LIEUX, CULTURES, INVESTISSEMENTS HORS-NORMES

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ENSACF

Nicolas

Mathevon

Lieux, Cultures, Investissements hors-normes PHOTOGRAPHIES ET DOCUMENTS DE NICOLAS MATHEVON



Nicolas Mathevon

LIEUX, CULTURES, INVESTISSEMENTS HORS-NORMES En quoi, investir un espace de manière éphémère, au travers d’un mouvement culturel, rend-il cet espace lieu ou non-lieu ? Comment cet investissement nous permet de repenser l’agencement de nos villes et du territoire en général en les institutionnalisant ou pas ? DOCUMENTS ICONOGRAPHIQUES : NICOLAS MATHEVON

Mathilde Lavenu Gwenn Gayet - Kerguiduff



« C’est pas vraiment lui redonner vie, je sais même pas à quoi ressemblait la vie avant. Mais voir toute cette atmosphère avec toutes les guirlandes, parce qu’on avait mis pleins de guirlandes, c’était trop beau, c’était extraterrestre. C’est plutôt au final lui donner vie en fait et être totalement détaché de ce qui se passe à l’extérieur... » Tristan, Cataphile à Paris, Entretien téléphonique



AVANT-PROPOS Arrêtez-vous, prenez le temps de poser la question suivante à quelqu’un qui ne s’intéresse pas spécialement à l’architecture : « en quelques mots, qu’est-ce que l’architecture selon vous ? ». Cette personne risque de vous répondre comme la plupart des autres : « je ne sais pas… je dirais faire de grandes choses belles et magnifiques, c’est créer, concevoir quelque chose de beau mais aussi de fonctionnel ». Tel était ma vision de l’architecture avant d’entrer à l’école, pour moi c’était construire de beaux édifices. J’ai très vite compris à partir des enseignements que l’architecture était un ensemble de diverses disciplines qui regroupe sociologie, histoire des différents espaces et lieux, travaux graphiques, structure. Je pense aujourd’hui que c’est aussi pour ça que je l’apprécie autant, grâce à sa diversité. Parmi cette diversité, l’histoire et l’urbanisme sont deux domaines auxquels je porte un intérêt très particulier. En effet, lorsque l’on regarde la pratique architecturale ou la plupart des nouvelles grandes constructions, le contexte n’est pas toujours pris en compte. Et pourtant, celui-ci est toujours longuement analysé au début de chaque projet mais très vite oublié par la suite. Il est souvent vécu comme une 7


AVANT-PROPOS

contrainte. Je pense avant tout que celui-ci devrait être vu comme un atout particulièrement dans un contexte d’économie d’espace. Pourquoi ne pas chercher à investir des lieux atypiques pour leur donner une nouvelle identité grâce à de nouveaux usages ? C’est une nouvelle interprétation de l’architecture existante : une sorte de Genius Loci où chaque espace est pensé selon son environnement existant. D’autre part, nos villes semblent figées alors que les pratiques humaines évoluent continuellement. Nous avons du mal à nous détacher des théories du siècle dernier pour repenser l’urbanisme du futur. Ce sont ces thèmes du contexte et de l’agencement du territoire qui m’intéressent ici et notamment la réutilisation des lieux en marges, oubliés par nos sociétés. Faire un inventaire de tous ces espaces n’aurait pas été très judicieux. C’est pourquoi j’ai décidé d’étudier ces espaces aux travers d’un mouvement que nous connaissons tous plus ou moins : la rave party (voir note de bas de page 11). Je cherchais à comprendre comment l’usager de cette pratique culturelle s’approprie un espace en marge, et si cela permettait à l’espace en question de changer de statut. Il me semble alors important de se questionner : en quoi, investir un espace de manière éphémère au travers d’un mouvement culturel rend-il cet espace lieu ou non-lieu ? Le rend-il identitaire ? Comment cet investissement nous permet de repenser l’agencement de nos villes et du territoire en général en les institutionnalisant ou pas ? Telles sont les questions que j’exposerai dans ce rapport. 8


AVANT-PROPOS

La réponse à ces questionnements se développe dans un récit qui convoque mon expérience tout en laissant une part à l’imaginaire. Ce récit est composé de plusieurs chapitres : chacun illustrant ces problématiques sous divers angle permettant d’apporter des réponses plus ou moins critiques. Ce récit est ensuite clôturé par une synthèse qui permet d’évoquer des pistes de réflexion pour réutiliser ces espaces oubliés par nos sociétés. C’est ainsi la méthode du terrain que j’ai privilégié pour réaliser cet exercice de rapport d’études. Comment composer une grille d’études qui me permettra d’étudier ce thème atypique ? Comment lier architecture et mouvement culturel et festif ? Voilà diverses difficultés que j’ai rencontrées au cours de l’élaboration de mon rapport d’étude. Je tiens à remercier Mathilde LAVENU et Gwenn GAYET-KERGUIDUFF qui m’ont dirigé tout le long de cet exercice et qui m’ont largement aidé à surpasser les difficultés rencontrées. J’ai beaucoup appris dans le cadre de cet exercice de rapport d’études, notamment poser le débat à partir d’un regard plus critique et personnel. Ainsi, au travers de cette étude, j’aborderai la problématique de la réutilisation de ces lieux en marges qui sont souvent difficiles à qualifier dans notre société actuelle et notamment par les acteurs publics.

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Zones bâties

Zones agricoles

ForĂŞts

Plaines

Thiers

Chabreloche

Arconsat


CHAPITRE 1 EN ROUTE VERS L’INCONNU A plusieurs reprises, on me l’avait proposé. Je répondais à chaque fois la même chose : «non ça va, merci, ce genre de soirée ne m’intéresse pas». En ce samedi soir, 23h00, je décide de franchir le pas, et de m’y rendre afin de constituer mon propre point de vue. J’ai besoin de quelque chose de nouveau. Qu’est-ce que réellement la rave party 1 ? Est-ce vraiment le moyen de se couper d’un monde social où l’on ne peut plus prendre de temps pour soi ? Ou alors est-ce simplement le terrain d’expériences de divers psychotropes ? Je monte dans la voiture avec deux collègues de mon école, mon amie qui n’emmène et qui est une habituée des raves appelle une messagerie dont le numéro lui a été donné par un ami à elle. Il semblerait que le principal moteur de fonctionnement de ce mouvement en marge soit le bouche à oreille. 1 : La Rave Party est une pratique qui découle directement des cultures Underground des années 1980. Comme le terme Underground (littéralement « sous-sol » en français) l’indique, il s’agit de pratiques controversées qui sont réalisées en marges comme dans les sous-sols des grandes villes, dans des lieux loin de toute socialisation. Ces pratiques ont lieu souvent dans des espaces retirés car c’est le lieu d’activités très controversées. La rave est organisée par un sound system : collectif d’artistes composé de techniciens, DJs, et décorateurs. Aujourd’hui on compte environ une cinquantaine de rassemblement par week-end en France. Ces rassemblements accueillent en moyenne une centaine de personne. Cependant certains peuvent accueillir jusqu’à 50 000 personnes.

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Sur la messagerie, diverses indications lui sont données sur le lieu : des descriptions, des routes à suivre : pas de notions de kilomètres ni d’adresse précise. Ainsi nous partons de Clermont-Ferrand en direction de la ville de Thiers, vers la campagne à la limite des départements du Puy de Dôme et de la Loire vers les Monts du Forez. Une fois arrivés à Thiers, nous rappelons la messagerie, nous commençons à avoir des doutes, nous décidons alors de noter les informations données sur un papier. Peu à peu nous nous rapprochons du point final sans vraiment le savoir. Nous traversons le petit village de Chabreloche pour au final rejoindre le hameau de Arconsat avant de s’enfoncer dans les denses forêts des monts du Forez. L’indication semble assez claire et pourtant assez compliquée : «suivre la départementale, après le col, il y a un chemin sur votre gauche juste après une borne, suivez le et vous êtes arrivé». Le lieu semble introuvable, perdu au milieu de nul part. Au bout de 20 minutes de recherche, nous trouvons enfin la piste qui nous mène jusqu’au rendez-vous final. L’ambiance fait monter la tension, je sens mon cœur s’accélérer comme une adrénaline qui monte en moi. On aperçoit des lumières qui s’agitent au loin, on entend la musique qui s’échappe dans la forêt, nous rencontrons les organisateurs à l’entrée sous une tente de fortune aménagée avec quelques bâches. Nous leur donnons quelques pièces, chacun donne ce qu’il veut. C’est la règle. L’espace accueillant la fête est une petite clairière où seuls quelques bûcherons sont déjà venus pour couper du bois. En effet, on observe quelques souches déjà coupées. 12


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Je ne sais pas du tout où je suis, impossible d’utiliser mon téléphone : pas de réseau. Pas de vues sur le paysage lointain, l’espace inconnu de la rave party se dévoile peu à peu : un espace non anthropisé sans traces de sociabilisation malgré la présence actuelle d’une centaine de personne. Seuls les arbres constituent les limites de l’espace, personne n’ose s’aventurer au-delà de ces derniers. Pas vraiment de seuils apparents non plus. Un espace comme on ne voit plus aujourd’hui, sans réseau, un lieu vierge. Un lieu en marge oublié par nos sociétés. Tout semble réuni de manière à ce que les contacts avec le monde réel soient brouillés. Comment comprendre le choix de ce lieu ? Comment qualifier cet espace ? Peut-on parler de lieu au sens identitaire ? Telles sont les questions que je me pose en arrivant. J’essaie de rencontrer des personnes organisatrices pour que je puisse leur poser quelques questions avant que la fête batte son plein. Je rencontre un des organisateurs dont le contact m’a été donné par mon amie. Je décide de lui poser la question qui me tracasse le plus depuis que je suis arrivé : quelles sont les motivations qui poussent à choisir un lieu pareil ? Très naturellement, nous commençons à faire connaissance puis l’organisateur m’explique ce qui l’a poussé à organiser ce type de soirées dans des espaces de ce type : « J’étais président dans une association dans mon école, et j’ai essayé d’organiser ma première teuf mais avec les autorisations et tout ça, tu vois, c’était compliqué. Au final j’ai pas réussi parce que je me suis confronté aux autorisations, aux demandes du directeur, au responsable des locaux qui n’était jamais d’accord avec rien. C’était y a 3 ans et j’ai pas réussi à faire ma teuf, donc ça m’a un peu frustré. A la sortie des cours quand 13


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j’étais diplômé, je me suis lancé dans le mouvement un peu par hasard et du coup j’en ai profité pour organiser ma teuf dans les champs, c’était totalement illégal, et c’était mieux comme ça». 2 En effet, les pratiques en marges sont souvent controversées comme je l’observe devant moi. Le niveau sonore de la musique est tel que l’on ne peut même pas s’entendre parler, au point que l’on sent son corps résonner. Je vois des personnes s’abandonner en prenant divers psychotropes sans doute pour une déshinibisation la plus totale. J’ai comme l’impression que chaque personne qui est là à besoin de s’évader du « cocon » de la société. L’expérience de la rave party semble totalement personnelle, rares sont les personnes qui discutent avec leur voisin, chaque personne semble se ressourcer. Ainsi je comprends de mieux en mieux le choix de lieux qui ne sont pas dans les normes des codes sociaux: des lieux discrets, loin de toute sociabilisation. Patrice de la Broise in De l’Atelier à l’atelier : la friche comme lieu de médiation artistique 3 définit la friche, l’espace délaissé comme un «espace formo-créateur» : en effet l’espace délaissé peut accueillir des mises en œuvre bien plus audacieuses. Ces espaces sont totalement libres de pensées et d’actions. Il me semble que l’espace en marge qu’investit la rave party ressemble beaucoup à la notion de friche défini par Patrice de la Broise. Cependant comment qualifier l’espace en marge ? Peut-on parler d’un 2 : Extrait d’un entretien avec Tristan : explorateur et directeur d’une troupe musicale qui s’exerce dans les carrières de Paris. L’entretien est revisité de manière à l’approprier à la rave party qui fonctionne dans le même sens que les fêtes dans les carrières. 3 : De l’atelier à l’atelier : la friche comme lieu de médiation artistique in Culture & musées de Patrice de la Broise et Michèle Gellereau

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lieu pour un tel espace si l’on en suit les définitions des théories des plus grands anthropologues ? Je regarde les gens danser au loin, je décide de m’asseoir près du feu, je me perds dans mes questions. Pour essayer de classer ces lieux, je me souviens de mes cours de latin collège : l’espace vient de «spatium» qui signifie étendue, stade, le champ. Marge vient de «margo» qui signifie le bord, la lisière. L’espace investit par la rave party est bel et bien un espace en marge puisqu’il se situe à la lisière de la ville et des codes sociaux, ce n’est plus l’espace naturel tel que les espaces vierges des montagnes, c’est l’espace déconnecté avec le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. Ainsi l’espace en marge serait alors un espace non-investit ou investit par l’Homme mais à la marge de la société. Il est tout ce qui semble déconnecté de la société telles que les friches urbaines. Mon amie vient me voir, elle me voit perdu dans mes réflexions auxquelles j’essaie de trouver des sens : «Viens t’amuser» me dit-elle, «regarde ce cadre, ce lieu magique !» Peut-on vraiment parler d’un lieu pour cet espace en marge ? Marc Augé in Non-lieux, Introduction à une anthropologie de la surmodernité 4 explique la conception du lieu et du non-lieu : «Si un lieu peut se définir comme identitaire, relationnel, et historique. Par exemple, la gare, le supermarché, l’aéroport, l’autoroute sont pour lui des non-lieux : des espaces ou l’anonymat prime. Suivant les propos de Marc Augé, je définirai 4 : Non-lieux, Introduction àune anthropologie de la Surmodernité, Marc Augé, La librairie du XXe siècle, Seuil, p. 100

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cet espace investit temporairement par la rave party comme un non-lieu. Ainsi l’espace en marge serait un non-lieu, d’autant plus que l’anonymat prime lors de l’événement, chaque personne reste avec son groupe déjà constitué. Cependant, son appropriation et sa pratique semble le définir comme un espace de sociabilisation.

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CHAPITRE 2 PRÉSENCE ÉPHÉMÈRE Assis au bord du feu, je regarde le monde s’agiter devant moi, personne ne se parle, chacun trippe sur la musique et se retrouve avec soi-même. La rave party semble être une expérience tout à fait personnelle où l’écoute de soi à travers le corps est primordiale. On peut sentir la vie naître au cœur de la forêt grâce aux mouvements des personnes, leurs frottements et bien sûr la musique omniprésente. Les usagers transforment symboliquement cet espace. Il n’y a pas un usager spécifique, tout le monde est différent : venant de milieux populaires ou de milieux aisés. La tranche d’âge semble assez large : entre 16 et 40 ans. En effet, la fête a pour vocation de brouiller tous les repères sociaux existants. La communauté s’apparenterait presque à celles des premiers chrétiens au premier siècle après J.-C. : une communauté clandestine à la recherche de lieux discrets pour exercer leurs pratiques, une sorte d’ecclésia. J’observe une véritable appropriation du site. Au loin, le mur de sons bordé par des camions et des tentes contribuent à cloisonner l’espace que forme déjà la clairière où nous sommes (Cf. Plan schématique de l’espace approprié p.20). On sent le besoin de créer diverses limites. Le public danse devant ce mur comme s’il donnait une orientation à cet espace. J’entends une personne discuter à côté de moi : « C’est 19


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3 7 2

4 5 6

1

6

Plan de l’espace approprié

1.1000 ième

1 : Espace de danse 2 : Le seul espace (seuil) permettant d’accéder à la « fête » 3 : Parking anarchique 4 : Tente accueillant le groupe électrogène 5 : Buvette 6 : Tente accueillant les DJs 7 : Accueil communément appelé la Douane 20


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Situation 1 ( Cas du site ) : Non - optimale

Situation 2 : Optimale

Coupes des situations optimales ou non pour la résonance du son 21


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dommage, ils auraient mieux fait de placer le mur contre la pente de manière à ce que le mur fasse un effet de cuvette pour que le son rebondisse contre la terre, on aurait eu un meilleur son ! Mais bon ! » 5. Apparemment, les typologies de site sont également choisies pour un meilleur son. La topographie peut elle aussi motiver son choix (Cf. Coupes des situations optimales ou non pour la résonance du son p. 21). Personne n’ose franchir le mur comme si derrière se trouvait un inconnu où il ne faut pas s’aventurer. Le son est si fort fait aussi en sorte que l’on reste en place, que l’usager oublie où il se trouve. La musique remplit l’espace. Le corps est rempli de son formant ainsi une bulle autour de chaque individu. Le sol tremble, chacun est en connexion avec le sol. Un état de transe et d’abandon est alors atteint. Chacun tape son pied contre le sol. A cet égard, cela me fait penser aux relations entre la danse et l’architecture. Deux domaines qui semblent très liés : en effet, l’usager de la rave (le danseur) et l’architecte utilisent le corps pour rendre l’espace vivant. Le corps redéfinit l’espace, il le construit. Le sol sert le danseur comme pour le bâtiment de l’architecte. L’espace acquière un nouveau sens, il devient espace pratiqué, public, voire identitaire. Les décors sont divers et variés allant du macabre à l’abstrait : accroché au mur sous les lumières, un serpent auquel est accroché une belle toile en tissu qui ne cherche pas à exprimer quelque chose. On se demande même à quoi ils peuvent bien servir ? Créer une ambiance ? Susciter des émotions ou des étonnements ? Toutes ces installations permettent à l’usager 5 : Extrait d’un entretien avec un des organisateurs sur le terrain. Selon lui, la topographie est essentielle dans le choix du site.

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de se retrouver avec lui-même, de créer un espace intime. Un ami me dit : « Voir toute cette atmosphère avec toutes ces guirlandes, ces décors, c’est extraterrestre [...] et détaché de ce qui se passe à l’extérieur. Cette expérience du son, elle te donne des frissons, c’est particulier mais magique ». 2 J’en déduis qu’investir cet espace au préalable naturel et en marge, permet tout à la fois de créer un espace public pratiqué et à la fois intime et riche d’émotions. Cela me fait penser aux œuvres du studio 1024 Architecture comme le Vortex à Bordeaux. Toutefois cette expérience permet-elle vraiment à l’espace de devenir lieu ?

Décor sur le site A priori, l’espace en marge ne peut être lieu si l’on suit la démarche de Marc Augé étant donné que cet espace n’a pas d’histoire d’un point de vue de l’usage, ni d’identité qui lui est propre. Cependant, nos corps, la danse, les installations, les décors constituent une appropriation qui donne vie à l’espace. Elle est présente lorsque je regarde ce qui 23


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m’entoure. Selon moi, tous ces investissements permettent à cet espace de changer de statut, même de manière éphémère. Cet espace devient lieu de vie, d’activités le temps d’un instant. L’échange ne se fait pas forcement entre chaque individu, mais une identité est donnée à l’espace, une identité temporaire. Je le définis comme lieu identitaire hors-norme. En effet si l’on se réfère aux origines de la culture Underground 6 dans les années 1980-1990 en Europe de l’Est comme à Berlin, tous ces investissements éphémères de hangars, de ruines, ont contribué à créer de nombreux espaces comme des boites de nuit qui ne vivaient que le temps de la fête : des lieux complètement hors-normes. L’usager fait de cet espace un lieu hors-norme le temps d’un instant. Le lieu hors norme est alors l’espace investit de manière éphémère où tout type de réalisations non conventionnelles est possible. Habiter cet espace de manière éphémère permet à l’usager d’être lui, de renaître, de penser au travers d’une pratique culturelle. Ces propos rejoignent une idée fondamentale de la sociologie : Heidegger dit en 1951 « Habiter pour Etre » in Bâtir, Habiter, Penser 7. En effet Heidegger pense que l’Homme a besoin d’Habiter un lieu pour être : non pas pour faire « le ménage » ou encore répondre au téléphone comme on le fait chez soi mais plutôt pour s’ancrer dans un lieu, lui donner des significations. Je pense que cela vaut aussi dans le cas de cet investissement de manière éphémère. L’usager 6 : La culture Underground est l’ensemble de productions culturelles, artistiques à caractère expérimental, situées en marge des courants dominants et diffusées par des circuits indépendants des circuits commerciaux ordinaires. (Définition CNRTL) 7 : Batir, Habiter, Penser, Heidegger, 1951

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vient habiter un nouveau cadre pour se sentir nouveau, exister, le temps d’une nuit. Si le lieu définit l’individu, dans notre cas les individus - au travers de leurs pratiques - définissent le lieu. Je m’approche du mur pour profiter du moment, des frissons me parcourent, mes poils se hérissent, je commence à m’agiter avec tous les autres. Personne ne se parle, certains poussent des cris. Je suis dans ma bulle, en connexion avec le sol qui tremble à coup de basses de la musique. Me voilà embarqué vers une autre dimension : un lieu complètement hors-norme, qui devient espace public : espace de rassemblement, de passage, de vie. Le jour se lève, je n’ai plus de batterie, il doit être entre 7h00 et 8h00, j’ai froid, soif. Chacun reprend ses esprits. Personne ne s’est rendu compte qu’il a dansé toute la nuit et moi encore moins. Je me fais peu à peu mon idée de la rave, c’est une expérience qu’il faut vivre pour comprendre ce qui se joue dans ce mouvement culturel : un temps suspendu pour se libérer des autres 8. Nous continuons à danser jusqu’à voir les premiers organisateurs qui démontent leurs tentes. On m’indique 11h15. L’espace se vide peu à peu pour reprendre son état d’origine mais avec un statut tout autre. Nous lui avons donné une symbolique, une identité, nous nous en souviendrons.

8 : Ingrid Volery in La rave party au miroir d’une sociologie du sujet explique les enjeux de la rave party ainsi que l’objectif de l’expérience de celle-ci.

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CHAPITRE 3 VERS UN ÉLAN D’ INSTITUTIONNALISATION Chambéry Centre, je reviens de la Poste après avoir envoyé quelques lettres. J’observe une affiche proposant diverses activités organisées par la Maison de l’architecture de Savoie. Parmi celles-ci, un concert de Thylacine, artiste contemporain que j’aime beaucoup. J’avais déjà vaguement entendu parler de cet événement : une nuit à Rubanox 9. (En effet,) il s’agit d’un événement assez atypique puisque celui-ci se déroule dans une ancienne usine d’aluminium désaffectée bordant le centre-ville de Chambéry. Cette usine a été plusieurs fois réinvestie dans le cadre d’expositions culturelles. Le concept de la soirée : investir les 4000 m² d’une grande halle industrielle pour un concert hors classe. Il faudra en outre se tenir chaud en ce mois de Février car je pense que cet espace n’est pas du tout chauffé ! Je ne connais absolument pas le lieu, je ne m’y suis jamais rendu pour d’autres expositions auparavant. Le 18 Février est un samedi, c’est aussi le jour tant attendu de l’événement. Nous décidons de nous y rendre avec un ami qui suit les mêmes études que moi. Il est 20h15. Nous nous 9 : Une nuit à Rubanox est un événement organisé par la Maison de l’Architecture de Savoie dans l’ancienne usine d’aluminium CEGEDUR de Chambéry. Cette dernière est désaffectée depuis les années 1990.

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empressons de manger pour rejoindre ce lieu si singulier qui nous intrigue tant. Nous déposons la voiture proche du lieu présumé. J’étais passé au moins une cinquantaine de fois par-là, jamais je n’avais remarqué ce hangar aussi grand et majestueux (Cf. Plan de situation 1.10 000 ième p. 29). Comment un bâtiment si imposant peut-il rester si discret ? Est-ce dû aux espaces de transitions, entre la périphérie et le centre de la ville, qui le bordent ? Ou simplement le fait qu’il soit oublié depuis la désindustrialisation du site ? Pourquoi une telle volonté d’investir un lieu tel que celui-ci et non pas une salle formatée pour l’accueil de personnes lors d’événements culturels ? Ce lieu s’apparente à la friche de la Belle de Mai (ancienne usine de Seita à Marseille abandonnée en 1990) bien qu’il soit investi seulement de manière temporaire. Je ne connais pas le sort qui sera réservé à cet espace industriel. Sera-t-il voué à la démolition comme de nombreux sites semblables ? Il faut savoir qu’il est là. Ce sont mes premières réflexions en arrivant sur le site. Nous devons patienter avant de pouvoir découvrir l’intérieur. La foule est nombreuse et l’attente pour rentrer est longue. Après avoir patienter plusieurs minutes, nous rentrons enfin à l’intérieur. La halle est monumentale, 4000 m ², au moins 30 mètres de haut. Les parois sont brutes. J’ai l’impression que les machines et les ouvriers ont quitté cet espace depuis hier. De belles charpentes métalliques et béton [fermes] au-dessus de nos têtes nous surplombent. Cette immensité procure des émotions assez singulières, des frissons nous parcourent, l’excitation 28


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Centre-Ville de Chambéry et sa périphérie Plan de situation - 1.10 000 ième

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est à son comble. Ce ne sont plus les ouvriers, mais bien un public de tout âge qui s’est présenté ce soir. Des fumées s’échappent de bains chauds au loin. Face à ces bains, le public se presse devant la scène. Le lieu n’est vraiment pas destiné à accueillir du monde : un lieu en marge de la société à l’identité industrielle. Et pourtant, ce qui transforme ce lieu clos, en espace ouvert sur le monde le temps d’une soirée, ce sont nous, les habitants 3 de la ville de Chambéry. Chaque personne présente ici fait de cette ancienne usine un espace avec une tout autre identité : on ne se souviendra plus de ce lieu en tant qu’usine d’aluminium mais en tant que friche porteuse d’événements culturels. Le lieu est vidé de ses machines mais intégrateur de nouvelles choses, la friche devient alors œuvre d’art autant que le décor.

Bains chauds à Rubanox 3 : Thiery Paquot dans le cadre d’un entretien in De l’atelier à l’atelier : la friche comme lieu de médiation artistique in Culture & musées de Patrice de la Broise et Michèle Gellereau.

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Thylacine à Rubanox Plusieurs activités sont proposées avant le début des concerts : se baigner dans des bains chauds semblables à des jacuzzis [appelés hotspots dans le cadre de l’événement], apprendre le mapping 10 (technique de projection de décors mouvants sur les murs), manger des huitres entre groupes d’amis. Un peu plus loin dans l’usine, sont proposées des expositions d’artistes contemporains. Il n’y a pas un thème particulier, le seul concept est d’investir ces 4000 m² qui nous sont offerts. En effet, la friche situe l’action culturelle plus qu’elle ne la qualifie dit Patrice de La Broise in De l’Atelier à l’atelier : La Friche industrielle comme lieu de médiation artistique. C’est pourquoi on a tendance à prêter de plus en plus attention aux friches pour de nouvelles fonctions, de qualités, de projets. Les friches industrielles comme celle de Rubanox semblent dessiner à elle seule un nouveau type d’espace culturel, ouv31


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vert et complet, par rapport à une salle appropriée qui peut limiter la création artistique. Je fume ma dernière cigarette avant le concert. Peu à peu je comprends mieux pourquoi cette volonté d’investir des lieux si singuliers pour de tels événements : l’esthétique industrielle, l’esprit du lieu servent à la création artistique et à l’ouverture culturelle. Dans un autre sens, les espaces pour la culture manquent de plus en plus dans nos villes. Les subventions de l’Etat sont revues à la baisse, investir ces lieux oubliés par nos sociétés sont aussi le moyen d’insérer l’art, et le développement de nouvelles cultures dans nos villes… Le son de la musique commence à se faire entendre depuis l’extérieur, je m’empresse de rentrer pour obtenir les meilleures places. Le concert démarre. Le temps d’un instant, nous oublions la présence des machines pour se retrouver dans la bulle d’un temps isolé du monde extérieur : l’infrastructure industrielle devient monument le temps d’une nuit.

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LIEUX, CULTURES, INVESTISSEMENTS HORS-NORMES (SYNTHÈSE) Dès que l’on évoque ces «espaces en marge», l’imaginaire, la fascination, le mystère s’imposent à nous. Ils peuvent relever de l’urbain, du péri-urbain, de la ruralité. Ils sont partout, ils nous entourent. Chacun d’eux portent une identité qu’il leur ai propre. Mon étude m’a permis d’identifier deux types « d’espaces en marge » : des espaces naturels et des espaces urbains. Souvent, les espaces urbains en marge possèdent une identité plus symbolique, relevant de l’histoire de nos sociétés (site industriel, site historique...) L’attrait de ces espaces est justement dû à leur état d’abandon et de dégradation. Ceux se situant dans des zones rurales sont plus difficiles à qualifier car ils peuvent être initialement très divers : espace naturel, agricole, anciennes carrières... Cependant, tous permettent différents types d’investissements. Que ce soit l’Urban Experiment, plus connu sous le nom d’Urbex (photographie des espaces abandonnés par l’Homme), ou la rave party, ou encore les anamorphoses de George Rousse, tous investissent ces espaces dans le but de leur donner une nouvelle identité : l’usage donne un tout autre statut à ces espaces, parfois au point d’en oublier leur identité primaire. Ces espaces deviennent lieux, par l’action de l’Homme. Certains deviennent espaces publics de manière éphémère, le temps d’une nuit. D’autres sont réinvestis de manière perma35


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nente. C’est le cas pour les espaces en marge plus urbains tel que la friche de la Belle de Mai (ancienne usine de Seita abandonnée depuis 1990) à Marseille, ou la Sucrière (ancienne usine de Sucrerie elle aussi abandonnée dans les années 1990) à Lyon. Mais combien sont à contrario démolis sous prétexte de renouvellement urbain ? Ces espaces permettent de se libérer d’une société le temps d’un instant comme l’illustre la rave party ou d’introduire de nouvelles fonctionnalités dans des lieux non-formatés comme les friches industrielles. En effet, tous ces lieux (telles que les friches industrielles) sont porteurs d’un imaginaire favorisant l’expérimentation de nouvelles pratiques culturelles. Ils participent à la création artistique : en témoigne le foisonnement de musées, de galeries, de centre d’activités et autres scènes dans les espaces abandonnés par nos sociétés. Mais ces réutilisations n’ont-elles pas pour effet de figer ces espaces dans un nouveau statut ? Il est vrai que ces lieux en marges représentent un potentiel certain pour le développement de nos villes et du territoire, en termes d’espace mais aussi en tant que valeur mémorielle. Mais faut-il pour autant leur donner forcément un nouveau statut en les institutionnalisant ? Les « espaces en marges » suscitent un intérêt très particulier. Ils favorisent l’émergence de nouvelles cultures. Ils favorisent la création artistique. En effet, Patrice De La Broise nous explique que ces espaces sont à eux seuls de nouveaux appareils culturels : des espaces formo-créateur qui suscitent des mises en scènes bien plus audacieuses que dans 36


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des lieux formatés. En ville, ces lieux souvent issus de la période industrielle permettent d’insérer le développement de nouvelles cultures et de l’art. L’institutionnalisation est de plus en plus présente dans nos villes : par exemple, à Detroit (USA), les anciennes usines fordistes, mais aussi les bibliothèques, les théâtres, les salles de bal exprimant la grandeur passée de la ville connaissent un succès phénoménal depuis les années 2010 10. Ces dernières sont devenus musées ou encore visitables pour le tourisme. Cette institutionnalisation n’est pas seulement présente aux Etats-Unis. On la retrouve dans de nombreux cas en Europe, et notamment en France. Les architectes ne s’y perdent pas, on retrouve parfois les plus grands noms de la scène architecturale dans la rénovation de ces espaces. Pour autant, l’institutionnalisation de ces lieux entraîne divers détournements qui sont parfois contestables : le patrimoine foncier devient patrimoine culturel, l’espace oublié devient monument avec une esthétique qui lui est souvent modifiée ; en témoigne les nombreux exemples suivants. La Ruhr, est l’une des régions les plus riches d’Allemagne qui doit sa richesse à la période industrielle quand le grand bassin minier tournait à plein régime. Aujourd’hui, le paysage est un vaste horizon constitué de haut-fourneaux (cheminées) à l’arrêt, et où la nature reprend peu à peu ces droits (grâce à l’aide de l’Homme). La mine de Zollverein 11 est classée au 10 : Les ruines de Detroit connaissent un succès phénoménal après la publication de Ruins Of Detroit, un ouvrage de Romain Meffre et Yves Marchand. Ils contribuent largement à développer la fascination pour les ruines contemporaines dans plusieurs ouvrages et publications. 11 : La mine de Zollverein est classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2001. C’est l’un des monuments les plus remarquables de l’époque.

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patrimoine mondial de l’Unesco. Cette dernière a été entièrement institutionnalisé et rénové par l’agence OMA de Rem Koolhaas, qui a repensé entièrement le plan des usines pour y intégrer diverses activités et services. Incontestablement, cela a été directement bénéfique pour le territoire : l’enjeu d’attractivité et de marketting territorial sont une réussite. Pareil pour l’usine du Lingotto à Turin (ancienne usine Fiat) entièrement rénové en centre commercial, hôtel et musée par Renzo Piano. Ces « espaces en marge » sont de plus en plus muséifiés. Pourtant, s’étonne Gilles Duhem : « Classer, muséifier, n’est-ce pas l’antithèse du message que nous transmet cet héritage industriel ? N’est-ce pas figer ce qui, par essence, était le symbole même du dynamisme et du mouvement d’une époque qui ne doutait absolument pas d’elle-même ? » Ne perd-on pas le sens évocateur de ces lieux ? Permettre l’investissement de ces espaces en marge sans les figer, conserver ces lieux pour une libre expression n’est-il pas salutaire dans notre société où tout est réglé, contrôlé, mise sous tutelle ? En outre, ceci permet de développer une politique culturelle à moindre coût. Aussi, il me semble qu’une voie alternative existe qui consiste à agir a minima sur le patrimoine et à laisser perdurer les usages en marge. Par exemple la cité Darwin à Bordeaux (ancienne caserne militaire) rachetée pour y intégrer différents services promouvant le développement de nouvelles cultures tout comme la friche de la Belle de Mai, permettent de conserver un certain esprit du lieu propre à la création. Nul doute que ces lieux créatifs et leur aura représentent aussi un enjeu d’attractivité territorial. 38


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Cette institutionnalisation douce doit conserver en premier lieu l’esprit éphémère de cet investissement pour ne pas altérer la mémoire de ces espaces. C’est le cas décrit dans ce rapport : la rave party investit, un espace en marge le temps d’une nuit. L’espace en est modifié pour devenir un espace public temporaire en réutilisant des espaces oubliés ou non-appropriés. Cette action illustre le développement de nouvelles cultures dans une société. Cela peut être aussi au travers de projets participatifs où chacun apporte sa pierre, ou encore des cultures alternatives qui ne peuvent pas s’exprimer dans des zones plus urbaines. Je fais le souhait que la ville de Chambéry saisisse l’opportunité au travers du site de l’usine Rubanox de créer un de ces lieux en marges ! Je reste également persuader que notre métier d’architecte est aussi d’apporter ce regard prospectif sur ces lieux en les révélant notamment au travers d’installations éphémères comme s’y emploie le collectif pour lequel j’ai beaucoup d’admiration, 1024 Architecture.

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BIBLIOGRAPHIE

EXTRAIT DE LIVRES • Marc Augé, Non-lieux, introduction à une anthropologie de la surmodernité, La Librairie du XXe siècle, Seuil, p. 100, 1992 • Heidegger, Bâtir, Habiter, Penser, 1951

VIDEOS & REPORTAGES • Mathias Bones, City Manifesto, production Arte • Sven Von Thülen, Berlin, le mur des sons, production Arte

ARTICLES ISSUS D’INTERNET • Ingrid Volery, La rave party au miroir d’une sociologie du sujet, EMPAN 2002/4 n°48 • Patrice de La Broise & Michèle Gellereau, De l’Atelier à l’Atelier : la friche comme lieu de médiation artistique, Culture et Musées, n°4, 2004 • Patrice de La Broise, Esthétique et Mise en scène du patrimoine industriel architectural, Recherches en communications, n°18, 2002 • Entretien avec Xavier Fabre et Philippe Guérin, Toute Architecture est un cadrage d’un mouvement, Repères, Cahier de Danse 2006/2, n°18, p.16-17 40


BIBLIOGRAPHIE

ENTRETIENS & EXPERIENCES • Tristan, cataphile, entretien téléphonique avec un cataphile de Paris, contact par connaissance, décembre 2016 • Laurine, teufeur, entretien sur place avec elle. Egalement étudiante en école d’Architecture à Clermont-Ferrand, mars 2017 • Clermontoise de Projet Underground, discussion par courrier électronique, février 2017 • Une nuit à Rubanox (expérience personnelle), Maison de l’architecture de Savoie, Chambéry, février 2017 • MultiSons, une rave party (expérience personnelle), LusLa-Croix-Haute (Drôme), novembre 2016 • Rave Party (expérience personnelle), Arconsat (Puy-deDôme), mars 2017

SITES INTERNET • OMA, http://oma.eu/projects/zollverein-kohlenwaesche • 1024 Architecture, http://www.1024architecture.net/fr/ • Télérama (article), http://www.telerama.fr/sortir/laruhr-transforme-ses-friches-monumentales-en-lieux-culturels,143981.php 41


TABLE

AVANT-PROPOS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 EN ROUTE VERS L’INCONNU . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 PRÉSENCE ÉPHÉMÈRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 VERS UN ÉLAN D’INSTITUTIONNALISATION . . 27 SYNTHÈSE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 BIBLIOGRAPHIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40

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IMPRESSION : REPRO SEVICE 63 DÉPÔT LÉGAL : AOUT 2017 N°63000-7(136484) IMPRIMÉ EN FRANCE


ENSACF

Nicolas Mathevon

Lieux, Cultures, Investissements hors normes 23h00, je décide de franchir le pas, me voilà embarqué pour une toute nouvelle expérience au cœur de la rave party. Un mouvement en marge dans un espace en marge, divers investissements sont réalisées sur place. Rendent-t-ils cet espace lieu ou nonlieu ? Comment cet investissement nous permet de repenser l’agencement de nos villes et du territoire en général en les institutionnalisant ou pas ? « L’espace en marge, un espace réservé à l’investissement éphémère non conventionnel ? »

Nicolas Mathevon est étudiant en 3ième année d’école d’architecture. Il doit réaliser son rapport d’études. Cet exercice prend la forme de ce récit dans lequel il essaie de mieux comprendre la thématique des espaces en marge et leur réutilisation.

Photo auteur : @ Nicolas Mathevon Professeurs encadrants : Mathilde Lavenu Gwenn Gayet-Kerguiduff

5,00


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