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Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires

DES PLANS NATIONAUX D’ACTIONS POUR PROTÉGER LES ESPÈCES MENACÉES

Le ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires (MTECT) porte une politique forte de protection des espèces menacées, notamment grâce à un outil stratégique opérationnel : le plan national d’actions (PNA), qui intègre dans son élaboration et sa mise en œuvre la participation d’une multitude d’acteurs.

Les plans nationaux d’actions (PNA) sont des documents stratégiques opérationnels qui définissent les actions nécessaires à la conservation et à la restauration des espèces de faune et de flore sauvages menacées ou faisant l’objet d’un intérêt particulier.

Cet outil de protection de la biodiversité est mobilisé lorsque les autres politiques publiques environnementales et sectorielles incluant les outils réglementaires de protection de la nature sont jugées insuffisantes pour aboutir à cet objectif.

Un PNA est coconstruit avec l’ensemble des acteurs d’un territoire – associations, gestionnaires, conservatoires botaniques nationaux, collectivités territoriales, secteur économique... – et son pilotage est réalisé par les services déconcentrés de l’État. Il s’articule autour d’un état des lieux initial, de la définition d’une stratégie et de fiches actions concrètes visant à moyen ou long terme – cinq à 10 ans – la conservation ou le rétablissement des populations des espèces concernées.

Par exemple, l’iguane des Petites Antilles (ci-dessus) et le crabier blanc (ci-dessous) ont bénéficié de plans nationaux d’actions.
© Anaïg Dantec / ONF

En 2016, la loi sur la reconquête de la biodiversité a prévu une priorisation des espèces endémiques les plus menacées, orientant les nouveaux PNA principalement vers des espèces de flore et en outre-mer. Il existe aujourd’hui 70 plans nationaux d’actions dont près d’un tiers dans les territoires ultramarins, et la Stratégie nationale biodiversité 2030 prévoit le lancement de 20 nouveaux PNA d’ici 2030.

Ces dernières années, les moyens financiers du MTECT sont en augmentation avec, durant l’année 2023, 8,7 millions d’euros consacrés aux plans nationaux d’actions et 20 millions d’euros supplémentaires mobilisés pour des projets territoriaux de mise en œuvre des PNA via le Fonds vert.

Crabier blanc à Mayotte.
© GEPOMAY

LA SUCCESS STORY DU PNA EN FAVEUR DU CRABIER BLANC

« Le PNA en faveur de ce petit héron qui niche à Mayotte, Madagascar et sur les îles Europa et Aldabra dans l’océan indien a été lancé en 2019 pour une durée de cinq ans. La population de cet oiseau à Mayotte est passée de 182 couples en 2018 à 545 couples en 2023, la surveillance et le suivi des sites de reproduction dans le cadre du PNA ayant permis d’améliorer la situation de l’espèce », se réjouit François Lengrand, adjoint au chef de bureau de la chasse, de la faune et de la flore sauvages au MTECT.

INTERVIEW CROISÉE

Bruno Lazzarini
Iarïs Loiseau
BRUNO LAZZARINI, CHEF DU PÔLE BIODIVERSITÉ NATURE ET PAYSAGES –DIRECTION DE L’ENVIRONNEMENT, DE L’AMÉNAGEMENT ET DU LOGEMENT (DEAL) ET IRAÏS LOISEAU, CHARGÉE D’ANIMATION DES PNA FLORE AU CONSERVATOIRE BOTANIQUE NATIONAL DE MARTINIQUE
• Comment sont déployés les plans nationaux d’actions (PNA) en Martinique ?

Bruno Lazzarini - La première espèce végétale qui a bénéficié d’un PNA (2021-2025) sur l’île – et aussi à l’échelle des Antilles françaises – est l’estrée de Saint-Pierre, une plante qu’on ne retrouve malheureusement plus à l’état sauvage en Martinique. Nous avons souhaité ensuite nous consacrer à des espèces menacées vivant dans des milieux mésophiles, qui sont des habitats vraiment très dégradés par l’activité humaine.  La forêt mésophile, qui s’élève au-delà de 200 mètres d’altitude, est un écosystème de transition entre la forêt sèche et la forêt humide.

Nous sous sommes ainsi concentrés sur deux espèces endémiques de Martinique qu’on observe sur des secteurs similaires : le cerisier montagne et l’ananas-bois, pour lesquels un PNA de rétablissement a été déployé pour cinq ans (2022-2026). La DEAL Martinique pilote ce plan, qui est rédigé et animé par le Conservatoire botanique national de Martinique (CBNMq), en collaboration avec tous les acteurs concernés du territoire.

Le cerisier montagne (Eugenia gryposperma).
© CBNMq
L'ananas-bois (Aechmea reclinata).
© CBNMq

Pour le prochain PNA, nous nous intéresserons à des espèces floristiques de ripisylves, ces forêts qui bordent les rivières, l’enjeu étant au-delà de la protection de certaines espèces endémiques, d’œuvrer en faveur d’un milieu spécifique, et donc de préserver d’autres espèces moins menacées à ce jour.

• Quelles actions sont menées sur le PNA dédié au cerisier montagne et à l’ananas-bois ?

Iraïs Loiseau - Nous travaillons sur quatre axes principaux : l’amélioration des connaissances, la conservation des espèces, la restauration des habitats pour les remettre dans un état écologique soutenable et enfin la valorisation et la communication, auprès du grand public ou des acteurs du territoire : formation des gestionnaires d’espaces naturels à la reconnaissance du cerisier montagne et de l’ananas-bois...

La montagne du Vauclin est l’un des très rares sites à abriter ces deux espèces végétales endémiques strictes de la Martinique.
© CBNMq

L’action phare réalisée à ce stade a été le travail de concertation avec la mairie du Vauclin qui a permis de proposer un dossier de mise en arrêté préfectoral de protection de biotope de la montagne du Vauclin et du sommet du morne Firmin, en cours d’étude. Nous avons bon espoir que ces actions de concertation, protection des habitats, gestion des espèces exotiques envahissantes, réintroduction des cortèges floristiques originaux améliorent, à terme, l’état conservatoire du cerisier montagne et de l’ananas-bois.

Rédaction et interview : Lucie Labbouz

+ d’info ici : PNA cerisier montagne et ananas-bois

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