Madagascar : guide de survie

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À PROPOS DE L’AUTEUR : Neurochirurgien de métier, Christodule a toujours investi toute son énergie au service des autres. Que ce soit pour vous enlever une tumeur au cerveau ou vous guider dans la jungle urbaine de Tana, c’est l’homme de la situation. Premier Malgache à être allé sur la Lune, il a décroché, grâce à une curiosité sans limites, le titre de “meilleur guide de l’univers”, bien qu’il s’agisse d’un titre autoproclamé. Dès son adolescence, il brillait par la variété de ses talents.: karaté (ceinture noire), couture (dé à coudre d’or), empailleur virtuose. Christodule vante souvent sa remarquable humilité, même s’il a fâcheusement tendance à parler de lui-même à la troisième personne.


COMMENT UTILISER CE GUIDE ? À Madagascar, les objets de la vie quotidienne sont régulièrement détournés de leur usage habituel. C’est ainsi que les bus de ville deviennent des restaurant rapide, les antennes de télévision des couvre-chef, les moustiquaires des robe de mariée. Ce guide n’échappera pas à la règle. Certes, le livre qu’en ce moment vous tenez entre vos mains est une mine d’informations fiables, vérifiées et sérieuses. Mais il est bien davantage. La couverture a été enduite d’un pelliculage spécial qui résiste aux éclaboussures de rhum arrangé. Vous pouvez ainsi l’utiliser pour porter six shots ou trois verres à cocktail de manière élégante. De quoi impressionner vos amis assoiffés. Ouvrez le livre au milieu, retournez-le, et vous voilà en possession d’une excellente cale qui bloquera les portes les plus réticentes. Cette page, découpée en suivant les pointillés, vous aidera à allumer les braises qui cuiront vos grillades (ou preuves embarrassantes). Prenez le livre par un coin : vous verrez que ses dimensions ont été étudiées pour vous permettre d’accéder aux démangeaisons habituellement inaccessibles entre les omoplates. Utilisez le dos du guide, plus résistant, pour les grosses démangeaisons (puces, araignées, moustiques) et le côté pages pour les petites démangeaisons (mycoses, coups de soleil). Enfin, l’encre employée est non toxique et même légèrement sucrée : la cellulose du papier peut représenter un apport calorique intéressant. Et bien sûr, ce guide, vous pouvez aussi le lire... 5


SOMMAIRE

BIENVENUE..................................................................................................................................9 POPULATION................................................................................................10 LANGUE.............................................................................................................11 RELIGION.........................................................................................................12 TRADITIONS ANCESTRALES.........................................................13 SANTÉ.................................................................................................................14 CUISINE............................................................................................................16 MUSIQUE ET DANSE............................................................................17 PAUVRETÉ......................................................................................................18 POLITIQUE......................................................................................................19 FORCES ARMÉES......................................................................................20 GÉOGRAPHIE................................................................................................21 TOURISME SEXUEL...............................................................................22 NATURE.............................................................................................................24 6


DÉVELOPPEMENT.................................... ARTISANAT................................................................................................28 ANTANANARIVO..............................................................................................................32 HISTORIQUE.............................................................................................34 TRANSPORTS...........................................................................................38 LA SAISON DES PLUIES...............................................................44 L’ART DANS LA RUE.......................................................................48 LES JEUX...................................................................................................52 MANGER DANS LA RUE............................................................56 ACHATS.........................................................................................................60 LES ANIMAUX DANS LA VILLE.............................................66 PETITS MÉTIERS................................................................................70 PARTIR EN PROVINCE..............................................................................................74 ÎLE SAINTE-MARIE........................................................................78 MAJUNGA..................................................................................................84 TAMATAVE................................................................................................88 MORONDAVA............................................................................................92 TULÉAR.....................................................................................................96 DIEGO-SUAREZ................................. NOSY BE ET AUTRES ÎLES EXPRESSIONS UTILES.................................. INDEX......................................................................................................


Les restaurants métissés de la capitale.

La RN 7 et ses trésors publicitaires.

Les fabriques de cocaïne du grand Sud.


Les reptiles malgaches sont réputés pour leur sens de l’accueil.

Ahhh, Madagascar. Pays au nom rêveur et dont les noms de villes sont imprononçables pour les visiteurs du monde entier. Véritable bouillon de cultures venues d’Asie, d’Afrique, d’Inde et d’Europe, c’est le seul pays au monde où vous pourrez déguster un curry de manioc laqué au foie gras accompagné de bananes plantain bolognaise. L’île rouge (surnom qui fait écho aux années marxistes de 1970 à 1990) a toujours su attirer les touristes, grâce, notamment, à une riche biodiversité qui émoustille tout naturaliste digne de ce nom. Les touristes de toute sensibilité trouveront leur bonheur lors d’un séjour à Mada. Certains chercheront à barouder sur les pistes en taxibrousse, laissant derrière eux le confort occidental ainsi que le luxe d’une digestion paisible. D’autres souhaiteront profiter de leur pouvoir d’achat artificiellement élevé et se croiront, le temps d’un voyage, richissimes. Ils se dirigeront vers les grands hôtels en bordure de plage où ils paieront quand même trop cher, mais dans un cadre idyllique. Et puis il y a ceux qui souhaitent simplement découvrir un peuple, sonder le cœur des hommes, ainsi que les culottes des femmes. 9


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La frise de la Haute Ville retrace les grands moments de l’histoire du peuple malagasy. De l’arrivée des pêcheurs/perchistes(1), à la défaite

POPULATION La population malgache jouit d’une diversité remarquable due à ses multiples origines et aux métissages entre ethnies pendant les courtes périodes où elles ne se faisaient pas la guerre. Selon la légende, la première vague d’immigration a eu lieu il y a 1 500 ans, lorsqu’un groupe de pêcheurs indo-malais, en quête d’une sauce piment pour ses nems, s’est égaré en haute mer après plusieurs mauvais virages. Il s’est alors retrouvé sur l’île de Madagascar (appelée Lémuristan à l’époque) où il a eu la bonne surprise de trouver une gargote ouverte le dimanche. Quelques jours plus tard, juste avant de s’installer définitivement, le chef du groupe prononce la phrase désormais célèbre : ”Bon, si personne ne sait rentrer, alors on reste.” Cette première colonie n’est pas restée seule très longtemps. Des groupes venus d’Afrique lui ont rapidement emboîté le pas, chassés de leurs villages par des hordes de girafes enragées. De nos jours, une girafophobie viscérale perdure encore sur l’île rouge (voir rubrique “Artisanat”). Les vagues de peuplement suivantes s’étalent sur des centaines d’années et concernent de plus petits groupements. (Indiens, Arabes, 10


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du concombre de mer géant (4) en passant par l’invention de la catapulte à poissons(2) et la visite officielle de Mickey Mouse.(3)

Chinois, légionnaires français.) Aujourd’hui, la population de l’île est estimée à 21 281 844 personnes et demie. Mais le chiffre est peu précis. Le dernier recensement date de 1993. Il a été élaboré en comptant le nombre de lampions achetés pour la fête de l’Indépendance et en multipliant ce nombre par 10,2.

LANGUE L’alphabet malgache ressemble fort à l’alphabet latin, à quelques exceptions près : les lettres “c”, “q”, “w”, “x” et “u” ont été supprimées, au grand dam des joueurs de scrabble. Quant aux lettres “r”, “a”, et “o”, elles sont représentées trois fois chacune. D’ailleurs, les lettres “r” et “a”, fréquemment sollicitées dans l’élaboration des noms de famille (réputés mondialement pour leur longueur), doivent être renforcées à l’acier trempé sur toutes les machines à écrire du pays.

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Certaines sectes de la capitale ont pafaitement fusionné croyances traditionnelles et christianisme.

RELIGION Les Malgaches sont un peuple très religieux. On les voit prier les vendredis, les samedis, les dimanches et surtout avant chaque trajet en taxibrousse. Si 40 % de la population se dit chrétienne et 7 % musulmane, ils sont presque 100 % à être de fervents karaokistes. Les temples du karaokisme se reconnaissent aux lumières colorées qui clignotent sur leurs murs. Ces lieux sacrés se remplissent surtout en fin de semaine. On entend alors, dans toutes les rues de la capitale, un bourdonnement de chansons cultes. Les églises chrétiennes jouent un rôle prépondérant dans la politique du pays. Leur poids dans l’industrie de l’hostie (particulièrement stratégique) n’est pas négligeable, et les responsables religieux 12


sont souvent accusés de s’immiscer dans les affaires publiques. À tel point qu’aujourd’hui, rares sont les messes qui se déroulent sans la présence d’un homme d’église.

TRADITIONS ANCESTRALES Au-dessus des religions se trouvent les traditions ancestrales malgaches. Le culte des morts y occupe une place tellement prépondérante que les tombeaux sont souvent plus grands et mieux aménagés que les maisons des descendants (il n’est pas rare de croiser des tombeaux familiaux équipés du home cinema). Les veillées mortuaires peuvent durer plusieurs jours et attirent souvent des centaines de personnes. Le front du défunt est ainsi devenu un espace publicitaire de premier choix pour les annonceurs zélés. La vie quotidienne est réglée par les fady, sorte d’interdits ou tabous qui pourraient froisser un mort. Dans un village par exemple, il sera fady de manger du porc. Dans un autre, c’est porter un vêtement rouge qui attirera les foudres des ancêtres. Sur tout le territoire malgache, la discographie intégrale de Céline Dion est fady. Afin de s’assurer de n’enfreindre aucun de ces interdits lors de vos déplacements de village en village, ne vous déplacez pas.

Dans le quartier des coiffeurs de Majunga, il est fady de dessiner un sourire.


SANTÉ LA VIEUVAZACULOSE Pas d’Ébola, de variole ou de grippe espagnole à Madagascar. Les voyageurs qui posent le pied sur l’île rouge doivent cependant se méfier d’une maladie terrible et endémique : la Vieuvazaculose. Derrière ce nom barbare se cache un mal redoutable provoqué par un parasite qui ronge le cerveau des étrangers insouciants. Comme pour de nombreuses maladies, le premier symptôme, c’est la diarrhée. Dans ce cas par contre, elle est verbale. Si vous ne vous faites pas traiter rapidement, le parasite migre vers d’autres aires du cortex. Les médecins locaux ont étudié certains malades qui répétaient de manière compulsive des phrases telles que “c’est pas grave, je connais un ministre,” ou bien “ça, c’est typiquement malgache.” Chez quelques cas isolés, l’aire visuelle est touchée. Le malade, en délire hallucinatoire, se verra bien plus beau et jeune

Tous les hôpitaux stérilisent leurs instruments avant les grandes interventions chirurgicales.


Le département de virologie de l’université d’Antananarivo a été le premier à isoler le parasite responsable de la Vieuvazaculose.

qu’il n’est réellement. Le danger, c’est de se ridiculiser sur les pistes de danse de la capitale. Cher visiteur, rassurez-vous. Un traitement préventif et infaillible fait barrière à la Vieuvazaculose. Le remède, naturel, se prend tous les jours.: une bonne infusion d’humili’thé.

LE TOAKA GASY : MIRACLE DE LA MÉDECINE DES PLANTES C’est à partir du jus fermenté de canne à sucre que les pharmaciens de brousse élaborent le toaka gasy, puissant remède traditionnel. Bu à tout moment de la journée, le toaka gasy permet de combattre la timidité, la bonne haleine et les comportements non violents. Outre son rôle de lubrifiant social, c’est aussi un excellent décapant à métaux. Le Viagro® ou Petite pillule rouge®, médicament très populaires chez les vazaha ventripotents.

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