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Cirad

40 ANS DE RECHERCHE PARTAGÉE POUR CULTIVER LE MONDE DE DEMAIN !

Depuis 40 ans, avec ses partenaires, le Cirad œuvre au développement agricole, à la préservation et la valorisation de la biodiversité exceptionnelle des territoires ultramarins tropicaux. L’avancée des progrès technologiques portée par le Cirad en outre-mer a marqué l’histoire agricole de ces territoires et de leur influence dans leurs bassins de proximité.

INTERVIEW CROISÉE

MAGALIE JANNOYER, DIRECTRICE RÉGIONALE DU CIRAD ANTILLESGUYANE ET ÉRIC JEUFFRAULT, DIRECTEUR RÉGIONAL DU CIRAD RÉUNION-MAYOTTE-OCÉAN INDIEN

Magalie Jannoyer
Éric Jeuffrault
• Quel a été le contexte de création du Cirad à La Réunion et aux Antilles-Guyane ?

Éric Jeuffrault - Le 3 janvier 1962, une antenne de l’Institut de recherches agronomiques tropicales et des cultures vivrières (IRAT) s’implante à La Réunion à la demande et accompagnée par les professionnels de la filière canne à sucre de l’époque et donne le jour à l’actuel siège de la direction du Cirad Réunion, à la Bretagne. L’IRAT, l’IRFA 2 et le CEEMAT 3 vont conduire pendant plus de 22 ans des travaux très diversifiés dont les résultats structurent encore aujourd’hui les grandes filières agricoles réunionnaises canne à sucre, élevage, fruits et maraîchage, cultures ornementales.

C’est de ce mariage de raison entre recherche et développement économique que naîtra en 1984 le Cirad, établissement public à caractère industriel et commercial qui poursuit aujourd’hui son développement à La Réunion, à Mayotte et en océan Indien. Ses infrastructures sont sans cesse modernisées et adaptées, en partenariat étroit avec les bailleurs et les partenaires scientifiques et techniques avec l’IRD, l’INRAE, l’ANSES, le MHNH, l’Université de La Réunion, avec les professionnels dont la Chambre d’agriculture, FDGDON, le GDS, le Parc national de La Réunion et des entreprises privées comme la biofabrique La Coccinelle. Chaque programme est coconstruit avec les bénéficiaires dont eRcane et Armeflhor, ou la Fédération régionale des coopératives agricoles dans le cadre des Réseaux d’innovation et de transfert agricoles (RITA).

Image d’archive de la station de la Bretagne à La Réunion.
© Cirad

Magalie Jannoyer - Aux Antilles-Guyane, l’histoire du Cirad est liée, comme à La Réunion, aux instituts destinés à répondre aux besoins techniques des filières d’exportation (canne et banane), d’agrumes et de bois, ainsi qu’aux problématiques de santé vétérinaire pour les filières animales. Il s’agit alors d’améliorer la productivité, de structurer les filières et de valoriser la diversité, par une meilleure caractérisation et connaissance des espèces pour chaque territoire. Ces différents instituts techniques d’appui aux filières se regroupent alors au sein du Cirad il y a 40 ans, avec toujours le même objectif d’appui technique agronomique et vétérinaire et de proximité avec les filières.

Visuel illustrant la recherche agronomique menée à La Réunion par le Cirad, ses retombées sur l’agriculture de l’île et le rayonnement du Cirad dans l’océan Indien.
© Yuman 
• Comment expliquer la longévité du Cirad aux Antilles-Guyane et dans l’océan Indien ?

M. J. - En lien avec le slogan « Innovons pour les agricultures d’aujourd’hui et de demain », le Cirad a continuellement développé des programmations répondant aux enjeux des territoires, en synergie avec les producteurs, les filières et en accord avec les collectivités et grâce à leurs financements. La présence historique sur site et ces financements permettent au Cirad d’investir et de faire de la recherche internationale en terrain tropical depuis les outre-mer. Le Cirad est ainsi reconnu en Guadeloupe comme un centre d’expertise mondial sur la cowdriose, maladie transmise par les tiques, ou en Guyane avec un suivi unique de la forêt tropicale.

Dans les années 1980-90, le Cirad introduit la technique, innovante pour l’époque, de la jachère assainissante comme moyen de lutte agro-écologique contre les parasites inféodés aux bananiers, combinée à la replantation de vitroplants de bananiers sains ; une technique faisant aujourd’hui partie du b.a.-ba de la production de bananes. 
© Cirad

Cela permet également aux territoires ultramarins de bénéficier d’une masse critique de compétences très importante – près de 400-450 employés permanents et non permanents en outre-mer – ainsi que de disposer de terrains d’expérimentation en propre.

Le laboratoire des sciences du bois du Cirad en Guyane travaille sur la mise au point de produits biosourcés, issus des déchets du bois d’œuvre, remobilisés pour l’extraction de molécules à haute valeur ajoutée. 
© Cirad

É. J. - Dans les années 2000, une restructuration du Cirad s’opère, suite à une demande de ses tutelles de mettre la science au centre de ses activités. Le Cirad s’engage à porter des projets de recherche plus académiques pour toujours mieux soutenir les filières. Grâce aux nouvelles technologies, on explore des sujets de plus en plus pointus, en particulier en matière de génétique ou de lutte biologique pour renforcer une protection des cultures plus durable contre les bioagresseurs. Les études de terrain ne sont pas pour autant délaissées, avec un important travail de réalisation d’itinéraires techniques innovants. La combinaison de ces compétences permet aujourd’hui au Cirad de répondre à des besoins d’accompagnement plus complexes, intégrant l’environnement (bioéconomie circulaire, valorisation des biomasses à des fins agroécologiques ou énergétiques), la sécurité sanitaire (épidémiosurveillance, suivi des pollutions des sols et de l’eau), la sécurité alimentaire (systèmes moins dépendants, plus sains) ou encore l’aménagement du territoire face au changement climatique, un enjeu désormais prioritaire.

L’Agrocampus de Ligne Paradis regroupe le nouveau Pôle de Protection des Plantes, l’antenne sud du Parc national de La Réunion, les bâtiments historiques du pôle élevage, de l’agroalimentaire, de la télédétection et du programme de recherche de traitement des données satellitaires pour l’agriculture et l’aménagement rural. Au fond, on aperçoit la station agronomique de Bassin Plat.
© Cirad
Rédaction et interview : Axelle Dorville
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