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l’assainissement - Dennis MWANZA
from Surmonter les barrières institutionnelles et organisationnelles à l’assainissement : quoi de neuf ?
3.4. Le regard d’un expert de l’assainissement -Dennis MWANZA
L’assainissement est l’un des plus grands défis de développement auxquels nous sommes confrontés. Les solutions pour l’assainissement urbain relèvent de quatre catégories : institutionnelle, technique, financière(infrastructure et prestation de services) et enfin organisationnelle.
Se référant à l’article de DASGUPTA qui mettaitl’accent sur les dynamiques d’urbanisation en Inde, des défissimilaires se posent dans beaucoup depays, où de nombreuses villes se développent également. Cependant, les réseaux collectifs, supposés être les solutions idéales pour l’assainissement urbain, ne se sont pas développés au même rythme que les villes. Il en découle comme l’illustre SCHRAMM une situation où tout le monde a besoin de toilettes. Les habitants souhaitentvivre une vie moderne. Avoir une vie moderne signifie disposer de toilettes à chasse d’eau dans la maison et ne pas devoir penser à ce qui se passe une fois que vous avez tiré la chasse d’eau. Pourtant, si vous êtes propriétaire, au bout d’un mois, six mois, un an, deux ans, vous devez penser à vidanger votre fosse septique (si vous n’êtes pas raccordé à un réseau d’égouts en état de marche). Il en résulte que tous les habitants souhaitent être raccordé à un réseau d’égout, où il suffit de tirer la chasse d’eau. Mais cela n’est pas possible dans la plupart des pays en développement où l’extension des réseaux d’égouts est limitée. C’est pourquoi nous avons sans aucun doute une vision commune, en tant qu’acteurs de ce secteur, selon laquelle tout le monde doit avoir des toilettes. Mais les ODD vont au-delà du simple fait d’avoir des toilettes, il s’agit aussi de bénéficier d’un assainissement géré en toute sécurité, ce qui signifie que les matières fécales doivent êtretraitées.
Les enseignements qui en découlent sont que, premièrement, il est nécessaire d’avoir un service ministériel ou un département gouvernemental doit être clairement défini ou identifié comme responsable de l’assainissement urbain. Cela permet de renforcer la priorité de l’assainissement en termes d’intervention du gouvernement. En effet, l’assainissement est l’affaire de tous. C’est un service public qui peut être soit une nuisance, soit un outil de développement. Il doit donc y avoir un système de pilotage efficace avec des politiques claires : des politiques qui donnent des directives sur la technologie, les méthodes de financement, ainsi que l’organisation. Qui sera responsable de la fourniture du service d’assainissement, la municipalité, le service public ou une entreprise privée ? En outre, il est évident qu’une planification efficace est nécessaire pour donner une orientation stratégique. Cela permet également au gouvernement d’avoir une ligne budgétaire dédiée. Le fait d’avoir une responsabilité institutionnelle clairement définie au niveau du gouvernement présente d’autres avantages, comme bénéficier d’institutions plus efficaces, d’une meilleure coordination et d’un contrôleciblé. Cela garantit naturellement un haut niveau de responsabilité.
Concernant l’organisation du service de l’assainissement, l’approche la plus courante consiste à aborder les différents segments de la chaîne de valeur de l’assainissement individuel, en commençant par l’accès aux toilettes,puis la vidange et le transport, et bien sûr le traitement et la réutilisation.
Accès aux toilettes. En ce qui concerne les systèmes de toilettes, la question est de savoir s’ils sont raccordés à un égout ou une fosse septique. Les latrines à fosse, qui sont des solutions pour de nombreuses personnes vivant dans des quartiers informels, ne sont généralement pas à base d’eau. La responsabilité de mettre en place des systèmes de toilettes incombe généralement au propriétaire de l’immeuble. Il faut ensuite s’intéresser aux solutions d’assainissement pour les institutions, telles que les établissements publics (écoles, hôpitaux, universités) et ainsi que les lieux publics, comme les marchés et les gares routières. De nombreux pays en développement tententde résoudre certains de
ces problèmes par le biais d’une approche basée sur le marché, c’est-à-dire en utilisant le principe du paiement par l'usager. En général, ce système est géré par l’organisation qui s’occupe du marché ou par une personne physique ou morale privée.
Vidange et transport des eaux usées, ou des «matières de vidange». Le réseau d’égouts est très limité dans de nombreux pays. En Inde, moins de 50% de la population urbaine est raccordée à un réseau d’égouts. Sur le continent africain, selon le rapport du JMP, moins de 15 % de la population urbaine est raccordée à un réseau d’égouts. Ce qui signifie que les solutions dont nous disposons réellement sont celles qui ne sont pas raccordées à un réseau d’égouts. Les questions de vidange et de transport sont donc essentielles. Il est fréquent que ce domaine soit géré par le secteur privé, mais dans quelques pays, il peut s’agir d’un système gouvernemental et différentes approches sont mises en œuvre, comme la vidange programmée. Il y a deux questions auxquelles il faut répondre : la première concerne l’autorisation des vidangeurs, à savoir qui peut être habilité ; et la seconde, la régulationdu prix de la vidange, parce que cela peut parfois être un obstacle.
Traitement et réutilisation. Il s’agit généralement d’un élément du secteur public : les gouvernements et les ministères doivent investir dans la construction d’une certaine forme d’installation de traitement, pour les boues fécales ou un mélange de boues fécales et de traitement des eaux usées: ces installations doivent être mises en place. Mais qui paie pour cela ? Pour l’infrastructure elle-même, très probablement, les gouvernements, mais qui paie pour la maintenance ? Devrait-il s’agir de charges ou de taxes du gouvernement ? Ce qui soulève la question de la réglementation : dans de nombreux pays, l’assainissement n’a pas vraiment reçu l’attention qu’il mérite, il n’y a donc pas de secteur clairement réglementé, et pourtant il y a tout intérêt à définir un certain type de cadre réglementaire pour les services d’assainissement, quel qu’il soit -les avantages se situent essentiellement au niveau des taxes, ou même de la qualité des services fournis.
Gouvernance. Qui est responsable de ce service ? Comment interagit-il avec les usagers? Il doit y avoir une relation très forte entre les usagers et les prestataires. Il n’existe pas de solution universelle et nous devons envisager des solutions différentes.
En synthèse, il est important de prendre en compte l’historique et le contexte avant de décider de la marche à suivre.Il existe plusieurs approches pour organiser le service. Parfois une solution est motivée par une crise. Quoi qu’il en soit, nous devons prendre en compte les usagers, l’historique et le contexte.