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VICTOR GROS
Jurassiens
Victor Gros
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NUMÉRO 39
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Opticien dans la galerie Vivienne, à Paris, Victor Gros préside l'association qui veille au respect de l'esprit et à l'histoire des lieux.
LE GARDIEN DE LA GALERIE VIVIENNE
Arrivé à Paris en 2009, Victor Gros, lunetier jurassien, est devenu le gardien de la galerie Vivienne. Sa passion pour cette architecture commerciale issue du XIXe siècle le pousse même à conquérir l’Europe. Ü
Dans sa boutique de la galerie Vivienne au cœur de Paris, Victor Gros vend les lunettes familiales « made in Jura ». Mieux vaut le préciser. Un monde coloré, design, fait de produits en acétate de cellulose vendus partout dans le monde. Luxe, raffinement… Tout dans ce petit espace tourne autour de l’esthétique et du bon goût. Et puisqu’on parle de bon goût, ce Jurassien est président de l’association de la galerie Vivienne. Il est aussi membre de l’Association des passages et galeries historiques en Europe, association créée en 2019 dont le siège est à Bruxelles. Cet « Oyonnaxien immigré dans le Jura » – comme il se plaît à le dire – a beaucoup bourlingué avant d’atterrir dans le deuxième arrondissement, à deux pas du Palais Royal [lire Numéro 39 n° 2]. Parti à l’âge de dix-huit ans faire ses études aux États-Unis, il rejoint ensuite l’entreprise de ses parents à Clairvaux-les-Lacs. C’était en 2003. On lui confie l’export: Asie, Amérique du Nord, Europe. Il n’arrête pas de bouger et s’installe même à demeure aux USA en 2006. Il fait de nouveau ses valises en 2009, date à laquelle il décide de rentrer au pays: « J’en avais ras le bol, mon père m’a proposé de tenir le magasin de la galerie Vivienne acheté quelques années plus tôt. J’avais trente ans, je suis retourné en cours pour passer un BTS option lunetier, obligatoire pour tenir un magasin. » Le temps a passé et, peu à peu, le charme du numéro 5 de la rue de la Banque a opéré. Victor Gros rejoint l’association de la galerie Vivienne. Depuis cinq ans, il en est le président: « C’était la belle endormie, le gestionnaire de l’époque ne s’occupait quasiment de rien. Or la galerie, ce sont trente-deux commerçants, une renommée internationale et près de 200 logements aux étages, uniquement des locations dont beaucoup relèvent de la loi de 1948. C’est enfin une galerie inscrite aux Monuments historiques qui fait partie du patrimoine parisien », énumère-t-il. Aussi l’association réclame-t-elle un droit de regard sur les dossiers concernant ce lieu pas comme les autres. Elle veut aussi être consultée sur le choix des nouveaux commerçants. « Nous avons affirmé notre volonté d’accueillir des créateurs. Jean-Paul Gauthier est resté ici, dans son atelier, jusqu’à l’arrêt de ses activités de prêt-à-porter en 2014, indique l'opticien. Nous voulions poursuivre dans cette voie. » Par chance, la SCI gestionnaire appartient à 80 % à l’Académie des Beaux-Arts (qui aide financièrement l'associa-Ü
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tion) et à 20 % à des petits porteurs. Le courant passe. La rénovation lancée en 2014, mal engagée lors de la première tranche, s’achève en 2019: « Tout était à refaire, excepté les mosaïques. La galerie devenait dangereuse, la verrière menaçait de s’effondrer. Nous avons été partie prenante », énumère-t-il. Après cinq années éprouvantes, l'endroit retrouve le lustre de ses débuts, en 1826 : « Nous avons tout connu: les travaux, la perte de clients, les attentats, les gilets jaunes, les grèves… et la Covid. Mais la rénovation a changé les choses pour ce lieu si particulier. » Un bonheur n’arrivant jamais seul, Victor Gros reçoit un jour un appel d’un certain Alexandre Grosjean qui n’est autre que le président des Galeries Royales SaintHubert de Bruxelles, et d’Olivier Hamal, président du Passage Lemonnier à Liège. Ces deux sites sont associés et ils voudraient que Paris les rejoigne pour atteindre une dimension européenne. L’idée d’un jumelage est évoquée et concrétisée, dans un premier temps avec la Galerie Saint-Hubert en 2018 à Bruxelles. Le 12 septembre 2019, au tour de la galerie Vivienne de recevoir en grande pompe: « Le 13 septembre 2019, le second acte a été la création de l’Association des passages et galeries historiques en Europe dans la salle des séances de l’Institut de France en collaboration avec l’Académie des Beaux-Arts, le ministère de la Culture et l’Union européenne. Hélas, constituée juste avant la pandémie, l’association est encore en stand-by », regrette le Franc-Comtois. Pourtant, avec un potentiel de 178 lieux répartis dans dix-huit pays et 119 villes, les projets ne manquent pas, à commencer par d'autres jumelages: « En Italie, il existe la galerie Vittorio Emmanuelle II à Milan, il y en a d’autres en Espagne, aux Pays-Bas... L’idée est de faire reconnaître tous ces lieux au patrimoine mondial de l’Unesco. Ce sont les ancêtres de nos centres commerciaux, ils datent pour la plupart du XIXe siècle. » Victor Gros, lui, s’occupe plus particulièrement de la France où les galeries et les passages sont également légion: le passage Pommeraye à Nantes, d’autres à Bordeaux, à Lyon… Le travail ne manquera pas.
Galerie Vivienne: la bourgeoise
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Pour Victor Gros, une galerie n'est pas un passage. On doit aimer y flaner.
Comme tous les passages de la capitale (il en reste dix-sept sur une centaine au début du XXe siècle), la galerie Vivienne répond à un souhait de la bourgeoisie. A l’époque, le goudron n’existe pas, les rues sont sales. Pas question d’aller se crotter pour faire ses achats en plein cœur de la capitale. L’idée de créer des lieux couverts où se concentreraient les boutiques de luxe. Les architectes se mettent au travail. La galerie Vivienne, de style néo-classique, est conçue par Delannoy. Elle ouvre en 1826. Sa verrière l’inonde de lumière, surtout à la mi-journée. Décorée de mosaïques aux couleurs chatoyantes, elle s’étend sur 176 mètres de longueur et trois mètres de largeur avec une grande galerie de 42 mètres qui débouche sur une rotonde surmontée d’une coupole en verre d’où part une seconde galerie dotée d’un petit passage qui offre ainsi une troisième sortie. Elle fait l’orgueil de ce quartier au cœur de la capitale. D’ailleurs, Victor Gros, président de l'Association de la galerie Vivienne, rappelle à qui veut l’entendre qu’un passage n’est pas une galerie. Dans le premier, on passe. Dans la seconde, on flâne…
Éric Fottorinocélèbre les paysans du Jura
Journaliste et écrivain, Éric Fottorino publie en août un nouvel ouvrage chez Gallimard. Mohican raconte l’histoire d’une famille de paysans jurassiens en butte aux illusions de la modernité symbolisée par les éoliennes. Un hommage aux hommes de la terre, mais aussi à la majesté rude d’un monde qui refuse de mourir.
P Éric Fottorino, Mohicans, Gallimard, 288 pages, 19,50 €.
Mathieu Maysonnave imagine Dole en 2025
Ce professeur de mathématiques à Auxonne (21), Dolois depuis six ans, a reçu le Prix de la France des Villes Moyennes pour une nouvelle, Dole, mœurs de province. Avec d'autres textes, celle-ci a été publiée par La Fabrique de la Cité (accessible en PDF sur Internet). Originaire de Seine-et-Marne, l'auteur situe son récit en 2025, lorsque le rappeur Kanye West veut devenir maire de la sous-préfecture.
Philippe Guichard, gendarme trois étoiles
Lédonien d’origine, celui qui vient de passer trois ans à la tête de la gendarmerie de l’air à Velizy-Villacoublay (Yvelines), vient d’être promu au grade de général de division. Une troisième étoile pour de nouvelles fonctions comme chef de la division des audits et des expertises techniques à l’inspection générale de la Gendarmerie nationale (IGGN). Philippe Guichard a commencé sa carrière à Dole en 1985.
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