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Île de La Réunion

LA COOPÉRATION RENFORCÉE ENTRE LE CONSERVATOIRE DU LITTORAL

L’accueil, en mars, d’une délégation mauricienne à La Réunion puis la visite, en avril, de deux représentants du Conservatoire du littoral à l’île Maurice ont permis de réfléchir au développement de nouveaux partenariats ou projets qui pourraient être menés conjointement. 

Depuis 2021, un dialogue facilité par la Région Réunion a été engagé entre le Conservatoire du littoral et les acteurs de la gestion des littoraux mauriciens. Deux propositions inscrites dans l’ébauche du nouveau Plan d’aménagement du territoire de l’île Maurice alimentent tout particulièrement ces discussions : la fondation à Maurice d’une structure s’inspirant du Conservatoire du littoral français ; et le projet de créer un géoparc côtier de la Cambuse à Gris-gris, sur la côte sud-est de l’île, s’apparentant aux Geoparks UNESCO.

Dans le cadre du projet RECOS de la Commission de l’océan Indien, une délégation mauricienne a été accueillie à La Réunion du 25 au 29 mars 2024, favorisant ainsi la continuité de ces échanges et l’exploration de partenariats futurs avec Maurice. Puis, du 16 au 19 avril, un « voyage retour » a permis à deux agents du Conservatoire d’appréhender in situ, avec les acteurs mauriciens, les problématiques en cours comme les crispations pouvant survenir sur les pas géométriques loués à bail, l’érosion côtière, etc.

Photo de groupe à La Réunion lors de l’échange technique entre les deux îles.
© Nicolas Boulard / Conservatoire du littoral

DES ÉCHANGES DE BONNES PRATIQUES EN FAVEUR DES LITTORAUX

La délégation mauricienne s’est vu concocter un riche programme rythmé de conférences techniques et scientifiques, mais aussi de visites de terrain sur la valorisation du site patrimonial de la Pointe au sel, de la zone humide de l’Étang du Gol... Le but était de montrer comment un établissement du type du Conservatoire du littoral est en capacité de tisser du lien avec de nombreux partenaires pour développer des projets au bénéfice d’un littoral apaisé. À Maurice, des visites ont couvert divers sites du projet « Coastal Geopark » et les échanges ont notamment porté sur la volonté de créer, le long du futur parc côtier doté d’attraits géologiques, un sentier littoral d’environ 20 kilomètres ouvert à tout public. La mise en œuvre d’activités touristiques liées à la nature et au bénéfice des communautés locales est l’une des autres thématiques abordées lors ces échanges fructueux.

Paysage du littoral sud mauricien.
© Nicolas Boulard / Conservatoire du littoral
Visite d’un espace naturel à l’île Maurice, lors de la venue des deux représentants du Conservatoire du littoral.
© Nicolas Boulard / Conservatoire du littoral

TÉMOIGNAGES

CARINA GOUNDEN, COORDINATRICE DES PROGRAMMES DE L’ONG MAURICIENNE MRU2025

Carina Gounden
Nous avons hérité la notion des pas géométriques depuis 1807 lorsque l’île était sous administration française et il est possible d’y construire à partir de 30 mètres depuis la ligne de la plus haute marée. C’est pourquoi nous avons autant d’hôtels et complexes résidentiels “les pieds dans l’eau”. Sur le périmètre côtier pressenti pour accueillir le géoparc, l’État mauricien a alloué des baux à long terme à des privés qui cultivaient la canne. Aujourd’hui la canne fera place à des “Smart Cities” et autres projets immobiliers, de grosses villes littorales qui vont sortir de terre. Il est urgent que nous réfléchissions à l’utilisation qui sera faite de ces pas géométriques encore non bâtis. Comment organiser le partage de l’espace et ne pas tomber dans le schéma des conflits habituels. Nous ouvrons ce dialogue.
Réunion de travail multi-acteurs à l’île Maurice.
© Carina Gounden

SAREETA SUNTAH, DIRECTRICE DES SERVICES TECHNIQUES, MINISTÈRE MAURICIEN DU LOGEMENT ET DE L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

Sareeta Suntah
Les Mauriciens prennent conscience de la pression qui s’exerce sur nos zones côtières. Le nord, l’est et le sud de l’île ont été quasi entièrement urbanisés, bétonnés. On est parti dans un extrême en ne cessant de développer les projets économiques. Par contre, le “sud sauvage” qui alterne criques et falaises, reste en partie préservé. Nous aimerions y aménager des coupures vertes pour protéger ces espaces d’ailleurs soumis à une forte érosion. Les Mauriciens pourraient eux aussi avoir accès aux plages, car les hôtels une fois construits ne leur laissent qu’un droit de passage. Le sud est convoité par les investisseurs, mais nous devons convaincre les autorités de créer un autre modèle, plus durable, et d’adapter à Maurice une structure innovante telle que le Conservatoire du littoral.
Plage privée marquée par l’érosion. 
© Nicolas Boulard / Conservatoire du littoral
Rédaction : Stéphanie Castre
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