L’info pacifiste : www.mvtpaix.org La paix en mouvement
3,20 euros / N° 581 / Avril 2013
Le commerce des armes : enfin un traité !
Dossier (P.11-16)
Droits humains
Free Angela Davis (P.22/23)
Sahara occidental
Modèle d'iniquité (P.19)
REGARD SUR...
Marche blanche pour la Syrie, Rennes (35), mars 2013
Forum social thématique "Pour une Méditerranée débarrassée des armes atomiques", Marseille (13), 9 mars 2013
Rassemblement solidaire avec les Maliens, Saint-Denis(93), 22 mars 2013
Journée de la femme, Achères (78), 9 mars 2013 2
N° 581 - Avril 2013 - Planète PAIX
Sommaire
l’Édito
Planète Paix n° 581 - Avril 2013
Faire les bons choix 6
D
Actualité
Les armes nucléaires et leur impact
P.6/7
Une préoccupation mondiale croissante Dépenses militaires françaises
P.8
Combien ça coûte ? Campagne internationale pour abolir l’arme nucléaire P.9
L’enjeu d’une campagne visible en France
11
dossier
commerce des armes : enfin un traité ! Traité sur le commerce des armes
P.12/13
Le pouvoir de la société civile Transferts des armes 2008/2012
P.14/15
Les nouvelles tendances
19
Guillaume de Souich Co-président du Mouvement de la Paix allias Nöuss
‘‘ La baisse des
dépenses mili-
taires et la lutte
mondialiser la paix
contre le com-
Écocide Cinquième crime contre la Paix
P.18
Sahara occidental
P.19
conventionnelles
P.20
sont nécessaires
Modèle d‘iniquité L’affaire « Dignité-Al-Karama »
L’illusion d’un procès
22
aux marges de manœuvre per-
culture
Cinéma
P.21
Cinq caméras brisées Droits humains
merce des armes
P.22/23
Free Angela Davis
mettant des investissements d'avenir dans la satisfaction des besoins humains et la ‘société de l'intelligence’.
Mensuel édité par le mouvement de la paix
9, rue Dulcie September, 93400 Saint-Ouen Tél. 01 40 12 09 12 Fax : 01 40 11 57 87 planete.paix@mvtpaix.org
’’
Directeur de la publication : Pierre Villard Secrétaire de rédaction : Nadia Dorny-Bennad Conception maquette : Chérif Beldjoudi Graphiste - maquettiste : Laurence Leclert. Comité de rédaction : Raoul Alonso, évelyne Aymard, Nicole Bouexel, Grégoire Desclaux, Nadia Dorny-Bennad, Annie Frison, Pierre Villard, Jean-Paul Vienne. Photos et illustrations : Tous droits réservés - Onu - Brigitte Illy Ont participé à ce numéro : Guillaume de Souich (alias Nöuss), Nadia DornyBennad, Pierre Villard, Jacques Le dauphin, Nicolas Vercken, Evelyne Aymard, Grégoire Desclaux, Nicole Bouexel, Catherine Razavet, Gestion des abonnements : Nassera Macrez, tél. 01 40 12 09 12. ISSN 1773-19241. Numéro de commission paritaire : 0317G85601 Imprimeur : Compédit Beauregard - 61600 La Ferté-Macé
ans le cadre de l'attente des conclusions du livre blanc, la montée au créneau de nos représentants politiques de tout bord est une interpellation qu'il est nécessaire pour les pacifistes de relever. Si cela peut paraître être la défense épidermique d'emplois inscrits profondément dans les territoires, c'est avant tout une demande de sens à l'action publique. On ne peut effectivement concevoir de désinvestir ce que l'on pense être stratégiquement indispensable. Or, de notre analyse, la réalité impose une stratégie de conversion. En effet, l'interdépendance commerciale et environnementale inédite a permis l’adoption par l'Onu de la culture de la paix suite au travail d’élaboration entreprit par l’Unesco. Ses engagements structurent une coopération régie par le droit international qui permet d'orienter les ressources vers la construction d'une paix durable, indispensable pour répondre aux défis sociaux et écologiques. Dans cette réalité, qui s'affranchit du conflit systémique comme moteur de l'économie, l'abolition des armes nucléaires, la baisse des dépenses militaires et la lutte contre le commerce des armes conventionnelles sont nécessaires aux marges de manœuvre permettant des investissements d'avenir dans la satisfaction des besoins humains et la « société de l'intelligence ».
Lors de la clôture des A.D.S.I1. , le sénateur Cambon2 déclarait qu'en dix ans la France avait consacré 200 millions à l’aide au Mali, contre 130 millions en 10 semaines de guerre et que cela devait nous interroger. Ces interrogations sont au cœur de l'action que les pacifistes mènent en direction des pouvoirs publics et de la majorité actuelle. Concrètement, la force du droit est liée aux missions régaliennes et la baisse des dépenses militaires est à considérer sur le plan mondial ; c'est pourquoi les pacifistes attendent du gouvernement français des orientations stratégiques globales dans ce sens. 1
Assises du développement et de la solidarité internationale
réunissant, de novembre 2012 à mars 2013, l’ensemble des acteurs du développement. 2
Vice-Président de la commission des affaires étrangères, de la
défense et des forces armées, membre de l’UMP.
Bon d’abonnement à Planète Paix page 17 N° 581 - Avril 2013 - Planète PAIX
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Courrier des lecteurs
Opinions, Suggestions, Observations ! Envoyez-nous vos messages pour qu’ils soient diffusés dans le journal et sur le site Internet du Mouvement www.mvtpaix.org. écrire à : Mouvement de la Paix 9 rue, Dulcie September, 93400 Saint-Ouen. Courriel : planete.paix@mvtpaix.org Les réflexions suivantes sont destinées au débat et n’engagent donc que leurs auteurs.
« La plus extraordinaire idée qui puisse naître dans la tête d'un politique est de croire qu'il suffise à un peuple, d'entrer à main armée chez un peuple étranger pour lui faire adopter ses lois et sa Constitution ! Personne n'aime les missionnaires armés » ! Extrait du discours de Robespierre le 30 mai 1791 lors de son intervention contre la peine de mort.
Petites pensées à méditer Historiquement, les efforts de paix ont eu pour but, de terminer ou de prévenir les guerres. Tout comme nous avons défini la santé en terme négatifs comme l'absence de maladie, nous avons défini la paix comme l'absence de conflits. Mais la paix est plus fondamentale que cela ; elle est un état d'esprit et non pas un état de la nation. Sans transformation personnelle, les peuples du monde sont à jamais condamnés à être pris dans des conflits. Si nous nous limitons au concept du vieux paradigme pour prévenir la guerre, nous essayons de vaincre l'obscurité plutôt que de mette la lumière. Au contraire, si nous reformulons le problème, pensant à favoriser la communauté, la santé, l'innovation, la découverte de soi, nous nous engageons dans le processus de paix. Dans un environnement riche, créatif et rempli de sens, il n'y a pas de place pour l'hostilité. La guerre est impensable dans une société d'individus autonomes qui ont découvert la liaison de tout l'humanité, qui n'ont pas peur des idées et des cultures étrangères, qui savent que toutes les révolutions commencent à l'intérieur. Nous pouvons commencer n'importe où, partout que la paix soit et que je sois le premier à la faire, que la transformation soit et que je sois le premier à la faire !
Poèmes extraits du Livre d'Or des Enfants de la Terre ! La paix Je marche dans les rues, demandant pourquoi ? Pourquoi pas la paix ? Qui l’a prise ? ... Pigeon voyageur, vole, vole ... à la liberté, n’oublie pas le laurier, signe de paix quand il ya la paix.
Brigitte Illy 4
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Cecilia Paulón 12 ans
le monde. Si nous nous unissons nous formerons la Paix ! Esther Ramirez Hernández 10 ans Espagne
Argentine
Poésie de la paix Dans la paix il y a de l'amour, Dans la douleur, la tristesse Unissons toutes les mains Pour créer avec grandeur Un monde où nous vivrons Tous comme des humains. La paix est indispensable pour
Henri Caillavet nous a quittés La lutte pour la paix a été constamment présente dans la vie d’Henri Caillavet. Elle s’est traduite dans la vie politique avec les hautes responsabilités qu’il a assumées. Ministre dans le gouvernement de P. Mendès-France, il fut un des signataires des Accords de Genève de 1954, qui mettaient fin à la guerre néo-coloniale d’Indochine. Et dans sa longue carrière de sénateur, il n’a jamais manqué d’intervenir pour défendre un idéal pacifiste auquel il croyait. Plus tard membre du Parlement européen, tout en constatant les difficultés dans le fonctionnement des institutions, il disait dans un article publié dans Combat pour la Paix, son espoir de « faire évoluer l’Europe, non plus celle des marchands mais celle des Peuples ». Ses convictions, il les a appliquées aussi dans la vie militante, par un engagement continu et fidèle au sein du Mouvement de la Paix. Membre du Conseil national, puis du Bureau national pendant de nombreuses années, il fut de toutes nos luttes et tout particulièrement durant la longue période de solidarité avec le peuple vietnamien. Toujours d’une grande rigueur dans ses analyses, il savait aussi communiquer l’espoir dans l’issue des campagnes menées solidairement. Au grand rassemblement « Paix au Vietnam » de mars 1965 à la Mutualité, il concluait ainsi son intervention : « La lutte sera dure,
Mon cri pour la paix mondiale S'il vous plaît garder les armes ; Oubliez les menaces, rancunes et les querelles. Remplissez votre vie avec amour ; prendre la douleur. Poster les mains en prière ; Ouvrez vos coeurs. Arrêter les guerres ; cultiver la fraternité et le respect. Il est encore temps de se battre pour ce noble idéal ; Il n'est pas trop tard. Semer l'amour, l'amitié et la paix. Aaron Paul Arsene Pestana Torma 17 ans suisse
mais partout où existe une volonté, existe un chemin pour l’homme ». Henri Caillavet comptait également parmi les membres français du Conseil Mondial de la Paix, élu et réélu au fil des Congrès. Les plus anciens du Mouvement de la Paix se souviennent de sa participation active aux travaux de la session de la Présidence à la salle Pleyel en mai 1974. Son nom figurait dans tous les appels contre les atteintes aux droits des peuples, pour la résolution des conflits par la négociation, pour les actions en faveur du désarmement. C’est avec tristesse que nous avons appris sa disparition. Nous redisons à sa famille, à ses proches, que nous prenons part à leur peine et que nous les assurons de notre profonde sympathie et de notre solidarité. Georges Pellet
REPÈRES ... Livre Israël, le nouvel apartheid
Les moissons du futur
Michel Bôle- Richard* Éd. LLL Les Liens qui Libèrent
Marie-Monique Robin Éd. Arte La découverte
S’il est un terme que les Israéliens et la communauté juive mondiale réfutent avec violence pour caractériser la situation des Palestiniens en Cisjordanie, c’est bien celui d’apartheid. Bien sûr, il ne s’agit pas du modèle qui a eu cours en Afrique du Sud jusqu’à la libération de Nelson Mandela en février 1990. Nous ne sommes plus à la même époque et les situations politiques sont différentes. Pourtant, dans les principes et leur mise en application, les méthodes sont souvent similaires et la ségrégation des Palestiniens en Cisjordanie et en Israël est une réalité que personne ne peut nier. Comme en témoigne l’utilisation de plus en plus fréquente du terme d’apartheid dans les conversations de nombreux responsables politiques et rapports d’organisations internationales. En attestent : la judaïsation de Jérusalem Est, la discrimination envers les Arabes israéliens, le blocus de Gaza, la politique d’expulsion des bédouins, le pillage des terres palestiniennes et leur transformation en bantoustans, la colonisation galopante, les humiliations quotidiennes des Palestiniens et l'amorce timide d'un processus international de boycottage pour protester contre cet état de fait. Apartheid réinventé, apartheid masqué, les faits et les réalités sur le terrain sont là. Ce livre en est une illustration, un constat basé sur des donnés irréfutables. Alors ? Dans combien de temps les Palestiniens demanderont-ils comme les Noirs sud-africains « One man, one vote » ? * Michel Bôle-Richard est ancien journaliste au quotidien Le Monde, a été correspondant en Afrique du Sud de 1984 à 1990 puis en Israël et dans les territoires occupés de 2006 à 2009.
Après Le monde selon Monsanto et notre poison quotidien, MarieMonique Robin présente le dernier volet de sa trilogie sur l’agro-écologie. En partant d’interrogations simples – Comment nourrit-on les gens aujourd’hui ? Y a-t-il une alternative à la production intensive actuelle soumise aux impératifs chimiques des pesticides et autres insecticides ? -, Marie-Monique Robin a parcouru le monde (Afrique, Europe, Japon, Amérique du sud) à la rencontre des paysans et des pratiques agricoles alternatives, des citoyens, des agriculteurs bio, des experts agronomes, des militants, des économistes, des collectifs, tous rapporteurs d'expériences réussies, d'innovations, d'espoir. Une enquête optimiste sur les solutions à la crise alimentaire qui touche la planète, pour peu que l’on change de paradigme agricole et que l’on repense l’organisation et la gestion de la chaîne alimentaire. Une remarquable enquête.
La phrase du mois « Chaque arme fabriquée, chaque guerre déclarée, chaque rocket mise à feu signifie, en fin de compte, un vol envers ceux qui ont faim et n’ont pas de nourriture, ceux qui ont froid et n’ont pas de vêtements. Le complexe militaro-industriel ne dépense pas uniquement de l'argent, il dépense la sueur de ses travailleurs, le génie de ses savants, les espoirs de ses enfants ... cela n’a aucun sens, ce n'est pas un mode de vie. Sous l’ombre de la guerre menaçante, c'est l'humanité qui est suspendue à une croix de fer. » « Ne laissons jamais le poids de ce complexe mettre en danger nos libertés ou notre démocratie. » L'ancien président américain Dwight D. Eisenhower, dans son discours « Une chance pour la paix » prononcé le 16 avril 1953 à l'American Society of Newspaper Editors.
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ACTUALITÉ Les armes nucléaires et leur impact
Une préoccupation mondiale Planète paix du mois de mars a largement informé ses lecteurs de la conférence organisée à Oslo les 4 au 5 mars par le gouvernement norvégien sur l’impact humanitaire des armes nucléaires. Nous revenons, ce mois-ci, sur les résultats de cette
L
es conclusions principales de la conférence, comme l’a souligné le ministre norvégien des Affaires étrangères lors de sa déclaration finale, sont qu’aucun État ou organisation internationale ne pouvait répondre adéquatement à une urgence humanitaire qui serait causée par l’utilisation d’une bombe atomique ; que les armes nucléaires ont démontré qu’elles avaient des conséquences dévastatrices immédiates et à long terme ; et ces effets ne peuvent être contenus dans des frontières nationales, elles auraient des impacts régionaux et mondiaux. A la fin de la conférence, le gouvernement du Mexique s’est engagé à organiser une autre conférence afin poursuivre les discussions. C’était la première fois que des chefs d'État se réunissaient pour se pencher sérieusement sur l’impact d’une catastrophe humanitaire causée par l’utilisation des armes nucléaires. Cette conférence a également marqué un changement significatif dans la perspective où plusieurs pays dénucléarisés pensent maintenant que le discours sur les armes nucléaires n’est pas suffisant pour répondre aux menaces qu’elles font peser sur l’humanité et que les défis posés par les armes nucléaires à la survie humaine et planétaire doivent être traités par des mesures préventives. Les discussions après chaque panel des experts ont été très différentes des débats plus tradition-
rencontre.
Délégation du Mouvemenr de la Paix, Oslo, mars 2013
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N° 581 - Avril 2013 - Planète PAIX
nels au sein des instances habituelles sur le désarmement nucléaire comme les réunions sur le TNP, l’Assemblée générale de l’Onu et la Conférence de Désarmement (CD). Les réunions ont évité dans une large mesure la rhétorique recyclée qui polarise régulièrement les débats sur les armes nucléaires. Il a ainsi été possible aux participants de faire des progrès réels en apportant une dimension nouvelle au débat international. Un autre aspect encourageant de cette conférence est le rôle clé joué par les organisations internationales et la société civile. Pour les représentants d'ONG travaillant sur les questions relatives aux armes nucléaires, il est très rare de pouvoir prendre la parole dans les débats internationaux traditionnels, mais pendant cette conférence, ils ont apporté une dynamique à la procédure et c'est un précédent pour les discussions à venir. Seules deux nations possédant des armes nucléaires ont participé de cette conférence : l’Inde et le Pakistan. Tous les autres pays nucléaires : la Chine, la Corée du Sud, la France, l’Israël, la Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis n’y ont pas participé. Ainsi, les cinq membres permanant du Conseil de Sécurité ont boycotté la réunion sous prétexte que la conférence « détournerait la discussion et la concentration » des autres débats. Le jour-même de la conférence, l’ambassadeur britannique à la Conférence de désarmement a indiqué que « tous
croissante
Présentation des impacts humanitaires des armes nucléaires par les ONG à Oslo, mars 2013
les efforts doivent être axés sur la CD », l’ambassadeur russe a considéré que la conférence à Oslo peut « détruire les efforts de la CD ». L’ambassadeur chinois, quant à lui, a estimé que les discussions à l’extérieur des systèmes de l’Onu ou de la CD vont saper les processus actuels. L’ambassadeur des États-Unis a insisté sur la nécessité « d’un processus pratique et une approche étape par étape pour le désarmement ». Ces arguments n'ont pas de sens. Pendant 15 ans, la CD n'a pas adopté un programme de travail ni livré un travail de fond. La notion que la lutte contre l'impact humanitaire des armes nucléaires pourrait compromettre tout le travail sur le désarmement et la nonprolifération des armes nucléaires est illogique. Par définition, les armes nucléaires sont considérées comme inhumaines à cause de leur propension à causer des désastres humanitaires et écologiques. Les conséquences humanitaires contestent le fondement du maintien des armes nucléaires et sape les incitations à la prolifération, ceci est dans l'intérêt de tous les États du monde. Il est important de dire que les pays nucléaires s'engagent souvent dans des processus alternatifs en dehors des processus de l’Onu et de la CD (comme le Sommet sur la Sécurité nucléaire ou l'Initiative de sécurité contre la prolifération) pour expliquer leur intérêt à la non-prolifération. Mais, personne n’accuse ces processus de saper le TNP ou autres processus actuels.
En fait, le travail sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires est complémentaire aux efforts visant à mettre en œuvre le document de référence du TNP de 2010, dans lequel tous les États parties au TNP ont exprimé leur « profonde préoccupation face aux conséquences humanitaires catastrophiques de l'emploi des armes nucléaires » et réaffirmé « la nécessité pour tous les États, à tous moments, de se conformer à l’application de la loi internationale, et du droit humanitaire ». Le P5 a raté une occasion de dialogue à Oslo, mais cela n'a pas empêché les pays et les organisations internationales d'avancer. La décision du Mexique d’organiser une réunion sur cette question a trouvé un bon écho dans toutes les déclarations de clôture et a été saluée par les représentants de la société civile présents à Oslo et dans le monde.
L’initiative de la Norvège et du Mexique sur cette question prouve que les pays exempts d'armes nucléaires ont un rôle important à jouer. La réunion de suivi est une occasion unique pour tous les États, les organisations internationales et la société civile pour continuer cette discussion et de « traiter de façon cruciale le problème des armes nucléaires », comme l’a rappelé le représentant de la Fédération internationale de la CroixRouge et du Croissant-Rouge. Cette conférence était importante non seulement parce qu'elle a fourni l'espace nécessaire pour recadrer le discours sur les armes nucléaires, mais aussi parce que c'était un premier pas significatif à l’élaboration d’un traité d’interdiction des armes nucléaires. N. D-B.
Conférence des chefs d'État sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires, Oslo, mars 2013 N° 581 - Avril 2013 - Planète PAIX
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ACTUALITÉ Dépenses militaires françaises
Combien ça coûte ?
Que dire du budget 2013 de la défense de la France ? Avant sa présentation, des milieux prétendument informés annonçaient une apocalypse. Étaient déjà évoquées des mesures draconiennes, comme la vente du porteavions « Charles de Gaulle » et la remise en question de grands projets. Qu’en est-il en réalité ? 8
N° 581 - Avril 2013 - Planète PAIX
A
vec 31,4 milliards d’euros, dont 16 milliards pour les équipements, 1,56 % du PIB, le budget 2013 apparait stable au regard de celui de l’année précédente. Certes on peut noter quelques coupes au niveau du fonctionnement et des effectifs, mais elles n’ont pas d’incidences sur le budget global. On notera aussi qu’avec 3 milliards d’euros, les crédits de la force nucléaire, dans ses deux composantes, sous-marines et aéroportées, ainsi que l’avait annoncé François Hollande, sont comme les années précédentes sanctuarisées. Les crédits affectés aux OPEX, quant à eux, montent en flèche. Ils représentent 630 millions d’euros, chiffre qui s’avère dès à présent insuffisant, car les trois premières semaines d’intervention au Mali sont estimées à 50 millions d’euros. Ces crédits en progression ne sont pas surprenants, car à ce jour, les soldats français sont engagés dans une dizaine de théâtres opérationnels, comme, au Tchad, au Kosovo, en Bosnie, en Centre Afrique, en Côte d’Ivoire, en Libye, dans l’Océan Indien, au Liban, en Afghanistan à Haïti, au Mali. De telles opérations, dans leurs développements, ne peuvent que grever le budget défense. Les OPEX coutent en moyenne 1 milliard d’euros par an. C’est un chiffre plancher, car les dotations sont très souvent dépassées Concernant la portée du budget lui-même, sans doute doit-on tenir compte qu’il est de transition entre deux lois de programmation militaire, celle en cours (2008- 2013) et celle projetée (2014-2019). Cette nouvelle loi devrait être présentée en conseil des ministres en juillet pour être soumise au Parlement à l’automne. Dans cette perspective le chef de l’État qui aura validé miavril le Livre blanc sur la défense et le cadre financier qui l’accompagne en évoquera les grandes lignes. Quelles seront les orientations ? Sans doute est-t-il
difficile de placer le budget défense « hors course » de l’austérité déployée dans de nombreux secteurs intéressant la vie quotidienne des Français, le contraire serait difficile à faire admettre à l’opinion. Reste à savoir dans quels chapitres des dépenses militaires il est possible d’économiser. Le débat à ce sujet va être très serré. On le mesure déjà dans celui instauré entre ministère de la Défense, commissions parlementaires de la Défense, et autres organismes officiels ou non. Dans cet esprit on peut, quant à nous, émettre quelques propositions, qui risquent fort de ne pas être retenues dans le Livre blanc, d’autant que jusque lors elles ne figurent pas dans le débat évoqué, ou du moins sont écartées par principe. L’arbitrage du président prévu à partir du 26 mars peut sans doute s’inscrire dans le même sens. Ainsi ne serait-il pas possible de remettre en cause la sanctuarisation des armes nucléaires, leur coût représente une part importante du budget de la défense ? La modernisation, plus ou moins avouée, sous le prétexte de maintenir en état une force de dissuasion, outre les dangers qu’elle recèle, grève en permanence le budget défense. Or elle n’offre pas de véritable garantie de sécurité, tout au contraire elle s’inscrit dans une course aux armements nucléaires à l’échelle mondiale. Le déblocage de cette sanctuarisation serait une mesure bénéfique car il placerait la France dans une position active en faveur de l’élimination de toutes les armes nucléaires. Ce qui est loin d’être le cas actuellement. N’est-il pas possible aussi de remettre en cause ce développement d’activité des OPEX ? Le débat qui s’est instauré écarte comme la peste cette idée. Est-il nécessaire pour la France d’intervenir dans de nombreuses crises internationales en disposant de la capacité de projeter en 6 mois 30 000 soldats, disposant d’armements performants ? Le rayonnement de la France ne dépend pas de cela. Sont évoquées parfois les contraintes imposées par l’appartenance à l’Otan ; dans ce cas il suffit de s’en retirer. Ce qui d’ailleurs serait satisfaire une revendication de l’opinion. Ces deux propositions d’économie suggérée dans le budget de la défense sont réalistes et auraient des répercussions sur plusieurs années. A défaut d’être retenues actuellement dans les projets officiels, elles constituent une base de revendication pour l’opinion. Jacques Le dauphin, Directeur de l’Institut de documentation et de recherche sur la paix
ACTUALITÉ Campagne internationale pour abolir l’arme nucléaire
L’enjeu d’une campagne visible en France La France fait partie du club très fermé des puissances nucléaires. Mais la fébrilité avec laquelle les représentants de la France se comportent dans les instances internationales montre que les gouvernements ne sont pas si forts que cela. A l’opinion publique française de se faire entendre pour imposer l’abolition des armes atomiques.
L
’engagement de la France dans un campagne ICAN et l’arrivée de nouvelles énersans guerre et sans armes nucléaires » en processus international d’abolition gies dans cette campagne. La participation 2007-2008, ou le « Tour de France de l’aboliaurait un impact évident. Nous était très jeune. Le mélange de personnes ention » en 2009 - 2010. Comment associer des n’en sommes pas là ; les gouverne- gagées dans l’abolition des armes nucléaires personnes qui ne veulent pas obligatoirement ments français qui se succèdent s’accrochent depuis de nombreuses années et de personnes s’engager dans l’une ou l’autre des organisaà ce qu’ils pensent être leur carte d’entrée nouvellement arrivées était très visible et tions d’ICAN-France ? des grandes puissances. Dans les instances rafraichissant pour tous. De plus, la participaLa question de lisibilité de la Campagne internationales, leurs représentants préfè- tion d’acteurs d’autres campagnes internatioet de son développement est clairement rent mettre en doute les actes et les paroles nales victorieuses sur d’autres types d’armes posée. Notamment au travers de ses outils de des autres plutôt que de se pencher sur leur est un atout considérable. communications et de sa capacité à mettre Le développement de la Campagne interpropre responsabilité et leurs propres actes. en œuvre des événements nationaux. Les Sans doute, la France est-elle événements majeurs que sont aujourd’hui le principal frein à Délégation du Mouvement de la Paix au musée du Prix Nobel de la Paix, Oslo, mars 2013 le Festival de l’Ile Longue le toute avancée vers un nouveau 9 juin, le Jeûne international du traité d’interdiction des armes 6 au 9 août à Paris, la semaine atomiques. Citoyens français, d'action de l'abolition nucléaire nous avons donc une respondu 6 au 13 juillet, la Croisière sabilité de portée mondiale. Il pour une Méditerranée pacis’agit de faire bouger notre goufique les 18, 19 et 20 octobre,… vernement. Cela ne viendra pas en seront des étapes majeures. d’en haut, comme une révélaA condition de réussir la syntion soudaine. Pour y parvenir, thèse des histoires et des prac’est dans l’opinion publique que tiques différentes pour un le refus et la mobilisation doiobjectif commun. vent grandir. L’opinion publique L’objectif de parvenir aux n’est pas homogène. Elle est 100 000 signatures de la pétidiverse, socialement, culturellement, politi- nationale pose concrètement la question des tion dite « pétition ICAN » est sans doute un quement,… Dans toutes les sphères de cette moyens du développement d’ICAN en France. moyen d’élargir les acteurs de l’abolition en opinion, il y a des gens qui peuvent s’engager Jusqu’à présent cette campagne s’est dévelopFrance pour gagner l’élimination définitive dans cette salutaire campagne pour abolir pée exclusivement au travers des organisades armes atomiques et de donner la lisibilité l’arme atomique. C’est la diversité des engage- tions qui la composent. Aujourd’hui ce sont nationale. ments qui a donné leur légitimité aux autres 64 organisations qui participent au Collectif, campagnes qui ont abouti à des traités de la dernière en date étant « Négajoule ». Ces Pierre Villard désarmement, y compris malgré l’opposition organisations s’investissent de manières différentes, mais elles ont su créer des initiatives acharnée des grandes puissances. EN SAVOIR PLUS La réussite du Forum de la société civile à coordonnées sur le territoire, comme la cam• www.icanfrance.org Oslo a montré l’existence internationale de la pagne de meetings « Pour un monde solidaire N° 581 - Avril 2013 - Planète PAIX
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Au jour le jour Promotion de la paix
A l’occasion de la première visite officielle du président Obama en Israël et dans les Territoires palestiniens, un Israélien et un Palestinien lancent un appel audacieux au président ainsi qu’à leurs dirigeants respectifs. Extraits. « Nous, les auteurs de cet article, Mahmoud d’Hébron (21 ans) et Gadi de Tel Aviv (52 ans), nous venons de nous rencontrer à la conférence « Struggling with Peace » au début de ce mois. Ayant, tous deux passé plusieurs années à apprendre à connaître le camp opposé et à travailler sur le terrain, de di-
Les robots-tueurs
Le 23 avril, sera lancée une Campagne pour l’interdiction des robots-tueurs, ces armes autonomes qui seraient en mesure de choisir et de tirer sur des cibles sans aucune intervention humaine. Les fondateurs de cette campagne ont convoqué une conférence, le 22 avril à Londres. Elle sera ouverte à toutes les ONG attachées à ce problème. Les objectifs de la conférence sont d’amplifier la sensibilisation de la société civile, de 10
N° 581 - Avril 2013 - Planète PAIX
Accident nucléaire ? Aucun risque !
verses façons, pour promouvoir la paix, nous avons rapidement sympathisé l’un avec l’autre. « Nous sommes tous deux convaincus que les Palestiniens et les Israéliens ont besoin d’un changement radical à la base comme au sommet, notamment au sein des institutions politiques qui régissent les forces de l’ordre sur le terrain. Le statu quo nourrit l’extrémisme de part et d’autre. » (…) « Dans son discours prononcé au Caire, en 2009, Barak Obama avait réaffirmé son engagement vis-à-vis de la sécurité d’Israël tout en reconnaissant les hu-
mieux appréhender des défis posés par ces robots-tueurs, d’encourager la société civile à organiser des initiatives autour de cette campagne pour l'interdiction du développement, la production et l’utilisation de ces armes.
Noces d’enfer A la veille de la Journée internationale de la femme, les filles du Sud-Soudan ont courageusement manifesté
miliations subies quotidiennement par les Palestiniens sous occupation. Ces paroles avaient eu un énorme retentissement, car elles étaient pleines de compréhension pour les sentiments ensevelis au fond du cœur des gens ordinaires d’un côté comme de l’autre. Aujourd’hui, en tant qu’Israélien et Palestinien, soucieux, l’un comme l’autre, du sort des Israéliens et des Palestiniens - que nous avons appris à bien connaître nous demandons au président américain de se rappeler de ce qu’il avait dit en Égypte. » (…) « Barak Obama a l’opportunité de tourner une page historique en mettant les deux parties sur le chemin qui conduit de manière sûre et rapide à une solution à deux États. Nous souhaitons que la venue du président américain en Israël et dans les Territoires palestiniens soit l’occasion pour nos dirigeants de faire preuve de courage, de sensibilité et de sagesse pour nous mettre sur la bonne voie… »
contre le mariage précoce, demandant au gouvernement de les soutenir. Selon les statistiques gouvernementales, près de la moitié des filles sud-soudanaises, sont mariées très jeunes, souvent dès l'âge de 12 ans, et, la plupart du temps, avec des hommes très âgés. Le mariage des enfants au Sud-Soudan empêche les filles de fréquenter l'école et contribue à un taux très élevé de mortalité chez les filles. Selon Human Rights Watch, les familles forcent les filles à se marier en échange d'argent. Celles qui tentent d'y résister subissent des brutalités de la part de leurs familles.
A Brest, pour la première fois des distributions d'iode auront lieu. Des milliers de Brestois habitant dans un périmètre de 500 mètres autour de la base navale seront concernés. Ces pastilles d'iode seront distribuées à titre préventif, selon France 3. Une conséquence de la mise à jour du Plan particulier d’intervention (PPI) de la base navale de Brest qui héberge des installations nucléaires (tout comme l'Ile Longue). La prise d’iode stable - couplée à une mise à l'abri - permet de protéger la thyroïde contre les rejets d’iode radioactifs en cas d’accident nucléaire. L'Autorité de Sûreté Nucléaire et les pouvoirs publics organisent depuis 1997, des campagnes de distribution. Les écoles, hôtels, mairies, entreprises situées à moins de 10 km d’une centrale reçoivent des bons les invitant à retirer les fameux comprimés d’iode dans les pharmacies. Certains habitants de Toulon reçoivent des pastilles d'iode depuis des années, en raison de leur proximité avec le port qui abrite le porte-avion Charles-de-Gaulle et des sousmarins nucléaires. Une façon de se préparer à une éventuelle "mais très improbable" fuite radioactive. Les particuliers ne peuvent pas s'en procurer eux-mêmes à la pharmacie. Les comprimés d'iode stable sont produits par la pharmacie centrale des armées et distribués par l'Établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (Eprus). Chaque département reçoit un stock, que la préfecture gère en fonction des risques nucléaires sur son territoire. (Source Le Télégramme.com).
DOSSIER
Le commerce des armes : enfin un traité !
• Traité sur le commerce des armes
Le pouvoir de la société civile • Transfert des armes 2008/2012
Les nouvelles tendances
Chaque jour, il y a près de 2.000 morts dans les conflits alimentés par les armes commercialisées illégalement. Pourtant, comme le souligne Amnesty International, le commerce mondial de certains aliments est plus strictement réglementé que le commerce des armes. En dépit de la prise de conscience des effets dévastateurs des transferts d'armes, de nombreux gouvernements continuent leur exportation irresponsable. L'idée d'un traité sur le commerce des armes (TCA) a été lancée par plusieurs ONG et quelques États dans les années 1990. Le 3 avril dernier, après des années de négociations, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté le premier traité international réglementant le commerce des armes. Une première victoire car, aujourd’hui, il faut renouveler d’efforts pour que les États entament le processus de signature et de ratification du texte afin qu’il entre en vigueur très rapidement. N° 581 - Avril 2013 - Planète PAIX
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DOSSIER
le c o m m erce des
Traité sur le commerce des armes
Le pouvoir de la société civile Plus d’une décennie
doigts d’une main, et la perspective de l’adoption d’un instrument juridiquement contraignant dans ce domaine relevait de « l’utopie », de la « chimère » ou de « l’idiotie » selon les commentateurs. Si un traité a pu voir le jour, c’est donc avant tout du fait de la mobilisation intensive d’ONG, comme Oxfam ou Amnesty, de Prix Nobel de la Paix, et de millions de citoyens à travers le monde : sans cette mobilisation continue des opinions publiques pendant plus de quinze ans, les États seuls n’auraient jamais engagé un tel processus, puis effectivement conclu les négociations sur des bases aussi solides.
de pressions exercées par les défenseurs des Droits de l'homme pour maintenir sur les rails les négociations pour un traité visant à réglementer l’énorme commerce mondial des armes conventionnelles. Ces efforts n'ont pas été vains. Les Nations unies ont adopté ce traité le 3 mars dernier.
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N° 581 - Avril 2013 - Planète PAIX
Nicolas Vercken
M
ardi 3 avril l’Assemblée générale des Nations unies a adopté le 1er Traité international réglementant le Commerce des armes (TCA) par une écrasante majorité, avec 154 votes favorables, 23 abstentions et 3 « non ». L’Iran, la Syrie et la Corée du Nord avaient empêché son adoption au consensus quelques jours auparavant, mais leurs manœuvres dilatoires n’ont pu s’opposer à la détermination de la grande majorité des États de finaliser cette négociation. C’est évidemment une victoire d’un très grand nombre d’États sur une petite minorité s’efforçant de freiner tout progrès du multilatéralisme, mais c’est aussi une victoire des pays démocratiques et de ceux les plus attachés au respect des droits de l’Homme sur les régimes dictatoriaux et sanguinaires. Surtout, c’est l’aboutissement d’une mobilisation de longue haleine et de grande ampleur de la société civile internationale : il y a encore une quinzaine d’années, les transferts d’armes étaient largement perçus comme relevant forcément du domaine du secret et de la seule responsabilité de chaque État au niveau national. Ainsi, à la fin des années 90, les États qui soutenaient l’appel initial de Prix Nobel de la Paix et de quelques ONG à mieux encadrer le commerce des armes se comptaient sur les
Ce traité, en effet, permet, pour la première fois, de fixer des standards communs au niveau international en matière de contrôle des transferts d’armes, là où il n’existait jusqu’à présent et dans le meilleur des cas que des approches partielles et peu contraignantes à des niveaux national ou régional. Ainsi, de nombreux pays et régions du monde ne disposaient d’aucun dispositif de contrôle des transferts d’armes, ni de norme applicable : c’était largement le cas dans le monde arabe, ainsi qu’en Asie. Le TCA stipule désormais que chaque État partie devra se doter de dispositifs administratifs et législatifs lui permettant de contrôler chaque transfert d’armes le concernant, même si celui-ci a lieu entre deux acteurs privés. Surtout, le Traité est centré sur une règle claire, au cœur des demandes répétées des ONG : un État devra refuser une exportation d’armes dès lors que celle-ci risque de contribuer à des graves violations des droits de l’Homme et du droit international humanitaire. En outre, le TCA prévoit que, par défaut, les États devront remettre des rapports annuels publics sur l’ensemble de leurs transferts d’armes : il y a là un véritable potentiel pour engager une dynamique vertueuse par laquelle les États deviendront, enfin et progressivement, comptables de leurs transferts d’armes vis-à-vis de leurs parlements et de leurs propres citoyens, vis-à-vis des autres États, ainsi que de l’opinion publique internationale. C’est bien grâce à cette transparence accrue que l’effet dissuasif
armes : Enfin un traité !
Tableau des votes pour un traité d'interdiction du commerce des armes, Onu, New-York, 3 avril 2013
et préventif du traité jouera à plein : il sera alors beaucoup plus difficile, juridiquement et politiquement, de vendre des armes qui contribueront à des crimes de guerre ou qui alimenteront la corruption. Évidemment, ce Traité n’est pas parfait : nous aurions préféré qu’il couvre le champ des armes classiques de manière exhaustive, sans laisser de côté les véhicules de transport de troupes, les matériels de sécurité et de police, les radars et systèmes de surveillance ou encore les transferts de technologie. Le traité idéal n’aurait laissé place à aucune ambiguïté juridique permettant éventuellement de s’affranchir du droit international humanitaire ou bien de faire prévaloir des accords de coopération et de défense sur des obligations du
Traité, et il aurait aussi pris en compte les impacts des transferts d’armes sur le développement socio-économique des États. En outre, il aurait été préférable qu’aucune latitude ne soit laissée aux États que des informations pertinentes dans la mise en œuvre du traité soient tenues confidentielles pour des motifs commerciaux ou de « sécurité nationale ». Et même un traité « parfait » peut être délibérément violé par ses signataires, et ne crée que des obligations indirectes pour les États qui n’y sont pas partie. Mais le plus important est bien de poser une norme, et d’enclencher une dynamique internationale irréversible par laquelle on attendra désormais a priori d’un État qu’il évalue les risques liés à ses transferts d’armes, et qu’il en rende compte à ses pairs.
Réjouissons-nous donc de cette avancée indéniable du droit international, et soyons fiers du rôle clé de catalyseur que nous avons joué tout au long du processus. Mais ne nous arrêtons pas là : appelons les États à signer en nombre ce nouveau Traité dès le 3 juin prochain à New-York, et à s’atteler dans la foulée à une ratification sans délai au niveau national, en allant au delà des normes plancher définies dans le Traité en le transposant de manière ambitieuse dans son droit interne, corrigeant ainsi les insuffisances et ambiguïtés relevées plus haut. Par exemple, il sera essentiel d’intégrer en droit français des critères clairs conduisant à l’interdiction automatique d’un transfert d’armes dès lors qu’il y a un risque substantiel qu’il contribue à des graves violations des droits humains ou du droit international humanitaire, ou porte atteinte à la paix et la sécurité. La France a eu une posture douteuse dans les négociations en soutenant un certains nombre de compromis potentiellement dangereux afin de gérer les sensibilités russes, chinoises, indiennes et américaines. Elle doit maintenant faire la démonstration de son engagement réel à mettre en place les « normes internationales les plus élevées » en matière de contrôle du commerce des armes, et adopter un dispositif législatif ambitieux à cet effet. Elle devra également s’efforcer dès les prochaines semaines à mobiliser les moyens nécessaires pour que le plus grand nombre de pays, notamment en Afrique et dans le monde arabe, soient effectivement en mesure de mettre en œuvre le Traité, et que la société civile puisse continuer son indispensable rôle de suivi indépendant de ces questions, et de moteur des progrès qu’il restera à accomplir. Nicolas Vercken, Responsable de Plaidoyer Conflits & Humanitaire à Oxfam France
EN SAVOIR PLUS • www.oxfamfrance.org N° 581 - Avril 2013 - Planète PAIX
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le c o m m erce des
Transferts des armes 2008/2012
Les nouvelles tendances Le SIPRI* a publié le 18 mars 2013 les nouvelles données sur les transferts internationaux d'armes conventionnelles. On y apprend ainsi que la Chine est devenue le 5ème grand exportateur des armes dans le monde et que le volume des transferts internationaux a augmenté de 17% entre 2003-2007 et 2008-2012. Extraits du rapport.
EN SAVOIR PLUS • www.sipri.org 14 14
N° 581 - Avril 2013 - Planète PAIX
L
e volume des transferts internationaux des armes conventionnelles est de 17 % plus élevé, pour la période 2008-2012, qu’en 2003-2007. Les cinq plus grands exportateurs en 2008-2012 sont les États-Unis, la Russie, l'Allemagne, la France et la Chine. Pour la première fois depuis la fin de la Guerre froide, un État hors Europe et Amérique du Nord est classé parmi les cinq plus grands exportateurs d'armes. Les cinq plus gros importateurs en 2008-2012 sont l'Inde, la Chine, le Pakistan, la Corée du Sud et Singapour. Le flux d'armes vers l'Asie et l'Afrique a augmenté, notamment entre 20032007 et 2008-2012, tandis que le flux vers l'Europe et le Moyen-Orient a diminué.
un grand nombre de véhicules légers blindés pour les opérations de sécurité intérieure. Toutefois, l'Iraq a reçu des chars et a commandé 36 avions F-16 de combat. La Russie L’Asie et Océanie représentent 65% des exportations d'armes russes en 2008-2012, suivies par l'Afrique (17%) et le Moyen-Orient (9%). L’Inde est resté le premier pays destinataire des exportations des armes russes avec la Chine. Le Vietnam est également parmi les 5 premiers destinataires des exportations russes. La Russie a armé de façon significative l’Asie du Sud en livrant environ 37 avions de combat Su-30MK et Su-27S à l'Indonésie, la Malaisie et au Vietnam. Les avions représentent 46%, et les missiles 20% Les 5 plus grands exportateurs, 2008/2012 des exportations des armes russes. Au cours de 2008Les États-Unis et la Russie sont restés de loin 2012, la Russie a exporté environ 343 hélicoptères les plus grands exportateurs d'armes. La quantité Mi-17 pour le militaire et la sécurité intérieure vers d’armes exportées par les 5 premiers fournis- 26 États. Près de la moitié de ces hélicoptères ont seurs en 2008-2012 est de 14% supérieure à été livrés aux États de l'Asie et de l'Océanie (166 hélila quantité exportée en 2003-2007, mais leur coptères), et à des importateurs aux Amériques (57), part collective du total des exportations est pas- Moyen-Orient (48), Europe (43) et Afrique (29). sée de 78% à 75%. Pour la L’Allemagne première fois depuis 1950, « Avec la crise financière en Europe, le Les exportations des sur une période de cinq ans, le retrait des troupes d'Irak et la réduction armes allemandes ont baissé des contingents en Afghanistan, nous Royaume-Uni n’est pas parmi de 8% entre 2003-2007 et les 5 premiers fournisseurs : pouvons nous attendre à voir l'Europe 2008-2012. La chute coïnla Chine est devenue le cin- tenter d'exporter un volume considérable cide avec la fin des livraisons de matériel militaire excédentaire », quième plus gros exportateur de plusieurs gros contrats a déclaré Mark Bromley, chercheur au de systèmes maritimes et d’armes. programme Transferts d’armes du SIPRI terrestres signés dans les Les États-Unis L’Asie et Océanie sont les années 2000. plus grands importateurs des armes américaines, ce D'autres États en Europe ont acquis 35% des qui représente 45 % de leurs livraisons. Le Moyen- exportations des armes allemandes en pour le Orient en représente 27% et l’Europe 18%. militaire et la sécurité intérieure, talonnés par En 2008-2012, les avions de combat représen- l'Asie et l'Océanie (31%) et les Amériques (17%), tent 62 % du volume des livraisons des États- le Moyen-Orient (14%) avec d'autres gros contrats Unis. Parmi ces livraisons, il y a 49 avions de en cours de discussion. Il s'agit notamment de combat, incluant les deux premiers F-35s (pour la possible vente à l'Arabie Saoudite de 600-800 le Royaume-Uni). Dans le futur, le F-35 sera le tanks Leopard 2A7+, jusqu'à 100 véhicules blinplus important programme américain exporté. dés Dingo-2 et plusieurs centaines de véhicules L’Irak et l’Afghanistan sont les grands béné- blindés Boxer, ainsi que la vente éventuelle au ficiaires des armes US en raison du retrait des Qatar de 200 Leopard 2A7+. En 2012, ces projets forces américaines de combat et du transfert des de ventes - en plus du marché passé avec l'Algéopérations à des forces locales. En 2008-2012, rie - ont été au centre d'un long débat politique l’Irak et l’Afghanistan ont acquis chacun 4% des national sur le niveau de restrictions du contrôle exportations américaines. Les livraisons incluent des exportations des armes allemandes.
Photo Nick Stern - Lookalikes
armes : Enfin un traité !
La fameuse scène de Pulp Fiction recréée avec des bananes (un clin d'oeil à l'aberration de la réglementation des exportations des bananes alors qu'il n'en existe pas pour le commerce des armes.)
France Les exportations des armes françaises ont baissé de 18% entre 2003-2007 et 20082012. 54% des armes ont été exportées vers les États d'Asie et d'Océanie pour le militaire et la sécurité intérieure et vers l'Europe (14%), l’Afrique (13%). Comme l'Allemagne, la baisse des exportations françaises coïncide avec la fin des livraisons de plusieurs gros contrats réalisés dans les années 2000. Fin 2012, la France avait plusieurs grosses commandes d'armes non concrétisées, dont 10 sous-marins commandés par le Brésil et l'Inde, 7 frégates commandées par la Malaisie et le Maroc, et 175 avions de combat commandés par l’Inde. Avec 11% des exporta
tions vers le Moyen-Orient pour le militaire et la sécurité intérieure, la France a en commande un certain nombre d'armes des États de cette région. La question de la fourniture d'armes aux États du Moyen-Orient a suscité beaucoup moins de controverse politique qu’en Allemagne. La Chine L’importance des exportations des armes conventionnelles chinoises a augmenté de 162% entre 2003-2007, et la part de la Chine du volume des exportations internationales est passée de 2 à 5%. Pour la première fois depuis les années 1986-90, la Chine se classe au cinquième rang des principaux fournisseurs d’armes. L’Asie et l’Océanie ont bé-
néficié de 74% des exportations chinoises, l’Afrique de 13%. Le Pakistan, qui représente 55% des exportations des armes chinoises est susceptible d’être le plus gros importateurs dans les années à venir en raison des importantes commandes en cours et en prévision d'avions de combat, sous-marins et frégates. Les récentes grosses opérations indiquent que la Chine s’est elle-même établie comme un substantiel fournisseur d'armes à un nombre croissant de pays dont l'Algérie, le Maroc et le Venezuela. Traduit par la Rédaction *Stockholm International Peace Research Institute
Faits notables • 71% des exportations d’armes conventionnelles vers la Syrie ont été assurées par la Russie durant la période 2008-2012. La Russie a poursuivi ses livraisons d’armes et de munitions en 2012.
• Les importations par les États nord-africains ont augmenté de 350% entre les périodes 2003-2007 et 2008-2012, ce qui explique en partie l'augmentation (104%) des importations d’armes pour l'Afrique dans son ensemble.
• Les États arabes du Golfe comptabilisent 7% des importations mondiales en 2008-2012. Les systèmes de défense antimissile constituent une part importante de leurs dernières acquisitions, avec des commandes passées en 2011-12 pour le Patriot PAC-3 et les systèmes THAAD des États-Unis.
• Les importations des États sub-sahariens ont seulement augmenté de 5%. La plupart des pays d'Afrique sub-saharienne ont importé des armes en nombre réduit ; beaucoup ont été utilisées dans des conflits internes ou lors des interventions dans les pays voisins, plus récemment au Mali.
• Les livraisons d'armes au Venezuela, dans le cadre de son programme de réarmement en cours, se sont poursuivies en 2012. La Russie en a assuré 66 % des transferts suivie par l'Espagne (12%) et la Chine (12%).
• Les importations grecques ont reculé de 61% entre 2003-2007 et 2008-2012, faisant passer la Grèce du 4ème au 15ème rang mondial des importateurs. En 2006-2010, la Grèce a été le premier bénéficiaire des exportations des armes allemandes et le troisième pour les exportations françaises. N° 581 - Avril 2013 - Planète PAIX
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RÉFÉRENCE
Les étapes pour aboutir au Traité
"Il existe beaucoup de règlementations pour l'industrie du film et de la musique mais aucune pour le commerce des armes"
2006 Présenté pour la première fois, en 2006, par la délégation du Royaume-Uni, le projet de résolution « Vers un traité sur le commerce des armes : établissement de normes internationales communes pour l'importation, l'exportation et le transfert d'armes classiques » a été appuyé par 145 pays tandis que les États-Unis et le Zimbabwe s'y opposaient et que 18 s'abstenaient. Le processus visant à réguler le commerce des armes a été lancé avec l’adoption par l’Assemblée générale de la résolution /RES/61/89 (6 décembre 2006), relative à un futur « instrument global et juridiquement contraignant établissant les normes internationales communes pour l’importation, l’exportation et le transfert d’armes classiques » (TCA). 2007 Le Secrétaire général a présenté à la 62ème session de l'Assemblée générale le résultat de sa consultation avec les États Membres sur « la viabilité, le champ d’application et les paramètres généraux ». 2008 Un groupe d’experts gouvernementaux (GEG) de 28 membres chargés par le Secrétaire général des Nations unies « d’examiner la faisabilité, le champ d’application et les paramètres généraux » du futur instrument s’est réuni à trois reprises au cours de l'année. Les conclusions du rapport du GEG ont permis d’engager la suite du processus et sur cette base l’Assemblée générale a adopté à une très large majorité, la résolution A/RES/63/240 qui a décidé de la consti16
N° 581 - Avril 2013 - Planète PAIX
tution d’un groupe de travail ouvert à l’ensemble des États, chargé de travailler sur les éléments d’un texte « en vue de leur inclusion dans un traité à venir ». 2009 Les deux sessions du groupe de travail de 2009 ont conduit à l’adoption d’un rapport intermédiaire, qui a permis d’avancer sur les points les plus consensuels et d’ancrer le processus au sein des Nations unies. Elles ont été marquées par une évolution favorable de la position des États-Unis et par un début d’acceptation du processus par les pays sceptiques. Fin octobre la résolution A/RES/64/48 est votée par la Première Commission de l’Assemblée générale, intitulée « le traité sur le commerce des armes ». 2010 Les travaux de la première session du Comité préparatoire de la Conférence sur le Traité sur le commerce des armes se sont tenus à New York, du 12 au 26 juillet 2010. De nombreux points restent à expliciter et à clarifier, mais les discussions ont permis une avancée significative pour l’adoption d’un TCA. 2011 Les discussions de la deuxième (28 février-4 mars 2011) et troisième session (1115 juillet 2011) du comité préparatoire ont porté sur les dispositions du traité : champ d’application, critères régissant les transferts ainsi que la coopération internationale, mise en œuvre et dispositions finales dans le cadre d’un traité sur le commerce des armes.
2012 Les discussions de la deuxième (28 février-4 mars 2011) et troisième session (1115 juillet 2011) du comité préparatoire ont porté sur les dispositions du traité : champ d’application, critères régissant les transferts ainsi que la coopération internationale, mise en œuvre et dispositions finales dans le cadre d’un traité sur le commerce des armes. Après des semaines de débats, les négociations aux Nations unies sur la mise en place du premier traité sur le commerce des armes conventionnelles se sont soldées par un échec vendredi 27 juillet à New York. Les 193 États membres devaient se mettre d'accord pour obliger chaque pays à évaluer si les armes vendues risquaient d'être utilisées pour commettre des « violations graves des droits de l'homme », des attentats, ou d'être détournées par le crime organisé. Les États-Unis et la Russie ont demandé davantage de temps pour se prononcer, imités par plusieurs autres pays (Chine, Inde, Indonésie et Égypte notamment) Quatre-vingt-dix pays, dont tous ceux de l'Union européenne et des États d'Amérique latine, des Caraïbes et d'Afrique, ont signé un texte se déclarant « déçus mais pas découragés ». « C'est un recul » après plusieurs années de travaux préparatoires et quatre semaines de négociations, a déploré le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon. « Mais cela ne signifie pas l'abandon » de ce traité car les États membres « ont accepté de poursuivre ce noble objectif. » 2013 L'Assemblée générale de l'Onu adopte le premier traité sur le commerce international des armes conventionnelles, malgré l'abstention de plusieurs des acteurs majeurs de ce marché de 80 milliards de dollars (62,5 milliards d'euros) annuels. En dépit des révolutions arabes et de l'absence d'innovations, la Russie, qui reste le premier fournisseur des pays émergents, a livré pour 15,16 milliards de dollars d'armements en 2012.
On peut agir sur les causes des guerres et des violences… … surtout si on les connaît
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MONDIALISER LA PAIX Écocides
Cinquième crime contre la Paix Un collectif de citoyens européens se mobilise pour aboutir à une loi contre les écocides, ce crime contre l’environnement, l’humanité et la paix. Reconnaître à la Terre ses droits et lui fournir de bons avocats, c’est l’ambition de l’initiative.
L
’« écocide » est « la dégradation partielle ou totale d’un écosystème, provoquée par l’homme ou par d’autres causes, et qui diminue de façon importante la jouissance d’un territoire par ses habitants ». La mobilisation des citoyens européens contre l’écocide s’inspire de l’action de Polly Higgins, avocate anglaise et ardente défenseure de l’environnement. En avril 2010, elle a déposé à la Commission du droit international des Nations unies un texte de loi afin d’amender le Statut de Rome, qui définit les règles de fonctionnement élémentaire de la Cour pénale internationale. Après les crimes contre l’humanité, crimes de guerre, génocides et crimes d’agression, qui conduisent à une guerre, l’écocide y a toute sa place.
5ème crime contre la Paix
EN SAVOIR PLUS • www.endecocide.eu 18
N° 581 - Avril 2013 - Planète PAIX
L’initiative citoyenne européenne est un outil qui permet aux citoyens d’interpeller directement le Parlement européen et de faire des propositions. Pour les écocides, si un soutien conséquent des citoyens européens s’exprime, à savoir obtenir avant le 21 janvier 2014 un million de signatures en un an, sur un serveur dédié de la commission européenne, cette dernière devra alors réfléchir à l’opportunité de proposer une directive pour punir les écocides. Un engagement fort et une opportunité de court-circuiter les lobbies. « En tant que citoyens, arrêtons l’écocide en Europe, donnons des droits à la terre » : « Nous
travaillons à partir d’une loi sur l’écocide pour le faire reconnaître comme un crime contre la Paix et qui reconnaît la responsabilité de personnes physique et pas seulement de personnes morales. » déclare Valérie Cabanes*, porte parole de l’initiative citoyenne européenne. Ainsi, quand Total est jugé pour la catastrophe de l’Erika, cette entreprise est condamnée à payer 200 millions d’euros de dommages, mais aucun des responsables de Total ne peut être poursuivi à l’heure actuelle. Il faut une loi internationale pour rendre criminellement responsables les individus qui décident d’actes destructeurs des écosystèmes. Il s’agit d’affirmer la primauté des peuples et de la planète en faisant de l’écocide le 5ème crime international contre la Paix. Car, ponctionner toutes les ressources de la planète induit des conflits entre les pays les plus pauvres et les pays les plus riches, ainsi que des flux de populations. Il en va de même de la directive européenne qui donnerait la possibilité aux Cours nationales et à la Cour européenne de justice de juger de tels crimes. Cette loi écocide remet l’humain à sa place dans un écosystème et non comme un gestionnaire de la nature ou comme quelqu’un qui l’exploite. Le tribunal international contre le crime contre l’environnement permettrait à la société civile de devenir « une véritable communauté humaine ». Les problèmes étant liés, il est essentiel que cette action citoyenne européenne, qui agit contre l’appropriation de la planète par quelques-uns, devienne planétaire pour la défense de l’Environnement, de la Planète et de la Paix. Evelyne Aymard * Quelques autres personnes investies dans cette action : Edgar Morin, sociologue et philosophe ; Alfredo Pena-Vega, chercheur à l’EHESS, coordinateur du Tribunal International de la Nature ; Philippe Desbrosses, agriculteur, docteur en sciences de l’environnement, fondateur de l’association Intelligence verte; Jean Jouzel, paléo-climatologue, au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (CEA/CNRS/UVSQ)…
MONDIALISER LA PAIX Sahara occidental
Modèle d‘iniquité À Rabat, du 8 au 16 février 2013 s'est tenu un procès jugeant la responsabilité d'indépendantistes dans la mort de 11 officiers de police au cours d'une opération officielle. Au delà du drame humain, la justice marocaine semble avoir d'autres plans que la punition d'activistes dangereux...
Manifestation à Laâyoune pour les prisonniers politiques sahraouis
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e 8 Novembre 2010, les forces de l'ordre marocaines ont démantelé un camp d'indépendantistes sahraouis dans la violence, le camp de Gdeim Izik. Cette attaque fit des victimes y compris du côté policier, le gouvernement annonçant 11 morts parmi les officiers présents en plus des blessés. Après l'enquête concernant la mort des policiers, 24 sahraouis ont été inculpés et emprisonnés jusqu'à leur procès qui s'est ouvert le 8 février dernier devant un tribunal militaire. Pour bien comprendre les enjeux de ce procès, il est nécessaire de connaître la situation des Sahraouis. Ces habitants du Sahara occidental bénéficient depuis la décolonisation espagnole d'une relative autonomie vis-à-vis du reste du Maroc, autonomie que des indépendantistes veulent pousser jusqu'à l'autodétermination totale. Cependant, l'existence d'un peuple sahraoui est contestée par le gouver-
nement marocain, qui ne compte pas reconnaître l'indépendance de la région. Le procès qui s'est tenu à l'encontre des 24 sahraouis participait sans doute à une manœuvre de diabolisation du mouvement indépendantiste qui a su s'attirer la défense de médias marocains et d'observateurs internationaux. Le procès s'est déroulé à Rabat, dans une salle majoritairement occupée par des policiers et des militaires marocains. À l'extérieur, des représentants sahraouis manifestaient leur indignation, faisant face à des adversaires demandant un verdict exemplaire pour les indépendantistes. Afin de ne pas céder aux emportements, les Sahraouis ont décidé d'abandonner cette position les deux derniers jours du procès. Les 24 accusés ont des activités pacifistes et de défense des Droits de l'homme, activités qui les ont menés à l'étranger pour parler de la situation sahraouie. Ces interven-
tions sont considérées comme des « crimes contre la sécurité de l'État ». et bien que déconnectées de l'affaire qui a été jugée font partie des pièces à charge dans les procèsverbaux de l'accusation. Les "accusés" ont contesté le contenu de la plupart des comptes-rendus de police, expliquant que leur signature avait été contrainte par la torture et ont dénoncé leurs conditions d'arrestation et de détention. Ils ont également témoigné aux familles des disparus que les Marocains n'étaient pas leurs ennemis mais eux aussi des victimes du système qui les opprime et les discrimine. Leurs avocats, chargés de les défendre collectivement ont tenté de démontrer les incohérences de ce procès, en premier lieu l'absence de témoins de première importance comme les auteurs des procès verbaux ou encore les membres du comité de dialogue mis en place entre les sahraouis et autorités marocaines avant le démantèlement du 8 novembre 2010. À l'issue du procès, 9 des accusés ont été condamnés à perpétuité, 4 à 30 ans d'emprisonnement, 7 à 25 ans et 3 à 20 ans. Selon Enaama Asfari, un des 24 accusés : « ce verdict marocain est à usage interne, il veut montrer à son opinion publique qu'il entend rendre justice aux 11 victimes marocaines alors que c'est la violence du démantèlement du campement pacifique de Gdeim Izik par la force publique marocaine qui en est responsable. Ce verdict est une vengeance à l'égard du peuple sahraoui qui s'est levé en masse durant presque un mois en octobre 2010... pour défendre sa dignité... Ce procès est une victoire pour tout le peuple Sahraoui car il nous a permis de témoigner... » Grégoire Desclaux
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MONDIALISER LA PAIX L’affaire « Dignité-Al-Karama »
L’illusion d’un procès
Le bateau « Dignité-Al-Karama »
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e « Dignité-Al-Karama », est l’unique rescapé de l’embargo grec sur la campagne internationale pour briser le blocus imposé par Israël sur la bande de Gaza. Le bateau se dirigeait vers la bande de Gaza après avoir quitté le port grec de la Crète en 2011, quand il fût arraisonné jusqu’au port d’Ashdod où il y est toujours. Les 16 militants à bord, des civiles, membres de partis politiques, syndicats … sont immédiatement soumis à des interrogatoires, incarcérés, parfois plus de 24 heures, dans des camps de rétention, puis reconduits dans leur pays d’origine. L’association « Les amis des peuples de la méditerranée » propriétaire du bateau, porte plainte auprès des tribunaux français. Me Weyl, porte-voix de l’association française réclame aujourd’hui la restitution de la flottille en état, 250 000 euros de dommages et l’indemnisation du préjudice moral causé. L’État d’Israël invoque son immunité d’État, et que « un État ne saurait être le juge de ses États voisins », selon une de ses avocates. Il prétend avoir agi dans l’exercice de ses pouvoirs de police pour protéger sa sécurité. Rappelons que le Dignité, petit bateau de plaisance de 16m avait été arraisonné par 7 navires de la marine israélienne. Le procureur de la République, au nom de l’État français est intervenu au procès en soutien à l’État d’Israël avec comme seul argument qu’Israël a intercepté le navire « aux fins de protéger ses intérêts propres » ce qui est un ahurissant déni du Droit. Ainsi il n’y a plus de droit international puisque
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Le 13 mars, l’État d’Israël comparaissait devant le TGI* pour avoir intercepté, en 2011, dans les eaux internationales, le « DignitéAl- Karama », un navire de plaisance battant pavillon français faisant partie
n’importe quel État pourrait faire n’importe quoi pour « défendre ses intérêts propres » y compris en violation du droit international. Pourtant, le Droit français et le Droit international (en particulier la convention du droit de la mer) prévoient la liberté de navigation en haute mer de tous les États et le respect mutuel de leur souveraineté, ce qui était le cas pour le Dignité. La défense israélienne oppose « un principe de droit coutumier, non codifié mais que reconnaissent les tribunaux depuis le XVIIe siècle », appelé immunité de juridiction. Pour Me Roland Weyl, « Aucun peuple ne peut exercer de pouvoir de police en dehors de chez lui, aucun État ne peut soumettre la haute mer à sa souveraineté .» Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 15 mai. Les organisations qui ont mené la Campagne du bateau pour Gaza avaient envoyé au Tribunal des messages de protestations contre cette argumentation et, en attendant le jugement, les actions vont se poursuivre. Espérons que les juges ne suivront pas ces conclusions avancées par le ministère Public qui une fois de plus conforteraient l’immunité d’Israël, au mépris du droit. Nicole Bouexel et Nadia Dorny Bennad
d'une flottille de la campagne « Un bateau pour Gaza ».
* Tribunal de Grande Instance de Paris
CULTURE Cinéma
Cinq caméras brisées L’injustice, le risque et l'espoir sont vivement capturés dans cette chronique d’un fermier palestinien à Bil’in, village assiégé. C’est un film très personnel sur la résistance nonviolente. Un travail extraordinaire de militantisme à la fois cinématographique et politique.
EN SAVOIR PLUS • www.zeugmafilms.fr
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hacun de nous « sait » un minimum de choses concernant les Palestiniens, la Cisjordanie, le mur, les colonies israéliennes. Ce film ne permet pas de « savoir » davantage mais de percevoir de l’intérieur, de faire sien pendant quelques dizaines de minutes le drame qui se joue là. C’est le pouvoir d’une image tour à tour violente ou bucolique, amère ou presque pleine d’espoir. La voix off qui l’accompagne se mêle aux explosions des grenades et aux cris de haine, de joie ou de douleur lui donnant encore plus de force. 2005 : alors que naît Jibril le quatrième fils d’Emad Burnat, l’État israélien décide la construction du mur qui va isoler le village de Bil’in en Cisjordanie et ses 1700 habitants et l’amputer de la majeure partie de ses terres. A quelques centaines de mètres sera construite une colonie juive de 150000 habitants ! Alors que le village décide d’entrer en résistance, Emad va choisir son propre mode d’action : filmer, filmer la vie et la mort. La vie, c’est ce fils dont les premiers mots seront « mur, armée, cartouches ». La mort, c’est l’enfermement derrière le mur, l’arrachage des oliviers aussi terrible que la mort des humains pourtant bien réelle. C’est aussi la tentative de mort des images par la destruction successive de cinq caméras, même si paradoxalement la « mort » d’une des caméras sauve la vie de l’homme qui filme ! L’action de ces hommes tantôt tendre et pacifique (le rameau d’olivier que l’enfant offre à un soldat israélien), tantôt dérisoirement violente (les jets de pierres contre des tanks) sera forcément illusoire. L’État palestinien est incapable de protéger ses citoyens et ses terres face à l’armée israélienne, symbole de la force de l’État hébreu. Malgré son désespoir Burnat n’est pas sans voir le trouble des jeunes soldats israéliens : à défaut de mots, sa caméra s’attarde parfois sur les visages
de ces tout jeunes hommes et leur trouble. Filmer, filmer encore et toujours malgré les caméras brisées et sa vie en danger est l’unique force de cet homme et de ses compagnons. La « force de vie » d’Emad et de ses fils au milieu de toutes ces forces de mort ne peut que nous bouleverser profondément. Puisse-t-elle réveiller notre regard et nos pensées ! Le film a été réalisé grâce à l’israélien Guy Davidi et est présenté comme franco-israélo-palestinien. Bien que nominé, il n’a pas reçu l’Oscar. Catherine Razavet
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CULTURE Droits humains
Free Angela Davis Angela Davis est l'une des militantes et universitaire américaine la plus connue. Elle se bat pour la justice, contre l'oppression sociale, contre la peine de mort, des messages hérités du parti Black Panthers, mouvement pour la justice sociale et la libre-pensée des intellectuels. Elle était à Paris durant le mois de mars à l’occasion de la sortie, le 3 avril, du film de Shola Lynch, « Free Angela and all political prisoners ».
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e vendredi 22 mars, dans les locaux parisiens du Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples*) la conférence d’Angela commence par des chiffres terribles. La peine de mort existe toujours dans le monde notamment en Chine, aux États-Unis, en Arabie saoudite et au Yémen, avec 6 à 10 000 exécutions par an. 2,5 millions personnes sont incarcérées aux États Unis soit 0,9% de la population adulte américaine. Le combat d’Angela Davis, militante des droits civiques, contre les prisons et la peine de mort se poursuit inlassablement. Et, précise-t-elle, « beaucoup de personnes de minorité ethnique et de « couleur » ont été exécutées ». La peine de mort serait-elle raciste ? « C’est une question très complexe aux États-Unis, liée à l’histoire de l’esclavage, répond-elle. Au moment de la révolution américaine, lorsque les peines corporelles ont commencé à être abolies, la peine de mort aurait dû également être abolie qui d’ailleurs l’a été en partie pour les blancs sauf pour les peines les plus graves c’est-à-dire les meurtres. » Mais, selon les lois de l’esclavage, la peine de mort pouvait être appliquée aux esclaves puis au Noirs pour soixante-sept délits. « La peine de mort s’est réfugiée dans le statut des esclaves, poursuit Angela Davis. Après son abolition, la
peine de mort a perduré pour les Noirs jusqu’à aujourd’hui. C’est le résultat du fonctionnement raciste du système et l’héritage de l’esclavage. Cent cinquante ans après la fin de l’esclavage, la peine de mort montre l’échec de cette abolition. L’esclavage n’a donc pas été totalement aboli. Les États-Unis est le seul pays à utiliser la peine de mort pour des crimes ordinaires. La prison à vie équivaut à la peine de mort. » Angela Davis part également du postulat que, y compris, « l’abolition des peines de prison est possible dans un monde libre. « Un processus en cours », selon elle. Qu’en est-il aujourd’hui de son combat ? « Les causes actuelles pour lesquelles je me bats ne diffèrent pas beaucoup de celles pour lesquelles je me battais dans les années 1970. Je me bats pour les prisonniers comme Leonar Peltier ou Mumia Abu-Jamal aux États-Unis et les Palestiniens. Je me suis battue contre la guerre en Irak. Je me bats pour qu'Obama ferme la prison de Guantanamo. Et je soutiens les mouvements de travailleurs comme avant ». L'icône des années 70 continue le combat pour la liberté et l’égalité. Evelyne Aymard
Biographie d'Angela Davis 1944 : Angela Davis est né à Birmingham, en Alabama, dans une famille Noire, relativement aisée. Au début de son enfance, elle subit les effets négatifs du racisme et s'interroge sur l'existence du racisme dans la société.
gande américaine. Cela confirme sa position selon laquelle la seule façon d'éradiquer le racisme aux États-Unis est de prendre une voie socialiste.
Février 1972 : à la suite de la modification des lois de la Californie et de la campagne « Free Angela Davis » pour sa libération, une enquête est ouverte.
1970 : elle poursuit son travail sur sa thèse de doctorat et adopte la cause de George Jackson, un militant noir américain qui devint en prison (où il a passé les 12 dernières années de sa vie) membre du « Black Panthers Party », un parti politique afro américain de type marxiste-léniniste. Il était l'un des frères Soledad.
4 juin 1972 : le jury de l'affaire Davis l’a reconnaît non-coupable. Angela est libérée après deux ans d'incarcération.
16 septembre 1963 : un attentat dans une église à Birmingham, en Alabama, tue quatre filles qui connaissaient Angela depuis son enfance. Cela a un impact sur elle, elle est convaincue que c’est l’œuvre d'un raciste et pas seulement le fait de quelques individus en colère.
Août 1970 : un soulèvement lié à George Jackson se produit en prison. Angela Davis est accusée d'y être impliquée. Elle est sur la liste des personnes les plus recherchées du FBI. Elle s'enfuit en Californie, mais est finalement arrêtée à New York.
1980 : elle se déclare candidate pour le Parti communiste. Bien que le Parti communiste ne récolte pas beaucoup de voix, la candidature de Davis révèle qu'elle est toujours un personnage public important.
1968 : elle recherche une organisation où militer. Elle rejoint le parti Black Panthers à Los Angeles.
1970 : Angela passe du temps en prison à New York. Elle déménage ensuite en Californie, où elle sera jugée.
1969 : Angela se rend à Cuba où elle a été complètement scandalisée par la propa-
Août 1971 : George Jackson est tué en prison. Angela est effondrée.
1959 : elle décide d'aller à New York pour élargir ses horizons. Elle y explore des solutions à la pauvreté, le racisme et devient fascinée par le Manifeste du parti communiste et le communisme. Cette expérience allait plus tard changer sa vie.
1979 : Angela Davis visite l'Union Soviétique et se voit décerner le Prix Lénine de la Paix. Elle est également professeure honoraire à l'Université de Moscou.
Depuis 2006, Angela Davis est en congé sabbatique à l'UC Santa Cruz et continue de parcourir le monde pour protester contre les injustices.
EN SAVOIR PLUS • philippe.hague@gmail.com
Le film Free Angela and all political prisonners Free Angela & all political prisoners raconte l'histoire d'une jeune professeure de philosophie, née en Alabama, issue d'une famille d'intellectuels afro-américains, politiquement engagée. Durant sa jeunesse, Angela Davis est profondément marquée par son expérience du racisme, des humiliations de la ségrégation raciale et du climat de violence qui règne autour d'elle. Féministe, communiste, militante du mouvement des droits civiques aux États-Unis, proche du parti des Black Panthers, Angela Davis s'inverstit dans le comité de soutien aux Frères de Soledad, trois prisonniers noirs américains accusés d'avoir assassiné un gardien de prison en représailles au meurtre d'un de leur codétenu. Accusée en 1970 d'avoir organisé une tentative d'évasion et une prise d'otage qui se soldera par la mort d'un juge californien et de 4 détenus, Angela devient la femme la plus recherchée des États-Unis. Arrêtée, emprisonnée, jugée condamnée à mort, elle sera libérée faute de preuve et sous la pression des comités de soutien internationaux dont le slogan est « Free Angela ! » Devenue un symbole de la lutte contre toutes les formes d'oppression : raciale, politique, sociale et sexuelle, Angela Davis incarne, dans les années 70, le "Power to People". Avec sa coupe de cheveux "boule" et sa superbe silhouette elle lancera, malgré elle, la mode "afro", reprise à cette époque par des millions de jeunes gens. Quarante ans plus tard, à l'occasion de l'anniversaire de l'acquittement d'Angela Davis, Shola Lynch, avec Free Angela & all political prisoners, revient sur cette période cruciale de la deuxième partie du 20ème siècle. Documentaire 1h37 - USA/France – 2012 - Sortie en salle le 3 avril 2013
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Pour l’élimination des armes nucléaires Pour une civilisation de justice et de paix…
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articipez au festival ‘‘Debout tout le monde’’
C
oncerts, exposition, débats, stands, fest-deiz ….
Le dimanche 9 juin 2013 de 10h à 18h
Au Fret sur la presqu’île de Crozon (Finistère) Face à la base de sous-marins nucléaires de l’Île Longue
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e festival sera précédé de 3 marches de soutien organisées en Bretagne : Départ de Rennes, Nantes et Saint-Malo
Tous les marcheurs, les randonneurs, les amoureux de la nature, les cavaliers,… mais aussi chaque personne se sentant concernée par la présence d’armes nucléaires sur notre sol, sont invités à se joindre aux marches et à rejoindre Crozon dimanche 9 juin prochain.
Pour tous renseignements sur le déroulement du festival, les itinéraires des marches, les informations pratiques… Contact : Mouvement de la Paix du Pays de Morlaix - Tél. 06 37 63 88 95 Site internet : culturedepaix.org/blogs/festivalpaix/