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Guadeloupe

30 ANS D’ACTION POUR LA RÉSERVE DE BIOSPHÈRE DE L’ARCHIPEL DE GUADELOUPE

En 1992, le Parc national de la Guadeloupe recevait le label Réserve de Biosphère de l’UNESCO, rejoignant ainsi le réseau français qui compte aujourd’hui 16 Réserves en Hexagone et en outre-mer. À la veille de la demande de renouvellement décennale de ce label en 2024, rencontre avec Ferdy Louisy, président du Parc national de la Guadeloupe.

INTERVIEW

Ferdy Louisy

FERDY LOUISY, PRÉSIDENT DU PARC NATIONAL DE LA GUADELOUPE

• Que représente ce label pour l’archipel de Guadeloupe ?

- Les Réserves de Biosphère ont pour ambition d’expérimenter des pratiques de développement durable, à l’échelle de leur territoire, basé sur le rapport Homme/Nature. Un tel label constitue ainsi une reconnaissance internationale de notre volonté de placer le Guadeloupéen au centre de sa nature, et la nature au centre de son quotidien. La Guadeloupe s’inscrivait déjà dans une démarche d’encadrement voire d’interdiction de certaines activités humaines dans son cœur de parc. La Réserve de Biosphère est venue en complément pour toucher les zones de l’archipel placées en dehors du cœur de parc.

Massif de la Soufrière.
© Fabien Salles / Parc national de la Guadeloupe
• Sur quelles grandes missions le Parc national de la Guadeloupe s’est-il concentré ?

- En tant qu’animateur du label au sein de l’archipel, le Parc national de la Guadeloupe a accompagné les acteurs du territoire vers une plus grande durabilité des activités humaines, à travers des actions reconnues et préconisées par l’UNESCO. Il s’agissait dans un premier temps de créer du lien avec les secteurs économiques traditionnels tels que l’agriculture et la pêche, afin d’accompagner leur développement durable. Cela a par exemple abouti à une convention de partenariat avec le Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins des Îles de Guadeloupe ou encore, côté agriculture, à l’attribution d’une marque de confiance au café Vanibel.

L’éducation à l’environnement a aussi été un chantier essentiel du fait de la pratique d’activités de loisirs en milieux naturels. Une charte de comportement en plongée sous-marine a notamment été conçue, ainsi que la promotion des visites palmées des fonds marins, pour une meilleure protection des coraux.

Autre point particulièrement important : la lutte contre les pollutions liées aux décharges sauvages par le biais de la police de l’environnement assurée par le Parc national.

Pour ses 30 ans, la Guadeloupe a reçu une délégation des 16 Réserves de Biosphère françaises. Des sujets majeurs ont été abordés comme la préservation des zones humides, l’agroforesterie et le tourisme durable.
© Parc national de la Guadeloupe

Enfin, il était indispensable d’accompagner les associations locales par le financement d’initiatives dans le cadre de l’appel à projets Laliwondaj qui soutient des actions comme : le Terra Festival, festival du film de l’environnement de Guadeloupe, la Journée des oiseaux endémiques ou encore le Noël traditionnel « Nwèl Kakado » de Vieux-Habitants

• Quel bilan peut-on faire de ces 30 années de détention du titre Réserve de Biosphère ?

- Les actions sont là ! En un peu plus de 30 ans, nous avons réussi à mobiliser beaucoup de public et pas uniquement le secteur non marchand mais également les entreprises, ce qui a permis un maillage de l’ensemble du territoire. Nous avons travaillé avec toutes les communes relevant du Parc national, avec la Région, le Département, l’État, les associations et organisations patronales, la Chambre d’agriculture, les associations naturalistes, le Comité des pêches, le Cluster maritime…

Les fruits et légumes de Josy et Stéphane Diomar exempts de produits chimiques de synthèse, ou encore le miel récolté en zone de mangrove de Ma Fabrik Agro-Eco sont estampillés « Esprit Parc ».
© Parc national de la Guadeloupe

Ce sont 300 projets qui ont ainsi été accompagnés depuis 2010, pour près de 1,3 million d’euros de financement accordé. En 2022, Geneviève Francius a été lauréate des trophées nationaux du Programme « MAB » (Man and the Biosphere) de l’UNESCO, pour son gîte Kotési à Pointe-Noire, qui propose un écomusée et une aire terrestre éducative. Un programme scolaire de découverte des écosystèmes marins à Basse-Terre ou les ateliers Gwajéka de fabrication de jeux traditionnels en bois font partie des projets précédemment récompensés.

La Golconde, forêt marécageuse des Abymes, fait depuis 2016 l’objet d’un programme de réhabilitation. Il s’agit de lutter contre la progression du typha, espèce florale invasive qui met en danger les zones humides, par la replantation d’arbres. Plus de 8 000 arbres produits en pépinière in situ ont déjà été replantés. L’objectif est d’atteindre 1,6 hectare de forêt plantée par année
© Parc national de la Guadeloupe

On peut par ailleurs citer la mise en place sur le territoire de la marque nationale Esprit Parc, qui a permis de labelliser des produits locaux fabriqués dans le respect de l’environnement et des cultures traditionnelles.

Notre ambition affichée aujourd’hui est le renouvellement de la labellisation avec l’objectif de mobiliser davantage la jeunesse dans le combat de la Terre. Dix jeunes Guadeloupéens ont pu participer au Forum des jeunes des Réserves de Biosphère de la Caraïbe en 2022. Notre seconde ambition est de passer à une échelle supérieure en classant toute la Guadeloupe en Réserve mondiale de Biosphère. C’est le cas de 21 communes sur 32 aujourd’hui.

Nous travaillerons encore et toujours à ce que tous les Guadeloupéens intègrent cette démarche d’écoresponsabilité de l’archipel de la Guadeloupe.

Rédaction et interview : Axelle Dorville
Réserve naturelle maritime depuis 1987, le Grand Cul-de-Sac marin est une vaste baie qui s’étend entre les deux îles principales de la Guadeloupe, sur près de 30 000 hectares (300 km2). Le site, véritable réservoir de biodiversité, est parsemé d’îlets comme ici l’îlet Fajou.
© Laurent Juhel / Autrevue - Parc national de la Guadeloupe 2023
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