Planète Paix vous présente ses vœux pour l'année 2012
L’info pacifiste : www.mvtpaix.org La paix en mouvement
3,20 euros / N° 568 / Janvier 2012
‘‘Civils, si vous saviez…’’
Dossier (P.11-16)
Armes nucléaires La Croix Rouge et le retour à l'atome (P.9)
Film
‘‘Les neiges du Kilimanjaro’’ (P.23)
REGARD SUR...
Marché de Noël à Saint Martin d'Hères (38) Les comités du Mouvement de la Paix PACA en coordination régionale, décembre 2011
Le Mouvement de la Paix vous souhaite une bonne année 2012
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N° 568 - Janvier 2012 - Planète PAIX
Sommaire
l’Édito
Planète Paix n° 568 - Janvier 2012
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Campagne P.6-7
Avenir de l'Europe
Paris plus otaniste que l'Otan Armes nucléaires
P.8
La Croix Rouge et le retour à l'atome
9
la crise, naturellement
S
Actualité
base aérienne d’Istres
P.9
Nucléaire top secret ‘‘ ça n’arrive qu’aux autres ’’
11
dossier
reconversion : ‘‘civils, si vous saviez… ’’ Ted Taylor P. 1 2
Un scientifique converti L'île de Palmyra
P.13
Du bunker au parc naturel Bases militaires
P.14-15
Reconvertir, disent-ils
18
Ben Cramer Rédacteur en chef de Planète Paix
portrait
Paul d’Estournelles de Constant
P.18
Le pacifiste de la Sarthe
19
de la misère, le mondialiser la paix
Fukushima de
Dépenses militaires
P.19 Des Gripen à l’épreuve du feu démocratique Petersberg P.20 Ils parlent de paix mais ils font la guerre Afghanistan P.21 Un retrait qui traîne les pieds
22
‘‘
le raz-de-marée
la finance sont quasiment des évènements qui nous dépassent, tout comme « la
culture
Exposition
P.22
L’art pacifique exposé au Fiap Film
crise »
’’
P.23
‘‘ Les neiges du Kilimandjaro ’’
Mensuel édité par le mouvement de la paix
9, rue Dulcie September, 93400 Saint-Ouen Tél. 01 40 12 09 12 Fax : 01 40 11 57 87 planete.paix@mvtpaix.org
Directeur de publication : Pierre Villard Rédacteur en chef : Ben Cramer Secrétaire de rédaction : Nadia Bennad Conception maquette : Chérif Beldjoudi Graphiste - maquettiste : Laurence Leclert. Comité de rédaction : Raoul Alonso, évelyne Aymard, Roger Billé, Nadia Bennad, Nicole Bouexel, Jacques Le Dauphin, Annie Frison, Roland Nivet, Claude Ruelland, Jean-Paul Vienne, Pierre Villard. Photos et illustrations : Tous droits réservés. Onu Ont participé à ce numéro : Ben Cramer, Louis aminot, Arielle Denis, Jean-Paul Vienne, Christophe Barbey, Laurent Brunel, Claudine Pôlet, Arlette Azan-Zielinski, Hélène Robineau, Gestion des abonnements : Nassera Macrez, tél. 01 40 12 09 12. ISSN 1773-19241. Numéro de commission paritaire : 0709G85601. Imprimeur : Compédit Beauregard - 61600 La Ferté-Macé
Bon d’abonnement à Planète Paix page 16
i le lecteur de Planète Paix a eu l’occasion de rendre hommage à tous les manifestants anonymes de par le monde - du printemps arabe à Occupy Wall Street – qui ont marqué cette année charnière de 2011, il n’a pas oublié tous les autres, y compris « l’homme au tank » qui tenta le 5 juin 1989 de bloquer la progression d’une colonne de chars sur la place Tien An Men. Le pacifiste anonyme que l’histoire ne retiendra peut-être pas, faute de caméras, est sur tous les fronts. Souvent au risque de sa vie. Le « Time magazine » n’a pas démérité en désignant « le manifestant anonyme » comme personne de l’année 2011. Le lecteur avisé pourrait faire l’inventaire des événements pour lesquels les peuples ont trinqué en 2011. Avec l’expérience libyenne, certains intellectuels, convertis en conseillers du prince, tenteront de nous faire croire qu’on doit faire la guerre même sans l’aimer (sic). D’autres nous expliqueront que le raz-de-marée de la misère, le Fukushima de la finance sont quasiment des évènements qui nous dépassent, tout comme « la crise », que ces drames s’apparentent à des « catastrophes ‘naturelles », c’est-à-dire sans coupables. Et pourtant. Ici en France, attention au calendrier : le pacifiste devra se montrer vigilant lorsque des hommes de pouvoir, en mal de consensus, tenteront de rallier les électeurs à leur dessein funeste en brandissant de nouveaux ennemis imaginaires ; ou en lançant de nouvelles croisades guerrières, ailleurs, dans le but de détourner le peuple de ses priorités. En 2012, les indignés anonymes ne seront pas aux abonnés absents, même s’il y a peu de chances que nos élites convertissent leurs épées en socles de charrues.
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Courrier des lecteurs
Pétition global Zero Grâce à l'invitation de Planète Paix (pages 18 et 19 du numéro 567), je viens tout juste de signer la pétition de Global Zero qui appelle les décideurs politiques du monde entier à revoir leurs priorités et à faire passer les services sociaux et publics essentiels avant les armes nucléaires. Rejoignez-moi ! (…) En septembre prochain, en France, 16 000 postes de professeurs vont être supprimés alors même qu'un nombre record d'enfants va rejoindre l’école maternelle. Comment le gouvernement peut-il justifier ses dépenses dans les armes nucléaires, quand, dans le même temps, il réduit drastiquement les budgets voués à l'éducation et aux autres services sociaux indispensables ? Avec l'argent dépensé chaque année pour une seule arme nucléaire, nous pourrions financer 150 postes de professeurs. Comme moi, signez cette pétition pour demander aux dirigeants du monde entier de revoir leurs priorités et d'investir avant tout dans les services constructeurs d'avenir. Dites-leur ce qui compte pour vous ! http://cutnukes.globalzero.org P.F. A propos des « conflits oubliés » Monsieur le rédacteur en chef, les faits sont têtus et certains pacifistes retiendront que l'orientation pour "une culture de paix" a fait surgir dans l'info pacifiste 4
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Opinions, Suggestions, Observations ! Envoyez-nous vos messages pour qu’ils soient diffusés dans le journal et sur le site Internet du Mouvement www.mvtpaix.org. écrire à : Mouvement de la Paix 9 rue, Dulcie September, 93400 Saint-Ouen. Courriel : planete.paix@mvtpaix.org Les réflexions suivantes sont destinées au débat et n’engagent donc que leurs auteurs.
les distorsions biens connues depuis les années Mitterrand, du politiquement correct. Est-ce pour promouvoir cette culture de paix, que vous faites apparaître (page 21 de PP N° 565) trois fois la Chine au banc des accusés, des fauteurs de conflits oubliés, alors que ni la France ni les USA, ni l'Otan ne sont nommés. Faut-il en rire ? A la limite du ridicule, vous nommez deux fois la Chine pour le même conflit ! De toute évidence, ce pays de plus d'un milliard trois cent mille habitants est devenu "notre prochain ennemi héréditaire" ; il n'y a qu’à entendre les protestations que son soutien éventuel à la monnaie commune européenne soulève. Si la Chine peut déjà figurer deux fois dans votre liste, c'est peut-être que des ferments de guerre civile y existent. Mais alors pourquoi omettre la Colombie ou le Mexique, et les forces onusiennes en Côte d'Ivoire, et le gouvernement de Sarko sous couvert d'Otan en Libye ? Rien dans l'histoire du Tibet ne justifie la sécession de ce territoire si ce n'est que les soldats de la reine Victoria, au sommet de sa puissance coloniale, le conquirent au tournant du 20ème siècle après avoir mené victorieusement la guerre de l'opium contre les soldats de l'empereur chinois. Et que les États-Unis, forts du largage des bombes atomiques sur le Japon prirent le relai du soutien à une théocratie des plus sanguinaires et obtinrent de l'Inde -contre secrets atomiques- cette deuxième « Cité du Vatican », où s'exercent les forces militantes et militaires de sa "grandeur le dallai Lama". Nier l'histoire de cette portion du territoire chinois, ne rien vouloir connaitre des réalité du bouddhisme tibétain et de la théocratie dalailamesque, nous condamne à un suivisme assez triste des campagnes de l'idéo-
logie dominante qui part de loin pour désigner le futur ennemi de la démocratie, La Chine ; tant il semble clair à certains rédacteurs, journalistes... de Planète Paix, que notre société française est un modèle démocratique à exporter. P.LM. Militante depuis les années 70 Réponse de la rédaction Nous privilégions vos critiques sur le Tibet, non pas parce que celles-ci sont partagées par d'autres militants. Ce n'est pas un critère en soi. Même si vous étiez une voix minoritaire, nous l'aurions fait, d'autant plus parce que vous avez développé une argumentaire et à deux reprises. Hélas, mille fois hélas, nous pacifistes ne parvenons pas toujours à être tous d'accord sur les mêmes fronts ; à rependre les mêmes mots d'ordre, à vibrer exactement de la même façon et avec le même souffle ou les mêmes larmes pour les mêmes causes. C'est peut-être aussi la force, la subtilité et la diversité d'un "mouvement".
caine, l’une des îles qui en a fait une grande base américaine. Les Chagossiens sont de nationalité britannique, aussi est-ce auprès du Royaume-Uni qu’ils sont intervenus pour exiger leur retour dans le pays. Une demande refusée à ce jour. En conséquence, ils ont introduit une requête auprès de la
Cour Européenne des Droits de l’homme. J’ai reçu à mon domicile Olivier Brancoult, le président du ‘Groupe Réfugiés Chagos’ (né là-bas) qui était de passage en France en octobre dernier. Il incarne pleinement la cause des Chagossiens (...) Il a programmé la venue d’une délégation à Strasbourg, siège de la Cour européenne. Il n’y a pas de date encore. R.S.
L’océan indien et présence US Merci de bien vouloir m’envoyer le texte de Mohamed Hassan sur la nouvelle stratégie américaine suite à l’article titré « Pleins feux sur l’Océan indien », (page 29 de PP 566). Par l’intermédiaire d’un professeur d’origine alsacienne qui réside à La Réunion, le Mouvement de la Paix du BasRhin a été informé du drame du peuple chagossien. Dans les années 60, il fut déporté en totalité vers l’Ile Maurice par les autorités britanniques qui y exercent leur souveraineté. Leur déportation est due à la mise à disposition de l’île de Diego Garcia à l’armée améri-
Rectificatif Lost in Translation Retour sur Occupy Wall Street. Dans les pages consacrées au mouvement Occupy Wall Street (PP 567), une malencrontreuse erreur de traduction nous a fait écrire que les syndicalistes avaient initié le mouvement en général. Judith Pasternak voulait juste évoquer une action particulière au mois de novembre. Que le lecteur de PP, s’il n’a pas rectifié de lui-même, ne nous en tienne pas rigueur. P.S. les photos ont été prises par Ellen Davidson.
REPÈRES ... Guignols du désarmement Femmes au ‘‘foyer’’
Noël en famille La Corée du Sud a illuminé un « sapin de Noël » à 3km de la frontière avec son voisin du Nord, dans la zone démilitarisée. La deuxième fois depuis 2003 que cette opération est menée avec guirlandes et fanfares. L’origine du projet est lié à un groupe de chrétiens qui ont décidé de distribuer des milliers de ballons et de bibles de l’autre côté. L’un des initiateurs est le pasteur américain Eric Foley, le co-fondateur de Seoul USA, Il explique que l'idée lui est venue d'histoires qui se seraient passées lors de la Première Guerre mondiale, quand des soldats anglais, français et allemands ont chanté des chants de Noël. Mais le sapin n’a pas grand’ chose à voir avec le « roi des forêts » : c’est en réalité une tour de métal de 29 mètres de haut. Les autorités nord-coréennes n’apprécient pas ce type de décoration même si elle intervient en décembre et considèrent qu’il s’agit d’une tentative de guerre psychologique. Elles ont menacé la Corée du Sud de « conséquences imprévisibles si Seoul ne renonce pas à son projet.
« Si j’en crois mon épouse, les femmes ne peuvent pas seulement faire tout ce que font les mecs, mais peuvent faire les deux à la fois alors que les mecs n’y parviennent pas. Donc j’espère que ceci (adapter les sous-marins nucléaires aux femmes) va contribuer aux gains de productivité dont a besoin la Royal Navy ». Philip Hammond, ministre britannique de la Défense, décembre 2011.
Paroles, paroles et paroles… « Laissez-moi vous dire que la Grande-Bretagne est prête à utiliser son expertise en vue d'aider à déterminer les moyens nécessaires pour éliminer de façon vérifiable les ogives nucléaires. Et je m'engage à ce que dans le processus de préparation de la conférence d'examen du TNP de 2010, nous soyons en première ligne de la campagne internationale visant à accélérer le désarmement parmi les États détenteurs de l'arme nucléaire, à prévenir la prolifération de la part de nouveaux États, et à atteindre en définitive un monde débarrassé d'armes nucléaires » Gordon Brown, Premier ministre britannique, janvier 2008 lors d'un voyage à New-Delhi. • www.number10.gov.uk/output/Page14323.asp :
IMAGE DU MOIS
Admission de la Palestine à l'Unesco : un triomphe pour la paix
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campagne Avenir de l'Europe
Paris plus otaniste que l'Otan Le général Bernard Norlain est membre de Global Zero. Il considère que la France doit se défaire, dans un contexte multilatéral, de son armement nucléaire qui n’est plus approprié (cf. PP 567).
balistique, une défense que la France n’a pas refusée même si Paris insiste pour ajouter que cette défense doit être un complément de la bombe et non pas un substitut.
Question : Pour ne pas faire cavalier seul en Europe de l’Ouest, seul à détenir un arsenal nucléaire sur le sol européen, la France va-t-elle tenter de bloquer les discussions sur la présence des B-61 en Europe ?
Le général Bernard Norlain
uestion : La France peut-elle troquer, marchander sa bombe pour faire avancer l’idée de défense européenne ? Général B. Norlain ; Oh ...écoutez, (sourire), je ne sais pas si marchander est le terme exact, disons que sa force nucléaire peut servir d’argument. Il y a en fait trois options, trois scenario. Dans la première, la France prône la dissuasion élargie, un concept qu’Alain Juppé avait avancé à l’époque (alors Premier ministre, 1995/1997). Mais tout en sachant que cette option, cette idée est récusée par l’Allemagne, une Allemagne qui ne veut pas en entendre parler ... Il y a une deuxième option. Ce serait de prôner une zone sécurisée, une zone libérée de nucléaire, en fait une zone dénucléarisée 6
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européenne (pour 14 pays de l’Otan, l’Europe doit jouer un rôle dans l’élimination des armes nucléaires et le retrait des ANT peut être un signal fort dans les négociations mondiales du désarmement, ndlr). Mais j’ajoute que dans ce cas, il faudrait aussi que la Russie soit impliquée d’une manière ou d’une autre dans le processus. La troisième option consiste pour la France à maintenir sa dissuasion en souhaitant que l’Europe reste nucléarisée via les armes nucléaires sous drapeau Otan en Europe. C’est le statu quo qui correspond à la politique actuelle de la France. Mais une chose est sûre : le nucléaire, et je parle ici du nucléaire militaire, va devenir au fil des années un enjeu de sécurité déterminant en Europe. D’ailleurs, ne nous y trompons pas : la question nucléaire est directement liée à la défense anti-missile
Général Norlain : La France l’a déjà fait, lors du dernier sommet de Lisbonne. Pour imaginer l’avenir de ces armes, il va falloir remettre ceci en perspective : n’oublions pas que des décisions stratégiques dépendent aussi du calendrier électoral. Il va y avoir des élections présidentielles aux États-Unis en 2012 et si l’on en croit les politologues, le président Barak Obama n’a pas l’intention de mettre sur la table la question de l’avenir des armes nucléaires américaines en Europe avant ces échéances. Donc, il y a fort à parier que le prochain sommet, celui de Chicago de mai (2012), écarte ce sujet épineux du menu. A Chicago, on va donc se concentrer sur un autre marchandage, les structures de commandement de l’Otan. Il s’agit là d’une réforme qui s’accompagnera d’une réduction des états-majors et ceci préoccupe une majorité d’États membres. D’ailleurs, je crois qu’il y a un consensus sur le fait que ces B-61 que vous mentionnez sont inutiles sur le plan opérationnel. Certes, on laisse entendre que certains pays hôtes comme la Pologne, la Hongrie, la Lituanie (La Lituanie exige le démantèlement des ANT regroupées en Russie avant le simple retrait
Manifestation aux États Unis contre les armes nucléaires
des ANT de l’Otan vers les États-Unis. Le pays est isolé sur cette exigence, mais 17 États sur 28 pensent possible un geste des Russes en échange du retrait, ndlr) sont hésitants. Il s’agirait de la Turquie qui serait en faveur du maintien de ces armes sur son territoire, (la base d’Incirlik) mais ceci reste à prouver. Enfin, même si l’on admet que le sujet ne sera pas abordé en 2012 à Chicago, il le sera d’une façon ou d’une autre très prochainement. Et pour cause : la dimension financière entre aussi en ligne de compte dans le débat. En effet, si l’on se résout à maintenir ces armes sur le sol européen, (dans les bases en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Italie et en Turquie), la question de la modernisation va s’imposer. Il ne s’agit pas seulement de moderniser les bombes, mais aussi les vecteurs. Si j’en crois certains rapports, la facture s’élèverait à plus de 2 milliards de dollars et rien ne dit que les pays hôtes vont s’enthousiasmer à l’idée de mettre la main à la poche en période de vaches maigres.
Q. Qu’en est-il du côté de Moscou ? Les Russes n’auraient-ils pas intérêt à négocier avec les Français un retrait de leurs armes Nucléaires tactiques ? Général Norlain : Je ne vois pas la France négocier de façon bilatérale. Les Russes ne discuteront pas directement avec Paris. Les Russes veulent discuter entre Grands, et vont privilégier l’axe Washington-Moscou. Par contre, la France, comme elle est bloquée sur son dogme nucléaire, risque de se retrouver isolée, face à d’autres interlocuteurs. Par ailleurs il ya un risque de prolifération du côté des pays émergents, (..) et il y a aussi la Grande-Bretagne qui est sur le point de réduire sa force nucléaire, quitte à atteindre le seuil du nucléaire symbolique…
peu spéciale avec des solutions plutôt radicales… Le PCF, je ne sais pas très bien. (...) Quant au PS, il n’a fait qu’entrebaîller la porte mais ne semble pas très ouvert à aborder ces questions .... Entretien réalisé par avec Ben Cramer
Sur un budget militaire de plus de 30 milliards d'euros, la France peut compter sur 16,5 milliards d'euros de crédit d'équipements. C'est 500 millions d'euros de plus que l'an passé.
Q. Alors, puisque les présidentielles approchent, quels sont les partis qui selon vous sont disposés à épouser les thèses que vous défendez ? Général Norlain : Il y a surtout les VertsÉcologie (EELV) qui semblent avoir compris les enjeux, même s’ils en font une lecture un
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Campagne Armes nucléaires
La Croix Rouge et le recours à l'atome La récente Résolution adoptée par la Croix Rouge Internationale change la donne. Il n’est plus question d’occulter la dimension humanitaire de l'usage des armes nucléaires.
‘‘
Visité Hiroshima le trente, conditions épouvantables -stop- rasée 80%, tous hôpitaux détruits ou sérieusement endommagés, inspecte deux hôpitaux provisoires, conditions indescriptibles- fullstop -effets de bombe mystérieusement graves -stop- beaucoup de victimes paraissant se remettre, soudainement rechute fatale due à décomposition globules blancs et autres blessures internes et meurent actuellement en grands nombres... » Ce témoignage rapporté par le Dr Junod de la Croix Rouge juste après le bombardement d'Hiroshima aurait dû mettre fin, immédiatement, à l'expérimentation de la bombe atomique. Au contraire, sa puissance destructrice s'est transformée en atout majeur : un bouclier magique inexpugnable capable de transformer n'importe quel pays en puissance crainte et respectée.
L’hiver nucléaire Jusque dans les années 80, la croyance en l'infaillibilité des sciences et des techniques combinées au silence organisé sur les accidents évités de justesse et les conséquences des essais nucléaires -testés loin des capitales- ont occulté les voix de la vérité et de la raison. Au début des années 80, les recherches sur l'hiver nucléaire ont constitué un véritable choc. Interrogé sur son état d'esprit lors du Sommet de Reykjavík d’oct.1986, Mikhail Gorbatchev explique alors : « Je connaissais le rapport sur l'hiver nucléaire… Cette connaissance a été un puissant aiguillon pour nous et pour toute personne d'honneur et de moralité, afin que nous prenions nos responsabilités. ». 8
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d’armes nucléaires et réaffirme la nécessité pour tous les États de respecter en tout temps le droit international applicable, y compris le droit international humanitaire 3. C’est une première. « Sans aucun doute l'argumentation morale, économique et militaire doit être complétée par l'affirmation qu'une autre sécurité est possible » écrit Pierre Villard dans son livre 4. L'argumentation humanitaire ramène à l'humain et à l'urgence. La Croix rouge en mission Croix Rouge lance une campagne mondiale pour rappeLa « famine nucléaire » : ler que dans une guerre nucléaire personne Il est sidérant que si peu d'études soient ne gagne et chaque jour qui passe nous rapmenées sur les conséquences de l'usage des proche du moment terrible où « les vivants armes nucléaires ! Des recherches en cours 2, envieront les morts ». financées à grand peine, ont modélisé une guerre nucléaire régionale entre l'Inde et Arielle Denis le Pakistan impliquant 2 X 50 bombes type Responsable de la Campagne Ican Hiroshima, soit 0,4% des armes disponibles. Europe, Proche-Orient et Afrique La période glaciaire d'une dizaine d'années qui suivrait les gigantesques incendies, condam- 1 CD/11/R1 26 novembre 2011 nerait, outre les 200 millions de victimes im- 2 cf. Les Médecins pour la prévention de la guerre nucléaire médiates, le milliard de personnes qui souf- 3 cf. Art V des Conclusions du Document final de 2010 frent de la faim à une mort certaine. Sachant 4 cf. "Pour en finir avec l'arme nucléaire", Éd. La Dispute, p. 178 que les réserves en nourriture, même dans les pays développés, n'excèdent pas deux mois, qu'adviendra-t-il de cette humanité-là ? EN SAVOIR PLUS Ce n'est qu'en mai 2010, grâce au tra• www.icanfrance.org vail des ONG, qu’un document final du TNP • Le Froid et les ténèbres de Paul Ehrlich, Carl établit le lien avec la question humanitaire : Sagan, Donald Kennedy, Walter Orr Roberts, la Conférence se dit vivement préoccupée par les conséquences catastrophiques sur chez Belfond, traduit de « The Cold and the dark » par WW Norton & Company, New York, 1984 le plan humanitaire qu’aurait l’emploi
Actualité base aérienne d’Istres
Nucléaire top secret Incidents et accidents ne sont pas seulement le lot des installations civiles ou des centrales nucléaires, elles se produisent aussi et plus discrètement dans des enceintes militaires.
Transport d'ogives nuclaires US
L
e 9 juin 2010, sur la base aérienne d'Istres, dans les Bouches-du-Rhône*, un camion de transport nucléaire a eu un accident. Grave. Le conducteur du véhicule, un engin plutôt spécial d’une valeur de 50 millions euros, roulait à vive allure. Explication : il aurait tenté d’éviter un autre militaire qui faisait son footing. Le problème, c’est que ce caporal-chef de 28 ans qui était aux commandes n’était pas habilité à piloter l’engin, même si ses supérieurs l’ont couvert par la suite. Cette info
est sortie dans ‘La Marseillaise’ en décembre 2011 car un procès devrait avoir lieu ce mois-ci. La Grande Muette s’était bien gardée d’en parler au mois de juin 2010, mais elle a été contrainte de donner une existence officielle à cet « escadron de transport de matériels spécialisés », le 7 avril 2011. Soit dix mois plus tard. L’accident fut discrètement ajouté à la liste des unités militaires dont les missions exigent, pour des raisons de sécurité, le respect de l'anonymat des personnels. Bernard Dupraz, led élégué à la Sûreté nucléaire et à la radioprotection pour les activités et installations intéressant la défense, a reconnu dans ‘La Marseillaise » que l'affaire décelait « des choses inacceptables ». Avec 18 mois de silence, il est probable que l’inacceptable soit encore plus sérieux qu’on ne le pense. Si l’on en croit les autorités, le camion ne contenait pas d'ogive nucléaire. (*) cf. PP n° 567, article de Michel Dolot
‘‘ ça n’arrive qu’aux autres ’’
L
e 8 janvier 2004, l'équipage du Mirage 2000D N°621/3-JG de l'Escadron de chasse 2/3 Champagne est contraint à l'éjection lors d'un vol d'entraînement nocturne à basse altitude car l'avion est devenu incontrôlable. Le Mirage s'écrase dans une zone inhabitée de la commune de Mas-Saint-Chély. Le 27 février 2006, les deux Mirage 2000-5F N°53/2-FA et N°72/2-EE de la Base aérienne 102 Dijon-Longvic se heurtent en vol près de Nancy. Suite à la collison, Un des pilotes est contraint de s'éjecter et son appareil s'écrase au sol. L'autre pilote a pu regagner la base de Saint-Dizier. Le 29 mai 2006, le pilote du Mirage 20005F N°69/2-FE de la Base aérienne 102 Dijon-
Longvic est contraint de s'éjecter suite à un problème technique sur son avion. L’avion s’écrase sur un local technique de la SNCF. Le 12 février 2008, lors d'une mission d'entraînement, l'équipage du Mirage 2000N N°315/4-BF de l'Escadron de chasse 2/4 La Fayette, basé sur la Base aérienne 116 Luxeuil-Saint Sauveur, est contraint à l'éjection suite à l'arrêt de son réacteur. L’appareil s’abîme en mer au large de l'Estuaire de la Gironde Le 11 mai 2010, un Mirage 2000 de l'escadron de chasse 05/330 Côte d'Argent basé sur la Base aérienne 118 Mont-de-Marsan s écrase sur une zone inhabitée de la commune de Pouydesseaux (Landes). Le 1er mars 2011 vers 21 h 20, au cours
d'un vol d'entraînement, un Mirage 2000N de l'Escadron de chasse 2/4 La Fayette basé sur la base aérienne 116 en Haute-Saône disparaît des radars au-dessus de la Creuse.
Chez nos voisins Le 17 novembre 1999, durant un vol d'entraînement, un chasseur Tornado britannique s'écrase en Mer du Nord, à 800 mètres d'une centrale nucléaire écossaise. Le rapport officiel a rallongé la distance, voire à la doubler et pour cause : 1,6 km soit un mile correspond à la distance de sécurité minimale que les avions militaires doivent respecter vis-à-vis des installations nucléaires.
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Au jour le jour Les chausettes de l'armée suisse, c'est le pied Les bons marcheurs le savent bien : le problème des chaussettes, c’est l’apparition d’ampoules sur les pieds et les mauvaises odeurs. Eh bien, ceci appartient désormais au passé. Il existe désormais des chaussettes « révolutionnaires » qui respirent, ne sont pas mouillées, donc absorbent les mauvaises odeurs. Les chercheurs suisses qui les ont inventées ont testé leur découvertes sur une soixante de recrues de l’armée et ça marche : les militaires vont pouvoir garder au pied les mêmes chaussettes non stop pendant 2 semaines. L’armée israélienne s’en est déjà équipée. L’armée suisse a prévu d’équiper ses soldats dès 2013.
Marathon de Gaza à New York L'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a invité des athlètes du monde entier à participer au marathon de Gaza qui aura lieu le 1er mars 2012. Cette deuxième édition du marathon qui devrait réunir 2000 enfants va être l’occasion de collecter des fonds. La première édition du marathon en 2011 a permis de collecter plus d'un million de dollars et
l'UNRWA espère faire encore mieux à l'occasion du marathon de 2012. L'étroite bande de Gaza, qui est entourée par Israël, l'Egypte et la mer Méditerranée, est longue de 42 kilomètres, soit exactement la distance du marathon.
Les Sud-coréens se veulent écolos Le ministère sud-coréen de la Défense a envisagé dès 2008 de diminuer sa consommation de pétrole de 14 % en 2008, en révisant à la baisse le nombre d'exercices militaires engageant chars, navires et avions. Les manœuvres seront écourtées, remplacées par des simulations sur ordinateurs.
Femmes et sous-mariniers Les États-Unis lancent le processus qui pourrait, d’ici un an ou deux, conduire pour la première fois à l’affectation d’une femme sur un sousmarin nucléaire. La Royal Navy de sa Gracieuse Majesté pourrait, elle aussi, déclencher cette révolution dans les équipages de ses sous-marins nucléaires. Et en France ? A l’état-major de la marine, on indique ne pas avoir de raison particulière d’autoriser l’affectation de femmes sur un sous-marin, car la situation actuelle - en terme
de recrutement en particulier - ne le justifie pas. Cependant, des femmes pourraient tout de même être affectées à terme, en raison de la forte féminisation (près de 80 %) du personnel de santé. En ce qui concerne le type des sous-marins sur lesquelles ces affectations pourraient avoir lieu, la situation est claire : les SNA actuels ne sont absolument pas adaptés et ils sont en fin de vie. Ils ne seront donc pas modifiés. Cependant la marine dit y réfléchir et précise que ces éventuelles modifications prennent du temps. Les futurs SNA du type Baracuda sont conçus pour pouvoir embarquer des femmes à leur bord.
CIA La CIA avait une prison secrète en Roumanie, révèle la Süddeutsche Zeitung. Le quotidien allemand, dont les journalistes se sont rendus sur place, a recueilli le témoignage de plusieurs agents secrets américains qui ont confirmé l’existence d’une prison clandestine en plein centre-ville de Bucarest. Semblable aux sites ouverts, après les attentats du 11 septembre 2001, par la CIA au Moyen-Orient et ailleurs en Europe afin d’y interroger les terroristes présumés, la "prison" de Bucarest était cachée dans la cour de la "Romanian NSA", une agence de renseignements
créée en 2002 pour préparer l’adhésion de la Roumanie à l’Otan. C’est cette perspective qui avait poussé les autorités roumaines à collaborer avec la CIA, explique la Süddeutsche. Même si ces autorités ont toujours nié l’existence de ce centre.
Moyen-Orient Pour accroître les chances de voir un jour prochain des protagonistes autour d’une table pour débattre du retrait d’armes de destruction de masse au Moyen-Orient, l’une des zones les plus explosives du monde, un pays a été choisi : la Finlande. Un Finlandais du nom de Jaakko Laajava a été désigné comme facilitateur. « Les Parlementaires pour la Non-prolifération Nucléaire et le Désarmement (PNND), réunis au sein du réseau ont un rôle essentiel à jouer dans le soutien de l'établissement d'une Zone » a déclaré l’une de ses représentantes, la Baronne Sue Miller. Ils font d’ailleurs circuler une « déclaration parlementaire pour une Zone du Moyen-Orient exempte d’armes nucléaires et d’armes de destruction massive depuis leur dernière AG qui s’est tenue à Berne. Pour soutenir cette conférence, des réseaux sont mobilisés y compris Peace Boat et sa campagne Horizon 2012.
à vos agendas • 23 et 24 janvier 2012 à Hébron. Assises de la coopération décentralisée franco-palestinienne. Cités Unies France et le Réseau de Coopération Décentralisée pour la Palestine (RCDP), en partenariat avec l’Association des Villes Palestiniennes (APLA), et avec le soutien du ministère des Affaires étrangères.
• 17 avril 2012 : journée internationale de mobilisation contre les dépenses militaires. Site : www.ipb.org - Facebook : www.facebook.com/ipb1910 Twitter: http://twitter.com/IntlPeaceBureau Global Day of Action on Military Spending : http://demilitarize.org
• 24 et 25 mars : journée nationale de mobilisation pour l'abolition des armes nucléaires et la réduction du budget militaire, à l'initiative de ICAN France.
• 30 avril - 11 mai : premier comité préparatoire de la conférence du TNP 2015, Vienne, Autriche. • 20 et 21 mai : sommet de l'Otan à Chicago, USA.
• 1er avril. Journée de mobilisation contre l’Otan. Avec vredesactie, en Belgique : www.actionpourlapaix.be 10
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• 26-27 mai : forum des comités Mouvement de la paix
DOSSIER
• Ted Taylor Un scientifique converti • L'île de Palmyra Du bunker au parc naturel • Bases militaires Reconvertir, disent-ils
Reconversion : ‘‘civils, si vous saviez…’’ Difficile d’aborder un tel sujet. Plus difficile encore que dans les années 80 où des projets de reconversions existaient de par le continent*. Nous envisageons la reconversion non pas seulement comme un simple processus de gestion du personnel qui après un temps a besoin de retourner à la vie civile. Nous l’entendons autrement. Aux entreprises qui ont réussi à échapper à la militarisation, et qui ont switché leur productions. Nous pensons aux individus qui se sont reconvertis comme ce physicien nucléaire qui après avoir conçu et dessiné des dizaines et des dizaines de têtes nucléaires, a décidé de trouver un sens à sa vie en investissant ses neurones dans la recherche de l’énergie solaire à la Princeton University. * cf. le plan Lucas, en Angleterre, ébauche d’un nouveau syndicalisme et aussi les recherches de l’époque au Parlement européen, les programmes Konver et Périfra entre 1993 et 1995). N° 568 - Janvier 2012 - Planète PAIX
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DOSSIER
reconversion : ‘‘ c
Ted Taylor
Un scientifique converti termes de destruction, mais cette fois en miniature. Ted Taylor se spécialise dans la miniaturisation des têtes nucléaires. Si le monde a connu la bombe David Crockett qui ne pèse que 25 kilos, c'est à Taylor qu'en revient la paternité.
A force d’évoquer les possibilités réelles ou
Dès 1964, le Pentagone charge le scientifique de surveiller les effets des explosions nucléaires. A ce poste, Taylor va s’autoriser de regarder au-delà de son labo, et d’éplucher des documents. Il se rend compte que son pays dispose (« se drogue » dit-il) d'un arsenal de 35.000 ogives nucléaires et que celles-ci sont dispersées dans le monde entier, « sur les 7 océans et même dans les coins les plus reculés » Il réalise donc – enfin ! - qu'il a peut être mieux à faire de son savoir et de ses talents. Il commence à alerter le monde sur les risques de prolifération nucléaire. « J'ai compris que je côtoyais l'enfer, j'ai compris à quel point ce que j'avais fait était associé au mal, était vraiment le mal (evil)» déclare-t-il dans un entretien. Nous sommes en 1966. Ted est en pleine conversion.
supposées de reconversions, on en oublierait presque que des scientifiques ont eux aussi été ‘appelés’ à revoir leur fonctionnement, réviser les finalités de leur existence, bref à se reconvertir. Ted Taylor, un exemple parmi d’autres.
EN SAVOIR PLUS • Le projet Orion : http://en.wikipedia. org/wiki/Project_Orion_%28nuclear_ propulsion%29 • Le plutonium et la bombe : www.ccnr.org/Ted_Taylor.html 12
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I
l n'est pas vieux, Ted Taylor, lorsqu’il prend conscience des explosions atomiques d’Hiroshima et Nagasaki. Il est d’abord surpris par cette avancée de la science dans le domaine de la fission de l’atome et puis, c’est l'embarras, le malaise. Il écrit alors à sa mère quelques jours plus tard : « Ne t'inquiète pas Maman, jamais je ne travaillerais pas sur ces armes terribles ». A l’époque, - Ted a vingt ans – Ted s’essaie dans le militantisme, modestement. Il décide de faire circuler une pétition avec la volonté de réclamer une grève générale de tous les physiciens du monde. Ce tract a le malheur de parvenir aux yeux et oreilles d’Oppenheimer. En plein maccarthysme. Après l’avoir lu, Oppenheimer sermonne le jeune Ted : « Ecoute, reprend ce papier, brûle-le, fais comme si tu n'en as jamais eu connaissance, sinon ta vie est foutue, tu seras étiqueté de communiste jusqu'à la fin de tes jours et alors ... » Ted Taylor entame donc une nouvelle phase de son existence. Il décroche un job à Los Alamos, quitte à renier la promesse qu'il a faite à sa Maman… quatre ans auparavant. Là, il devient fasciné, « accroc » « addicted » à tout ce qui touche à la physique nucléaire. Le « mordu » aux armes à fission est capable de renouveler les exploits du projet Manhattan en
Nous sommes en 1966. Ted est invité à visiter l’URSS. Il s’y décide. Au risque d’indisposer la CIA, la NSA et les autres agences de renseignement. Au moment de parvenir à la Place Rouge, en plein Moscou, le professeur s’étouffe presque en sanglots. Son accompagnatrice, voyant son trouble, lui demande : « alors qu’y a-t-il professeur ? »A ce moment là, Taylor les larmes aux yeux lui explique «vous ne pouvez pas comprendre ce que çà me fait ...pendant des jours et des nuits, j’ai regardé des clichés de cette place que me fournissait les services de renseignements (…) et j’étais entraîné disons ‘formaté’ pour que l’explosion/ destruction des bombes que je concevait se limitent à cette circonférence.1 Il va devenir un militant au sein du réseau Abolition 2000, il viendra à Genève dans les années 90 pour suivre les débats sur le TNP. Il ne manquera aucune occasion pour dénoncer les puissances nucléaires qui font du recel avec leurs centrales et leurs réacteurs de recherche... Il trouvera un poste à Princeton pour s'occuper d'énergie solaire. Il est mort en 2004. Ben Cramer (1)
entretien diffusé dans l’émission Voices sur RFI.
i v i ls , s i vo us sav i e z … ’’ L'île de Palmyra
Du bunker au parc naturel Les territoires souillés (et pas trop contaminés) par des essais atomiques ont parfois eu la chance d’être reconvertis. C’est ce qui est arrivé à Amchitka dans les îles aléoutiennes, un site devenu un parc naturel grâce à la première grande opération menée par Green-
P
almyra (situé à 6°N, et 165W) est un atoll de 270 hectares, situé dans l’archipel d’Hawaï. Territoire sous administration de Washington, il est proche de l’Équateur. Il est racheté en l’an 2000 pour la somme de 30 millions de dollars par l’association nord-américaine ‘The Nature Conservancy’, une ONG créée en 1951 et qui regroupe plus d’un million d’adhérents. Mais Palmyra n’a pas toujours été un havre de paix et un paradis pour la faune et la flore. L'atoll devient zone militaire en 1939. Des dragages majeurs sont entrepris pour y créer deux pistes d'aviation, un port (tirant d’eau de 4 mètres), un plan d'amerrissage pour hydravions et une base militaire. Avec le Japon en ligne de mire, la US Navy s’y incruste, elle en fait une sorte de "porte-avions" pendant la Seconde Guerre mondiale et ce jusqu'en 1947. Plus de 3500 soldats y sont mobilisés. L'atoll, une fois débarrassé de la présence des soldats américains, va ensuite servir de poste d'observation "météo" militaire ; un poste qui s’avère utile pour le Pentagone lors des essais thermonucléaires angloaméricains sur les îles Christmas en 1962-63. Dans les années 90, les autorités à Washington lorgnent sur l’atoll pour y déposer, voire enfouir des déchets nucléaires encombrants, un site prospecté au même titre que d’autres atolls du côté des Iles Mariannes1.
peace en 1971. Palmyra qui a failli être nucléarisé, est un autre exemple.
EN SAVOIR PLUS • www.nature.org/ourinitiatives/ regions/northamerica/unitedstates/ hawaii/palmyraatoll/explore/palmyra-the-war-years-1.xml
Marines US à Palmyra en 1943
En se portant acquéreur du site, l’ONG estime alors que c’est la seule manière d’éviter à cette zone de devenir un dépotoir de déchets nucléaires. Cette acquisition est considérée comme une chance, peut-être la seule, afin de protéger un écosystème tropical particulier puisque Palmyra est, comme le dit un responsable de l’organisation « sans construction, sans habitant, vierge, dans les tropiques américains » - citation reprise par une dépêche AFP de l’époque . Aujourd’hui, Nature Conservancy n’occulte pas
Atoll de Palmyra
ce passé, ne serait-ce que pour illustrer le chemin parcouru. Certaines pages du site internet de l’association environnementaliste sont consacrées à Palmyra durant la Seconde Guerre mondiale, une époque qui a marqué l’atoll pour toujours. Sur le site de Nature Conservancy, on peut aussi lire que l’île de Palmlyra est l’une des aires sauvages marines les plus spectaculaires du monde. Que c’est un monument de la marine nationale et aussi un centre dédié à la recherche. En effet, c’est un centre d’observation privilégié pour étudier les écosystèmes. Une escale pour les oiseaux migrateurs entre l’Alaska et la Polynésie française. Un site idéal pour étudier l’état du corail, des écosystèmes et des perturbations climatiques dans le Pacifique pacifiquement. B.C. 1
Les Français ont eu le même raisonnement à propos de
Moruroa et Fangataufa
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DOSSIER
reconversion : ‘‘ c
Bases militaires
Reconvertir, disent-ils La lutte contre les dépenses militaires et la prolifération des systèmes d’armes passentelles par la mise en place, au niveau régional, comme au niveau national, de véritables plans de conversion à moyen et long terme ?
Albi. Implanté dans l'ancienne caserne Lapérouse, le centre universitaire
S
i la production d’armes atomiques pose problème en terme de conversion, il ne faut pas oublier que ce marché du désarmement existe et pas seulement virtuellement : on s’en est rendu compte dès la fin de la guerre froide avec les différentes coopérations avec Moscou pour le démontage des têtes nucléaires soviétiques ou russes1. Il en va de même en France pour toute la filière de déconstruction navale. La CGT explique à qui veut l’entendre que si la filière n’existe pas, alors il faut l’inventer. « la DCNS et la Marine nationale disposent des meilleures installations et du plus haut degré de qualification pour procéder au démantèlement et à la dépollution des bâtiments de surface » peut-on lire dans la Nouvelle Vie Ouvrière de mai 2011. La reconversion, en tant que "la transformation des activités industrielles touchant 14
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aux armement en des activités civiles", -pour reprendre la définition du syndicaliste français de l'armement Jo Djevelekian- est un terme qui semble passé de mode. On préfère aborder la problématique de la diversification des activités en invoquant la réorientation de certaines capacités vers l'économie civile. Quoi qu’il en soit, les conséquences sur l’emploi ne sont pas évacuées, que ce soit sur le plan quantitatif avec la compression des effectifs ou qualitatif avec la déqualification (même si une augmentation des dépenses militaires n’aurait pas d’effets positifs sur l’emploi). L’exemple de la sidérurgie a montré que les travailleurs peuvent être les perdants de restructuration économique. Il importe donc qu’ils aient leur mot à dire, et que si reconversion il y a, que celle-ci ne se fasse ni sans eux ni contre eux. Si le mot de ‘reconversion’ n’a plus la cote,
c’est aussi parce qu’elle n’a pas de vertu pacifiste particulière là où elle est pratiquée, à petite échelle (sans oublier que les frontières entre civil et militaire sont moins étanches, voire la société Eurocoptère par exemple). Ainsi, la reconversion d’installations militaires ne remet pas en question les moyens de défense, les finalités de la défense : elle tente de recycler des installations désuètes. Elle trouve de nouvelles missions à des équipements devenus inutiles. Les exemples de recyclage dans le civil ne manquent pas. En France, une communauté de communes des environs de Mulhouse entreprend d’accompagner la restauration d’un monument souvenir de la Première Guerre mondiale par une animation pédagogique pour éduquer à la citoyenneté ; une ville des environs de Lyon trouve une nouvelle vocation d’un ancien fort en lui assignant un rôle dans la promotion du développement durable et de la culture de la paix. Des anciennes casernes militaires ont été converties en bâtiments universitaires à Albi, etc. Avec la fermeture de bases militaires, les collectivités locales et les promoteurs immobiliers se voient contraints, quel que soit le degré de leur élan pacifiste, de trouver des moyens novateurs de nettoyer les sites (c’est déjà un problème) et d’en faire un autre usage, civil. Sans oublier de prendre en compte la survie économique des villes qui ont abrité ces bases, et dont les acteurs sont le principal employeur de la zone. Le même scénario s’applique à certains États du sud-est de l’Europe : l’Otan a d’ailleurs décidé d’offrir ses conseils et services pour aider à transformer certaines bases et conçu des programmes pour certains. Depuis lors, certaines bases sont transformées en écoles, universités, centres médicaux, parcs, zones de protection de la faune, et ...en prisons.
i v i ls , s i vo us sav i e z … ’’
Manifestation au Royaume-Uni pour la reconversion de l'industrie militaire, à droite, Dave Webb, président de la CND.
Le fameux 1% Dans un rapport mémorable aux Nations unies, la suédoise Inga Thorson avait réclamé des mesures préventives de reconversion afin que la question de l’emploi ne soit pas avancée comme argument contre le désarmement. Dans le même ordre d’idées, Inga Thorson avait proposé de verser dans un fond de reconversion 1% du montant total des dépenses pour l’armement. Une proposition qui n’a pas eu tellement d’échos et qui n’en a curieusement pas inspiré d’autres.
Back in the USA L'idée de reconversion est apparue au moment du boom économique des années 1950-1960. Sachant qu’elle était techniquement possible -puisque expérimentée avec succès pour l'industrie automobile après la première guerre mondiale -des économistes comme Seymour Melman (de la Columbia University) ont prôné le principe de l' « economic conversion », c’est-à-dire le passage d’une économie de guerre à une économie de paix. D’ailleurs, Melman était un pacifiste convaincu, et le FBI l’avait mis sur écoutes. Il a co-présidé le Committee for a Sane Nuclear Policy (SANE) et fut le fondateur de la Commission nationale pour la Conversion Économique et le Désarmement. Pour l'auteur du « capitalisme du Pentagone » (1970) et « La société démilitarisée » (1989), le militarisme dans le système capitaliste est
malsain pour la simple raison qu’il détourne des ressources colossales à des fins non productives, il représente d’une certaine façon une aberration économique, un facteur "anti-économique" par essence. Malgré les limites de cette analyse, cette conception a fait mouche en son temps. Ces idées en faveur de la reconversion du secteur militaire furent reprises par le candidat aux présidentielles George McGovern en 1971 ; elles ont aussi influé sur les prises de positions de certains syndicats, dont la puissante United automobile and Aerospace Workers. L'idée de "Peace Reconversion" fut développée principalement par Paula Geise, une militante du "New American Movement". Il ne s'agit plus alors de réorienter l' économie de guerre permanente vers une économie civile, de transférer les capacités de production militaire vers des objectifs civils, mais plutôt d'opérer un transfert de pouvoir des élites dirigeantes vers les travailleurs. Par la suite, de nombreuses institutions nationales et internationales ont repris à leur compte la notion de reconversion, à des degrés divers et sans grands dividendes de paix. Par exemple, juste après la guerre froide, le ministère français de la Défense augmenta ses efforts dans le sens d’une reconversion, sous l'angle du retour à la vie civile de professionnels de l'armement et de l'armée, à cause des réductions d’effectifs. L'UNIDIR, le seul insti-
tut pour le désarmement de l’Onu, d’ailleurs mis sur pied à l’initiative de Valérie Giscard d'Estaing, multiplia les études et les propositions, appuyant ici ou là, même de façon symbolique, de nombreux programmes de reconversion (Russie, Europe de l'Ouest). Où en est-on aujourd’hui ? Les efforts en vue d’une réorientation du complexe militaro-industriel vers le développement sont bloqués depuis 2001. La reconversion ne fait pas bon ménage avec le maintien des dépenses militaires, et le boom de ce commerce qui a pour stratégie marketing la poursuite indéfinie de conflits. B.C. (1)
cf. Planète Paix 561, "Le programme mégatonnes
pour mégawatts - 1993-2013" (2)
Jo Djevelekian, "Les travailleurs et la reconversion",
dans revue ‘Alternatives non violentes’ n°41, été 1981
EN SAVOIR PLUS • Inga Thorson : http://anniversary.sipri.org/ photographs/photos-chairmen/chairm.IngaThorsson.jpg/view • Seymour Melman : www.leconflit.com/article-the-permanent-war-economy-and-pdeseymour-melman-54132786.html N° 568 - Janvier 2012 - Planète PAIX
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RÉFÉRENCE
à vos blogs ! Jean-Marie Colin sur la Non-prolifération Nucléaire et le Désarmement http://alternatives-economiques.fr/blogs/collin/
Correspondant défense de Ouest-France http://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/
Francois Huygue http://www.huyghe.fr/actu_r2.htm et http://polemologie.wordpress.com/
3 B sur défense et environnement http://defenseetenvironnement.blogspot.com/
‘Secret défense’ de Jean-Dominique Merchet http://www.marianne2.fr/blogsecretdefense/
Infos et humeurs sur la défense de Jean-Marc Tanguy http://lemamouth.blogspot.com/
Jean Guisnel, journaliste au Point http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/jean-guisnel
Philippe Leymarie http://blog.mondediplo.net/-Defense-en-ligne-
Bruxelles 2, de Nicolas Grau sur l'Europe de la Défense http://bruxelles2.over-blog.com/
Fondation Chirac http://blog.fondationchirac.eu/category/prevention-des-conflits
Relations internationales http://culturedepaix.blogspot.com/
Paul Quilès http://paul.quiles.over-blog.com/article-le-desarmement-nucleaire-possible-38434017.html
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On peut agir sur les causes des guerres et des violences… … surtout si on les connaît
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Portrait Paul d’Estournelles de Constant
Le pacifiste de la Sarthe Après Andrée Michel, Ruth Leger Sicard, Mordechai Vanunu, Wangari Maathaï, Bertrand Russell, Dulcie September, Alfred Fried, PP poursuit sa série de portraits. Voici l'un des 9 lauréats français du Prix Nobel de la Paix.
EN SAVOIR PLUS • Verdiana Grossi: "le pacifisme européen 1889-1914’’ - Bruxelles - Emile Bruyslant, 1994 • Laurent Barcelot : ‘‘Paul d'Estournelles de Constant : l'expression d'une idée européenne’’ l'Harmattan, 1995 18
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D
e son vrai nom, Paul Balluet d’Estournelles de Constant, baron de Constant et de Rebecque, n’est pas tout à fait un inconnu : le lycée de La Flèche dans la Sarthe porte son nom, ce qui n’est pas donné à tous les pacifistes. L’agenda 2012 du Mouvement de la Paix lui consacre une petite rubrique dans la liste des Prix Nobel de la Paix (1909) français. Ce brillant acteur de l’ « Âge d’Or du pacifisme », est à ranger dans la transversale aristocratique du mouvement pacifiste, avec notamment Bertha von Suttner, le Prince Albert (Ier) de Monaco… Après des études de droit et à l’École des Langues Orientales, il entreprend une carrière diplomatique (1874-1895). Puis, il l’abandonne pour se consacrer à une carrière politique, jugée plus efficace dans le combat pour la paix. Élu d’abord député de la Sarthe, il s’en fait élire sénateur à partir de 1905. Il s’investit alors avec détermination pour la cause de la paix, et pour celle de l’anticolonialisme. C’est ainsi qu’il s’oppose au projet gouvernemental de faire de Madagascar une colonie française ; à tous les projets de démembrement de la Chine (1898). D’une façon générale, il condamne la politique coloniale de la France. En raison de la menace d’un conflit généralisé en Europe, c’est à la défense de la paix qu’il va bientôt consacrer toute son énergie. Il est l’un des instigateurs de la Conférence de la Paix de La Haye de 1899, à laquelle, il faut le dire, peu de gens croyaient au départ, puis de celle de 1907 (où il représente
chaque fois la France), puis d’une 3ème conférence qui ne put se tenir… pour cause de déclaration de guerre. La 1ère conférence, va déboucher sur la création, en 1900, d’une Cour permanente d’Arbitrage. D’Estournelles en sera immédiatement un membre éminent. L’ancien diplomate voit dans la procédure d’arbitrage pour régler les litiges entre les États - dont il se fait l’ardent propagandiste - le moyen absolu d’assurer une paix durable, à la condition, du moins, qu’elle soit obligatoire et contraignante. Mais, en dépit de tous ses efforts, il ne parvient pas à faire imposer le concept d’arbitrage contraignant, qui sera par exemple, refusé à la conférence de 1907 par 45 voix contre 35. L’arbitrage va donc demeurer à la discrétion des États, qui en firent un usage des plus limités. Les guerres des Balkans de 1911 et 1913 sonnèrent, de fait, le glas de l’arbitrage international. D’Estournelles pratiquait, de préférence, un pacifisme élitaire, fait de relations (très internationales) choisies, au sein desquelles il savait user de séduction. Il parvint ainsi à mettre quelques diplomates allemands de son côté et même le chancelier von Bülow, ce qui ne devait pourtant pas suffire à stopper la course à la guerre. Il entretint également les meilleures relations personnelles avec le président américain Théodore Roosevelt. De son petit château de Créans dans la Sarthe, il aimait faire un centre de rencontres, aux allures assez mondaines, où se retrouvaient « les bonnes volontés internationales » désireuses de réfléchir aux meilleurs moyens d’instaurer une paix durable. Il se rangea aux côtés des Dreyfusards et se rapprocha politiquement des socialistes en qui il voyait des alliés solides dans son combat pour la paix. Il fut, par ailleurs, un ardant partisan d’une Europe unie. La rumeur prétend qu’il pleura à l’annonce de la déclaration de guerre. Mais dès avant la fin de la guerre, il entreprit de « fonder la paix mondiale sur des bases indestructibles », ce à quoi il travailla jusqu’à son dernier jour. Jean-Paul Vienne
MONDIALISER LA PAIX Dépenses militaires
Des Gripen à l’épreuve du feu démocratique Berne a pris la décision d'acquérir 22 avions de combat Gripen pour un montant de 3,1 milliards de francs suisses, soit 2,5 milliards d’euros. Cette décision va-t-elle être contestée par le peuple suisse ? L’armée et le parlement sont-ils contre la démocratie directe ?
EN SAVOIR PLUS • www.gssa.ch/spip/spip.php?rubrique8
travail et des emplois, c’est bon à prendre. Il y a aussi une autre raison qui renvoie à l’emprise des militaires sur le pouvoir : le plus grand parti de Suisse est actuellement un parti de droite dur, pour ne pas dire d’extrême-droite et c’est lui qui tient les rênes l’armée. Dans un contexte néolibéral et nationaliste, la vision d’une armée forte lui paraît intéressante. De plus, à cette occasion, le parlement refuse de soumettre la Dessin paru dans la revue « Le Temps », décembre 2011 question au vote du peuple. Ontils triché ? La décision de report a Suisse dispose déjà de 33 FA-18, qui ne est-elle une manœuvre politique pour obtenir le sont pas de vieux coucous. Alors pourquoi retrait de l’initiative ? Quoi qu’il en soit, aux yeux acquérir de nouveaux avions de combat ? de ce parlement de droite, la politique de défense, La première décision date de 2008. Objecles questions militaires et leurs coûts ne concertif : évaluer les options entre le Rafale de chez Dasnent pas le peuple et il n’est pas question qu’il vote sault, le Gripen suédois et l’Eurofighter. La décision à ce propos, même s’il en fait la demande ! définitive était prévue avant la fin 2011. Entretemps, A l’occasion du débat sur le financement des la société civile et les partis de gauche se mobilisent. avions qui ont été retenus, le nouveau parlement Pour obtenir un vote sur la question, le Groupe pour issu des élections de cet automne, plus au centre, une Suisse sans Armée ou GSsA récolte en 2008pourrait-il revenir sur l’achat lui-même ? C’est peu 2009 les 100'000 signatures nécessaires. Il demande probable. Il pourrait par contre changer d’avis sur que soit soumis au peuple un moratoire de dix ans (de le refus de soumettre ce projet au vote. Et s’il ne le 2009 à 2019) sur tout achat d’avion de guerre. fait pas, le GSsA récoltera à nouveau un nombre de Le gouvernement ou Conseil Fédéral annonce signatures suffisant pour un référendum2. D’une façon ou d’une autre, la démocratie finira par avoir alors qu’il reporte l’achat à 2015. Cette décision le dernier mot. coupe l’herbe sous les pieds du GSsA. En effet, Un référendum permettra de toute façon de en raison des délais entre la procédure d’évaluadénoncer les liens anti-démocratiques entre l’artion des avions (à refaire en 2015) et la livraison mée et les partis politiques de droite. Ce sera alors des appareils, l’échéance de 2019 serait quasi dél’occasion de poser la question-clef : ces avions passée et le moratoire aurait alors été vidé de son sont-ils nécessaires et aptes à garantir le droit à la sens. Le GSsA retire donc son initiative. sécurité de tout un chacun/e ? En juin 2011, le parlement à Berne contredit le gouvernement et prend tout de même la décision Christophe Barbey de renouveler sa flotte d’avions de combat. Les cirirénologue et poète, constances semblent favorables : la crise de la dette secrétaire politique du GSsA n’a pas encore frappé la Suisse et le franc suisse est fort. En outre, le choix s’accompagne de compen1 Réparti sur 5 ans, cet achat représente chaque année 10% sations financières car les entreprises suisses pourdu budget annuel de la défense du pays. ront décrocher des contrats de valeur équivalente 2 19 referendums dont 2 pour la suppression de l'armée auprès du fournisseur. A l'automne 2011, une majorité des parlementaires s’accorde à dire que du
L
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MONDIALISER LA PAIX Petersberg
Ils parlent de paix mais ils font la guerre Le 5 décembre 2011, la Conférence de Petersberg a réuni plus de 1000 délégués venus de 90 pays, dont 65 ministres des Affaires étrangères. Correspondance de Bonn.
Afin d'offrir des conditions de vie raisonnables, voire confortables pour plus de 100.000 soldats en Afghanistan et en Irak, le Pentagone a dépensé plus de 20 milliards de dollars par an pour la climatisation.
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N° 568 - Janvier 2012 - Planète PAIX
Manifestation à Bonn pour le retrait des troupes
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es personnalités ont planché sur l’avenir d’un Afghanistan, un avenir qui mérite d’être planifié mais que les forces d’occupation voudraient planifier à leur avantage. Mais de quel avenir s’agit-il ? Officiellement, ce pays meurtri est censé, d’ici 2014, être débarrassé de toutes troupes étrangères, y compris les forces de la coalition. Mais le sera-t-il ? Aux dernières nouvelles, Washington négocie un accord américano-afghan de partenariat stratégique. Cet accord permettrait à certaines troupes américaines de rester ‘en poste’, moyennant quelques aménagements, y compris par exemple une cogestion des bases militaires jusqu’à l’horizon 2024. Mais les États voisins de l'Afghanistan sont opposés à cette présence militaire à long terme dans la région. Quoi qu’il en soit, cette rencontre très officielle avait un sens aux yeux des organisateurs. Souvenons-nous : il y a dix ans, à la même époque, la ville de Bonn accueillait, au même Château de Petersberg, la première Conférence consacrée à l’Afghanistan, suite à l’Operation Enduring Freedom engagée conjointement par les États-Unis et la Grande-Bretagne le 7 octobre 2001. C’était au lendemain du 11 septembre. En pleine frénésie anti-terroriste. On ne parlait pas encore de l’AFPAK. Mais avant d’être élu président de la République (9 octobre 2004), Hamid Karzaï fut intronisé président de l’Autorité intérimaire Afghane. Grâce justement à Pertersberg première version.
Les opposants A l’occasion de cet anniversaire, les opposants à la guerre en Afghanistan ont tenu eux aussi à faire
entendre leur voix. Et pour cause : ces voix sont plus audibles que dix ans auparavant ; à l’époque où l’invasion se confondait avec la traque de Oussama Ben Laden. La situation s’est nettement aggravée et les aides pour « développer » ressemblent à des promesses non tenues. Car les États présents sur le terrain sont plus enclins à dépenser pour faire la guerre que pour préparer la paix. Parmi les 5.000 personnes qui ont manifesté dans les rues de Bonn pour le retrait des troupes, à l’avant-veille de l’ouverture de la Conférence, on a pu repérer le responsable du Comité de coordination internationale Non à l’Otan. Reiner Braun, ainsi que Pierre Villard, du Mouvement de la Paix, et Claire Chastaing, du Parti communiste qui représentaient le collectif français. Pierre Villard a insisté sur la solidarité avec la société civile afghane qui s’impose aux pacifistes. Il a déclaré « Les pays qui portent la responsabilité de la destruction de l’Afghanistan ont la responsabilité de participer à la reconstruction du pays, dans le respect de sa souveraineté ». Ces appels et cette mobilisation ont fait écho à une autre manifestation. Elle eut lieu début octobre lors d’une Conférence alternative des ONG durant laquelle des centaines de participants ont battu le pavé ; parmi eux, la lauréate du prix Nobel de la Paix Mairead Maguire d'Irlande et Malalai Joya, parlementaire honoraire afghane.
Les leçons d’un échec Force est de constater que les conclusions de 10 ans d’opérations militaires, de bombardements, de destructions ciblées et mal ciblées n’ont pas été tirées. Pourtant, il ne fait aucun doute que la paix ne peut se construire et s’entretenir ou se consolider sous occupation étrangère. Les convergences entre les acteurs de paix afghans et français, notamment, auront à se renforcer pour que l’intégralité des aides promises pour la reconstruction de l’Afghanistan soit réellement versée, pour que le processus de retrait des troupes françaises s’accélère et pour œuvrer à un processus démocratique sous l’égide de l’ONU, qui détient seule la légitimité internationale. Ce n’est qu’à ces conditions que l’action face aux fondamentalistes sera efficace. Laurent Brunel
MONDIALISER LA PAIX Afghanistan
Un retrait qui traîne les pieds Les pacifistes belges sont inquiets. Le gouvernement à Bruxelles déclare haut et fort que les forces armées belges quitteront l’Afghanistan en 2014. Mais, en décembre, des représentants du même gouvernement ont pris part, avec Karzaï en vedette - à cette conférence à Bonn, dénommée Petersberg II.
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a « Conférence de Bonn » a dessiné un plan pour rester en Afghanistan. Pour y rester longtemps ; au moins dix ans de plus. Ce plan devrait être approuvé lors du prochain Sommet de l’Otan à Chicago en mars 2012. (cf. aussi enjeux de Chicago dans itv de Norlain page 6 et 7). Les 140.000 militaires sous commandement Otan et états-unien se retireront progressivement, mais ce ne sera pas sans laisser des troupes et du matériel sur place : on ne connaît pas le nombre de bases en train de se construire et/ou de se renforcer, elles font l’objet d’accords secrets avec le gouvernement Karzaï. L’encadrement par l’Otan de la pléthorique armée afghane -on cite le chiffre de 400.000 hommes - restera massif. Les milices privées de sécurité, surtout made in the USA, se comptent par dizaines de milliers. La dite « communauté internationale » (sic) continuera en tout cas à financer et à alimenter les capacités militaires afghanes pendant au moins dix ans après 2014. Ces efforts ne relèvent pas de philanthropie, ils sont rentables. Il est prévu que la « communauté internationale », rentre dans ses frais : elle va se « rembourser» (au moins) grâce aux diktats économiques qui seront imposés à la population afghane. Ainsi, alors même que le sommet vante (à défaut de garantir) le droit de l’Afghanistan à sa souveraineté et à son indépendance, la communauté internationale a décidé que l’économie de marché sera la règle, que le secteur privé sera roi. La conférence Petersberg II l’a confirmé. Les multinationales se verront dérouler un tapis rouge pour exploiter un secteur minier
Manifestation à Bonn pour le retrait des troupes
très prometteur et contrôler le transport du gaz et les voies de passage commerciale. Le secteur agricole, qui est censé œuvrer pour la satisfaction des besoins alimentaires de la population afghane, est prié ou sommé plutôt de s’orienter vers l’exportation.
Le prétexte du « terrorisme » Considérer comme l’ont fait certains représentants de l’État-Major de l’Otan à la conférence, que ces dix années d’occupation peuvent être qualifiées de « grand succès » parce qu’« un quart de la population peut se sentir en sécurité » n’est pas forcément très convaincant. La Conférence de Bonn éprouve le besoin de rappeler que « la menace principale pour la sécurité et la stabilité de l’Afghanistan reste le terrorisme et l’extrêmisme, et que celui-ci met en danger la paix tant régionale que globale ». Et ce discours permet surtout à l’Otan de s’arro-
ger le droit de se maintenir avec armes et bagages sur le sol afghan après 2014 ; et d’intervenir à la périphérie. D’ailleurs, le Pakistan, l’une des premières cibles des attaques « antiterroristes », a refusé de se joindre à la conférence de Bonn. La veille, « un raid meurtrier de l’Otan » pour reprendre la formule de l’ambassadeur du Pakistan à Bruxelles, a tué, non pas de redoutables Talibans, mais 23 militaires de l’armée pakistanaise et sur le sol pakistanais. Ces « incidents » semblent illustrer jusqu’à quel point la conférence inaugure plutôt un faux départ. La stratégie de sortie est un leurre. L’ISAF ne va pas se « dissoudre », mais changer d’étiquette comme cela s’est fait en Yougoslavie. L’Otan ne va pas se retirer, mais instaurer un nouveau partenariat avec le gouvernement de Karzaï ou le gouvernement ayant à sa tête une personnalité présentant des mains plus propres, plus fréquentables. Claudine Pôlet, Comité de surveillance Otan, Bruxelles
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CULTURE Exposition
L’art pacifique exposé au Fiap Quatre-vingt sept peintres ont répondu à l’invitation de la Galerie l’Art et la Paix en exposant du 25 novembre au 15 décembre, 120 œuvres au FIAP* dans le 14ème arrdt de Paris.
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e 13 décembre, dernier jour de l'exposition, 130 personnes se sont réunies autour de l’équipe du FIAP et celle des militants du Mouvement de la Paix qui ont conçu et réalisé cette exposition. A cette occasion, le nouveau gérant de la Galerie, Francis Azan a remercié tous les participants et les artistes en particulier. Il a évoqué l’importance de l’Art dans le développement de la Culture de Paix et l’épanouissement des humains, les liens privilégiés entre pacifistes et artistes. Il a rappelé au passage que « les artistes ont de tout temps pris position plutôt pour la résolution pacifique des conflits, le dialogue, le respect des peuples et la liberté… ». Il a souligné que ce sont « eux les premiers, avec les intellectuels, à en faire les frais lorsque les dictateurs ont des velléités de bafouer les libertés, tant ces dictateurs savent que la culture est un vecteur essentiel pour l’épanouissement de l’individu, son accès à la connaissance et son envie de résistance face aux injustices sociales… » Ce moment politique et convivial a été prolongé d’un concert de musique classique. Un moment particulier durant lequel de jeunes musiciens professionnels ont offert au public
Mozart et Tchaïkovski, sous la conduite d’un jeune chef d’orchestre, membre du Mouvement de la Paix. Auparavant, trois soirées avaient rythmé cette exposition avec les comédiens de Bou Saana, le chanteur cubain Marcella Colama, et John Meldrom et sa chorale. Un bel accompagnement culturel du 2ème Forum pour la Paix. Un sacré coup de pro-
© ABRON N° 568 - Janvier 2012 - Planète PAIX
Pour l'achat d'une œuvre, contacter M. Francis Azan : francis.azan@mvtpaix.org La plupart de ces œuvres sont reproduites dans l'agenda 2012 du Mouvement de la Paix. * Fédération internationale de l'Art photographique
A droite, Elise Oudot, responsable de la culture au FIAP A gauche Francis Azan, gérant de la Galerie l'Art et la Paix
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jecteur pour la Culture de Paix et la Galerie l’Art et la Paix. Arlette Azan-Zielinski
Œuvres exposées au FIAP
CULTURE Film
‘‘ Les neiges du Kilimandjaro ’’ On en parle beaucoup des neiges éternelles sur le continent africain, une blancheur qui est entrain de fondre. On évoque aussi l'ouvrage d'Hemingway. Ici, il s'agit du film d'un militant. Impressions.
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ertes jadis, il était de bon ton de dire « j’ai vu le dernier Godard ou le dernier Rhomer » comme on parle d’une bonne cuvée annuelle. Maintenant, je peux dire sans forfanterie, j’ai vu le dernier « Guediguian » ! Je m’y retrouve, moi, l'ancienne combattante. Désorientée, doutant de tout et de tous. Bref, un peu paumée, comme nous tous et pas fière de l’être. Eh bien, ce film m’a rendue « Les couleurs de l’avenir ». J’ai raison de me sentir debout pour affronter les obstacles qui obscurcissent la vision d’un monde le plus humain possible. Tous les personnages de cette courte chronique sont les témoins multipliés de la vie d’aujourd’hui, anodine, bouleversante et cruelle.
Vous pouvez ne pas connaître votre voisin, celui qui marche à vos côtés, ou au harsard des rues. Sur la toile vous le reconnaissez par cœur, vous savez tout de lui, vous lui avez parlé hier, l’avez consolé, compris, aidé. Alors oui, peut être ces personnages sont-ils un peu trop généreux, un peu trop solidaires, partageux, trop syndicalistes… peut être. En tout cas, comme une petite môme, je suis retournée à mes premiers amours livresques, Victor Hugo « les misérables », Maupassant et ses pauvres amis, ses pauvres gens ! Ce film nous restitue le peuple dans sa dignité entre rires et larmes. Courrez vite le voir ! C’est du bonheur et ça fait du bien ! Hélène Robineau
Images extraites du film N° 568 - Janvier 2012 - Planète PAIX
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Un livre événement A
bolir l'arme nucléaire est souvent présenté comme une utopie. Mais les utopistes ne sont-ils pas ceux qui croient que l'arme nucléaire assure leur sécurité ? Aujourd’hui, les rapports de domination n'ont pas disparu ; ils changent de nature, mais ils s'appuient toujours sur la possession, par une poignée d'États, de l'arme nucléaire, dont l'auteur conteste, avec force et conviction, la fonction de dissuasion. Le débat public est confisqué. L’auteur revendique le droit à la transparence et à la démocratie pour tous les citoyens. Écrit dans un style simple, incisif et pédagogique, il dresse un état des lieux sans concession des dispositions de chaque pays, de la réalité des dangers encourus par tous les peuples et, enfin, il aborde les questions essentielles de la manière dont devront être éliminées les armes nucléaires et du contrôle de cette élimination. Pierre Villard, co-président du principal mouvement pacifiste français, livre un véritable plaidoyer pour l’application, sur le modèle de ceux des armes chimiques, des armes biologiques et bactériologiques, de la convention d’élimination des armes nucléaires – soutenue par la Campagne internationale, ICAN –, convention qui doit s’imposer définitivement pour en finir avec l’arme nucléaire.
15 €
Disponible dans toutes les librairies et auprès des comités du Mouvement de la Paix et sur : www.mvtpaix.org/boutique ou ‘‘La maison de la Paix’’ - ‘‘Le Mouvement de la Paix’’ - 9, rue Dulcie September - 93400 - Saint-Ouen Tél. 01 40 12 09 12 - email : national@mvtpaix.org