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TAAF

LE PROJET « RÉCIFS ISOLÉS 2 » VA ÉVALUER L’ÉTAT DE SANTÉ DES CORAUX DES ÎLES ÉPARSES

Les récifs coralliens des îles Eparses sont de véritables témoins des changements globaux. Pour faire le point sur leur état de santé, les Terres australes et antarctiques françaises, l’OFB, l’IFRECOR  et la Fondation de la mer s’engagent à travers le projet Récifs isolés 2.

Les îles Éparses, dispersées autour de Madagascar, font partie d’un des 36 points chauds de biodiversité à l’échelle mondiale. Ces îles sont parmi les derniers sanctuaires de biodiversité tropicale de l’océan Indien occidental disposant d’un patrimoine biologique exceptionnel et notamment d’écosystèmes récifaux dans un très bon état de conservation. De par leur isolement et une occupation humaine historiquement très limitée, ces îles sont très peu soumises aux pressions humaines directes. Elles rendent compte des effets des variations climatiques et de leurs seuls impacts sur les écosystèmes marins et insulaires. Elles représentent ainsi des sites de référence pour la communauté scientifique qui s’intéresse à l’évolution du climat, de la biodiversité et aux conséquences des changements globaux dans cette région du monde.

Exploration sous-marine au large d’Europa, la plus grande et riche en biodiversité des Îles Éparses.
© Julien Wickel

Le projet Récifs Isolés 2, porté par les TAAF en collaboration avec de nombreux partenaires techniques et scientifiques, a vocation à évaluer l’état de santé des récifs coralliens des îles Éparses et de la Zélée (Mayotte), de développer un observatoire long terme et de contribuer à la mise en réseaux des aires marines protégées voisines. Il s’inscrit dans la continuité du projet « Récifs isolés » qui portait les mêmes objectifs sur le périmètre plus resserré du Parc naturel marin de Mayotte et de la Réserve naturelle nationale de l’archipel des Glorieuses et dont les résultats ont abouti à des mesures de gestion.

Longue d’environ 1 700 mètres et large d’au maximum 700 mètres, Tromelin est la seule des Îles Éparses située hors du canal du Mozambique.
© Alexis Cuvillier

À travers une série de campagnes, dont les prochaines sont programmées en avril puis fin 2024, le projet vise plus spécifiquement à :

• établir, via des protocoles standardisés à l’échelle nationale ou internationale, un bilan de l’état de santé de ces récifs coralliens isolés et écosystèmes associés (mangroves et herbiers à phanérogames), cinq ans après le dernier suivi ;

• identifier selon leur évolution, l’effet potentiel du changement climatique – épisode de blanchissement coralliens successifs – et des rares activités humaines comme la pêche illégale aux concombres de mer ;

• tester des outils innovants pour le suivi des récifs isolés comme des approches acoustiques, génétiques (ADNe), ou de géomatique : drone, télédétection...

• partager et valoriser les résultats et conclusions de ces travaux avec les gestionnaires d’aires marines protégées de la zone et le grand public.

Plongée avec transect et photogrammétrie pendant la campagne précédente « Récifs isolés », pour mieux connaître l’état de santé des récifs aux Glorieuses.
© Julien Wickel

Les résultats issus de ces campagnes contribueront au prochain bilan global sur l’état de santé des récifs coralliens d’outre-mer piloté par l’IFRECOR. Ils permettront localement d’orienter les efforts de gestion pour protéger l’ensemble de ces écosystèmes sensibles, notamment dans la perspective du projet de classement en Réserve naturelle nationale des îles Éparses.

Sortie en mer aux Glorieuses lors du projet « Récifs isolés ».
© DR

TÉMOIGNAGE

Clément Lelabousse
et Grégoire Moutardier

CLÉMENT LELABOUSSE, CHARGÉ DU PLAN LOCAL IFRECOR ET GRÉGOIRE MOUTARDIER, COORDINATEUR DU PROGRAMME RÉCIFS ISOLÉS 2

« Une prochaine mission est prévue à bord du Marion Dufresne II pour l’île Tromelin. Nous nous tenons informés de l’évolution des indicateurs de température. Actuellement avec El Niño, une vague de chaleur est attendue dans la zone en mars ou avril, ce qui risque d’entraîner un blanchissement des coraux.

Avec nos partenaires, nous planifions du mieux possible nos missions en optimisant tous les paramètres : matériel, organisation des opérations hyperbares, etc. Si les travaux à effectuer sous l’eau restent assez simples, les conditions peuvent être compliquées et il faut toujours avoir un plan de secours. De retour au bureau, beaucoup de travail nous attend, pour analyser et estimer le blanchissement et ainsi l’état de santé des récifs coralliens. »

Mise en place d’un transect, c’est-à-dire d’un tracé linéaire sous-marin permettant un suivi des récifs coralliens.
© GCRMN
Rédaction et interview : Pauline Salvatico
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