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Mayotte

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LA CADEMA, À L’INITIATIVE DE SOLUTIONS POUR ENDIGUER LA CRISE DE L’EAU

Face à la crise de l’eau à Mayotte, la Communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou (Cadema) recherche activement des solutions alternatives pour garantir un approvisionnement en eau stable et durable, indépendant et complémentaire du réseau d’eau potable.

La situation critique de la pénurie d’eau à Mayotte constitue un défi majeur, avec les « tours d’eau » qui persistent depuis cinq mois et causent des perturbations régulières dans la vie quotidienne des habitants. Les retenues collinaires de Combani et Dzoumogné, fournisseurs de 80 % de l’eau potable à Mayotte, sont aujourd’hui à un niveau historiquement bas évoquant la crise de 1997. La sécheresse de 2023 a imposé des restrictions quasi quotidiennes, parfois jusqu’à deux jours sur trois sans distribution d’eau. Cette situation récurrente, amplifiée par les effets du réchauffement climatique et la croissance démographique, génère un état de « stress hydrique chronique ».

Le siège de la Cadema, à Mamoudzou, est visible au deuxième plan. On aperçoit la marina et le débarcadère de la barge reliant Grande-Terre à Petite-Terre, tandis qu’en arrière-plan s’étend la forêt de mangrove de Kawéni.
© Cadema

Sous l’impulsion éclairée de son président Rachadi Saindou, la Cadema propose des solutions innovantes telles que les générateurs atmosphériques d’eau, pour répondre aux besoins pressants de la population et garantir un accès ininterrompu à cette ressource vitale.

Rachadi Saindou, président de la Cadema.
© Cadema

Parallèlement, l’exploitation optimisée des eaux de ruissellement, programmée pour être opérationnelle d’ici fin 2024, émerge comme une alternative stratégique pour pallier les déficits, en tirant parti de l’abondance des ressources hydriques de l’île. Ces initiatives témoignent de l’engagement de son Président à faire de la Cadema la première intercommunalité mahoraise apportant des solutions écologiques concrètes. Le générateur, qui capte l’humidité de l’air pour produire de l’eau non potable, représente une innovation majeure. Cette approche audacieuse conjuguant protection de l’environnement et progrès social, démontre la détermination de la Cadema à façonner un avenir plus dynamique et durable pour son territoire. Sous la direction de Fabien Trifol, directeur Aménagement et Environnement, des actions ciblées, touchant près d’un tiers de la population mahoraise, visent à assurer un approvisionnement en eau stable et durable, offrant ainsi une réponse à la crise.

INTERVIEW

Fabien Trifol

FABIEN TRIFOL, DIRECTEUR AMÉNAGEMENT ET ENVIRONNEMENT À LA CADEMA

• L’utilisation de l’humidité dans l’air pourrait-elle être une solution à la crise de l’eau ?

- Le recours à l’hygrométrie constitue l’une des solutions. Dans une démarche de transition écologique et énergétique, la Cadema a identifié une ressource mobilisable dans l’immédiat : l’air. Par un procédé de condensation en effet, l’air permet de créer de l’eau.

À Mayotte, le taux d’humidité moyen s’élève à 85 % le jour et à 95 % la nuit ! Il y a ainsi une réserve renouvelable d’une ressource en eau. S’inscrivant dans cette dynamique, la Cadema s’est équipée de deux générateurs atmosphériques d’eau sur les deux sites de la collectivité, Mamoudzou et Dembéni. Chaque générateur produit jusqu’à 50 litres d’eau et permet à ce stade d’assurer les besoins des agents et des élus.

Générateur d’eau atmosphérique GENAQ commercialisé par la société Bourbon Froid océan Indien, présent sur les deux sites administratifs de Mamoudzou et Dembéni et permettant une production d’eau de 50 litres par jour.
© Cadema

Par ailleurs, la Cadema souhaite faire bénéficier sa population de cette alternative et va prochainement acquérir six générateurs d’eau atmosphérique pour une production journalière minimale de 5 000 litres avec trois installations à Mamoudzou et trois à Dembéni.

Cette eau produite pourra être utilisée comme « eau ménagère » par la population. La Cadema a entamé des démarches auprès du ministère de la Santé et de l’ARS, afin d’obtenir une validation, courant 2024, qui permettrait une utilisation comme eau destinée à la consommation. Par ailleurs, l’alimentation des générateurs se fera dans un premier temps de manière électrique. Elle basculera rapidement, pour des raisons environnementales, sur un système hybride.

Cuve de 300 litres avec surpresseur.
© Cadema

• À moyen terme, la Cadema souhaite utiliser les eaux superficielles comme autre alternative ?

- Le captage des eaux de ruissellement est une alternative pour approvisionner la population et les acteurs économiques en eau, le territoire regorgeant de rivières et ravines. De Hajangua aux Hauts-Vallons, la Cadema a ainsi identifié huit sites de captage potentiels. Un système de pompage, sans électricité ni coût énergétique, permettra d’effectuer ces captages superficiels et de distribuer de l’eau à la population du territoire. La mise en service des installations est prévue fin 2024.

• Sur quelle troisième alternative travaillez-vous ?

- Dans la continuité de ses services, la Cadema installe actuellement des récupérateurs d’eau qui vont être raccordés au réseau de ses deux sites administratifs de Mamoudzou et Tsararano. Ces récupérateurs seront alimentés par l’eau de pluie d’une part, et l’eau du réseau d’autre part, lorsque la première source viendra à manquer. Cette mesure, en cours de réalisation, représente une dépense de 65 000 euros, financée à hauteur de 80 % par l’État. Nous mettons ainsi en place des solutions concrètes, respectueuses de l’environnement et à un coût abordable.

Rédaction et interview : Marie Jaofeno | Stéphanie Castre
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