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1.1. Un rapport de rejet de la fin du XIXe siècle jusqu’aux années 1935

1. 1. Un rapport de rejet de la fin du XIXe siècle jusqu’aux années 1935 :

Cette période est marquée par la fin du règne des ottomans contre l’installation du colons français. La Medina, passe d’un noyau, à part entier, fortifié par ses remparts, à une masse urbaine entourée par des quartiers formels et d’autres informels (les premiers bidonvilles).

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Pour les quartiers formels, l’intérêt de l’administration coloniale a consisté à édifier la nouvelle ville européenne côte à côte avec la Medina tout en se rapprochant de la lagune de Tunis. Sur le plan économique, cette période a introduit la Tunisie préindustrielle et précapitaliste, par la suite le capitalisme colonial s’est répandu58 . (Chabbi M. , 2012).

1 . 1.1. Cliché h istorique s ur l’ancienne ville d e Tunis et changement d ’éta t (d’une régence o t t omane à une colonie française)

La Medina, noyau historique de Tunis, a été à l’origine un village berbère. Sous le règne de Hassan Ibn Noomen et les princes sanhajites. Ce village a été transformé en Médina à partir duXIIIe siècles où plusieurs ethnies cohabitaient en se protégeant par ses remparts. Seuls les jardins, les champs et les cimetières se trouvaient dans les zones périphériques de la Medina59 (Abdelkefi J. , 1987).

Selon Henri Lefebvre, l’espace urbain doit être perçu, conçu et produit des pratiques quotidiennes, d’où la cité peut être considérée comme projection de la société dans l’espace. Pour le cas de la Medinade Tunis, elle n’a pas noué une bonne relation avec la lagune ; la porte de la mer (Beb Bahr) fut la limite physique comme l’indique son nom. En revanche, les rives ont absorbé les résidus des égaux à ciel ouvert. Mais, des gravures montraient la promenade de la marine avant l’installation du colon.

Par ailleurs, les khandaqs60 déversaient l’eau usées dans le lac de Tunis : ainsi la relation avec la lagune a été en rupture. Une source de pollution a été créée malgré que ce plan d’eau accueille un nombre très important de flamant rose, de canards et de cormorans vu la richesse nutritive du lac.

58 « Urbanisation et politiques urbaines dans le grand Tunis », Morched Chebbi, 2012, P.50-59 59 « La Medina de Tunis, espace historique » Jalel Abdelkefi, 1987 60 Égouts pour le drainage des eaux usées

Jalel Abdelkefi, en 1989, a étudié le développement de ce noyau historique en dehors de ses remparts avec la vague destructiveprogressive des 18 portes et des murailles de fortification de la Medina vers le XIXe siècle. Avant, durant et après le protectorat, quelques portes se maintiennent debout jusqu’aux nos jours.

Figure 4: Tunis en 1887, source : Tunis, le plan de Colin de 1860, Jean-Luc ARNAUD

L’enceinte de la Medina est marquée en rouge : ville originelle ou noyau historique autour duquel se sont développés les deux Rabats (faubourgs) de Bab Souïka et Bab Djazira, l’ensemble est protégé par la fortification indiqué en bleu, le quartier indiqué en vert sert à la fois comme remblayage et stabilisateur du sol.

La nouvelle ville européenne a bénéficié de plusieurs terrains cédés par le Bey, d’où ils ont commencé vers les années 1881 à édifier et remblayer le lac de Tunis pour repousser les limites de l’eau et gagner plus d’espace (spéculation foncière). Ici la lagune de Tunis fut divisée et les premières actions anthropiques ont été menées directement sur le plan d’eau. Le projet du port de Tunis a considérablement dérangé le plan d’eau et le rapport ville-mer.

1 . 1.2. Crise économique m ondiale et ses répercussions

L’année 1925 présente une date marquante dans l’histoire de l’évolution urbaine vu qu’elle revint à la crise économique qui a eu des retombés sur l’organisation sociospatiale. Cette crise mondiale a été générée aussi par un contexte colonial. Pour le cas de la Tunisie ; étant un pays rural, à économie essentiellement agricole accompagnée desactivités artisanales (secteurautochtone),le colon a développé le secteur industriel, essentiellement minier qui restait étroitement lié au marché européen (en vue d’export). Vers l’année 1929, la crise a atteint les pays industrialisés (cas de la régence de la Tunisie) suite à l’effondrement des prix des produits agricoles et miniers. Walid Chouari, dans son ouvrage concernant la Tunisie nord-orientale, a expliqué que les années 1930 ont été plus dures pour la Tunisie suite à une sècheresse exceptionnelle accompagnée de deux cyclones ayant causé des dégâts considérables pour le nord et le sud du pays. Cette sécheresse a été suivi par les inondations de décembre 1930 et 193261 .

Ce changement climatique qui a succédé la crise économique a aggravé beaucoup plus la situation pour la Tunisie ; l’ensemble des dégâts dus à la fois à la crise (minière, agricole, commerciale), aux aléas et aux catastrophes naturelles ont induit un fléchissement général de l’évolution démographique entre 1931 et 1936. Donc cette crise structurelle a engendré la paupérisation des campagnes et annonce l'afflux migratoire urbain ; les banlieues commencent à apparaitre (le premier débordement de Tunis, en dehors de son site initial, était vers les années 1925)62 . (EL Annabi, 2012).

Les périphéries se sont occupées et les banlieues commence à se pousser. Une extension urbaine, alimentée par cettevague d’exode, a été enregistrée dès les années 1930 suite à la mécanisation de l’agriculture. Cette mécanisation a intervenu dans l’élévation du taux de chômage qui a généré la migration intensive vers la capitale pour la recherche d’emploi. De ce fait, la structure socio-spatiale a commencé à se défigurervu l’installation d’une nouvelle population migrante sur les périphéries de la Médina, de la ville européenne et sur les espaces résiduels non aptes à recevoir une urbanisation (tel que les rives des plans d’eau). D’où, non seulement l'exode est

61 « Problèmes d'environnement liés à l'urbanisation contemporaine dans le système endoréique d'Essijoumi (Tunisie nordorientale) » Walid Chouari, 2013, P. 42-59 62 « Une crise économique mondiale dans un contexte colonial La Tunisie (1931-1936) » Hassen EL Annabi, 2012

inhérent à la crise économique mais c’est aussi le tissu et le paysage urbain qui évoque une hétérogénéité morphologique et fonctionnelle63 . (Chouari w. , 2016)

Sur les berges de la sebkha de Sijoumi, l’invasion migratoire a généré la création des deux faubourgs de Mellassine et de Saïda Manoubia sur ses rives orientales et septentrionales. Les autres agglomérations n'étaient le plus souvent que des bourgs agglomérés autour d'une zaouia, à l'image de Mghira, Birine, Jayara, etc. Le quartier de Saïda Manoubia offre un exemple type de l'évolution du phénomène de la périurbanisation.

1 . 1.3. Etat de l’urbain ent re Go urbification, explosion d e l’exode et étalement urba in

Le quartier de Saïda Manoubia fut le premier gourbi construit en pieds de la Medina et sur les rives de la sebkha de Sijoumi avec des habitations à tentes de nomades, en pierre, amélioré par la suite en briques sans évidement aucun soucis de planification urbaine, mais reste basé essentiellement sur des besoins individuels (s’abriter ou se loger) en absence d’infrastructure et de branchement.

En fait, c’est le bassin d’emploi offert par les activités industrielles qui dicte l’installation de la population, d’où s’explique le phénomène de l’exode rurale. Un autre aspect explique de sa part la crise sociale en Tunisie, si on se permette de la compter crise basée sur le flux dominant de migration, c’est l’accaparement des hectares de terres agricoles des agriculteurs tunisiens par les français, chose qui a poussé ces paysans à quitter leurs régions natales pour se diriger vers la capitale évoquant une bonne réputation en termes d’employabilité. L’installation de cette population a généré la construction des habitations à majorité précaires et clandestines64 (Sebag P. ,1960).

Le quartier Saïda Manoubia, ainsi que plein d’autres bourgs, ont été dépourvus des premières nécessités tel que l’eau potable, l’électricité, l’assainissement, et même des cours d’eaux usées circulaient à ciel ouvert dans les quartiers pour aboutir à la sebkha. D’ailleurs, durant les saisons pluviales, ces quartiers pataugent dans la boue avec des conduites débordantes. Mais, malgré les conditions sanitaires, les problèmes

63 « Les pluies torrentielles des 17 et 24 septembre 2003 dans le Grand Tunis : analyse météorologique et impacts immédiats. In : Les risques liés au temps et au climat », Walid Chouari, 2006, P.13-19 64 « Un Faubourg de tunis, Saîda Manoubia, enquête sociale, 1960 » Paul Sebag, 1960

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