l’inventaire des dégâts collatéraux sur le plan social (cf. la page sur les SDF aux États-Unis). D’ailleurs, au-delà des vétérans-revenants, abîmés, sacrifiés au nom de la raison d’État, tentés par le suicide (nombreux passent à l’acte), ou marginalisés pour toujours, les victimes se comptent aussi parmi l’entourage proche, un entourage qui trinque et que nous n’avons pas le droit d’oublier.

Ben Cramer

d ' a f g h an i s t an Les méfaits des conflits

La dépression du combattant

L

guerre en

es manifestations de la dépression sont nombreuses : certains deviennent agressifs, insomniaques ou toxicomanes, et d’autres, ne se sentent plus la force de vivre. Mais il en est une qui touche particulièrement les militaires : le syndrome de stress post-traumatique (SSPT), c’est-à-dire la pénétration dans l’appareil psychique de l’image de la mort.

Afghanistan :

Le syndrome de stress post-traumatique

Premier grand conflit depuis l’Algérie, la

70 morts sur

Lors d’un congrès de l’Otan consacré à ce problème, les Britanniques ont estimé que 5 % de leurs soldats de retour d’Afghanistan ou d’Irak étaient touchés par le SSPT. Aux Etats-Unis, les chiffres varient : parmi les militaires en retour de mission, on en dénombre 19% de traumatisés. Attention avec les chiffres récents : le syndrome se déclare en moyenne six mois après le retour du soldat.

place. Pour ceux

Le recours salutaire de la parole

20 000 soldats déployés depuis 2001. Plus de

qui rentrent, il faut réapprendre à vivre, une blessure invisible chevillée au corps.

La reconnaissance du stress du combattant passe aussi et surtout par le témoignage de ceux qui osent parler… Mais il faut savoir que les soldats eux-mêmes peinent à admettre l’existence de ces « blessures invisibles ».

Dans le cadre familial, la parole se libère difficilement. Face à la dépression, les épouses se retrouvent en première ligne. D'ailleurs, ce sont elles qui ont organisé, en octobre, la première manifestation en hommage aux soldats morts en Afghanistan ; mais dans le cortège, beaucoup parlaient de la difficulté à accompagner un mari victime d'un SSPT.

La sollicitude nouvelle des armées En France, il faut attendre 1992 pour qu’un décret officialise la reconnaissance du traumatisme comme blessure de guerre : elle ouvre désormais

Des chiffres en perspective Afghanistan et Irak. Les Ricains sur les deux fronts  141 nombre de femmes tuées depuis 2003  1192 nombre de tués parmi les forces non US de la coalition  2300 nombre de tués US parmi les civils  6204 nombre de militaires US tués en opération  18.678 nombre de tués parmi les agents de sécurité irakiens et afghans  144.000 nombre de soldats étrangers en opération  102.239 nombre de civils irakiens tués (estimation basse)

Centre d'aide aux vétérans aux États Unis

droit à des pensions. Depuis, la prise en charge psychologique des soldats envoyés en opérations extérieures n'a cessé de progresser. L’armée française commence à prendre en charge les blessures psychiques. Avant, pendant, et après la mission, la « gestion du stress » fait désormais partie d’une procédure institutionnalisée. Dans chaque unité, des personnels sont sensibilisés au soutien moral de leurs troupes. Mieux encore mais depuis 2007 seulement, un psychiatre et un psychologue sont systématiquement présents en Afghanistan, prêts à intervenir en cas d’ « événement grave », une définition très très floue. Le psychiatre ne voit que les personnes qui le souhaitent ou qui sont envoyées par leur médecin d’unité. Le psychologue impose un débriefing collectif suivi d’un entretien individuel.

Depuis 2009, une directive de soutien psychologique en zone de combat a été mise en place. Elle impose des rendez-vous de suivi avec le médecin militaire un mois, trois mois et huit mois après le retour de mission. C’est important car sans fiches de suivi, impossible d’établir des statistiques sur le nombre de militaires touchés par la dépression du combattant.

Autre problème : sur place, les moyens sont insuffisants. Pour le Colonel Borel, psychologue militaire, le dispositif ne permet pas de suivre tout le monde. François Lebigot, spécialiste des traumatismes militaires et ancien chef du service psychiatrie de l’hôpital Percy, ajoute : ce n’est hélas pas nous qui tenons les cordons de la bourse. » En effet, c’est le ministère de la Défense et lui seul qui fixe le nombre de psychiatres envoyés en Afghanistan Quant au suivi de ceux qui rentrent, c’est encore problématique. Aux dires des témoins.

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DOSSIER

b lessures

Entretien

De retour d'Afghanistan Victor qui vient de Bourges était sur le front car il voulait « faire une opex » (opération extérieure).

Il a postulé pour un régiment qui instruit les soldats afghans. De retour en France, il a accepté pour Planète Paix d'expliquer ses motifs.

Une certaine vision du monde.

A

vant de partir, le groupe a été rassemblé à Angers pendant une semaine pour nous mettre en conditions psychologiques et physiques. De toute façon, dès le début, dès qu’on porte l’uniforme, quand on réussit toutes les étapes, quand on nous pousse à aller jusqu’au bout de nos limites, la peur est là bien sûr, mais ça ne nous arrête pas.

On s’est déjà dépassé, on a déjà fait tous les efforts, alors on s’dit « j’peux y aller ». Et ça s’fait.

Au moment de quitter la France, on stresse, on se dit « ça y est, j’peux plus reculer » ; quand on arrive, on angoisse en permanence, mais avec les collègues et nos chefs qui savent nous mettre dans le droit chemin, on arrive à oublier.

Sur place : Dans le groupe, beaucoup étaient des officiers qualifiés, très gradés, et ayant fait de hautes écoles militaires. Quand on avait fait l’instruction d’un régiment afghan, après, c’est lui qu’on projetait sur le théâtre des opérations (…)Nous, nos supérieurs nous ont dit : « On n’est pas des combattants. On enseigne, on apporte la logistique pour aider les trois autres armées, on apporte le savoir-faire.

On logeait au camp Phénix. C’est un camp américain, mais à l’intérieur, on a notre quartier. Pour la vie au quotidien, pour le travail d’instruction, ça se passait au camp Alamo. Moi, je conduisais les véhicules derrière la montagne et là, on faisait l’instruction, les marches, les tirs, et tout l’entraînement avec les Afghans. L’entrée du camp Phénix était protégée par d’immenses sacs de sable, et avant d’arriver au camp même, le chemin serpente sur lui-même plusieurs fois ; et, en permanence, il y a des « profilers » américains. Ils ont de longuesvues très efficaces, ils guettent et ils font arrêter

EN SAVOIR PLUS • Livre : ‘Sans blessures apparentes’ de Jean-Paul Mari ; enquête sur les damnés de la guerre. Robert Laffont, Paris 2008 • Article libération : www.liberation.fr/monde/01012336369-cesinvisibles-blessures-de-guerre 14

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Soldats français en exercice en Afghanistan

les véhicules, laissent passer ou refoulent ceux qui veulent entrer. C’est comme ça qu’on n’a jamais eu d’attentat dans le camp lui-même. Seulement une fois, dans la rue, il y a eu beaucoup de morts civils afghans, mais personne de chez nous.

Que savez-vous à propos des bavures ?

C’est pas des bavures, plutôt des accidents de tirs dans la panique, parce que les talibans connaissent bien le terrain, et nous, même avec des GPS perfectionnés, des fois, c’est difficile.

Pourquoi combattre sur place ?

Les autres pays y sont, c’est juste que la France soit aussi là-bas. En plus, l’armée française fait du social. Faire la guerre là-bas, c’est garder le noyau taliban chez eux, qu’ils n’aillent pas dans les autres pays, aux USA, en Angleterre ou en France. Qu’il n’y ait plus de 11 septembre, Peut-être qu’on n’arrivera pas à les éliminer, mais au moins qu’ils restent là-bas. D’ailleurs, depuis 2001, il y a moins d’attentats, mais les gens ne le savent pas, c’est pour ça qu’ils veulent qu’on parte. L’armée française souhaite que l’armée afghane s’en sorte. C’est un peu un combat pour la paix. On pourrait faire disparaître les talibans : ils ne sont pas des milliers en face, j’comprends pas ; de toutes façons, on partira parce qu’il y a trop de morts, et que ça fait loin.

Alors, c'est comme être un ancien combattant de 39-45, d’Indochine ou d’Algérie ?

C’est un peu pareil. Mon grand-père maternel a été blessé en 39-45, il était dans l’infanterie. Il est resté handicapé, il ne parlait pas, mais je sais qu’il serait fier de moi.

Propos recueillis par Marie-Hélène Bourdier

d ' a f g h an i s t an Témoignages de soldats En sortant timidement de leur silence pour ne pas sombrer, les combattants ont désormais un nouvel allié : ce sont leurs mères. Quitte à conserver un certain anonymat, elles commencent à monter au créneau, prêtes à dévoiler ce qu'elles savent, ce qu'elles ont compris de cette guerre dans laquelle leur fils est impliqué.

L’appel d’une mère e suis maman de militaire rentré au début de l’été (...). Notre souci est grand : nous avons à prendre en charge ce désarroi des soldats à leur retour, certains craignent de devoir retourner en Afghanistan dans les deux ans et ne savent pas ce qu’on va leur demander d’y faire, d’autres sont marqués par ce qu’ils ont vu, par le décès de leurs camarades, d’autres sont gravement mutilté, handicapés à vie.

Pour ce qui me concerne : je ne suis pas militariste, je respecte pourtant le choix de mon fils qui a décidé de s’engager pour servir. Il fait

partie de ces militaires de plus en plus nombreux, cultivés, informés, qui agissent, observent et, chose nouvelle, désormais parlent ! Ils appréhendent sur place le choc entre l’Occident pétri des conventions de Genève qui entend « faire la guerre au nom de la paix » ( !) et le peuple afghan des vallées de l’Est, mosaïque de langues, d’ethnies, qui s’en remet à l’Islam pour définir son avenir.

Nous voudrions que l’aventure afghane serve de leçon et que les citoyents reprennent la main en matière de défense, ne laissant plus nos dirigeants prendre n’importe

quelle décision sans l’aval de la nation.

Il nous est insupportable que nos fils ou conjoints soldats soient utilisés dans des missions aux buts si peu clairs, car c’est à nous, à leur retour, de recevoir leurs questionnements, leur détresse pour certains.

Anne de Bretagne

EN SAVOIR PLUS • Pétition d’un collectif de familles de militaires sur le site : www.mesopinions.com intitulée « pour un retrait immédiat des soldats d’Afghanistan »

L'angoisse de Baptiste

F

évrier 2007. Pour Baptiste*, la campagne afghane a été précédée de la Côte d’Ivoire.

Deux fois. Le jeune homme est rentré bouleversé, hanté par l’image des corps putréfiés rencontrés sur les chemins d’Abidjan. Il en parle peu, mais invoque des entorses à répétition pour qu’on le déclare inapte à repartir en mission. Mais au 126e régiment de Brive-la-Gaillarde, un médecin militaire en décide autrement : en août 2006, le soldat est envoyé en Afghanistan.

Très vite, il perd les pédales. En novembre, un mois avant la fin de sa mission, il est enfin rapatrié : « Un rapatriement coûte cher, c’est pour ça qu’ils sont si rares, explique sa mère. Surtout, ça montre un certain échec de la mission… Faudrait pas trop que ça se sache ! » De retour en France, Baptiste a perdu dix kilos. Quelques semaines plus tard, il tente de mettre fin à ses jours dans les Côtes d’Armor. Les secours le sauveront de justesse.

Le soldat revit sans cesse l’événement qui l’a choqué : « Dès qu’un crayon tombe sur le sol, Baptiste fait un bond, témoigne sa mère. Dans sa tête, il est encore au combat. » N° 565 - Octobre 2011 - Planète PAIX

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DOSSIER

b lessures

La misère, un dégât collatéral ?

‘‘Personne ne revient égal à lui-même’’ "Tout le monde ne revient pas de la guerre blessé, mais au bout du compte personne ne revient égal à lui-même", souligne Paul Rieckhoff, un ancien combattant dans les Marines, fondateur de l'association américaine des Anciens combattants en Irak et Afghanistan. liberté conditionnelle, soit dans des programmes de services à la communauté après avoir été condamnés pour crimes. Ils représentent aujourd’hui environ 9% de la population carcérale. Le rapport conclut : "La plus grande partie des soldats qui ont servi soit dans le Golfe soit en Afghanistan souffraient de stress post traumatique. Mais très peu de soutien ou de conseil psychologique étaient mis à leur disposition à la décharge des forces armées."

L

es chiffres parlent ; les États-Unis comptent 25 millions d'anciens militaires, dont 1,6 million ont combattu en Afghanistan et en Irak, selon la chaîne de télévision CBS.

Une étude publiée en 2010 montre que les anciens combattants représentent un quart des sans-abri aux États-Unis, alors qu'ils ne représentent que 11 % de la population adulte. Selon l'étude, citée par le Times, au moins 1 500 anciens combattants des guerres d'Afghanistan et d'Irak auraient déjà été identifiés comme sans-abri.

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Misère psychologique Plus de 8.000 vétérans sont actuellement derrière les barreaux, la plus grande partie ayant servi leur pays en Irak ou en Afghanistan. Une proportion élevée des condamnés interrogés pendant l’étude a souffert d’une forme de désordre de stress post traumatique après avoir quitté l’armée. Souvent leurs condamnations étaient pour usage de violences liées à la prise de drogues ou d’alcool.

Des associations caritatives affirment que ces découvertes mettent en lumière les difficultés que beaucoup d’anciens soldats rencontrent à faire la transition vers un retour à la vie civile. Ils disent qu’environ 24.000 vétérans sont soit en prison, soit en

‘‘Ils s’étaient pratiquement tous mis à boire beaucoup ou a prendre des drogues et par consé q u e n t l e u r s engagements dans des agressions violentes, parfois envers leur familles, arrivaient régulièrement.’’

Le département des anciens combattants dépense quelques 3 milliards de dollars par an pour des services spécialisés dans la santé mentale, selon CBS. L’Association Nationale des Officiers en Probation (NAPO), qui a effectué l’étude, demande au gouvernement d’en faire davantage afin d’aborder les problèmes de santé mentale dont souffrent les personnes qui ont combattu dans des zones de guerres.

EN SAVOIR PLUS • www.radio-canada.ca/nouvelles/ National/2009/10/28/001-armee_suicide.shtml

d ' a f g h an i s t an aRRêT sur images

‘‘L’ombre de la guerre’’

L

a Maison européenne de la photographie a présenté, au cours de l’été, “L’ombre de la guerre”, une exposition organisée par Contrasto, dans le cadre du projet Science for Peace de la Fondation Veronesi.* L’exposition propose une réflexion sur le pouvoir symbolique des images en présentant un choix de 90 photographies les plus marquantes du reportage de guerre.

Parmi les célèbres clichés qui retracent ces soixante-dix ans d’histoire, de l’Espagne (1936) au Liban (2006), on retrouve : le soldat traumatisé par les bombes au Vietnam dans l’oeil de Don McCullin ; la veillée funèbre au Kosovo par Georges Merillon ; le drapeau américain planté à Iwo Jima pendant la Seconde Guerre mondiale ; le milicien frappé à mort pendant la guerre civile espagnole par Robert Capa ; les fosses communes en Bosnie chez Gilles Peress ; la guerre du Liban par Paolo Pellegrin…

Georges Merillon

Afin d’en saisir tous les enjeux, ces images sont accompagnées d’un texte qui retrace le contexte de la prise de vue, auquel s’ajoute une série de données chiffrées démontrant l’impact des guerres sur nos sociétés. Cette exposition permet ainsi de traiter de l’histoire différemment : il est certes question de drames, de destructions mais la vision de ce monde hostile engage une réflexion sur l’avenir de l’humanité. * Umberto Veronesi, s’est assuré le concours de scientifiques, de personnalités internationales du monde de la culture et de divers prix Nobel. Il organise une conférence internationale à Milan les 18 et 19 novembre. Science for Peace est l’un des principaux projets de la Fondation, avec le but de promouvoir la paix et de militer pour la réduction des dépenses militaires au profit de la recherche et du développement.

Paolo Pellegrin

EN SAVOIR PLUS • Fondation veronesi : www.fondazioneveronesi.

it/divulgazione/science-for-peace/

Linsey Addario N° 565 - Octobre 2011 - Planète PAIX

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On peut agir sur les causes des guerres et des violences… … surtout si on les connaît

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MONDIALISER LA PAIX Commerce des armes :

L’Allemagne dans la cour des grands L’Allemagne qui, officiellement, n’a pas pris part au conflit libyen, est toutefois bien présente par ses armements. Avec 10 % du volume total, l’Allemagne détient la 3ème place des exportateurs d’armements, derrière les États-Unis (35%) et la Russie (25%), mais devant la Chine (6%), le Royaume-Uni (4%) et la France (3,5%).

Ce sont les chiffres de 2010.

L

’affaire des 200 chars Leopard, récemment commandés (pour un montant de 2 milliards d’euros), par l’Arabie Saoudite vient de mettre l’Allemagne politique en émoi. Alors que ce pays a contribué avec ses blindés à la répression des insurgés de Bahreïn, les chars Leopard commandés devraient être munis d’une lame avant anti-émeutes. La presse influente dont Der Spiegel et Die Zeit s’est emparée du sujet et impose un débat public.

Les firmes comme Rheinmetall, Krauss-Maffei (blindés), Thyssen-Krupp (sous-marins), Diehl (missiles et munitions), Heckler & Koch (armes légères), Atlas Elektronik (torpilles), Carl Zeiss (optiques de visée), sans compter la firme francoallemande EADS (avions, hélicoptères et drones) sans oublier Siemens, Mercedes, qui ne négligent pas les marchés militaires, se seraient bien passé de la lumière crue du débat public.

Lors de la dernière édition de l’International Defence Exhibition and Conference d’Abou Dhabi, qui comptait plus de 1050 exposants de 52 pays le pavillon le plus important y était celui de l’Allemagne. On comrpend pourquoi. Le secteur ne fournit pas seulement la Bundeswher, il exporte désormais 70% de sa production. La Grèce, endettée jusqu’au cou, s’est approvisionnée auprès des Allemands, y compris pour l’acquisition de deux sous-marins de la classe « Dolphin ». Il en va de même pour Israël (5 Dolphin, financés pour un tiers – soit 1, 4 milliards d’euros – par Berlin, la commande d’un 6ème étant en discussion.

C’est le Conseil Fédéral de Sécurité, la Bundessicherheitsrat, dépendant directement de la Chancellerie, qui fixe la liste des pays « en droit d’acheter » des armes, en dehors des zones de tension, et en fonction de leur respect des droits de l’Homme.

En principe. Ses décisions, quasi-confidentielles, ne font l’objet d’aucun débat politique. Sauf que les critères retenus semblent s’être singulièrement assouplis depuis une dizaine d’années, et surtout depuis l’arrivée au pouvoir d’A. Merkel (en 2005) que l’Allemagne développe une politique conséquente d’exportation de matériels militaires.

D’ailleurs, les marchands savent contourner les obs-

Manifestation contre les ventes d'armes en Allemagne

tacles en misant sur la binationalité des vendeurs.

Ainsi, la vente de 72 avions de combat ‘Eurofighter’ à l’Arabie Saoudite a été possible car Eurofighter est aussi britannique et les règlementations y sont plus souples.

L’Allemagne Fédérale ne connaît pas de défilé militaire type 14-Juillet. Elle n’en a pas besoin pour présenter son matériel militaire au bon moment, aux bonnes personnes, jouant désormais, avec succès, dans la cour des grands du commerce des armes.

Jean-Paul Vienne

Le missile franco-allemand Milan 3 a servi à la fois aux troupes de Khadafi, aux insurgés et aux troupes de l’Otan.

EN SAVOIR PLUS • Coalition anti-armes allemagne www.aufschrei-waffenhandel.de/ • Contre la vente des panzer à l’Arabie Saoudite www.aufschrei-waffenhandel.de/ Aktionsberichte.181.0.html N° 565 - Octobre 2011 - Planète PAIX

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MONDIALISER LA PAIX Palestine

Vers le droit et vers la paix La reconnaissance de l’État Palestinien en tant qu’État ? Ce n’est pas une simple formalité. L’ambassadeur Al Fahoum, chef de la mission de Palestine en France avait déjà expliqué la démarche dans nos colonnes. (PP 562, mai 2011). Le point sur cette nouvelle donne au Moyen-Orient.

L

a d é c i s i o n d ' Abou Mazen de s'adresser aux Nations-unies pour demander l'adhésion de l'État de Palestine à l'Onu – déjà reconnu par 104 votes favorables en 1988 –, est un événement historique dans le trop long processus de décolonisation de la Palestine.

La solennité qu'Abou Mazen a voulu donner à son discours, vise aussi à préparer les Palestiniens à des temps difficiles et durs que cette décision implique. En même temps, la fermeté démontrée par le président de l'OLP signifie que toute une période – vingt ans de négociations stériles avec Israël - est vraiment terminée.

Désormais il n'est plus question, comme ce fut le cas avec les accords d'Oslo, de négocier en deçà des exigences du droit avec comme unique médiation, celle des États-

Unis qui ont toujours soutenu le point de vue israélien. Le retour à l'Onu, c'est-à-dire à la source du droit international comme point de référence, est un pas important vers la mise en œuvre de ce droit comme moyen de rediscuter la question palestinienne à la lumière de la légalité internationale, une légalité que le déroulement du dit processus de paix avait précisément mise de côté... La communauté internationale tout entière, et non plus le seul Occident américanisé, va mettre en question le monopole américain de la médiation.

En demandant l'État à l'Onu avant de négocier, les Palestiniens proposent la seule alternative politique et juridique crédible comme cadre de négociation égalitaire entre les deux protagonistes.

Cette initiative, réaffirmant solennellement

le droit à l'autodétermination du peuple palestinien comme droit inaliénable, constitue une étape qui doit être suivie de la fin de l'occupation coloniale. Elle est en même temps un point de départ pour impliquer tout le peuple palestinien dans la « lutte finale » face à un adversaire israélien prêt à toutes les aventures pour retarder l'échéance.

Pour les Palestiniens s'impose une stratégie nationale refondée, articulant initiatives diplomatiques, résistance populaire non-violente et mobilisation internationale de la société civile, y compris israélienne.

Cela suppose bien entendu que l'OLP puisse s'adapter et se réformer pour permettre une implication et une mobilisation unitaires de toutes les composantes de la société palestinienne. L'Autorité palestinienne elle-même sera obligée de tenir compte de ces nouvelles nécessités stratégiques, en particulier dans le processus de réconciliation nationale.

Aujourd'hui au centre du Moyen Orient, en plein bouleversement géopolitique par la révolution démocratique arabe, la Palestine va redevenir le coeur battant du printemps arabe. Elle aura besoin de notre solidarité agissante, y compris sur le terrain.

Plus que jamais la lutte pour le droit et la lutte contre la guerre est un même et unique combat.

Bernard Ravenel Président d’honneur de l’Association France Palestine Solidarité

Mahmoud Abbas et Ban Ki Moon au Nations unies le 23 septembre 2011

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N° 565 - Octobre 2011 - Planète PAIX

EN SAVOIR PLUS • www.france-palestine.org

MONDIALISER LA PAIX Conflits oubliés

A ne pas zapper Guerres inavouées, conflits pour les ressources, guerres de tranchées, invasions avortées, guerres de position, guerres de sécession, guerres de substitution, guerres perdues, conflits anticoloniaux, guéguerres dans les États défaillants...

Les points chauds

Ces 18 conflits

• Afghanistan

• Russie/Tchéchénie

reconnus comme

• Azerbadjan

• Soudan

• Chine ( du côté des Ouïghours à l’ouest)

• Chine/Tibet

tels en 2011 sont

• Chine/Tibet

• Turquie/Kurdistan

rarement à la

• RDC

• Maroc/Sahara/

‘une’ des médias.

• Chypre

• Maroc/Espagne (îlot Perejil)

• Ethiopie/Erythrée

• Pakistan – Balouchistan

• Ethiopie/Ogaden

• Ouzbékistan

• Palestine-Gaza

• Ossétie du Sud

• Moldavie/Transnistrie

• Thaïlande-Birmanie

Et pourtant, les points chauds ne manquent pas...

• Niger

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Portrait Hommage à Wangari Maathai

Les arbres ont perdu leur mère La mère des arbres s’est éteinte le 25 septembre 2011 après un long combat contre le cancer." Elle avait 71 ans. Elle est l’auteure de nombreux ouvrages dédiés aux arbres et à la nature et a su faire comprendre que la préservation de la nature allait de paire avec celui de la paix.

EN SAVOIR PLUS Ouvrages • ‘‘Celle qui plante les arbres’’ Ed. Héloïse d'Ormesson, 2007 • ‘‘Un défi pour l'Afrique’’ Ed. Héloïse d'Ormesson, 2010 22

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«

Avec deux mains, on plante un arbre ; avec des milliers de mains, on plante une forêt », tel était le leitmotiv favori de Wangari Maathai.

femmes. Au fil des années, elle mérite de plus en plus le surnom de Tree Woman (la femme arbre) et d’ailleurs, « Quand elle plante un arbre, elle change le monde" titrait ‘La Vie’ en juillet 2006.

Née en 1940 près de Après l'avènement du Nyeri, Wangari Maathai a multipartisme en 2002, été élevée dans les White la militante, hier enHighlands du centre du core emprisonnée pour Kenya. Ses parents, de ses manifestations, del'ethnie kikuyu, sont des vient Secrétaire d'État fermiers qui luttent pour à l'environnement de la subsistance de leur 2003 à 2005. Dès 2004, tribu. Première femme elle devient la première d'Afrique de l'Est à obAfricaine à recevoir le tenir un baccalauréat en prix Nobel de la paix, biologie, elle poursuit récompe n s é e « p o u r ses études aux Étatssa contribution au déUnis puis en Allemagne. veloppement durable, Elle devient biologiste, à la démocratie et à la militante des droits hupaix. ». En 2009, son mains, et notamment engagement pour les des femmes. Première droits de l'homme et la lauréate d'un doctorat démocratie conduisent en Afrique centrale et de le Secrétaire général de l'Est, elle dirige la Croixl'Onu, Ban Ki-Moon, à la Rouge kényane dans les nommer Messager de la années 1970, s'impliquant paix surtout dans le combat contre le régime autori- Wangari Maathai : plantation d'arbres dans la forêt Selon elle, « Impostaire du président Arap dégradée Aberdare, au Kenya. sible de garantir la paix Moi. Elle est plusieurs sans gérer les ressources fois blessée par les forces de sécurité lors de ma- de manière responsable et les distribuer de manifestations et emprisonnée. nière équitable ». Une pensée avec laquelle le Mouvement de la Paix ne peut qu’être à 100 % en acEn 1977, Wangari M. fonde le Green Belt Mo- cord, dans laquelle le Mouvement de la Paix peut se vement (Mouvement de la ceinture verte), qui de- reconnaître en associant la paix et la justice. puis, a planté plus de 40 millions d'arbres sur le Evelyne Aymard continent africain grâce à l'appui de réseaux de

Réactions : Achim Steiner, le patron du Programme des Nations unies pour l'Environnement), a déclaré : «Wangari Maathai était une véritable force de la nature. Alors que certains ont passé toute leur vie et leur énergie à endommager, dégrader et extraire des profits à court terme des sols de notre planète, elle a utilisé la sienne pour mobiliser les communautés et pour plaider en faveur de la conservation et du développement durable. (…). Son travail et sa vision vivront éternellement au travers des millions de personnes, jeunes et vieux, qui ont été touchés par sa voix ».

CULTURE FILM

Wresinski en vedette Qui ne connaît pas le père Joseph Wresinski, fondateur de l’association ATD Quart-Monde ? Le 17 octobre est la journée mondiale du refus de la misère. Le film qui retrace cette aventure a été projeté à Vénissieux.

Michèle Montezin

oseph est magnifiquement interprété pas Jacques Weber, on entre dans le film facilement, dans l'intimité des familles, dans leur misère quotidienne sans être mal à l'aise, Joseph nous invite à les rencontrer, les regarder, les écouter, à mieux les comprendre.

On voit des scènes violentes, enlèvement d'enfants par la police pour être placés, ‘‘sauvés de la misère’’, des pères désespérés qui cassent une bibliothèque. Un homme devient fou, son chien a été tué pour nourrir les enfants, un rat énorme mord profondément un enfant. Joseph donne un sacré coup de pied à la bonne conscience. il renvoie rudement les dames bienfaitrices qui distribuent la soupe, il ne veut plus les voir, cela choque les familles, certaines se révoltent. Il veut détruire la misère, refuse le fatalisme. être spectateur est insuffisant, il faut leur rendre leur dignité.

Joseph est tenace, il harcèle la mairie afin d'obtenir des crédits pour construire un jardin d'enfant, une bibliothèque... Il aide les familles à exprimer leur souffrance, à faire des projets, à se prendre en main pour s'en sortir, à rester debout et à rêver à imaginer leur "maison carrée" pour s’en sortir.

Il y a aussi des scènes de bonheur : la séance de maquillage avec l'esthéticienne, où les femmes retrouvent leur féminité, sans oublier la fête, le bal qui apaise les tensions. Des hommes trouvent du travail, l'espoir renait. Des familles trouvent à se loger. Le film se termine par une scène émouvante lorsque le jeune Jacques - qui est retourné à l'école pour passer son CAP - apprend à lire à sa mère intimidée.

J'ai aimé ce film qui ne laisse pas de place au pathos, qui ne culpabilise pas, ce curé est un type formidable, un révolutionnaire, un vrai qui ne fait pas de grands discours, qui ne baisse pas les bras, il agit, et ne juge pas. Avec ce film j'ai compris pourquoi j'étais parfois mal à l'aise avec les familles de sans papiers, la pitié ne suffit pas.

En reconnaissant que les pauvres sont des partenaires, on peut miser sur l’éducation, le meilleur soutien, la meilleure ‘‘arme’’ qu’on puisse leur apporter.

Michèle Montezin

Image extraite du film

l'a vu pour nous.

EN SAVOIR PLUS "Joseph, l’Insoumis" • Pyrénées d’or de la Meilleure Fiction Unitaire • Prix du Public au Festival du Luchon 2011 N° 565 - Octobre 2011 - Planète PAIX

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Le nouvel

genda 2012 Du Mouvement de la Paix

R

etrouvez dans l'Agenda 2012, les reproductions inédites de l'exposition "100 oeuvres pour la Paix", des dates clefs du pacifismes, les Prix-Nobel de la paix Français, et toutes les rubriques classiques de votre agenda quotidien.

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