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1. Les différents acteurs agissants directement ou indirectement sur la zone (Cadre
Sommaire
PARTIE INTRODUCTIVE............................................................................................7
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1. Introduction......................................................................................................8
2. Etat de la question.............................................................................................10
3. Problématique et hypothèses........................................................................17 Problématique.......................................................................................................17 Hypothèses............................................................................................................20
4. Méthodologie : sources et outils d’investigation..........................................25
5. Cadre théorique et conceptuel..........................................................................27
PARTIE A : VULNERABILITE DE LA ZONE HUMIDE DE SIJOUMI ET SES ABORDS FACE A L’ANTHROPISATION (A PARTIR DU DEBUT DU XXE SIECLE).......................................37
CHAPITRE 1. EVOLUTION DE TUNIS AU GRES DE SES TROIS PLANS D’EAU.........39
1.1. Un rapport de rejet de la fin du XIXe siècle jusqu’aux années 1935 : .................41 1.2. Un rapport de juxtaposition de 1935 - 1956......................................................45 1.3. Changement de contexte et les politiques urbaines en rapport avec ls plans d’eau de 1956 – 1994 .............................................................................................49
1.4. Introduction d’une politique de développement durable de 1994- 2003 ...........58 1.5. Confirmation des nouveaux enjeux de développement de la métropole et de préservation de l’environnement de 2003 jusqu’aux nos jours (passant par le pont révolutionnaire de 2011) ........................................................................................61 Synthèse 1.............................................................................................................64
CHAPITRE 2. LE PLAN D’EAU DE LA SEBKHA DE SIJOUMI ET SON CONTEXTE GENERAL.................................................................................................................65
2.1. Cadre physique de la sebkha............................................................................66 2.2. Fonctionnement de la zone humide :...............................................................75
2.3. Cadre administratif.........................................................................................77 Synthèse 2.............................................................................................................89
CHAPITRE 3. LE CADRE URBAIN DES BERGES DE LA SEBKHA DE SIJOUMI...........90
3.1 les premiers noyaux urbains autour de la sebkha de Sijoumi .............................91 3.2. Processus d’urbanisation des berges et prolifération de l‘habitat informel........92 3.3. Aspects et indicateurs de la vulnérabilité des bergs de Sijoumi .......................101 Synthèse 3...........................................................................................................122
PARTIE B : LES ACTEURS ET LES ENJEUX EN RAPPORT AVEC LA VULNERABILITE DES BERGES DE SIJOUMI .................................................................................................124
CHAPITRE 4. LES DIFFERENTS INTERVENANTS AUX ABORDS DE SIJOUMI : MOYENS ET LOGIQUES ........................................................................................126 4.1. Les différents acteurs agissants directement ou indirectement sur la zone (Cadre socio-spatial) .......................................................................................................127 4.2. Etudes et projets aux abords du sebkhet Sijoumi............................................131 4.3. Projets réalisés, en cours de réalisation ou projetés........................................141
Synthèse 4...........................................................................................................144
CHAPITRE 5. NOUVEAUX ENJEUX DANS UNE PROCEDURE DE DEVELOPPEMENT DURABLE ..............................................................................................................145
5.1. Enjeux urbains : de la vulnérabilité à l’opportunité........................................146 5.2. Enjeux environnementaux.............................................................................150 Synthèse 5...........................................................................................................157
Conclusion générale.................................................................................................160
Principaux acquis............................................................. Erreur ! Signet non défini.
Difficulté et limites ..............................................................................................162
Perspectives.........................................................................................................163
Annexes ....................................................................................................................164
Bibliographie ............................................................................................................168
Table des matières...................................................................................................174
Table de figure..........................................................................................................177
Liste des Abréviations
AAN : association amis de la nature
AAO : association amis des oiseaux
AFH : agence foncière de l’habitat AFI : agence foncière industrielle
ANPE : agence nationale de protection de l’environnement AOM : association des oiseaux migrateurs
APAL : agence de protection et d’aménagement du littoral ARRU : agence de réhabilitation et de rénovation urbaine CGDR :commissariat générale du développement régional
CRDA : commissariat régionale du développement agricole DGF : Direction Générale des Forêts
DRH : direction régionale de l’Habitat
DGRE : direction générale des ressources en Eau
DGSAM: direction générale des services aériens et maritime
IRMC : l’Institut de Recherche sur le Maghreb Contemporain INS : l’institut national des statistiques MEHAT : ministère de l’équipement, de l’habitat et de l’aménagement du territoire OMVM : Office de mise en valeur de la Medjerda
ONAS : office national de l’assainissement
RFR : réseaux ferrés routiers
ZICO : Importante pour la Conservation des Oiseaux et de la Nature
P A RTIE I NTRODUCTIVE
1. I n troduction
La relation de l’homme avec la nature a toujours été dialectique notamment celle en rapport avec le plan d’eau. Toutefois, l’installation des anciennes villes ait été dictée par la présence de l’eau ; si on se réfère aux grandes villes médiévales européennes par exemple, on arrive même à évoquer l’eau urbaine, c’est-à-dire, c’est le cycle de l’eau qui rentre dans le système urbain et influence son aménagement (esthétique, production d’énergie, approvisionnement en eau, etc.). C’est le cas des Pays-Bas, pays inondable par excellence, qui est arrivé à se spécialiser dans la gestion des risques des crues et la confrontation des catastrophes naturelles.
Comme autre exemple, la ville de Venise, «la cité des eaux submergée », cette ville reste une référence et un repère decomposition harmonieuse entre la ville et l’eau. La ville d’Amsterdam se tient elle aussi debout et surprenante par ses canaux qui lui confèrent un charme fou et un paysage urbain aquatique. Stockholm est aussi une ville aquatique construite à base de jonction des deux mers, affirmant un rapport très fort qui manie la ville à l’eau.
Dans l’autre contexte d’absence de contact des villes avec l‘eau, c’est plutôt l’éloignement du plan d’eau qui constitue un garant de sécurité et de défense pour certaines villes.
L’histoire antique de la Tunisie illustre un exemple pertinent du rapport de la ville au plan d’eau. En effet, les carthaginois et les romains ont choisi des emplacements stratégiques pour leurs villes, donnant directement sur la mer, pour des raisons militaire (débarquement),financière (ports commerciaux) et esthétique (palais et villes côtières).
En revanche, la ville de Tunis n’a pas noué de bonnes relations avec ses trois plans d’eau ; protecteurs auparavant (tout autour du noyau historique : la Medina) mais difficile à maitriser aujourd’hui. En fait, cetteville a continué a gardéune relation de distance avec ses trois plans d’eau jusqu’au début du siècle dernier, ce positionnement a évolué pendant le protectorat et après l’indépendance. Il s’est accompagné de l’étalement de la Medina au-delà de ses remparts jusqu’atteindre les rives des plans d’eau, au détriment des berges marécageuses et contre la lagune (pollution).
Comme conséquence, le territoire s’est étenduet les berges marécageuses des lacs sont devenues des récepteurs et absorbeurs d’une masse importante de population (nouvelle figure d’urbanisation). En fait, la morphologie urbaine de la ville de Tunis a été, elle aussi, dictée par la présence des lagunes et des sebkhas. Dès lors, on ne parle pas seulement de la ville historique mais aussi des villes juxtaposées, légalement ou illégalement, qui affleuraient en occupant les périphéries de la ville de Tunis quel que soit vers l’Est de la ville (Sebkha de l’Ariana, lagune de Tunis) ou l’Ouest (sebkhet Sijoumi) en rattrapant les espaces vides, les terres agricoles à majorité domaniales et les berges marécageuses. Le besoin de construction a franchi ces obstacles naturels pour aboutir à un tissu urbain dense groupant la ville formelle et celle informelle après une fusion des tissus.
Deux problèmes majeurs submergent aujourd’hui : le social et l’écologique (qui sont fortement liés à la planification et à l’économie) ; du fait que la ville de Tunis expose en partie une vitrine d’architecture non identifiable à base de quartiers non règlementaires occupés par unepopulationquasi précaire. Le deuxième problème c’est le cadre naturel (plans d’eau et leurs abords) qui connait plusieurs problèmes générés essentiellement par la pollution sous plusieurs formes.
Il est à préciser que la mer accède à la ville à travers la lagune de Tunis et la sebkha de l’Ariana, un système hydraulique permettant la circulation de l’eau à l’intérieur du bassin. Le troisième plan d’eau relatif à la sebkha de Sijoumi demeure éloigné de la mer oùla Medina. Cet emplacement en recul par rapport à la mer impact profondément la qualité et le cycle de l’eau qui est comptée stagnante. A part le taux de pollution absorbé par la cuvette d’eau, issu essentiellement de la production de l’urbain sur les berges de Sijoumi (depuis plus d’une cinquantaine d’année), cette urbanisation s’est basée essentiellement sur un besoin de construire rapidement et à bas prix. D’où, ce site a commencé à exposer divers problèmes : l’envahissement de l’auto-construction précaire, l’absence de débouchée naturelle vers la mer (eau stagnante) et l’absorption de tout type d’eau de ruissellement (ménagères, industrielles et pluviales).
Donc, l’apparition d’une marge urbaine sur les rives de Sijoumi a favorisé l’absorption d’une masse démographique importante générée par l’exode rural. Ainsi, moins d’une centaine d’années a été largement suffisant pour la mutation du cadre naturel sous les
agressions périurbaines souvent informelle et en relation conflictuelle avec le plan d’eau. L’ensemble de ces interventions ont induit la fragilisation de la zone et le déclenchement d’une alarme marquée par la mutation du système hydraulique (inondations) et du système écologique (biotique et abiotique).
Néanmoins, la population occupant les berges de Sijoumi, sous forme de petits noyaux qui se sont transformés rapidement en grandes agglomérations urbaines, est considérée parmi les plus importante masse démographique à l’échelle du pays. Toutefois, cette population, ainsi que d’autres acteurs, sont impliquées dans ce processus d’urbanisation et de fragmentation de la zone d’étude, mais le degré d’intervention diffère en passant du public au privé, du formel à l’informel.
Suite au déclenchement des problèmes majeurs d’ordre social et environnemental, la zone a été le terrain de plusieurs études et projets pour gérer la situation de pollution voire de vulnérabilisation de la zone humide, essentiellement avec son classement comme site Ramsar1 depuis 20072 (Ramsar, Critère Ramsar, 2007). Par ailleurs, le cadre de la zone humide et ses rives se sont dotésde nouveaux enjeux remarquables en termes de branchement, d’équipement et d’infrastructure, chose qui a attiré les intérêts des décideurs et des associations envers cette zone comme étant un
cadre écologique atypique (essentiellement l’avifaune) et un bassin démographique imposant.
2. Etat de la q uestion
La ville au bord de l’eau est un fait millénaire qui se prolonge jusqu’à aujourd’hui. C’est un sujet qui évoque beaucoup de questionnements et fait appel à la nature d’occupation et d’urbanisation des berges de l’eau. Une fois cette urbanisation devient nocive pour ce cadre naturel, la fragilité se déclenche, essentiellement pour le cas des zones humides urbaines (enclavées dans un tissu urbain).
En fait, les zones humides, côtières ou endoréiques, possèdent un écosystème particulier par rapport aux autres réseaux hydrauliques. La France par exemple, accorde un intérêt particulier pour l’étude et la préservation de ces zones vu leur
1Ramsar est « La Convention relative aux zones humides d'importance internationale particulièrement comme habitats des oiseaux d'eau, ou plus simplement la Convention de Ramsar, est un traité international sur la conservation et la gestion durable des zones humides », adopté en 1971, dans la ville de Ramsar (راسمار) en Iran, d’où la nomination de la convention, source : la magazine de notre planète « Futura-Planète » (www.futura-sciences.com) 2 « Fiche descriptive sur les zones humides Ramsar » Janvier 2007, page 2, 6
importance pour la biodiversité, la nappe phréatique et l’écologie3 . De ce fait, le code de l’environnement en France fixe bien la notion et le règlement des zones humides ainsi que leur protection.
Outre ce code, la convention Ramsar (organisation internationale) dote les zones humides d’une importance majeure comme étant refuge des oiseaux d’eau (essentiellement les espèces vulnérables) et une importance vitale pour la survie de l’humanité. En fait, les zones humides possèdent plusieurs fonctions : la prévention des inondations, l’amélioration de la qualité des eaux, la gestion des eaux pluviales, l’apport de fraîcheur, la contenance de grands stocks naturels de la terre en carbone, le soutien à l’étiage4, la protection des côtes par les zones humides côtières ainsi que la biodiversité des écosystèmes, etc. (Zones humides, 2010) (Ramsar R. , 2018)5
Pour le cadre d’aménagement ou d’occupation des abords des zones humides (cas de zones humides urbaines), leur intégration dans l’aménagement urbain parait récente. En fait, plusieurs études ont été menées sur les zones humides pour montrer leur importance dans le processus de développement durable. Prenons le cas des zones humides des régions Nord-Pas-de-Calais (France), Helga Scarwell et Magalie Franchomme6 ont étudié, au sein de leur workshop7 , ces régions et montré leur importance comme étant des milieux productifs (au niveau de la socio-économie locale) ainsi que leur contribution dans le paysage périurbain.
En fait,la gestion intégrée etglobale de l’eau urbaine (à travers les stations de pompage et d’amélioration de la qualité des eaux) dans le cadre d’un projet d’intérêt général est à la base de la création d’une trame verte métropolitaine (Scarwell & Franchomme, 2005)8
Pour le continent africain, selon les chercheurs Wetland International9 , les zones humides sont en train de subir des détériorations flagrantes, malgré leur importance pour le ralentissement du réchauffement climatique, de biodiversité et dans
3 Source : le centre de ressource des milieux humides en France (www.zones-humides.org) 4 Baisse périodique des eaux 5 Perspectives mondiales des zones humides, L’état mondial des zones humides et leurs services à l'humanité, Ramsar, 2018, P.5,6,7, auteurs principaux chargés de la coordination : Royal C. Gardner et C. Max Finlayson (www.ramsar.org) 6 Environnementalistes français 7 Résumé du workshop du « Géographie et Aménagement » Polytech-Lille, Université de Lille, Septembre 2014 8 « Autour des zones humides : espaces productifs d'hier et conflits d’aujourd’hui » Scarwell, Helga ; Franchomme, Magalie… 2005, P.4,5,16, (Vertigo, la revue électronique en sciences de l'environnement) 9 Un organisme mondial dédié à la conservation et à la restauration des zones humides
l’élimination du CO². Toutefois, sur la vallée du Nil, vers le nord-ouest du continent ainsi que vers l’ouest de l’Afrique, les zones humides exposent plusieurs problèmes dont l’ultime menace est l’assèchement total de différents plans d’eau, ce qui provoque, non seulement un déséquilibre climatique mais menace aussi la sécurité alimentaire (eau d’irrigation des cultures)10 . (Wetlands Inernational, s.d.)
Malgré leur nombre aussi important sur le continent africain, les zones humides restent exposées aux risques urbains. Nathanaël Ahouandjinou11 par exemple, a focalisé dans son étude de géographie urbaine sur le littoral béninois et a montré que ces milieux humides sont exposés à l’étalement urbain malgré la présence d’un programme d’aménagement des zones humides PAZHqui est consacré à leur étude et préservation, d’où la définition d’une stratégie de gestions des ressources naturelles face à l’envahissement urbain12 . (Ahouandjinou, 2004).
Vers le nord de l’Afrique, la Tunisie, possédant le nombre le plus important des zones humides dans la région méditerranéenne en rapport avec sa superficie (plus de 250 zones humides qui présentent 8% de sa superficie), renfermant divers types de ces zones (endoréiques et côtières) assurant une richesse culturelle, paysagère et naturelle distingué, citons comme exemples : tourbière, garaet, lac, chott, oued, saline, sebkha, etc.13 (Khadraoui, 2021).
Néanmoins, le rapport de la Tunisie avec ses différentes zones humides reste timide et fragile malgré leur importance. La capitale Tunis est dotée d’une lagune est de deux sebkhas ayant des caractéristiques particulières (paysagère, morphologique, urbaines, naturelle) mais qui sont entouré par des tissus urbain de forte densité. Cette urbanisation non planifiée a nécessité l’intervention pour la gestion des cas d’instabilité urbaine et écologique générée au niveau de ces zones.
Le premier acteur chargé de la protection et de conservation de ces zones sensibles est l’Etat avec ses deux organismes (Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral APAL et l’Agence Nationale de Protection de l’Environnement l’ANPE). Ces deux institutions assistent la règlementation des opérations urbaines, l’assainissement ,
10 Wetland international « Les zones humides pour atténuer les effets du climat » (www.wetlands.org) 11 Géographe urbain (Université d'Abomey-Calavi UAC (Bénin) 12 « Pression urbaine sur les milieux humides : cas des vallons du Zounvi et Boué à Porto-Novo » Ahouandjinou, Nathanaël, 2004, P.85,86 13 « Zones humides : Il est temps pour la Tunisie de se doter d’un Observatoire national » article du journal LAPRESSE, Khadraoui Meriem, Février 2021, article court (https://lapresse.tn)
l’aménagement des berges et la protection de la biodiversité. Mais, la question d’aménagement des rives des zones humides enclavées reste dialectique entre l’environnement et l’urbain. Ce sujet en fait est traité et évoqué avec abondance, suscitant l’intérêt et l’attention de plusieurs disciplines (sociologie, urbanisme, environnement, architecture, histoire, paysage, géographie, hydrologie, etc.) et a fait l’objet de plusieurs études, théories et projets14 (Chouari W. , 2006)15 (Ben Ghazi & Abdellaoui, 2020)16 (Bencheikh, 2000)17 (Chebbi, 1986)18 (Tunis M. d., 1997)19
L’ensemble de ces études ne se permettent guère d’évoquer l’urbain sans se pencher sur le volet écologique, vu que les zones humides présentent l’abri des oiseaux et le réceptacle des eaux de ruissellement. Mais en présence des actions anthropiques, ces zones deviennent considérées comme les écosystèmes les plus menacés.
En fait, les interventions anthropiques sur les abords des trois plans d’eau de Tunis sont de différentes formes et avec divers impacts. Pour la lague de Tunis, la grande opération d’aménagement des berges du lac de Tunis par exemple, a constitué une révolution sur l’échelle urbaine et paysagère (comme l’a expliqué P.A. Barthel20 dans son étude). Précédée par des travaux d’assainissement et d’aménagement du lac, une nouvelle ville fut construite en front de l’eau (rapport d’inclusion entre la ville et l’eau)21 .
Pour le deuxième plan d’eau, la sebkha de l’Ariana, longeant la côte du Golfe de Tunis, il se caractérise par sa situation stratégique qui lui confère un potentiel de développement pour des différents secteurs d’activités. De ce fait, l’Etat a délégué à l’APAL la mission d’assainissement et d’aménagement de la zone et ses rives après une étude approfondie, mais les contraintes face à l’avancement de ces études persistent depuis une dizaine d’années (Chouari w. , 2016)22 .
14 « Les pluies torrentielles des 17 et 24 septembre 2003 dans le Grand Tunis : analyse météorologique et impacts immédiats. In : Les risques liés au temps et au climat », Walid Chouari, 2006, P.166-171 15 Walid Chouari : Géographe et enseignant chercheur, spécialité : géographie urbaine, risques des inondations et zones humides 16 « L’anthropisation des milieux humides et dégradation de l’environnement en Tunisie », périodique : Cinq-Continent, Revue romaine de géographie, Ben Ghazi Abdelhamid et Abdellaoui Hajer, Géographes, 2020, P. 86-124 17 « Caractérisation environnementale de la sebkha de Séjoumi. Mémoire de DEA, Institut National d'Agronomie de Tunis » Nizar Ben cheikh, Agronome, 2000, P.19-22 18 « Une nouvelle forme d'urbanisation à Tunis, l'habitat spontané péri-urbain», Morched Chebbi, 1986, P.15-22 19 « Programme "Cités Durables" Tunis-Sijoumi, réunion du comité de suivi élargi » Municipalité de Tunis, 1997, P.1-3 20 Docteur en Géographie, Aménagement et Urbanisme, sa thèse « faire la ville au bord de l’eau » 21 « Faire la ville au bord de l’eau, les lacs de Tunis : des marges urbaines à des sites de très grands projets d'aménagement » Pierre Arnaud Barthel, 2003, P. 7-12 22 « Spatialisation et Analyse du Risque d’Inondation dans le Bassin versant de la Sebkha de l’Ariana (Tunisie Nord- orientale) » Walid Chouari, 2016.
Vers l’ouest de la capitale, la sebkha de Sijoumi, l’un des plus vastes plans d’eau de la ville de Tunis, est dotée d’un écosystème particulier dans son fonctionnement. Cette zone humide est classé site Ramsar le 07 novembre 2007, vu l’ensemble des critères qu’a validé la sebkha, entre autresdistinguéecomme une zone humide à eau stagnante, rarement asséchée et renfermant un nombre d’avifaune très important à l’échelle de l’Afrique (Ramsar, Critère Ramsar, 2007)23 .
Ce bassin fermé, quoiqu’il constitue une entité morphologique typique, mais ses écosystèmes sont en continuelle dégradation à cause de l’urbanisation informelle tout au long de ses berges, d’où découle la pollution comme menace écrasante (eaux usées et ordures versées directement dans le plan d’eau et ses abords). D’où, les berges de la sebkha sont devenuesl’exemple type d’une urbanisation non maitrisée, une décadence socio-économique et une mutation paysagère, d’où un état de déséquilibre est marqué.
Le premier facteur responsable de ce déséquilibre est la fermeture du bassin ; l’eau stagnante n’est pas regénéré, n’a pas attiré l’attention des études et des projets de la part de l’Etat et des investisseurs privés. D’où, s’installer sur les berges des zones humides endoréiques a été une opportunité pour une population diminue à base migratoire vu le faible cout du foncier. Par conséquent, l’urbanisation du grand Tunis fut mutée.
Certes, ce sujet a fait l’objet de plusieurs études de projets. Des disciplines s’intéressaient à l’étude du rapport de la ville avec ses plans d’eau. Ici, plusieurs supports vont nous aider à comparer l’ensemble des opérations menées sur les trois plans d’eau, entre autres l’étude de Pierre Arneau Barthel, qui a focalisé sur les trois plans d’eau de la ville de Tunis. Tout d’abord, on va commencer par la masse démographique occupant les berges de Sijoumi, les différentes interventions de cette population ont durement infecté le cadre naturel, chose qui s’est retournée en mal sur le cadre de vie de cette population. Walid CHOUARI, par exemple, a énuméré l’ensemble des problèmes qu’affrontait l’environnement suite à l’urbanisation des berges de Sijoumi en étudiant l’historique des premières installations jusqu’à la formation des grandes agglomérations urbaines
23 « Critères Ramsar », 2007, P.1,2 (rsis.ramsar.org)
provoquant des mutations du cycle hydrique, du sol, de la faune, la flore et du cadre de vie de la population. (Chouari W. , 2013)24 .
L’aspect socio-urbain a été largement étudié par le sociologue urbaniste Morched CHEBBI quis’intéresse à l’étude du processus d’urbanisation du grand Tunis durant le dernier cinquantenaire et l’ensemble des politiques urbaines mobilisées par l’Etat pour confronter la prolifération de l’habitat anarchique. Il a infirmé l’hypothèse basée sur l’alimentation du tissu périurbain spontané par l’exode rurale. Au contraire, il a affirmé que l’étalement urbain dans ce cas n’est qu’une résultante de la mobilité résidentielle à l’intérieur du périmètre du Grand Tunis25 . (Chabbi M. , 2012).
Remontant un peu dans l’historique de la Medina de Tunis, le développement de ses faubourgs a été en étalement continue jusqu’atteindre les berges de Sijoumi. Ainsi, cet étalement urbain, généré par une masse démographique importante a induit le gonflement de la taille du district de Tunis, qui a été détaillé par Jalel Abdelkefi,où il a expliqué le passage de Tunis vers la ville double puis la ville triple26 . (Abdelkefi J. , 1987).
En fait, les berges de Sijoumi ont absorbé les premières extensions de la Medina. Auparavant terres agricoles et zones naturelles autour du plan d’eau, ces abords sont passées rapidement vers un bassin urbain envahi par l’exode et la mobilité urbaine. L’étude de croissance des quartiers, de quelques taches nuageaires à de grandes agglomérations urbaines, va s’appuyer sur l’étude socio-historique de Paul Sebag27 , qui a porté essentiellement sur le faubourg de Saïda Manoubia comme étant le premier faubourg de la Medina développé sur les berges de Sijoumi28 (Sebag P. , 1960).
En revanche, depuis une dizaine d’années, de nouveaux enjeux ont conduit vers un nouveau regard et positionnement envers ces milieux humides (enjeux liés à l’environnement, l’urbain et l’économie). Il s’agit de créer de ces milieux un potentiel paysager, foncier et urbain pour décongestionner, embellir et promouvoir la ville,
24 « Problèmes d'environnement liés à l'urbanisation contemporaine dans le système endoréique d'Essijoumi (Tunisie nordorientale) » Walid Chouari, 2013, P. 111-138 25 « Urbanisation et politiques urbaines dans le grand Tunis », Morched Chebbi, 2012, P.33-46 26 « La Medina de Tunis, espace historique » Jalel Abdelkefi, 1987 27 Sociologue et historien franco-tunisien 28 « Un Faubourg de tunis, Saîda Manoubia, enquête sociale, 1960 » Paul Sebag, 1960
essentiellement depuis la création de la direction générale du développement durable au sein du ministère de l’environnement29 .
Donc, la singularité de la présente étude est de traiter le plan d’eau dans sa totalité, y compris ses berges, dans une approche pluridisciplinaire. L’investigation va se baser sur l’analyse des différentes composantes (en rapport direct ou indirect avec la zone d’étude) et des divers concepts et phénomènes qui ont submergé et touché à son fonctionnement, en amant ou en aval de l’occupation de ses berges par l’habitat et l’industrie.
Choix du sujet et objectif de la recherche :
Le choix de ce sujet émane d’un intérêt personnel envers l’écologie, à part le fait que le sujet de vulnérabilité environnementale est un sujet d’actualité qui touche plusieurs domaines. Dans le monde entier, les changements climatiques et leurs éventuels risques ont été à l’origine d’accorder une priorité absolue à l’environnement. La Tunisie ne peut échapper à cette décision, d’ailleurs, depuis les années quatre-vingt, le pays s’est engagé dans une reforme environnementale en mettant en place un ministère de l’environnement ainsi que plusieurs outils législatifs et règlementaires au service de l’environnement.
En fait le Grand Tunis, avec ses quatre réseaux hydrauliques (lac de Tunis, les deux sebkhas de l’Ariana et de Sijoumi et oued Miliane) outre la dentelle littorale, expose des relations contradictoires entre l’urbain et le naturel, le construit et le milieu, la ville et l’eau. Le comportement anthropique et les modes d’appropriation des espaces changent avec les enjeux en vigueur de l’Est à l’Ouest et du nord au sud de la capitale.
Les abords de Sijoumi constituent actuellement le prolongement naturel et urbain du Grand Tunis vu leur situation géographique, leurs disponibilités foncières et le développement des moyens de transport qui le connectent aux différentes composantes de la ville.
En feuilletant dans les premières explorations, il s’est avéré que cette zone a sollicité d’une part, l’attention de plusieurs intervenants vu les problèmes d’ordre environnemental qu’elle dispose. Toutefois, dans la mémoire collective, selon les études de Morched Chebbi, elle reflète d’autres problèmes d’ordre socio-urbain,
29 Site officiel du ministère de l’environnement (http://www.environnement.gov.tn/)