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Île de La Réunion

L’ESPACE NATUREL SENSIBLE (ENS) DE CAP BLANC : DES DÉCOUVERTES AU FIL DE LA RIVIÈRE

Répartis sur toute l’île de La Réunion, les Espaces naturels sensibles sont de précieuses reliques de la forêt originelle. Gérés par des professionnels passionnés de nature sous la responsabilité du Département, ils n’attendent que votre visite. Dans ce numéro de l’e-mag, partons à la découverte de Cap Blanc, seul « ENS rivière » de l’île...

Dans les Hauts de la rivière Langevin, l’ENS de Cap Blanc couvre une superficie de 460 hectares. Cet ENS offre un caractère exceptionnel de biodiversité et de paysages captivants, avec de beaux points de vue sur la cascade La Fouillée ou le morne Langevin qui domine la vallée. Au détour des sentiers, vous apercevrez des oiseaux forestiers, des insectes endémiques et plusieurs espèces indigènes longeant la rivière, comme le bois de rempart, le bois de joli cœur, le bois d’osto… Vous serez surpris par la mosaïque de patrimoines, naturel et culturel. Cet ENS permet aussi d’accéder après une longue randonnée à la région du volcan. Ouvert à tous, ce site concilie activités de loisirs et préservation des espèces indigènes et endémiques qui y vivent.

Au village de Grand Galet, la route s’arrête. Pour atteindre Cap Blanc, il faut continuer à pied. Malgré quelques portions de ravines à franchir et passages à gué, la balade d’environ une heure est accessible à tout marcheur. Elle débouche directement sur la rivière.
© AAPPMA-RS

L’Association agréée de pêche et de protection du milieu aquatique des rivières du sud (AAPPMA-RS) vous invite ainsi à serpenter, en dehors bien sûr des périodes de fortes pluies, depuis les prés cultivés et les sous-bois jusqu’aux berges de la rivière des Sept Bras. Celle-ci, parmi les plus belles de l’île, est un lieu de reproduction de la truite arc-en-ciel, où les adeptes de la pêche en eau douce peuvent profiter d’un parcours diversifié le long de la rivière sur près de 1 600 mètres. Par ailleurs, non loin des berges, les vestiges d’un ancien village restent visibles.

Le phasme, ce long insecte phytophage (qui se nourrit de matières végétales), indigène de l’île est le roi du camouflage.
© Jocelyn Céus

L’ANCIEN VILLAGE DE CAP BLANC

Un village existait à Cap Blanc jusqu’en 1976. Il aurait été fondé dès 1775, avant d’abriter au milieu du XIX ème siècle des familles venues des environs de Saint-Joseph, attirées par l’essor du géranium. Une centaine de personnes, dont des « petits blancs des hauts » vivaient là isolées, pratiquant la culture de proximité et utilisant les fleurs de camélias, à la propriété moussante, pour se laver. Des vestiges de murets et autres enclos en pierre sèche témoignent de leurs habitations.

Vestige de l’ancien village de Cap Blanc.
© D. K/Bidi

TÉMOIGNAGE

Damien K/Bidi

DAMIEN K/BIDI, ANIMATEUR DE L’AAPPMA-RS, CHARGÉE DE L’ENTRETIEN SUR LE SITE

« Mon métier est d’être animateur sur l’ENS de Cap Blanc, où j’organise des visites guidées du sentier. Notre association est mandatée par la Fédération départementale de pêche2, gestionnaire du site, pour entretenir les berges de la rivière et les parcelles de restauration écologique où nous recréons des miniforêts. Aux abords des sentiers, pour les sécuriser aussi, nous édifions des barrières en bois de goyavier tressé, une espèce exotique envahissante (EEE) qu’il serait difficile de transporter jusqu’en bas, car le parking est à une heure de marche. Les autres principales EEE que nous combattons sont le longose, la vigne marronne, le bringellier marron, le bois de Noël... Parmi les espèces indigènes qui repoussent naturellement, on trouve le bois de joli cœur, le café marron, le bois de corail, le petit bois d’oiseau ou encore le change-écorce, qui est l’arbre-hôte d’un magnifique insecte que j’aime faire découvrir : le phasme.

Les truites sont introduites au stade d’alevins (environ 1 500 par an).
© AAPPMA-RS

UNE PÊCHE À LA TRUITE TRÈS ENCADRÉE

L’ENS de Cap Blanc est un haut lieu de la pêche à la truite arc-en-ciel 1 de l’île, une activité strictement réglementée. Un permis de pêche est requis et des règles doivent être respectées : périodes d’ouverture et de fermeture, quotas, mailles biologiques (taille minimale de conservation)...

TÉMOIGNAGE

Armand Métro

ARMAND MÉTRO, DIRECTEUR DE LA FÉDÉRATION GESTIONNAIRE DE L’ENS DE CAP BLANC

« La Fédération départementale des associations agréées de pêche et de protection du milieu aquatique de La Réunion gère depuis 2008 pour le Département de La Réunion l’ENS de Cap Blanc. Notre fédération met en œuvre les parcelles de restauration écologique, pour que les espèces exotiques envahissantes laissent place à des espèces indigènes. Nous favorisons la régénération naturelle, c’est-à-dire qu’une fois les EEE retirées, nous laissons faire la nature. Sur notre toute première parcelle, les arbres atteignent aujourd’hui une dizaine de mètres de haut ! La mise en lumière doit être progressive, il ne faut pas éliminer les EEE d’un coup car les plantes, couvertes par ces espèces, ne sont pas habituées à la lumière. Et quand la régénération fonctionne moins bien, sur les parcelles sans couvert forestier notamment, nous achetons des plants chez un pépiniériste agréé dans le cadre du plan départemental « 1 million d’Arbres pour La Réunion ». Nous organisons des chantiers de plantation participatifs en octobre lors des Rendez-Vous Natures et en mai pour la Fête de la Nature.

Notre garde-pêche assermenté veille au respect de la réglementation de pêche, contrôle les déchets, la présence de rats et les feux. La création de places à feux permettrait de canaliser la forte affluence sur le site. »

Rédaction et interview : Béatrice Tevanee | Stéphanie Castre
Aperçu du site, où une passerelle en bois a été installée par l’association gestionnaire pour faciliter l’accès aux visiteurs.
© AAPPMA-RS
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