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1.2. Un rapport de juxtaposition de 1935 - 1956
d’organisation spatiale et le cadre de vie, ce faubourg reste en évolution continue vu sa proximité des bassins d’emploi65 . (Chebbi, M 1986)
Juxtaposée à la Medina, la ville européenne s’étalait en front dela lagune de Tunis, la logique de la politique habitante est constituée d’un tissu à forte dominance des immeubles et des quartiers à caractère pavillonnaire à base de lotissement de société d’habitat à bon marché (HBM) à fonctions privées pour des communités françaises, israélites et italiennes, exemple les quartiers : Mutuelle ville, France ville66 , etc. (Ammar, 2021). Le colon s’est installé en fait sur les abords de la lagune de Tunis en remblayant des parties du lac pour gagner des terrains. Donc, cet aspect, bien qu’il soit formel en termes d’organisation, s’est intervenu dans le dédoublement de la ville de Tunis à l’échelle socio-morphologique67 (Abdelkefi J. , 1987).
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Pour le cout du foncier, il n’était pas aussi accessible pour les tunisiens, encore moins pour les migrants qui ont choisi d’occuper les rives marécageuses (de la sebkha de l’Ariana et de Sijoumi) et squatter les terres agricoles. Des prémices de problèmes de contact avec les plans d’eau ont commencer à se déclencher, essentiellement la pollution issue des rejets.
Alors, il s’est avéré que pour le cas deTunis, en relation avec ses trois plans d’eau et selon l’aspect formel ou informel, c’est l’autorité gouvernante qui dicte cetterelation (avec la lagune ou la sebkha).
1. 2. Un rapport de juxtaposition de 1935 à 1956
Cette période confirme d’avantage le rapport de juxtaposition et d’ouverture sur le plan d’eau. La ville européenne est adressée aux investisseurs français et le foncier était très cher.
1 . 2.1. Evolution s ocio-économique
Cette division chronologique choisie est marquée par la période de l’entre-deux guerres mondiales et l’après deuxième guerre mondiale, ou le régime de l’Etat
65 « Une nouvelle forme d'urbanisation à Tunis, l'habitat spontané péri-urbain», Morched Chebbi, 1986, P.31-45 66 « Les cités d'habitation à bon marché le début de l'habitat social à Tunis sous le protectorat » Samia Ammar, 2021 67 « La Medina de Tunis, espace historique » Jalel Abdelkefi, 1987
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providence régnait (c’est uniquement l’Etat qui intervient au niveau des activités économiques et sociales). Dans le cas de la Tunisie, et à cette période, le décideur politique fut le colon mais en affrontant un blocage agro-minier post crise, la colonie a enregistré la formation d’un sous- développement (résultante de la crise économique), (Abdelkefi J. , 2013)68
Essayons de décortiquer encore plus ces répercussions sur plusieurs domaines et secteurs. Sur le plan économique, le déclin de l’activité agricole en rapport avec la mécanisation et les années de sécheresse a favorisé le passage de l’industrie comme moteur économique, d’où l’accentuation du phénomène de l’exode rural. Sur le plan démographique, la croissance démographique, alimentée durant la période de l’entre guerres et avec l’indépendance, est élevée vu l’attractivité du district de Tunis en vue d’offre d’emploi ; la capitale, par rapport au reste du pays se distingue par sa macrocéphalie qui coïncide avec son sous-développement. Si on emprunte à l’analyse démographique de Tunis deJalel Abdelkefi, on remarque que la population tunisoise, alimenté par les vagues de migration extensive a atteint 15% de la population du pays et 45% de la population urbaine. Aussi bien, la manifestation de la capitale comme premier pôle d’emploi avec un approvisionnement de plus de 50% d’emploi industriel lui a confié le caractère attractif en termes demigration à cette époque.
1 . 2.2. Evolution u rbaine
L’administration coloniale a créé, rapidement, les ports de Sousse, de Bizerte et de Sfax dans sa démarche d’encadrement urbain et d’urbanisation du territoire.
Sur le plan urbain, une masse importante de la population migratoire a été de classe moyenne voire non aisée, d’où la prolifération de l’habitat anarchique dictée par le besoin d’habiter à faible coût.
Le développement de la ville de Tunis ne cesse de s’accentuer de plus en plus toujours avec une alternance entre le formel et l’informel : Pour la forme d’extension réglementaire à l’égard du décideur, la ville européenne a formé un trait d’union entre l’urbain et la lagune à travers la promenade de Jules Ferry. Ce nouveau tissu avait-il développé la ville au détriment du lac ou bien les colons ont été attirés par la lagune d’où la relation de cohésion entre ville et plan d’eau fut remarquée ?
68 «La réponse de l’État au processus d’urbanisation » Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans, Jalel Abdelkefi, 2013,
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Selon l’étude de P.A Barthel, la relation qu’a noué le colon avec le lac reste fonctionnelle et dictée par leur besoin (des zones industrielles installées à proximité des berges du lac sud). En contrepartie, l’amorcement de la ville de Tunis par les autorités gouvernantes, ayant comme finalité l’extension de la ville européenne, a été condamné comme grande erreur par les architectes des Services d'Architecture et d'Urbanisme de la Tunisie sous la direction de B.H Zehrfuss entre 1943 et 194869. Ce
point de vue a confronté le refus malgré qu’il ait été fondé sur des explications purement techniques en termes de fragilité de la zone marécageuse et l’impact des constructions sur le plan d’eau70 (Jerrold, 1948). Pour la forme non réglementaire ; Morched Chebbi a analysé le processus d’extension hâtive des quartiers spontanés et des gourbi-villes, alimentés au minimum par 75.000 migrants (1936-1946) et 60.000 migrants entre 1946-1956). Vers les années 1950, le gourbiville de Borgel s’est développé sur les berges nord-ouest du lac nord contre le développement du gourbi de Saïda Manouba vers l’ouest de Tunis et sur les berges Est de la sebkha de Sijoumi71 . (Sebag P. , 1958). Sur les terres basses du lac sud se sont développés des gourbi villes au niveau de Mégrine. La majorité des gourbis ont été installés sur des terres habous, des terres non immatriculées (ou nom) et des terres appartenant au domaine public maritime DPM et domaine publique hydraulique DPH. Si on focalise sur le premier gourbi fut établi (Saïda Manoubia), son évolution sociospatiale est caractérisée par un rythme croissant, initialement pour abriter des juifs : ghetto72 .(Sebag P. ,1960 & ATTAL R. , 1959).
69 "Tunis", L'Architecture d'Aujourd'hui, Aucune directive n'oriente plus la construction. Dans ce quadrillage des rues prolongées au hasard, les vides laissés pour compte aux lotisseurs de marais se bâtissent petit à petit à la faveur de l'indifférence de l'autorité. (.) Il a paru important de changer les hommes. Les idées ont suivi. Leur impopularité a eu raison des courtes vues ‘’ . L’avis de Jerrold F, 1948 70 « Vision exposée dans la revue l’Architecture d’Aujourd’hui », Jerrold François, 1948 71 « Le gourbiville de Borgel » Paul Sebag, 1958 72 « Croissance des villes nord-africaines: Tunis, vue par un sociologue: Paul Sebag; l'évolution d'un Ghetto nord-africain (la Hara de Tunis) », Paul Sebag et Attal R 1959
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Ce faubourg quoiqu’il ait séparé, au départ, une minorité ethnique du reste de la population, mais par la suite il ne cesse d’absorber d’autres catégories et couches sociales d’origine migratoire précaire.
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Figure 5: évolution du quartier de Saida Manoubia, source : carte créée par Walid Chouari d’après des photographie aériennes (1948,1953 et 2000)
En fait, ce faubourg s’est développé essentiellement sur des terres immatriculées et a connu des extensions spatiales en rapport direct avec sa croissance démographique dans la direction du sud et en se rapprochant de plus en plus de la sebkha de Sijoumi, la tache en gris montre l’évolution du bâti longeant la rive Est de la sebkha de Sijoumi. Mais ce dernier reste un faubourg urbain insalubre sous la dénomination bidonville ou gourbiville.
On peut en fait classer l’ensembles des tissus nouveaux, tout autour de la Medina, en trois catégories selon les anciennes études de la géographie urbaines (différentes extensions en dehors des remparts de la Medina) : les ghettos (juifs), les quartiers étrangers (alimentés par l’exode rurale) et la ville européenne (français, italiens et israélites).
1 . 2.3. Etude d e l’assiette foncière a utour d e la M edina :
L’occupation du sol extrêmement morcelée contraste avec la propriété foncière. Les occupants des terres des gourbi, à l’instar de Saïda Manoubia, passent des locataires du sol à des propriétaires de construction (600 Franc pour la location annuelle de 120m² signé par M. Chedly Guerrich en 1952), on cite quelques titres fonciers parmi les plus importants énumérés par Paul Sebag :
• Kalaât Damous: titre foncier 42.226 de 16Ha 80ares, immatriculé à la date du 13 Juillet 1932, fractionné par la suite en 24 parts après le décès de son propriétaire, et s’est développé par la suite en vaste quartiers appelé Houmet Guerrich ou Hofret Guerrich (Habous).