Rapport d'Etude

Page 1

L’ARCHITECTURE ENTRE REVE ET MESURE Les libertés et les contraintes en architecutre

Rapport d’étude S6 - Naomi Garay - Directeur d’étude: Anne Sistel Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier



L’ARCHITECTURE ENTRE REVE ET MESURE Les libertés et les contraintes en architecutre



Avant-propos Comprendre ce qu’est l’architecture commence par savoir la définir. L’architecture penchetelle vers une liberté que lui permet de créer librement ou bien est-elle un art ou tout est mesure, ou tout doit être suivit à la lettre dans le respect de la contrainte ? Ce rapport propose d’interroger la liberté et la contrainte que l’on a en architecture et la juste mesure de ces dernières. A travers ses trois années, j’ai réussi à prendre position et à doser ses deux thématiques constituant une architecture entre rêve et mesure.


SOMMAIRE


Introduction

5

1. Une liberté dans le travail de la conception architecturale.

8

L’architecture est-elle un art de transgression ou d’obéissance ?

A. Pouvoir exprimer sa créativité

10

B. Expérimenter A travers la manipulation

16

C. Idéalisation de son projet Retranscrire ses images personnelles

23

L’idée, source de créativité Le dessin, moyen d’expression.

Le corps au centre de l’expérimentation

Utopies architecturales

2. La créativité mise à l’épreuve par la contrainte

30

A. Les limites de l’architecture

32

B. Le métier d’architecte selon les cultures. Les cultures qui influencent l’architecture

38

3. La contrainte source de créativité

42

A. Acquisition de la liberté Transgresser les règles

44

B. La contrainte comme stimulation Contrainte facteur de créativité et d’innovation

49

Les contraintes du métier. Les limites dans l’enseignement du métier.

De la France à l’Argentine

S’adapter aux contraintes

Le Centre Beaubourg

Conclusion L’architecture entre rêve et mesure

54


Introduction Ce rapport d’étude est l’occasion de cheminer entre mes années de licence et de réussir à mettre en avant comment s’est construit ma compréhension de ce qu’est l’architecture « L’architecture est- elle un art de transgression ou d’obéissance? » (Question du concours d’entrée)

Ce fut l’une des première question à laquelle j’ai dû faire face avant de rentrer en architecture, un bon moyen pour remettre en question la volonté que j’avais de me dédier à ses études. Il est vrai qu’avant d’arriver en architecture je n’avais pas conscience à quel point cette discipline pouvait m’intéresser. Avec une mère peintre, et un père architecte, j’ai toujours été en contact avec le domaine de l’art. Je ne m’étais jamais rendue compte que cela avait déteint sur moi . Sortant d’un bac S, je me suis dirigée vers l’architecture sans trop savoir quelle était la raison. Ayant une sensibilité pour les arts, mais sans me considérer comme artiste, je ne savais pas que j’étais capable d’en produire. Me lancer dans l’architecture était l’occasion de mêler à la fois des études scientifique et artistique. Je trouvais que l’architecture offrait un bon compromis entre créativité et imagination d’une part et, réalisme et production concrète d’autre part .Je suis donc arrivée un peu par hasard dans ce monde qu’est l’architecture. Monde qui nous parait proche mais qui en réalité est plus compliqué que ce qu’il laisse paraître. L’architecture est un domaine pluridisciplinaire qui demande rigueur et créativité , deux termes qui sont la clé du développement que je vous propose à travers ce rapport. 5


L’architecture est souvent perçue comme un art relevant essentiellement de la créativité. On voit l’architecte comme un artiste. Cette liberté de création fut l’un des premiers aspects que j’avais du métier, et qui a déclenché mon enthousiasme à l’idée d’être architecte. Les premières années de mon parcours m’ont fait comprendre que la créativité était essentielle au processus de conception, que l’on peut être libre de l’architecture que l’on construit, et que, de part l’expérimentation et aussi la capacité à retranscrire sa mémoire, il était possible de proposer une architecture qui nous ressemble. Au fil des années les contraintes ont pris place. J’ai commencé a prendre conscience que l’architecture ne se résumait pas seulement à de jolies images. La liberté de conception était à mes yeux mise à l’épreuve par les limites que l’on se met, mais aussi celles que l’Ecole et la vie professionnelle engendrent. Néanmoins, il faut être capable de dépasser la définition de la contrainte et considérer la contrainte comme une aide a la conception. Trouver la voie de la liberté dans le respect d’une contrainte peut être possible. La contrainte peut être perçue comme un stimulateur, une envie d’aller au-delà de ce que l’on nous exige, être capable de dépasser les limites. 6


7


Une liberté dans le travail de la conception architecturale Pouvoir exprimer sa créativité Expérimenter Idéalisation de son projet

8


9


Une liberté dans le travail de la conception architecturale A. Pouvoir exprimer sa créativité 1. L’idée, source de créativité à la conception architecturale « La conception créative est un acte de conception sans contraire » Khaldoun Zreik

Concevoir un projet en architecture revient à développer une idée. Une idée souvent personnelle, qui révèle d’une analyse ou d’une intuition. La conception d’un projet est une phase créative et audacieuse. Il faut avoir envie de prendre clairement position dans le monde qui nous entoure, proposer une idée que l’on projette dans l’existant et que l’on est prêt a assumer afin de la voir se réaliser. Voyant l’architecture comme une création personnelle, elle doit donner naissance à quelque chose qui part de nous même, de notre identité. Créer à partir de qui on est, c’est aussi laisser notre trace dans notre monde. Quand je suis rentrée à l’école d’architecture, je ne me sentais pas capable d’exprimer mes envies et, je n’avais que très peu d’initiatives envers l’architecture et sa conception. Mr Jourdan, à travers ses séances du premier semestre , a été capable de nous initier à l’architecture en nous laissant libre de concevoir le programme que l’on voulait. Il nous poussait à aller plus loin dans notre réflexion architectural afin de concevoir un projet en cohérence avec le site mais aussi avec nos propos. Concevoir un habitat pour la première fois n’est jamais tâche facile, mais la possibilité de laisser libre notre inspiration nous encourage à produire une architecture qui nous plaît. Il est vrai que les contraintes étaient peu nombreuses, Mr Jourdan nous expliquait qu’il fallait profiter de cette année pour laisser place à notre créativité. A cette période là, je ne voyais pas la contrainte comme un barrage à la conception architecturale.

10


« C’est la spécification des contraintes qui n’existaient pas au début du processus qui confère alors un haut niveau de créativité » De Paoli.

Durant

la

phase

de

conception,

la

recherche

d’une

évolution

constante des idées reflète une part très importante de la profession d’architecte. Tout comme l’errance et le vagabondage qui eux aussi sont nécessaires à l’évolution des idées et, à la conception d’une démarche comme le soulignent Daniel Estevez et Gérard Tiné. « C’est comme si concevoir le projet d’un édifice en architecture exigeait un sorte d’errance de vagabondage à la recherche d’une multitude de visions, de perceptions... »

L’idée est,

en quelque sorte, une représentation de l’esprit. Elle re-

transcrit notre volonté, nos intentions, notre vision du monde. L’idée est celle qui va nous permettre de commencer et, qui déclenche la réflexion sur notre pensée. Sans l’idée, il est difficile de trouver une sens à notre projet, de lui trouver un concept, une interprétation . L’idée découle de la créativité, de notre ouverture d’esprit, de nos connaissances, et de notre capacité à retranscrire ce que l’on sait ou ce que l’on a en mémoire. L’idée est le commencement de la conception architecturale.

11


Maquette semestre1, M.Jourdan projet de salon de couture

12


2. Le dessin, moyen d’expression Une idée peut être exprimée de différentes manières par le langage, le l’écriture ou bien la gestuelle. En architecture, il est possible que ces recours ne permettent pas la compréhension de cette idée, c’est pourquoi il existe une langue universel qu’est le dessin. Le dessin en architecture, peut être assimilé aux premiers gestes créatifs. Il laisse libre court à l’imagination de créer. A travers la feuille blanche, le trait vient retranscrire une pensée. La main prend toute sa liberté dès les premières étapes de la conception car elle exprime les premières intuitions. Le dessin, et plus précisément le croquis, est considéré comme partie intégrante des activités de conception créative. Il est défini comme l’outil prépondérant de la pensée. Le dessin devient un outil de création. Le concepteur trace des traits qui ne sont pas forcément des descriptions précises de ses idées. On peut alors les interpréter de différentes manières, mais ça reste ses traits et dans ce sens ils sont liés à ses idées, abstraites ou concrètes. Il est inutile d’aller plus loin dans les détails de la conception architecturale pour constater que le dessin tient une place majeur dans ce processus. Le dessin est plus qu’un support, il représente, comme le souligne Jean-Charles Lebahar. « L’objet en création et la pensée qui le crée ». A travers le cours « Dessiner pour quoi faire » de Mme Devillers, le dessin peut représenter beaucoup de choses, mais cela reste personnel à celui qui le produit. Arpaïs Dubois, jeune artiste, travaille autour de dessin narratif. Elle affirme que concevoir pour quelqu’un d’autre n’est pas pareil que concevoir pour soi. Elle travaille beaucoup sur le lettrage, certains de ses carnets déroulent sans typographies, sans pensée dite. Pour elle dessiner l’aide à mettre de l’ordre dans ses pensées. 13


Le dessin contrairement à l’image ou la photographie, est un moyen d’exprimer l’essentiel. A travers le dessin in situ on est capable de retranscrire ce qui nous attire dans l’espace. C’est le seul moment où le corps participe au dessin. A travers le cours de Mme Etienne, j’ai appris que lorsque l’on dessine on retransmet ce que l’on ressent. Le but est de retranscrire parfaitement une idée, construire quelque chose qui accroche le regard. L’observation d’un espace est aussi essentiel à la conception d’un dessin. Il faut prendre compte du lieu dans lequel on se trouve, réussir à capter ce qui nous intéresser. Le dessin fait partie d’un réel que l’on veut laisser voir. Dessiner c’est essayer d’une façon ou d’une autre de rendre sa perception, son émotion à travers quelques traits.

Dessin d’observation, semestre2, M.Etienne

14


Experimentation avec de l’argile semestre1 M.Jourdan

15


B. Expérimenter source de la réflexion architecturale 1. A travers la manipulation La manipulation en architecture est un moyen de concrétiser nos idées afin de réfléchir sur notre projet et vérifier nos propositions . La maquette est l’une des premières manipulations que l’on nous apprend lors de nos études. C’est un outil qui nous permet de voir de manière plus concrète ce que l’on produit, ce que l’on conçoit. Elle est aussi outil de réflexion en trois dimensions où l’on se questionne sur l’assemblage de notre conception. Lors de mon semestre avec Mr Jourdan, nous nous sommes questionnés sur l’ouverture vers l’extérieur. L’expérience qu’il nous a proposée consistait à comprendre comment une ouverture peut être un dispositif architectural de grande valeur. Nous avons donc manipulé l’argile afin d’avoir une vision plus claire de la lumière qu’elle génère et de ce qui peut être perçu à travers elle. Le semestre qui a suivit fut un semestre où expérimenter en maquette était un point essentiel à mon projet. Devant réaliser une micro architecture sur la place de la préfecture à Montpellier, et dont le programme était - topographie limite passage - j’ai pris le parti pris de travailler avec un assemblage de volumes. Le travail en maquette fut une aide non négligeable à la superposition de mes cubes, afin de voir un résultat en trois dimensions. Elle permet de multiplier les essais afin de trouver l’harmonie volumétrique en accord avec l’existant. La maquettes fut l’outil de plusieurs expériences, de plusieurs tentatives qui ont enrichi ma réflexion architecturale.

16


Expérimenter en architecture relève aussi de l’expérimentation des sens. Le toucher, la texture du matériau apporte une compréhension enrichissante à l’essence du projet. Cette manipulation avec les matériaux eu lieu lors de mon semestre avec Mr Saint-Cricq, professeur qui nous a proposé de travailler sur la matérialité de notre projet et, de réaliser des maquettes en béton. Cette tâche fût loin d’être facile, mais néanmoins très enrichissante. Travailler avec le béton permet d’enrichir nos connaissances constructives, et d’avoir un ressenti plus fort sur ce que l’on produit. Ces expériences plastiques ont été le fruit de ma pensée architecturale lors de mes projets, mais hormis cela, mes connaissances ce sont enrichies grâce à des expériences de la vie professionnelle. Le stage pratique effectué lors de ma troisième année, m’a permis d’être en contact avec le chantier. A une échelle plus concrète, j’ai pu apprendre des matériaux et de leur mise en œuvre. L’agence dans laquelle je me trouvais, effectuait de nombreuses expériences afin de proposer de nouvelles façons de travailler les matériaux (expérimentation avec le béton banché). J’ai compris l’importance d’innover et de créer à travers l’expérimentation, afin de découler sur de nouvelles idées, sur de nouvelles propositions.

17


Maquette bĂŠton semestre5 M. Saint-Criqc

Photo personnelle Agence BAAG, stage de première pratique

18


Photo extraite du cours de M.Villemur Rudolf Laban

19


2. Le corps au centre de l’expérimentation. « L’architecture est jugée par les yeux qui voient, par la tête qui tourne, par les jambes qui marchent » Le Corbusier

Expérimenter en manipulant est un acte concret qui amène à des résultats qui nous permettent d’avancer dans notre réflexion. Mais expérimenter avec le corps dans un espace est une manière de travailler sur les sensations que l’on éprouve et d’affirmer une proposition ou bien d’encourager une réflexion à notre conception architectural. Le corps en mouvement est en relation avec l’architecture. Comprendre l’architecture c’est pouvoir la ressentir. A travers nos sens, on peut mieux saisir une architecture, que par le simple biais de la photographie. Autrement dit, l’expérience de notre corps est liée au sentiment de l’espace. C’est ce sentiment qui fait de l’architecture un art à part. Nous vivons dans une architecture. Contempler un espace n’a donc aucun sens : nous habitons un espace. «L’architecture définie une résonance du corps et non un

objet de contemplation.» (Pierre Godo) Le corps et l’espace peuvent interagir ensemble. Le mouvement de notre corps dans une architecture permet de mieux comprendre l’essence d’un espace. En quelque sorte le corps se déplace dans l’espace en fonction de ce qu’il y a dans l’espace. La danse est aussi liée à ce dernier car elle implique de se confronter physiquement à soi-même, à l’espace et aux autres. Le corps s’impose à la danse tout autant que dans l’architecture. Le danseur expérimente l’espace de ce que l’architecture a construit. Pendant le cours d’histoire de l’art intitulé « Le corps à l’espace » de Mme Villemur, nous avons parcouru des études de cas liées à l’architecture et à l’espace urbain empruntés à différents arts, tels que, la photographie, la peinture, la danse et la littérature . 20


Photo extraite du cours de M.Villemur Tisha Brown, Man walking down the side of a building

21


De ces études de cas, il en est ressorti différentes voies pour venir qualifier l’expérience dans l’inscription spatiale du corps et ses diverses perceptions. L’artiste chorégraphe, Rudolf Laban, à travers son œuvre « L’icosaèdre » pense le corps dans l’espace. Il place ses danseuses autour de points formant une géométrie. La question de l’écriture du corps dans l’espace se pose. Il met des traits pour symboliser le mouvement, exercice qui donne sens à l’espace. Tisha Brown, autre artiste chorégraphe, réalise des performances tels que « Man walking down the side of a building » mettant à l’épreuve le corps humain. Elle déstabilise la perception de l’homme en le mettant dans une situation peu commune : la marche verticale. Tisha Brown définit la danse comme un déplacement du corps. Elle l’associe à l’architecture puisqu’elle investit les bâtiments, et y fait un travail d’une grande précision sur la ville. « Je déplace le corps comme je déplacerais le crayon » Tisha Brown

Les sens qui sont la survie d’un être humain, sont essentiels pour l’architecture. Une architecture ne se résume pas seulement à ce que l’on voit. La lumière, le son, le toucher que développent une architecture témoignent l’expérience du corps. L’expérience de la pente par Claude Parent, montre qu’il faut être attentif à une architecture qui donne un sens de difficulté. Une complication dès l’entrée de l’architecture permet d’avoir une nouvelle épreuve sensorielle et, on y retrouve des qualités.

22


C. Idéalisation de son projet 1. Retranscrire ses images personnelles* Pour parvenir à concevoir un projet, il faut avoir la volonté d’aller toujours plus loin dans ce que l’on recherche. L’intuition du concept, la recherche par le dessin et l’expérimentation sont trois points qui caractérisent la conception architecturale, comme nous venons de le voir. Lors de la conception architecturale, notre volonté est souvent de créer une architecture qui nous est propre. Pour y parvenir il nous faut des images, des images qui sont des sources de connaissance et des images qui sont des éléments d’interprétation de cette connaissance. Les premières images que nous avons en ressource sont souvent les plus lointaines, dû à des souvenirs d’enfance, à des lieux qui nous ont marqué, dans lesquels nous avons des souvenirs agréables. Il faut réussir à les faire surgir car elles nous amènent inévitablement à des préférences. Ensuite, il y a les images qui viennent en adhésion au sujet qui nous intéresse. Elles sont souvent le fruit d’une expérience vécue, d’un voyage, d’un lieu marquant ou bien de instants de joie. Ces images sont ancrées. Bien plus qu’une image visuelle, elles révèlent une émotion, une ambiance. L’odeur, les sons, le toucher sont aussi convoqués à travers ces images. Mon voyage au Brésil est une expérience dont mes souvenirs deviennent des images personnelles et qui enrichissent mon vécu. Étant très jeune, ce voyage reste dans ma mémoire de manière incertaine. Certaines images de lieux et de moments précis sont pourtant très claires dans ma mémoire et, je les qualifie comme des images personnelles. Je me souviens de ce lieu très humide et très vert de part la végétation. *(Idée referent au livre Regard croisées sur les processus de création)

23


Image rĂŠfĂŠrente du projet habitat participatif semestre4 M.Hoffert

24


Au cœur de la forêt, nous étions , mes parents et moi, suspendus à plus de dix mètres de haut, surplombant le paysage. Sur ce pont suspendu, la stabilité était très faible, mes mains restaient agrippées à la corde , et mes pieds, l’un après l’autre, se posaient sur les planches en bois qui construisaient ce pont. Ce souvenir, plus qu’être une photographie dans ma mémoire, et aussi une image pleine de ressenti. Il est aussi très important de tenir compte des images, que l’on appelle « référents », que l’on trouve dans les revues, les livres ou bien à travers internet. Les références, néanmoins, doivent posséder un caractère personnel, liées à l’expérience et aux points de vue de chacun. Le concept d’interprétation et les moyens pour la réaliser autorisent l’appropriation individuelle. Il faut essayer de permettre ce regard personnel, cette appropriation à travers ses images. Il est possible de se servir de ce qui a été créé, mais il faudra créer, à son tour, ses propres concepts et ses propres idées à travers ce qui a été fait. Ses images sont ensuite là, pour partager, pour avoir un support de dialogue. Échanger sur nos images personnelles est essentiel à la conception. Mr Hoffert me l’a fait comprendre lors du quatrième semestre , où nous avions travaillé, dès les premiers semaines, sur des images qui reflétaient nos intentions sur le projet. L’architecture ne se pratique pas de manière solitaire. Ses images permettent de discuter de manière plus large afin de comprendre notre cheminement vers la conception architecturale. Nous avions fait cette expérience de dialogue lors du semestre avec Mr Hoffert. Ces images ne construisent pas le projet mais participent au développement de notre concept.

25


2. Utopies architecturales L’utopie est une manière de « rêve », tout en proposant des images idéalisées susceptibles d’enrichir des concepts ou de les faire évoluer. Une utopie peut amener à réfléchir sur l’existant. La liberté de concevoir l’architecture utopique, dont on sait à l’avance qu’elle ne sera pas réalisable, contribue à une réflexion architecturale qui peut soulever des thématiques (politique, sociale…), ou des questionnements. Il ne faut cependant pas confondre imaginaire architectural et démarche utopique. L’utopie (« en aucun lieu ») est une représentation d’une réalité idéale et sans défaut. C’est un genre d’apologue qui se traduit, dans les écrits, par un régime politique idéal, une société parfaite ou encore une communauté d’individus vivant heureux et en harmonie, souvent écrites pour dénoncer les injustices et dérives de leurs temps. (Définition Wikipedia)

« La cité radieuse » du Le Corbusier peut être considérée comme une utopie. Cette unité d’habitation conçue avec le concept du modulor, selon lequel l’unité de mesure est la hauteur d’un homme, est considérée comme une véritable ville dans la ville. Cette image offre un terrain d’application de certains principes utopiques sociaux. Imaginez une simple unité qui n’a besoin que d’elle même , où les gens se regroupent librement pour vivre harmonieusement ensemble! Quand je me suis rendue à Marseille , pour visiter la Cité radieuse, j’ai ressenti cet espace comme un lieu qui s’auto-suffisait. Le Corbusier avait la volonté de créer à travers ce projet une utopie sociale. La présence d’immenses jardins, de grands couloirs intérieurs appropriables, qu’on l’on pouvait assimiler à des rues et, le cadre de vie rendu agréable par la facilité d’accès à tout les services, 26


Photomontage utopique du projet semestre4 M.Hoffert

Image extraite du cours de M.Devillers Superstudio, Monumento Continuo

27


ne faisait qu’accentuer le nouveau mode de vie idéalisé par Le Corbusier. L’utopie peut être utilisée à travers l’art pour dénoncer des faits et mettre en avant des solutions idéalisées. A travers les cours de Mme Devillers, lors de ma première année, j’ai appris l’existence du mouvement anglais « Archigram ». Par le dessin, ils transmettent leur utopie ayant pour but de révéler des intuitions sur les changements du mode de vie à travers les époques. Leurs œuvres révèlent des faits politiques essentiellement et, par un propos graphique ils dénonçaient l’architecture actuelle. A travers « Walking City » , ils reprennent l’idée du Corbusier, sur la ville d’Alger, et proposent des unités urbaines sur la mer. « Control and choice dwelling » démontre l’idée de concevoir l’habitat et la société d’une autre manière le concrétisant à travers différentes techniques , tel que le collage. Les œuvres de l’agence « Superstudio », qui m’ont été appris lors de ce même cours, sont très proches de celles d’ Archigram, « Monumento Continuo » a également été une attaque ludique, révélatrice, sur la façon dont l’architecture moderne internationale était devenue si fade au milieu des années 1960. L’utopie débouche sur de nombreuses questions concernant l’espace, allant même jusqu’à en créer un nouveau et faisant de l’utopie une réalité.

« L’utopie est le rêve nécessaire et la réalité le défi permanent » (Daniel Cohn-Bendit).

28


29


La créativité mise à l’épreuve par la contrainte Les limites de l’architecture Le métier d’architecte selon les cultures

30


31


La créativité mise à l’épreuve par la contrainte A. Les limites de l’architecture 1. Les contraintes du métier L’importance de la contrainte dans la conception ? Mais le travail de conception, ce n’est qu’une somme de contraintes ! » (Source non connue).

L’architecte , concepteur d’un bâtiment, est à la charge de différentes phases du déroulement architectural. Il encadre l’ensemble des étapes d’un projet : depuis le processus de conception architecturale jusqu’à la réalisation du projet. Cependant, l’architecte a rarement l’occasion de mettre en œuvre une créativité débridée. Les contraintes étant nombreuses: contrainte législatives, contraintes techniques, contraintes de coûts et de délais. Il reste souvent peu de place pour le rêve. Les contraintes sont une forte préoccupation pour l’architecte lors de la conception d’un projet. Afin que celui-ci soit accepté, il faut réponde à l’abondance des normes et des réglementations. Pour l’architecte, ces contraintes législatives s’opposent de plus en plus à une architecture vivante et de qualité. Normes de hauteur, d’implantation du bâtiment qui contraint l’orientation ou bien d’unité esthétique urbaine sont des réglementations qui viennent restreindre la conception d’une architecture de confort. Il est néanmoins évident que personne ne contestera la nécessité d’un ensemble de moyen d’action réglementaire. Mais il est vrai que, l’accumulation de contraintes créer des conditions de délabrement du cadre que l’on donne à vivre et des conditions environnementales liées à l’urbain. 32


Image extraite d’internet

Image extraite d’internet

33


On le remarque notamment dans le cas du logement collectif où, l’accumulation des contraintes limites les conditions nécessaire pour le confort de l’espace de vie de chacun. Il faut réussir, nous jeunes architectes, à trouver des moyens pour défaire la contrainte sans nuire aux performances. Suit ensuite les contraintes techniques, les contraintes structurelles, qui rentrent dans le domaine scientifique du métier. Apprendre à connaître les matériaux et leurs contraintes est indispensable au métier d’architecte. Concevoir un projet doit toujours rester dans une logique constructive. Le surplus de matériau et, l’incohérence d’assemblage sont source potentielle de désordre. De plus, la mixité des matériaux qui est une tendance architecturale, impose bien évidemment plus de vigilance tant au moment de la conception que pendant la vie du bâtiment ( contraintes sonores et thermiques de l’utilisation d’acier pour une terrasse ou un balcon). Toute conception est soumise à différents aléas environnementaux tel que le climat. L’importance du choix du matériau et des liaisons entre eux doivent être pris en compte lors de la conception. Aux contraintes techniques et législatives viennent s’additionner les contraintes de coût, source d’entrave à la réalisation d’un projet. Afin de répondre au programme et aux attentes du clients, il est nécessaire de réussir a subvenir aux besoins dans le respect du budget. Ce qui amène a faire des choix, qui souvent vont en contre de notre principe. De plus la crise économique aggrave les conditions du maître d’œuvre de part sa rémunération. Les compétences de l’architecte qui sont pluridisciplinaire ne sont pas souvent mise à leur juste de prix. De plus l’augmentation de ses connaissances nouvelles par l’évolution sans cesser des nomes et des réglementations architecturales , n’est pas réciproquement en terme de volume d’honoraire.

34


2. Les limites dans l’enseignement du métier. « Dans la formation actuelle, on n’entre pas suffisamment dans

le corps du métier ».

Lionel Carli

L’enseignement du métier permet de former les architectes que l’on veut voir naître pour assurer la ville de demain. «Polyvalents, matures et familiers avec la culture du chantier», sont les traits que l’Ordre des architectes attend des diplômés des écoles d’architecture. (source de la revu L’OBS) Il est évident que selon mon point de vue d’étudiante en architecture, on est loin de recevoir cette formation professionnelle au métier et à l’expérience du chantier. Il faut que la formation corresponde plus à la pratique réelle du métier. La mise en place de la césure, année d’interruption dans les études, nous permet d’avoir la possibilité d’enrichir nos connaissances à travers des expériences professionnelles ou encore des formations complémentaires, ayant pour but que « l’étudiant arrive dans le marché du travail avec un peu de maturité. » « Aujourd’hui, l’étudiant est mis dans un tuyau et récupéré six ans après. Il n’a pas le temps de voir ce qui se fait ailleurs!». (Jean-Mathieu Collard)

Avoir l’occasion de s’évader de ses années d’études afin de mieux comprendre l’architecture à travers la pratique réelle du métier me paraît essentielle dans le cursus de l’enseignement architecturale. C’est pour cela qu’à mon tour j’ai fait une demande de césure pour l’année prochaine. Cette césure est pour moi l’opportunité d’enrichir mon expérience professionnelle et de découvrir l’architecture sous un autre point de vue que celui que nous offre l’école. Je souhaite acquérir ma propre expérience dans le milieu 35


professionnel afin de revenir au sein de l’école avec d’autres acquis qui me seront bénéfiques pour la suite de mes études. Certes, l’enseignement théorique mis en place par les Écoles d’Architecture est satisfaisante. On ne peut pas en dire autant de la formation pratique en lien avec la réalité du terrain. Pourtant , il est d’une évidence que les Écoles d’Architecture nous forment à devenir des architectes qui conçoivent mais aussi que réalisent. L’enseignement nous limite aussi, dans notre développement de connaissance ,par le manque d’apprentissage pluridisciplinaire. L’architecture est un métier qui mêle beaucoup de domaines à la fois. Nous devrions avoir des cours d’économie , des cours de gestion d’entreprise mais aussi des cours de sociologie pour nous sensibiliser à la société et à ses besoins. L’École d’Architecture est un lieu où l’on nous apprend à concevoir un projet mais, où l’on ne nous apprend pas à le réaliser. Il y a cette certaine frustration de la part de l’étudiant de ne jamais voir ses projet se réaliser, d’avoir l’impression de ne pas laisser sa trace. Les différents professeurs encadrant les ateliers de conception peuvent avoir une vision subjective sur ce que l’on produit. Le manque d’encouragements nous ralentit sur nos idées et, nous remet en question sur ce que l’on produit. L’étudiant, étant constamment dans le doute, préfère suivre l’idéologie du professeur au lieu d’affirmer ce qu’il propose et sa vision de l’architecture. L’enseignement est capable de nous influencer sur notre manière de penser et , peut nous influencer aussi sur notre vision de l’architecture future. Cet aspect bloque notre créativité et notre recherche de conception évolutive pour l’architecture de demain.

36


Photo personnelle / voyage Ă Prague 2017

Photo personnelle / voyage Ă Rome 2015

37


B. Le métier d’architecte selon les cultures 1. La contrainte qui influence l’architecture. L’architecture se crée selon l’environnement qui l’entoure. La qualité de l’architecture influence l’image et la culture du pays. La France, un pays ayant une histoire forte, a une architecture liée à la mémoire de ses événements historiques. Si cette conservation patrimoniale a lieu, cela est dû à l’exigence de la politique architecturale qui instaure les lois législatives du pays. La politique architecturale va plus loin en exigeant une harmonisation de l’architecture. L’architecture moderne doit être en cohérence avec celle du passé, un aspect fondamentale de l’identité de la France. L’apparence de l’architecture devient donc un élément majeur dans l’architecture, reflétant les désirs et les besoins d’une société. Néanmoins, l’esthétique à notre époque est énormément remise en question. La pensée moderne la définit comme un élément accessoire dans la conception architecturale. La question qui se pose est de savoir si l’esthétique peut être perçue comme une contrainte en architecture. Dans ce cas, on peut se demander ce qu’elle engendre au sein de la conception architecturale. Selon les pays, les lois ne sont pas les mêmes et laissent plus ou moins une liberté d’inventivité aux architectes du point de vue de l’esthétique. Cette liberté engendre l’apparition d’architectures souvent insolites, laissant place à une diversité du paysage. Selon les pays, les contraintes esthétiques sont différentes dues le plus souvent à une volonté d’unification de la ville mais aussi à une réalité climatique et une densité de population.

38


Photo extraite d’internet / Buenos Aires

Photo extraite d’internet / Buenos Aires

39


La contrainte selon les pays fait émerger des projets différents. En effet, c’est la contrainte qui engendre une diversité aussi marquée ou bien une harmonisation au sein de la ville. La contrainte est source du paysage urbain. 2. De la France à l’Argentine Si la France est un pays avec une histoire qui marque l’architecture des villes, Buenos Aires, capitale d’Argentine, est loin d’avoir une identité aussi forte. En effet, Buenos Aires est une très grande ville avec une diversité architecturale importante qui est liée aux libertés de conception et d’appropriation, tandis que la France est très appréciée par sa beauté harmonieuse et son contrôle permanent du paysage urbain. Lors de mes nombreux voyages dans ce pays, je me suis toujours demandée comment était possible autant de diversité dans un pays pourtant si pauvre ? On peut s’interroger sur la manière de parvenir à créer autant de diversité dans la production architecturale de ces pays sud-américains. Et en effet, nul besoin d’aller plus loin pour comprendre que cette diversité urbaine découle de contraintes architecturales flexibles. L’opportunité laissée aux architectes de concevoir une maison originale de part leur liberté artistique et leur envie d’innover, n’est pas négligeable. De plus, le rapport entre les architectes et les autres corps de métier est bien plus important dans le processus de conception d’un projet. L’architecte va réfléchir son architecture jusqu’au moindre détail afin de concevoir chaque élément architectural, tels que les ouvertures, les menuiseries, les grilles etc.. Cela engendre l’originalité de chaque projet à Buenos Aires, puisque les éléments standards sont très peu utilisés afin d’éviter l’architecture ordinaire. On obtient alors un paysage urbain unique et diversifié.

40


41


La contrainte source de créativité Aquisition de la liberté La contrainte comme stimulation

42


43


La contrainte source de créativité « Le travail de conception, c’est un espace de liberté dans un énorme volume de contraintes... Quand on fait de la conception, on a des contraintes physiques, des contraintes de programme, mais ça reste des points de départ dont on discute et qu’on peut dépasser. Et c’est là qu’il y a un espace de liberté. [...] Gérer les contraintes de la conception, c’est presque de l’ordre du plaisir ; c’est ça qui fait l’intérêt du travail, avec cette logique de l’absurde : plus y à de contraintes, plus on se régale !» (Source non connu)

A. Acquisition de la liberté. 1. Transgresser les règles La conception de l’architecte est souvent animée par un désir de liberté. Comme on vient de le voir auparavant, de nombreuses contraintes telles que, les réglementations, les contraintes techniques ou bien l’économie, empêchent une architecture libre .On pourrait affirmer que la liberté est l’état de ce qui ne subit pas de contraintes. Néanmoins l’architecture, malgré le désir de liberté, n’est privée de contraintes. Il semble alors avoir, dans la création architecturale, un paradoxe entre contrainte et liberté Certains architectes affirment que transgresser les règles de l’architecture est ce qui permet d’acquérir la liberté. En abolissant les contraintes, on aurait la possibilité de créer librement. C’est la position que Renzo Piano exprime à travers son livre: « la désobéissance de l’architecte ». Pour Renzo Piano, l’architecture est une « attention et une vigilance au quotidien qui se manifestent par un respect du paysage, des coutumes et des traditions de chaque pays »(extrait du livre).

44


Photo extraite du cours de M. Nourrigat Pao 1 et 2 « Abri pour femmes nomades» Tokyo

Photo extraite du cours de M. Nourrigat Pao 1 et 2 « Abri pour femmes nomades» Tokyo

45


La désobéissance est la seule façon d’exercer son métier car elle permet de prendre un temps d’avance sur son temps. Pour lui, « L’architecture puisse dans ce qui lui est utile [...] et transforme en quelque chose de nouveau» L’architecture est un art qui se renouvelle sans cesse. Il faut oser proposer au-delà de la contrainte afin de se projeter dans l’architecture. Cette recherche constante de progrès au sein d’une liberté de conception, tend vers une utopie aspirant à la liberté de nier le monde réel. Au Japon, l’architecture cherche à repousser les contraintes, ne cherchant que la liberté, une liberté créatrice et également la liberté d’évolution. Les cours de « Pensée du projet » de Mme Nourrigat traitaient sur ce pays qu’est le Japon. Les architectes japonais développent une pensée de l’urbanisme en réaction aux contraintes territoriales. Le pays étant un véritable chaos architectural, ils sont sans cesse dans la recherche d’espace territorial. Utiliser et optimiser l’espace sont leurs principales préoccupations. Ayant en plus un densité de circulation très forte, il leur est obligé de concevoir des solutions à ces problèmes. Pour eux, la solution est de créer des structures suivant le développement démographique et de créer de l’espace. L’idée est d’acquérir la liberté en transformant la topographie urbaine à travers ces structures. On pourrait ainsi gagner la liberté créatrice mais également la liberté d’évolution.

46


2. S’adapter aux contraintes Ne pas tenir compte des contraintes est une vision très anarchique que l’on pourrait défendre. Mais elle ne semble pas être la solution pour aller au-delà de la contrainte et créer librement. On peut essayer de créer en fonction de la contrainte, autrement dit, que la conception et la contrainte ne fassent plus qu’un. On utiliserait pas la contrainte mais on serait en harmonie avec elle pour créer un tout cohérent. S’adapter aux contraintes équivaut à trouver la voie de la liberté dans le respect d’une contrainte. Au sein de notre enseignement c’est ce qui nous est appris. On nous donne des programmes, des règles à respecter et, nous devons concevoir en s’adaptant à ce qui nous est demandé. Tout d’abord, on nous apprend que, s’adapter aux contraintes commence par s’adapter à l’environnement dans lequel on construit et, à la population pour laquelle on construit. Cela permet, pour nous jeunes étudiants, d’avoir la sensation que nos réalisations s’ancrent dans le monde réel. S’adapter au terrain se résume à être en harmonie avec ce qui nous entoure et à réussir en préservant le maximum. Ce fut l’un des premiers exercices que l’on eût à faire avec Mr Martinez lors de la conception d’une maison individuelle. Nous avons découvert notre parcelle une fois après avoir conçu notre idéal de ce qu’était une maison à patio ; Pour ensuite, une fois avoir pris connaissance du site dans lequel on l’implanterait , s’adapter au maximum à ce qui nous entoure. Cela nous à permis de re questionner tout notre projet et, de prendre conscience de l’importance du travail préalable du terrain.

47


Il faut aussi être capable de s’adapter au désir de la population et aux volontés à l’origine du projet qui est demandé . Être conscience que l’on construit pour quelqu’un est important dans l’architecture. L’architecture est en quelque sorte, un service que l’on offre à la population. Lors du semestre avec Mr Hoffert, nous avons été confronté aux futurs habitants du projet que l’on devait concevoir. Il était question de répondre aux volontés d’une population qui se projetait dans ce projet. Ce semestre, je l’ai perçu comme assez fastidieux. Le fait d’être face à des personnes qui ne cherchent pas à comprendre les idées proposées, ou bien le concept conçu et, qui ne pensent qu’à leur confort et à l’ espace qui leur sera personnel, est assez agaçant. J’ai eu le sentiment d’être freinée dans ma conception architecturale. Est-il possible de parvenir à une liberté de création ou sommes

nous enchaînés aux volontés ? De toutes manières, force est de constater que, s’adapter à la contrainte, c’est se créer une contrainte car on créer en fonction de. Il s’agit, en quelque sorte, d’une contrainte théorique où les architectes doivent adapter leur projet au territoire, à la population et aux volontés.

Photo personnelle / Séance d’échange avec les habitants semestre4 M.Hoffert

48


B. La contrainte comme stimulation Néanmoins, nous avons jusqu’ici vu qu’un aspect de la contrainte, celle de la définition, c’est à dire que nous l’avons étudiée comme ce qui contraint la liberté. Or, ne peut-on pas dépasser cette définition de la contrainte, et considérer la contrainte comme aide a la conception? Extrait de « l’architecture au XXe siècle, liberté ou contraintes » de Damien Fontvielle.

1. La contrainte facteur de la créativité et d’innovation Il est cependant envisageable que la contrainte soit perçue d’une autre manière. La contrainte peut être considérée comme une aide à la création, une simulation, pour pouvoir ainsi engendrer une liberté créatrice de l’architecte. En effet, il est plus facile d’être créatif sous la contrainte. La difficulté nous oblige toujours à réfléchir à des solutions qui n’auraient jamais surgit sans elle. «Dans les ténèbres, l’imagination travaille plus activement qu’en pleine lumière.» Emmanuel Kant

On peut souligner aussi que, dans un contexte où l’on nous offre une liberté totale, les ressources disponibles sur le site, ou bien les différentes possibilités de concevoir, sont souvent ignorées. Sans contraintes l’architecte serait susceptible de proposer des solutions banales et, de répondre à un projet de la manière la plus simple. L’architecte crée en s’imposant des contraintes. Il a toujours eu recours à la contrainte qui, stimule, oriente, libère et, transgresse l’imagination créatrice.

49


La contrainte, en quelque sorte, pousse l’architecte à utiliser ce qui est disponible avec originalité, donnant ainsi naissance à de nouvelles idées et, de nouveaux concepts. Il est donc essentiel de souligne l’importance de la contrainte comme déclencheur du processus créatif. Il est bien connu que « l’homme privé de ressources matérielles développe ce qu’il a de plus ingénieux ». Les contraintes territoriales et culturelles sont sources de l’évolution architecturale. Les prouesses techniques des matériaux, l’inventivité et la cohérence de construction sont dûes à de nombreuses contraintes survenues lors de la pratique. Ces obstacles obligent de passer par d’autres voies, quittant la zone de confort et permettent l’innovation. La conception d’un logement collectif durant le sixième semestre avec Mr Nebout m’a permis de me surpasser en terme de réflexion. Les contraintes abondantes ont été la ligne directrice de la conception. L’idée de créer une architecture agréable, offrant des appartements ensoleillés et confortables, de l’intimité et du partage pour tous, tout en confrontant les contraintes ( accessibilité, PLU .. ) a été un réel défi. Les contraintes font barrage à certaines idées qui nous paraissent bonnes et, dont on ne voudrait pas lâcher ; mais elles permettent d’en trouver d’autres qui sont au-dessus de nos attentes. Les contraintes m’apparaissent alors comme une façon naturelle de générer de nouvelles idées.

50


Photo personnelle / Centre Beaubourg, voyage à Paris 2017

Photo extraite d’internet , Centre Beaubourg à Paris

51


2. Le Centre George Pompidou

« Toute contrainte m’est grâce ». Léonard de Vinci Les volontés politiques sont souvent des contraintes à la liberté créatrice. La politique est en effet l’une des contrainte majeure à l’architecture ayant un poids important . Les demandes gouvernementales peuvent conduire les architectes à concevoir la demande sans pour autant user de leur créativité. Pourtant à travers le « Centre George Pompidou », nous avons la preuve que des volontés politiques peuvent susciter une création originale. Ce projet avait pour origine de favoriser l’expression de l’art moderne et de refléter la politique culturelle du pays. On peut souligner l’importance de l’utilisation de l’architecture par la politique et, donc, à quel point l’architecture est contrainte par la politique. On comprend qu’ici, le président cherche à laisser une marque de son passage. Malgré la demande exigeante, Renzo Piano et Richard Rogers ont su faire une proposition originale et inventive. En effet, l’ossature métallique (quatorze portiques sur la longueur) permet le plan libre étant affichée en façade et à l’intérieur du projet. De plus, sur la façade sont placées toutes les fonctions que l’on à l’habitude de trouver à l’intérieur: les circulations, tels que, les couloirs et les escaliers, mais aussi, tout le réseau de tuyauterie. Le projet ayant l’allure d’un chantier et d’autant plus original puisqu’il affirme un édifice très coloré en plein centre de Paris. La volonté politique a suscité la création d’un plan libre répondant à la volonté de faire cohabiter quatre institutions au sein de l’édifice. Cette ossature et l’aspect général extérieur et, intérieur du « Centre Pompidou », constitue une grande originalité.

52


On peut affirmer que le « Centre Georges Pompidou », pourtant fort décrié au départ, est une réussite certaine. Les architectes Rogers et Piano ont réussi à construire, au cœur de Paris, un édifice atypique et, le parti pris adopté, témoigne d’une libre pensée face aux « consignes » données.

53


Conclusion

A travers ce rapport d’étude, il a été question de mettre en avant le paradoxe entre liberté et contrainte que présente l’architecture. La liberté que l’on possède dans la première phase du travail de conception permet de voir la naissance d’idées phares et de développer des concepts forts au sein d’un projet. Elle est source de notre esprit et de notre volonté. Le dessin est l’outil qui permet d’exprimer nos premières intuitions. Ill retranscrit notre pensée et, laisse libre court à l’imagination permettant de concrétiser une idée, tandis que la manipulation est une phase de conception qui nous offre la possibilité d’expérimenter et de créer, afin d’être dans la recherche perpétuelle de nouvelles idées. Durant cette phase, l’architecte désire se libérer des contraintes mais elles ne disparaissent jamais totalement. Les contraintes physiques, législatives, et budgétaires sont généralement source de l’abandon de nos volontés architecturales, remettant en question la faisabilité de notre projet. Ce paradoxe entre liberté et contrainte est surtout perçu dans l’approche de la contrainte comme aide à la conception, puisque finalement, la liberté et la contrainte découle l’une de l’autre. La contrainte est l’élément source de créativité et de la liberté d’innovation. C’est grâce à la contrainte que notre envie de liberté est bien plus présente, ce qui engendre la volonté de s’en libérer en se surpassant. Un bon architecte doit être capable de se positionner entre les libertés et les contraintes, entre le rêve et la mesure.

54



L’an prochain, mon projet consistera à confirmer mes propos et, à acquérir de l’expérience professionnelle. C’est pourquoi, j’envisage de faire une année de césure en Amérique du Sud, afin de comprendre comment l’architecture se développe dans ces pays et, qu’elle est vraiment la source de tant de diversité. Cette expérience enrichira mes recherches effectuées lors de ce rapport d’étude et, me permettra de revenir, au sein de l’Ecole, avec d’autres acquis qui me seront bénéfiques pour mon master.



Bibliographie RAYNAUD, Dominique, « Compétences et expertise professionnelle de l’architecte dans le travail de conception », HAL, archives ouvertes, novembre 2005

FONTVIELLE, Damien « L’architecture au XXe siècle, liberté ou contraintes? », 2009 SCALETSKY, Celso « Rôle des références dans la conception initiale en architecture : Contribution au développement d’un Système Ouvert de Références au Projet d’Architecture le système ” kaléidoscope ” », HAL, archives ouvertes, juillet 2006

PIANO , Renzo « La désobéissance de l’architecte », Arléa, N°138, mars 2009

RAYNAUD, Dominique, « Contrainte et liberté dans le travail de conception architecturale », HAL, archives ouvertes, novembre 2005 Sous la direction de Lambert DOUSSON, et Laurent VIALA, « Art, Architecture, Recherche, Regards croisés sur les processus de création » Edition de l’Espérou, Juin 2016

LEBAHAR Jean Charles, Le Travail de conception en architecture. Le travail humain, Paris, PUF, 1986 BORSI Franco, « Architcture et utopie »;,Hazan lumières, 1997 ESTEVEZ, Daniel, « Dessin d’architecture et infographie », CNRS Editions, 2011

GODO, Pierre « L’architecture et le corps » Revu, Le Philosophoire N°7, 1999 ZUMTHOR, Peter, « Penser l’architecture » Springer Science & Business Media, 2008


SVALABARD, une table dessin virtuelle pour le dessin libre. Application la modélisation 3D » Mémoire de Thèse ( en ligne) URL : https://tel.archives-ouvertes.fr/file/index/ docid/48443/filename/Table_matieres.html

Henri DESROCHE, Antoine PICON, Joseph GABEL, « UTOPIE », Encyclopædia Universalis [en ligne]. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/utopie/




Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.