5 minute read

1.4. Introduction d’une politique de développement durable de 1994- 2003

les classes moyennes en matière d’accès aux logement (hypothèse soutenue et analysée par M Chebbi).

La crise de l’Etat providence et du modèle keynésien85ont été l’origine de naissance d’autres mouvements qui cherchent à la fois la structuration et la libéralisation de l’économie en se référant au désengagement de l’Etat. Mustapha ben Letaief86 ,dans son ouvrage, a traité la distribution des rôles entre le secteur public et le secteur privé durant le milieu des années 198087 (Ben Letaief, 2008).

Advertisement

Alors, les politiques urbaines peuvent-elles assurer le développement du territoire national et régional dans un processus de mondialisation ? Quelle retombée du changement de la politique gouvernante sur les politiques urbaines ?

L’établissement du premier schéma national d’aménagement du territoire et des schémas régionaux a été vers les années 1985. Mais le changement du décideur politique a impacté directement les politiques nationales d’aménagement. En fait, L’Etat tunisien s’est appuyé sur l’ajustement libéral dans une vision de globalisation qui va impacter le tissu urbain et la nature de la politique urbaine qui en découle.

Donc les villes tunisiennes vont être mises à niveau selon la nouvelle politique basée sur le désengagement de l’Etat. Mais l’implication de l’économie tunisienne dans l’économie mondiale a dû être basée sur un territoire compétitif et un tissu urbain performant. D’où l’état est passé vers un autre modèle : la rationalité managériale qui favorise les valeurs de l’entreprise face aux actions publiques, encourageant la productivité et la compétitivité des villes et des régions, ou le modèle de recherche d’équité sociale et régionale parait traditionnel et non rentable (Bounouh A. , 1998).

1. 4. I ntroduction d’une politique de développement durable de 1994 à 2003

1 . 4.1. Evolution d es p olitiques u rbaines et m obilisation des projets

L’intervalle des grands projets et schémas directeurs, selon Morched Chebbi, s’étale sur la période 1990-2005. Cette période introduisait des textes législatifs et réglementaires, desorganisations non gouvernementales ONG, des associations et des

85 Fondée par l'économiste britannique John Maynard Keynes, là où l’état joue un rôle important dans les domaines économiques pour pallier les défaillances de l’économie 86 Docteur en droit publique et professeur à la Faculté de droit et des sciences politiques de Tunis 87 « Les politiques urbaines en Tunisie, Quelques réflexions sur les mutations d’une action publique post-keynésienne » Métropoles, Aménagement urbain et transition post-keynésienne, Ben Letaief, Mustapha, 2008

approches participatives. Commençant par la divulgation du CATU en 1994, puis venait la mise en circulation de l’étude du SDATN en 1994 (schéma directeur d’aménagement du territoire national). Par la suite le lancement de l’étude du schéma directeur d’aménagement du Grand Tunis. L’élaboration d’un nombre important de plans d’urbanisme auprès des communes a été entre 1993 et 2000 avec un nombre qui dépasse les 150 plans. En fait, 1991 et 1995 sont deux dates marquantes pour l’environnement qui correspondent respectivement à la création du ministère de l’environnement et l’agence de protection et d’aménagement du littoral APAL.

Par ailleurs, l’Etat passe au désengagement progressif en termes de production, de financement de l’habitat et d’attribution aux communes la tâche d’élaboration des

plans d’urbanisme. Ce désengagement a été à la faveur du secteur privé qui a été marqué par la réalisation de grands projets et opérations urbaines ; réaménagement de l’Avenue Habib Bourguiba 2001, le lotissement des berges du lac nord et l’aménagement du lac Sud (dragage et reconstitution).

Toutefois, les opérations urbaines d’envergure, restent toujours réservées à l’Etat : l’aménagement routier ; extension du métroléger et nouvelles opérations en termes de branchement et mobilité urbaine.

Revenant au cas des berges de Sijoumi, l’inondation spatiale (problèmes d’aménagement urbain) reste encore accompagnée d’un naufrage social ; une population fragile occupant une architecture de survie dans une zone considérée sensible (berges humides).

1 . 4.2. Urbanisme d e m asse et réaction d e l’Etat

Les retombées de la mondialisation ont affecté les politiques urbaines sur Tunis, essentiellement l’intérêt accordé à la réhabilitation qui a été déclenché par l’Etat depuis les années quatre-vingt. D’où l’engagement de l’Etat dans un programme national de réhabilitation des quartier populaires (PNRQP); cet engagement a été une réponse aux différentes tensions sociales dans les périphéries urbaines majoritairement sous forme de quartiers informels ou manquaient les nécessités élémentaires de vie (électricité, eau, assainissement, branchement ONAS, etc.). D’où la création d’autres institutions publiques chargées dans la résolution de ces types de problèmes urbains.

En contrepartie, des problèmes d’ordre socio-urbain sont de plus en plus flagrants. L’intervention du secteur privé et le morcellement des habous ont induit l’augmentation du niveau d’accès à la propriété. Le district de Tunis est en pleine explosion démographique. On parle de la ville double voire triple avec un déclenchement des risques d’ordre environnemental et un taux ascendant de pollution88 (Abdelkefi J. , 2013).

Ce genre de problèmes a été évoqué essentiellement sur les rives des deux sebkhas de Tunis (celles de l’Ariana et de Sijoumi). Quant à la lagune de Tunis, elle a connu une nouvelle forme d’urbanisation.

En fait, l’urbanisme de masse a pris un rythme ascendant avec l’arrivée des investisseurs émirats vers les années 2000. Les berges du lac de Tunis ont joui d’une urbanisation de très haut standing (l’urbain à l’occidental) dans le cadre d’un très grand projet d’aménagement dirigé par la SPLT, sachant que cette opération a été précédé par le remblaiement de 1000 hectares du plan d’eau dans le cadre de réconciliation de la ville avec son plan d’eau et le gain foncier.

En effet, la grande opération du lac de Tunis et le déclassement des terres agricoles de la sebkha de l’Ariana ont mené la ville vers la règlementation. Pour la sebkha de Sijoumi, contrairement aux deux autres sebkhas, l’habitat informel continue son expansion et extension au détriment des terres agricoles et du DPH89 .Pour ses rives, délaissées sans aménagement ni planification, les propriétaires clandestins continuent à construire et vendre hâtivement en morcelant des terres agricoles. Les habitations se rapprochent de plus en plus du plan d’eau et la catastrophe a eu lieu ; les inondations de 2003 ont induit à la suralimentation de la sebkha, la hausse du niveau de la nappe phréatique et le débordement de l’eau, et c’est dû au bétonnage des surfaces (auparavant absorbantes des eaux pluviale) et l’arrachement des végétations riveraines.

Donc on peut déduire, outre l’aspect anarchique des habitations, l’absence des équipements, de branchement, de raccordement aux réseaux et à l’eaux, accompagnés des catastrophes naturelles, ces aspects ont rendu la population riveraine de plus en

88 « La réponse de l’État au processus d’urbanisation » Jalel Abdelkefi, 2013 89 Domaine public hydraulique

This article is from: