Planète Paix n°573

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L’info pacifiste : www.mvtpaix.org La paix en mouvement

3,20 euros / N° 573 / Été 2012

La fabrication de l’ennemi

Dossier (P.11-15)

Jeux Olympiques L’important, c’est de participer (P.8/9)

Commerce des armes

Les armes qui plombent la Grèce (P.19)


REGARD SUR...

Forum des comités du Mouvement de la Paix , Lescheraines - 27 et 28 mai 2012 contre sommet de l'Otan, Chicago - 20 mai 2012

Paris

Manifestation contre l'Otan - 22 mai 2012 Carcassonne

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N° 573 - Été 2012 - Planète PAIX


Sommaire

l’Édito

Planète Paix n° 573 - Été 2012

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Campagne P.6

Armes nucléaires

TNP de Vienne, château en Espagne ? Proche orient

A l’heure des examens

P.7

Palestine interdite d’accès

9

I

Actualité

Jeux Olympiques

P.8/9

L’important, c’est de participer… Il y a 40 ans…

P.10

Double peine

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dossier

La fabrication de l’ennemi Guerres et cultures

P.11 à 15 Et si l’on parlait de la culture de la guerre

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portrait

Léon-Gontran Damas

P.18

Poète de la négritude

19

‘‘ S’il y avait d’un côté des gentils ci-

mondialiser la paix

Commerce des armes

vilisés et de l’autre P.19

côté des affreux

P.20

barbares, ca se

P.21

saurait.

Les armes qui plombent la Grèce Armes, Thorium et santé

La Sardaigne empoisonnée Solidarité avec le Bénin

Entreprendre au féminin

22

Ben Cramer Rédacteur en chef de Planète Paix

’’

culture

Exposition

P.22

Histoires interactives Festival d’Avignon

P.23

La paix déménage

Mensuel édité par le mouvement de la paix

9, rue Dulcie September, 93400 Saint-Ouen Tél.  01 40 12 09 12 Fax : 01 40 11 57 87 planete.paix@mvtpaix.org

maginons, dans le cadre des devoir de classe, un élève qui doit se prêter à l’exercice suivant : quelle différence y a-t-il entre une fusée nord-coréenne, qui se fracasse en plein vol, qualifiée de missile redoutable et scandaleux, et un missile intercontinental comme le M51 ou l’Agni-V (made in India) qui récolte estime, fanfare et trompettes. L’élève sera tenté de répondre qu’il n’y en a pas mais la diplomatie ne lui donnera pas raison car il y a de « bons » proliférateurs et de « mauvais ». (cf. le dossier du mois). Imaginons encore un gamin qui se refuse à aller à l’école – pour à la fois défier l’institution et pour se soustraire au contrôle sur les armes à feu. Ce marginal aura-t-il la moindre crédibilité s’il dénonce un élève qui risque de sécher occasionnellement les cours ? La réponse est non, évidemment. Pourtant, dans la réalité de la diplomatie atomique, Israël, puissance nucléaire qui snobe le TNP depuis toujours, explique au monde entier et sans peur du ridicule que l’Iran, signataire dudit TNP va tricher et mérite des sanctions. Bref, face à ces histoires insolites, les élèves doivent rester très vigilants. On le voit avec l’Afghanistan, un autre cas d’école. S’il y avait d’un côté des gentils civilisés et de l’autre côté des affreux barbares, ca se saurait. Un jour prochain, les élèves devront plancher sur l’épreuve suivante : à quoi a servi ce conflit qui a coûté davantage que la Deuxième Guerre mondiale ?

Directeur de publication : Pierre Villard Rédacteur en chef : Ben Cramer Secrétaire de rédaction : Nadia Bennad-Dorny Conception maquette : Chérif Beldjoudi Graphiste - maquettiste : Laurence Leclert.  Comité de rédaction : Raoul Alonso, évelyne Aymard, Roger Billé, Nadia Bennad, Nicole Bouexel, Jacques Le Dauphin, Annie Frison, Roland Nivet, Claude Ruelland, Jean-Paul Vienne, Pierre Villard. Photos et illustrations : Tous droits réservés. Onu Ont participé à ce numéro : Ben Cramer,Jean-Marie Muller, Guy Gouarin, Nadia Bennad-Dorny, Grégoire Desclaux, David Adams, Dany Bosom, GDS, Guillaume Péquin Gestion des abonnements : Nassera Macrez, tél.  01 40 12 09 12. ISSN 1773-19241. Numéro de commission paritaire : 0709G85601. Imprimeur : Compédit Beauregard - 61600 La Ferté-Macé

Bon d’abonnement à Planète Paix page 17

N° 573 - Été 2012 - Planète PAIX

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Courrier des lecteurs

 Planète Paix, Mélenchon et Traité d’amitié Nous avons décidé de vous faire part de nos critiques, très fraternellement. Primo, les positions des candidats à la présidentielle, en matière de politique étrangère et de défense, ne sont pas indiquées de façon satisfaisante (PP 569 et 570). Le 569 a surtout la particularité de faire l’impasse sur Mélenchon, au motif que ce candidat sera traité à part dans le numéro suivant. Or, le 570 ne donne la parole qu’à Poutou et Joly, sans un mot d’explication sur l’absence de Mélenchon.

Opinions, Suggestions, Observations ! Envoyez-nous vos messages pour qu’ils soient diffusés dans le journal et sur le site Internet du Mouvement www.mvtpaix.org. écrire à : Mouvement de la Paix 9 rue, Dulcie September, 93400 Saint-Ouen. Courriel : planete.paix@mvtpaix.org Les réflexions suivantes sont destinées au débat et n’engagent donc que leurs auteurs.

Secundo, le dossier FranceAlgérie est peu éclairant. Il y aurait bien des détails à relever, comme l’incertitude de la chronologie dans l’article de Renée Aillaud ou l’absence de tout commentaire dans le récit d’un appelé dont le camion a sauté sur une mine. Mais ce qui nous a le plus arrêtés, c’est l’exigence d’un ‘Traité de paix’ qui figure en couverture et coiffe l’ensemble de l’enquête. A notre connaissance, elle n’a pas de répondant dans le discours ordinaire du Mouvement de la Paix. S’agit-il d’une simple confusion avec le ‘Traité d’amitié’ qui est évoqué par Nivet p. 20 et dans l’encadré de la page 23 ? Cette confusion serait fâcheuse, puisque dans son sens ordinaire l’expression ‘Traité de paix’ implique un état de belligérance qui n’existe pas présentement entre la France et l’Algérie. S’il n’y a pas confusion, autrement dit si les deux expressions ont l’une et l’autre

une justification diplomatique, celle-ci mériterait absolument un éclaircissement. Nous savons que vous prendrez ces critiques pour ce qu’elles sont, une preuve de notre attachement à notre revue, et de notre estime pour ceux qui se dévouent pour la faire. N C, J.P. K, M L La présentation des points de vue de Philippe Poutou, Eva Joly, Jean-Luc Mélenchon, Nicolas Dupont-Aigna et Nathalie Arthaud n’était pas un choix politique, mais un hasard du calendrier. Sur le traité de paix entre la France et l’Algérie, nous transmettrons votre courrier à ceux qui y font référence. Éducation à la guerre Comme à plusieurs reprises ces dernières années, l'Amiral Jacques Lanxade de l'association "Solidarité Défense" a

demandé le 4 mai à ce qu'il y ait confection de dessins dans les écoles pour "resserrer les liens entre la société civile et la communauté militaire"..." pour les membres engagés dans des opérations extérieures". Un courrier signé Luc Chatel relayé par le directeur académique de la Nièvre (ex IA) est arrivé dans toutes les écoles du département le 15 mai et demande aux enseignants de réserver le "meilleur accueil" à l'opération. Comme par le passé, avec le secrétaire départemental de la FSU, nous avons adressé un courrier de protestation à l’"IA" et information aux enseignants. Je pense qu'il serait bien de savoir au cas par cas si l'"IA" du coin s'est fait le relai de l'opération et d'alors réagir déjà localement. Cordialement M-H B

A Maurice Sicart Maurice Sicard, secrétaire général de la FNACA de 1963 à 2008, fut un amoureux de Brel, Montand et Brassens. Il dénonça le caractère injuste de la guerre d’Algérie dès 1956. Il nous a quittés le 19 mai 2012. La rédaction de Planète Paix présente ses sentiments affectueux à Anick, Nathalie et toute la famille. « Mais qu’est-il arrivé en ce froid mois de mai Pour que tout, brusquement, me paraisse si laid ? Mais qu’est-il arrivé en ce jour si banal Pour que tout, brusquement, me donne un goût de mal ? Les fleurs de mon jardin brillent d’un même éclat, Le soleil, au zénith, est à son apparat, Sous mes yeux, les enfants s’amusent et sourient, Et les oiseaux du ciel chantent leur gazouillis. Rien n’a changé pourtant, tout est resté pareil, Le blé sur les épis, le raisin sur la treille. Mais voilà, j’ai perdu un ami ce matin Et l’univers entier me paraît orphelin. Daniel Videlier P.S. pour le recueil de témoignages, s’adresser à la FNACA, 13 rue Edouard Manet, Paris 75013

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REPÈRES ... à lire

Aux armes, et cétéra… Mensuel "Là-Bas"

à lire

Dossier Grip Les armes nucléaires tactiques amèricaines en Europe de Bérangère Rouppert

Enjeux économiques, stratégiques, diplomatiques… Les ingrédients du commerce des armes forment un cocktail explosif et pourtant peu connu du grand public. Et si les États rechignent à livrer leurs recettes, les ONG œuvrent depuis bientôt 10 ans pour aboutir à une réglementation internationale sur le commerce des armes. L’heure de vérité ? En juillet à New York, et plus précisément à l’Onu, devrait être signé le traité tant attendu. Le point sur la lutte contre la prolifération des armes, mais aussi la réinsertion des enfants soldats. Dans le dernier numéro de Là-Bas

à voir ou à revoir

Les éclaireurs De Simone Fluhr et Daniel Coche Une production dora films SAS Dans une maison jaune au cœur de Strasbourg, des gens venus de tous les coins du monde livrent par bribes leur espoir de trouver un refuge suite aux persécutions qui les ont fait basculer dans l’exil. Progressivement, une autre violence va se superposer à la violence passée : celle qu’on leur fait subir, ici, chez nous... Ce film interroge l’état d’une société criminalisant ceux qui cherchent la sécurité et notre protection. Il montre aussi le combat mené au quotidien par les citoyens qui sont les témoins, plus ou moins impuissants, de leur désespérance. La sortie de ce DVD est synchronisé avec celle du livre « Mon pays n’est pas sûr ».

Le chiffre... 16.490

Appels ont été reçus en 2010-2011 par Jeune Violences Ecoute. Contre 13.340 entre 2009-2010 18.000.000.000 (U$) Ce que les conflits coûtent aux pays africains chaque année.

La phrase du mois Je n’oublierai jamais la force émanant de la foule de manifestants qui scandait « Pa-ci-fi-ques a-ssis, pa-ci-fi-ques a-ssis », un soir après la charge de l’escouade anti-émeute contre elle. Perrine Leblanc à Montréal citée dans ‘Le Monde’, 27/28 mai 2012

Avec la révision de la posture de défense et de dissuasion (Defence and Deterrence Posture Review-DDPR), la question des armes nucléaires tactiques (ANT) américaines en Europe est remise à l’ordre du jour. Elles ont été déployées au milieu des années 1950 par les ÉtatsUnis et l’URSS. Pour les deux camps, il s’agissait de dresser un rempart nucléaire contre l’éventuelle avancée des armées ennemies, avec en plus, côté américain, une volonté de pallier à la supériorité des forces conventionnelles du Pacte de Varsovie. Avec la dislocation du Bloc soviétique, la Fédération de Russie s’est vue contrainte, dès 1992, de retirer ses armes nucléaires des territoires de ses anciens satellites pour les stationner sur son territoire le long de la frontière occidentale ou pour les détruire. Les Américains ont suivi la même dynamique de réduction et destruction de grandes quantités d’armes tactiques basées en Europe occidentale. Mais près de 200 sont toujours réparties sur six bases de l’Otan. Retrait ou statu quo, le débat fait rage, pro et contre invoquant des facteurs politiques, économiques, sécuritaires, stratégiques ou juridiques. Le présent rapport fait le point sur l’évolution des positions et des arguments des uns et des autres

Les guignols du désarmement A l’automne 2011, La Première Commission de l’Onu a adopté plusieurs projets de résolution dont un portant respectivement sur le lien entre le désarmement et le développement. Approuvé sans être mis au vote. Parmi les rares récalcitrants, les États-Unis. L’ambassadrice Mme Laura Kennedy a indiqué que le désarmement et le développement sont deux questions complètement différentes. « Nous ne participerons pas non plus à la prise de décisions sur le projet L.7, et sur le respect des normes environnementales dans la mise en œuvre de traités de désarmement » a-t-elle ajouté. « Nous ne voyons pas le lien entre les normes relatives à l’environnement et le désarmement, a-t-elle expliqué. » P.S. : Pour la première fois La France et le Royaume-Unis ont soutenu le texte sur le lien entre désarmement et développement. S’ils ont reconnu l’existence d’une relation, ils l’ont la qualifiée de « complexe et sans caractère symbiotique ».  You tube du mois

la vidéo réalisée à l'occasion de la Journée mondiale d'abolition des armes nucléaires le 2 juin. La version française: • http://youtu.be/N3oTxpHWKDw si vous voulez plutôt la faire circuler dans une autre langue : • www.youtube.com/user/ICANinAction?feature=mhee  A se procurer

‘L’eau, enjeu du conflit israélo-palestinien’, de Jacques Fontaine, Cahier de l’AFPS, édition 2012, 64 pages, 5 euros. Pour le commander : afps@france-palestine.org N° 573 - Été 2012 - Planète PAIX

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campagne Armes nucléaires

TNP de Vienne, château en Espagne ? Du 30 avril au 11 mai 2012 s’est tenue à Vienne le premier Comité préparatoire de la Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP) qui doit se tenir en 2015. L’espoir est-il permis ?

L

e TNP, « coquille vide »

elle comprend le Brésil, l’Égypte, l’Irlande, Lors de la séance d’ouverture, le Mexique, la Nouvelle Zélande, l’Afrique du Angela Kane, le Haut Représentant Sud et la Suède) met en évidence que le désardu bureau des Nations unies pour le mement nucléaire n’est pas une question de désarmement, a souligné que le TNP continue quincaillerie, mais une question de doctrine. de faire face à plusieurs défis majeurs, depuis L’erreur est de croire que toute réduction la poursuite de la fabrication et du perfectionquantitative du matériel nucléaire participe nement des armes nucléaires par les États doau désarmement. Il n’en est rien. Réduire, tés, jusqu’aux inquiétudes à propos n’est pas désarmer. L’erreur est de de l’aspiration de nouveaux États à penser que telle ou telle mesure posséder des armes nucléaires. « De de réduction des armements est le telles inquiétudes, a précisé Angela commencement du désarmement. Kane, mettent en danger (jeopardize) Ce ne sont pas les armements qu’il à la fois les objectifs de la non-profaut réduire, c’est la doctrine qu’il lifération et du désarmement et méfaut déconstruire. La notion de « ritent donc une grande attention au désarmement progressif » ne peut cours de ce processus d‘examen. » concerner que la réduction des arElle ira jusqu’à dire que si les États mements ; elle est dépourvue de ne faisaient pas preuve d’une ausens parce qu’elle laisse intacte la thentique responsabilité au cours doctrine de la dissuasion nucléaire. de ce processus d’examen, le traité Le désarmement ne résultera pas ne serait rien d’autre qu’une « code mesures techniques concernant Rencontre l’Ambassadeur des Pays-Bas à la Conférence du Désarmement, quille vide » (an empty shell). le matériel, il ne peut résulter que Vienne, mai 2012 Peter Maurer, le représentant d’une décision politique concerde la Suisse, ne craint pas de parler le lan- à dissuader et qu’il n’y a jamais eu de mo- nant la doctrine. Cette décision politique apgage de vérité à l’intention des États dotés : ment plus propice pour mettre un terme à partient à chaque État. La caractéristique de « Le désarmement nucléaire reste de toute l’actuelle « addiction aux armes nucléaires ». l’arme nucléaire est d’être une arme nationale évidence le parent pauvre des trois piliers du Mais il a beau préciser que cette addiction se et la décision d’y renoncer ne peut être qu’une Traité. En effet, deux décennies après la trouve sans fondement (groundless) - c’est décision nationale et donc unilatérale. C’est fin de la Guerre Froide, la dissuasion nu- au demeurant le propre de toute addiction -, une autre erreur de croire qu’elle peut résulcléaire demeure fortement ancrée dans les chacun sait que rien n’est plus difficile que ter d’un accord multilatéral. doctrines sécuritaires des États dotés de de se guérir et de se libérer d’une addiction. l’arme nucléaire. » Peter Maurer met en C’est d’autant plus difficile qu’elle est préciJean-Marie Muller * Écrivain et philosophe, porte-parole national du évidence la raison essentielle pour laquelle sément sans fondement… Mouvement pour une Alternative Non-violente. les États dotés ont fait du TNP une « coquille vide » : quelles que puissent être les Entre réduire et désarmer EN SAVOIR PLUS L’analyse des sept pays membres de la New réductions quantitatives d’armements qu’ils • www.francesansarmesnucleaires.fr mettent en avant pour prétexter de leur Agenda Coalition ou NAC (créée en 1998,

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« bonne foi », la dissuasion nucléaire reste le fondement de leur doctrine de sécurité. Or, précisément, le désarmement nucléaire exige des États dotés un changement radical de doctrine. Qu’ils refusent obstinément ce changement atteste de leur « mauvaise foi ». Le représentant du Brésil conclut en soulignant qu’aujourd’hui il n’y a plus d’ennemi


Campagne Proche Orient

Palestine interdite d’accès Sous le titre « Une noble initiative torpillée », le militant Guy Gouarin, un adhérent du Mouvement de la Paix à Perpignan, a bien voulu partager son émotion de ne pas se rendre en Palestine. Un rappel aussi de la récente conférence internationale (PP 572). Extraits.

EN SAVOIR PLUS • www.mvtpaix.org

L

a perspective était belle, et le jour du départ était proche. Une semaine avant, j’avais vu le film « My land » de Nabil Ayouch qui parle si bien de la situation terrible du peuple palestinien. J’allais pouvoir les rencontrer, leur témoigner notre solidarité. Je m’étais inscrit à « Bienvenue en Palestine », une mission pacifique menant à Béthlehem, avec rendez-vous place de la nativité, au Peace center. On y allait pour la construction d’une école internationale, pour planter des oliviers, en territoire occupé, avec des gens solidaires, venus du monde entier. Vingt cinq associations locales s’occupaient de notre accueil. Comment pouvais-je imaginer qu’on allait m’en empêcher ? On était plus de mille cinq cents inscrits, j’avais mon passeport et mon billet d’avion, je n’avais qu’à préparer ma petite valise et, pour atterrir à Tel Aviv, prendre l’avion à Toulouse. En ce printemps 2012, on n’allait pas nous empêcher de partir ! Je suis simple adhérent du Mou-

vement de la Paix. Je ne suis pas un terroriste. Plus près encore, c’était le 11 avril, j’apprenais que des membres de la délégation française du Mouvement de la Paix avec des Palestiniens et des Italiens, dans une rue d’Hébron, avaient été brutalisés. Cela lors d’un contrôle, alors qu’ils essayaient d’atteindre « la conférence internationale sur la résistance non violente… » ! Quatre personnes emprisonnées, une militante blessée à l’épaule, et ces zélés soldats israéliens applaudis par des colons. Quelles drôles de façons… ! Quatre jours plus tard, allait-on m’empêcher de partir ? Et bien oui. Le lendemain, j’ai reçu un petit mail incroyable de la compagnie : « La réservation de votre vol a été annulée, le 12 avril. Ce message a été généré automatiquement, merci de ne pas y répondre… ». 120 personnes devaient partir comme moi de Toulouse. Beaucoup sont allés manifester très tôt le matin à l’aéroport, à l’heure où l’on devait partir. Les radios, les télés ont dit que le gouvernement israélien nous classait comme indésirables à l’aéroport Ben Gourion. Qu’Israël disait qu’on y allait « pour semer le trouble, qu’on était des activistes pro palestiniens, des provocateurs ! » Bien sûr, bien sûr…… C’est pour cela sans doute, qu’ils ont cru bon d’emprisonner 40 Français et d’autres nationaux qui avaient réussi à contourner le barrage. Le gouvernement belge a déjà protesté énergiquement contre cet état de fait. Notre gouvernement ne dira rien encore, ou pire : « Qu’on l’a bien cherché ». C’est parce qu’Israël a détruit les aéroports palestiniens que l’on devait passer par le leur. Ce n’était pas de gaieté de cœur qu’on prenait ce passage obligé. Les Palestiniens n’ont plus que 9 % de leur territoire initial. Je voudrais tellement me trouver à Jérusalem maintenant, pour pouvoir me rendre au mur des lamentations. Je pourrais pleurer de rage sur le sort des Palestiniens. Merci et félicitations aux organisateurs de « Bienvenue en Palestine ». Quel travail ils ont fait ! Ils doivent être terriblement déçus. Mais ce n’est que partie remise, la lutte continue. Guy Gouarin N° 573 - Été 2012 - Planète PAIX

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ACTUALITÉ Jeux olympiques

L’important, c'est de participer… Les Jeux olympiques seraient, selon les textes fondateurs et les affirmations du CIO, apolitiques. Mais cet événement hyper-mé-

D

ow Chemical, fabriquant du Napalm et de l’Agent Orange, deuxième société la plus polluante au monde, tente de se racheter une conduite grâce à un partenariat avec le Comité International Olympique (CIO) afin de faire partie de ses sponsors officiels pour une durée de dix ans. Cet accord est contraire aux principes éthiques les plus élémentaires du CIO et les athlètes sont désormais liés à une entreprise qui ne respecte pas les objectifs de l’olympisme. Il est intéressant de noter que le CIO organise pour les JO de Londres 2012 une campagne de sensibilisation environnementale ainsi que plusieurs programmes de soutien aux pays émergeants, mêlant adroitement sport et « esprit humain ». Cette

qui continue de sévir par imprégnation des sols. L’indemnisation des victimes a toujours été refusée par le groupe malgré les handicaps touchant encore des populations, le plus souvent rurales Mais qu’importe… Le président du CIO, Jacques Rogge, a déclaré lors de la signature de ce contrat « (…) En tant que chef de file mondial dans l’industrie chimique et innovateur dans le développement durable, Dow Chemical fournira non seulement un soutien financier essentiel au mouvement olympique mais apportera également une expertise de pointe pour les jeux eux-mêmes. » Quant au P.-DG de Dow, Andrew Liveris, il a indiqué « Grâce à notre engagement de longue date dans le développement durable, notre innovation,

diatisé peut-il rester au-dessus de la mêlée politique ?

Manifestation pour la justice des victimes de Bhopal

EN SAVOIR PLUS • www.change.org/petitions/dropdow-chemical-as-partners-for-thelondon-2012-olympic-games-bhopal 8

N° 573 - Été 2012 - Planète PAIX

stratégie de communication « verte » se retrouve ainsi mise à mal par la ligne de conduite de Dow Chemical il y a à peine trente ans. En effet, durant la guerre du Vietnam, Dow Chemical produisait l’agent orange, un herbicide aux propriétés tératogènes (générant des malformations fœtales)

notre excellence scientifique (…), nous croyons que Dow est parfaitement adapté à la vision du mouvement olympique qui est la paix, le progrès et le rassemblement mondial pour célébrer notre humanité commune. » Toute une philosophie ! A ne pas en douter, Dow


Manifestation contre le partenariat de Dow Chemical et du CIO.

Dow Chemical s’est fixé un objectif de 1 milliard de dollars de revenus supplémentaires en devenant un des sponsors des Jeux olympiques. La société pense ainsi être plus impliquée dans la conception, l’ingénierie et la construction des futures structures olympiques. a contribué à la viabilité de la planète et à la paix en fournissant des défoliants sous la forme de l’Agent Orange et bombes au Napalm aux États-Unis pour dévaster le peuple vietnamien et détruire son environnement.

Les objectifs d’un tel accord Du point de vue politique, Dow espère effacer sa réputation de pollueur et être reconnu comme une société digne d’être associée aux Jeux Olympiques. Au niveau commercial cet accord aura d’énormes retombées financières, servant de catalyseur de croissance. Selon Reuters, Dow va générer un chiffre d’affaire de plusieurs millions de dollars d’ici à 2020. C’est donc un investissement financier qui engendrera d’énormes bénéfices à moyen terme. Et, cerise sur le gâteau, Dow utilisera sur tous ses supports de communication les anneaux olympiques et donnera ainsi l’image d’une entreprise responsable, soucieuse de l’humain.

La protestation s’organise Une campagne est lancée par des athlètes ainsi que des hommes politiques pour protester contre ce parrainage. Dans une lettre ouverte, ils dressent la (longue) liste des violations de Dow en matière de santé. Ils estiment que le code déontologique obligeant athlètes et entraineurs au respect de certaines contraintes doit s’appliquer également aux sponsors. Des organisations françaises protestent également et essaient de se faire entendre auprès du CIO et des autorités françaises pour que cesse ce partenariat. l’Union des femmes vietnamiennes s’est jointe également à cette protestation. Le gouvernement et le comité olympique indiens s’insurgent depuis 2011 contre ce partenariat entre chimie industrielle et compétition sportive. Ils demandent au CIO d’annuler cet accord car Dow refuse de prendre en charge le nettoyage du site de la tragédie de Bhopal qui a fait des milliers de morts en 1984. 27 tonnes de gaz mortels se sont échappés d’une usine appartenant à l’époque à la société Carbide Corp. Cette filiale indienne de Union Carbide Corporation (UCC), l’un des premiers groupes chimiques américains, a été rachetée en 2001 par Dow Chemical. Les Indiens estiment qui si Dow a racheté les actifs de Union Carbide Corpo-

ration elle a racheté également le passif la rendant responsable de la tragédie de 1984. Ils menacent de suspendre leur participation aux JO de Londres. Le CIO, quant à lui, considère que Dow Chemical n’a aucun lien avec cette tragédie (sic). Après avoir été responsable de plusieurs milliers de morts, Dow chemical peut aujourd’hui compter sur les anneaux olympiques pour véhiculer son image de pollueur, dans un effort de communication qui n’a décidément rien de sportif. Affaire à suivre… Nadia Bennad-Dorny

Nommée par le maire de Londres Boris Johnson pour superviser le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Londres (LOCOG), Meredith Alexander a démissionné pour protester contre le contrat de parrainage passé avec Dow, en raison des liens de cette société avec le désastre de Bhopal.

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ACTUALITÉ Il y a 40 ans…

Double peine L’image de Kim Phuc errant nue sur une route du Vietnam a fait le tour du monde. Qu’est devenue cette fillette, symbole de cette guerre qui entacha l’image du militarisme américain ? Retour sur la genèse et les conséquences de ce cliché.

L

a photo du 8 juin 1972 montrant des enfants en pleurs sur la Route n°1 de Saigon au Vietnam, après une attaque aérienne au napalm avait scandalisé l’Amérique qui découvrait la réalité de la guerre du Vietnam. En prenant cette photo, il y a quarante ans, le photographe, Nick Ut, a communiqué au monde entier les horreurs de cette guerre que les mots n’auraient jamais pu décrire. La force de cette photo réside dans sa figure centrale, Kim Phuc âgée d’alors 9 ans, qui semble courir vers l’objectif et hurler de douleur sous le regard de soldats américains. La photo de rôle de célébrité. Elle apparaît notamment Nick Ut a obtenu le prix Pulitzer. en 1985 lors de l’anniversaire de la libéraCette a photo a capturé l’horrible nature tion vietnamienne. de la guerre du Vietnam. Elle a déchiré la Ce n’est qu’en 1986 que le gouvernement conscience collective occidentale. vietnamien l’autorise à poursuivre ses études C’est Ut, le photographe qui la conduira à Cuba où elle était encore sous son contrôle. à l’hôpital. Après lui Après sa rencontre « Beaucoup de gens avoir sauvé la vie, ils avec un compatriote, garderont toujours le connaissent mon image, mais il elle se marie en 1992. y en a très peu qui connaissent Les jeunes mariés procontact. ma vie, » « Je suis tellement fitent d’une escale lors Il aura fallu 17 opérations pour réparer les reconnaissante que... je peux de leur voyage de noces dommages du Napalm. accepter cette image comme pour demander l’asile un don puissant. Alors elle Après sa convalescence politique au Canada, le gouvernement viet- m’est utile pour travailler pour qu’ils obtiendront. la paix ». Kim Phuc namien, les journalistes Phuc vit aujourd’hui et les militants paciprès de Toronto. Elle a fistes ont fait d’elle le symbole de la guerre été nommée Ambassadrice de bonne volonté du Vietnam et des exactions américaines. à l’Unesco en 1994. Ayant décidé de consaDix ans plus tard la jeune Phan Thi Kim crer sa vie à promouvoir la paix, elle a créé Phuc entame des études de médecine mais la Fondation Internationale Kim Phuc, dans le gouvernement vietnamien, la jugeant le but de fournir une assistance médicale et trop précieuse, lui ferme les portes de l’uni- psychologique aux enfants victimes de la versité afin qu’elle puisse se consacrer à son guerre.

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Kim Phuc, 40 ans après

Après quatre décennies, Phuc, désormais mère de deux fils, peut regarder cette photo et comprendre enfin pourquoi elle avait autant de pouvoir. Elle lui a sauvé la vie, l’a éprouvé, et finalement libérée. Grégoire Desclaux

« Le Napalm est très puissant, mais la foi, le pardon et l’amour sont beaucoup plus forts. Nous n’aurions pas la guerre si chacun pouvait apprendre à vivre avec l’amour véritable, l’espoir et le pardon ». Kim Phuc EN SAVOIR PLUS • The Kim foundation international www.kimfoundation.com/


DOSSIER

La fabrication de l’ennemi

Le 5 février 2003, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, Colin Powell donne des preuves très controversées sur l’existence d’armes de destruction massive en Irak. La fiole présentée a permis l’invasion de l’Irak sans le mandat de l’Onu grâce à la coalition US. Il exprimera deux ans plus tard son «amertume» : interrogé sur ABC, il explique que cette présentation, en grande partie fausse, fait «tache» dans sa carrière.

• Guerres et cultures Et si l’on parlait de la culture de la guerre

Contrairement aux prédictions du conseiller diplomatique Arbatov, l’Occident n’a pas été privé d’ennemi malgré la disparition de l’URSS. Les stratèges et faiseurs d’opinions en ont fabriqué d’autres, que ce soit le rival planétaire (la Chine), le « proliférateur » (Corée du Nord ou Iran), le Mal absolu (terroriste)… N° 573 - Été 2012 - Planète PAIX

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DOSSIER

L a f a b r i ca t i

Guerres et cultures

Et si on parlait de la culture de guerre ? Nous donnons la parole à David Adams. Citoyen américain, il fut dès 1992 chargé par l’Unesco de développer le programme de Culture de paix comme alternative aux opérations de maintien de la paix. On lui doit en grande partie le projet de déclaration et programme d’action de la culture de paix de 1999. Il a quitté l’organisation en 2001.

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David Adams

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éflexions sur la violence et l’agressivité

A Séville en 1986, avec des scientifiques du monde entier (…), nous avons tenté de répondre à une question simple : est ce que la guerre est inscrite dans la nature humaine ? On a analysé cette situation du point de vue génétique, sociologique, neurologique. J’étais dans ce cadre durant 25 ans en croyant que mes recherches sur l’agressivité dans le cerveau allaient m’aider. Mais non. Dans une guerre, est ce qu’on a le droit d’avoir une colère ? Non, car c’est une réaction interindividuelle. Dans une guerre, un officier entretient des rapports avec ses supérieurs. S’il est en colère, c’est de l’insubordination et il sera puni. Si un officier exerce une colère à l’encontre de ses subordonnés, ce n’est pas bien du tout. Le général Schwarzkopf, durant la première guerre d’Irak, était réputé pour ses colères mais il s’est fait sévèrement réprimandé par Dick Cheney qui est venu spécialement à Bagdad de Washington pour lui tirer l’oreille. Alors, est-ce qu’on dispose d’un gène ? Non, comme on n’a pas un gène pour faire le mariage, ou bien faire la poterie ; ces activités sont universelles mais ne relèvent pas de la génétique ! Il y a beaucoup d’aspects culturels qui sont universels. J’ai mené des recherches auprès de grands militants de la paix. Tous disent la même chose : à un

moment donné arrive la colère, c’est la réaction naturelle de l’être humain contre l’injustice. Si la guerre n’est pas dans nos gènes, d’où vientelle alors et pourquoi a-t-elle été si constante dans l’histoire de l’humanité ? La réponse se situe dans notre culture. A travers l’histoire, les êtres humains ont développé une culture qui permet et encourage la guerre et la violence : une culture de guerre. Réfléchissez-y ! De quoi avez-vous besoin pour déclencher une guerre ? Un ennemi, des armes, une société qui obéît aux ordres, la croyance selon laquelle le pouvoir peut être conservé par la violence et le contrôle de l’information (à travers la pratique du secret et de la propagande). La question de l’information n’est pas à sous-estimer : il faut se souvenir de la façon dont le directeur général de l’Unesco, M’Bow avait été diabolisé par une certaine presse lorsqu’est paru le rapport sur le Nouvel Ordre mondial de l’Information, surnommé « le Rapport McBride » (du nom de son président). C’est à la suite de cette campagne que les États-Unis et le Royaume-Uni se sont retirés, privant ainsi l’Unesco de 40 % de ses recettes. Juste après l’épisode durant laquelle Gorbatchev avait averti « Nous allons vous priver d’ennemi » est paru le livre de S. Huntington sur le « choc des civilisations ». Ce n’est pas une coïncidence. Si Ben Laden n’avait pas existé et attaqué les Twin Towers, on aurait dû l’inventer, on l’aurait inventé. Ce sont parfois des alliés de l’Occident qui, par la suite, sont présentés comme des ‘vilains’, des affreux ennemis sans foi ni loi, à l’instar de Saddam Hussein (…)


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WAR

Peace

Pas d’ennemi, pas de guerre

Le déni

Pas d’ennemi, pas de guerre. Pas d’arme, pas de guerre. Pas de contrôle de l’information, pas de guerre. Et si les gens n’obéissent pas aux ordres et s’ils ne croient pas que le pouvoir puisse être conservé par la violence, pas de guerre non plus. Restent à ajouter trois autres composantes importantes de la culture de guerre : la rentabilité (qu’elle provienne de pillages, de colonies, de la domination économique ou des profits du complexe militaro-industriel), la domination masculine et l’éducation à la guerre. La culture de paix est la seule façon de sortir du cycle de la violence. Résumons :  A la place des représentations de l’ennemi, la compréhension, la tolérance et la solidarité  A la place des armes, le désarmement, universel et vérifiable  A la place d’une gouvernance autoritaire, la participation démocratique  A la place du secret et de la propagande, la libre circulation et le partage de l’information  A la place de la violence, le dialogue, la négociation, le droit et la non-violence active  A la place de la domination masculine, l’égalité des femmes  A la place de l’éducation pour la guerre, l’éducation pour la paix  A la place de l’exploitation des faibles et de l’environnement, des économies de paix basées sur un développement durable et équitable

Lorsque nous avons soumis notre rapport aux pays membres de l’Unesco, en dégageant 8 domaines d’action de la culture de la guerre pour établir 8 points de la culture de paix, qui sont en quelque sorte le revers de la médaille, ce fut la consternation, pour ne pas dire la panique. Au moment même où l’Europe avec les forces de l’Otan bombardaient le Kosovo, le représentant de l’UE s’est exclamé « mais enfin il n’y a pas de culture de la guerre ! ». Donc, on a dû enlever toute allusion à la culture de guerre. Les Américains ont dit « nous ne pouvons pas accepter cette déclaration car si cela est adopté, ce sera difficile de déclarer des guerres. », « Monsieur l’ambassadeur, ai-je bien entendu ? » « Oui », fut-il répondu, « si cette déclaration est adoptée, ce sera plus difficile ». Evidemment, ces discussions informelles n’ont été publiées nulle part. La déclaration a finalement été adoptée, le dernier jour de la session (…) Sans vote. La pression est venue de l’ambassadeur du Bangladesh de l’époque (…) qui a interpellé ses collègues avec ces mots un peu accusateurs : « Comment ?! Vous allez refuser une déclaration de paix ?! » Mais le vote n’a pas tout réglé. Aucun État n’a été autorisé à verser de l’argent des Nations unies pour la culture de paix (…) et c’est d’ailleurs ce qui explique pourquoi l’info n’a pas beaucoup circulé (…) J’espère toutefois qu’on ne va pas attendre 30 ans pour que cette déclaration soit connue. (…)

Un certain shérif : Tony Blair « Dans la nuit de mardi, j’ai donné l’ordre aux forces britanniques de prendre part à l’intervention militaire en Irak (…) La menace qui pèse aujourd’hui sur la Grande-Bretagne n’est pas la même que celle qui pesait sur la génération de nos parents‘…) L’Europe est en paix. La guerre froide n’este plus qu’un souvenir. Mais ce monde nouveau fait face à une nouvelle menace : celle d’un désordre et d’un chaos nés d’États brutaux tels que l’Irak, en possession d’armes de destruction massive, ou de groupes terroristes extrémistes. Tous deux haïssent notre mode de vie, notre liberté, notre démocratie. (…) Si des terroristes venaient à obtenir ces armes fabriquées et échangées à travers le monde, ils pourraient infliger à nos économies, à notre sécurité, à la paix mondiale, un carnage qui dépasse notre imagination. En tant que Premier ministre, mon point de vue est que la menace est réelle, croissante, et d’une nature totalement différente de toutes les menaces conventionnelles auxquelles la Grande-Bretagne a dû faire face par le passé » Allocution télévisée à la nation lors de l’entrée en guerre du Royaume-Uni en Irak, le 20 mars 2003

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DOSSIER

L a f a b r i ca t i

L’éducateur Richard Pétris Richard Pétris a été longtemps l’un des initiateurs de l’École de la paix de Grenoble. Il a présenté son travail lors du forum des comités à Lescheraines L’école de la paix, ce n’est pas seulement Grenoble, elle est aussi tournée vers l’étranger. Elle mène des actions au Congo-Brazzaville, de même qu’en Colombie où elle a été sollicitée pour mettre sur pied un musée de la paix. L’association dispense d’ailleurs des formations au sein de l’Ecole de guerre de Paris « On peut échapper à la haine par la culture. Avec notre travail…. ce sont 200.000 élèves en France, au Rwanda, au Congo-Brazzaville, en Colombie… que nous avons formés. Espérons qu’il en restera quelque chose. »

Mon travail à l’UNESCO A l’Unesco, nous avons entamé des programmes nationaux pour la culture de paix. J’étais responsable pour ceux situés au Salvador et au Mozambique. Nous avons lancé et réalisé de beaux projets mais ceux-ci, avouons-le, n’ont jamais été soutenus par les grands États, donc n’ont jamais été financés. A partir de mes expériences, j’ai fait un travail sur l’histoire de la culture de guerre, je l’ai analysée de la préhistoire jusqu’à aujourd’hui. Elle a existé bien avant le début de l’État, donc avant l’histoire (…) mais selon la plupart des experts, l’État peu à peu a monopolisé la guerre. (…), il a pris en charge la guerre et d’ailleurs les entités territoriales comme les villes ne peuvent plus faire la guerre. L’État monopolise le droit de tuer. C’est d’ailleurs intéressant dans les westerns : le shérif est le représentant de l’État (…)

Remplacer l’État ? Alors, on peut se poser la question : y a-t-il des guerres plus légitimes que d’autres ? La notion de défense se justifie-elle ? En réalité, les interventions de la France en Côte d’Ivoire ou au Tchad par exemple s’apparentent difficilement à ce qu’on voudrait mettre sous le vocable de ‘défense’. Mais le fait d’avoir changé le nom de ce ministère, qui n’est plus le ministère de la guerre, cela reflète un courant… cela prouve quelque chose par rapport à la perception et la délégitimation de la guerre. 14 14

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Quoi qu’il en soit, je crois qu’il faut vraiment commencer à penser à l’idée de remplacer l’État. Le système étatique s’écroule de temps en temps, à différentes époques, comme par exemple dans les années 30, durant lesquelles la plupart des États s’écroulaient. Il y a vingt ans, j’ai vu l’URSS s’écrouler, j’y étais, d’abord un crash économique, puis un crash politique. Pourquoi ? Parce que la culture de guerre n’est pas durable. Finalement, çà s’écroule (…) Et qu’est ce qu’on voit aujourd’hui aux États-Unis ? L’industrie américaine est militarisée, une économie surchargée, (overburdened economy) et ce n’est pas durable. On va avoir un crash pas seulement de l’économie américaine car cette économie n’est pas dissociable de l’économie des autres (…) Des crises, y en a toujours eu mais elles ont été localisées. Les Famine et autres catastrophes que nous avons vécues vont sembler minimes par rapport à un clash du dollar et toutes ses conséquences. Comme disent les Chinois, les désastres sont aussi des opportunités. Paradoxalement, la seule institution qui sera capable de nous aider dans ces moments, ce seront les militaires, grâce à leur logistique. Nous l’avons vu avec l’ouragan Katrina. En fait, la Garde nationale est prévue pour faire de la protection civile, c’est son job, mais une partie de ses membres avait été réquisitionnée pour se rendre en Irak. Le système des États est un système établi,

bien établi et qui se défend. Et l’armée est le bras de l’État. Hiroshima et Nagasaki, ce sont avant tout des opérations terroristes. Et le terrorisme sponsorisé par l’État est la manifestation d’une culture de guerre à son déclin. Les CRS, s’ils ne furent pas très efficaces durant les événements de Mai 68 en France, c’est tout de même l’armée intérieure contre les grèves. Moi qui connais mieux les interventions armées aux États-Unis, je peux affirmer que le chiffre des interventions et le recours aux soldats a été plus ou moins constant au cours des 150 dernières années, même s’il est difficile de trouver des archives. C’est aussi évident quand on prend le cas de la Syrie ou la Libye. (…) Si on ne peut pas avoir de culture de paix avec les États, reste à voir et à savoir si nous avons, nous, la capacité de faire la paix.

Le rôle des territoires Par quoi remplacer aux Nations unies ? Les ONG de la société civile ? Je ne suis pas persuadé que le monde associatif soit représentatif de la société. Les associations des villes, les acteurs territoriaux ? Oui, je travaille avec des villes, mais je ne vois pas comment elles pourraient remplacer les États aux Nations unies. Le réseau des ‘villes pour la paix’ ? C’est plutôt un réseau pour l’élimination des armes nucléaires. Point barre. Certes, c’est compatible avec la culture de paix, mais c’est insuffisant. Les villes « messagers de la paix » ? Franchement, c’est une chimère. Cela n’existe que sur le papier. D’ailleurs, pour s’en convaincre, il suffit d’aller sur internet : les liens des villes citées renvoient à Wikipedia. En attendant, il nous faut positiver la culture de paix. C’est le rêve de notre réseau CPNN. Sa raison d’être. Pendant la décennie de culture de paix, on a fait une liste d’un millier d’associations qui travaillent sur la culture de paix et mis au point sur internet le réseau d’information sur une culture de paix. (…), le CPNN (cf. références). Nous avons des héros de la paix (cf. ref). Nous avons besoin d’une audience qui positive les informations, qui valorise ce qui se fait, même à une petite échelle. Entretien réalisé par Ben Cramer, Paris, le 24 mai


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La propagande Otan « L’Alliance nord-atlantique veut la paix. Elle déplore que soient détournées à des fins militaires des ressources qui pourraient servir à améliorer le sort de l’humanité et en particulier à accroître les efforts tendant à élever le niveau de vie dans les pays en voie de développement. Mais aussi longtemps que le monde libre continue à être en butte à une menace permanente, les pays membres de l’Organisation ont non seulement le droit mais le devoir de défendre leur liberté et leur indépendance ». Manuel de l’Otan, service de l’information, Paris XVIe, 1963 (page 22)

L’Otan à la recherche de « menaces » « Dans un monde de plus en plus interdépendant, la solidarité alliée est absolument indispensable pour se prémunir contre toute menace de l’intérieur ou de l’extérieur » Brochure de l’Association du Traité de l’Atlantique, Paris, janvier 1976

L’Iran, le syndrome de Frankenstein Selon l’expression de Shirin Ebadi, avocate iranienne Prix Nobel de la Paix, l’Iran islamiste c’est le syndrome de Frankenstein, c’est-à-dire le monstre que les Occidentaux ont fait naître au cours des 60 dernières années. Le programme nucléaire iranien a été annoncé par les services américains et israéliens comme imminent pour 1994, 1996, puis 2000, puis 2006, maintenant pour 2012.

Un exemple de culture de guerre Vive la prolifération nucléaire ! « Les États-Unis ont quatre réponses rapides : 1. D’abord, poursuivre le programme de défense anti-missiles qui n’a pas besoin d’être totalement efficace pour rendre la vie beaucoup plus compliquée à un pays agressif mais faible comme la Corée du Nord. Déployer le système antimissiles d’efficacité croissante permettrait d’atteindre un autre objectif, à savoir la punition indirecte de la Chine qui verrait s’éroder l’efficacité de ses missiles, utilisés pour faire pression sur Taïwan. 2. Mettre un terme à l’aide humanitaire et convaincre la Corée du Sud d’en faire autant (…) Laissons la Chine payer le prix véritable d’un soutien apporté à son client. 3. Inviter le Japon, la Corée du Sud, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et Singapour à rejoindre l’Otan – et même inviter Taïwan à envoyer des observateurs (…) 4. Encourager le Japon à renoncer au Traité de non prolifération et à créer sa propre dissuasion nucléaire montrerait que la Seconde Guerre mondiale est bel et bien finie (…) Un Japon nucléaire c’est ce que Chine et Corée du Nord redoutent le plus. David Frum, Thèse de David Frum, l’un des auteurs du discours de G.W. Bush sur les « axes du Mal », publiée dans le New York Times le 10 octobre 2006, après l’essai nucléaire nord-coréen.

EN SAVOIR PLUS • Biographie de David Adams + photo www.culture-of-peace.info/adams.html • l’histoire de la culture de guerre www.culture-of-peace.info/books/history.html • Les Nations Unies et la culture de paix http://cpnn-world.org/learn/un-french.html • Pierre Conessa, la Fabrication de l’ennemi ou comment tuer avec sa conscience pour soi, Éd. Robert Laffont, Paris, 2011 • Anne Morelli, ‘Principes élémentaires de Propagande de Guerre’ Éd. Aden, Bruxelles, 2010 N° 573 - Été 2012 - Planète PAIX

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Au jour le jour Otan : les USA mènent la danse C’est principalement à la demande de la France et du Royaume-Uni que s’est enclenchée la guerre en Libye. Mais, pour ce boulot présenté comme une opération ‘facile’, les États européens engagés dans cette croisade n’ont apparemment rien pu faire sans l’aide des États-Unis. C’est ce qui ressort d’un rapport interne de l’Otan publié par le ‘New York Times’. Les bombardements contre les troupes de Kadhafi ont bel et bien été menés par des avions européens (dont belges) et canadiens, mais ce sont des troupes américaines qui ont pris en charge l’essentiel de l’opération, rassemblant les informations, effectuant les vols de reconnaissance et mettant au point le planning de l’opération. Si les partenaires européens ont rapidement fourni des munitions, la plus grande partie des bombes provenait de l’arsenal de

l’armée américaine. La conclusion du rapport met donc en question « l’indépendance de l’Otan vis-à-vis des États-Unis Lors du discours prononcé en juin dernier au terme de son mandat, l’ex-patron du Pentagone Robert Gates indiquait que la norme du financement des dépenses militaires de l’Otan est de 2 % du produit intérieur brut (PIB) des pays-membres. Parmi les membres européens de l’Otan, seuls le Royaume-Uni, la France et la Grèce - ce pays « en faillite » - atteignent ce seuil.

Sondage au pays des Yankees Dans le cadre d’un étude un peu particulière, avec un échantillon représentative, de citoyens étasuniens ont pu observer le budget de la défense sous différent angles tout en se faisant présenter les différent arguments d’experts, parmi ceux qui sont en faveur d’une réduction ou contre. Trois quarts des personnes in-

terrogées se sont exprimées en faveur d’une réduction comme moyen de réduire le déficit , et parmi eux 2/3 des Républicains, et 9 Démocrates sur 10. Dans l’ensemble, ils se ont favorisé un budget de la défense pour 2013 avec des coupes moyennes de 18%. (12% pour les Républicains et 22% pour les Démocrates). Selon le directeur de l’institut de sondage PPC “ceci laisse à penser que les citoyens américains ont tendance à sous-estimer la taille de ce budget et lorsqu’ils reçoivent des informations équilibrées, ils sont plus enclins à le réduire afin de réduire le déficit”. • www.worldpublicopinion. org/pipa/articles/brunitedstatescanadara/716. php?nid=&id=&pnt=716&lb

Prix Goldman 2012 Evgenia Chirikova vient de se voir décerner le Prix Goldman, considéré comme le prix Nobel de

l'environnement. Motif : depuis l’an 2000, elle combat le projet autoroutier Moscou-Saint-Pétersbourg qui va couper la forêt de Khimiki, dont 2 500 hectares du parc protégé dans la banlieue nord de Moscou. C’est au cours de son enquête qu’elle découvre comment les proches du président Poutine sont impliqués dans le financement et que ce financement implique aussi une entreprise française : Vinci. Celle qui s’illustre sur de nombreux chantiers, y compris celui de Bure. Rejointe par d’autres militants, Chirikova réalise avec Greenpeace une étude d’impact et suggère 11 autres itinéraires qui préserveront la forêt. Voyant que les autorités ne veulent pas dialoguer, ni revoir leur copie, Chirikova a décidé de faire bouger l’écologie dans son pays. Comment ? En créant une formation politique « Nasha Niva » (Notre Terre).

à vos agendas • 30 juin et le 1er juillet : la base aérienne 702 d’Avord, fêtera ses 100 ans, lors d'un meeting. Aujourd'hui, la base accueille les quatre AWACS de l'armée de l'air, un pole sol-air national, et continue sa mission originelle de formation de pilotes de transport militaire. En effet, En 1918, l'école comptait 1.000 avions, 6.000 personnels, dispensait 6.000 heures de vols cheque mois, et délivra plus de 9.000 brevets de pilotes, ce qui en fit la plus importante école d'aviation du monde. Elle a dernièrement participé a aux opérations Harmattan au-dessus de la Libye. • 4 à 7 juillet – Lyon : Université d’été de la solidarité internationale • 8 juillet – Caen : 4ème édition des Randonnées de la Paix des sites du débarquement au Memorial de Caen • 8 au 11 juillet 2012 : Marche internationale pour la paix Nezuk et Potocari/Srebrenica. 7ème marche de 85 kilomètres, sur la trajectoire de la colonne des 14’000 hommes, contraints au soir du 11 juillet 1995 à partir de Srebrenica à cause de l’abandon par l’ONU de la défense de la « zone de sécurité » face à l’offensive des forces serbes. • 12 au 17 août 2012 : Collège-Lycée International Cévenol, Le Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire). Deuxièmes Journées d'été du Réseau École et Non-violence. 16

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• 4 au 7 juillet : prochaine édition de l’Université d’été de la solidarité internationale, Lyon. Le thème transversal de cette nouvelle édition est : Citoyen-ne-s et solidaires, réinventons le monde Après plusieurs mois de luttes démocratiques et populaires aux quatre coins de la planète et au lendemain du sommet de « Rio+20 », l’Université d’été de la solidarité internationale sera un temps fort pour mettre en perspective à un niveau global les expériences locales pour consolider une pensée qui participe à la construction de nouveaux projets de société. L’université d’été se déroule en partenariat avec les rencontres Dialogues en Humanité qui auront lieu du 6 au 8 juillet dans le Parc de la Tête d’Or. Ainsi certains temps d’échanges seront co-construits. Le Mouvement de la Paix y coordonnera un Module de formation avec ICAN Europe, le Bureau International de la Paix, l’Observatoire des armements, ATTAC, le MAN, le CNAPD de Belgique, Le Cadtm, ainsi que son partenaire invité « Le Mouvement Paix et développement » d’Algérie, sur le Thème : « Planète en danger, osons la culture de la paix pour réinventer le monde », Il se tiendra le Jeudi 5 toutes la journée et le vendredi matin 6 juillet. Contact : 01 44 72 89 67 • www.universite-si.org


On peut agir sur les causes des guerres et des violences… … surtout si on les connaît

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Portrait Léon-Gontran Damas

Poète de la négritude A l’occasion du centenaire de la naissance de LéonGontran Damas, Planète Paix commémore l’œuvre de ce poète, engagé au milieu des plus grands de ce siècle.

EN SAVOIR PLUS • Principales œuvres poétiques Pigments, préface de Robert Desnos et bois gravé de Frans Masereel - 1937 Graffiti - 1952 Névralgies - 1966 Black-Label – 1956. 18 18

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crivain, poète et homme politique français, Léon-Gontran Damas est né à Cayenne en Guyane, le 28 mars 1912. Cofondateur, dans les années 1940, du mouvement de la négritude avec Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor, son expression poétique et littéraire sont inlassablement empreintes de son engagement politique, afin que « le temps du mépris cède à celui de l’entente pour que l’amour enfin triomphe de la haine ». Dernier de cinq enfants, Léon-Gontran Damas est confié, à la mort de sa mère, à sa tante Gabrielle, « Man Gabi ». En 1924, il prend le chemin de la Martinique pour ses études secondaires au lycée Victor-Schœlcher de Fort-de-France où il rencontre Aimé Césaire qui deviendra son proche ami. En 1928, il arrive à Meaux et, en 1929, s’installe à Paris. Il suit des études de russe, de japonais, des cours de droit et rejoint l'Institut d'Ethnologie de Paris. Il fréquente alors le salon littéraire de Paulette Nardal où il fait la connaissance de Léopold Sédar Senghor. En 1935, il crée, avec ses amis, la revue littéraire L'Étudiant noir, fondatrice de la négritude, mouvement littéraire et idéologique d'intellectuels noirs francophones qui s’élève contre la domination occidentale. En 1937, il publie son premier livre de poésie, Pigments. Il siège de 1948 à 1951 à l'Assemblée nationale en tant que député de Guyane. Antimilitariste et antifasciste, il a de nombreux démêlés avec les nazis qu’il combat aux côtés, notamment, de Robert Desnos, Jean-Louis Baghio'O et Marguerite Duras... Dans les années d’après-guerre, il voyage et donne des conférences en Afrique, aux États-Unis, en Amérique Latine et aux Antilles. Rédacteur avec d’autres de Présence africaine, périodique d'études noires, il est également, de 1964 à 1969, délégué auprès de l'Unesco pour la Société Africaine de Culture.

Il s’intéresse de près au problème racial en Amérique et à la lutte pour les droits civiques de la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People). Il se lie d'amitié avec Countee Cullen, Langston Hughes et Richard Wright, chefs de file de la littérature de révolte afro-américaine. En 1970, Damas arrive à Washington DC, où il enseigne à Georgetown University, puis devient professeur à l'Université Howard. Il y décède, le 22 janvier 1978 et repose depuis en Guyane. Pour Léon-Gontran Damas, le racisme est un désastre dont toute la souffrance parcourt son œuvre. Il met en lumière les dominations du Blanc sur le Noir et toutes les frustrations et souffrances qu’elles engendrent pour le Noir dans la société blanche. Une pensée à rapprocher de celle de Franz Fanon, psychiatre et essayiste, pour qui la colonisation fait de l'homme colonisé un être « infantilisé, opprimé, rejeté, déshumanisé, acculturé, aliéné », propre à être pris en charge par l'autorité colonisatrice. Selon Daniel Maximin, « Damas [est] un des plus méconnus, un des plus grands poètes de ce siècle dans notre Tiers Monde et dans notre poésie caribéenne. Il est pour moi le poète de la sincérité absolue, de la mise à nu, avec lequel j'essaie de dialoguer. Le seul qui ait osé parler d'amour au milieu de la décolonisation... ». Léon-Gontran Damas laisse une œuvre littéraire que l’écrivain, poète et grand amateur de jazz, Robert Goffin, salue ainsi : « Ce qui m’émeut, c’est le battement de cœur de l’Afrique déracinée qui, au bout du carcan de la servitude, affine plus que jamais sa profonde vitalité créatrice ». A découvrir sans modération. Evelyne Aymard


MONDIALISER LA PAIX Commerce des armes

Les armes qui plombent la Grèce Quand on connaît la situation économique de la Grèce, et ses dépenses de surarmement, au Les importations d’armes de 2002 à 2011

S

’il y a un pays qui a bénéficié des montants exorbitants que la Grèce consacre à sa défense, c’est l’Allemagne » a déclaré récemment Dimitris Papadimoulis, un député de la coalition de la gauche radicale. Le marché grec représente 15% des exportations d’armes allemandes, son plus grand marché en Europe. La Grèce a payé plus de 2 milliards d’euros pour des sous-marins qui se sont avérés peu fiables et dont la Grèce n’a visiblement pas besoin. Cette affaire de sous-marins est en outre rattachée à un scandale de pots-de vin, de blanchiment d’argent, et un seul sous-marin a été livré. A l’heure de la crise pour ne pas dire la faillite, les Grecs sont priés de régler encore 1 milliard d’euros, soit trois fois le montant qu’Athènes est sommé (par l’UE) de tailler dans ses dépenses de retraites. Selon l’institut suédois SIPRI, la France se situe juste derrière l’Allemagne et près de 10% de ses exportations d’armements sont destinés à la Grèce. De 2002 à 2006, la Grèce figurait dans le peloton de tête des importateurs d’armes conventionnelles, au 4ème rang. Aujourd’hui, elle occupe la 10ème place. Depuis l’invasion de Chypre par la Turquie, la Grèce aurait dépensé près de 216 milliards en équipements militaires, mais cette somme est, selon les experts, inférieure à la réalité en raison du manque de transparence et des fonds spéciaux auxquels l’État a accès. La Grèce consacre 7 milliards d’euros à ses dépenses contre 10 milliards en 2009. Elle peut aujourd’hui aligner 1300 chars, soit deux fois plus que n’en possède le Royaume-Uni.

cours des vingt dernières années, impossible d’ignorer qu’une grande partie de l’argent grec a servi à honorer des contrats pour des systèmes d’armes en provenance d’Allemagne et de France.

D’où vient la dette ? Il n’y a visiblement aucun domaine qui a autant contribué à alourdir la dette. Si la Grèce avait réduit ses dépenses et rejoint durant la dernière décennie, les niveaux en vigueur dans d’autres États de l’U.E., les économistes ont calculé que la Grèce aurait économisé quelques 150 milliards d’euros ! Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Proportionnellement à son PNB, la Grèce dépense deux fois plus que les autres membres de l’UE. C’était pire auparavant. Pendant longtemps, Athènes a dépensé 7% de son PNB à son budget de la défense, au lieu de 2% ou 2,2% chez ses alliés. « Si l’on fait l’addition des montants mobilisés dans la défense grecque depuis 1946, soit une moyenne de 5% du PNB, il n’y aurait pas de dettes du tout ! » explique l’économiste Angelos Philippides. Que l’Union européenne garantisse aux Grecs des frontières sûres s’ils veulent qu’ils baissent leurs dépenses militaires ! Mais, en attendant, on peut se demander si les dirigeants européens les plus aisés ne spéculent pas sur ces États à la périphérie en pérennisant des frontières vulnérables… B.C. À partir d’articles du ‘Guardian’, Londres.

EN SAVOIR PLUS • http://www.guardian.co.uk/world/2012/ apr/19/greece-military-spending-debtcrisis/print N° 573 - Été 2012 - Planète PAIX

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MONDIALISER LA PAIX Armes, Thorium et santé

La Sardaigne empoisonnée

L

d'armes », dif-

a Sardaigne subit depuis longtemps le fait d'être occupée par des infrastructures des forces armées italiennes et de l'Otan. Une superficie de 35.000 hectares est louée à des occupants peu scrupuleux. L’île se distingue par le polygone de tir de Salto de Quirra- Perdasdefogu (en Sardaigne orientale) qui couvre 12.700 hectares. A cela s’ajoute le polygone Otan de 1.400 hectares pour les exercices aériens (capo Frasca), les aéroports militaires (Decimomannu) et de dépôts de carburant (dans le cœur de Cagliari, alimentés par une conduite qui traverse la ville). Une activité lucrative puisque l'Etat italien récupère ainsi jusqu'à 30 millions d'euros par an. Pendant les exercices militaires, la navigation et la pêche y son interdites sur une étendue marine de plus de 20.000 km2, une superficie quasi équivalente à celle de la Sardaigne toute entière.

fusé sur France 3

Le syndrome de Quirra.

Abraham Behar de l’Association des Médecins pour la prévention de la guerre nucléaire revient ici sur le documentaire « Dans les poubelles des marchands

en mai, dans le cadre de l’émission "Pièces à conviction".

En 2005, le photographe Stefano Artitzu fait le lien entre un agneau mort porteur de monstruosités physiques majeures et les tirs menés sur le polygone de Quirra, à proximité des moutons que les bergers laissent paître en pleine zone militaire. Les experts en radioprotection de l’’institut polytechnique de Turin font alors le constat d’une présence anormale d'uranium, en particulier une concentration importante d'uranium 234 par rapport à l'uranium 238, dans les os du crâne, dans les os du tibia, du radius et de l'humérus. Un procureur se saisit de l’affaire. Grâce à un appel à témoins, il découvre qu’une centaine de bergers sont morts. En poursuivant son enquête dans les cimetières, avec autopsies des bergers, ce n’est plus l’uranium appauvri qui est mis en évidence, mais le thorium, un autre élément radiotoxique.

Le missile Milan en accusation

EN SAVOIR PLUS • MDBA : http://fr.wikipedia.org/wiki/MBDA 20 20

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L’enquête du procureur mène à un système de guidage nocturne avec un marqueur visible en infrarouge; Il s'agit du thorium 232 qui, couplé à un cristal, émet ce signal par thermoluminescence. Ce système équipe le missile Milan, un missile commercialisé par la firme MDBA (filiale

d’EADS) à plus de 300.000 exemplaires pour une quarantaine de pays. D’ailleurs, dans cette région, environ 2000 missiles ‘Milan’ conçus par les Français et les Allemands ont été tirés de 1984 à 2000. Jusqu'en 1999, chaque missile Milan détenait 2,7 grammes de thorium soit 10989 Bq. Et, le thorium retrouvé dans les Missile Milan a la même composition que le thorium retrouvé dans les os de Bergers. Un des porte-paroles de MBDA explique que le thorium 232 a été enlevé du Milan. Dès 1999. Pourquoi ? Parce qu'il est radioactif pour éviter tout risque a expliqué l’expert G. Paret interrogé par les enquêteurs de l’émission sur France 3. En attendant, vingt personnes sont actuellement mises en cause par le procureur Fiordalisi. Parmi eux, un élu, 7 scientifiques et 12 militaires (anciens généraux, responsables du polygone) sont poursuivis. La découverte en Sardaigne d'une pollution au thorium 232 d'origine militaire nous interpelle, parce qu'il s'agit encore du prix payé par la population des excès militaires dans les champs de tir, de leur légèreté concernant leur devoir d'élimination de leurs déchets, et parfois de leur inconséquence en qui concerne la destruction des munitions usées présentes sur le terrain de leurs entraînements. Malgré les efforts des médias italiens et en particulier d’Il Manifesto, nous ne connaissons pas le devenir de la courageuse enquête du procureur. Celui-ci rencontre beaucoup d'embûches, comme des tentatives d'étouffements de l'affaire, des enquêtes pseudo scientifiques pour nier les faits et innocenter l'Otan ou/et l'armée italienne. Abraham Behar


MONDIALISER LA PAIX Solidarité avec le Bénin

Entreprendre au féminin L’association Segbeya a été créée à la demande des femmes de deux villages, dans le Mono, province de Bopa au Bénin. Elle aide les Béninoises à concrétiser leurs projets afin de leur permettre de mieux vivre et de donner une formation à leurs enfants. Dany Bosom, présidente de l’association en France en explique la démarche.

L

oin des routes bitum é e s , à l ’ é c a rt des pistes de terre rouge, des petits villages se cachent derrière leurs murs de terre rouge, au cœur de la brousse. Petits villages sans eau, en dehors des puits à ciel ouvert, sans électricité, à sept kilomètres au moins du dispensaire, à quelques kilomètres d’un gros village où se tient le marché. Villages pauvres où ne circule que très peu d’argent. Maïs, manioc, arachide, palmiers à huile constituent la base de la nourriture. Oranges, citrons, tomates, ananas ne se consomment pas mais sont vendus, ainsi que les œufs, les poulets. Chaque femme ne possède que très peu de denrées à vendre et confectionne des beignets, ou autres, qu’elle tente de vendre le long des pistes. Le peu de francs CFA que chacune gagne ainsi ne suffit pas à acheter l’essentiel : médicaments, matériel scolaire et uniforme pour les enfants, et tout ce que personne ne peut fabriquer. Aussi personne ne s’étonnera de voir les familles envoyer leurs enfants à Cotonou, chez un membre de la famille ou chez de vagues connaissances afin qu’ils suivent une formation, couture, mécanique, boulangerie… Les jeunes désertent les villages et sont, le plus souvent, exploités en ville, les villages s’appauvrissent. Devant ce constat les femmes ont décidé de s’unir pour lutter ensemble contre cette pauvreté qui ne leur permet ni de nourrir, ni de soigner correctement leur famille et qui les prive de leurs enfants. Elles demandent alors aux membres de l’association Segbeya de les aider. Elles se

connaissent depuis quelques années. Le principe de l’association Segbeya et de ses membres est de travailler en partenariat avec les femmes, de ne pas imposer, mais d’attendre qu’un projet, même embryonnaire, vienne d’elles-mêmes. Ainsi est-on sûr que ces projets correspondent à leur désir, leur besoin, à ce qu’elles se sentent capables de faire ensemble, car c’est ensemble qu’elles auront l’auront élaboré. Dans l’un des villages, les femmes, entraînées par l’une d’entre elles, ont décidé de faire ensemble du gari (transformation du manioc).

Pourquoi ensemble ? Parce qu’ensemble, elles présentent un projet plus crédible, commun et construit qui leur permettra d’obtenir un soutien qui les aidera à lutter contre la pauvreté du village dans son ensemble. Elles mettront en commun leurs productions de manioc pour que la quantité de gari soit suffisante et que l’une d’entre elles puisse aller le vendre sur

les marchés de Cotonou situé à une centaine de kilomètres. Ces femmes ont présenté leur projet qui a été discuté, amélioré, budgété en commun. L’association s’est engagée à prêter la somme nécessaire à l’achat du matériel indispensable à la mise en place de la fabrication en gros du gari. Cette somme sera remboursée à partir de la deuxième année ou troisième année en fonction du succès du projet et les bénéfices réalisés seront distribués sur plusieurs postes : la santé, l’école, l’achat de matériel supplémentaire, une réserve pour d’autres projets, et une somme identique pour chaque femme. Au bout de trois ans cette association de femmes a pu faire construire une classe et financer un enseignant communautaire. Tous les groupements de femmes ne remportent pas aussi rapidement le même succès. Certains villages sont situés dans des zones parfois inondables et se trouvent confrontés à la destruction de leur champ. Le plus important cependant est de travailler en réel partenariat et toujours tenir compte du désir et des projets de ces femmes dont le premier objectif est de scolariser leurs enfants et de faire en sorte que ceux-ci ne soient pas obligés de fuir le village. Dany Bosom

EN SAVOIR PLUS • Association Segbeya • dany.bosom@laposte.net • www.lvn.asso.fr/ N° 573 - Été 2012 - Planète PAIX

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CULTURE Exposition

Histoires interactives Le cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie donne lieu à diverses initiatives dont cette exposition collective, assez inhabituelle, de 11 artistes multiculturels qui se mobilisent pour rendre hommage à la fin de la guerre d’Algérie.

L

’exposition « Histoires Interactives » est une de ces initiatives qui tentent de panser les plaies d’une guerre sans reconnaissance et sans traité de paix*. Répondant à l’appel lancé par Christine Pastor avec l’aide de Mireille Weinland, les artistes, issus pour la plus part des Ateliers de Ménilmontant et de Belleville, se sont nourris de l’interaction de l’écriture et de l’Histoire, de témoignages. Ils exposent des œuvres imprégnées d’indépendance, en poussant l’aventure de la réconciliation jusqu’à créer ensemble. Ces organisateurs la qualifie de «parcours artistique sensible et singulier où l’accent sera mis sur l’écoute et l’accueil de l’autre, de ses mots et de l’Histoire ; fait de ressentis, de mémoires où se mêleront sons, images, couleurs, matières, et bien sûr des textes, évoquant et célébrant l’indépendance. ». Les textes exposés sont les points d’ancrage de la production de peintures et installations, dans une exposition en deux temps intitulés « Œuvres en Duo » et « Œuvres en Echo ». Comme l’écrit l’historien Benjamin Stora, acteur de l’exposition, « Ici les artistes sont ensemble et dans la paix, animés d’une volonté puissante et sincère de transformer le champ de bataille en champ de création, la vengeance en courtoisie, la honte en profonde désir de sortir du silence et s’autoriser des rencontres humaines. Pas de nostalgie, l’Algérie fait partie de la terre et nous tous aussi ! Eux ne l’oublient pas. » GDS

Peinture en duo « Rencontres courtoises »

• Exposition collective au Centre culturel Algérien, 171 rue de la Croix Nivert 75015 Paris, « Histoires interactives » du 6 Juin au 13 Juillet. • « Œuvres en duo » du 6 au 23 Juin, • « Œuvres en Echo » du 27 Juin au 13 Juillet.

Mireille Weinland et Abdelkader

Christine Pastor et Zouhir Boudjema

* Un appel pour un « Traité de Paix et d’Amitié a été initié par le Mouvement de la Paix français et le réseau Paix et Développement algérien, relayé dans le Planète paix n°570 (mars 2012, p 23), et en une du journal El Wattan daté du 19/03/2012. Pour signer la pétition : www.mvtpaix.org/petitions/petitions.php

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EN SAVOIR PLUS • www.ateliersdemenilmontant.org • www.ateliers-artistes-belleville.org • www.cca-paris.com

Je suis la boite aux lettres Je suis la boîte aux lettres de Monsieur Khelifa Je ne reçois jamais de courrier d’Algérie Au nom de l’indépendance et non pas du silence Au nom d’une résonance, d’un parcours, d’une errance Deux voisins qui se croisent par-delà les frontières L’errance fait du silence La frontière comme pierre, fait taire le voisinage qui regarde en arrière Et cherche un casse-pierre pour ouvrir le chemin Je suis la boîte aux lettres de monsieur Khelifa Je l’attends de retour de son Alger natal Pardon, pour toutes les pierres qui cassèrent en chemin Les prières des défunts partis pour presque rien Avec souvent la faim d’écrire le silence Je suis la boîte aux lettres de monsieur Khelifa Saïd est son nom, Lamria sa femme et Boubeker, le fils resté en France trois destins et le mien et le mien La boîte de prière n’est pas boîte de pierre Elle s'ouvre tout en silence devant certains chemins La lettre de naguère n'arrivera jamais, Mais la lettre des voisins...? Texte en duo de Fontaine de la Mare et Christine Pastor


CULTURE Festival d’Avignon

La paix déménage Le Mouvement de la Paix des Bouches du Rhône a financé l’écriture d’un scénario sur la résolution d’un conflit intitulé la Paix déménage*. L’objectif de cette pièce de théâtre est de sensibiliser un public plus large à la culture de paix, de débattre sur la transformation des conflits en possibles communs, de susciter l’engagement citoyen à la paix. * Mise en scène originale de François Desmero. Comédiens : Isabelle Desmero et Guillaume Péquin

EN SAVOIR PLUS • Du 24 au 27 juillet au théâtre de la Rotonde rue Jean Catelas, 84000 Avignon. 06 88 43 79 93

P

résentation Que de chemin encore à parcourir pour envisager une Paix durable entre les peuples, entre les Hommes !

N’est-ce pas un paradoxe que de devoir lutter toujours et partout, pied à pied avec les belliqueux ? Les actualités nous montrent en continu les images des guerres d’ici et de là. Même dans les États en Paix, les tribunaux ne désemplissent pas, tant il faut d’énergie pour démêler les conflits, petits et gros. Nous ne parvenons pas à nous entendre. On s’énerve, on se dispute, qui au volant de sa voiture, qui pour une place dans une file d’attente, qui pour un bout de terre, qui pour un divorce, qui pour un enfant…

Alors, la question qui reste en suspens demeure : le conflit est-il dans la nature humaine ? Subir est-il le destin de la grande majorité des Hommes ? Soumettre, celui d’une poignée de despotes totalitaires ou d’autres soi-disant démocrates ? Que voulons-nous, de l’argent, du pouvoir ? Soumettre l’autre, avoir raison ? L’installation de la Paix relève-t-elle de l’utopie pure et simple, d’un idéal inaccessible ? L’état de guerre totale est-il la seule voie, celle qui nous conduira à notre fin ? Est-ce là notre ambition, l’ambition de l’être humain ?

Que de chemin à faire ! Par quel bout commencer ? C’est pour apporter des débuts de réponses à toutes ces questions que la création, sous forme théâtrale, est proposée. Un écrivain, un metteur en scène, un musicien, un comédien et une comédienne-chanteuse, voilà ce que seront les composantes du spectacle. Un spectacle qui se poursuivra par une discussion ouverte entre les artistes et l’assistance.

Impliquée dans une démarche militante au sens de l'engagement citoyen, l'association Mots à Mâcher est membre de l'Agenda 21 de la culture. Son mode d'action consiste en la production et la représentation de spectacles vivants, véritables outils de sensibilisation thématique. Son équipe est composée d'acteurs culturels complémentaires qui ont décidé de s'engager ensemble dans une démarche altruiste, volontaire et tournée vers l’humain.

Un Autre Monde, une autre vie pour les enfants de demain est une association loi 1901 à but non lucratif qui regroupe des artistes et bénévoles de tous bords et de toutes générations, soucieux du devenir de la jeunesse et prêts à s'investir ; le geste qui aide, la main tendue, l'oreille qui écoute, des actes concrets pour des résultats concrets, les petits rien qui font de grands tout. Notre orientation : participer et contribuer humblement à ce vaste projet qui serait d'offrir aux enfants de demain une belle planète et un monde apaisé, protégés des destructions humaines, préservés de la violence et des conflits, projetés dans un avenir de Paix, de travail pour tous et d'entraide solidaire. Notre mode d'action : placer l'art et la culture au centre de notre dispositif, partir des autres, évoluer vers eux, donner du sens, susciter la créativité, éveiller l'imaginaire. C'est dans cette dynamique que nous avons co-réalisé la pièce de théâtre La Paix déménage ! avec la compagnie Mots à mâcher d'Aubagne, et le grand soutien du Mouvement de la Paix des Bouches du Rhône et du CE des Cheminots PACA. Guillaume Péquin N° 573 - Été 2012 - Planète PAIX

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