L’info pacifiste : www.mvtpaix.org La paix en mouvement
3,20 euros / N° 579 / Février 2013
Les Kurdes, un peuple sans État
Dossier (P.11-16)
Inde
Le poids des femmes (P.9)
Exposition
Créer pour résister (P.23)
Sommaire
l’Édito
Planète Paix n° 579 - Février 2013
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‘‘ Badenya ’’ comme alternative à la guerre
Actualité
Intervention française au Mali
P.6/7
L’étonnant consensus Sans-papiers Les expulsions continuent !
P.8
Inde
P.9
L
Le poids des femmes
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dossier
Les Kurdes, un peuple sans État Itinéraire d’un peuple
Le Kurdistan dans tous ses États La jeunesse kurde Les traumatisés de demain Le kurdistan iranien Un îlot de paix ? Le PKK
P.12/13 P.14 P.15 P.16
Qui est-il ?
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mondialiser la paix
Ican Pacifier la Méditerranée
P.18
France/Algérie
P.19
Ensemble, tout devient possible Le Prix du mérite L’idée d’Europe et la paix
P.20/21
Annie Frison Responsable de la commission Femmes au Mouvement de la Paix
‘‘ Nous ne pouvons ignorer ni les appels à l’aide des populations
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du Nord Mali, ni
culture
Exposition
P.22
les souffrances
P.23
supplémentaires
Créer pour résister Aragon
« Je dis la paix comme une femme »
causées par la guerre
Mensuel édité par le mouvement de la paix
9, rue Dulcie September, 93400 Saint-Ouen Tél. 01 40 12 09 12 Fax : 01 40 11 57 87 planete.paix@mvtpaix.org
’’
Directeur de publication : Pierre Villard Secrétaire de rédaction : Nadia Dorny-Bennad Conception maquette : Chérif Beldjoudi Graphiste - maquettiste : Laurence Leclert. Comité de rédaction : Raoul Alonso, évelyne Aymard, Nicole Bouexel, Grégoire Desclaux, Nadia Dorny-Bennad, Annie Frison, Pierre Villard, Jean-Paul Vienne. Photos et illustrations : Tous droits réservés. Ont participé à ce numéro : Nadia Dorny-Bennad, Bérangère Rouppert, Evelyne Aymard, Grégoire Desclaux, Jean-Paul Vienne, Pierre Villard, Abraham Behar, Shérifa Kheddar, Roland Nivet, France Le Loc’h, Joël Frison, Nicole Bouexel. Gestion des abonnements : Nassera Macrez, tél. 01 40 12 09 12. ISSN 1773-19241. Numéro de commission paritaire : 0317G85601 Imprimeur : Compédit Beauregard - 61600 La Ferté-Macé
e 8 mars 2013, journée internationale de luttes des femmes pour leurs droits, se prépare dans un contexte tragique : D’une part avec l’assassinat, en plein cœur de Paris de 3 militantes du Parti du Travail du Kurdistan, PKK, le 10 janvier : Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Soylemez. A l’heure où sont écrites ces lignes, les auteur(e)s de ces crimes ne sont pas encore connu(e)s mais ces crimes odieux interviennent au moment où le gouvernement turc de Recep Erdogan a ouvert des pourparlers avec Abdullah Öcalan, chef du PKK emprisonné depuis 1998 dans une prison turque. Le dossier aborde la question des 37 millions de Kurdes dans le monde, représentant la plus grande Nation sans État. Après la création du PKK en 1978 à l’initiative d’Öcalan et de militants dont Sakine Cansiz, débuta une lutte armée (attentats aveugles, répression militaire) pouvant cesser aujourd’hui par un accord « désarmement contre autonomie et droits pour les kurdes ». Pinar Selek, sociologue féministe turque, réfugiée en France, dont les ouvrages, considérés comme dangereux par le pouvoir turc, prônent l’égalité, la paix, la reconnaissance des minorités vivant en Turquie, a été condamnée le 24 janvier à la prison à perpétuité. D’autre part, avec l’entrée en guerre de la France au Nord Mali. Un communiqué, apprécié par beaucoup, fut adopté lors du Conseil national du Mouvement de la Paix des 12 et 13 janvier, après des échanges passionnés et fructueux. Nous ne pouvons ignorer ni les appels à l’aide des populations du Nord Mali, ni les souffrances supplémentaires causées par la guerre à une population civile très pauvre, ni les richesses minières convoitées par les trusts occidentaux, ni les pressions financières qui ont conduit ce pays à la faillite. Le Mali est à reconstruire, apportons notre solidarité et notre soutien à ces femmes maliennes qui appellent « Badenya » leur vision d’une alternative à la guerre.
Bon d’abonnement à Planète Paix page 17 N° 579 - Février 2013 - Planète PAIX
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Courrier des lecteurs
Chers(es) amis(es), Merci d’avoir fait paraître mon dessin dans le dernier numéro de Planète Paix ainsi que le commentaire que j’en faisais. (…) Dans le chapeau du « courrier des lecteurs », vous prenez soin de préciser : « les réflexions suivantes… n’engagent que leurs auteurs ». Cela me semble clair ! Alors de quel droit vous autorisez-vous à les transformer en auteurs anonymes ? Dans le denier courrier, j’ignore qui sont J.R et N.B et peu de lecteurs savent qui est C.S. Je sais que les militants de base sont des « combattants (de la paix) de l’ombre ». Il ne s’agit donc pas de les mettre en lumière mais seulement de ne pas cacher leur identité (sauf demande, ce qui m’étonnerait du correspondant).
Opinions, Suggestions, Observations ! Envoyez-nous vos messages pour qu’ils soient diffusés dans le journal et sur le site Internet du Mouvement www.mvtpaix.org. écrire à : Mouvement de la Paix 9 rue, Dulcie September, 93400 Saint-Ouen. Courriel : planete.paix@mvtpaix.org Les réflexions suivantes sont destinées au débat et n’engagent donc que leurs auteurs.
Les autres articles de Planète Paix sont signés, en toutes lettres, des noms et prénoms des auteurs, ce qui est totalement légitime. Merci d’accorder les mêmes droits à tous, sans discrimination. Dans l’espoir d’avoir cette fois-ci une réponse, je vous redis mon amitiés à toutes et tous : P.V, N.D.B, C.B, F.A, N.B, G.D, A.F (en plus à toi je fais la bise) et J.P.V. Claude Simon, Caen Réponse de la rédaction : Cher ami, Nous mettons les initiales au courrier des lecteurs car quelques fois cela nous a été demandé, comme on nous demande de mettre des initiales pour certains articles ou de changer carrément les noms. Pour la page courrier, afin de l’uniformiser, nous avons opté pour cette solution d’initiales. A ce jour, personne n’en a pris ombrage. Nous sommes désolés que cela ait déclenché votre colère, ce n’était, bien entendu, ni intentionnel, ni dans un esprit de discrimination. Sans rancune et bien cordialement.
Poème Plume Par la plume de la colombe qui pleure sur leurs tombes Par la blancheur de cette plume si pure face à ce monde ! Par la plume de la colombe qui repose, hors de la terre ! Par la blancheur de cette plume et l'oiseau qu'on enterre ! Par la fraîcheur de l'onde reflétant le malheur Par la fraîcheur de l'ombre retenant les pleurs Par le pécheur qui sombre, comprenant son erreur ! Par le prêcheur qui tombe sous le poids de l'horreur ! Parce qu'il a compris, oui, mais beaucoup trop tard ! Parce qu'il appris, qu'Hérésie, voulait dire, choix ! Parce qu'il s'est surpris à lire mais beaucoup trop tard !
Poème
Homo somnians Magnifique la rouille dans le canon d’un fusil qui n’a jamais servi faute de combattants élégante la robe de deuil en soie grège d’une veuve de général mort de guerre lasse inégalable la saveur du biscuit de soldat rompu en paix par deux frères ennemis
sous la peau de l’homo belli en grattant avec constance on trouvera bien un jour le véritable homo humanus alors jaillira le cri de joie ecce homo ! dans toutes les langues connues et les inconnus ne seront plus soldats Mario Urbanet
héroïque l’évêque mutin qui défilera crosse en l’air face au Vatican en criant : paix aux hommes de … etc.
Par la blancheur de cette plume qui propose, la VÉRITÉ ! Par la fraîcheur de l'onde, montrant sa transparence Par la fraîcheur de l'ombre, cachant l'appartenance Par Maât *, qui tient la plume faisant échec au mensonge ! Par Maât, qui tient la plume pesant le cœur des anges ! Par le poids de sa plume si légère et pourtant si lourde est la Vérité Par le poids de sa plume étrangère et pourtant si sourde à la lâcheté ! Par la plume de la colombe qui lasse ! pleure sur leurs tombes Par la blancheur de cette plume qui s'élève des catacombes ! Magdeleine Arrat ( copyright 2002 ), Mont de Marsan ( 40 ) * Déesse égyptienne incarnant la justice et la vérité. Les morts font peser leur
Parce qu'il a sacrifié, inutilement, sous prétexte de foi ! Par la plume de la colombe qui impose la PAIX ! 4
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cœur par Maât ; s'il est plus lourd qu'une plume son propriétaire est dévoré par un monstre mais dans le cas contraire, il peut continuer son voyage vers le paradis.
REPÈRES ...
Livre
Théâtre
Destruction massive
Etty Hillesum
Géopolitique de la faim De Jean Ziegler Éd. du Seuil
Une Lumière dans la Guerre Mise en scène : Mourad Berreni Jeu et adaptation : Angélique Boulay
Jean Ziegler a été de 2000 à 2008 le premier rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l’alimentation. S’appuyant sur des situations dramatiques qu’il a vécues, il ne se contente pas de nous informer sur les conséquences destructrices de la sous-alimentation de centaines de millions d’êtres humains. Il dresse un solide acte d’accusation contre les responsables de ces crimes contre l’humanité : les « requins tigres » qui privent des paysans de leurs ressources alimentaires en s’accaparant de centaines de milliers d’hectares de terres arables, les Bolloré, Vilgrain et compagnie qui en tirent profit en spéculant ou en pratiquant des cultures destinées à l’exportation ou à la production d’agro-carburants à la place des cultures vivrières. Il dénonce la complicité de la Banque Mondiale, du FMI, de l’OMC et des pays occidentaux qui sont opposés à l’interdiction des agro-carburants, au droit à l’alimentation, à la convention protégeant les droits des paysans. Il voit dans la résistance des damnés et la solidarité des peuples la solution pour endiguer la déraison des affameurs.
Etty Hillesum était une Hollandaise d'origine juive née le 15 janvier 1914 puis déportée et tuée à Auschwitz le 30 novembre 1943. Élevée dans une famille non-pratiquante, Etty Hillesum étudie le droit et la littérature, tout en gravitant autour des milieux intellectuels de gauche aux valeurs libérales. Atteinte de dépression, elle rédige un journal afin d'exorciser ses conflits intérieurs. En 1942, Etty Hillesum tente de devenir membre du Conseil Juif puis travaille au service des personnes placées en transit au camp de Westerbork. Le 5 juin 1943, elle confie ses cahiers à l'une de ses amies et meurt quelques mois plus tard. De cette vie tourmentée dont il ne reste que des journaux intimes, le théâtre de l'Écho propose un spectacle sur la condition humaine, ses beautés et ses faiblesses. En plus d'un témoignage d'une victime de la Shoah, c'est un espoir sur le devenir des êtres : " Plus la recherche intérieure sera forte et incandescente pour chacun de nous, plus l'extérieur, la société et les hommes qui la composent, sera belle et juste. ", selon les propres mots de l'auteure disparue. • Tous les jeudis depuis le 15 novembre 2012 au 27 juin 2013. Théâtre de l'Écho 31, rue des orteaux 75020 Paris
Les chiffres...
Le prix des guerres françaises
Dans les années 2002-2012, le surcout des opérations extérieures s'est élevé au total à 7,7 milliards d'euros. Soit, quand même, plus de 200 000 € par jour. Alors qu'elles avaient connu des niveaux élevés dans les années 90, notamment avec la guerre du Golfe et l'ex-Yougoslavie, les dépenses liées aux conflits ont fortement augmenté à partir de 2008, avec l’aggravation de la situation en Afghanistan, pour atteindre plus de 800 millions par an. En 2011 à cause de la Libye : 1,24 milliard d'euros ont été dépensés - dont 350 millions pour la guerre en Libye et plus de 500 pour l'Afghanistan. En 2012, il est retombé à 870 millions et le retrait d'Afghanistan, coûteux à réaliser, aurait du se traduire dès cette année par une nouvelle réduction pour revenir vers les étiages du début des années 2000 - un peu plus de 500 millions par an. Sauf que la crise malienne est arrivée et qu'elle pèsera évidemment sur le budget ! Source Marianne
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ACTUALITÉ Intervention française au Mali
L’étonnant consensus Rien ne laissait présager, après une longue année de négociations multilatérales, l’intervention française au Mali. Pourtant, rares sont les commentaires qui remettent en cause la décision française ; au contraire, elle est plutôt bien accueillie par les acteurs internationaux. Bérangère Rouppert* tente d’apporter un éclairage sur des points qui risqueraient d’être soulevés dans les jours ou semaines à venir.
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uels motifs derrière l’engagement français ? La France dit intervenir pour lutter contre le terrorisme international et mettre un coup d’arrêt aux actions des islamistes au Mali. Je ne suis pas sûre que l’intervention militaire puisse résoudre le problème des groupes islamistes et, plus largement, les problèmes du Mali à l’origine de cet enracinement des groupes islamistes, problèmes qui concernent, entre autres, une insuffisante représentation dans les organes politiques, dans l’administration et les institutions étatiques clés telles que l’armée ou le parlement, l’existence de processus électoraux inaboutis, le manque de perspectives socio-économiques pour une jeunesse nombreuse, la faiblesse de l’État et la faillite de l’appareil sécuritaire et judiciaire, l’échec de la décentralisation, la faillite des politiques de développement socio-économiques insuffisamment inclusives des zones périphériques ou de certains groupes ethniques et les crispations identitaires qui en découlent. C’est en s’attaquant à ces problèmes de fond que l’on obtiendra des résultats durables à même de diminuer l’influence des groupes islamistes et de combattrela diffusion de l’idéologie islamiste ou à tout le moins sa capacité d’attraction en ce que ces groupes, AQMI notamment, ont su répondre mieux que l’État aux attentes des citoyens en matière de distribution de nourriture, de soins de santé etc. La France a parlé de la protection de ses ressortissants au nombre de 6000 ; pourtant les responsables militaires sur place aux premiers jours de l’intervention ont dit que ce n’était pas « la priorité » même s’ils prenaient cette dimension en compte. Pour ce qui concerne les intérêts économiques, ils ne sont pas si importants que cela : la France n’est pas un gros investisseur dans le pays ni un gros fournisseur ; le Mali n’est pas un client important non plus. Il n’est pas sûr donc qu’il faille chercher de ce côté-ci. Je pense qu’il faut considérer la situation sous un angle régional. La France a dans la région des partenaires économiques importants, au premier rang desquels se trouve l’Algérie ou encore la Côte d’Ivoire : la stabilité de la région lui importe beaucoup donc. A cela s’ajoute la dimension énergétique : en effet, qu’il s’agisse de la Mauritanie ou du Niger, de nombreuses firmes françaises, Total et Areva entre autres, exploitent le sous-sol de ces
deux pays. Un glissement du conflit vers le nordNiger pourrait être très préjudiciable à la France : l’approvisionnement en uranium via la firme Areva pourrait être perturbé, ce qui serait à même de perturber le fonctionnement de l’énergie nucléaire civile en France.
Quelles perspectives pour la suite de cette intervention ? Des questions restent non résolues : se pose la question de la capacité des forces ouest-africaines et maliennes à prendre le relais en première ligne des forces françaises. En effet, si la MISMA devait n’être déployée qu’en septembre 2013, c’est parce qu’il y avait encore des questions importantes à résoudre, notamment la préparation des contingents qui devaient partir, leur équipement, leur financement, des questions de logistiques. Il en va de même pour l’armée malienne que l’on nous disait indisciplinée, corrompue, mal équipée, insuffisamment formée et qui justement devait bénéficier d’une formation par l’Union européenne : l’UE va certes déployer sa mission EUTM Mali plus tôt que prévue mais il va falloir revoir le type de formation à dispenser sur du court terme et non plus du moyen terme, identifier les bataillons à former sachant que les plus opérationnels se trouvent sur le front.
Au lendemain de la prise de Tombouctou, les armées française, malienne et africaine stabilisent la zone
Quant aux acteurs humanitaires, ils ont été pris de court : si les bailleurs de fond, tels l’Union européenne, sont en mesure de débloquer des fonds d’urgence, les ONG se heurtent à des problèmes logistiques et sécuritaires qui ralentissent leur déploiement, et ce d’autant plus que nombreuses sont celles qui avaient fui les zones nord. Avec l’intervention « surprise » de la France -dont l’un des objectifs est de « protéger la population malienne » -et l’intensification du conflit, de nouveaux déplacés internes s’ajoutent aux personnes déjà déplacées par la dégradation sécuritaire du début 2012. Les chiffres sont flous et les besoins difficiles à évaluer. Les problèmes sanitaires et alimentaires vont continuer à se poser avec acuité non seulement tout au long de la phase d’intervention mais également au-delà, au Mali et dans les pays voisins. Par ailleurs, se pose la question de la stratégie derrière cette intervention française : quels sont les objectifs à court, moyen et long terme ? Quelle est la stratégie de sortie de crise ? En effet, chasser les islamistes de Gao, Kidal et Tombouctou à grands renforts de bombardements aériens peut en effet ne prendre que « quelques semaines » ; en re-
vanche, s’assurer que les combattants ne reviennent pas s’inscrit dans la longue durée, dans des actions d’occupation du terrain conquis, de pacification et de stabilisation de ce terrain conquis. Dans ces conditions, le risque d’enlisement, sur fond de guerre asymétrique, se profile à l’horizon. C’est arrivé en Irak, en Afghanistan et on en arrive toujours aux mêmes conclusions : on ne tire pas suffisamment les leçons du passé. D’autre part, l’on ne peut écarter le risque que l’intervention française dans une ancienne colonie, bien qu’avalisée par de nombreux acteurs et demandée par le président malien par intérim, ne serve la cause des groupes islamistes et n’entraîne une mobilisation de nouvelles recrues séduites par les thèmes de la lutte contre l’ancienne puissance coloniale et, plus largement, de la lutte contre l’Occident. Les troupes françaises ont été accueillies comme « libératrices » par le peuple et le gouvernement maliens. Mais une fois les islamistes repoussés hors des villes du nord, la vie devra reprendre son cours : quelle feuille de route politique pour succéder au flou juridique laissé par l’accord-cadre signé par la CEDEAO et la junte putschiste menée par le
capitaine Sanogo en avril dernier ? Quelle date pour les élections ? Quel cadre de dialogue national ? Quels mécanismes de justice transitionnelle –question d’autant plus importante lorsque l’on connaît le désir de revanche de certains militaires maliens, suite notamment aux massacres d’Aguelhoc? Quelle stratégie d’implantation de l’administration malienne dans les zones du nord ? La visibilité du futur politique, réclamée par le Conseil de sécurité avant toute intervention militaire, se fait elle aussi attendre : il est temps que l’union nationale amorcée à la faveur de l’urgence militaire se concrétise au niveau politique.
*Bérangère Rouppert (chercheure au GRIP, Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité)
(Article écrit sur la base d’un écrit des 14 et 15 janvier 2013)
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ACTUALITÉ Sans-papiers
Les expulsions continuent ! Le nombre de Sans-papiers en France est estimé actuellement à 350 000. Beaucoup d’entre eux travaillent, paient des impôts, ont une famille, voire des enfants scolarisés dans notre pays. Qu’en est-il aujourd’hui ?
E
n ce mois de janvier 2013, les expulsions de Sans-papiers se poursuivent. Les initiatives pour la régularisation des Sans-papiers aussi : grève de la faim des Sans-papiers de Lille, soutenus par les Sans-papiers d’Ilede-France qui ont occupé le siège du Parti Socialiste, à Paris, manifestations et actions collectives de jeunes lycéens sans-papiers toujours en demande de régularisation. Pourtant, en mai 2012, une majorité de gauche a été élue. Fin novembre, Emmanuel Valls, ministre de l’Intérieur présentait une circulaire répondant à une promesse de campagne de François Hollande : définir des critères de régularisation "objectifs" et "clairs" pour mettre un terme à l'arbitraire des préfectures. Tout d’abord, elle n'a pas pour objectif des régularisations en masse comme en 1981 (131 000 étrangers régularisés) ou 1997 (80 000), et ne permet pas davantage de régularisations que les années précédentes, à savoir environ 30 000 régularisations par an. Elle prévoit de donner un titre de séjour aux parents présents depuis au moins cinq ans en France ayant un enfant scolarisé depuis au moins trois ans. Rien de nouveau ni de révolutionnaire ! Résultat, les Sans-papiers continuent de recevoir des obligations de quitter le territoire français (OQTF). Si les cas les plus flagrants ont été réglés, il n’en reste pas moins qu'il leur a fallu payer 700 euros pour obtenir leur titre de séjour, somme à verser à nouveau un an plus tard pour leur renouvellement. L’idée de quotas, quant à elle, reste présente dans la préparation d’une nouvelle loi sur l’entrée et le séjour des étrangers. A titre d’exemple, 80% des élèves Sans-papiers des Hauts-de-Seine ne correspondent pas aux critères annoncés par le ministre. L’enfermement des enfants - pratique d’une violence insensée à laquelle le candidat François Hollande avait promis de mettre fin - est
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Les Sans-papiers à la Courneuve (93)
toujours en vigueur, même si priver de liberté des enfants est contraire à la Convention européenne des Droits de l’homme. Roms, Tsiganes, et toutes celles et ceux que la France, comme d’autres pays, continue de chasser de leurs campements, sont exclus de tous les droits fondamentaux, et traités comme des chiffres, des quotas, et non comme des êtres humains. Un bilan gouvernemental plus que décevant.
Égalité des droits Par ailleurs, une récente enquête de l’Insee montre que la France accueille moins de nouveaux migrants que la moyenne des autres pays riches, en proportion de sa population. Bon nombre d’entre eux travaillent sans accès aux droits du travail, aux droits sociaux ou encore au droit de vote. Une certaine façon de surexploiter une partie de l’humanité, en situation d’« esclaves modernes » qui souvent émigrent, comme une dernière chance car il devient impossible de vivre sur le sol où ils sont nés, vers les pays dits « riches », pour fuir la misère, les dictatures, les guerres…
N’y a-t-il pas urgence à changer l’ordre du monde, à coopérer entre les peuples afin de juguler famines, guerres, dictatures, violences et discriminations ethniques et sexistes afin d’aller vers un monde d’échanges, de solidarités, d’ouverture, de liberté de circulation, à savoir d’aller ailleurs et de revenir. Ce sont là des valeurs favorables à l’émancipation humaine. Défendre le respect de la vie exige des conditions d’existence dignes et l’égalité des droits pour les migrants, mais aussi pour l’ensemble des citoyens, hommes et femmes, qui habitent et vivent en France, y compris les personnes naturalisées et leurs enfants qui, en dépit de leur qualité de Français, subissent discriminations, violences et contrôles incessants du fait de la couleur de leur peau. Au-delà même d’une réforme urgente et en profondeur de la politique d’expulsion, le gouvernement doit mettre en place une politique d’accueil fondée sur le devoir de protection des demandeurs d’asile et le respect du droit de vivre en famille. Evelyne Aymard
ACTUALITÉ Inde
Le poids des femmes
L
a condition de la femme en Inde, en particulier dans le nord du pays, est entamée par un système social patriarcal : les hommes, en tant que chefs de famille, naissent, se marient et meurent dans la maison de leurs parents qu'ils lègueront à leur tour à la génération masculine suivante. Les femmes quant à elles quittent la maison familiale à l'occasion de leur mariage et doivent apporter dans la maison du mari une dot, plus ou moins élevée selon la condition sociale. Ainsi, pour une famille avoir un garçon est la garantie d'une vieillesse confortable tandis qu'avoir une fille est source de dépenses. Cette distinction, bien qu'en perte de vitesse dans les milieux favorisés et les centres urbains, aide à comprendre le statut de la femme qui dans la tradition est au mieux une marchandise que deux familles s'échangent et au pire un poids dont il faut se débarrasser. La virginité obligatoire des épouses et la répression de l'adultère handicape les rapports hommes / femmes en dehors des unions ce qui a pour conséquence directe de frustrer toute une frange de la population masculine dans l'incapacité matérielle de se marier. En contraste, depuis l'indépendance de l'Inde en 1946, le statut de la femme tend à s'améliorer, notamment dans l'accession à de hautes fonctions (Indira Gandhi occupe le poste de Premier ministre durant quinze ans et, en 2007, Pratibha Patil devient la première femme à être élue présidente du pays) mais cette amélioration est jalonnée de drames qui, comme ceux du 18 décembre et 11 janvier derniers, réveillent les consciences et remplissent les rues d'Indiens indignés. La naissance de la cause féministe en Inde à la fin des années 70 serait consécutive au viol dans un commissariat de la jeune Mathura par plusieurs officiers de police. La victime est morte des suites de l'agression et les meurtriers protégés par leur statut. L'injustice entraîna de violentes manifestations et conduisit le gouvernement à réformer le code de procédures pénales pour reconnaître le crime de viol par des policiers. Malgré cette relative reconnaissance, le phénomène de harcèlements, allant quotidiennement de l'insulte à l'attouchement par des inconnus et conduisant aux viols collectifs est monnaie courante. Il porte même un
Manifestation en Inde contre les viols collectifs
Le 16 décembre et le 12 janvier derniers, deux jeunes femmes indiennes sont mortes après avoir subi des viols collectifs. Depuis le premier drame, de violentes manifestations ont témoigné de l'indignation du peuple indien face à cette violence quotidienne, étroitement liée au statut de la femme
nom usuel " Eve Teasing ", littéralement " provoquer Ève ", étrangement relié à la culture occidentale et à la notion de péché féminin. Ces atteintes aux droits de la femme sont difficiles à évaluer car de nombreuses agressions sont tues par peur de représailles, par honte ou par refus des autorités locales à entamer des procédures pénales mais sont estimées à 25 000 par an. L'opposition féministe occupe le terrain, à l'image des Saris roses, groupe d'auto-défense composé de femmes vêtues de robes traditionnelles couleur fuchsia et armées de bâtons qui punissent les agresseurs oubliés par la justice. Le gang des Saris roses compterait environ 20 000 membres actifs selon sa fondatrice, elle même victime d'un viol collectif en 2006. Le besoin de protéger les femmes indiennes gagne également la police puisque le 28 décembre 2012, un policier, Amitahb Thakur, a déposé une plainte contre le rappeur Honey Singh dont le répertoire mâtiné de machisme atteint son comble dans un titre faisant l'apologie du viol. L' "artiste " a été obligé d'annuler sa prestation du nouvel-an sur la scène d'un hôtel devant la pression populaire. On ne peut qu'espérer que les drames de ces dernières semaines fassent partie des derniers sacrifices à la cause féministe en Inde et dans le reste du monde. Grégoire Desclaux
dans le pays. N° 579 - Février 2013 - Planète PAIX
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Au jour le jour Échange dauphins contre robots
Depuis les années 60, la marine américaine utilise des mammifères marins dans ses programmes de déminage. Or, bonne nouvelle relayée par la BBC, le projet prendra fin en 2017 faute de moyens. Les cétacés et les pinnipèdes sont prisés par les marines américaines et russes pour leurs capacités sensorielles souvent supérieures à la technologie et leur dressage relativement aisé au vu de leur intelligence. Utilisés avant tout dans un but de pacification malgré les rumeurs d'escouades de dauphins tueurs, les animaux sont bien traités et les données concernant leurs opérations sont régulièrement déclassifiées par l'armée américaine. Ces missions auraient maintenant un coût trop élevé et les stratèges américains prévoient leur remplacement par des robots sous-marins. Espérons que ces vétérans d'une autre espèce se voient offrir une retraite dorée bien méritée !
Effet boomerang
Après la tuerie de l'école de Newton en décembre dernier, la sénatrice démocrate Diane Feinstein a présenté devant le Congrès un projet de loi visant 10
N° 579 - Février 2013 - Planète PAIX
à " assécher l'offre " de vente des fusils semi-automatiques dont le modèle Bushmaster X-15 utilisés dans le massacre d'Adam Lanza. Le projet divise dans le rang démocrate, l'amendement concernant la possession d'armes à feu étant précieux aux yeux du peuple américain. En effet, 40 % des étasuniens en possèdent au moins une officiellement déclarée. Malgré l'absence de rétro-activité (les possesseurs des engins visés ne seront pas tenus de les rendre) et les aménagements excluant les modèles dits de " sport " ou " de loisirs ", Diane Feinstein sait que le combat sera difficile. Le président Barack Obama a appelé les Américains à écrire à leurs élus sur le sujet, les sondages montrant des tendances contradictoires sur la question.
Exécution tardive
La loi Morin, datant de janvier 2010, relative à l'indemnisation des victimes d'irradiation consécutive à des essais nucléaires, va enfin être appliquée en ce début 2013. En effet, le gouvernement va bientôt lever le secret sur les données relatives à la sécurité des 150 000 personnes civiles et militaires qui sont intervenus sur les sites des essais nucléaires en Polynésie entre 1960 et 1995. Ces documents établiraient, selon un association de vétérans, un lien direct entre les explosions atomiques et l'apparition de cancers (thyroïde, poumon, sein) chez de nombreux vétérans. À ce jour, le gouvernement a toujours refusé de reconnaître cette
responsabilité malgré la plainte de l'AVEN (Association des Vétérans des Essais Nucléaires) pour "homicide involontaire, atteinte à l'intégrité physique et administration de substance nuisible", plainte examinée par la justice depuis 2004. La reconnaissance de ces victimes serait une preuve de plus de la nocivité inhérente de l'utilisation de l'arme nucléaire...
Rien n'arrête le pèlerin norvégien
Prix de la honte
Chaque année, en marge du Forum Économique Mondial (WEF), l'association Greenpeace décerne le " Prix de la Honte ", soulignant l'action négative d'entreprise en termes de droit humain et d'impact environnemental. Le président du Jury, Michael Baumgartner, sénateur américain a sélectionné parmi les nominés (Alstom, Coal India, G4S, Lonmin et Repower pour les perdants) la banque Goldman and Sachs et le groupe pétrolier Shell. Goldman and Sachs est reconnue être un : "acteur central de la mondialisation, alimentant les profits de quelques rares nantis par le biais d'inégalités phénoménales et de l'appauvrissement de larges couches de la population" et Shell doit sa nomination à l'investissement de 4,5 milliard de dollars dans un projet de forage en Arctique qui aura des conséquences écologiques désastreuses dans un milieu déjà éprouvé par le changement climatique. Malheureusement, face à la puissance de ces groupes, même une telle publicité semble dérisoire.
Jorgen Nilsonn, un ancien militaire norvégien, s'est lancé depuis le 13 novembre dernier dans un pèlerinage depuis Stockholm jusqu'à Jérusalem. Membre de l'ordre religieux de Saint-Lazare fondé durant les croisades autour d'une léproserie proche de Jérusalem, ce pèlerin exprime le but de sa démarche en trois points : « Je veux tout d’abord montrer les enjeux de la paix et de la xénophobie. Comment voulezvous avoir la paix si tout le monde a peur de l’étranger ? Il faut promouvoir ce message. Les deux autres raisons sont de promouvoir mon ordre, l’ordre de Saint-Lazare et ses actions en Afrique. Quant à la 3e, c’est pour mon développement personnel ! ». Ni le froid ni le tracé approximatif de son périple calculé grâce à "google maps" ne semble entamer la résolution de cet émissaire de la tolérance qui a traversé la France au mois de janvier en direction de la Sardaigne. Bonne route à lui.
DOSSIER
Les Kurdes, un peuple sans État
• Itinéraire d’un peuple
Le Kurdistan dans tous ses États • La jeunesse kurde
Les traumatisés de demain • Le kurdistan Iranien
Un îlot de paix ? • Le PKK
Qui est-il ?
Comment définir un État ou un peuple ? Le Kurdistan et les Kurdes, n'ayant pas de territoire officiel ni de représentation à l'Onu semble échapper à ces deux définitions. Pourtant, au delà de l'histoire tourmentée de l'Asie mineure, les Kurdes forment bel et bien un seul peuple, uni par une identité commune. L'actualité de ces derniers mois pousse à la réflexion sur le sort de cette nation, des tractations entre le PKK et le gouvernement turc au conflit Syrien frontalier risquant de relancer le processus qui coûta en 1923 l'existence du Kurdistan tout comme le meurtre de trois activistes en plein Paris... N° 579 - Février 2013 - Planète PAIX
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Itinéraire d’un peuple
Le Kurdistan dans tous ses États Durant plus de 5000 ans d'histoire, le peuple kurde a occupé une partie de l'Asie mineure, considérée comme le berceau des civilisations. Ayant vécu les dominations mongole et ottomane, les Kurdes ont conservé une identité propre, identité mise en danger par l'exode ou l'assimilation agressive auxquels ils semblent forcés.
L
es Kurdes sont l'un des premiers peuples autochtones de la région des terres fertiles du nord de la Mésopotamie, irriguées par les flots du Tigre et de l'Euphrate. Les Kurdes ne sont pas affiliés aux populations arabes mais à la famille indo-iranienne. Le nom " Kurde " dérive sans doute du mot sumérien " Kur " qui signifie " montagne " (la région du Kurdistan est très montagneuse). Il était utilisé par les Sumériens pour désigner différents peuples nomades vivant dans les montagnes du Zagros (dans l'actuel Irak), tels que les Hourrites, les Gutis ou encore les Kassites. Certains Kurdes se prétendent descendants du peuple Mède, un des voisins des Perses avec lesquels ils ont souvent été confondus par les observateurs occidentaux. Subissant dans l'Antiquité les assauts successifs des Perses et des Romains, le peuple kurde, alors à demi-sédentaire, s'est plié aux règles des envahisseurs avec plus ou moins de docilité. Le morcèlement géographique de la région a généré un éclatement de l'identité kurde, qui s'est divisée entre plusieurs langues et religions. Au l’IX ème siècle la région est annexée au califat de Bagdad (empire ottoman) mais là encore, les Kurdes ont montré un certain esprit de rébellion et leurs escarmouches contre la domination ottomane font dates. Bien que 12 12
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considérés comme des vassaux par les califes, les Kurdes organisent eux-mêmes cinq principautés indépendantes. C'est vers 1150 que naît pour la première fois l'idée d'un pays regroupant les populations kurdes : le Kurdistan, grâce à l'action du sultan Ahmed Sanjar, alors en charge de la province. Après les épisodes d'invasions mongoles à l'orée
du XIVème siècle, les Kurdes s'organisent à nouveau en états princiers indépendants reposant sur des liens tribaux, proches des liens vassaliques qui ont cours à la même époque en Europe. En 1514, le sultan Sélim Ier annexe de nouveau la région à l'empire ottoman mais conserve à la tête des provinces les chefs locaux, préservant ainsi la stabilité de la région jusqu'au XIXème siècle. Des révoltes indépendantistes éclatent alors que l'empire ottoman décline mais le Kurdistan reste sous sa domination, jusqu'à son effondrement après la Première Guerre mondiale. Selon le traité de Sèvres, signé en 1920 entre les Alliés et l'empire ottoman le peuple kurde devait recevoir une terre où établir une nation mais celui ci ne fut jamais appliqué, en raison de la prise de pouvoir de l'actuelle Turquie par Mustapha Kemal Pasa. Le traité de Lausanne ratifié trois ans plus tard, en 1923, après les derniers conflits ouverts partage le Kurdistan indépendant entre le nord de l'Irak, le sud de la Turquie, l'Iran et la Syrie. C'est dans ce contexte que les Kurdes se trouvent encore aujourd'hui, apatrides malgré une population avoisinant les 30 millions d'individus. Comme leur histoire, l'identité kurde est difficile à cerner. En effet, on compte parmi cette population pas moins de quatre langues différentes et
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Manifestation kurdes à Paris
autant de confessions religieuses. Les dialectes kurdes ne sont pas exclusifs : beaucoup de Kurdes en parlent plusieurs, ce qui leur permet de se reconnaître et de communiquer malgré la différence de régions ou même de pays. Certaines langues comme le Gourani servent à l'expression poétique et littéraire tandis que le Zazaki et le Surani sont des formes de langage plus usuel. La spiritualité est quant à elle un syncrétisme plus ou moins abouti de l'Islam et des religions Zoroastriennes et se décline sous les courants Mazdénistes, Yézidistes ou Yarsanistes jusqu'à l'Islam sunnite et chiite. Leur répartition géographique au début du XXIème siècle est de 26 millions dans la région du Kurdistan (Turquie, Irak, Iran et Syrie), 600 000 dans le Caucase (Afghanistan, Azerbaïdjan, Israël, Liban, Géorgie et Turkménistan) 750 000 dans l'Union européenne et moins de 50 000 sur le continent américain. Cet éclatement résulte des nombreuses persécutions dont les Kurdes ont été la cible, principalement en Turquie et en Irak. En 1991, suite à la première guerre du Golfe, les gouvernements américain et britannique soutiennent les indépendantistes kurdes en Irak, leur permettant de créer la première zone kurde autonome. En 2005, après la seconde guerre du golfe et les
massacres de kurdes perpétrés par Sadam Hussein, le Kurdistan autonome rentre officiellement dans la constitution irakienne, divisé en trois provinces ou " gouvernorats " : Arbil, As Sulaymanyia et Dahuk. Les Kurdes nomment ce territoire " Kurdistan du sud ", faisant ainsi implicitement référence au reste du pays kurde, encore séparé par plusieurs nations tandis que les locuteurs arabophones désignent par " Kurdistan " la seule zone irakienne. En Iran, la population kurde est bien intégrée puisque plusieurs députés sont issus de cette minorité, que les langues kurdes sont enseignées et peuvent être utilisées dans la presse. La situation des Kurdes est plus sensible en Syrie, pays qui refuse toujours de donner la nationalité à 60 000 d'entre eux même si la population considère cette communauté comme intégrée. La Turquie est le pays où les Kurdes sont le plus persécutés. Le sentiment antikurde est entretenu par Ankara afin de maintenir le nationalisme à un haut-niveau. Cette intolérance gagne la police, qui n’intervient pas en cas d'agression " kurdophobe " lorsqu'ils n'en sont pas les auteurs... De plus, le gouvernement turc accentue la "défense" de sa frontière sud car il craint la création d'une nouvelle zone indépendante qui offrirait aux
kurdes un territoire particulièrement riche en eau et en pétrole. Malgré les remontrances des observateurs internationaux (en 1991, Nelson Mandela refuse le prix Ataturk de la paix décerné par la Turquie sur le motif des exactions commises par le pays sur les populations kurdes ; les violations des Droits de l'Homme freinent également son entrée dans l'Union européenne), Ankara maintient sa lutte contre l'indépendantisme kurde. Le bras armé de la résistance kurde est le PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan), fondé en 1978 par Abdullah Ocalan dit " L'oncle ". Cette organisation est considérée comme terroriste par la Turquie mais aussi les États-Unis et l'Union européenne. Son leader fut capturé en 1999, jugé pour terrorisme puis condamné à la prison à vie. L'incarcération d'Abdullah Ocalan marque un ralentissement dans les activités du PKK, même si celui-ci se dit toujours actif. De récentes négociations entre le président turc et Abdullarh Ocalan réaniment un espoir de paix, à défaut d'indépendance pour le Kurdistan turc. Grégoire Desclaux
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La jeunesse kurde
Les traumatisés de demain Comme leurs parents, les enfants kurdes sont également victimes de leur appartenance culturelle. En Turquie, ils sont considérés comme des délinquants potentiels et on estime à plus de 200 le nombre d'enfants emprisonnés en 2011, selon des associations de défense des Droits de l'homme.
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a situation des enfants kurdes dans un pays voisin de l'Europe a de quoi faire frémir. Être né kurde expose dès l'enfance à l'emprisonnement politique, autrement dit la qualification par la Haute Cour de Sureté de l'État en tant que " terroriste ", statut qui conduit devant des tribunaux et des juges militaires. Selon le bâtonnier de Diyarbakir (grande ville du sud-est de la Turquie), la justice, en 2011, a du traiter 8500 dossiers concernant des enfants. À Diyarbakir seulement, 2000 enfants ont été poursuivis dont 500 pour des motifs politiques. Peu d'avocats prennent en charge les affaires impliquant des enfants, environ 40 dans tout le pays ce qui complique encore le destin de ces jeunes prisonniers. Les délits qui envoient les enfants kurdes en prison sont le plus souvent ridicules : participation à des manifestations, jets de pierre, cagoule sur la tête, mains sales ou encore slogans interdits et les peines encourues peuvent aller jusqu'à 30 ans d'emprisonnement sans parler des durées de détention provisoire dans l'attente des procès. Une enquête menée par la Fondation des Droits de l'homme (THIV) sur 30 familles d'enfants détenus a montré que sur ce seul échantillon, 17 d'entre elles ont été chassées de leur village et 18 ont au moins un membre de leur famille en prison pour des raisons politiques. Devant cette situation, le Parti pour la Paix et la Démocratie (BDP), le THIV et d'autres associations de défense des Droits de l'homme, ont rassemblé
des pétitions dénonçant l'application des lois antiterroristes aux enfants. Ces actions ont conduit à une réforme judiciaire dans les textes, avec la mise en place de tribunaux avec des juges pour enfants, une durée maximum de garde à vue de 24 heures reconductibles et enfin, l'appartenance à une association terroriste ne peut plus servir de motif à l'incarcération d'un mineur. Selon les associations de défense des Droits de l'homme à l'origine des contestations, la réforme n'a rien changé car juges et procureurs s'entendent et maintiennent l'application des lois antiterroristes à l'encontre des enfants kurdes. L'impact de ces incarcérations est difficilement mesurable : environnements surpeuplés où gronde un nationalisme turc relayé par les prisonniers et les gardiens, absence de structures éducatives et un accès difficile aux soins médicaux. Les enfants prisonniers subissent des violences sexuelles sans qu'aucun coupable ne soit inquiété et le nombre d'agressions ne peut être qu'estimé devant l'opacité du système judiciaire. Lorsqu'un enfant prend sur lui de dénoncer un abus dont il a été la victime, il est placé en isolement dans une prison de haute-sécurité (type F). Ces crimes, mêlés sans doute aux conditions déjà décrites, ont entraîné des suicides et des tentatives de suicides de jeunes enfants kurdes emprisonnés. La journaliste ayant dévoilé le scandale des abus sur les enfants en prison, Ozlem Agus, a été arrêtée et emprisonnée le 11 mars 2012 avec une vingtaine de responsables du Parti pour la Paix et la Démocratie. La Turquie, en tant que pays souhaitant devenir membre de l'Union européenne, doit se soumettre aux lois internationales relatives aux Droits de l'homme défendues par la Cour européenne mais préfère payer les sanctions financières plutôt que de changer de politique. D.G
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Le kurdistan irakien
Un îlot de paix ? En dépit des attentats sanglants qui se poursuivent à Bagdad et Bassorah, l’Irak a quasiment disparu de l’actualité, effacé par d’autres théâtres d’opérations qui ont la faveur des médias. Il s’en faut néanmoins de beaucoup que ce pays meurtri ne connaisse la paix. Il existe pourtant, au nord de l’Irak, une région passablement pacifiée qui autoriserait une perspective optimiste : la région autonome du Kurdistan.
E
n dépit des attentats sanglants qui se poursuivent à Bagdad ou Bassorah, l’Irak a quasiment disparu de l’actualité, effacé par d’autres théâtres d’opération qui ont la faveur des médias et, surtout, déserté par les journalistes américains depuis que l’armée US s’en est largement retirée. Il s’en faut néanmoins de beaucoup que ce pays meurtri ne connaisse la paix. Il existe pourtant, au nord de l’Irak, une région passablement pacifiée qui autoriserait une perspective optimiste : la région autonome du Kurdistan. Le Kurdistan irakien (4,5 millions d’habitants – capitale : Erbil) n’a pas toujours été ce havre de (relative) tranquillité. On se rappelle peut-être les répressions sauvages auxquelles fut soumise sa population sous Saddam Hussein et, notamment, le gazage de la ville de Halabja en 1988. L’aspiration à l’autonomie coûta, selon l’Onu, la vie à quelques 180 000 civils. Mais la région, qui a, depuis lors, conquis son autonomie, entérinée en 2005 par la nouvelle constitution irakienne, ne connaît pas ces attentats ou exactions qui ensanglantent toujours le reste de l’Irak. A telle enseigne que non seulement elle assure une protection réelle de ses minorités ethniques ou religieuses (Chaldéens, Syriaques, Arméniens, Turcomans…), mais aussi qu’elle est devenue un refuge pour tous les persécutés de l’Irak (notamment les chrétiens), voire des pays frontaliers. Elle tire, pour l’essentiel, ses revenus du pétrole, au point de connaître un véritable boom économique, mais, forte de ses beaux paysages de montagne, commence aussi à développer une activité touristique. L’ordre y est assuré par une police parfaitement autonome, les Peshmergas, les anciens combattants de l’insurrection, passés à des fonctions civiles et administratives. Le Kurdistan irakien, un îlot de paix et de stabilité dans un Moyen-Orient encore largement sujet à la violence ? Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes, si ce n’étaient les revendications territoriales exprimées par le gouvernement Barzani (démocratiquement élu) de la région autonome : il aspire ouvertement à annexer les zones kurdophones voisines de l’Irak avec, notamment, les grandes villes de Mossoul et de Kirkouk, sur lesquelles la région a des prétentions historiques et culturelles. La surface de la région autonome devrait ainsi doubler, passant de 45 000 à 90 000 km². Et puis surtout, il y a les autres régions kurdes des pays voisins, toutes en état d’in-
Les électeurs venus en grand nombre, en particulier les femmes, exercer leur droit d'élire de nouveaux représentants aux élections dans la région du Kurdistan irakien
surrection ou, du moins, d’agitation : • les 15 millions de Kurdes de Turquie, dont on connaît le combat pour une autonomie culturelle et administrative, • les 9,5 millions de Kurdes d’Iran, opprimés par le pouvoir central, malgré leur statut d’autonomie reconnu, • les 3,4 millions de Kurdes de Syrie, qui, dans la guerre civile actuelle, mènent leur propre combat pour le respect de leur identité culturelle. Toutes ces entités kurdes (30 millions d’habitants au total) regardent désormais avec envie le statut d’autonomie de leurs frères d’Irak et, à l’occasion, considèrent la région autonome comme une base de repli, voire comme un sanctuaire. Les tensions autour de la région autonome ne cessent, du coup, de s’aggraver, d’abord avec le pouvoir central de Bagdad, qui se cristallisent notamment autour du vote d’autodétermination, toujours repoussé, sur le rattachement de Kirkouk à la région autonome (ainsi, naturellement, que sur la maîtrise des champs pétrolifères) ; ensuite avec les pays voisins, qui ne voient pas d’un bon œil cette entité kurde irakienne, la seule où des Kurdes ont conquis une véritable autonomie culturelle et politique, exercée dans le cadre d’une démocratie encore peu commune dans cette région du monde. Bref, une zone de paix bien menacée… Jean-Paul Vienne N° 579 - Février 2013 - Planète PAIX
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RÉFÉRENCE Le PKK
Qui est-il ?
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e Parti des Travailleurs Kurdes communément connu sous le nom du PKK, également connu sous le nom KGK et anciennement connu sous le nom Kadek (Liberté et Démocratie Congrès du Kurdistan) ou Kongra-Gel (Les gens du Kurdistan Congrès), est une organisation kurde qui a mené une lutte armée depuis 1984 contre l'État turc pour un Kurdistan autonome et les droits culturels et politiques pour les Kurdes en Turquie. Le groupe a été fondé le 27 novembre 1978 et a été dirigé par Abdullah Öcalan. L'idéologie du PKK était à l'origine d’une fusion du socialisme révolutionnaire et le nationalisme kurde, mais depuis son emprisonnement, Öcalan a abandonné le marxisme orthodoxe. Le PKK est considéré comme une organisation terroriste internationale par un certain nombre d'États et d'organisations, y compris les Nations unies, l'Otan, les États-Unis et l'Union européenne. En 1998, à Nairobi, Abdullah Öçalan, Président du Parti des Travailleurs Kurdes (PKK), était arrêté après une cavale dans plusieurs pays. L’importance de la « capture » du chef de la principale opposition en Turquie s’explique en grande partie par la place stratégique occupée par celle-ci, à l’époque, le pays de l’Otan le plus à l’est de l’Europe, avec des frontières avec l’ex-Union soviétique et au cœur des Proche et Moyen Orient : les Kurdes de Turquie étaient considérés comme susceptibles de déstabiliser ce pays. Après un procès expéditif, Öçalan est condamné à mort. Cette peine est ensuite commuée en prison à vie suite à une très forte mobilisation internationale.
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La revendication par le PKK de la libération d’Oçalan a toujours été très forte et suivie. Des campagnes internationales ont été lancées, la dernière datant de septembre 2012. L’AKP, parti considéré comme défendant un « islam modéré » avec à sa tête le 1er ministre Erdogan qui, lui, n’est pas modéré, arrive au pouvoir en 2001. Pour régler à sa manière le problème kurde, il a une carte à jouer, celle de la solidarité religieuse entre Turcs et Kurdes de Turquie. Nombre de ces derniers rejettent un « PKK, communiste et athée ». Il s’agit de mettre fin à un conflit vieux de 28 ans, qui a fait plus de 40.000 morts et des centaines de milliers de déplacés. De 2009 à 2011, plusieurs tentatives de négociations secrètes avec Abdullah Öçalan échouent. La dernière tentative a commencé il y a quelques semaines. Les enjeux sont considérables et le 1er ministre Erdogan joue une partie importante de sa crédibilité. La situation en Syrie aggrave les choses : le soutien de la Turquie à l’Armée Syrienne Libre ne fait pas l’unanimité et Ankara craint que sur sa frontière sud les Kurdes syriens ne créent une région autonome sur le modèle irakien. Le PKK ne revendique pas l’indépendance mais il appelle à une réelle autonomie pour les Kurdes en Turquie, sur le modèle par exemple de celle qui a été instituée en Irak du Nord et peut-être demain en Syrie, avec un drapeau, un gouvernement, une autorité. Ils veulent surtout la reconnaissance de leur langue et de leur culture. Le PKK a décidé unilatéralement il y a 10 ans un cessez le feu mais le pouvoir turc a continué ses exactions : bombardement de
villages y compris avec des bombes incendiaires, incarcération de plus de 8000 personnes comprenant beaucoup d’élus, d’avocats, de journalistes et de jeunes enfants. Les partis liés au PKK sont régulièrement interdits mais ils renaissent rapidement sous un autre nom : c’est actuellement le BDP, Parti de la Paix et de la Démocratie, qui représente les Kurdes au parlement turc. La représentativité du BDP est largement majoritaire dans la région traditionnelle kurde. Pour les autres régions, la loi électorale impose une représentativité d’au moins 10% pour pouvoir présenter une liste. Ce chiffre est largement atteint dans l’est du pays mais pas dans les autres régions : le BDP se trouve donc très sous-représenté. Depuis plusieurs années, une politique de rapprochement avec d’autres forces sociales turques, notamment arméniennes et assyrochaldéennes, a été initiée. Un député assyrochaldéen est élu sur la liste BDP. Une grande méfiance existait jusqu’à une dizaine d’années entre les Kurdes et les Arméniens : le génocide arménien a été exécuté en grande partie par des troupes supplétives kurdes. Des explications sur le fond ont été apportées entre les deux communautés qui se sont progressivement rapprochées. Un mouvement important : de plus en plus de Turcs non Kurdes, des intellectuels, des responsables associatifs, des avocats, considèrent que le sort qui est fait aux Kurdes est indigne et nuit à la dignité de tous les Turcs. Des appels, encore timides et minoritaires, commencent à être entendus dans ce sens. Yves-Jean Gallas
On peut agir sur les causes des guerres et des violences… … surtout si on les connaît
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MONDIALISER LA PAIX Forum social mondial
Pacifier la Méditerranée u'est-ce qui a amené le collectif ICAN France à s'engager dans le processus des Forums sociaux au travers de ce forum de Marseille ?
journée forum
quement à notre réflexion commune. Aujourd'hui les conflits armés sont tous au pourtour de cette mer et pas seulement ceux du Mali et de la Syrie, avec des caractéristiques similaires sous forme de moyens militaires "classiques" certes sophistiqués, mais non nucléaires. Il est de notre devoir de démasquer la face cachée de la menace atomique et de remettre l'initiative aux mains des peuples, en soulignant les conséquences nocives immédiates et mesurables de l'encombrement des moyens nucléaires dans cette zone. Car le Maghreb comme le Machrek sont aussi le lieu d'un immense réveil des consciences des peuples, et qui peuvent s'approprier cette question en lien étroit avec toutes les luttes menées contre les armes nucléaires au sud de l'Europe.
à Marseille le 9
De quoi parlera-t-on au juste ?
La coordination française de la Campagne internationale pour abolir l'arme nucléaire (ICAN)
ICAN France est certes un collectif d'organisations, mais ce collectif est réunit pour faire campagne chez nous pour l'abolition des armes nucléaires au travers d'une convention entre États, décrivant les étapes réalistes pour y parvenir. Cette campagne à une cible première, l'opinion publique, et donc un devoir pour nous d'étendre le plus possible le dialogue populaire sur ce sujet. C'est dans
organise une
mars dans le cadre du Forum social mondial étendu. Abraham Behar, président de l'Association des médecins français pour la prévention de la guerre nucléaire en explique les enjeux.
EN SAVOIR PLUS • www.icanfrance.org
cet esprit que nous avons décidé de rentrer dans la mécanique de préparation du Forum social mondial, au travers d'une préparation collective par l'organisation de forums thématiques, différente de la participation de nos organisations une par une. Il s'agit, plus que la recherche d'une adhésion à notre campagne, d'une écoute des gens eux-mêmes, pour porter ensemble leurs conceptions du chemin à parcourir, leurs perceptions du lien avec leur vie quotidienne, au niveau international où se place notre campagne. La journée du 9 mars 2013 à Marseille est le banc d'essais de cette conception, il nous faudra ensuite en faire l'analyse critique pour l'avenir.
En quoi la thématique "Pour une Méditerranée débarrassée des armes atomiques" est-elle d'actualité ? Le thème proposé : "pour une Méditerranée débarrassée des armes atomiques" répond magnifi-
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Le forum d'ICAN France à Marseille est d'abord une initiative nationale, même si le public de la région PACA est plus particulièrement interpellé. Car il s'agit d'abord de fournir les éléments de base de la réalité de la menace nucléaire située au sud de l'Europe, du Portugal à la Turquie, en faisant découvrir à tous le système atomique en place, les bases comme les flottes engagées en permanence dans la Méditerranée. Il s'agit ensuite d'énumérer les dégâts sur la santé publique des riverains du sud et de l'est, en lien avec des déchets nucléaires abandonnés entre autre par les pays nucléaires comme la France. Cette discussion n'aurait aucun sens si elle ne s'accompagnait pas du récit des luttes à Istres et Toulon, en Sardaigne ou à Inçevik en Turquie.
Qu'attendez-vous à ce Forum ? Nous attendons d'abord un message fort, unifiant les points de vue de notre peuple, travailleurs immigrés compris, vers le rassemblement du FSM de Tunis, en faveur d'une campagne commune pour la fin de la menace atomique qui pèsent sur tous. Nous attendons aussi un nouvel élan pour notre collectif. Le forum de Marseille, avec la participation à la conférence d'Oslo pour le soutien à la convention, place ICAN France à la pointe de notre campagne internationale. Propos recueillis par Pierre Villard
MONDIALISER LA PAIX France/Algérie
Ensemble, tout devient possible Chérifa Kheddar, présidente de l’association algérienne Djazaïrouna a rencontré François Hollande lors de sa visite en Algérie. Elle a accepté de répondre à nos questions dans le quotidien El Watan. La discussion avec Monsieur François Hollande accompagné de Laurent Fabius (MAE) et de proches collaboratrices (eurs), a porté sur l’espoir de voir naître un tel traité. Nous avons été informés que ce traité ne pouvait voir le jour lors de cette visite, car les pourparlers ont avancé sous une autre forme révélée au lendemain de notre entretien, à savoir la déclaration d’amitié. Bien entendu un tel traité représente pour les pacifistes de nos deux pays une pierre essentielle dans l’édification de la paix dans notre espace euro-méditerranéen, Chérifa Kheddar, à droite de F. Hollande.
uels sont les objectifs et les activités de Djazairouna, quels liens avec la culture de la paix et de la non –violence ? Djazairouna a été créée le 17 octobre 1996, l’année de l’assassinat de ma sœur, mon frère, mon oncle paternel, et sept autres membres de ma famille lors d’une fête de mariage dans les environs de Blida. L’association défend les intérêts des victimes du terrorisme dans la région de la Mitidja et s’engage pour la vérité, la justice, la mémoire, la promotion des Droits, la démocratie citoyenne et égalitaire, l’égalité femme - homme.
Depuis quand avez-vous des relations avec le Mouvement de la Paix français ? il y a 13 ans déjà, à Rennes, lors du périple en France de la caravane des associations démocratiques algériennes organisé pour faire connaitre la voix de la société civile algérienne, alors que les islamistes promulguaient des fatwas (appel au meurtre) contre celles et ceux qui rejetaient pacifiquement leur projet.
Quelles solidarités possibles entre les peuples ? Dans quel contexte avez-vous été reçue par le président de la République française ? Dans le cadre de sa visite officielle en Algérie le président français a tenu à rencontrer des acteurs de la société civile (des représentants(es) des femmes, des jeunes, des victimes civiles des années 90 (victimes du terrorisme islamiste et des services de l’État). La rencontre d’une heure a été riche en échanges sur l’égalité homme-femme, la participation politique des femmes, les libertés collectives et individuelles. Il a été cordial et a tenu à écouter chacun de nous jusqu’à la fin, bien que son protocole le pressait pour rejoindre les officiels et honorer d’autres RDV.
Pourquoi avez-vous soutenu dans cet entretien l'idée d'un traité de paix et d'amitié entre la France et l’Algérie ? Cela fait suite à l’appel pour un traité de paix et d’amitié entre la France et l’Algérie afin d’ouvrir une nouvelle ère de partenariat, de coopération et d'échanges entre les deux États et entre les deux peuples initié par le Mouvement de la Paix français et le réseau Paix et Développement algérien et publié
Tout devient possible si le bon sens l’emporte sur le discours des va-t-en guerre. En tout cas les femmes s’organisent comme le montre le succès de la rencontre des mouvements féministes de 14 pays arabes organisée au Caire par la « coalition égalité sans réserve » et à laquelle je participais la semaine dernière.
Quel regard portez-vous sur les évènements en cours au Mali et en Algérie ? La crise est profonde .Tant que les grands de ce monde font la guerre au terrorisme, au lieu de mener une lutte contre l’islamisme qui fait le lit de ce terrorisme, le monde ne connaîtra ni la paix ni la sécurité. C’est la suite logique aux politiques menées dans la région et basées surtout sur le tout sécuritaire, au lieu de se pencher aussi sur l’éradication de l’islamisme encouragé par le discours des prêcheurs « bon chic bon genre » qui transforment des jeunes de tous les milieux en bombes humaines. Propos recueillis par Roland Nivet
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MONDIALISER LA PAIX Le Prix du mérite
L’idée d’Europe et la paix L’attribution du Prix Nobel de la Paix à l’Union européenne fait polémique chez les pacifistes comme dans les médias, et jusqu’en Norvège même, où on veut Hémicycle du Parlement européen à Bruxelles.
C
e furent, pendant plus de mille ans, les conquérants qui accaparèrent l’idée d’Europe pour leur usage personnel, à fins de domination obtenue par la force des armes : de Charlemagne à Hitler, en passant par Napoléon, il n’a pas manqué d’autocrates pour vouloir imposer, chacun à sa façon, une Europe à sa botte. Que l’idée d’Europe puisse procéder d’une ambition de paix est, en revanche, un concept assez nouveau, au départ considéré comme utopique. Les projets fédéralistes, apparus après le Congrès de Vienne (1815), doivent être regardés comme une conséquence des terribles guerres napoléoniennes. On citera Saint Simon qui prônait « Les États-Unis d’Europe », en s’appuyant sur les notions de progrès, d’échange des biens et des personnes et de paix. L’idée d’Europe ne cessa dès lors de s’opposer aux divers nationalismes, militarismes, puis racismes et totalitarismes. Signalons la revue Les États-Unis d’Europe du Français E. Arnaud et l’ouvrage de référence La Fédération de l’Europe du Russe Novikov, tous des pacifistes résolus et actifs. C’est dans l’entre-deux-guerres qu’elle connut sans doute son plus fort développement idéologique, avec Carlo Sforza (Italie), qui publia Les bâtisseurs d’Europe en 1933, Ar20 20
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y voir le résultat d’un affrontement politique interne au royaume scandinave. Il n’est pas question ici de prolonger cette polémique mais de mettre en perspective historique l’idée d’Europe en relation avec la cause de la paix.
thur Salter (G.B.) et son ouvrage Les États-Unis d’Europe de 1934, sans compter Marc Sangnier chez nous. Mais c’est surtout Richard Coudenhove-Kalergi, un aristocrate austro-hongrois, parlant à peu près toute les langues de l’Europe, devenu plus tard Français, qui devait associer avec le plus de force l’idée d’Europe à la cause de la paix. Son Manifeste paneuropéen de 1923 fait encore référence. Il a, en tout cas, inspiré les pères de l’Europe des années 50. Son ambitieux programme se résumait par la formule « L’Europe ou la guerre ». Son Europe, fédérale, devait respecter les traditions culturelles de chaque nation et protéger toutes les minorités. Outre une union douanière, il avait imaginé un bureau fédéral et une cour d’arbitrage. En se référant à Coudenhove-Kalergi, Jean Monnet pouvait ainsi déclarer en 1950 « L’Europe n’a pas été faite ; nous avons eu la guerre ». On rappellera aussi le discours enflammé, prononcé en 1849 par Victor Hugo : "Un jour viendra où les armes vous tomberont des mains, à vous aussi ! Un jour viendra où la guerre paraîtra aussi absurde et sera aussi impossible entre Paris et Londres, entre Petersburg et Berlin, entre Vienne et Turin, qu'elle serait impossible et qu'elle paraîtrait absurde aujourd'hui entre Rouen et Amiens, entre Boston et Philadelphie. Un jour viendra où vous France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne, absolument comme la Normandie, la Bretagne, la Bourgogne, la Lorraine, l'Alsace, toutes nos provinces, se sont fondues dans la France. Un jour viendra où il n'y aura plus d'autres champs de bataille que les marchés s'ouvrant au commerce et les esprits s'ouvrant aux idées. - Un jour viendra où les boulets et les bombes seront remplacés par les votes, par le suffrage universel des peuples, par le vénérable arbitrage d'un grand sénat souverain qui sera à l'Europe ce que le parlement est à l'Angleterre, ce que la diète est à l'Allemagne, ce que l'Assemblée législative est à la France ! Un jour viendra où l'on montrera un canon dans les musées comme on y montre aujourd'hui un instrument de torture, en s'étonnant que cela ait pu être! Un jour viendra
Parlement européen à Strasbourg
où l'on verra ces deux groupes immenses, les États-Unis d'Amérique, les États-Unis d'Europe, placés en face l'un de l'autre, se tendant la main par-dessus les mers, échangeant leurs produits, leur commerce, leur industrie, leurs arts, leurs génies, défrichant le globe […], améliorant la création sous le regard du Créateur, et combinant ensemble, pour en tirer le bien-être de tous, ces deux forces infinies, la fraternité des hommes et la puissance de Dieu !" Un thème qu’il ne cessa de reprendre. Son humanisme ébouriffant peut faire sourire, mais ne laissera pas indifférent. Bertha Von Suttner (1843-1914), elle aussi, ne pouvait concevoir de paix durable sur notre continent éprouvé sans une Europe rassemblée. Au Congrès de la Paix de Berne de 1892, elle présenta une motion intitulée « Pour une Fédération Européenne des États ». Ce projet devait assurer la paix, en « créant des rapports juridiques durables en Europe, sans com-
promettre l’indépendance des nations qui la composent ». Les diverses sociétés de paix de l’Europe furent dès lors invitées à défendre vigoureusement l’idée d’un Europe fédérée. La paix en Europe ne devait constituer qu’une première étape sur le long chemin d’une paix mondiale. Elle influença le jeune Coudenhove-Kalergi. Par Europe, elle entendait non seulement la suppression des droits de douane, mais aussi la référence absolue aux droits de l’Homme… et à la laïcité. Elle fit parvenir maints articles à la revue L’Européen, alors l’organe des militants d’une Europe fédérée. On peut ainsi y lire (1913): « L’Europe est bien davantage qu’un concept géographique. Elle est – pourrait-on dire – devenue une personnalité latente. Il ne lui manque plus que l’existence (…) Une Europe unifiée, fédérée, voilà ce qui doit être désormais le mot d’ordre du pacifisme conscient. On ne saurait assez le répéter. »
références historiques, de se forger un jugement sur l’opportunité de l’attribution du Prix Nobel de la Paix à l’Union européenne. Quelque peu prématurée ? Un encouragement à renforcer la politique de paix (y compris sociale) de l’Union européenne ? Il dépend aussi de nous, citoyens de l’Europe et militants de la paix, que cette distinction suprême finisse un jour par être méritée. Jean-Paul Vienne
Libre à chacun, à partir de ces quelques N° 579 - Février 2013 - Planète PAIX
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CULTURE Exposition
Créer pour résister
commissaires Jacqueline Munck et
Résister à l’ordre nouveau.
exposition, ‘‘L’art en guerre 19381947’’, est une page d’histoire de France vivante et instructive. Merci et félicitations aux
Laurence Bertrand Dorléac qui y ont consacré 5 années et à Cécile Degos la scénographe.
EN SAVOIR PLUS
• Relié - 480 pages, 400 illustrations couleurs. Dimensions : 240 x 300 mm. Prix public : 39€ Éd. Paris Musées 22 22
L
’exposition montre ce qui était jusque là resté dans l’ombre : la création qui en France, durant la guerre, échappe aux consignes officielles de l’ordre nouveau. L’entrée surprend, oppresse : le noir des murs, le plafond en sacs de charbon, tentent de restituer l’atmosphère angoissante, prémonitoire de la rétrospective du surréalisme organisée en janvier 1938 par André Breton, Marcel Duchamp. Républicains espagnols, étrangers antinazis (comme Ernst ou Bellmer), juifs, communistes, sont envoyés dans des camps répartis un peu partout en France. Les pièces exposées, uniques, témoignent des activités qui y sont organisées, elles sont les traces irremplaçables de cet enfermement.
La remarquable
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L’exposition invite à comprendre la position des artistes pendant la guerre face à la promotion d’un art de consensus, strictement français inscrit dans la tradition figurative. Cependant, « Les jeunes peintres de tradition française » exposent en 1941 puis en 1943. Utiliser des couleurs très vives, le rouge et le bleu patriotiques, oser dissoudre les figures c’est pour eux s’inscrire dans la modernité portée par Bonnard, Braque, Matisse et Picasso. Picasso est écarté de la vie artistique, il vit reclus dans l’atelier parisien où il a peint « Guernica » en 1937. Agressé par Vlaminck, il répond par une activité débordante. Pour couvrir 50 ans de création nationale, en 1942, à l’inauguration du Musée National d’Art Moderne où responsables nazis en poste à Paris côtoient les Français, sont présentées les œuvres choisies par un régime qui exige un ordre nouveau. « L’art en guerre » présente ensuite la création qui continue un peu partout malgré tout. Celle produite dans la clandestinité avec « Le salon des rêves » de Joseph Steib, tableaux de style naïf contre le régime nazi. Celle conçue dans les camps d’internement. C’est bouleversant d’être face à des œuvres qui sont parfois les dernières réalisées par des hommes et des femmes avant leur déportation de France vers les camps de la mort.
Georges Braque Le duo, 1937 Huile sur toile
Celle d’artistes comme Ernst ou Kandinski considérés comme « dégénérés » par Vichy et l’occupant, présentée alors par de rares galeries courageuses et discrètes comme celle de Jeanne Bucher… Des documents (affiches, journaux, lettres, objets, photos et films d’actualité) contribuent à resituer les œuvres d’art dans leur contexte historique et à recréer l’atmosphère dans laquelle elles ont été élaborées.
La délivrance artistique La Libération, en art, c’est dès octobre 44 le Salon d’automne où Picasso présente ses œuvres réalisées pendant la guerre et où l’art de tradition moderne triomphe. Dans des salles lumineuses sont exposées des œuvres souvent abstraites qui témoignent de la délivrance artistique de l’après-guerre. Parallèlement les « anartistes » dont Dubuffet et Fautrier sont les révélateurs, se révoltent contre les images instituées. Ce refus conduit à une volonté de refondation artistique et de reconnaissance de l’art brut. N’attendez plus. « L’art en guerre » est une exposition émouvante qui aurait mérité d’être davantage popularisée tant sa visite est une expérience enrichissante. France Le Loc’h et Joël Frison Exposition au Musée d’art moderne de la ville de Paris jusqu’au 17 février 2013
CULTURE Aragon
« Je dis la paix comme une femme » Qui ne connait quelques vers de poèmes d’Aragon. Des mots somptueux pour dire Elsa, toutes les beautés du monde, les combats du 20ème siècle pour la justice la paix et la liberté. Les publications parues en 2012, année du 30ème anniversaire de sa mort, éblouissent. On y fait des découvertes inattendues ou oubliées !
C
ette vie est un roman. Le 5 ème tome de ses œuvres romanesques a été publié en 2012 dans la Bibliothèque de la Pléiade. Dernier volume d’une œuvre monumentale où Aragon s’exprime dans une langue somptueuse, de la plus classique à la plus moderne, se remettant sans cesse en cause avec la sincérité la plus poignante. Reconnu comme un des plus grands écrivains du 20ème siècle, même par ceux qui n’étaient pas de son bord qui l’ont aimé en dépit de tout, Aragon été un petit génie qui avait déjà écrit un roman à 7 ans, connaissait en 5ème le programme de littérature du bac. Poète, romancier, il a aussi été journaliste, essayiste… Homme d’action, engagé à partir de 1927 au Parti communiste, il lui est fidèle pendant 55 ans, il a tout cautionné. Le stalinisme, bien sûr. Indestructible naïveté trop optimiste, croyance sans failles dans un avenir radieux ? En 1956, la vérité éclate pour lui sur l’URSS. Il écrit dans la déchirante « Nuit de Moscou » : « on sourira de nous d’avoir aimé la flamme/ au point d’en devenir nous-mêmes l’aliment/… /Quoi je me suis trompé cent mille fois de route /… Eh bien donc j’ai perdu ma vie et mes chaussures/ je suis dans le fossé je compte mes blessures »1 et plus tragique encore « Moi, quand je relis ce que j’ai pu écrire alors, je me condamne … je m’étonne de ne pas avoir coupée [ma main droite] pour ce qu’elle avait écrit »2. « Le monde à bas ! Je le reconstruis plus beau
La première prise de conscience pour Aragon est la haine de la guerre. C’est la boucherie de la Grande Guerre où il était en première ligne comme médecin auxiliaire qui en a été l’origine. La guerre a été constamment présente dans sa mémoire. Il a vu « la
tants, des femmes et des enfants « pleurant leurs jouets perdus ». Mais finalement pour Aragon le plus bel hymne à la paix, c’est dire « la beauté des choses », les oiseaux, les roses et les lilas, les laitues dans les champs ravagés par les combats des Flandres. Le Roman inachevé publié en 1956, se termine sur des poèmes flamboyants d’espoir « Au plus noir du malheur/ j’entends le coq chanter/…/ je porte le soleil dans mon obscurité » et surtout, surtout l’amour d’Elsa, » Déchirez ma chair partagez mon corps/ qu’y verrez vous sinon le paradis/ Elsa ma lumière ». « Croyez moi ou ne me croyez pas/ ce que je sais du malheur m’en donne le droit/… / le bonheur existe et j’y crois ». Nicole Bouexel
boue, le sang, la gangrène » « Tu n’en reviendras pas /vieux joueur de manille qu’un obus a coupé par le travers en deux/ …/et toi … /tu survivras longtemps sans visage sans yeux ». Plusieurs de ses romans « ont pour perspective la guerre ou pour fin l’apocalypse moderne, la guerre ». Lors de la Seconde Guerre mondiale, combattant, puis résistant, il écrit sans cesse dans des formes d’une liberté suprême et même théorise la recherche « d’équations poétiques nouvelles ». En ces heures où « l’homme est profondément humilié », « jamais faire chanter les choses n’a été plus urgente et noble mission ». Il écrit la souffrance des combat-
1
La nuit de Moscou – Le roman inachevé – Poésie
-Gallimard 1956 réédition 1966. 2
Tome V des œuvres romanesques complètes d’Ara-
gon - Éd. Gallimard 2012.
EN SAVOIR PLUS Références pour mieux connaître Aragon : • Aragon, un destin français 1897-1939 – Pierres Juquin - Éd. de La Martinière – 2012 • Aragon, la confusion des genres – Daniel Bougnoux – Éd.Gallimard – 2012 • Le recueil de poèmes d’Aragon : La Diane française, le Crève-cœur, le roman inachevé,… N° 579 - Février 2013 - Planète PAIX
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Forum Social Thématique arer le Pour prép ial cial Mond o S m u r o F 013 n mars 2 e is n u T à
Le
9 mars 2013 à Marseille
de 9h à 18h
Cité des associations, 93 la Canebière
Une menace nucléaire sur la Méditerranée ? • Turquie, Israël, Italie, France avec des armes nucléaires • Une présence américaine importante • Une prolifération envisagée dans plusieurs pays
éalité nd jour la r a r g u a s n Metto es ! es nucléair des menac
Un autre monde est possible … sans armes nucléaires ! Avec le soutien de
Plus d’info : www.icanfrance.org/
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