Rapport de Césure

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VOYAGER AUTREMENT Un voyage enrichissant, aussi formateur qu’une année d’étude.

Rapport d’activité - Année de Césure 2017-2018 - Naomi Garay Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier



Avant propos L’année de césure pour un étudiant est une décision qui n’ai pas prise à la légère, elle est généralement réfléchie et a comme objectifs des intentions bien précises. L’image de l’étudiant un peu inconscient, qui profite de son année de césure pour se relâcher, est bien loin de ce que cette expérience peu nous apporter. La césure est une parenthèse dans notre cursus qui nous permet de consolider nos envies tout en ouvrant d’autres perspectives. A travers cette année, nous nous trouvons face à un tas d’expériences, aussi bonnes que mauvaises, qui nous forment et nous immergent totalement dans ce qui sera notre vie professionnelle. C’est un temps de construction personnelle aussi formateur qu’une année d’étude.



SOMMAIRE

Avant propos Introduction

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Au fur et à mesure de l’année de césure

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dans un agence à Buenos aires en exploration de l’Amérique du Sud dans une association à Medellin

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Une année écoulée

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désillusions enrichissantes l’importance du métier à l’étranger

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Conclusion

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construction personnelle


Buenos aires, Argentine

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INTRODUCTION

Il est difficile de résumer toute une année en quelques pages. Relater son année de césure c’est réussir à retranscrire son vécu pour qu’avec du recul on puisse en retenir ce qui nous a été bénéfique. Ce qui nous a le plus marqué, ce qui nous a le plus enrichie, les nombreuse déceptions, et les réflexions qui en ont découlé. Cette année de césure était pour moi l’occasion de m’enrichir professionnellement et personnellement. A travers mon parcours je souhaitais découvrir et apprendre de ces pays si différents. J’envisageais de comprendre et d’acquérir des connaissances sur la manière de produire l’architecture en Amérique du Sud mais aussi sur leurs cultures et leurs mode de vie. A travers cette année j’ai pu partagé avec les Sud-Américains des valeurs communes et en découvrir d’autres radicalement différentes. Mon année de césure pourrait se décomposer en quatre temps. Ma volonté étant de m’enrichir professionnellement, j’ai voulu effectuer un stage en agence tout en mêlant une expérience de vie différente à celle dont j’avais l’habitude de vivre. Suite à mes nombreuses recherches, j’ai eu la chance d’être accueillie, pour une durer de quatre mois, au sein de l’équipe de Alonso&Crippa, une agence située à Buenos Aires. S’ajoute à cette expérience professionnelle une expérience personnelle qui était de vivre à l’étranger pendant une assez longue durée en s’adaptant à de nouveaux mode de vie. Par la suite j’ai eu envie de découvrir de nouvelles cultures et de nouveaux paysages. J’avais la volonté de rencontrer différentes popula6


tions et de me donner la possibilité de partager avec elles. Pour cela je me suis accordée un mois de voyage essentiellement dans le sud de l’Amérique du Sud. Tout ce que j’ai pu vivre m’a énormément touché et remis en question. Je me suis beaucoup interrogée sur leur manière de vivre, et leur quotient. De quoi a-t-on réellement besoin? Qu’est ce qui diffère dans nos façons d’habiter ? Qu’est ce qui nous rapproche? A travers cette seconde étape de mon année de césure, j’ai compris que j’avais besoin de voir un autre aspect de l’architecture, je voulais m’intéresser à l’architecture d’urgence. Produire pour des gens qui en ont besoin. Etre dans la capacité de donner de ma personne, pour une population qui est dans la nécessité. La troisième partie de cette année, c’est donc déroulé en Colombie, dans l’association Grandir Ensemble qui travaille au sein des bidonvilles de Medellin. La Cruz Roja, était le quartier qui nous été attribué. Notre mission, en tant qu’architecte, était de leur venir en aide pour améliorer l’école du quartier et en faire une extension. En parallèle nous avons aussi travailler avec les enfants, nous leur avons apporté de nouvelles connaissances pendant les heures de cours, en tant que professeur. Ce fût une expérience extraordinaire, aussi bien professionnellement que personnellement. Apres les avoir quitter, nous avons décidé de poursuivre notre chemin et de découvrir deux pays qui nous tenez à coeur, le Pérou et la Bolivie. Deux pays qui nous attiraient de part leur culture, mais aussi leur histoire, et leurs habitants. C’est donc avec ce voyage pleins de rebondissement que s’est achevé mon année de césure. 7


Cette année de césure m’a plongé de nombreuses fois dans de grandes réflexions, elle m’a permise de me questionner sur des sujets auxquels je faisais parfois l’impasse. Elle m’a offert une expérience humaine et m’a permis d’évolution dans mon rapport avec l’architecture. Il me semble essentiel en tant qu’architecte d’être curieux, de toujours réévaluer son opinion et d’être capable de sortir du cadre que l’on s’était construit. Il faut s’enrichisses de nos expériences et prendre en compte nos évolutions personnelles afin de remettre en question ce que l’on connaissait déjà.

«Dans une école d’architecture nous devons former des gens pensants. Il faut apprendre à apprendre. La meilleure qualité d’un architecte est d’être curieux. » Odil Decq 8


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Au fur et à mesure de l’année de césure Dans une agence à Buenos Aires En explorant l’Amérique du sud Dans une association à Medellin

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Au fur et à mesure de l’année de césure Dans une agence à Buenos Aires

Mes premiers pas dans la ville de Buenos Aires m’ont émerveillé. Je m’y suis tout de suite sentie bien. L’atmosphère que dégage les rues, leur appropriation, leur authenticité, le bruit, les gens, tout à fait que je m’accapare cette ville comme si je la connaissais depuis toujours. La présence d’arbres centenaires, et d’immense parc donne une sensation d’air frai dans cette ville pourtant si urbanisée. Elle laisse place à la nature tout en se mêlant à elle. De plus, toute la ville me paraissait démesurée, les immeubles me donner le vertige et les distances que j’avais à parcourir me paraissait interminables. Au travers de ces quatre mois, je pense avoir réussi à prendre mes marques et à maitriser plus ou moins le quadrillage urbain. Je reste tout de même consciente que ces quatre mois n’ont malheureusement pas été pas suffisants pour faire de moi une vraie «porteña». Les présentations au sien de l’équipe ce sont fait le premier jour. Je fis connaissance de Mariano et Ludmilla, les architectes, de Agustin et Pablo deux étudiants employés dans l’agence et des autres stagiaires de Alonso&Crippa. Ils ont pris soin de m’expliquer leur fonctionnement, et leur vision de l’architecture au sein de l’agence. Nous nous sommes très vite bien entendu, ce qui m’a soulagé en vu des quatre mois à venir. J’ai pris connaissances des tâches qui aller m’être confier et à première vu cela me satisfaisait. 12


Dès les premiers jours, je me suis mise à réfléchir à la confection de la tâche qui m’était demandée. A l’échelle 1:25 je devais réaliser une maquette de leur projet intitulé PH Thames. Une petite maison tout en hauteur, avec une typologie typique des maisons de Buenos Aires appellé les PH. Ce fut un réel case-tête, mais se fut avec plaisir que je releva le défi. Les jours passèrent, la maquette prenait forme mais me paraissait interminable. Je prenais mon travail à coeur, mais la sensation d’inutilité était présente. En effet, je réalise une maquette non pas de rechercher, le projet étant en phase de chantier, mais d’exposition afin de réaliser des éléments de représentation du projet. Au sein de l’agence nous étions beaucoup de stagiaire, chose qui m’avait déjà interpellé dès le premier jour et durant les premières semaines j’avais une certaine sensation d’être à l’usine. Les architectes nous confiaient essentiellement du travail de représentation, afin de les publier sur leur site informatique, que ce soit des maquettes, mais aussi des éléments à embellir tel que des plans, coupes ou axonométries. Ayant pris conscience de cela, je me suis surprise à effectuer le travail demandé avec un certaine nonchalance et avec aucun plaisir ni satisfaction.

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Au dessus: photo des membres de l’agence: Pablo, Alice, Guilia, Mariano et Ludmilla. Au dessous: Travail à l’agence sur la réalisation de la maquette échelle 1.25

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En parallèle, nous visitions de nombreux chantier, qui été en cours. «Villa olympica» était un de leur projet important du moment. Il a été retrenu lors d’un appel à projet du gouvernement en gagnant l’une des premièreposition du concours. Les heures passées à parcourir ces grands édifices n’ont beaucoup révélées sur le travail en collaboration avec les grandes entreprises. Les architectes, Mariano et Ludmila, selon la réglementation du concours avaient confié leur travail à une entreprise qui avait contacter les maîtres d’oeuvre et les ouvriers du chantier. Cette distance entre architecte et entreprise constructive se ressentait dans le résultat du projet construit. L’attention que porte un architecte pour le bon déroulement de son projet, n’est pas le même aux yeux des entreprises constructives qui exécute sans vraiment prendre du recul, et sans accorder de l’intérêt au travail fini, puisqu’il ne se reflète pas dans le projet. Par la suite je me suis rendue sur le chantier du projet PH Thames, la maison que je réaliser en maquette. J’y appris beaucoup sur leur manière de procéder, sur l’attention qu’il porte au détail mais aussi sur les compromis qu’il y a à faire lors de l’exécution d’un projet. Cette visite me permit aussi de mieux comprendre ce que je réalisais en maquette ce qui était assez ludique, tout en me mettant face à l’inutilité de mon travail. Les semaines passèrent et mes missions se résumer à la réalisation de nombreux éléments de publications ce qui ne m’enchanter pas vraiment. Je me suis néanmoins beaucoup investie, et trouver de l’intérêt lors des nombreuse activités que nous réalisions avec l’équipe, ce qui m’a permit de passer au dessus. En dehors des heures passées à l’agence j’ai eu la chance, grâce à Mariano et Ludmilla, d’assister à une conférences de Flores&Pratt au sein de l’université d’architecture de Buenos aires (UBA). Ces architecture m’ont beaucoup intrigué et leur rapport à l’architecture me parut exceptionnelle. J’appris beaucoup d’eux, et me réconcilie avec la vision de l’architecte pure et dur que l’on peut avoir . Ce sont des architectes qui vont au-delà du métier et qui s’investissent énormément dans leur travail mêlant l’art et l’architecture. 15


Visite du chantier Villa Olympica (gagnant du concours).

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Au dessus: photographie du chantier Superie de Alonso&Crippa. En dessous: photograhie du chantier Villa Olympica, dĂŠtail de construction

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Au dessus: photographie de la cour chantier Thames de Alonso&Crippa. En dessous: photograhie du chantier Thames, facade en cours de construction

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De plus tout au long d’un week end, j’ai pu participé avec toute l’équipe au festival OPEN HOUSE à Buenos Aires. Ce festival, comme son nom l’indique, était l’occasion de visite des projets conçus par des d’architectes reconnus à Buenos aires. J’ai eu l’occasion de visiter des architectures d’une qualité de conception et d’une originalité remarquable. Plusieurs réflexions ont émergé lors de ces visites, ces architectures urbaines m’intriguaient sur leur manière d’être pensé au sein de cette ville. Je me suis laissée surprendre par la liberté et l’audace qu’avait l’architecte lors de la conception et qui se concrétise dans leur projet. J’ai pris soin de restituer dans mon carnet, de nombreux détails et concepts architecturaux qui m’avaient interpellé. Après ce week end j’ai beaucoup échangé avec les architectes de mon agence, je voulais les interroger sur les limites qu’ils peuvent avoir au sein d’un projet. Les contraintes urbaines et administratives qui peuvent en France freiner l’originalité d’un projet, ne semble pas être le cas à Buenos Aires. De longues discussions intéressantes en découlèrent mélangeant divers avis puisque les stagiaires venant d’Italie et de Suisse prirent eux aussi place aux débats.

Ccpm_arquitectos - PH Lavalleja

BAAG - Juana Azurduy

adamo faiden OPEN HOUSE

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Pour ce qui était de mon travail au sein de l’agence, étant toujours réduite à des tâches de publications, le sens de mon travail s’éloignait et laissait place à une forme d’aliénation. Mon manque d’enthousiasme dans l’agence se ressenti et lors d’une visite de chantier avec Mariano, nous avons pu en discuter. II m’interrogea sur les attentes que j’avais de ce stage et sur mes envies en tant que stagiaire. Cette discussion fût très constructive, et concluante puisqu’il me confia de nouvelles missions au sein de l’agence, ce qui me réjoui. En parallèle, ce jour là me trouvant sur le chantier de Thames, j’ai pu travaillé en collaboration avec certains ouvriers pour mettre en place les tuyauteries en cuivre de la salle de bain. J’étais chargé de les diriger sur l’assemblage de chaque éléments de la tuyauterie apparente, afin de reproduire le dessin effectué par les architectes. J’ai eu l’occasion d’apprendre les techniques de réalisation des tuyauteries apparentes par des professionnels du métier. De plus, le statue que j’avais lors de cette mission me donna des responsabilités et me fit prendre conscience de l’autorité que peut avoir l’architecte., chose qui fût très intéréssante. La deuxième période de ce stage fut plus enrichissante pour moi puisque l’on me confia un projet à petite échelle qui débutait à peine. Un client fit appel à l’agence pour la rénovation de l’espace commun de sa maison (cuisine, salon, extérieure). On me confit la tâche de réfléchir sur plusieurs propositions à présenter lors du prochaine rendez vous. Cette période de travail fut celle qui me conquis le plus tout au long de mon stage. J’ai eu la responsabilité de concevoir un projet, et la confiance m’était donné par les architectes pour présenter plusieurs propositions cohérentes et originales. Je me mis à effectuer un relevé afin de réaliser les plans de l’existant. Par la suite je me mis à faire de recherches afin de trouver l’inspiration et pouvoir proposer plusieurs idées. Je travaillais en faisant des vas et vient avec les architectes, qui étaient très pédagogiques, et qui me pousser à me surpasser. 18


Je fini par produire quelques éléments, que je conçue avec plaisir, afin de les présenter lors de la réunion avec le client, grâce un powerpoint. Ce travail me plongea dans l’aspect de l’architecture qui m’attire le plus, celui de répondre à la demande tout en essayant d’être créatif et cohérent. Les architectes me félicitèrent de mon travail et me confièrent le projet suite à la réunion. Les jours qui ont suivis consistaient à améliorer mes propositions, selon ce qui avez été dis, afin d’avoir l’approbation du client et de conclure sur un contrat. Je continuais, en plus de ce travail, à me rendre avec eux sur les chantiers, afin d’apprendre du métier sur le terrain et, de temps à autres, pouvoir donner mon avis sur certains sujet. La fin de mon stage approchait, les quatre mois étaient passés très vite. Je m’investissais avec l’agence sur le projet de Thames, dont le chantier allait prendre fin. Etant une petite agence, les architectes s’occupent de certains aspects qui n’étaient pas dans leur domaine, mais j’ai pris goût à y participer. Nous avons donc fait du jardinage pendant deux journées pour clôturer le chantier. Mariano possédait une licence de paysagiste, donc ce fut très constructif, notamment lors du choix de la végétation, et de leur emplacement dans leur projet. Simultanément nous essayions avec les autres stagiaires de mettre au point les éléments qui aller servir à la publication de ce même projet sur leur site internet. J’effectuai donc une série de photographies de ma maquette afin qu’elle soit disponible pour la publication. La dernier semaine fut tranquille, je pris soin de laisse mon travail à leur disposition, afin qu’ils puissent le poursuivre. A l’approche des vacances, avec toute l’équipe de l’agence nous avons pris une journée pour aller visiter la maison Curutchet du Corbusier, située à la Plata, ville non loin de Buenos Aires. Le travail, et la réflexion faite par Le Corbusier au sein de ce projet me surpris. On y trouve une complexité dans le dessin face à une simplicité ressenti lors de déambulation au sein du batiment. Ce fut avec cette jolie visite, que ce clôtura mon stage chez Alonso&Crippa. Nous fîmes un dernier apéritif tout ensemble. C’est avec le coeur serré que je quittais l’agence et toute l’équipe que j’y avait rencontré. 21


Différentes propositions pour le projet Ramon Castro, éléments de présentation lors de la réunion

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Au fur et a mesure de l’année de césure En exploration de l’Amérique du Sud

Je savais d’avance que pour ma deuxième partie de l’année je ne resterai pas dans la capitale de l’Argentine, l’envie de découvrir autre chose m’était évidente, mais je ne savais pas encore vers quoi me diriger. Je saisi donc, pendant ce mois de battement, l’opportunité de me trouver à étranger pour découvrir le continent. D’après les conseils de mon agence, j’eu envie de me rendre dans le nord de l’Argentine. On m’assurait que cette partie de l’argentine aller me dépayser et m’affirmait que j’allais être face à une architecture et une population qui vit hors de son temps. Cette destination fût le point de départ des suivantes. J’allais effectuer une boucle, commençant par le nord de l’Argentine, suivit du sud de la Bolivie, passant par le Chili, pour enfin rentrer à Buenos Aires. Le 20 janviers 2018, mon voyage débuta, en compagnie de Carla. Ce voyage a été nourrit d’expériences inoubliables, de moments qui nous ont forgé et épanoui. Les jours ont suivit, et n’ont pas toujours été facile. Mais la chance de me trouver face à des paysages à couper le souffle me réconcilia avec les moments durs que nous avez réservé le voyage. A travers les routes interminables et les paysages sans fin nous traversions de petits villes, où nous passions généralement la nuit et où nous nous réapprovisionnons en nourriture.

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Humahuaca est une petite ville dans le nord de l’Argentine faite entièrement de terre, dont l’architecture se mêle à la roche et se confond avec le paysage. J’ai eu l’impression, à l’arrivée dans la ville, qu’elle était entièrement faite par les mains des habitants. On avait du mal à croire qu’une population y vivait vraiment, c’était semblable à un décor. Ce fut une des villes où je me suis sentie la plus accueillie, et ou le paysage urbain m’intrigua plus que tout ce que j’avais vu auparavant.

Ville de Humahuaca

Ville de Humahuaca

Ville de Tilcara

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De ville en ville nous avons rencontrer des personnes qui était dans le besoin mais qui n’hésiter pas à donner de leur personne pour nous venir en aide. Dans ces pays où la pauvreté est présente, le partage est généralement naturel. La générosité des gens dans ces pays là est impressionnante. Nous avons parcouru notre chemin à travers les montages et les champs de cactus, les petits maisons de terre et celle de pierre. Nous avons traversé des villages qui n’avait rien et se contentait de peu, rencontré des personnes qui pratiquaient le partage, alors qu’elles étaient dans le besoin, et ce, toujours dans un profond sentiment de bonheur. Nous avons vécu une expérience humaine difficile à relater. Et nous nous sommes rendues compte de la chance que nous avions d’être née sur le bon continent. Lors de cette expérience, je ai pris conscience de la nécessité d’intervenir dans ces endroits qui sont dans le besoin, le besoin de planification et d’infrastructures. Ces populations qui ont besoin d’aide, sachant qu’un rien pour eux c’est déjà beaucoup. J’ai eu donc l’envie de profiter de cette année pour pouvoir donner un peu de ma personne et essayer d’intervenir dans une association qui traite ces sujets, ou du moins qui vient en aide à une catégorie sociale dévaforisée. Le voyage est aussi un moyen de se surpasser et d’aller au delà de notre confort. C’est justement pendant ces moments là ou le soutien des gens que nous avons rencontré nous a été d’un grand réconfort. Lors de notre passage en Bolivie, nous avons voyagé en la compagnie d’un bolivien qui nous fit vivre un aventure unique. Nous passions les nuits dans des petits hôtels insignifiants tenus par des femmes qui vivaient là à l’année. Ces hôtels, si on peut les nommer ainsi, étaient perdus dans l’immensité du paysage bolivien, où l’on aurai du mal à retrouver son chemin. On avait le sentiment d’être infiniment petit dans une immensité démesurée. La pauvreté et comment elle entrainait un isolement de la population fût un aspect assez marquant dans ce pays. En effet les locaux, bien que volontaires, avaient du mal a s’ouvrir aux étrangers. Leur éloignement avec notre realité freinaient des fois la communication. 26


Au dessus: photographie du bord de route en direction de Cayafate. nord de l’Argentine. En dessous: photographie sur la route en Bolivie, dans l’immensement grand

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Au dessus: photographie de l’avenue principale d’une ville au nom inconnu en Bolivie En dessous: photo de souvenir, avec Ariel notre ami bolivien.

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Apres avoir parcours le nord du Chili qui est un pays plus fréquenté par les touristes, et dont les villes s’organisaient en fonction de cette économie, Valparaiso fut notre dernière destination. Je ne regrette absolument pas d’y être passer malgré le détour. Cette ville fut une très belle découverte, mélangeant à la fois l’histoire, l’art et l’architecture. Une ville qui vit d’elle même, et qui en laisse voir. Valparaiso est une ville pleine de contrastes, aussi belle que sale, touristique que pauvre, où j’ai rencontré une atmosphère très agréable. Malgré le court séjour, je n’ai pas eu de mal à comprendre cette ville et ses difficultés. Cette ville m’a fait penser à la fois à Marseille, pour son côté populaire et plein d’histoire, et à Menton, pour ses petites ruelles perchés, face à la mer. Elle me ramenait donc, à la fois aux villes de mon enfance, tout en me transportant dans l’univers et la culture chilienne. Ce fut un très belle découverte, sans aucune déception. De retour à Buenos aires, j’ai recu une réponse positive pour aller travailler dans une association à Medellin: « Grandir ensemble ». C’est avec joie que j’accepta la proposition et me rendis donc en Colombie, mon nouveau pays de résidence.

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Valparaiso, Chili

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Communa 13, Medellin, Colombie

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Au fur et a mesure de l’année de césure Dans une association à Medellin

Après avoir un peu parcouru la Colombie et découvert un pays encore intacte et pleins de richesse, je me suis installée à Medellin, deuxième ville la plus important du pays. La population de cette ville fût le premier aspect qui attira mon attention. Les gens vivent dehors et s’approprient les rues. Les rues sont vivantes. Le mode de vie des colombiens est authentique. La musique est constante, et la présence de fruit dans la rue est inévitable. Rien qu’au simple fait de se balader, je ressentais la culture colombienne, qui n’avait rien à voir avec celle de Buenos Aires, ville bien plus mondialisée. Après être sorti de leur confit entre FARC, une sensation de renaissance planait sur la ville, la joie est exprimée dans les rues. Malgré le chaos urbain qui m’entourait, le côté authentique de Medellin et de de sa population m’enlaça. En effet, le trafic dans la ville était étouffant, la pollution était au dessus de la normale, et la population peuplée les rues avec leur brouhaha habituel. Ce qui ne laisse en aucun cas place au silence. Cette ville avait un aspect fatiguant, mais j’en tombèrent tout de même amoureuse. Le premier jour de stage consistait à prendre connaissance du quartier, La Cruz Roja, où nous allions travailler. Nous devions nous familiariser avec les habitants qui y vivaient, et se présenter au sein de l’école du quartier. La Cruz Roja est un quartier sensible perché sur les collines de Medellin qui accueille une population pauvre vivant dans des bidonvilles. 32


Le quartier La Cruz Roja Ă Medellin, lieu de travail

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Les premiers pas dans ce quartier nous les fîmes accompagnées. Les responsables de l’association souhaitaient que l’on nous associe directement à « Grandir Ensemble », lors de notre arrivée dans le quartier. Les habitants se montraient respectueux envers les membres de l’association et étaient reconnaissant de leur travail. Le trajet pour arriver à l’Ecole, était d’environ 45min. Le quartier était difficile d’accès et généralement des jeunes en moto nous montaient jusqu’en haut de la colline, afin de se faire un peu de sous, et de nous faire gagner du temps. L’Ecole dans lequel nous allions travailler était petite face à la population. Sa capacité d’accueil était faible par rapport au nombre d’élèves qui s’y trouvaient. Les enfants étaient agités, et la discipline nous semblait absente. Néanmoins, et ce qui ne nous semblait pas négligeable, les enfants étaient heureux, et très intéressés de nous voir. Au sein de cette association nous avions deux missions distinctes. Notre rôle, d’un point de vu architectural, était de penser à l’extension de l’école, tout en réhabilitant des espaces existants afin de donner lieu, à un coiffeur, une supérette, et un salon de retouche. Ces espaces là étaient dédiés à la formation professionnelle des étudiants après leur scolarité. En parallèle, nous avions à charge une classe d’élèves de 10-12 ans, deux fois par semaine. Nous devions donc monter un projet pédagogique afin de les intéresser lors de nos heures de classe. C’est donc au travers de ces deux missions que nous nous sommes investie dans l’association. Ce qui nous surpris lors de notre premier rendez vous avec le directeur de l’école était le respect qu’il nous accordait. Tout au long de son discours, nous avons compris la responsabilité qui suivait notre engagement dans ces deux missions. En tant qu’architecte, il nous considéra comme des professionnels, semblait respectueux envers notre travail. Ses attentes et la confiance qui nous attribuait révéla notre importance au sein du projet.

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Le travail se déroula sur trois périodes. Tout d’abord, nous devions prendre connaissance de l’existant, en réalisant des relevés précis, et des études techniques. Ce fût une période vertigineuse puisque nous n’avions pas le droit à l’erreur en vu du travail à venir. Nous avions plusieurs rendez-vous avec des professionnels qui avait commencer le projet quelques mois auparavant, nous avons essaye de prendre le plus d’informations possible pour le bon fonctionnement du projet. Ce fût aussi une période où nous avons pris conscience du manque de moyen, et de compétences au sein du projet. Les constructions existantes étaient dangereuses, aucunes règles structurelles étaient respectées. Les structures déjà présentent nous semblaient tenir par miracle. Simultanément, nous échangions beaucoup avec le directeur pour comprendre l’objectif du projet afin de bien répondre à la demande. Nous savions qu’en France une équipe de cinq étudiants représentant l’association « Mot d’Où » devait intervenir dans la construction de ce chantier début mai. Ils nous fournissaient les fonds pour le projet et comptaient sur nous pour qu’à leur arrivée le chantier soit près à démarrer. Nous avions donc la contrainte du temps qui s’ajouter à celle du budget. Mon statut d’architecte m’obligeait à avoir confiance en mon travail, et cette posture me plaisait. Je me sentais utile, et chaque pas en avant me donner envie d’aller plus loin. Après être passée par cette phase d’étude, la conception du projet pouvait commencer. Nous devions travailler à partir des plans de l’existant que nous avions réalisé, afin d’esquisser quelques idées. Cela découla sur des propositions de projet. Joint aux différentes plans réalisés, nous effectuions des devis, afin d’être plus ou moins informer du budget qu’aller coûter les travaux. Nous avions pris rendez vous avec un ingénieur qui connaissait bien les lieux. Il nous apporta beaucoup d’aide notamment avec de nombreuses informations sur les matériaux disponibles, leur prix, et leur accessibilité. Petit à petit nous avancions dans notre mission. Le projet commençait à prendre forme, ce qui nous permettait de nous projette pour la mise en route du chantier. Cette phase fût la plus agréable, même si nous avions la sen35


Plan de l’existant, effectué d’après le relevé

Plan du projet,

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sation que certaines connaissances nous manquaient. Néanmoins nous avons toujours su vers qui nous tourner en cas de besoin, et l’attention qui nous été portaient était toujours efficace et bienveillante. La dernière période a été celle de la mise en route du chantier. Nous devions trouver tout le matériel nécessaire pour le chantier, ce qui consister à faire de nombreuses commande. De plus, nous devions contacter des ouvriers qui pourrait être disponible à cette période. Notre volonté était de trouver de la main d’œuvre au sein du quartier. On aimait l’idée de donner du travail aux habitants afin qu’il se sentent aussi concerné par l’évolution de leur petite ville. D’autant plus cela leur donnait du travail, ce qui pour eux n’est pas négligeable. Tout était néanmoins difficile à mener, les réponses tardaient toujours à arriver, nous étions souvent dans l’attente. Cela avait tendance à nous rendre nerveuse, puisque l’on se soucier de ne pas pouvoir terminer à temps. Les membres de l’association habitués au rythme de vie des colombiens, prenaient plaisir à nous taquiner sur ce sujet, et nous rassurer en

Les ouvriers sur le chantier de l’école de La Cruz

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nous disant qu’ils ne fallait pas s’inquiéter, que tout finissait par se faire à un moment ou un autre. Quand notre stage commençait à arriver à son terme, nous avions réussi à être dans les temps, le chantier pouvait commencer dès l’arrivée de l’association « Mot d’Où ». Nous étions satisfaite de notre travail, et avons eu beaucoup de reconnaissance. Les membres de l’association ne cessèrent de nous féliciter et remercier pour notre investissement, cela même après notre départ. En parallèle du rôle d’architecte au sein de l’école, nous nous rendions deux fois par semaine dans une classe d’élèves de 10-12 ans, en tant que professeur. Quand nous avions appris notre responsabilité et notre rôle aux yeux des enfants, nous nous sommes mise à la recherche d’un sujet qui allait mener à bien les deux mois qu’on allait passer avec eux. Nous voulions les intéresser, monter un projet pédagogique constructif qui leur apporte des connaissances tout en ayant un aspect ludique. Le premier cours fût un cours essentiellement de présentation, où nous avons eu un premiers contact avec les enfants. Nous comprîmes que les tenir en place était compliqué. Les enfants n’étaient pas très obéissant, ou du moins pas obéissant à nos règles de vie, et à la vision qu’on pouvait avoir d’une salle de classe. L’élève est libre de déambuler, se déplace à droite et à gauche pour rejoindre ses camardes, peuvent même se retrouver à travailler au sol, parce que cela lui convient mieux. La classe était mouvementé, le bruit et les cris constants, mais la bonne humeur y était, et cela nous suffisait. Lors des nos premières heures de cours nous présentions aux élèves notre projet durant ces deux mois. «Le Monde» était le sujet que nous voulions aborder. Nous avons décomposé le travail en plusieurs séances, qui nous mener à parler du monde en généralement afin de se concentrer sur les continent, les pays et les villes. Nous avions aborder avec les enfants, des notions de géographie, de sociologie, de langue étrangère et d’histoire. Nous nous sommes aussi intéressés aux différentes cultures des pays, leur 38


mode de vie et leur tradition. Afin d’intégrer les notions de manière ludique, nous avons utilisé au cours des séances les ordinateurs, cela les a initié à l’informatique, nous avons fait beaucoup d’art plastique, et même une chasse aux trésors des connaissances. Les enfants paraissaient ravis, et on l’était aussi. Les habitants dans ce quartier ont très peu accès à l’actualité du monde entier, et leur connaissances sont très faibles. Nous avons été surpris, de voir le peu de savoir qu’ils avait acquis. Par exemple, en terme de géographie ils n’était pas capable de placer leur pays dans son propre continent. Cela nous encourageait davantage à leur offrir tout nos savoirs. De plus, voir que le sujet les intriguait et intéressait, était pour nous une réussite. Cette tâche était celle que nous redoutions le plus, et pourtant elle ne posa aucun soucis. Les enfants semblaient épanoui, et venait à nos cours avec le sourire, cela a ete très satisfesant. La relation que nous avions avec les enfants était très forte. Nous nous sommes beaucoup attachés à eux. Les autres professeurs de l’école était très agréables, nous nous sentions accueilli. Ils étaient content de voir l’énergie que nous mettions pour les enfants, et on était contente que cela soit apprécié. Cette expérience humaine est un des souvenirs que je n’oublierai pas de cette année. L’affection que nous avons éprouvé pour tous les élèves de cette école était unique. Les voir heureux et leur donner le sourire fut notre plus belle réussite. Ce fut une expérience extraordinaire, aussi bien professionnellement que personnellement. Nous nous sommes senties accueilli par les habitants, les professeurs, les élèves, les membres de l’association, et tout les professionnels du métier. Un sentiment de confiance s’est vite installé. Nous avons eu beaucoup de responsabilité, et nous avons pris soin d’être à l’écoute de la demande. A travers cette expérience j’ai pu ressentir mon pouvoir d’être utile.

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Les ĂŠlĂŠves lors du travail en classe


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Une année écoulée Désillusions enrichissantes L’importance du métier Vivre à l’étranger

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Un immeuble et les cables éléctriques à la Paz, Bolivie

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Il est clair que cette année de césure était pour moi l’occasion de prendre conscience du métier d’architecte. J’étais désireuse de mieux comprendre et d’appréhender le monde professionnel dans lequel je m’engageai. En tant qu’étudiante, je suis souvent spectatrice d’une situation qui m’échappe. L’apprentissage des aspects fondamentaux de l’architecture et l’exploitation, souvent sans contrainte, de la phase créative qu’est la conception, nous donne au sein de l’Ecole, une vision de la profession qui, parfois, se détache de la réalité. A travers cette année de césure, je me suis trouvée face à des désillusions en terme de profession exercée sur le champs d’activité de l’architecte. Néanmoins j’ai réussi à ressortir les points forts de cette expérience qui pour moi fût unique. Force est de constater, une fois l’année écoulée, l’évolution de mon rapport à l’architecture. Avoir le statut d’employée au sein d’une agence a été pour moi une expérience décevante. Ma vision de l’architecture a été terni par de nombreuses expériences mais à vite évoluer lors de ma présence au sein de l’association. Il a été justement intéressant de voir et de mettre en avant en quoi ces désillusions ont été une force et un enrichissement tout au long de l’année. La position de l’architecte a été re questionner, et l’utilité au sein d’une équipe associative m’as permis de prendre conscience de son importance et de son évolution. Cette partie va être l’occasion d’approfondir ce que j’ai pu retenir de mon expérience et les conclusions que je me suis faites sur certains aspects du métier.

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Une année écoulée désillusions enrichissantes

Durant ces quelques mois à Buenos aires c’est un statut de simple stagiaire que je retiens. Quand j’envisageais de faire un stage au sein d’une agence, inévitablement l’idée d’être intégré dans une équipe était ma première volonté. J’imaginais prendre position au sein d’un groupe, avoir des moments de débat où l’on pourrait intervenir. Je m’imaginais être entendue, et pouvoir proposer mes idées. Évidement cette vision un peu idyllique n’était que utopie. Le simple fait de pouvoir mettre en en œuvre mes connaissances du à la licence, et de revenir au sein de l’Ecole avec de nouveaux acquis bénéfique pour mon master était avant tout l’objectif de ce stage. Mon choix d’effectuer un stage dans l’agence Alonso&Crippa était dû tout d’abord à leur architecture. Je me projetais dans leur manière de concevoir et j’étais enthousiaste à l’idée de participer à leur projet. Travailler au sein de leur agence était l’occasion d’aborder des sujets qui m’intéressaient : les maisons individuelles, et des projets à petites échelles. Le fait de m’avoir confié la conception d’une réhabilitation, et d’avoir approuvé mon travail me réconcilia avec mon choix de me trouver au sein de l’agence. Leur manière de réfléchir à un espace et de le concrétiser m’intriguer. D’une certaine manière, le fait de voir les architectes mener à bien leur projet, m’encourage à produire ma propre architecture selon ma vision de l’architecture.

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Plans effectués pour le site web du projet Ph Thames

A Buenos Aires, d’une manière générale, l’architecte est plus libre de faire l’architecture qu’il lui ressemble. Les normes de la ville laissent place à une liberté de conception qui permettent de concrétiser des projets ayant chacun leur propre identité et originalité. Au sein de cette équipe j’ai aussi appris à m’adapter à leur manière de travailler et à leur vision de ce qu’est une agence d’architecture. Certains architectes perçoivent le stagiaire comme de la main d’œuvre effectuant les tâches qu’ils refusent de faire. Je n’irai pas dire que cela été le cas lors de mon stage en agence ; mais mon ressenti était semblable. Au sein d’une équipe, et pour le bon fonctionnement de l’agence, la communication et le partage devrait être la clef. Le manque de travail collectif dans Alonso&Crippa me fut fatal. Chaque membres de l’agence travaillait seul dans son coin et effectuer ses tâches individuellement. Ce fonctionnement, je souhaiterai l’éviter lors de mes prochaines expériences professionnelles. L’exécution de tâche sans qu’il y ait de discussion ou partage au préalable équivaut à travailler de manière individuelle au sein d’un groupe, ce qui me parait absurde. La compréhension de la valeur collective du travail génère au sein des agences une nouvelle vision du métier. Lors des dialogues et des débats,

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l’architecture est vue en tant que produit de manipulation et de la pensée. Une agence devrait laisser aux membres de l’équipe un espace qui inviterai à oser, à expérimenter, à innover, et à réfléchir sur ce que l’on produit. Cet aspect négatif au sein de mon stage, m’as permit en contre partie d’affiner mes choix dans la manière d’exercer mon métier plus tard. Il est pour moi nécessaire dans une agence de savoir utiliser les atouts de chacun afin d’arriver à un résultat qui rassemble les qualités de tous. Une agence pluridisciplinaire est la clef qui permet l’innovation. Chaque domaine apporte son savoir, ce qui permet de se surpasser lors de la conception d’un projet. Une agence devrait avoir une manière de s’organiser afin de créer ensemble, et d’instaurer une notion de groupe. A mes yeux, c’est la manière la plus enrichissante de mener à bien un projet. Ce stage m’a finalement permis de définir plus clairement les attentes et les envies du travail en agnece et de ma vison de l’architecture. Mes désillusions ont mises en lumières les aspects de cette discipline qui me déplaisent. C’est, donc, avec un approche éclairée que je pourrais entrer, à mon tour, dans le monde du travail, à l’issue de mon master.

Images effectués pour le site web du projet Ph Thames

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L’ecole de la Cruz Roja


Une année écoulée L’importance du métier

Lors de mon engagement avec l’association « Grandir Ensemble », l’aspect humain du métier est ressorti avant toute chose. Faire parti d’un groupe sensible aux conditions de vie des enfants des bidonvilles latino-américains a été une réelle expérience. La prise de conscience de l’utilité de notre savoir faire, et de l’importance de notre métier fut révélatrice dans notre investissement.Le fait d’avoir des responsabilités nous a poussé à nous surpasser. Nous savions que le travail que nous allions produire aller être utile au sein de cette école. Nous avions le sentiment de faire quelque chose de bien, de s’investir dans quelque chose de concret qui allait être bénéfique à toute la population de la Cruz Roja. Une des chose que je n’attendais pas de cette année était le fait d’acquérir une certaine confiance en moi dans le travail. Le regard qu’ils nous portaient nous a beaucoup encouragé dans nos initiatives, et nous a toujours obligé à aller plus loin. Tout au long de mon stage, je n’ai cessé de me demander ma position au sein de l’association. On nous qualifiait d’architectes expérimentés, alors que je me sentais comme une simple étudiante n’ayant même pas le titre d’architecte. L’architecte est celui qui propose des solutions et qui se surpasse pour venir en aide aux personnes qui en ressente le besoin. Cette association qui est basé essentiellement en Colombie, s’occupe de réunir des fonds et de s’investir dans des projets pour les populations défavorisées. 50


Leur priorité est de venir en aide à la population de La Cruz Roja. Une centaine d’enfants de 6 à 14 ans reçoivent tous les jours une alimentation et une instruction de qualité. Ils y trouvent de plus un refuge, de l’aide scolaire, une éducation (en matière d’hygiène ou de vie en communauté...), et surtout le soutien affectif de bénévoles dévoués pour les aider à trouver leur voie et construire leur avenir. Quand on nous a confié notre mission en tant qu’architecte, le fait de voir à travers leur yeux qu’on était utile fut la première constatation qui m’a beaucoup marqué. J’ai ressenti la satisfaction que toutes les connaissances et le savoir faire, que j’avais emmagasiné depuis trois ans, pouvait être utile. Cette expérience là a été au-delà de mes attentes. Cette importance accordée à notre statut d’architecte je ne l’avais jamais ressentie. J’avais l’impression de rentrer dans le monde actif, de me sentir enfin engagée dans ma profession. De plus cela a été une révélation puisque j’ai compris que si je voulais exercer ce métier c’était avant tout parce que je voulais l’exercer pour les autres. Auparavant je ne m’étais jamais vraiment posée la question de pour qui je voulais travailler. La réponse me paraissait évidente, je voulais avant tout travailler pour moi, avoir mon agence, décider de mes projets. Avoir eu la chance de pouvoir travailler pour une population qui était dans le besoin m’a ouvert l’esprit. Sentir l’importance de notre métier et comment on peut etre en mesure de faire évoluer les choses fût révélateur. Je me suis rendue compte que dans l’avenir j’aimerai intervenir au sein d’un collectif ou d’une coopérative. J’envisage de pouvoir me concentrer sur des sujets que me paraissent importants et dont la nécessité de les aborder est pressante. L’architecte a un posture qui lui permet de pouvoir changer les choses. Il aborde des sujets existentiels qui résument notre manière de vivre et de nous positionner sur notre terre. Elle aborde aussi tout l’aspect culturel d’un pays, leur modes de vie, leur habitudes. Le pouvoir d’être utile dans notre profession est à notre portée, et j’aimerai pouvoir l’exploiter en me posant de réelles questions sur ce qui nous entoure et sur notre manière d’intervenir. 51


Maison abandonnée, ville de Panama

Me trouver dans cette posture pendant ces quelques mois m’a permis de prendre conscience que la figure de l’architecte ne cesse d’évoluer. L’architecte, dont la société fait l’image, n’existe plus vraiment. L’architecture doit se réinventer, s’interroger sur les sujets d’actualité. J’ai pris conscience du monde professionnel dans lequel je m’engagais, et je pense qu’avant toute chose il faut cerner les nouveaux enjeux de l’acte de concevoir. La profession d’architecte est l’issue d’une formation unique s’orientant vers des missions diverses et complémentaires. L’architecte doit sans cesse réapprendre, et se mettre à jour avec l’aire du temps. La curiosité restera , selon moi, la meilleure qualité qu’il puisse avoir. Leurs activitées doivent montrer leur ouverture et leur capacité à aller vers d’autres terrains professionnels.

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Une année écoulée à l’étranger

Le choix de faire cette année de césure à l’étranger était pour ma part un désir de me confronter à moi-même. L’expérience de vivre à l’étranger a été, à mes yeux, tout autant enrichissante et formatrice que ce que j’ai pu apprend lors de mes stages. Se confronter à soi-même, dans une ville qui nous est inconnue, est une expérience à la fois inquiétante et excitante. On en vient à se redécouvrir et à s’ouvrir aux autres de manière inhabituelle. Un des points inattendus lors de cette année, a été ma capacité à aller vers les gens, à discuter avec des inconnus, à venir en aide aux passants. On construit des relations très fortes avec ceux qui croisent notre route. Les liens se font vite puisque ce sont des personnes qui sont dans le même état d’esprit que nous. Nous nous attachons à des personnes si différentes de nous mais pourtant si complémentaires. Nous nous livrons facilement sur nous même puisque le voyage nous rassemble, et ces personnes là deviennent notre seule attache. Le processus d’adaptation dans une nouvelle ville, nous permet de surmonter les appréhensions que l’on peut avoir sur certain sujet, on se surprend par la quantité de choses que l’on est capable d’entreprendre. Prendre nos marque dans une ville, tout en la découvrant, nous permet de se l’approprier, afin de vivre une expérience unique.

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Vivre à l’étranger me donnais la sensation d’improviser chaque jour, mettre de côté tout forme d’attente et apprendre à vivre davantage l’instant présent. Quand nous découvrons une ville nous nous mettons instantanément à l’analyser, à la recherche du pourquoi, du comment. Nous nous trouvons face à des contrastes flagrants lors de nos voyages et nous prenons plaisir à nous y habituer. Vivre à l’étranger développe sa manière de s’adapter. Les coutumes des villes où l’on se trouve devienne vite nos habitudes. Je ne pensais pas qu’une fois de retour en France le sentiment d’avoir vécu dans un autre pays se ressentirai autant. Finalement mes habitudes françaises avaient disparues, je me sentais plus Sud américaine qu’autre chose. Inconsciemment je m’étais habituée au quotidien qui leur était propre. En Colombie, par exemple, je faisais attention à l’eau, la douche chaude était un luxe, boire au robinet était impossible, il ne fallait absolument rien jeter dans les cabinets. Pour ce qui était de la nourriture, je mangeais énormément de céréales en tout genre, et des fruits exotiques. La friture était omniprésente, la population remplissait les rues et la musique était partout. Ce sont tout ces aspects là qui m’ont manqué lors de mon retour. Ici je me sens protégé de tout, tout est contrôlé, les gens sont sérieux et calme, les rues sont vides. Généralement les personnes les plus heureuses sont celles qui se contente de ce qu’elles ont, celles qui ont connu la misère et qui connaissent la vraie valeur des choses. Celle qui ont la notion de partage, qui aime autant donner que recevoir. Toutes les personnes dont j’ai croisé la route ne se sont jamais plains de leur situation, au contraire, ils étaient content de nous montrer leur univers, et de nous faire comprendre que cela les rendait heureux. Tout ses aspects dont j’ai pris conscience lors de mon voyage m’ont permis de me trouve face la réalité dans laquelle nous vivons.

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Des pĂŠruviennes et leurs marchandises

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CONCLUSION

construction personnelle

L’année de césure en architecture est l’opportunité pour l’étudiant de vivre sa propre expérience selon ses envies et ses besoins. La nécessité d’exercer le métier pour comprend dans quel univers je voudrais m’engager fût ma première volonté. Au travers de l’année j’ai eu l’occasion de m’investir au sein d’une agence pour enfin me rendre compte que ce n’était pas vraiment ce que je recherchai. La diversité des métiers de l’architecture n’est pas assez valorisée dans les enseignements. Encore aujourd’hui la formation unique de l’architecte, par le biais de la pratique, amène simplement à l’image de profession libérale. A travers la césure j’ai eu l’occasion de me nourrir de voyage. Ils m’ont révèlé les conditions de vie dans certains pays, et m’ont ouvert les yeux sur la nécessité d’aborder des sujets tel que le réemploi en architecture. Consacrer une année pour se poser les bonnes questions sur son engagement dans la profession est nécessaire. Je pense que l’année de césure devrait être obligatoire au sein de l’enseignement afin d’assurer le choix des étudiants, et éviter de les lâcher dans la vie professionnelle sans aucun repères. C’est aussi l’occasion de montrer que l’on peut être architecte de formation et exercer en dehors de l’architecture, ou du moins dans des domaines qui s’y en rapproche. Une année de césure est l’occasion de s’informer sur les débouchés, et nous laisse le libre choix

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quant à notre projet professionnel. Mon stage dans une association sensible au besoin de chacun a été une expérience autant professionnelle que personnelle qui a beaucoup révélé sur moi-même. Cela m’a amené a faire la somme des connaissances emmagasinées et a remettre en question ce que j’avais appris jusque ici. A travers cette expérience, j’ai pris confiance en mon travail, j’ai saisi l’importance que peut avoir notre métier dans la société. J’ai découvert la nécessité d’une architecture sensible aux conditions de vie de chacun. Ce sont avant tout des expériences de vie que nous offre cette année, autant dans notre comportement vis à vis des autres, que dans notre position en tant que future architecte. L’architecture est un véritable moyen de véhiculer des idées, de mettre en abyme notre société par une conception signifiante. Une fois l’année écoulée, bien sur que plusieurs regrets peuvent nous venir en tête. J’ai souvent eu l’occasion de me dire : « Si je l’avais sur je ne me serai peut être pas lancé dans ça ». Mais essentiel est de comprendre que ces sensations font parties de l’expérience. Elle se nourrit autant de regrets que de réussites. Des souvenirs et des situations vous mènent à prendre position sur certains sujets tout au long de l’année. C’est un temps de construction personnelle qui nous méne à des conclusions sur soimême et sur notre engagement professionel.

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