Planète Paix n°577

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Retrouvez votre catalogue Cadeaux de paix 2013

L’info pacifiste : www.mvtpaix.org La paix en mouvement

3,20 euros / N° 577 / Décembre 2012

Ils ont renoncé à l'arme atomique

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Kurdistan

Dossier : Les zones exemptes d’armes nucléaires (P.11-16)


REGARD SUR...

Urgences Gaza, rassemblement place de l'Opéra, Paris. 17 novembre 2012 L'école Joliot Curie à Ivry (94) célèbre le 21 septembre Débat sur le Mali organisé par le comité du Mouvement de la Paix des 12-13-14 arrdts de Paris, dans le cadre de la Semaine de la Solidarité Internationale. Novembre 2012

Assemblée générale du comité du collectif local de l'Appel des Cent pour la paix de Tournon-Tain (07), le 15 novembre 2012

Le club de la solidarité. Lycée Esclangon (04). 17 novembre 2012

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N° 577 - Décembre 2012 - Planète PAIX


Sommaire

l’Édito

Planète Paix n° 577 - Décembre 2012

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Actualité

Kurdistan

P.6

Un soupçon d’espoir… Palestine/Israël

P.7

Quel avenir pour les civils ? La réélection d'Obama

P.8

Une joie mi-figue mi-raisin Révélation

P.9

Pour que vive la Conférence d’Helsinki

P

Des essais nucléaires envisagés dans les Alpes

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dossier

les Zones exemptes d'armes nucléaires Zean P.12

Pour une sécurité mondiale traité de Pelindaba

P.13

Pourquoi l’Afrique doit s’engager Moyen-Orient

P.14

Vers un désarmement nucléaire ? La conférence d'Helsinki

P.15

Une ZEAN est-elle encore possible ?

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mondialiser la paix

Les Indiens guaranì

P.18

Citoyens comme les autres Proche-Orient

P.19

La voix française de Gaza La Fondation Sommet Mondial des Femmes P.20

Les enfants d’abord

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la France pour

Histoire P.21

Un massacre oublié

Conférence,

Thêâtre

P.22

devient une ur-

P.23

gence politique

Quand culture rime avec paix Scènes de femmes

Mensuel édité par le mouvement de la paix

9, rue Dulcie September, 93400 Saint-Ouen Tél.  01 40 12 09 12 Fax : 01 40 11 57 87 planete.paix@mvtpaix.org

la tenue et la réussite de cette

culture

Théâtre

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l’engagement de

La Campagne de Russie

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Pierre Villard, directeur de publication de Planète Paix

majeure.

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Directeur de publication : Pierre Villard Secrétaire de rédaction : Nadia Dorny-Bennad Conception maquette : Chérif Beldjoudi Graphiste - maquettiste : Laurence Leclert.  Comité de rédaction : Raoul Alonso, évelyne Aymard, Nicole Bouexel, Grégoire Desclaux, Nadia Dorny-Bennad, Annie Frison, Pierre Villard, Jean-Paul Vienne. Photos et illustrations : Tous droits réservés. Onu Ont participé à ce numéro : Pierre Villard, Yves-Jean Gallas, Jeannick Leprêtre, Kevin Martin, Nadia Dorny-Bennad, Arielle Denis, Dominique Lalanne, Jaakko Laajava, Grégoire Desclaux, Fanny Toutou-Mpondo, Jean-Paul Vienne. Gestion des abonnements : Nassera Macrez, tél.  01 40 12 09 12. ISSN 1773-19241. Numéro de commission paritaire : 0317G85601 Imprimeur : Compédit Beauregard - 61600 La Ferté-Macé

armi les parlementaires qui ont répondu à la Lettre pétition initiée par le Mouvement de la Paix, à l’occasion du vote du budget 2013 de la Défense, nombreux s’accrochent encore au mirage désuet de la sacro-sainte dissuasion, pour continuer à justifier les sommes colossales englouties dans la modernisation des arsenaux atomiques. N’ont-ils donc rien appris de l’Histoire ? Sont-ils à ce point sous informés qu’ils semblent ignorer l’existence des États qui ont renoncé à la possession de l’arme suprême ? Pourtant, depuis l’entrée en vigueur du TNP, en 1970, il y a davantage d’États qui ont renoncé à maintenir ou acquérir l’arme atomique que d’États qui s’en sont dotés. C’est un fait indéniable. Cette réalité concrète, méconnue des politiques et des médias, s’est construite dans le cadre de traités multilatéraux, où des pays ont préféré construire des processus de sécurité commune par le renoncement au recours à l’apocalypse. Une démarche politique aux antipodes du discours dominant qui voudrait faire de la modernisation atomique à outrance une évidence autant scientifique qu’intellectuelle. Cette démarche est d’une stupidité consternante. Planète Paix fait donc ce mois-ci œuvre d’éducation populaire en consacrant son dossier à ces zones exemptes d’armes nucléaires. Au nombre de six, elles concernent 60% des États de la planète, et couvrent déjà tout l’hémisphère Sud. Décembre 2012 aurait pu être le mois de l’avènement d’un processus pour une septième zone au Moyen-Orient. Dans les cartons depuis 1995, elle a fait l’objet d’un engagement ferme des États parties au TNP en 2010. Si 2012 semble compromis, rien n’oblige à l’abandon définitif de la Conférence prévue à Helsinki. Face aux doutes qui habitent parfois les consciences sur la capacité des êtres humains à bannir l’apocalypse de leurs imaginaires, exiger l’engagement de la France pour la tenue et la réussite de cette Conférence, devient une urgence politique majeure.

Bon d’abonnement à Planète Paix page 17 N° 577 - Décembre 2012 - Planète PAIX

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Courrier des lecteurs

 Actions humanitaires ? La paix est un combat se disait-il il n'y a pas si longtemps. La confusion de combats « humanitaires » et de positionnements politiques pour une défense conséquente de la paix m'inquiète en tant que militante de plusieurs des associations qui ont appelé, avec d'autres, à la création d'un « collectif Syrie » sur une base partielle, partiale comme si l'émotion devait primer sur la compréhension des enjeux de cette guerre qui n'est pas que civile. A qui voulons-nous donner un feu vert d'intervention ? Qui souhaite répéter à quelques variantes près l'intervention « légitimée » en Libye ? Et comment se porteront alors les droits de l'homme ? En fait d'action humanitaire, le Secours populaire, le Secours catholique, le Croissant rouge et sans doute d'autres, devraient être nos interlocuteurs : ils sont porteurs d'expérience et leurs actions passées au Proche-Orient leur donnent une légitimité que le gouvernement et l'État Français me semblent avoir perdue. Pour mémoire, et à l'appui de ce qui précède, n'oublions pas l'acharnement du gouvernement (d'avant le 6 mai 2012 mais en ce domaine, le changement se fait aussi attendre !) pour maintenir G.I. Abdallah en prison, bafouant les décisions de la justice de notre pays concernant sa libération conditionnelle dès 1999, occultant les assassinats politiques commis sur notre sol et non élucidés par les forces 4

N° 577 - Décembre 2012 - Planète PAIX

Opinions, Suggestions, Observations ! Envoyez-nous vos messages pour qu’ils soient diffusés dans le journal et sur le site Internet du Mouvement www.mvtpaix.org. écrire à : Mouvement de la Paix 9 rue, Dulcie September, 93400 Saint-Ouen. Courriel : planete.paix@mvtpaix.org Les réflexions suivantes sont destinées au débat et n’engagent donc que leurs auteurs.

de l'État français, au moins 9 de 1965 (Ben Barka) à 1988 (Dulcie September), dont au moins 5 conclus par un non-lieu. Cela devrait servir nos analyses et nos mises en garde à ceux qui, sur le terrain, vont peut-être payer de leur vie la confiance qu'ils accordent à l'appel fait au chef des armées françaises otanisées. Il me semble que toute position erronée, peut être corrigée, et j'espère que les organisations signataires auront le courage de mettre fin à cette confusion entre humanitaire et défense de la paix. Meilleures salutations militantes

Catalogue du Mouvement de la Paix

P. L.M Syrie : interventions étrangères Dans le numéro d'octobre il y a un article sur la situation en Syrie. Il finit par cet appel : « faites cesser les interventions étrangères existantes aujourd'hui en Syrie : celle des Russes, des Iraniens, des Saoudiens, des Qataris ». Bravo ! On pourrait ajouter dans la tradition du Mouvement de la Paix, « cessez le feu immédiat sans conditions ». Par contre quand je suis allé au site de Souria Houria, il n'est question que d'intervention russe. Pas un mot sur les Saoudiens et Qataris. Leur « vérité partielle » devient ainsi partiale. Il serait prudent pour les rédacteurs d'être attentifs aux renvois et aux relations affichées. Bien cordialement. H. P.B. Planète Paix Je voulais vous dire que Planète Paix arrive dans nos boites à lettres de plus en plus tôt (c’est super !) et surtout qu'il s'améliore de mois en mois, bravo à toute l'équipe de Planète Paix. A.Z.

La problématique de la prochaine conférence de l'Université populaire de la culture de la paix et de la non-violence sera "Peut-on faire la guerre au nom des droits de l'homme ?". Séance avec des témoignages "vus, vécus de l'intérieur", notamment avec un éclairage particulier sur le Mali et la Syrie. Avec Nils Anderson, sociologue, journaliste et membre du conseil scientifique d’ATTAC Le 10 décembre 2012 A la médiathèque de la Ville de Bagnolet de 19 h à 21 h. Adresse : 1 rue Marceau - Métro ligne 3 - station Galliéni


REPÈRES ... Livre

Livre

L’Or noir du Nigeria Pillages, ravages écologiques et résistances

Le Refus D’Alban Liechti, Éd. Le Temps des Cerises.

De Xavier Montanyà Traduit du catalan par Raphaël Monnard Éd. Agone Survie

En juin 1956, le soldat Alban Liechti fait signer par trente et un de ses camarades appelés en Algérie une lettre au président Guy Mollet. Elle lui rappelle ses propos de « parvenir dans les plus brefs délais au cessezle-feu » dans une guerre qu’il avait qualifiée « d’imbécile et sans issue ». Alban Liechti a été le premier appelé à refuser de faire la guerre en Algérie. « Alban Liechti a refusé de porter les armes contre des hommes et contre des Algériens. Julien Lauprêtre, président de l’association Le Secours populaire français qui a signé la préface, relève que « Sous l’uniforme, Alban Liechti ne refusait pas de défendre son pays, mais il ne s’agissait pas de cela ; il ne voulait pas combattre en Algérie ». « Tout n’a pas été dit sur la Guerre d’Algérie, mais nous ne regrettons rien. Nous avons été du côté des gens de cœur, plutôt que de celui des tortionnaires et auteurs de multiples crimes et sévices », ajoute Julien Lauprêtre. Un témoignage poignant sur le refus de la guerre d’Algérie. Une nouvelle pierre à l’édifice de l’Histoire franco-algérienne.

Les chiffres...

27 millions de réfugiés dans le monde. Entre 75 et 80% sont des femmes et des enfants. IMAGE DU MOIS

Dans la riche zone pétrolière du delta du Niger, Shell et Total opèrent en dehors de tout respect des droits humains. Après cinquante ans d’exploitation sauvage et de marées noires, l’air, les sols et les cours d’eau sont empoisonnés, le torchage des gaz, officiellement interdit, engendre des pluies acides et représente une part importante du total mondial des émissions de CO2. Les nombreuses résistances, pacifiques ou armées, des populations locales privées de leurs terres et de leurs moyens de subsistance se heurtent à une sanglante répression menée par les compagnies pétrolières et l’armée nigériane. Le Nigeria, premier partenaire commercial de la France en Afrique subsaharienne, est un cas extrême mais exemplaire pour saisir l’ampleur du désastre engendré par l’extraction intensive des ressources naturelles dans les pays africains, et identifier ses causes, ses acteurs et ses enjeux. Pour l’écrivain nigérian Wole Soyinka « Le monde doit comprendre que le combustible qui fait fonctionner ses industries est le sang de notre peuple. » Xavier Montanyà retrace dans ce livre l’histoire et l’actualité du pillage, de la corruption et des luttes des habitants pour l’autodétermination et la sauvegarde de leur environnement.

Gaza : maison d'une famille palestinienne détruite par la chute d'un missile, dans le quartier Nasser à Gaza. 10 morts, dont 4 enfants.

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ACTUALITÉ Kurdistan

Un soupçon d’espoir…

A

ctuellement 10 000 prisonniers politiques kurdes croupissent dans les prisons turques. Parmi eux, 2000 enfants, des maires, des élus municipaux et régionaux, des journalistes, des avocats, en particulier parmi ceux qui défendent Abdullah Öçalan, président du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan). Celui-ci est le seul occupant d’une prison isolée dans une île de la mer de Marmara, ses contacts avec sa famille et ses avocats étant très limités. Il est incarcéré depuis presque 14 ans. Le 18 novembre s’est terminée la grève de la faim de ces prisonniers, 64 d’entre eux étant arrivés à 68 jours de jeûne, 76 à 58 jours, c’est-à-dire au-delà de la limite des dégâts physiologiques irrémédiables. Abdullah Öçalan a proposé de ne pas prolonger ce calvaire car les objectifs assignés avaient été majoritairement atteints : de fait, le seul point acquis est que les prisonniers pourront se défendre au tribunal devant leurs juges dans leur propre langue le kurde. C’est à la fois peu et beaucoup. C’est une avancée considérable car pour la première fois le pouvoir turc, le président islamo-conservateur Erdogan, recule. Déjà on pouvait penser qu’il était sur la défensive en emprisonnant des élus du peuple, des journalistes ou des avocats, représentant les uns et les autres des acquis de la démocratie, on pouvait espérer que le rapport de forces en faveur des Kurdes était en train de bouger. Mais ces avancées restent fragiles et il importe que

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Manifestation de Kurdes à Strasbourg

Des prisonniers

permettre la reprise

nos concitoyens soient informés très largement sur la situation des Kurdes de Turquie (15 millions, soit 24% de la population). Les Kurdes irakiens ont déjà acquis une autonomie importante et les Kurdes syriens sont en train d’élaborer les moyens de se prendre davantage en charge. Le gouvernement français, qui a suivi jusqu’à maintenant les directives turques concernant la diaspora kurde en France en emprisonnant notamment des militants ou de simples citoyens kurdes pour les relâcher au bout de quelques jours, faute de raisons pour les garder, doit maintenant enfin contribuer à trouver une solution démocratique à une question en panne depuis près d’un siècle. Et il y a urgence parce que les Kurdes ont tout à craindre d’une escalade en Syrie ou au MoyenOrient. Au même titre que le conflit israélo-palestinien, la non-résolution de la question kurde est un grave obstacle à la paix dans cette région et dans le monde. L’exigence est donc de libérer tous les prisonniers politiques, au premier rang d’entre eux leur Président Abdullah Öçalan, pour enfin aller vers un processus de Paix.

du dialogue dans la

Yves-Jean Gallas

politiques kurdes ont mis fin à une grève de la faim de 68 jours. Leurs revendications : le droit de pouvoir se défendre et suivre un enseignement dans la langue maternelle et la fin de l'isolement imposé à Abdullah Öçalan pour

voie de la résolution de la question kurde.

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ACTUALITÉ Palestine/Israël

Quel espoir pour les civils ?

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Quel avenir pour la paix au Proche-Orient l'actualité de ces trois dernières semaines laisse t-elle ? L'OLP a saisi l’Assemblée générale de l’Onu afin que la Palestine passe du statut d'observateur à celui d'Etat non-membre des Nations unies. Un espoir d’ouverture sur le chemin de la paix ?

D

e p u i s 2 0 0 8 et l’opération plomb durci où, nous nous étions élevés nombreux pour dire « plus jamais ça », quatre ans se sont écoulés. Une trêve, le temps d’un mandat ? Non, une sourde oppression au rythme d’une colonisation soutenue et d’un blocus privant la population gazaoui de ses droits fondamentaux. Plus de bombes au phosphore, certes, mais pas non plus de justice et donc pas de construction sérieuse d’une paix juste et durable. Pourquoi le gouvernement israélien bénéficie-t-il de tant d’impunité ? Pourquoi, alors que le droit international est bafoué, la France, l’Europe, les USA sont-ils aussi cléments envers le gouvernement d’Israël ? Pourquoi, loin des discours sur les Droits de l’homme, seuls des accords économiques sont conclus entre l’Europe et Israël ? Celui-ci est le premier partenaire économique de l’Europe ; qu’importent les spoliations, les souffrances d’un peuple qui massivement aspire à la paix. Rien ne peut justifier les roquettes du Hamas ou du Jihad islamique. Il est aisé, sans pour autant cautionner, de décrypter les mécanismes de l’escalade de la violence : injustice et agressivité des uns, passivité et indulgence des autres, génèrent colère, frustration et violence pour une minorité de palestiniens. En effet, la majorité, elle, tout comme une partie de la population israélienne, s’obstine à croire à la voie de la non-violence, du pacifisme. Alors, ces forces-là, soutenons-les ! S’abstenir serait signe de désaveu. Le risque d’un nouvel embrasement au Proche-Orient est réel, alors que l’échiquier

Gaza sous les bombardements israéliens

géopolitique se recompose dans cette région. Laisser l’État d’Israël, détenteur de l’arme nucléaire, se comporter comme un État au-dessus des lois est dangereux. Abandonner les forces pacifistes est irresponsable et ouvre la voie à tous les extrémismes. La France ne doit pas renier ses positions historiques, locomotive de l’Europe, elle doit exiger le retrait des troupes et l’arrêt définitif des hostilités. La levée du blocus de Gaza et le respect des Droits de l’homme doivent être un préalable à l’application d’accords économiques. Enfin, elle doit vo-

ter en faveur de la reconnaissance de l’État de Palestine à l’Onu, pour que la Déclaration universelle des droits de l’homme s’applique aussi aux Palestiniens. Ne connaissant pas le résultat du vote de cette résolution, on ne peut qu’espérer qu’un pas déterminant sur la voie de la Paix soit enfin franchi. Jeannick Leprêtre

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ACTUALITÉ Réélection d'Obama

Une joie mi-figue mi-raisin

Manifestation de Peace Action aux États-Unis

O

bama a énormément déçu sur la plupart des questions de paix (à présent les militants sont furieux à cause des morts de civils causées par les drones en Afghanistan, au Pakistan et dans d’autres pays). Mais Mitt Romney, président, cela aurait été terrible. Que faut-il attendre de ce second mandat ? Vraisemblablement, les mêmes politiques. Tous ceux qui s’attendent à ce qu’Obama s’engage plus résolument pour la paix vont être cruellement déçus. Cependant, un mouvement rassemblant des gens très divers se développe. Il associe les besoins humains et environnementaux à la demande expresse de mettre fin à nos guerres et de libérer les ressources énormes qu’elles consomment. Ceci, combiné avec la pression des difficultés budgétaires (qui devrait imposer de modestes réductions dans le budget gargantuesque du Pentagone) pourrait aboutir à restreindre sérieusement les éventuelles décisions militaristes comme une attaquer l’Iran, « moderniser » l’industrie d’armes nucléaires des États-Unis (coût plus de $200 milliards), maintenir une force permanente de 25.000 soldats US en Afghanistan après 2014, ainsi qu’un « pivot » militaire absurde dans la région Asie-Pacifique visant à isoler la Russie et spécialement la Chine. Mouvement pacifiste, nous avons besoin de pouvoir penser et agir selon une perspective à court et à long terme. Dans l’immédiat, si nous terminons rapidement la guerre en Afghanistan, et ne prévoyons pas d’y assurer une présence à long-terme de troupes US/Otan, si nous cessons les frappes de

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N° 577 - Décembre 2012 - Planète PAIX

Soulagement plutôt qu’exultation, c’est l’émotion que la plupart des militants de la paix aux États-Unis ont éprouvé quand le Président Obama a été réélu. Quid de son second mandat ? Kevin

drones, si nous évitons une guerre contre l’Iran, nous encourageons l’établissement d’une Zone sans Armes de Destruction Massive au Moyen Orient, tout en exigeant des réductions sérieuses de budget du Pentagone , et nous préconisons un progrès dans le désarmement nucléaire (en mettant sur pied de nouvelles campagnes de boycott en suivant l’excellent rapport d’ICAN « Ne comptez pas sur la bombe »), nous aurons consommé presque toute notre énergie. De même, les pacifistes vont s’allier à ceux qui agissent pour sauver les programmes sociaux et à démêler le chaos qui règne à propos du climat. Ils vont être solidaires de leurs efforts. A plus long-terme, selon l’analyse faite par Johann Galtung, avec un peu de chance, les États-Unis se dirigent vers « le Déclin de l’Empire des États-Unis et l’Épanouissement de la République des États-Unis. » Nous avons besoin de comprendre et d’accélérer ce processus autant que possible. Une opportunité s’offre à nous de s’opposer au projet outrancier du « Pivot Asie-Pacifique » (du complexe militaro- industriel (concocté sans consulter le peuple américain sur ce projet et son financement). Nous avons l’opportunité d’être solidaire avec les populations d’Okinawa, Jeju Island, Guam, Hawaii et autres nations de cette région, et de s’opposer à l’expansion de l’influence militaire des États-Unis et de rechercher des relations pacifiques avec la Chine et toute la région. Les espoirs que de nombreux individus dans le monde entier ont investi dans Obama (qu’il ne méritait pas et, pour être franc, qu’il n’a jamais demandés), ne sont pas la question. Il s’agit du pouvoir implacable de la machine de guerre des États-Unis, et comment nous, les populations de ce pays et du monde entier, pouvons travailler ensemble pour exiger et créer des politiques plus pacifiques et plus justes.

Martin, directeur de l’organisation

Kevin Martin

Peace Action aux États-Unis explique les attentes des pacifistes.

EN SAVOIR PLUS • www.peace-action.org


ACTUALITÉ Révélation

Des essais nucléaires envisagés dans les Alpes Aussi surprenant que cela puisse paraître, le gouvernement français a envisagé dans les années 50 de faire des essais nucléaires dans les Alpes du Sud. Une révélation publiée par le Dauphiné Libéré suite aux travaux de l’historien Jean-Marc Régnault.

D

ans le numéro 564 de Planète-Paix, Ben Cramer revenait sur un épisode peu connu de l’histoire atomique de la France, celui du printemps 1960 où les Corses découvraient avec stupeur les projets du gouvernement Debré de faire des essais nucléaires au cœur de l’Ile de Beauté. La mobilisation insulaire des citoyens et des élus a eu raison de la folie gouvernementale. A la même période, d’autres études sont menées sur le continent, au cœur des Alpes. C’est ce que révèle aujourd’hui Lionel Arce-Menso, journaliste à l’agence haut-alpine du quotidien régional Le Dauphiné Libéré. « Cette démarche effectuée dans le plus grand secret est apparue au grand jour grâce aux travaux de l’historien Jean-Marc Ré- Le torrent du Fournel gnault, spécialiste de l’histoire des d’isolement et de dénivelé suffisant pour essais nucléaires et universitaire reconnu » envisager des essais en galerie souterraine » note le journaliste. Rappelant le contexte écrit Lionel Arce-Menso. Jean-Marc Régnault de l’époque où la France cherche, dès les note pour sa part « C’est curieux, parce qu’il années 50, à se doter de l’arme atomique, le apparait que la solution Corse n’a jamais été quotidien indique que « les évènements d’Alétudiée très profondément, alors que celle des gérie conduisent le gouvernement à étudier Alpes a donné lieu à des études, très sérieuses d’autres sites que celui de Reggane retenu et très poussées. Et là aucune information n’a dans le désert ». Bien que la Polynésie soit transpirée ». Jusqu’à ce jour. déjà envisagée, des études sont menées sur Qu’en serait-il aujourd’hui du Parc des des sites en métropole. Jean-Marc Régnault Ecrins et du Parc du Mercantour, si les fuexplique que « Le Général Ailleret (…) pense nestes projets des gouvernements Gaillard, que l’on (La France NDLR) va perdre l’AlgéPflimlin et Debré, avaient abouti à considérie. Aussi, dès 1958, l’armée cherche d’autres rer comme fiables et exploitables les études solutions ». « Le rapport Thiry mentionne géologiques menées sous la responsabilité huit sites qui représentent les caractéristiques

du Colonel Thiry ? Celui-ci « Dans son rapport, ce dernier souligne le risque d’opposition des populations locales, alors que le tourisme commence à se développer, relate JeanMarc Régnault ». Revenant dans le détail sur les raisons qui ont amenées le gouvernement à abandonner un à un les sites des Hautes-Alpes et des Alpes de Haute-Provence, le Dauphiné Libéré titre ce 28 octobre « Essais nucléaires : on l’a échappé belle ». Enthousiasme que conteste dans un communiqué le Comité départemental des Hautes-Alpes du Mouvement de la Paix, indiquant : « Le danger est loin d'être écarté, car cette affirmation passe sous silence la menace persistante que font peser les 23 000 têtes atomiques actuellement en service sur la Planète ». Le quotidien et l’association pacifiste se retrouvent pour contester l’indécent et scandaleux secret qui a prévalu à la politique du nucléaire militaire français depuis des décennies. Pierre Villard Auteur du livre "Pour en finir avec l'arme nucléaire". Éd. La dispute

EN SAVOIR PLUS • « La France à l’opposé d’elle-même » essais d’histoire politique de l’Océanie, Jean-Marc Régnault, Éd.de Tahiti, 2006. N° 577 - Décembre 2012 - Planète PAIX

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Au jour le jour Inde : la victoire des exclus

Les 50 000 marcheurs, paysans sans terre, tribaux, intouchables, venus de toute l’Inde, parcourir les 350 km ralliant Gwalior à Delhi durant 28 jours, sous la bannière de la non-violence, pour revendiquer leur droit d’accès à la terre et aux ressources naturelles, ont eu gain de cause. Au 11ème jour,la « grande marche pour la justice », a pris fin. Le gouvernement indien a accepté la plupart des demandes émises par Ekta Parishad, association à l’initiative de la marche. Le ministre du Développement rural a remis un accord signé et s’est « engagé personnellement à faire tout ce qui était en son pouvoir pour suivre la feuille de route des réformes agraires ».

Un pont sur le Röschtigraben pour l'éducation à la paix en Suisse Le week-end des 27 & 28 octobre dernier, au "Village de la Paix" à Broc, un réseau suisse pour l’éducation à la paix a été créé lors du récent colloque "Éducation à la paix en Suisse, défis et perspectives". Cette conférence a réuni une vingtaine de petites et grandes organisations de toute la Suisse. C'est la première de ce

type organisée en allemand et en français. Elle s'est déroulée à Broc, lieu symbolique à la frontière de ces deux langues. Le Mouvement international de Réconciliation (MIR), le Conseil suisse pour la paix, l'Association internationale des éducateurs à la Paix, le Service Civil International et le Village de la paix se sont mis ensemble pour la préparer. Le grand intérêt manifesté par les organisations travaillant à la non-violence et à la paix qui y ont participé a fait ressortir que ce domaine était jusqu'ici plutôt absent du paysage éducatif alors que les enjeux actuels de la politique éducative sont nombreux. A Broc, la nécessité d'une action plus concertée a été clairement désirée. Deux conclusions ont été données à la fin du colloque, lapidaires mais sans équivoques: "Enfin !" et "Continuez !". Un nouveau site Web présentant les activités et les services offerts par toutes les organisations de ce réseau verra le jour. Des colloques réguliers sont prévus pour développer et donner du poids à l'éducation à la paix et à la non-violence en Suisse, tant dans les domaines scolaire qu'extrascolaire.

Vietnam : des efforts de désarmement Le Vietnam s'engage lui aussi dans la dénucléarisation. Le général Nguyen Dinh Chien a annoncé en 2012 que le Vietnam s'engagerait dans le processus

de désarmement nucléaire, ceci après que le pays ait signé le Traité SEANWFZ, incluant aux zones dénucléarisées les pays du Sud-est asiatique. Bien que ces résolutions en matière de nucléaire militaire soient fermes, le pays n'est pas opposé à une utilisation civile, qui pourrait accompagner le développement économique du pays. Enfin, le général Nguyen Dinh Chien s'est engagé à la réconciliation et la coopération entre les deux Corées, afin de parvenir à une péninsule coréenne en sécurité et en paix.

du sous-marin soviétique B-59, a désobéi à l’ordre de son capitaine de lancer des torpilles nucléaires contre des navires de guerre américains et déclenchant ainsi ce qui aurait pu être une superpuissante guerre nucléaire. Les officiers soviétiques, qui avaient perdu le contact radio

Ouverture dans le mauvais sens La Suisse, connue pour sa neutralité, ne voudrait elle pas changer d'image ? On pourrait le croire, en observant le nouveau budget des armées, qui s'élèveront pour 2014 à 5 milliards de francs suisses soit environ 4 milliards d'euros. Cette brusque hausse doit permettre l'achat de 22 avions de combat et garantir une armée composée d'au moins 100 000 soldats. Les opposants, dont le Parti Socialiste suisse et les écologistes déplorent quant à eux des coupes dans les budgets de l'éducation ou la recherche en faveur de cette dépense pour le moins démesurée.

L’homme qui a sauvé le monde Il y a 50 ans aujourd’hui, lors de la crise des missiles de Cuba, le commandant en Second Vasili Alexandrovich Arkhipov,

avec Moscou, ont conclu que la Troisième Guerre mondiale avait commencé. Deux des officiers avaient convenu de « faire sauter les navires de guerre ». Arkhipov prit alors sur lui de refuser - le consentement unanime des 3 officiers était nécessaire - et c’est grâce à lui que l’humanité ne fut pas entraînée dans cette 3ème Guerre mondiale et c’est aussi grâce à lui que nous pouvons en parler aujourd’hui. Cette histoire est restée secrète durant 40 ans. Vasili Alexandrovich Arkhipov est resté dans l’anonymat complet. Il est décédé à l’âge de 72 ans le 19 août 1998.

à vos agendas • Grenoble (38), le 19 décembre : exposition d'affiches historiques pour la paix en provenance de nombreux pays, organisée par le comité de l’Isère du Mouvement de la Paix, - Maison des Associations - 2, rue Berthe de Boissieux à Grenoble. 19 heures : vernissage 20 heures : Conférence-débat : Petite histoire du pacifisme et des idées de paix par Jean-Paul Vienne. 10

N° 577 - Décembre 2012 - Planète PAIX

• Voiron (38) le 19 janvier 2013 : 6èmes rencontres des luttes et des résistances, organisées par Ras l’Front-Voiron. Salle des Fêtes de Voiron. • Achères (78), le14 décembre à partir de 20h : débat « Ensemble contre les guerres, contre la pauvreté, ensemble pour la solidarité et pour un monde de progrès social et de paix », organisé par le comité d'Achères du Mouvement de la Paix, avec Pierre Flament coprésident du Mouvement de la Paix, salle des mariages de la mairie d'Achères.


DOSSIER

Ils ont renoncé à l'arme atomique Les zones exemptes d’armes nucléaires

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• conférence d'Helsinki Une ZEAN au Moyen-Orient est-elle encore possible ?

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• moyen-orient Vers un désarmement nucléaire ?

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• Traité de Pelindaba Pourquoi l’Afrique doit s’engager

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• Zean Pour une sécurité mondiale

Depuis une vingtaine d’années environ, les zones exemptes d’armes nucléaires se sont multipliées avec, pour chacune, un traité multilatéral. Six ZEAN sont actuellement en vigueur concernant 115 pays et, avant tout, les pays de l’hémisphère Sud. Par contre elles ont beaucoup plus de mal à se mettre en place dans l’hémisphère Nord, en Europe, en Asie, … et au Moyen-Orient. Depuis 1974, l’Assemblée générale des Nations unies adopte chaque année une résolution demandant la création d’une ZEAN au Moyen-Orient. La décision de tenir une conférence a été prise lors de la Conférence d'examen du Traité de non prolifération (TNP) en mai 2010. La Finlande devait l’accueillir. Cette conférence vient d’être annulée. La raison avancée : la situation actuelle au Moyen-Orient. N° 577 - Décembre 2012 - Planète PAIX

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DOSSIER

Les zones exempt

ZEAN

Les conditions d’une sécurité mondiale Une zone exempte d'armes nucléaires (ZEAN) est une région déterminée dans laquelle les pays s'engagent à ne pas fabriquer, acquérir, tester ou posséder des armes nucléaires. Il en existe six aujourd'hui représentant 60% des États de la planète. L'hémisphère Sud est dénucléarisé. "Évolution" par Lamberto Tomassini (Thomas)

L

e processus qui a mené à l’émergence du concept de zones exemptes d’armes nucléaires résulte d’une combinaison de propositions individuelles, d’initiatives internationales et d’événements régionaux. Les zones exemptes d'armes nucléaires antérieures au TNP représentent sans doute l'une des approches en matière de désarmement et de la non-prolifération qui a montré des progrès considérables ces dernières années. Le concept de ces zones remonte au milieu des années 1950, et son origine est généralement associée au plan polonais Rapacki qui proposait de faire d’une partie de l'Europe centrale une zone exempte d'armes nucléaires. Bien que cette initiative régionale n'ait jamais été réalisée, en relativement peu de temps, un certain nombre de zones exemptes d'armes nucléaires ont été négociées. Il s’agit du Traité de l'Antarctique de 1959, du Traité de 1967 sur l'espace extra-atmosphérique, et du Traité de Tlatelolco de 1967 entre l'Amérique latine et des Caraïbes, la première zone peuplée exempte

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N° 577 - Décembre 2012 - Planète PAIX

d'armes nucléaires. Ces zones, à leur tour, ont donné naissance à d’autres traités : celui du Pacifique Sud (Traité de Rarotonga de 1985), de l’Afrique (Traité de Pelindaba de 1996), de l'Asie du Sud (de 1995 Traité de Bangkok), de l’Asie centrale (le traité de 2006 d’une zone en Asie centrale exempte d'armes nucléaires) et, en 2000, de la loi de la Mongolie sur son statut d’État exempt d’armes nucléaires. Le TNP a également prévu la possibilité que d'autres États puissent choisir de poursuivre des accords régionaux pour compléter leurs engagements conventionnels plus globaux. L'article VII atteste « le droit à un groupe d'États de conclure des traités régionaux de façon à assurer l'absence totale d'armes nucléaires sur leurs territoires respectifs ». Les zones exemptes d'armes nucléaires ont toujours été considérées comme des moyens efficaces pour des engagements divers pour le désarmement et la non-prolifération. Il s'agit notamment de permettre aux États d'une région de prendre l'initiative d'exclure les armes nucléaires de leurs territoires, afin d'établir

une plus grande transparence et des mesures de vérification, d'éviter que des essais d'armes nucléaires soient menés dans une région, de favoriser la confiance entre les pays d'une région, de s’assurer que les voisins ne sont pas engagés dans des activités d'armement nucléaire, de construire et de maintenir des normes de non-prolifération, et à promouvoir une plus grande coopération régionale, y compris, mais non limitée à la zone, l’utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. Même si les traités sont arrivés dans certaines régions à l’aboutissement de ces objectifs, leur plein potentiel n'a pas toujours été atteint en raison d'un certain nombre d'obstacles à l'intérieur et à l'extérieur de la région. Les zones exemptes d'armes nucléaires partagent certaines caractéristiques de base, mais chaque zone possède généralement un certain nombre de traits distinctifs. Ces caractéristiques reflètent les circonstances et les préoccupations spécifiques à la région, ainsi que la période pendant laquelle les traités ont été négociés. Le traité de Tlatelolco, par exemple, reflète une attitude permissive envers "les explosifs nucléaires pacifiques", le traité de Rarotonga interdit les essais nucléaires et le déversement de déchets radioactifs en mer, l'accord coréen de dénucléarisation prévoit l'interdiction de l'enrichissement de l'uranium et de la séparation du plutonium, le traité de Pelindaba introduit le concept d'une interdiction des attaques contre des installations nucléaires, qui existe déjà dans un accord bilatéral de 1988, entre l’Inde et le Pakistan, et le traité de l'Asie centrale souligne la nécessité de mesures environnementales correctives liées à des activités nucléaires antérieures sur le territoire des États membres et exige que les membres adhèrent à un protocole additionnel. Ce processus évolutif, dans lequel les nouvelles zones s'ajoutent typiquement et s'améliorent souvent sur des zones antérieures, suggère que, malgré les importantes barrières internes et externes, il puisse être possible de négocier des zones supplémentaires. N.D.B


es d'armes nucléaires traité de Pelindaba

Pourquoi l’Afrique doit s’engager Bonne élève la meilleure de la classe - des zones exemptes d'armes nucléaires, l'Afrique a largement souffert des activités nucléaires. La mise en œuvre du Traité de Pelindaba1 lui confère aujourd'hui une position privilégiée pour peser de toute la force des 542 pays signataires afin d'étendre sa zone dénucléarisée au reste du monde.

Site de Pelinbada

E

n1964, l'OUA, ancêtre de l'Union Africaine, adopte la déclaration sur la dénucléarisation de l’Afrique3 . Puis en juin 1995, l'OUA décide d'un Traité pour instaurer une zone exempte d'armes nucléaires pour « renforcer le régime de non-prolifération, l'usage pacifique de l'énergie nucléaire, le désarmement général et complet et améliorer la paix et la sécurité du continent ». Le Traité, ouvert à la signature en 1996, entre en vigueur le 15 juillet 2009. Ainsi sont prohibés le développement, la production, les essais, l'acquisition et le stationnement d'armes nucléaires. Les puissances nucléaires - sauf les États Unis et la Russie - ont ratifié des protocoles les engageant à respecter ce traité. Ces dates clés ont suivi les rapports de l'Afrique avec les armes nucléaires. La France, seul pays à y avoir expérimenté des bombes atomiques, précisément en Algérie, procède à 6 nouveaux tirs entre 1963 et 1964. Elle les cessera en 1966, sans apporter le suivi nécessaire à la décontamination y compris pour ses propres soldats. Puis, l'Afrique du Sud se lance dans la course nucléaire en 1970 et n'y renoncera que dans les derniers mois de l'apartheid en détruisant ses 6 bombes atomiques en 1991. Mais depuis toujours, c'est la matière première des bombes que l'Afrique fournit, l'uranium, dans des conditions suffisamment déplorables pour attirer les compagnies minières du monde entier.

gique évident pour être la cible d'armes atomiques, pourrait en être la pire victime collatérale4. Une guerre nucléaire impliquant une centaine de bombes atomiques de la puissance d'Hiroshima, - soit 0,03% de la puissance totale des arsenaux -, enverrait une telle quantité de suie et de fumée qu'un nuage épais recouvrirait en quelques jours les couches élevées de l'atmosphère occultant pour des années les rayons du soleil. L'agriculture en souffrirait directement avec une chute importante des températures et une baisse de moitié des précipitations. Un tel choc climatique, outre la destruction des biotopes, entraînerait la mort de millions de personnes déjà dénutries. Un tel danger et l'immobilisme des processus de désarmement conduisent un nombre croissant de pays africains à s'engager plus activement. Les militants de l'abolition l'ont bien compris, puisque la campagne ICAN qui se développe en Afrique entend notamment influer sur les assemblées annuelles de suivi du Traité de Pelindaba, pour mettre en œuvre les dispositions du Traité qui engagent les pays signataires « à ne rien négliger pour mettre en œuvre l'objectif final qui est de parvenir à un monde entièrement exempt d'armes nucléaires, et l'obligation qu'ont tous les États d'y contribuer. » Arielle Denis 1

Pelindaba est le nom de la localité (située à une trentaine

de kilomètres de Johannesburg) où se trouvait le centre de recherche nucléaire où furent conçues, construites et entre-

Les limites du Traité : Être membre d'une zone dénucléarisée ne confère pas, hélas, l'immunité ! L'Afrique, même si elle ne présente pas aujourd'hui d'intérêt straté-

posées les armes nucléaires sud-africaines. 2

Est incluse la République arabe sahraouie démocratique

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AHG/Res.II

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www.ippnw.org/nuclear-famine.html N° 577 - Décembre 2012 - Planète PAIX

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DOSSIER

Les zones exempt

moyen-orient

Vers une nouvelle zone ? Helsinki, décembre 2012 : une conférence "pour l'élimination des armes nucléaires et de destruction massive au Moyen-Orient" ? Cette conférence, décidée en 2010 par les États-parties du Traité de non-prolifération (TNP), est remise à ... 2013. d'armes nucléaires américaines. Enfin la tension sécuritaire et politique de la région est exacerbée fin 2012 par les actions militaires d'Israël sur Gaza et les tirs de missiles du Hamas. Ces difficultés ont contribué au report de la Conférence d'Helsinki en 2013. En effet, une conférence pour la création d'une ZEAN/ ZEADM n'est utile que si les ème États concernés veulent en Le secrétaire général des Nations unies (3 en partant de la gauche) avec les ambassadeurs du Moyen Orient, représentants permanents auprès de l'Onu, à la conférence sur les ZEAMD. De gauche à droite : Bashar Ja’afari, (Syrie) ; Sheikh faire une avancée pour la Meshal Hamad M.J. Al-Thani, (Qatar) ; Maged A. Abdelaziz, (Egypte) ; Mourad Benmehidi, Algérie et Yahya Mahmassani, sécurité de leur zone. Au (observateur permanent de la Ligue arabe auprès des Nations unies). 13 octobre 2011 Moyen-Orient, il n'est pas simple d'imaginer les chann 1974 l'Assemblée générale de breuses. Israël est le seul État de la zone à gements. La Suisse a proposé récemment l'Onu vote pour la première fois ne pas avoir signé le TNP. Israël nie posséder d'orienter le débat vers les impacts humaniune résolution proposée par l'Iran des armes nucléaires qui sont estimées au taires résultant de l'usage d'armes nucléaires. et l'Égypte pour une Zone exempte nombre de 80 par les agences internationales Le débat pourrait mobiliser la société civile d'armes nucléaires (ZEAN) au Moyen-Orient, (SIPRI). La Syrie, l'Égypte et Israël n'ont pas et s'appuyer sur les études réalisées par le résolution pratiquement reprise tous les signé la Convention d'élimination des armes CICR. Il faut aussi envisager des objectifs ans par l'Égypte, mais sans effet sur les États chimiques ni celle sur les armes biologiques. réalisables car une telle conférence ne peut concernés. En 1995, le TNP tient une conféEt possèdent des stocks importants d'armes être qu'un début de démarche qui concerne rence importante car il arrive au terme de ses chimiques. Une ZEAN doit donc être, en fait, tous les États nucléaires. Certaines mesures 25 ans d'existence. L'Égypte accepte l'extenune ZEADM. L'Iran a signé et respecte le TNP pourraient enclencher un processus intéression indéfinie du TNP à la condition expresse mais développe un programme d'enrichisse- sant comme des déclarations de "non-utilide l'établissement d'une Zone exempte d'armes ment d'uranium qui a les performances d'un sation en premier", un engagement que les de destruction massive (ZEADM) au Moyenprogramme militaire. Et la course aux missiles États nucléaires refusent de prendre. Ou Orient. Encore une fois, sans conséquence fait du Moyen-Orient la région la plus prolifé- encore la ratification du Traité d'interdiction pratique. Il faut attendre la conférence du TNP rante du monde. Toutes ces difficultés sont complète des essais nucléaires (TICEN) par de 2000 pour une reprise de cet engagement connues de longue date, mais récemment de tous les États de la région… un l'exemple avec la mention d'Israël, pour le « presser d'adnouvelles difficultés sont apparues... que devraient donner toutes les puissances hérer au TNP ». Mais c'est seulement en 2010 Le Moyen-Orient a changé de visage en nucléaires. que le TNP décide d'une date butoir pour une 2011, du fait des révolutions arabes qui ont Souhaitons la tenue de la Conférence en telle conférence : 2012. En octobre 2011, les balayé plusieurs dictateurs. L'Égypte et le 2013... États-Unis, la Russie et la Grande Bretagne Yémen ont changé de pouvoir et la Syrie est demandent à la Finlande d'organiser la confétraversée par une guerre civile qui met en Dominique Lalanne rence ZEAN/ZEADM en 2012. Un délai très question sa représentation en tant qu'État. court pour une telle gageure... Le projet américain de bouclier antimissile Trop court, car les difficultés sont nomen Turquie s'ajoute à la présence ancienne

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es d'armes nucléaires La conférence d'Helsinki

Une ZEAN est-elle encore possible ? La conférence pour la création d’une zone exempte d’armes de destruction massive au Moyen-Orient a été annulée en novembre. En octobre, l’ambassadeur Jaakko Laajava du ministère finlandais des Affaires étrangères, chargé de procéder aux préparatifs de la conférence en tant que facilitateur, avait accepté de répondre à nos questions.

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i Israël se retire au dernier moment que se passera-t-il, il y a-t-il un plan B ?

Conformément à son mandat, la Conférence doit être suivie par tous les États de la région du Moyen-Orient sur la base d’arrangements librement conclus. Je reste déterminé à faire tout mon possible pour soutenir la mise en œuvre du mandat. Aucun État de la région n’a indiqué, à ce stade, qu’il ne participerait pas à la conférence. (A la date de l'entretien, NDLR)

Les autorités syriennes ont-elles fourni des garanties pour que leur arsenal fasse partie à part entière des discussions de cette conférence ? La Conférence et le processus à suivre traitera de toutes les armes de destruction massive, qui inclura donc la question des armes chimiques. Nous espérons que les questions liées à ce sujet seront abordées en détail dans le cadre du processus à avenir.

Est-ce que les pays arabes ne sont pas susceptibles de poser des conditions à d’autres pays tels que les États-Unis, imposant par exemple la signature du CTBT* ? La Conférence et le processus subséquent sont destinés aux États de la région du Moyen-Orient. Les États-Unis, en collaboration avec la Fédération de Russie, le Royaume-Uni et le Secrétaire général de l’Onu, sont les organisateurs de la conférence et non pas l’objet des discussions. La relation juridique d’un État en dehors des traités internationaux ou régionaux n’est pas l’objet des discussions.

Cette conférence sera-t-elle ouverte à d’autres composantes de la société civile comme ce fut le cas pour les syndicats lors de la mise en œuvre de la Convention sur les armes chimiques ? La contribution et l’assistance de la société civile, des universitaires et des groupes de réflexion avec leur expertise et leurs connaissances ont joué un rôle extrêmement utile pour comprendre les questions complexes inhérentes à mes efforts et aux délibérations. Le Document final du Comité d’examen de 2010 reconnaît également le rôle important joué par la société civile dans le processus. Les options pour les différents acteurs

Le facilitateur l’ambassadeur Jaakko Laajava et le Secrétaire général des Nations unies

extérieurs afin de participer à la Conférence de façon optimale, sont en cours de discussion.

Est-ce que la Finlande a l’intention de jouer un rôle, demain, pour relancer un plan de dénucléarisation de l’Europe ? Pour la Finlande, un monde exempt d’armes nucléaires est une évidence, c’est un objectif de grande envergure. Nous voulons voir réduire de façon importante le nombre et importance des armes nucléaires dans le monde. Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires est la pierre angulaire du régime international de contrôle des armes. Le traité a créé le cadre d’un accord commun pour la non-prolifération, l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire et de désarmement nucléaire, qui est renforcé par les mesures en matière de désarmement nucléaire et d’engagement pour un monde exempt d’armes nucléaires. La Finlande a longtemps appelé à l’inclusion des armes nucléaires tactiques dans un système de traité international juridiquement contraignant, vérifiable et transparent. La réduction et l’élimination des armes nucléaires tactiques renforceraient la sécurité en Europe. Interview réalisée par Nadia Dorny-Bennad * Traité d'Interdiction complète des essais nucléaires N° 577 - Décembre 2012 - Planète PAIX

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RÉFÉRENCE

Les 115 États des ZEAN que plusieurs EDAN voulaient ajouter au cours de ratification. www.un.org/fr/disarmament/instruments/tbkk.shtml

• Le Traité de l’Antarctique Signature : 1 décembre 1959. Entrée en vigueur : 23 juin 1961 19 États-parties : Afrique-du-Sud, Argentine, Australie, Belgique, Brésil, Chili, Danemark, États-Unis d’Amérique, France, Japon, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Pologne, Allemagne, Roumanie, Royaume Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande-du-Nord, République Tchèque, Russie. www.un.org/fr/disarmament/instruments/tant.shtml

• Le Traité de Tlatelolco (Amérique latine et les Caraïbes) Signature : 14 février 1967. Entrée en vigueur : 23 octobre 2002 33 États-partie : Antigua-et-Barbuda, Argentine, Bahamas, Barbade, Belize, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica, Cuba, Dominique, République dominicaine, Équateur, El Salvador, Grenade, Guatemala, Guyana, Haïti, Honduras, Jamaïque, Mexique, Nicaragua, Panama, Paraguay, Pérou, Saint-Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les Grenadines, Suriname, Trinité-et-Tobago, Uruguay et Venezuela. La ratification du Protocole par les États dotés d’armes nucléaire : Protocole II (garanties de sécurité négatives) ratifié par la Chine, la France, le Royaume-Uni, les ÉtatsUnis et l’Union soviétique. www.un.org/fr/disarmament/instruments/ttlc.shtml 16

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• Le Traité de Rarotonga (Pacifique Sud) Signature : le 6 août 1985. Entrée en vigueur : 11 décembre 1986 13 États-parties : l’Australie, les îles Cook, Fidji, Kiribati, Nauru, Nouvelle-Zélande, Niue, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, Samoa, Îles Salomon, Tonga, Tuvalu et Vanuatu. La ratification du Protocole par les États dotés d’armes nucléaires : Protocole II (garanties de sécurité négatives) ratifié par la Chine, la France, le Royaume-Uni et l’Union soviétique. Protocole III (interdiction des essais nucléaires dans la zone exempte d’armes nucléaires) ratifié par la Chine, la France, le Royaume-Uni et l’Union soviétique.

• Le Traité de Pelindaba (Afrique) Signature : le 11 avril 1996. Entrée en vigueur: 15 juillet 2009 28 États-parties : l’Algérie, le Bénin, le Botswana, le Burkina Faso, le Burundi, la Côte d’Ivoire, la Guinée équatoriale, Éthiopie, Gabon, Gambie, Guinée, Kenya, Lesotho, Jamahiriya arabe libyenne, Madagascar, le Malawi, le Mali, la Mauritanie, Maurice, le Mozambique, le Nigeria, le Rwanda, le Sénégal, l’Afrique du Sud, Swaziland, Togo, République-Unie de Tanzanie et le Zimbabwe. Les signataires qui n’ont pas ratifié le traité sont : l’Angola, le Cameroun, la République centrafricaine, le Cap-Vert, le Tchad, les Comores, Congo, Djibouti, République démocratique du Congo, l’Égypte, l’Érythrée, le Ghana, la Guinée-Bissau, le Libéria, le Niger, les Seychelles, la Sierra Leone, Somalie, Sao Tomé-et-Principe, le Soudan, la Tunisie, l’Ouganda et la Zambie, ainsi que la zone connue comme la République Arabe Sahraouie Démocratique. La ratification du Protocole par les États dotés d’armes nucléaires : le Protocole I (garanties de sécurité négatives) ratifié par la Chine, la France, la Russie et le RoyaumeUni. Protocole II (interdiction des essais nucléaires dans la zone exempte d’armes nucléaires) ratifié par la Chine, la France, la Russie et le Royaume-Uni.

www.un.org/fr/disarmament/instruments/trtg.shtml

www.un.org/fr/disarmament/instruments/tpdb.shtml

• Le Traité de Bangkok (Asie du Sud) Signature : 15 décembre 1995. Entrée en vigueur : le 27 mars 1997 10 État-parties : Brunéi Darussalam, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Myanmar, Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam. La ratification du Protocole par les États dotés d’armes nucléaires : Aucun. Cinq États nucléaires et des membres de l’ASEAN se sont rencontrés en juillet 2012 pour signer le protocole au traité. La commission des traités a, cependant, reporté la signature du protocole jusqu’en novembre, demandant plus de temps pour examiner les réserves

• Traité d’Asie centrale, Zone exempte d’armes nucléaires Signature : le 8 septembre 2006. Entrée en vigueur: le 21 mars 2009 5 États-parties : Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan, le Turkménistan et l’Ouzbékistan. La ratification du Protocole par les États dotés d’armes nucléaires : Aucun. • Loi de la Mongolie sur son statut d’État exempt d’armes nucléaires (2000)


On peut agir sur les causes des guerres et des violences… … surtout si on les connaît

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MONDIALISER LA PAIX Les Indiens guaranÌ

Citoyens comme les autres

L

es Indiens guaranì sont une peuplade nomade indigène de l'amazone et dont les premiers contacts avec les Européens remontent au XVIIIème siècle sous l'influence des jésuites. Les Guaranì sont présents en Argentine, au Brésil et au Paraguay et on en dénombre à peu près 80.000 dont près de la moitié vivent au Brésil et y représentent la communauté indigène la plus importante. L'identité du peuple guaranì repose sur leur croyance en la Terre sans Mal, portion de jungle idéale révélée par leurs ancêtres et dont la découverte gouverne leurs déplacements. L'expansion économique que connaît le Brésil depuis la fin des années 90 a sérieusement entamé leur territoire, puisque des parcelles de forêt amazonienne sont vendues à des particuliers depuis les années 1930, exploitants qui chassent ensuite les Guaranì. Dans un premier temps, la culture de la canne à sucre a été privilégiée puis celle du soja et plus récemment des projets de fabriques d'éthanol, un biocarburant, suivent leurs cours de développement. Aujourd'hui plus de 83% des hommes guaranì en âge de travailler sont coupeurs de canne dans les champs gagnés sur leurs propres forêts. Depuis une crise alimentaire en 2004 conduisant à la mort par malnutrition de 22 enfants guaranì, le gouvernement brésilien s'est engagé à faire parvenir des paniers repas aux familles les plus démunies, mesure qui se poursuit avec plus ou moins de régularité. Pour exemple, certains doivent traverser une rivière à l'aide d'un simple câble afin de parvenir aux aires de distribution. Les Indiens guaranì, après avoir été délogés de leurs habitations traditionnelles et coupés de leur mode de vie nomade, s'entassent dans des réserves ou des campements de fortune installés en bord de route où les conditions sanitaires sont déplorables. Malgré la ratification en 2007 de la convention 169 de l'OIT garantissant les droits de peuples premiers sur leurs terres, par le Brésil, la situation n'a fait qu'empirer. À l'orée 2012, le peuple guaranì détenait le triste record du taux de suicides le plus élevé du monde, avec un mort par semaine dans une communauté qui n'excède pas les 40 000 individus. Cette terrible tendance n'est que le reflet de la situation guaranì : sans terre, sans perspective d'avenir ou de simple survivance de leurs traditions, ce peuple

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N° 577 - Décembre 2012 - Planète PAIX

Les Guaranì sont un peuple à part entière, comme en témoigne cette carte d'électrice, ils ont néanmoins été expulsés de leurs terres notamment par les planteurs de soja.

Un drame se joue dans la jungle brésilienne. Sous couvert d'expansion économique, le peuple guaranì est menacé de disparition malgré les engagements pris par leur gouvernement. EN SAVOIR PLUS • www.unavenirpourlesguaranì.org

ne trouve plus la force de se battre et se résigne à l'idée de sa disparition. C'est dans cet esprit de désespoir et de colère que 170 guaranì ont déposé une demande singulière à un tribunal administratif : « Nous voulons mourir et être enterrés avec nos ancêtres ici-même, c’est pourquoi nous demandons au gouvernement et au système judiciaire de ne pas ordonner notre éviction, mais d’ordonner notre mort collective et notre inhumation ici. Nous demandons, une fois pour toutes, que notre massacre soit ordonné et que les tracteurs creusent de grands trous pour ensevelir nos corps ». « Nous avons pris tous ensemble la décision de ne pas partir d’ici, morts ou vivants ». Ce cri de colère fait suite aux violences subies par une communauté de guaranì de la part d'un fermier avec qui ils disputent une parcelle de leur ancien territoire. Malgré la récente décision du tribunal d'accorder « satisfaction » aux Indiens guaranì, il reste encore à délimiter le territoire qui leur sera à nouveau attribué. Cette victoire judiciaire n'est pourtant rien comparée à la lutte qui attend les Guaranì, dans un monde ayant toujours besoin de plus d'espaces agricoles et où l'argent domine, ce peuple risque de tomber dans l'oubli après l'indifférence générale. Grégoire Desclaux


MONDIALISER LA PAIX Proche-Orient

La voix française de Gaza

L

e professeur Ziad Medoukh, poète francophone et directeur du département de français à l'université Al-Aqsar, à Gaza, a créé depuis septembre 2012 une émission radio, Le bonjour de Gaza. Ziad Medoukh est connu pour être un ardent pacifiste, inclination qui s'est traduite notamment lors de la publication de son recueil de poèmes " J'enseigne la paix à Gaza". Son émission est la première à émettre en français depuis Gaza et est destinée au public francophone de la Palestine et de la Cisjordanie et plus largement au monde francophone dans son entier. Le bonjour de Gaza est animé par Ziad Medoukh qui reçoit des témoignages de Gazaoui, invite des intervenants étrangers et diffuse les dernières nouvelles du conflit, le tout en français qu'il considère comme la " langue de la paix ". L'émission est diffusée à partir d'une radio étudiante qui prête ses locaux et est retransmise en vidéo via internet et les réseaux sociaux, où sont disponibles les archives des précédents rendez-vous. L'initiative de Ziad Medoukh bénéficie du soutien de l'ISM, l'International Solidarity Movement, une organisation nongouvernementale palestinienne regroupant des pacifistes palestiniens et internationaux travaillant à promouvoir la lutte pour la liberté en Palestine et pour la fin de l'occupation israélienne. Pour exemple, l'actualité de ces derniers jours ne l'a pas découragé : lors de l'émission du 14 novembre, Ziad Medoukh diffuse exceptionnellement Le bonjour de Gaza en duplex avec une radio algérienne. Il y commente les récents bombardements et la situation de l'intérieur et dénonce l'apparente gratuité des actions militaires israéliennes. « Les tirs des samedi et dimanche 10 et 11 novembre ont été " aveugles " et ont touché une famille durant des célébrations de deuil de jeunes palestiniens morts les jours précédents, alourdissant le bilan de victimes civiles. » Les journalistes algériens s'inquiètent des conditions de vie de la population civile et ont été émus par le témoignage de Maya, une écolière de 9 ans elle aussi invitée dans l'émission. " Sans bombardements, l'avenir sera beau " déclare-t-elle lorsqu'on lui pose la question de sa vision du futur. Sonia, une auditrice parisienne annonce des actions de soutien dont l'organisation d'une manifestation devant le ministère des Affaires étrangères le 22 novembre à Paris afin d'alerter les consciences jusque dans notre capitale. L'émission est victime

Comment s'informer, lorsque l'on ne parle que français, sur la situation des Gazaoui ? La chose n'est plus impossible, puisqu'une

Locaux de la radio Le bonjour de Gaza

de son succès puisque bon nombre des appels d'intervenants n'ont pas le temps d'être traités dans la plage horaire qui lui est dédiée. Malgré le côté artisanal de l'initiative, Le bonjour de Gaza permet à tout Français ou francophone sensible à la cause palestinienne de s'informer au plus près du terrain sans passer par le prisme déformant des médias d'informations généraux. L'émission diffuse également des chansons et des extraits des poèmes de Ziad Medoukh, porteurs de messages de paix et d'espoir, franchissant la barrière de la langue et les rendant accessibles à nos oreilles. DG

émission de radio francophone, Le bonjour de Gaza ouvre la voie de la médiation et de l'information.

EN SAVOIR PLUS • Suivre en direct l'émission : www.yjctv.ps • Sur faceebook : www.faceebook.com/yjctv • Dialoguer en direct avec les animateurs et présentateurs : tél. 0097282863367 N° 577 - Décembre 2012 - Planète PAIX

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MONDIALISER LA PAIX La Fondation Sommet Mondial des Femmes

Les enfants d’abord

L'ONG WWSF a consacré 19 jours de novembre à l'établissement de programmes éducatifs pacifistes à destination des plus jeunes. Une de ses principales militante, Fanny Toutou-Mpondo raconte les projets et les soutiens de cette initiative.

EN SAVOIR PLUS • WWSF : http://woman.ch 20 20

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a campagne « 19 Jours d’activisme pour la prévention des abus et de la violence contre les enfants et les jeunes 1-19 novembre » a été lancée en 2011 par la Fondation Sommet Mondial des Femmes WWSF, une ONG Suisse et internationale, non-confessionnelle, à but non lucratif et dotée d’un statut consultatif auprès de l’ECOSOC. Au travers de nos programmes et campagnes, nous entendons rappeler que la prévention des violences reste la meilleure des protections pour les enfants, et qu’il est également nécessaire que toutes les parties prenantes, y compris les jeunes, prennent conscience du rôle qu’ils ont à jouer dans la création d’une culture de prévention et la construction de sociétés pacifiques. Nous collaborons ainsi avec diverses ONG et groupes de terrain mais effectuons aussi un plaidoyer auprès des instances internationales basées à Genève, notamment au travers de groupes de travail d’ONG sur la violence contre les enfants. Après avoir lancé en 2000, la Journée Mondiale de prévention des abus contre les enfants le 20 novembre, nous avons pu compter sur la participation de plus de 1000 organisations membres qui ont célébré cette Journée Mondiale au travers d’activités et événements divers. Un Prix pour des activités novatrices de prévention, décerné à ce jour à 39 organisations membres, est également offert chaque année à celles qui se sont particulièrement faites remarquer par leur créativité et leur engagement dans la campagne. L’an passé, la campagne 19 Jours d’activisme a ainsi été lancée afin de développer l’impact de la Journée Mondiale 1-19 novembre, mais aussi susciter un soutien de terrain au mandat de la Représentante Spéciale de l’Onu sur la violence à l’encontre des enfants, Mme Marta Santos Paìs.

Nous entendions également favoriser l’émergence de synergies sur le terrain en incitant organisations, groupes, institutions, etc. à passer à l’action ensemble pour rappeler que « la prévention est la clé ». Un Appel à l’Action-Kit de Prévention ainsi que des supports visuels ont été élaborés par le siège de la WWSF et rendus disponibles en ligne aux membres de la coalition sur le site de la campagne*. Le Kit de Prévention, par ailleurs inspiré de notre Guide de Prévention publié en 2008, contient entre autres, des données et des idées d’actions sur chacun des 19 thèmes de notre campagne. Cette année, en choisissant comme thème principal les « enfants associés aux conflits armés », nous voulions d’abord marquer notre soutien à la campagne « Zero under 18 » menée par l’Onu pour l’interdiction formelle du recrutement d’enfants dans les conflits armés, mais également démontrer qu’à nos yeux, le recrutement est avant tout une forme de violence contre les enfants (et non un moyen de les « faire grandir » ou de les sortir de la pauvreté par exemple). Notre coalition 2012 compte 188 organisations membres qui ont été actives dans 78 pays sur au moins un des 19 types d’abus identifiés dans notre liste de campagne. Les activités mises en places ont été tout aussi diverses que créatives allant de simples marches ou concours de dessins à des spots télévisés ou des conférences d’experts. Le siège de la WWSF s’est quant à lui associé à l’École Internationale de Genève pour mettre en place un concours vidéo et une campagne de lettres sur les enfants-soldats, initiatives qui ont reçu le soutien officiel de Mme Leila Zerrougui, Représentante Spéciale de l’Onu pour les enfants et les conflits armés. Nous espérons ainsi continuer à établir ce genre de ponts entre la société civile, les instances internationales, les jeunes et tous les acteurs concernés afin de bâtir tous ensemble un monde plus sûr pour nos enfants. Fanny Toutou-Mpondo Section Enfants-Jeunesse de la Fondation Sommet Mondial des Femmes *(http://19days.woman.ch).


HISTOIRE La Campagne de Russie

Un massacre oublié

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lus personne n’est capable de dire pourquoi Napoléon a envahi la Russie. La Pologne ? Un pion. Le blocus continental ? Inapplicable. Même pas d’enjeu impérialiste. Et encore moins d’enjeu religieux. Et dire que durant toute cette campagne, d’une cruauté encore jamais vue à cette époque, Napoléon ne cessa de protester de son amitié pour le tsar Alexandre. Alors que l’Europe s’était déjà presque accoutumée aux massacres napoléoniens à répétition, elle fut en cet hiver 1812/13 saisie d’épouvante au fur et à mesure que parvenaient les informations sur l’ampleur du désastre humain (encore plus que militaire). Tout était, en effet, selon les normes de l’époque, démesuré, inconcevable : déjà les distances parcourues (à pied !) par les soldats ; près de 3000 km depuis Paris, avec des lignes de communication impossibles à gérer ; les effectifs mis en œuvre, 600.000 hommes sur le papier (guère plus de 450.000 en réalité) de tous les pays (16), de toutes les langues ; un ravitaillement si catastrophique que des milliers de soldats étaient déjà morts de faim et de soif (et même d’insolation) avant d’avoir entendu le premier coup de feu ; pareil sort pour les 50.000 chevaux (il en mourra au total quelques 130.000 !); des milliers de soldats se suicidèrent avant d’apercevoir le premier ennemi (mais plus nombreux furent les déserteurs). La destruction totale de Smolensk ne fut qu’un avant-goût. La bataille de Borodino (ou de la Moskowa) causa, en une journée, la mort de près de 100.0000 hommes (sans compter les dizaines de milliers de blessés et d’amputés… et les 38.000 cadavres de chevaux décomptés sur le champ de bataille), du jamais-vu encore. Puis un ennemi qui se rend insaisissable, qui abandonne sa capitale (et la brule) au lieu de se rendre ; du jamais-vu, non plus. Mais le pire, qui devait frapper à jamais les imaginations, restait encore à venir : la retraite de Russie ; un désastre resté dans les mémoires: on a, bien sûr, retenu l’épisode du franchissement dramatique de la Bérézina, devenu emblématique de tout désastre ; mais que dire de ces plus de 200.000 hommes congelés sur place, sans un bruit, sans même un cri ou un gémissement, parsemés tout le long des chemins de la grand plaine russe. On avait d’abord mangé les chevaux, puis les camarades (morts) avant d’être soi-même saisi dans les glaces. On était passé en trois mois de 37° à -37°. Cela dépassait toutes les limites des horreurs

La Retraite de Russie par le peintre Verechtiaguine

On ne saurait en cet automne 2012 oublier l’anniversaire d’un massacre de masse qui a marqué son temps : la Campagne de Russie. Il y a de cela 200 ans. Elle fut encore un peu plus cruelle et absurde, si cela est possible, que les autres guerres de l'époque.

connues jusque là, en nombre d’hommes sacrifiés, comme dans la nature des souffrances elles-mêmes. Les historiens considèrent que la Campagne de Russie causa la mort de près d’un million d’hommes, en comptant les nombreux civils. Moins de 10.000 hommes rentrèrent à Paris. Là encore, du jamaisvu. Un beau souvenir du temps où la guerre était définie comme un « jeu de princes », lesquels alignaient, et sacrifiaient, des soldats comme on le fait de pions sur un jeu d’échecs. L’Empire de Napoléon ne devait pas s’en remettre. Une conséquence en fut que les régimes d’Europe, on ne peut plus réactionnaires, s’entendirent, à leur façon (par un système d’équilibre), pour bannir – le temps d’une génération – toute guerre d’Europe. Mais une autre conséquence, plus lente à percevoir, en fut la naissance du mouvement pacifiste. Ce désastre inouï a laissé, et pas seulement en Russie, des traces durables. On connaît le roman « Guerre et Paix » de Tolstoï (un pacifiste à sa façon). Le compositeur Tchaïkovski, le peintre Verechtiaguine illustrèrent, eux aussi, la Campagne de Russie. Cette page sombre de notre histoire, quasi oubliée en France, est largement commémorée en Russie, et ailleurs. Que les amis de la paix n’oublient pas - en attendant d’autres commémorations à venir - ce moment le plus tragique des guerres du XIXème siècle. Jean-Paul Vienne N° 577 - Décembre 2012 - Planète PAIX

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CULTURE Théâtre

Quand culture rime avec paix La culture se conjugue tous azimuts au mode pacifiste. Pour preuve, un exemple parmi beaucoup d’autres : la pièce Même pour ne pas vaincre, diffusée au Théâtre de La Forge, à Nanterre.

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ême pour ne pas vaincre, adapté du roman de Stéphane Chaumet et mis en scène par Élodie Chanut, nous fait replonger dans cette période terrible de la guerre d’Algérie. Patrick Schmitt a accueilli la pièce du 23 octobre au 4 novembre. Il livre les raisons de son choix. « J’aime bien les projets qui touchent le fond des choses. Tous ne sont pas ainsi et parfois entretiennent un fond de commerce. Je souhaitais marquer cet événement qu’est le cinquantième anniversaire de la guerre d’Algérie que la Ville de Nanterre marque aussi à travers de nombreuses initiatives. C’est l’occasion de soulever des questions de fond sur cette guerre qui a mis bien longtemps à être reconnue comme telle, que les dirigeants de notre pays appelaient « événements intérieurs ». C’est une histoire complexe dans laquelle la barbarie succède à la barbarie. Il y a eu des horreurs de part et d’autres dans ce contexte tourmenté. Le projet d’Élodie Chanut adapte, à partir de temps forts, le roman de Stéphane Chaumet et, « un auteur qui n’a pas connu la guerre d’Algérie », précise Patrick Schmitt. « Élodie Chanut propose une adaptation pleine de simplicité, un mot qui pour moi est d’une grande valeur. Elle va à l’essentiel et interroge l’être humain et, notamment, la génération suivante, celles des enfants », sans donner de leçon. » L’histoire, actuelle, met en scène, Jean Machet qui se suicide et laisse une lettre à sa famille et plus précisément à sa fille Sandra et son neveu Karim, un jeune avocat, fils de harki et amant de Sandra, Omar, un apprenti

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boulanger et Philippe Bougeard, qui a combattu aux côtés de Jean. « Karim travaille indirectement sur le dossier Papon, raconte Patrick Schmitt, et se rend compte que son père a torturé. En fait, ce père a vu son propre père être mutilé par des gens du FLN. » Et cette interrogation : fils de torturant, vais-je moi-même devenir un torturant ? Avec ce commentaire d’actualité de Patrick Schmitt : « De même qu’aujourd’hui certaines personnes qui se livrent à des exactions sur des enfants ou qui battent leur femme, ont-elles été elles-mêmes des enfants battus ou violés ? C’est une vraie question qui interroge l’être humain. Comment arrêter cette spirale de la violence et de l’horreur ? »

A ce titre, l’un des personnages, Philippe Bougeard dit : « Au moment où j’ai tiré, la guerre venait de rentrer en moi. » Quelle part de plaisir y a-t-il à tuer l’autre, l’ennemi, au nom de la patrie et au nom du devoir ? « Ces jeunes partis en Algérie ne savaient pas ce qu’ils allaient y faire, comme l’exprime explicitement Philippe Bougeard. Ces hommes, Jean Machet et son compagnon d’armes, ne s’en remettent pas : l’un se suicide, l’autre est alcoolique et n’a pas eu le courage de mettre fin à ses jours. ». Construire l’homme, à travers son éducation « harmonieuse », prend beaucoup de temps ; le détruire prend quelques instants : « Tout le monde est pour la Paix sauf les gens endoctrinés par une espèce de rapport de guerre permanent ou de supériorité de race qui sont d’ailleurs une autre forme d’éducation !!! Les êtres humains peuvent être pris dans des rouages qu’ils ne veulent pas forcément. Ainsi, des gens voulaient que l’Algérie reste française et pas uniquement les colons. Et certains de dire que la colonisation a eu des effets positifs, oui…pour les colonisateurs. De quel droit allons nous imposer notre culture à d’autres, plutôt que de les laisser vivre comme ils le désirent. C’est la question de la tolérance qui elle aussi à ses limites. Le tout étant de ne pas imposer aux autres ses propres convictions et de ne pas aller à l’encontre de l’épanouissement de l’autre. » Evelyne Eymard


CULTURE théâtre

Scènes de femmes Femmes en Danger, de Marie Ruggeri et Pourquoi je ne suis jamais devenue chanteuse ? sur un texte de Sophie Chappel, s’intéressent aux thèmes des violences faites aux femmes et leur émancipation semée d’embûches, dans cette société où l’égalité des droits entre les hommes et les femmes n’est toujours pas avérée.

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emmes en Danger met en scène des textes de « Paroles d’hommes » de Xavier Durringer (Éd. Théâtrales) et deux extraits et adaptations de livres-témoignages : le premier est Fleur du désert de Waris Dirie sur l’excision et le second Les Putes d’Aurelio Grimaldi sur la prostitution. Ces textes ne sont pas joués, mais simplement lus par Marie Ruggeri. La pièce est née de la demande, faite à l’artiste, en 2004, par Amnesty International (groupe 354) d’un spectacle pour sa campagne sur le thème des violences faites aux femmes. « Ce spectacle raconte des petits bouts de vie de femmes, des cris du corps, révoltes de l’âme, des paroles de femmes qui à coup sûr aiment ou ont aimé », explique Marie Ruggeri. Chansons et musique rythment le spectacle, lui donnent la respiration nécessaire, indispensable, pour faire entendre les choses autrement. La Compagnie Marie Ruggeri privilégie les structures culturelles telles que le théâtre, la scène nationale et les différents festivals autant que le « tout terrain » à la rencontre de publics géographiquement, économiquement ou socialement éloignés de l’offre culturelle comme les populations rurales, les jeunes en difficulté, les femmes confrontées à la violence...

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ourquoi je ne suis jamais devenue chanteuse ? met en scène, en danse et en musique un texte de Sophie Chappel. Rythmé et vivant, ce spectacle aborde un thème universel et contemporain : comment se dégager des aliénations familiales, conjugales ou sociales lorsque l’on est une femme ? Une pièce poétique qui, soutenue par l’association de la musique, de la danse et des mots parfois dits, parfois chantés, invite les spectateurs à se laisser porter par les mots, la voix, la musique ou la danse, dans un crescendo d’une grande intensité émotionnelle. Un voyage sensible dans un paysage sonore et visuel mis en lumières par Walter Pace. Un voyage, rempli d’émotions, dans l’intimité et les sentiments de cette femme dans laquelle, toutes se reconnaîtront, un peu, beaucoup, passionnément… jusqu’aux frissons et aux larmes. Un voyage qui s’achève par l’émancipation libératrice et joyeuse, qui susurre à toutes et tous que la vie vaut vraiment d’être vécue avec son lot d’imprévus, d’inattendu et d’espoirs. E.E

EN SAVOIR PLUS EN SAVOIR PLUS Compagnie Marie Ruggeri - Tél. 03 25 87 60 34 / Port. 06 64 16 37 35

Le Trio propose des ateliers d’éducation artistique, des débats-rencontres avec les artistes, des ateliers d’écriture. Contacts : 06 87 84 30 72 ou 06 81 57 01 93 - Mail : sophiacrysalis@gmail.com • www.youtube.com/watch?v=osuT6cKa-Sk N° 577 - Décembre 2012 - Planète PAIX

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