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Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires

DEUX EXEMPLES DE PROJETS ACCOMPAGNÉS PAR LE FONDS VERT À LA RÉUNION

Soutenir les projets des territoires pour accélérer leur transition écologique est la vocation du Fonds vert, créé en 2023. L’État accompagne ainsi fortement la mobilisation des collectivités territoriales en outre-mer. Zoom sur deux projets Fonds Vert à La Réunion.

LE PROJET CEODES EN FAVEUR DE LA FLORE RÉUNIONNAISE MENACÉE

Avec 382 des 963 espèces végétales indigènes de l’île aujourd’hui menacées d’extinction, La Réunion fait face à une urgence en matière de conservation de son patrimoine floristique. C’est pourquoi, sous l’impulsion de la DEAL Réunion, le Conservatoire botanique national de Mascarin a élaboré trois nouveaux Plans nationaux d’actions (PNA). Parmi eux, le PNA Espèces végétales au bord de l’extinction de La Réunion (2021-2030) cible 10 espèces endémiques de l’île ou des Mascareignes, dont le nombre d’individus sauvages est, pour la plupart, inférieur à 50.

Après le projet FEDER SEVE (2021-2023), qui a initié la mise en œuvre de ce PNA, le projet CEODES (2023-2026) soutenu par le Fonds Vert 4 et le Département va permettre, en étroite collaboration avec le Parc national de La Réunion, de poursuivre les actions prioritaires du PNA : état des lieux des populations naturelles et prospections botaniques dans l’espoir de découvrir de nouveaux individus, développement de méthodes de repérage et d’échantillonnage des plantes menacées par drone dans les remparts inaccessibles, récoltes de graines afin d’enrichir les collections en arboretums et banques de semences...

TÉMOIGNAGE

DOMINIQUE OUDIN, DIRECTEUR DU CONSERVATOIRE BOTANIQUE NATIONAL DE MASCARIN

Dominique Oudin

Le projet CEODES (Conservation, étude et observatoire des espèces à sauvegarder) nous a permis de mobiliser l’entreprise québécoise Outreach Robotics, pionnière en nouvelles technologies drones au service de la biodiversité. Nous avons pu tester un nouveau prototype de drone récolteur de plantes, le “Mamba” ! Grâce à sa pince de collecte, qui est une première mondiale, nous avons prélevé des plantes, fruits, etc. de façon extrêmement précise dans les falaises, jusqu’à un kilomètre de là où nous étions avec la télécommande. La difficulté est de ne pas perdre le réseau internet. Cet outil est prometteur pour la collecte des espèces endémiques menacées dans les milieux impossibles d’accès. On élargit ainsi les zones, tout en limitant notre impact. En cinq jours de tests, nous avons échantillonné quatre sites naturels, prélevé 15 espèces endémiques menacées et surtout, récolté 100 % des cibles !

Accroché à la verticale d’un autre drone, le drone Mamba a été conçu pour prélever des feuilles ou branches jusqu’à deux centimètres de diamètre à l’aide de sa scie circulaire intégrée.
© F. Vandeschricke

LA PREMIÈRE FORÊT URBAINE DE L’OUTRE-MER SERA À SAINT-DENIS

Le Fonds Vert soutient un autre projet innovant à La Réunion : la création d’une micro-forêt de près de 5 000 m2 sur le front de mer de Saint-Denis.

« Dédié aux générations futures, le projet s’inscrit dans le cadre d’une ambition municipale de faire de Saint-Denis une ville-jardin. Il prévoit la plantation d’ici début 2026 de plus de 27000 plants dont des arbres, au Barachois, en plein cœur de la ville », se réjouit Nadège Grenier-Duvert, cheffe de projet à la direction des Grands projets de la Ville de Saint-Denis. Cette forêt s’apparentera à un sanctuaire fermé au public, où la nature pourra reprendre ses droits. En effet, « en milieu urbain, les arbres rendent de multiples services, ils améliorent la qualité de l’air, permettent de lutter contre les îlots de chaleur, séquestrent le carbone, abritent une biodiversité et ont également un rôle “social” en offrant un cadre de vie plus apaisé », poursuit Nadège Grenier-Duvert.

Plan de la future micro-forêt du Barachois, un projet porté par la Ville de Saint-Denis. Le site hébergeait l’ancienne Bibliothèque nationale du prêt aujourd’hui démolie et dont une partie des matériaux a été recyclée dans une logique d’économie circulaire.
© Ville de Saint-Denis

Au-delà de sa situation en bordure d’océan et d’un grand axe routier qui la soumettra à la pollution, au vent et aux embruns, la future micro-forêt tire son originalité de son découpage en plusieurs phases pour justement lui donner toutes ses chances face à ces contraintes. La première a pour but d’enrichir le substrat – avec un suivi tous les six mois – à l’aide de couvre-sol comme engrais vert et du test in situ, de différentes compositions de composts. Pendant la seconde phase lancée en mars 2024, les plants principalement indigènes et endémiques qui peupleront la future micro-forêt, sélectionnés pour s’adapter au milieu et au sol, seront cultivés en pépinière.

Vue actuelle du sentier, sur le site de la future forêt urbaine, avant enrichissement du substrat.
© Nadège Grenier Duvert

Enfin les plants seront mis en terre en respectant les différentes strates d’une forêt. La micro-forêt pourra ainsi être visible d’ici une dizaine d’années.

Rédaction : Stéphanie Castre
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