Valéry, Le cimetière marin

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Paul ValĂŠry Il cimitero marino seguito da La giovane parca

A cura di Nino Muzzi


Le Cimetière marin 1920

Il cimitero marino 1920

Ce toit tranquille, où marchent des colombes, Entre les pins palpite, entre les tombes ; Midi le juste y compose de feux La mer, la mer, toujours recommencée Ô récompense après une pensée Qu’un long regard sur le calme des dieux ! Quel pur travail de fins éclairs consume Maint diamant d’imperceptible écume, Et quelle paix semble se concevoir! Quand sur l’abîme un soleil se repose, Ouvrages purs d’une éternelle cause, Le Temps scintille et le Songe est savoir. Stable trésor, temple simple à Minerve, Masse de calme, et visible réserve, Eau sourcilleuse, Oeil qui gardes en toi Tant de sommeil sous un voile de flamme, Ô mon silence !… Édifice dans l’âme, Mais comble d’or aux mille tuiles, Toit ! Temple du Temps, qu’un seul soupir résume, À ce point pur je monte et m’accoutume, Tout entouré de mon regard marin ; Et comme aux dieux mon offrande suprême, La scintillation sereine sème Sur l’altitude un dédain souverain. Comme le fruit se fond en jouissance, Comme en délice il change son absence Dans une bouche où sa forme se meurt, Je hume ici ma future fumée, Et le ciel chante à l’âme consumée Le changement des rives en rumeur. Beau ciel, vrai ciel, regarde-moi qui change ! Après tant d’orgueil, après tant d’étrange Oisiveté, mais pleine de pouvoir, Je m’abandonne à ce brillant espace, Sur les maisons des morts mon ombre passe Qui m’apprivoise à son frêle mouvoir. L’âme exposée aux torches du solstice, Je te soutiens, admirable justice De la lumière aux armes sans pitié ! Je te tends pure à ta place première, Regarde-toi !… Mais rendre la lumière Suppose d’ombre une morne moitié. Ô pour moi seul, à moi seul, en moi-même, Auprès d’un coeur, aux sources du poème, Entre le vide et l’événement pur, J’attends l’écho de ma grandeur interne, Amère, sombre, et sonore citerne, Sonnant dans l’âme un creux toujours futur !

Tetto tranquillo sparso di colombe Palpita in mezzo ai pini e fra le tombe; Giusto meriggio di fuochi vi plasma Il mare, il mare, ognora risorgente Oh premio ad un pensiero conseguente Un lungo sguardo sulla divina calma! Puro lavoro in fini guizzi consuma Tanti diamanti d’invisibile schiuma, E quale pace concepirsi pare! Se sull’abisso il sole si riposa, Opera pura di un’eterna causa, Scintilla il Tempo ed il Sogno è sapere. Tesoro fermo, sobrio tempio a Minerva, Massa di calma e visibil riserva, Acqua sorgiva, Occhio che tien protetto in sé tal sonno sotto un velo di fiamma, O mio silenzio!... Edificio nell’alma, Ma colmo d’oro a mille scaglie, Tetto! Tempio del Tempo, in un soffio riassunto, Salgo e mi adeguo in un sì puro punto, Tutt’involto nel mio sguardo marino; E come mia suprema offerta al Dio, Sull’altura il sereno scintillio Va seminando un disdegno sovrano. Come il frutto si fonde in ebbrezza, Com’esso cambia l’assenza in dolcezza In una bocca in cui la forma smuore, Sento d’incenso la futura fumata, E canta il cielo all’anima stremata Il trasformarsi delle rive in rumore. Bel cielo, vero cielo, guardami mutare! Dopo tanto orgoglio, tanta singolare Pigrizia, però piena di potere, Mi dono a questo spazio abbacinante, Su case di morti l’ombra mia vagante passa e mi piega al suo fragil volere. L’anima esposta ai fuochi del solstizio, Io ti sostengo, ammirabil giustizia Della luce dalle armi senza pietà! Ti tendo pura al tuo stato in nuce, Osservati!... Ma rendere la luce Suppone d’ombra una triste metà. Oh per me solo, a me solo, in me stesso, Del poema alla fonte, a un cuore appresso, Stretto fra il vuoto e il puro accadimento, Attendo l’eco della grandezza interna, Amara, oscura, e sonora cisterna, Nell’anima vuoto futuro lamento!


Sais-tu, fausse captive des feuillages, Golfe mangeur de ces maigres grillages, Sur mes yeux clos, secrets éblouissants, Quel corps me traîne à sa fin paresseuse, Quel front l’attire à cette terre osseuse ? Une étincelle y pense à mes absents. Fermé, sacré, plein d’un feu sans matière, Fragment terrestre offert à la lumière, Ce lieu me plaît, dominé de flambeaux, Composé d’or, de pierre et d’arbres sombres, Où tant de marbre est tremblant sur tant d’ombres ; La mer fidèle y dort sur mes tombeaux ! Chienne splendide, écarte l’idolâtre ! Quand solitaire au sourire de pâtre, Je pais longtemps, moutons mystérieux, Le blanc troupeau de mes tranquilles tombes, Éloignes-en les prudentes colombes, Les songes vains, les anges curieux ! Ici venu, l’avenir est paresse. L’insecte net gratte la sécheresse ; Tout est brûlé, défait, reçu dans l’air À je ne sais quelle sévère essence… La vie est vaste, étant ivre d’absence, Et l’amertume est douce, et l’esprit clair. Les morts cachés sont bien dans cette terre Qui les réchauffe et sèche leur mystère. Midi là-haut, Midi sans mouvement En soi se pense et convient à soi-même… Tête complète et parfait diadème, Je suis en toi le secret changement. Tu n’as que moi pour contenir tes craintes ! Mes repentirs, mes doutes, mes contraintes Sont le défaut de ton grand diamant… Mais dans leur nuit toute lourde de marbres, Un peuple vague aux racines des arbres A pris déjà ton parti lentement. Ils ont fondu dans une absence épaisse, L’argile rouge a bu la blanche espèce, Le don de vivre a passé dans les fleurs ! Où sont des morts les phrases familières, L’art personnel, les âmes singulières ? La larve file où se formaient les pleurs. Les cris aigus des filles chatouillées, Les yeux, les dents, les paupières mouillées, Le sein charmant qui joue avec le feu, Le sang qui brille aux lèvres qui se rendent, Les derniers dons, les doigts qui les défendent, Tout va sous terre et rentre dans le jeu ! Et vous, grande âme, espérez-vous un songe Qui n’aura plus ces couleurs de mensonge Qu’aux yeux de chair l’onde et l’or font ici ?

Lo sai, falsa prigioniera di verzure, Golfo divoratore di magre arsure, Sugli occhi chiusi, segreti abbaglianti, Che corpo mi trascina a una fine attardata, Che fronte l’attira a questa terra ossificata? Qui una scintilla pensa ai miei assenti. Concluso, sacro, d’incorporea brace Terrestre frammento offerto alla luce, Mi piace questo luogo, ove la face incombe, Composto d’oro, pietra e oscure fronde, Ove trema tanto marmo su tante ombre; Fedele il mar vi dorme sulle tombe! Splendida cagna, caccia via il pagano! Se solo, col sorriso di guardiano, Pascolo, a lungo, montoni misteriosi, Il bianco gregge delle placide tombe, Allontana le timide colombe, I sogni vani, gli angeli curiosi! Qui giunto, ormai, l’avvenire è pigrizia. L’insetto scabro gratta la secchezza; Tutto è riarso, sfatto, accolto in aria In non so quale mai severa essenza… La vita è vasta, ebbra com’è di assenza, E l’amarezza è dolce, e lo spirito chiaro. I morti nascosti godono in questa terra Che li riscalda e secca il lor mistero. Meriggio in alto, senza movimento In sé si pensa e a se stesso consente… Testa completa e diadema eccellente, Io seguo in te il segreto mutamento. Non hai che me a frenare i timori! I pentimenti, i dubbi miei, i doveri Sono il difetto del tuo gran diamante… Ma nella notte gravata di marmi Un popol vago alle radici degli alberi Per te si sta schierando lentamente. Si sono fusi in massiccia assenza, La creta rossa succhia bianca essenza, Il dono di vivere è passato in fiore! Dove sono dei morti le frasi familiari, L’arte personale, le anime singolari? La larva fila dove nasce il dolore. Acute grida di ragazze vellicate, Occhi, denti, pupille bagnate, Seno attraente che scherza col fuoco, Sangue che brilla sulla bocca arresa Gli ultimi doni, le dita a difesa Tutto è inumato e rientra nel gioco! E voi, grande anima, sperate in un sogno Che non ha più i colori della menzogna Che qui a occhi di carne crea l’onda e l’oro?


Chanterez-vous quand serez vaporeuse ? Allez ! Tout fuit ! Ma présence est poreuse, La sainte impatience meurt aussi ! Maigre immortalité noire et dorée, Consolatrice affreusement laurée, Qui de la mort fais un sein maternel, Le beau mensonge et la pieuse ruse ! Qui ne connaît, et qui ne les refuse, Ce crâne vide et ce rire éternel ! Pères profonds, têtes inhabitées, Qui sous le poids de tant de pelletées, Êtes la terre et confondez nos pas, Le vrai rongeur, le ver irréfutable N’est point pour vous qui dormez sous la table, Il vit de vie, il ne me quitte pas ! Amour, peut-être, ou de moi-même haine ? Sa dent secrète est de moi si prochaine Que tous les noms lui peuvent convenir ! Qu’importe! Il voit, il veut, il songe, il touche ! Ma chair lui plaît, et jusque sur ma couche, À ce vivant je vis d’appartenir ! Zénon ! Cruel Zénon ! Zénon d’Êlée ! M’as-tu percé de cette flèche ailée Qui vibre, vole, et qui ne vole pas ! Le son m’enfante et la flèche me tue ! Ah ! le soleil… Quelle ombre de tortue Pour l’âme, Achille immobile à grands pas ! Non, non !… Debout ! Dans l’ère successive ! Brisez, mon corps, cette forme pensive ! Buvez, mon sein, la naissance du vent ! Une fraîcheur, de la mer exhalée, Me rend mon âme… Ô puissance salée ! Courons à l’onde en rejaillir vivant. Oui ! Grande mer de délires douée, Peau de panthère et chlamyde trouée, De mille et mille idoles du soleil, Hydre absolue, ivre de ta chair bleue, Qui te remords l’étincelante queue Dans un tumulte au silence pareil, Le vent se lève !… Il faut tenter de vivre ! L’air immense ouvre et referme mon livre, La vague en poudre ose jaillir des rocs ! Envolez-vous, pages tout éblouies ! Rompez, vagues ! Rompez d’eaux réjouies Ce toit tranquille où picoraient des focs !

Canterete quando sarete vaporosa? Via! Tutto fugge! La mia presenza è porosa, Anche la santa impazienza muore! Magra immortalità nera e dorata Consolatrice orridamente laureata, Che della Morte fa seno materno, Bella menzogna e astuzia impietosita! Chi non li conosce, e chi non li rifiuta, Quel cranio vuoto e quel riso eterno! Profondi padri, teste disabitate, Che sotto il peso di tante palate, Siete ormai terra e i miei passi ingannate, Il roditore vero, il verme ineluttabile Non è là per chi dorme sotto le tavole, Vive di vita, non mi ha mai lasciato! L’amore forse o l’odio di me stesso? Il suo dente segreto mi è sì presso Che ogni nome comunque gli conviene! Che importa! Beve, vede, pensa, dà di piglio! La mia carne gli piace e fin sul giaciglio Con tale vivente dovrò vivere assieme! Zenon! Crudo Zenon! Zenon eleata! M’hai trapassato con la freccia alata Che vibra, vola, e non riesce a staccarsi! Il suon mi crei e la freccia mi trafigga! Ah! Il sole…Quale ombra di tartaruga Per l’anima, Achille immoto a gran passi! No, no!... Suvvia! Nell’epoca seguente! Sgretola, o corpo, questa forma pensante! Bevi, o mio seno, la nascita del vento! Una freschezza, dal mare esalata, Mi ridà l’anima…Oh potenza salata! Corriamo all’onda che risorge vivente. Sì! Gran marina di deliri inondata, Pelle di pantera e clamide forata, Di mille e mille idoli solari, Idra assoluta, ebbra di carne blu, Che la tua scintillante coda tu Mordi in un tumulto al silenzio pari, Si leva il vento!... Devi tentar di vivere! Apre e chiude il mio libro l’immenso aere, Sprizza l’onda pulvisco dai rocciosi blocchi! Volate, voi, o pagine tutte abbagliate! Onde, rompete! Rompete di acque liete Il tetto quieto ove beccavano i fiocchi!


La jeune parque

La giovane parca

Paul Valéry

Paul Valéry à André Gide Depuis bien des années j’avais laissé l’art des vers: essayant de m’y astreindre encore, j’ai fait cet exercice que je te dédie. 1917

Le Ciel a-t-il formé cet amas de merveilles Pour la demeure d’un serpent? Pierre Corneille

ad André Gide Da molti anni ormai avevo lasciato l’arte dei versi: cercando di piegarmici ancora, ho fatto questo esercizio che ti dedico. 1917

Il Cielo avrebbe creato questo cumulo di meraviglie Per la dimora di un serpente? Pierre Corneille

Qui pleure là, sinon le vent simple, à cette heure Seule, avec diamants extrêmes?... Mais qui pleure, Si proche de moi-même au moment de pleurer?

Chi è che piange là, se non il semplice vento Nell’ora sola, con diamanti estremi?...Quel pianto Da chi viene sì presso a me, pronta a lacrimare?

Cette main, sur mes traits qu’elle rêve effleurer, Distraitement docile à quelque fin profonde, Attend de ma faiblesse une larme qui fonde, Et que de mes destins lentement divisé, Le plus pur en silence éclaire un cœur brisé. La houle me murmure une ombre de reproche, Ou retire ici-bas, dans ses gorges de roche, Comme chose déçue et bue amèrement, Une rumeur de plainte et de resserrement... Que fais-tu, hérissée, et cette main glacée, Et quel frémissement d’une feuille effacé Persiste parmi vous, îles de mon sein nu?... Je scintille, liée à ce ciel inconnu... L’immense grappe brille à ma soif de désastres.

Questa mano, sui miei tratti che sogna sfiorare, Distrattamente fedele a qualche meta profonda, Attende dalla mia debolezza che una lacrima fonda, E che dai miei destini lentamente separato, Il più puro rischiari silente un cuore spezzato. La mareggiata un’ombra di rimbrotto minaccia, O ritira quaggiù, nelle sue gole di roccia, Come cosa naufragata e bevuta amaramente, Un rumore di lamento e di soffocamento... Che fai, tu, scarmigliata, e questa man gelata, E qual fremito di una foglia cancellata Persiste fra di noi, isola del mio seno nudo?... Io scintillo, legata a quel cielo sconosciuto... L’immensa grappa brilla alla mia sete di disastri.

Tout-puissants étrangers, inévitables astres Qui daignez faire luire au lointain temporel Je ne sais quoi de pur et de surnaturel;

Potentissimi indifferenti, ineludibili astri Che degnate di fare al lontano temporale Brillar un non so che di puro e sovranaturale; Voi che fino al pianto affondate nei mortali Quelle invincibili armi, quei bagliori regali, E quei palpiti dell’eterna vostra durata, Sono sola con voi, tremante, abbandonata La coltre; e sullo scoglio da meraviglia morso domando al cuore, quale dolore lo ha scosso, Qual crimine da me o su me consumato?... ...O se m’insegue il male di un sogno terminato, Quando (spento l’oro delle lampade al vellutato soffio) con le massicce braccia ho circondato le tempie, e a lungo atteso dell’anima i baleni? Tutta? Ma tutta mia, padrona delle mie carni, Temprando in un brivido la loro strana distesa, E nei dolci legami, al mio sangue sospesa, Mi vedevo osservarmi, sinuosa, dorando

Vous qui dans les mortels plongez jusques aux larmes

Ces souverains éclats, ces invincibles armes, Et les élancements de votre éternité, Je suis seule avec vous, tremblante, ayant quitté Ma couche; et sur l’écueil mordu par la merveille, J’interroge mon cœur quelle douleur l’éveille, Quel crime par moi-même ou sur moi consommé?... ... Ou si le mal me suit d’un songe refermé, Quand (au velours du souffle envolé l’or des lampes)

J’ai de mes bras épais environné mes tempes, Et longtemps de mon âme attendu les éclairs? Toute? Mais toute à moi, maîtresse de mes chairs, Durcissant d’un frisson leur étrange étendue, Et dans mes doux liens, à mon sang suspendue, Je me voyais me voir, sinueuse, et dorais


De regards en regards, mes profondes forêts.

Di sguardo in sguardo, il mio bosco profondo.

J’y suivais un serpent qui venait de me mordre.

Vi seguivo un serpe che mi aveva appena morsa.

Quel repli de désirs, sa traîne!... Quel désordre De trésors s’arrachant à mon avidité, Et quelle sombre soif de la limpidité!

Che covo di voglie, la sua scia!... che matassa Di tesori sottraentisi alla mia avidità, E che tenebrosa sete della limpidità!

Ô ruse!... À la lueur de la douleur laissée Je me sentis connue encor plus que blessée... Au plus traître de l’âme, une pointe me naît; Le poison, mon poison, m’éclaire et se connaît: Il colore une vierge à soi-même enlacée, Jalouse... Mais de qui, jalouse et menacée? Et quel silence parle à mon seul possesseur?

Oh astuzia!... Al chiaror del dolore lasciata Ancor più che ferita mi sentii indagata... Nel più infido dell’anima, una punta mi nasce; Veleno, il mio veleno, m’abbaglia e si conosce: Colora una vergine a se stessa avvinghiata, Gelosa...Ma di chi, gelosa e minacciata? E che silenzio al mio solo padrone parla?

Dieux! Dans ma lourde plaie une secrète sœur Brûle, qui se préfère à l’extrême attentive.

Dèi! Nella mia grave piaga celata una sorella Arde, che si antepone alla estrema zelante.

Va! je n’ai plus besoin de ta race naïve, Cher Serpent... Je m’enlace, être vertigineux! Cesse de me prêter ce mélange de nœuds Ni ta fidélité qui me fuit et devine... Mon âme y peut suffire, ornement de ruine! Elle sait, sur mon ombre égarant ses tourments, De mon sein, dans les nuits, mordre les rocs charmants; Elle y suce longtemps le lait des rêveries... Laisse donc défaillir ce bras de pierreries Qui menace d’amour mon sort spirituel... Tu ne peux rien sur moi qui ne soit moins cruel, Moins désirable... Apaise alors, calme ces ondes, Rappelle ces remous, ces promesses immondes... Ma surprise s’abrège, et mes yeux sont ouverts. Je n’attendais pas moins de mes riches déserts Qu’un tel enfantement de fureur et de tresse: Leurs fonds passionnés brillent de sécheresse Si loin que je m’avance et m’altère pour voir De mes enfers pensifs les confins sans espoir... Je sais... Ma lassitude est parfois un théâtre. L’esprit n’est pas si pur que jamais idolâtre Sa fougue solitaire aux élans de flambeau Ne fasse fuir les murs de son morne tombeau. Tout peut naître ici-bas d’une attente infinie. L’ombre même le cède à certaine agonie, L’âme avare s’entr’ouvre, et du monstre s’émeut Qui se tord sur les pas d’une porte de feu... Mais, pour capricieux et prompt que tu paraisses, Reptile, ô vifs détours tout courus de caresses, Si proche impatience et si lourde langueur, Qu’es-tu, près de ma nuit d’éternelle longueur? Tu regardais dormir ma belle négligence... Mais avec mes périls, je suis d’intelligence, Plus versatile, ô Thyrse, et plus perfide qu’eux.

Va'! Non non mi serve più la tua razza innocente, Caro serpe ... Mi avvinghio, essere vertiginoso! Smetti di prestarmi questo intreccio nodoso E la tua fedeltà che mi sfugge e vaticina... L’anima mia a ciò basta, ornamento di rovina! Lei sa, spandendo sulla mia ombra i suoi tormenti, Del mio seno, la notte, mordere i blocchi attraenti; Vi succhia a lungo il latte delle fantasticherie... Lascia dunque crollar quel braccio di gioiellerie Che insidia di amore la mia sorte spirituale... Non puoi niente su me che non sia men crudele, Men desiderabile...Pacifica dunque, calma le onde, Ricorda quei sommovimenti, le promesse immonde... La mia sorpresa si abbrevia, e i miei occhi son aperti. Non mi aspettavo di meno dai miei ricchi deserti Che tale generazione di furore e di treccia: I loro alvei appassionati brillano di secchezza Per quanto lontano avanzi e mi sforzi di vedere Dei miei pensosi inferni i confini senza sperare... Io so... La mia stanchezza talvolta è un teatro. Lo spirito non è così puro che giammai idolatro La sua fuga solitaria ai guizzi della fiamma Fuggir non faccia i muri della sua tomba calma. Tutto quaggiù può nascere se in eterno si attende. La ombra medesima a una certa agonia si arrende, S’apre l’anima avara, e del mostro ha soggezione Che si torce sui passi di un infuocato portone... Ma, per bizzarre e pronte che sian le tue apparenze Rettile, oh accarezzatissime sinuose movenze, Sì vicina inquietudine e sì greve languidezza, Che sei, a fronte della notte di eterna lunghezza? Tu guardavi dormire la mia bella negligenza... Ma con i miei pericoli, io sono d’intelligenza, Più versatile, o Tirso, e più perfida di loro.


Fuis-moi! du noir retour reprends le fil visqueux! Va chercher des yeus clos pour tes danses massives. Coule vers d’autres lits tes robes successives, Couve sur d’autres cœurs les germes de leur mal, Et que dans les anneaux de ton rêve animal Halète jusqu’au jour l’innocence anxieuse!... Moi, je veille. Je sors, pâle et prodigieuse, Toute humide des pleurs que je n’ai point versés, D’une absence aux contours de mortelle bercés Par soi seule... Et brisant une tombe sereine, Je m’accoude inquiète et pourtant souveraine, Tant de mes visions parmi la nuit et l’œil, Les moindres mouvements consultent mon orgueil.

Fuggimi! Del buio ritorno riprendi il filo scabro! Va' in cerca di occhi chiusi per le tue danze in massa. Le tue vesti successive su altri letti riversa, Cova su altri cuori i germi del loro male, E che dentro gli anelli del tuo sogno animale Si affanni fino all’alba l’innocenza ansiosa!... Quanto a me, veglio. Esco, pallida e prodigiosa, Tutta bagnata di pianti che non ho versati, Di un’assenza dai contorni di mortale cullati Da se stessa...E rompendo un tomba serena, Mi appoggio sui gomiti inquieta eppur sovrana, Fra la notte e l’occhio con tante visioni plurime, Consultano il mio orgoglio le movenze minime.

Mais je tremblais de perdre une douleur divine! Je baisais sur ma main cette morsure fine, Et je ne savais plus de mon antique corps Insensible, qu’un feu qui brûlait sur mes bords:

Ma tremavo di perdere un dolore divino! Quel lieve morso baciavo sulla mia mano, E niente del mio antico corpo indifferente Sapevo, se non un fuoco sui bordi rovente:

Adieu, pensai-je, MOI, mortelle sœur, mensonge...

Addio, pensai, IO, mortale sorella, menzogna...

Harmonieuse MOI, différente d’un songe, Femme flexible et ferme aux silences suivis D’actes purs!... Front limpide, et par ondes ravis, Si loin que le vent vague et velu les achève Longs brins légers qu’au large un vol mêle et soulève, Dites!... J’étais l’égale et l’épouse du jour, Seul support souriant que je formais d’amour À la toute-puissante altitude adorée...

Armoniosa ME, diversa da come si sogna, Donna flessibile e salda dai silenzi seguiti Da puri atti!... Chiara fronte, e da onde rapiti, Così lungi che il vento vago e serico li sfibra, Fili lunghi leggeri che a largo un volo libra E mischia, dite!...Ero l’eguale e del dì la sposa, Sola relazione sorridente che formavo amorosa Alla potentissima altitudine adorata...

Quel éclat sur mes cils aveuglément dorée, Ô paupières qu’opprime une nuit de trésor, Je priais à tâtons dans vos ténèbres d’or! Poreuse á l’éternel qui me semblait m’enclore, Je m’offrais dans mon fruit de velours qu’il dévore; Rien ne me murmurait qu’un désir de mourir Dans cette blonde pulpe au soleil pût mûrir: Mon amère saveur ne m’était point venue. Je ne sacrifiais que mon épaule nue À la lumière; et sur cette gorge de miel, Dont la tendre naissance accomplissait le ciel, Se venait assoupir la figure du monde. Puis, dans le dieu brillant, captive vagabonde, Je m’ébranlais brûlante et foulais le sol plein, Liant et déliant mes ombres sous le lin. Heureuse! À la hauteur de tant de gerbes belles, Qui laissait à ma robe obéir les ombelles, Dans les abaissements de leur frêle fierté Et si, contre le fil de cette liberté, Si la robe s’arrache à la rebelle ronce, L’arc de mon brusque corps s’accuse et me prononce, Nu sous le voile enflé de vivantes couleurs Que dispute ma race aux longs liens de fleurs!

Che lampo sui miei cigli, dall’oro accecata, Oh palpebre oppresse da una notte di tesoro, Pregavo a tentoni nelle vostre latebre d’oro! Porosa all’eterno che sembrava recingermi, Nel mio frutto di velluto lasciavo divorarmi; Niente mi sussurrava che una voglia di spirare Potesse in tal bionda polpa al sole maturare: L’amaro sapore non mi era affatto giunto. Sacrificavo solo il mio omero discinto Alla luce; e su questa gola di miele, La cui tenera nascita completava il cielo, Veniva ad assopirsi la figura del mondo. Poi, nel dio brillante, prigioniera vagabonda, Fluttuavo ardente e calpestavo il suolo pieno, Legavo e scioglievo le mie ombre sotto il lino. Felice! All’altezza di tante corone belle, Che alla mia gonna fanno obbedire le umbelle, Nell’abbassamento della lor fragile dignità E se, contrastando il filo di questa libertà, Se la gonna si strappa dal rovo che si ribella L’arco del mio brusco corpo s’accusa e mi rivela, Nudo sotto il velo gonfio di vivi colori Che la mia razza disputa ai lunghi tralci dei fiori!


Je regrette à demi cette vaine puissance... Une avec le désir, je fus I’obéissance Imminente, attachée à ces genoux polis; De mouvements si prompts mes vœux étaient remplis Que je sentais ma cause à peine plus agile! Vers mes sens lumineux nageait ma blonde argile, Et dans l’ardente paix des songes naturels, Tous ces pas infinis me semblaient éternels. Si ce n’est, ô Splendeur, qu’à mes pieds l’Ennemie, Mon ombre! la mobile et la souple momie, De mon absence peinte effleurait sans effort La terre où je fuyais cette légère mort. Entre la rose et moi je la vois qui s’abrite; Sur la poudre qui danse, elle glisse et n’irrite Nul feuillage, mais passe, et se brise partout... Glisse! Barque funèbre...

Rimpiango a metà questa vana potenza... Una con il desiderio, io fui l’obbedienza subitanea, appresa ai suoi ginocchi levigati; di moti sì pronti eran i miei vóti colmati che sentivo la mia causa appena più snella! Verso sensi luminosi nuotava la bionda argilla, E nell’ardente pace dei naturali sogni, Tutti quei passi infiniti mi parevano eterni. Se non che, oh Splendore, ai miei piedi la Rivale, La mia ombra! la mummia flessuosa e mobile, Dipinta dalla mia assenza disfiorava inerte La terra dove fuggivo questa leggera morte. Fra la rosa e me la vedo come a riparo sta; Su polvere che danza, scivola e non molesta Nessuna fronda, ma passa e ovunque si spezza... Scivola! Barca funebre...

Et moi vive, debout, Dure, et de mon néant secrètement armée, Mais, comme par l’amour une joue enflammée, Et la narine jointe au vent de l’oranger, Je ne rends plus au jour qu’un regard étranger... Oh! combien peut grandir dans ma nuit curieuse De mon coeur séparé la part mystérieuse, Et de sombres essais s’approfondir mon art!... Loin des purs environs, je suis captive, et par L’évanouissement d’arômes abattue, Je sens sous les rayons, frissonner ma statue, Des caprices de l’or, son marbre parcouru. Mais je sais ce que voit mon regard disparu; Mon œil noir est le seuil d’infernales demeures! Je pense, abandonnant à la brise les heures Et l’âme sans retour des arbustes amers, Je pense, sur le bord doré de l’univers, À ce goût de périr qui prend la Pythonisse En qui mugit l’espoir que le monde finisse. Je renouvelle en moi mes énigmes, mes dieux, Mes pas interrompus de paroles aux cieux, Mes pauses, sur le pied portant la rêverie. Qui suit au miroir d’aile un oiseau qui varie, Cent fois sur le soleil joue avec le néant, Et brûle, au sombre but de mon marbre béant.

E io viva di durezza, In piedi, e del mio niente segretamente armata, Ma, come dall’amore una guancia infiammata, E la narice appesa al vento dell’aranceto, Rendo al giorno ormai solo uno sguardo stranito... Oh! come può crescere nella notte curiosa Del mio cuore diviso la parte misteriosa, E approfondirsi la mia arte di oscuri saggi!... Io sono prigioniera, lungi dai puri paraggi, E dallo svenimento degli aromi abbattuta, Sento sotto i raggi rabbrividir la mia statua, Dai capricci dell’oro il suo marmo percorso. Ma io so quel che vede il mio sguardo sperso; Il mio occhio nero è la soglia d’inferne dimore! Io penso, abbandonando alla brezza le ore E l’anima, dagli acri arbusti senza recesso, Penso, sull’aureo confine dell’universo, A quel gusto di morte che la Pitica ghermisce In cui mugghia speranza nel mondo che finisce. Io rinnovello in me i miei enigmi, i miei dèi, I miei passi interrotti di parole verso i cieli, Le mie pause, portando sul piede la fantasia. Chi segue in specchio d’ala un uccello che svia, Cento volte sul sole brucia e gioca col niente, All’oscuro fine del mio marmo anelante.

Ô dangereusement de son regard la proie!

Oh pericolosamente del suo sguardo la preda!

Car l’œil spirituel sur ses plages de soie Avait déjà vu luire et pâlir trop de jours Dont je m’étais prédit les couleurs et le cours. L’ennui, le clair ennui de mirer leur nuance, Me donnait sur ma vie une funeste avance: L’aube me dévoilait tout le jour ennemi. J’étais à demi morte; et peut-être, à demi Immortelle, rêvant que le futur lui-même

Ché l’occhio spirituale sulle sue spiagge di seta Già vide brillare troppi giorni e scolorirsi Di cui mi ero predetti i colori e i percorsi. La noia, chiara noia di mirar lor sfumatura, Mi dava funesta veggenza sulla vita futura: L’alba mi rivelava l’intera giornata ostile. Ero morta a metà; e forse a metà immortale, Sognando che la sorte a venire medesima


Ne fût qu’un diamant fermant le diadème Où s’échange le froid des malheurs qui naîtront Parmi tant d’autres feux absolus de mon front.

Fosse sol un diamante a chiusura di un diadema Ove si scambia il freddo del dolore imminente Fra i tanti altri fuochi assoluti della mia fronte.

Osera-t-il, le Temps, de mes diverses tombes, Ressusciter un soir favori des colombes, Un soir qui traîne au fil d’un lambeau voyageur De ma docile enfance un reflet de rougeur, Et trempe à l’émeraude un long rose de honte?

Oserà mai, il Tempo, dalle mie varie tombe, Risuscitare una sera dilettosa alle colombe, Sera che vaga sul filo di un lembo viaggiatore Della mia docile infanzia un riflesso di rossore, E tinge in smeraldo un lungo rosa di vergogna?

Souvenir, ô bûcher, dont le vent d’or m’affronte, Souffle au masque la pourpre imprégnant le refus D’être en moi-même en flamme une autre que je fus... Viens, mon sang, viens rougir la pâle circonstance Qu’ennoblissait l’azur de la sainte distance, Et l’insensible iris du temps que j’adorai! Viens consumer sur moi ce don décoloré Viens! que je reconnaisse et que je les haïsse, Cette ombrageuse enfant, ce silence complice, Ce trouble transparent qui baigne dans les bois... Et de mon sein glacé rejaillisse la voix Que j’ignorais si rauque et d’amour si voilée... Le col charmant cherchant la chasseresse ailée.

Oh ricordo, rogo, il cui vento d’oro m’impegna, Soffia alla maschera la porpora che il rifiuto satura D’essere in me stessa in fiamme da quel che fui altra... Vieni, mio sangue, vieni, arrossa la circostanza Pallida, che nobilita l’azzurro della sacra distanza, E l’insensibile iris del tempo da me adorato! Vieni a consumar su di me quel dono scolorato Vieni! Che io riconosca e li tratti con livore, Quella fanciulla ombrosa, quel silenzio protettore, Quella caligine che alita nei boschi trasparente E dal mio seno ghiacciato la voce rifluente Che ignoravo sì rauca e di amor sì velata... La gola d’incanto cerca la cacciatrice alata.

Mon cœur fut-il si près d’un cœur qui va faiblir?

Il cuor mio fu sì presso a un cuore declinante?

Fut-ce bien moi, grands cils, qui crus m’ensevelir Dans l’arrière douceur riant à vos menaces... Ô pampres! sur ma joue errant en fils tenaces, Ou toi... de cils tissue et de fluides fûts, Tendre lueur d’un soir brisé de bras confus?

Fui io, grandi ciglia, le minacce vostre deridente, a credere di seppellirmi nella dolcezza remota... Oh pampani! erranti in fili tenaci sulla mia gota, O tu... di cigli tessuta e di frutici sinuosi, Tenero bagliore spezzato da bracci confusi?

« Que dans le ciel placés, mes yeux tracent mon temple! Et que sur moi repose un autel sans exemple! »

«Che gli occhi, fissi al cielo, mi traccino il tempio! E che su me riposi un altare senza esempio! »

Criaient de tout mon corps la pierre et la pâleur... La terre ne m’est plus qu’un bandeau de couleur Qui coule et se refuse au front blanc de vertige... Tout l’univers chancelle et tremble sur ma tige, La pensive couronne échappe à mes esprits, La mort veut respirer cette rose sans prix Dont la douceur importe à sa fin ténébreuse!

Gridavan con tutto il mio corpo la pietra e il pallore... La terra per me non è più che un nastro di colore Che cola e si rifiuta alla fronte di vertigine pallida... Tutto l’universo vacilla e sul mio stelo trepida, Rifugge dai miei spiriti la corona pensosa, La morte vuol fiutare questa rosa preziosa La cui dolcezza trascina al suo esito oscuro!

Que si ma tendre odeur grise ta tête creuse, Ô mort, respire enfin cette esclave de roi: Appelle-moi, délie!... Et désespère-moi, De moi-même si lasse, image condamnée! écoute... N’attends plus... La renaissante année À tout mon sang prédit de secrets mouvements: Le gel cède à regret ses derniers diamants... Demain, sur un soupir des Bontés constellées, Le printemps vient briser les fontaines scellées: L’étonnant printemps rit, viole... On ne sait d’où Venu? Mais la candeur ruisselle à mots si doux

Se t’inebria la testa cava il mio odore tenero, Oh morte, respiri alfine questa schiava di re: Chiama me, scioglimi!... e fammi disperare, Di me stessa sì stanca, icona condannata! Ascolta... non attendere... La rinascente annata Predice a tutto il mio sangue segreti movimenti: Cede il gelo con rimorso i suoi ultimi diamanti... Domani, su un sospiro delle Bontà costellate, La primavera viene a romper fontane sigillate: Stupenda primavera ride, v•ola... Ma da dove Venuta? Il candore però scorre in tono sì soave


Qu’une tendresse prend la terre à ses entrailles... Les arbres regonflés et recouverts d’écailles Chargés de tant de bras et de trop d’horizons, Meuvent sur le soleil leurs tonnantes toisons, Montent dans l’air amer avec toutes leurs ailes De feuilles par milliers qu’ils se sentent nouvelles... N’entends-tu pas frémir ces noms aériens, Ô Sourde!... Et dans I’espace accablé de liens, Vibrant de bois vivace infléchi par la cime, Pour et contre les dieux ramer l’arbre unanime, La flottante forêt de qui les rudes troncs Portent pieusement à leurs fantasques fronts, Aux déchirants départs des archipels superbes, Un fleuve tendre, ô mort, et caché sous les herbes?

Che un’affetto le viscere della terra assale... Gli alberi tutti rigonfi e cosparsi di scaglie Carichi di tante braccia e di troppi orizzonti, Muovono sul sole le loro chiome scroscianti, Levano all’aere amaro tutte le chiome alate Di foglie a migliaia ch’essi senton rinnovate... Non senti dunque fremere questi aerei nomi, Oh Sorda!...E nello spazio prostrato di legami, vibrante di bosco vivace con flessuose cime, remare per e contro gli dèi l’albero unanime, la foresta ondeggiante di cui quei rudi tronchi portano pietosamente alle fantastiche fronti, alle strazianti partenze degli arcipelaghi superbi, un tenero fiume, oh morte, e celato nell’erbe?

Quelle résisterait, mortelle, à ces remous? Quelle mortelle?

Quale mortale resisterebbe a questa risacca? Quale mortale?

Moi si pure, mes genoux Pressentent les terreurs de genoux sans défense... L’air me brise. L’oiseau perce de cris d’enfance Inouïs...l’ombre même où se serre mon cœur, Et roses! mon soupir vous soulève, vainqueur Hélas! des bras si doux qui ferment la corbeille... Oh! parmi mes cheveux pèse d’un poids d’abeille, Plongeant toujours plus ivre au baiser plus aigu, Le point délicieux de mon jour ambigu... Lumière!... Ou toi, la mort! Mais le plus prompt me prenne!... Mon cœur bat! mon cœur bat! Mon sein brûle et m’entraîne! Ah! qu’il s’enfle, se gonfle et se tende, ce dur Très doux témoin captif de mes réseaux d’azur... Dur en moi... mais si doux à la bouche infinie!...

Io così pura, le mie ginocchia Presagiscono i terrori di ginocchia senza difesa... L’aria mi spezza. L’uccello con vagiti trapassa Inauditi...l’ombra stessa ove si serra il mio cuore, E rose! Il mio sospiro vi solleva, vincitore Ahimè! dalle braccia sì dolci che chiudon la cesta.... Oh! Fra i miei capelli pesa il peso di una vespa, Affondando sempre più ebbro al bacio più acuto, Il punto delizioso del mio giorno insoluto... O luce...o te, morte! Mi prenda la più celere!... Mi batte il cuor! mi batte! Il seno m’arde e attrae! Ah! Che s’insuffli, si gonfi e si tenda, questo duro Dolce testimone schiavo delle mie reti d’azzurro... Duro in me...ma così dolce alla bocca infinita!...

Chers fantômes naissants dont la soif m’est unie, Désirs! Visages clairs!... Et vous, beaux fruits d’amour, Les dieux m’ont-ils formé ce maternel contour Et ces bords sinueux, ces plis et ces calices, Pour que la vie embrasse un autel de délices, Où mêlant l’âme étrange aux éternels retours, La semence, le lait, le sang coulent toujours? Non! L’horreur m’illumine, exécrable harmonie! Chaque baiser présage une neuve agonie... Je vois, je vois flotter, fuyant l’honneur des chairs Des mânes impuissants les millions amers... Non, souffles! Non, regards, tendresses... mes convives, Peuple altéré de moi suppliant que tu vives, Non, vous ne tiendrez pas de moi la vie!... Allez, Spectres, soupirs la nuit vainement exhalés, Allez joindre des morts les impalpables nombres! Je n’accorderai pas la lumière à des ombres, Je garde loin de vous, l’esprit sinistre et clair... Non! Vous ne tiendrez pas de mes lèvres l’éclair!... Et puis... mon cœur aussi vous refuse sa foudre. J’ai pitié de nous tous, ô tourbillons de poudre!

Cari fantasmi nascenti la cui sete mi è unita, Desidèri! Volti chiari!...e voi, d’amore bei frutti, Gli dèi mi hanno formato questi materni tratti E bordi sinuosi, queste anse e questi calici, Acché la vita di delizie un altare abbracci, Ove mischiando l’anima estranea a eterno ritorno, La semenza, il latte, il sangue sempre scorrano? No! L’orrore m’illumina, esecrabile armonia! Ogni bacio è presago di una nuova agonia... Io vedo, vedo fluttuar, fuggendo delle carnagioni L’onore, dei mani impotenti gli amari milioni... No, aliti! No, sguardi, tenerezze..mio conviva, Popolo ebbro di me, supplicante che tu viva, No, voi non avrete da me la vita!... Andate, Spiriti, sospiri invano esalati di notte, il numero dei morti andate a raggiungere impalpabile! Non luce ad ombre concedere! Tengo lungi da voi, lo spirito sinistro e sereno... No! Voi non otterrete dei miei labbri il baleno!... E poi...anche il mio cuore vi nega la sua folgore. Ho pietà di voi tutti, o nugoli di polvere!


Grands Dieux! Je perds en vous mes pas déconcertés!

Grandi Dei! In voi perdo i miei passi sconcertati!

Je n’implorerai plus que tes faibles clartés, Longtemps sur mon visage envieuse de fondre, Très imminente larme, et seule à me répondre, Larme qui fais trembler à mes regards humains Une variété de funèbres chemins; Tu procèdes de l’âme, orgueil du labyrinthe, Tu me portes du cœur cette goutte contrainte, Cette distraction de mon suc précieux Qui vient sacrifier mes ombres sur mes yeux, Tendre libation de l’arriére-pensée! D’une grotte de crainte au fond de moi creusée Le sel mystérieux suinte muette l’eau. D’où nais-tu? Quel travail toujours triste et nouveau Te tire avec retard, larme, de l’ombre amère? Tu gravis mes degrés de mortelle et de mère, Et déchirant ta route, opiniâtre faix, Dans le temps que je vis, les lenteurs que tu fais M’étouffent... Je me tais, buvant ta marche sûre... — Qui t’appelle au secours de ma jeune blessure!

Impiegherò soltanto i tuoi chiarori slavati, A lungo sul mio volto desiderosa di scendere, Lacrima molto imminente, e unica a rispondere, Lacrima che fa tremolare ai miei occhi umani Una molteplicità di funebri cammini; Procedi dall’anima, orgoglio del labirinto, Mi porti del cuore quel gocciolare stento, Quella sottrazione del mio succo di valore Che viene sui miei occhi le mie ombre a immolare, Tenera libagione di una riserva mentale! Da una grotta di paura in me scavata il sale Misterioso trasuda un’acqua muta, stillante. Donde nasci? Qual lavorio sempre triste e recente Ti trae con cautela, lacrima, da ombre amare? Tu calchi i miei gradini di mortale e di madre, E lacerando il tuo percorso, feto testardo, Nel tempo che io vivo, mi soffoca il tardo Tuo fare...Taccio, bevendo la tua marcia sicura.... - che ti chiama in aiuto alla mia piaga immatura!

Mais blessures, sanglots, sombres essais, pourquoi? Pour qui, joyaux cruels, marquez-vous ce corps froid, Aveugle aux doigts ouverts évitant l’espérance! Où va-t-il, sans répondre à sa propre ignorance, Ce corps dans la nuit noire étonné de sa foi? Terre trouble... et mêlée à l’algue, porte-moi, Porte doucement moi... Ma faiblesse de neige, Marchera-t-elle tant qu’elle trouve son piège? Où traîne-t-il, mon cygne, où cherche-t-il son vol? ... Dureté précieuse... Ô sentiment du sol, Mon pas fondait sur toi l’assurance sacrée! Mais sous le pied vivant qui tâte et qui la crée Et touche avec horreur à son pacte natal, Cette terre si ferme atteint mon piédestal. Non loin, parmi ces pas, rêve mon précipice... L’insensible rocher, glissant d’algues, propice À fuir (comme en soi-même ineffablement seul), Commence... Et le vent semble au travers d’un linceuil Ourdir de bruits marins une confuse trame, Mélange de la lame en ruine, et de rame... Tant de hoquets longtemps, et de râles heurtés, Brisés, repris au large... et tous les sorts jetés éperdument divers roulant l’oubli vorace...

Ma piaghe, singhiozzi, tristi prove, a che scopo? Per chi, crudeli gioielli, segnate questo corpo Freddo, cieco dalle dita aperte svianti speranza! Dove va, senza rispondere alla propria ignoranza, Questo corpo nella notte nera stupita di sua fe'? Terra torba...e all’alga mischiata, conduci me, Porta me dolcemente...La mia debolezza nivea, Camminerà finchè la sua trappola non trova? Dove arranca il mio cigno, ove cerca il suo volo? ...Preziosa durezza... Oh sentimento del suolo, Il passo mio fondava su te la certezza sacra! Ma sotto il piede vivo che tasta e che la crea E attinge con orrore al suo nativo suggello, Questa terra sì salda si fa mio piedistallo. Non lungi, fra quei passi, sogna il mio precipizio... L’insensibile scoglio, di alghe scivoloso, propizio A fuggire (come in se stesso indicibilmente solo), Comincia ... E il vento sembra attraverso un lenzuolo Di suoni marini ordire un confuso ricamo, Miscuglio di lama d’onda che frana, e di remo... Tanti singulti lungamente, e di ragli a urti, Rotti, ripresi al largo...e tutte gettate le sorti Perdutamente diverso volgendo l’oblio vorace...

Hélas! de mes pieds nus qui trouvera la trace Cessera-t-il longtemps de ne songer qu’à soi?

Ahimè! Dei piedi miei nudi chi troverà le tracce Cesserà lungamente di pensare solo a sè?

Terre trouble, et mélée à l’algue, porte-moi!

Terra torba...e mischiata all’alga, conduci me!


Mystérieuse MOI, pourtant, tu vis encore! Tu vas te reconnaître au lever de l’aurore Amèrement la même... Un miroir de la mer Se lève... Et sur la lèvre, un sourire d’hier Qu’annonce avec ennui l’effacement des signes, Glace dans l’orient déjà les pâles lignes De lumière et de pierre, et la pleine prison Où flottera l’anneau de l’unique horizon... Regarde: un bras très pur est vu, qui se dénude. Je te revois, mon bras... Tu portes l’aube...

Misteriosa ME, eppure, tu vivi ancora! Stai per riconoscerti al nascer dell’aurora Amaramente la stessa... Uno specchio dai mari Si leva...E sulle labbra, un sorriso di ieri, Che annuncia dei segni tediata l’erosione, Ghiaccia nell’oriente già le pallide linee Di luce e di pietra, e il carcere debordante Ove fluttuerà l’anello dell’unico orizzonte... Guarda: un braccio molto puro mentre si fa nudo. Ti rivedo, mio braccio...Porti l’alba...

Ô rude Réveil d’une victime inachevée... et seuil Si doux... si clair, que flatte, affleurement d’écueil, L’onde basse, et que lave une houle amortie!... L’ombre qui m’abandonne, impérissable hostie, Me découvre vermeille à de nouveaux désirs, Sur le terrible autel de tous mes souvenirs.

Oh crudo Risveglio di una vittima incompiuta...e liminare Sì dolce...sì chiaro, lisciato, scoglioso affiorare, Dall’onda bassa, che lava una smorta mareggiata!... L’ombra che mi abbandona, vittima immortalata, Mi disvela vermiglia a dei nuovi desideri, Sull’altare terribile di tutti i miei pensieri.

Là, l’écume s’efforce à se faire visible; Et là, titubera sur la barque sensible À chaque épaule d’onde, un pêcheur éternel. Tout va donc accomplir son acte solennel De toujours reparaître incomparable et chaste, Et de restituer la tombe enthousiaste Au gracieux état du rire universel.

Là, la schiuma si sforza di rendersi visibile; E là, tituberà sulla barca sensibile A ogni spallata d’onda, un pescatore perenne. Ogni cosa compirà dunque il suo atto solenne Di riapparire sempre ineguagliabile e casta, E di restituire la tomba entusiasta Allo stato di grazia del riso universale.

Salut! Divinités par la rose et le sel, Et les premiers jouets de la jeune lumière, Îles!... Ruches bientôt quand la flamme première Fera que votre roche, îles que je prédis, Ressente en rougissant de puissants paradis; Cimes qu’un feu féconde à peine intimidées, Bois qui bourdonnerez de bêtes et d’idées, D’hymnes d’hommes comblés des dons du juste éther, Îles! dans la rumeur des ceintures de mer, Mères vierges toujours, même portant ces marques, Vous m’êtes à genoux de merveilleuses Parques: Rien n’égale dans l’air les fleurs que vous placez, Mais dans la profondeur, que vos pieds sont glacés!

Salve! Divinità della rosa e del sale, E primi trastulli della chiarità nuova, Isole!...Ben presto arnie quando la primeva Fiamma farà alla roccia, isole che predissi, Provare arrossendo dei possenti paradisi; Cime che un fuoco feconda appena timide, Boschi che sussurrate di animali e d’idee, D’inni d’uomini colmi dei doni del giusto etere, Isole! Nel rumorio delle centurie di mare, Madri vergini ancora, anche con quelle marche, Voi mi state in ginocchio meravigliose Parche: Niente eguaglia nell’aria i fiori da voi collocati, Ma come i vostri piedi, nel profondo, son gelati!

De l’âme les apprêts sous la tempe calmée, Ma mort, enfant secrète et déjà si formée, Et vous, divins dégoûts qui me donniez l’essor, Chastes éloignements des lustres de mon sort, Ne fûtes-vous, ferveur, qu’une noble durée? Nulle jamais des dieux plus près aventurée N’osa peindre à son front leur souflle ravisseur, Et de la nuit parfaite implorant l’épaisseur, Prétendre par la lèvre au suprême murmure.

Dell’anima gli artifici sotto la tempia placata, La mia morte, bimba segreta e già così formata, E voi, divini disgusti che slancio mi avete dato, Casti allontanamenti dai lustri del mio fato, Non foste, fervore, altro che una nobile durata? Nessuna mai agli dei sì da presso avventurata Osò dipingersi in fronte il lor soffio traditore, E della notte perfetta implorando lo spessore, Pretendere colle labbra al sommo mormorio.


Je soutenais l’éclat de la mort toute pure Telle j’avais jadis le soleil soutenu... Mon corps désespéré tendait le torse nu Où I’âme, ivre de soi, de silence et de gloire, Prête à s’évanouir de sa propre mémoire, écoute, avec espoir, frapper au mur pieux Ce cœur, — qui se ruine à coups mystérieux Jusqu’à ne plus tenir que de sa complaisance Un frémissement fin de feuille, ma présence...

Io tutta pura sostenevo della morte il balenio Sì come avevo un tempo il sole sostenuto... Il corpo mio disperato tendeva il torso nudo Ove l’anima, ebbra di sé, di silenzio, di gloria, Pronta a svanire dalla sua propria memoria, Ascolta, con speranza, bussare al muro pietoso Questo cuore, - crollar colpo su colpo misterioso Fino a non tener più della sua compiacenza Che un fremito tenue di foglia, la mia presenza...

Attente vaine, et vaine... Elle ne peut mourir Qui devant son miroir pleure pour s’attendrir.

Attesa vana, e vana... Ella non può morire Lei che piange allo specchio per intenerire.

Ô n’aurait-il fallu, folle, que j’accomplisse Ma merveilleuse fin de choisir pour supplice Ce lucide dédain des nuances du sort? Trouveras-tu jamais plus transparente mort Ni de pente plus pure où je rampe à ma perte Que sur ce long regard de victime entr’ouverte, Pâle, qui se résigne et saigne sans regret? Que lui fait tout le sang qui n’est plus son secret? Dans quelle blanche paix cette pourpre la laisse, À l’extrême de l’être et belle de faiblesse! Elle calme le temps qui la vient abolir, Le moment souverain ne la peut plus pâlir, Tant la chair vide baise une sombre fontaine! Elle se fait toujours plus seule et plus lointaine... Et moi, d’un tel destin, le cœur toujours plus près, Mon cortège, en esprit, se berçait de cyprès... Vers un aromatique avenir de fumée, Je me sentais conduite, offerte et consumée; Toute, toute promise aux nuages heureux! Même, je m’apparus cet arbre vaporeux, De qui la majesté légèrement perdue S’abandonne à l’amour de toute l’étendue. L’être immense me gagne, et de mon cœur divin L’encens qui brûle expire une forme sans fin... Tous les corps radieux tremblent dans mon essence!...

Oh, non bisognava che si compisse, delirante, La mia splendida fine che sceglie a supplicante Quel lucido sdegno delle sfumature della sorte? Troverai tu giammai più trasparente morte Né scarpata più pura ove striscio alla mia perdita Di questo lungo sguardo di vittima semiaperta, Cerea, rassegnata, che sanguina senza rimpianto? Che le fa tutto il sangue che più non è celato? In quale bianca pace questa porpora la ripone, All’estremo dell’essere e bella d’estenuazione! Lei placa il tempo che la viene ad abolire, Il momento sovrano non la può più impallidire, Tanto la carne vuota bacia una scura fontana! Ella diventa sempre più sola e più lontana... E io, a un tal destino, il cuor vieppiù nei pressi, Il mio corteggio, in spirito, si cullava di cipressi... Verso un aromatico avvenire di fumigata, Mi sentivo condotta, offerta e consumata; Tutta, tutta promessa alle nuvole gioiose! Anzi, io mi sembrai quell’albero vaporoso, Di cui la maestosità lievemente dispersa Si abbandona all’amore di tutta la distesa. L’essere immenso mi vince, e del cuor mio divino L’incenso che brucia espira una forma senza fine... Tutti i corpi radiosi tremano nella mia essenza!...

Non, non!... N’irrite plus cette réminiscence! Sombre lys! Ténébreuse allusion des cieux, Ta vigueur n’a pu rompre un vaisseau précieux... Parmi tous les instants tu touchais au suprême... — Mais qui l’emporterait sur la puissance même, Avide par tes yeux de contempler le jour Qui s’est choisi ton front pour lumineuse tour?

No, no! ... non irritar più questa reminiscenza! Oscuro giglio! Accenno dei cieli tenebroso, Il tuo vigore non ha saputo rompere un prezioso vascello...Fra tutti gl’istanti toccavi il sommo... - Ma chi potrebbe vincere il potere medesimo, Avido coi tuoi occhi di contemplare il chiarore Che ha scelto la tua fronte come lucente torre?

Cherche, du moins, dis-toi, par quelle sourde suite La nuit, d’entre les morts, au jour t’a reconduite? Souviens-toi de toi-même, et retire à l’instinct Ce fil (ton doigt doré le dispute au matin), Ce fil dont la finesse aveuglément suivie Jusque sur cette rive a ramené ta vie... Sois subtile... cruelle... ou plus subtile!... Mens!...

Cerca, almeno, dimmi, per qual sordo cammino La notte, di fra i morti, t’ha ricondotta al giorno? Ricordati di te stessa, ed all’istinto ritira Quel filo (il tuo dito dorato lo disputa all’aurora), Quel filo la cui finezza ciecamente seguita Fin a questa riva ha ricondotto la tua vita... Sii sottile...crudele...o più sottile!...Menti!


Mais sache!... Enseigne-moi par quels enchantements, Lâche que n’a su fuir sa tiède fumée, Ni le souci d’un sein d’argile parfumée, Par quel retour sur toi, reptile, as-tu repris Tes parfums de caverne et tes tristes esprits?

Ma sappi! ...Insegnami per quali incantamenti, Vile cui non seppe sfuggire la sua calda fumata, Né il pensiero di un seno d’argilla profumata, Per qual ritorno su di te, rettile, riacquisisti I tuoi profumi di caverna e i tuoi spiriti tristi?

Hier la chair profonde, hier, la chair maîtresse M’a trahie... Oh! sans rêve, et sans une caresse!... Nul démon, nul parfum ne m’offrit le péril D’imaginaires bras mourant au col viril; Ni, par le Cygne-Dieu, de plumes offensée Sa brûlante blancheur n’effleura ma pensée...

Ieri la carne profonda, ieri, la carne, mio tiranno, M’ha tradita...Oh! senza né carezza, né sogno!... Né demone, né profumo mi offrirono il periglio D’immaginarie braccia morenti al maschio collo; Né, dal Dio-Cigno, offeso di piume il biancore Suo incandescente riuscì la mente mia a sfiorare...

Il eût connu pourtant le plus tendre des nids! Car toute à la faveur de mes membres unis, Vierge, je fus dans l’ombre une adorable offrande... Mais le sommeil s’éprit d’une douceur si grande, Et nouée à moi-même au creux de mes cheveux, J’ai mollement perdu mon empire nerveux. Au milieu de mes bras, je me suis faite une autre... Qui s’aliène?... Qui s’envole?... Qui se vautre?... À quel détour caché, mon cœur s’est-il fondu? Quelle conque a redit le nom que j’ai perdu? Le sais-je, quel reflux traître m’a retirée De mon extrémité pure et prématurée, Et m’a repris le sens de mon vaste soupir? Comme l’oiseau se pose, il fallut m’assoupir.

E avrebbe conosciuto il più tenero dei nidi! Ché grazie al favore dei miei membri uniti, Vergine, fui nell’ombra un’offerta attraente... Ma il sonno fu vinto da soavità sì potente, E annodata a me stessa dei capelli nel giaciglio, Ho perso mollemente dei miei nervi il controllo, Nel mezzo alle mie braccia mi son fatta un’altra... Che si aliena?...Che s’invola?... Che si travolta?... In qual devianza celata il mio cuore si è immerso? Quale conchiglia ha ridetto il nome che ho perso? Lo so io qual riflusso traditore mi ha risucchiata Dalla mia estremità pura e in fretta maturata, E mi ha ripreso il senso del mio vasto sospiro? Come l’uccello si posa, mi son dovuta assopire.

Ce fut l’heure, peut-être, où la devineresse Intérieure s’use et se désintéresse: Elle n’est plus la même... Une profonde enfant Des degrés inconnus vainement se défend, Et redemande au loin ses mains abandonnées. Il faut céder aux vœux des mortes couronnées Et prendre pour visage un souffle...

Fu quella, forse, l’ora nella quale la veggente Interiore si consuma e si fa indifferente: Lei non è più la stessa...Una profonda infante Dai gradini sconosciuti si difende inutilmente, E rivuole da lungi le sue mani abbandonate. Devo cedere ai desideri delle morte coronate E prendere per volto un soffio...

Doucement, Me voici: mon front touche à ce consentement... Ce corps, je lui pardonne, et je goûte à la cendre Je me remets entière au bonheur de descendre, Ouverte aux noirs témoins, les bras suppliciés, Entre des mots sans fin, sans moi, balbutiés. Dors, ma sagesse, dors. Forme-toi cette absence; Retourne dans le germe et la sombre innocence, Abandonne-toi vive aux serpents, aux trésors. Dors toujours! Descends, dors toujours! Descends, dors, dors!

Dolcemente, Eccomi: questo consenso raggiunge la mia fronte... Questo corpo, lo perdono, e assaporo la cenere Mi rimetto tutta intera alla gioia di discendere, Aperta ai neri testimoni, le braccia straziate, Fra parole infinite, senza di me, balbettate. Dormi, saggezza, dormi. Formati quest’assenza; Ritorna nel germe e nell’ombrosa innocenza, Viva, ai serpenti, ai tesori ti devi abbandonare. Dormi sempre! Sempre scendi,! Scendi a dormire!

(La porte basse c’est une bague... où la gaze Passe... Tout meurt, tout rit dans la gorge qui jase... L’oiseau boit sur ta boucbe et tu ne peux le voir... Viens plus bas, parle bas... Le noir n’est pas si noir...)

(La porta bassa è un anello...dove passa la seta... Tutto muore...tutto ride nella gola che cinguetta... L’uccello beve sulla tua bocca e non puoi vederlo...

Délicieux linceuls, mon désordre tiède, Couche où je me répands, m’interroge et me cède,

Deliziosi lenzuoli, mio disordine tiepido, Giaciglio ove mi spando, interrogo e concedo,

Vieni più in basso, parla basso...Il nero non é così nero...)


Où j’allai de mon cœur noyer les battements, Presque tombeau vivant dans mes appartements, Qui respire, et sur qui l’éternité s’écoute, Place pleine de moi qui m’avez prise toute, Ô forme de ma forme et la creuse chaleur Que mes retours sur moi reconnaissaient la leur, Voici que tant d’orgueil qui dans vos plis se plonge À la fin se mélange aux bassesses du songe! Dans vos nappes, où lisse elle imitait sa mort L’idole malgré soi se dispose et s’endort, Lasse femme absolue, et les yeux dans ses larmes, Quand, de ses secrets nus les antres et les charmes, Et ce reste d’amour que se gardait le corps Corrompirent sa perte et ses mortels accords.

Là dove andai ad annegare le palpitazioni, Del cuore, tomba semiviva nelle mie abitazioni, Che respira, e su cui l’eternità si ascolta, Posto pieno di me dentro a voi tutta accolta, Oh forma della mia forma e impronta di calore Che i miei ritorni a me riconoscevan come loro, Ecco che tanto orgoglio che in vostre pieghe scende Con le bassezze del sogno infine si confonde! In vostre coltri ove liscio imitava il suo decesso L’idolo si stende e addormenta malgrado se stesso, Stanca donna assoluta con gli occhi nel suo pianto Quando, dei suoi nudi segreti gli antri e l’incanto, E quel residuo d’amore che il corpo ha conservato La sua perdita e gli accordi mortali hanno sciupato.

Arche toute secrète, et pourtant si prochaine, Mes transports, cette nuit, pensaient briser ta chaîne; Je n’ai fait que bercer de lamentations Tes flancs chargés de jour et de créations! Quoi! mes yeux froidement que tant d’azur égare Regardent là périr l’étoile fine et rare, Et ce jeune soleil de mes étonnements Me paraît d’une aïeule éclairer les tourments, Tant sa flamme aux remords ravit leur existence, Et compose d’aurore une chère substance Qui se formait déjà substance d’un tombeau!... O, sur toute la mer, sur mes pieds, qu’il est beau! Tu viens!... Je suis toujours celle que tu respires, Mon voile évaporé me fuit vers tes empires...

Arca tutta segreta, eppur così vicina, I miei slanci pensavano spezzar la tua catena, Stanotte; ho cullato solo di lamentazioni I tuoi fianchi colmi di luce e di creazioni! Che! Gli occhi miei freddi perduti in tanto azzurro Guardano là perire l’astro sottile e raro, E quel giovane sole dei miei stordimenti Mi sembra schiarire di un’antenata i tormenti, Tanto la sua fiamma ai rimorsi sottrae l’esistenza, E di aurora compone una amabile sostanza Che si formava già sostanza di un avello!... Oh, sopra ogni mare, sui miei piedi, che bello! Tu vieni!...Sono sempre quella che tu respiri, Svanito il velo mi sfugge verso i tuoi imperi...

... Alors, n’ai-je formé, vains adieux si je vis, Que songes?... Si je viens, en vêtements ravis, Sur ce bord, sans horreur, humer la haute écume, Boire des yeux l’immense et riante amertume, L’être contre le vent, dans le plus vif de l’air, Recevant au visage un appel de la mer; Si l’âme intense souffle, et renfle furibonde L’onde abrupte sur l’onde abattue, et si l’onde Au cap tonne, immolant un monstre de candeur, Et vient des hautes mers vomir la profondeur Sur ce roc, d’où jaillit jusque vers mes pensées Un éblouissement d’étincelles glacées, Et sur toute ma peau que morde l’âpre éveil, Alors, malgré moi-même, il le faut, ô Soleil, Que j’adore mon cœur où tu te viens connaître, Doux et puissant retour du délice de naître,

...Allora, io ho creato, se vivo commiati vani, Solo sogni?...Se arrivo, in trafugati panni, Su quel lito, senz’orrore, a fiutar l’alte schiume, A bere con gli occhi l’immenso e ridente amarume, L’essere contro il vento, nel più vivo dell’aere, Ricevendo sul viso un richiamo dal mare; Se l’anima intensa soffia e gonfia furibonda L’onda a picco sull’onda riversa, e se l’onda Al capo tuona e immola un mostro di candore, E viene a vomitare il fondale di alto mare Sulle rocce da cui sprizza fino al mio pensiero Un abbarbagliamento di scintille di gelo, E su tutta la mia pelle, morsa dall’acre risveglio, Allora, mio stesso malgrado, oh Sole, è meglio Che io adori il mio cuore in cui ti vieni a conoscere, Dolce e possente ritorno del piacere di nascere,

Feu vers qui se soulève une vierge de sang Sous les espèces d’or d’un sein reconnaissant!

Fuoco verso cui una vergine di sangue tende Sotto le specie d’oro di un seno che comprende!


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