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AFD

AMÉLIORER LA GESTION DES DÉCHETS AU SURINAME, À LA FRONTIÈRE AVEC LA GUYANE

L’Agence française de développement (AFD) a lancé une étude de préfaisabilité pour identifier les pratiques de gestion des déchets au Suriname et proposer des pistes d’amélioration de la filière, en termes de collecte et de traitement des déchets solides.

Situé à l’ouest de la Guyane, le Suriname est un petit pays d’environ 600 000 habitants, recouvert de forêt tropicale. La gestion des déchets solides y est particulièrement problématique : on estime qu’environ 95 % de ces déchets sont concentrés en forêt, à l’extérieur des villes et villages, dans des décharges à ciel ouvert. À l’est du Suriname, de nombreux déchets sont par ailleurs déversés directement dans le fleuve Maroni, entraînant des pollutions des berges et du fleuve lui-même, ce qui vient impacter de manière directe la Guyane frontalière.

À la demande du gouvernement surinamais, l’AFD a été sollicitée pour réaliser une étude sur le développement de systèmes durables de collecte et de traitement des déchets solides à l’est du Suriname.

Consciente des enjeux environnementaux liés à la question des déchets et de l’impact d’une mauvaise gestion sur la santé, le climat, la biodiversité et les écosystèmes, l’Agence française de développement intervient déjà dans le secteur de la gestion des déchets solides depuis le début des années 2000. De 2010 à 2020, plus de 60 projets ont ainsi été financés pour un moment total d’environ 500 millions d’euros. L’AFD soutient prioritairement la structuration des filières, tout en veillant à l’amélioration des conditions sanitaires, sociales et environnementales des populations locales.

L’AFD finance une étude pour améliorer la collecte et le traitement des déchets au Suriname qui partage sa frontière orientale avec la Guyane.
© AFD

Cette étude, financée par l’AFD à hauteur de 250 000 euros, est en cours d’élaboration et devrait être finalisée d’ici la fin de l’année 2024. Elle s’articule autour de deux grands axes : tout d’abord, une analyse de la situation actuelle pour connaître précisément les différents types de déchets et identifier les pratiques de collecte et de traitement existantes ; et une proposition de solutions pour mettre en place un système de gestion durable de déchets. Des ateliers de concertation avec les parties prenantes permettront de choisir une solution optimum ayant l’adhésion d’une majorité d’acteurs.

INTERVIEW

Avril Julienne

AVRIL JULIENNE, CHARGÉE DE PROJET À L’AGENCE FRANÇAISE DE DÉVELOPPEMENT DU SURINAME

• Comment se déroule cette étude de l’AFD sur le terrain ?

- Une première mission a été réalisée fin 2023, dans le cadre de l’étude, pour échanger avec les acteurs institutionnels chargés de la gestion des déchets, dont les trois ministères surinamais concernés, ainsi qu’avec les acteurs du secteur privé et les ONG.de la filière. Nous avons alors pu définir le cadre institutionnel dans lequel s’inscrit notre travail.

En février, une seconde mission a eu lieu le long du fleuve Maroni, en coordination avec les partenaires guyanais. Ce déplacement de deux semaines a été utile pour identifier les déchets, les modes de collecte et de traitement dans les villages de Cottica, Benzdorp et Gakaba, qui se trouvent en bordure du fleuve. L’objectif global est d’avoir une vision des besoins en infrastructures de ce secteur frontalier avec la Guyane.

Petit pays situé sur le plateau des Guyanes, le Suriname génère un volume exponentiel de déchets. D’ici 2040, la population pourrait enregistrer une croissance de 25 % et générer 403 000 tonnes de déchets par an, contre 253 000 tonnes aujourd’hui.
© AFD
Déchets qui s'amoncellent dans la nature au Suriname.
© AFD
• Quelle est l’articulation entre cette étude et celle de la Banque interaméricaine de développement (BID) ?

- L’AFD et la BID ont décidé de collaborer pour soutenir la création d’un système intégré de gestion des déchets solides dans l’est du Suriname. Chaque institution a financé sa propre étude, portant sur des aspects complémentaires. L’étude de la BID vise un renforcement institutionnel – en développant la mise en réseau des acteurs locaux par exemple – afin d’accompagner les politiques de gestion des déchets du Suriname. L’objectif étant d’instaurer sur place des normes et des lignes directrices pour réglementer le secteur. La coordination entre la BID et l’AFD va nous permettre d’acquérir une meilleure compréhension du secteur des déchets solides au Suriname.

Rédaction et interview : Lucie Labbouz
+ d’info ici : Guide sur la gestion des déchets solides
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