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CAROLINE DAVID

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ÉMILIE SATT

ÉMILIE SATT

Jurassiens

Fille d'un fromager qui a travaillé dans le Haut-Jura, l'artiste a beaucoup voyagé durant sa vie avant de poser son chevalet à Roubaix.

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NUMÉRO 39

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Caroline David DÉCODE BARRE

Cassandre vous interpelle, mais l’entendez-vous? Pourtant elle a tant de choses à dire sur la science qui transforme notre vie pour la rendre artificielle. Personnage double, cloné ou simple robot? Electre vous observe, femme en transformation. Plus tout à fait naturelle, sans être encore complètement artificielle. Ce sont les portraits de l’an 2100, transhumanistes, des dernières toiles de Caroline David. La petite fille de cinq ans arrivée aux Rousses un beau matin de 1980 dans le sillage de ses parents fromagers a fait du chemin depuis: Budapest, Paris, Shanghai et,

Après vingt ans d’absence, Caroline David est revenue cet hiver maintenant, Roubaix aux Rousses, où l'artiste globe-trotter a présenté des œuvres où elle a posé son surprenantes sur notre monde numérique. Ü atelier. Les senteurs du comté ont laissé la place à un univers froid, inodore, numérique où les codes-barres et les datas gérés par les machines, se jouent des humains. La jeune peintre autodidacte a donc quitté les frontières d’un monde qui semblait immuable pour un autre, globalisé et artificiel. Sa métamorphose a commencé par le pixel, symbole de cette transformation. Petits carrés multicolores qui, juxtaposés, composent un ensemble particulièrement cohérent: « J’ai commencé à travailler le pixel dans les années 2008/2009 en Hongrie. C’était pour moi la figuration picturale et esthétique évidente qui marquait l’ère du

numérique. » Elle se poursuit aujourd’hui avec les codesbarres et les données numériques qui disent tout de chacun d’entre nous. Ainsi propose-t-elle une femme prise dans l’obturateur d’un appareil photo, femme immergée dans un data lake (lac de données): « Nous générons à chaque instant et à notre insu une multitude de datas avec nos smartphones. Cet univers du numérique où la machine prend de plus en plus de place porte en lui la perspective d’une innovation extraordinaire, en même temps qu’un côté obscur… » Caroline David ne juge pas. Ses peintures ne font que poser des questions. Le sens du trait, la chromatique des couleurs font le reste. Cette interrogation sur notre monde en perte de repères n’est au fond que le fruit d’une longue pérégrination à travers le monde: « Je suis partie vivre en Hongrie en famille, puis en Chine d’où nous avons dû fuir la pollution. » Tiens donc… Monde moderne, inhumain et tellement fascinant par sa démesure. C’est cet environnement-là que Caroline David, dont il n’est pas vain de préciser qu’elle a une solide formation en marketing et communication, a choisi de traduire: « J’avais suivi une formation de conseil en image à Paris et le travail de la couleur a été une véritable révélation. Un jour, à Budapest, j’ai acheté une toile, des pinceaux et des couleurs. » C’était en 2006. Ses premières peintures inspirées du cinéma racontent des ambiances autant que des personnages, de Nicole Kidman à Maggie Cheung. Des portraits pixélisés à base de peinture acrylique et de pastels. Mais c’est de retour d'Asie (où elle n’a pas réussi à créer) qu’elle fait une incursion dans une startup de Lille. Grisée d’algorithmes, d’intelligence artificielle, de data, elle en fait son univers: « Je me suis approprié ce monde et je l’ai transposé dans la matière. » Et maintenant? Elle rêve du Jura… « Je suis très attirée par les couleurs de Guy Bardone, je sens que je vais utiliser sa palette dans un avenir proche. » Retour à la nature? Pourquoi pas, mais sous une autre forme, peut-être des installations. Caroline David doit bien un peu de ce qu’elle est devenue à cette région qui l’a vue grandir: « Dans mes rêves, c’est ici que je reviens! » ˜

100 RIRES ! ELLE a 100 ANS ?

Pierric Bailly

BONNES

CRITIQUES Il occupe une place particulière dans le paysage littéraire français depuis Polichinelle, son premier ouvrage publié en 2008. Avec Le roman de Jim, jamais un de ses livres n’aura reçu un tel accueil critique : « Pierric Bailly, l’écrivain des familles » (Le Monde), « L’école paternelle » (Libération), « un livre très important et très émouvant sur la parentalité assumée d'un beau-parent » (Frédéric Beigbeder dans Le Masque et la Plume). Le public est au diapason.Le roman de Jim, c’est l’histoire d’un homme, Aymeric, d’un enfant, Jim. Et aussi celle de Florence, avec laquelle s’ouvre ce livre au Lycée Victor-Bérard de Morez. Dans ce récit, qui couvre une période de plus d’une vingtaine d’années, Pierric Bailly porte en fait un regard juste et sensible sur thème de la paternité. Et, à travers les trajectoires de ses personnages, il évoque comme personne la réalité d'un territoire de moyenne montagne et de ses petites villes : le Jura. Pour Sylvie Tanet des Inrockuptibles, « l’auteur sait montrer le déterminisme social sans verser dans le misérabilisme, et il n’y a jamais de clichés dans ce portrait d’homme à la limite de la marginalité. »« En s’installant une nouvelle fois dans son Jura natal, l’écrivain ne croit même plus en l’apaisement de la nature. Il n’autorise pas son héros, ballotté par les échecs et la solitude, à se défendre et le laisse sur le bas-côté, entre missions d’intérim et soirées bières avec les copains », ajoute Chris-tine Ferniot dans Télérama.Enfin, dans L'Obs, Jérôme Garcin retient l'émotion provo-quée par un texte qu'il qualifie – excusez du peu ! – d'« art brut » : « Le sixième roman de Pierric Bailly est un vrai mélodrame. Mais un mélo sans outrances ni emphase, en noir et blanc, où la bande-son est celle du vent froid dans les bois des Hautes-Combes et où un homme gentil, candide, infortuné, conciliant, “le dernier des glands”, est condamné à une irrémédiable solitude. »P Pierric Bailly, Le roman de Jim, POL, 256 pages, 19,90 €.

« Pierric Bailly, l'écrivain des familles » pour Le Monde.

b KOSTIA/ADOBE STOCK

Paul-Émile Victor SA BIOGRAPHIE ILLUSTRÉE

Le rêve et l’action est le second ouvrage cosigné par Daphné Victor, la fille de Paul-Emile Victor, et Stéphane Dugast, journaliste et reporter. Il raconte la vie de l’explorateur jurassien depuis son enfance, quand il lisait dans le grenier familial les revues et les livres qui parlaient d’aventures et de mondes nouveaux. Encore éclaireur de France, il nourrissait déjà ce rêve qui peut paraître antagoniste des pôles et de la Polynésie. Sa vie l’amènera à connaître les deux… Officier de marine, pilote d’avion, il reprend dans un premier temps l’entreprise familiale de fabrication de pipes avant de rencontrer Charcot, médecin et explorateur polaire. Sa passion prend le dessus, il embarque avec lui en 1934 pour le Groenland qui le marque à jamais. Après la guerre, il crée les Expéditions polaires françaises, forme de jeunes scientifiques et multiplie les missions aux pôles Nord et Sud avant de terminer sa carrière dans les années 1970 en Polynésie. Les deux auteurs livrent ainsi la première biographie illustrée du célèbre explorateur.

P Daphné Victor et Stéphane Dugast, Le rêve et l'action, Éditions Paulsen, 216 pages, 39,90 €.

Romain Weber VOUGLANS EN PODCASTS

Désormais partie prenante de l’imaginaire jurassien, le lac de Vouglans n’en finit pas d’inspirer écrivains et metteurs en scène. Il y a eu André Besson et ses deux opus Le village englouti et le Barrage de la peur. En 2019, on a pu voir le téléfilm de France 3, « Meurtre dans le Jura ». Depuis le début de l’année, on peut ajouter les onze épisodes du podcast Les Disparus de Bas-Vourlans. Écrite par Romain Weber, jeune Parisien de 26 ans, producteur de documentaires, et mise en son par Laurence Courtois, réalisatrice de fictions sonores à Radio France, cette série se boit comme un verre de macvin. Détente et plaisir assurés. Histoire banale, pourtant, puisqu’après un été torride qui fait descendre les eaux du lac, apparaissent les vestiges de l’ancien village de Bas Vourlans et, avec eux, deux squelettes oubliés dans une maison. Le curé du coin, soutenu par deux jeunes locaux, va s’efforcer d’élucider ce mystère enfoui sous 45 mètres d’eau. Les dialogues sont colorés sans être caricaturaux et le son particulièrement évocateur.

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