4 minute read

Mayotte

PRÉSERVER LA BIODIVERSITÉ ET LES TRADITIONS MAHORAISES : LE PARI DE L’APICULTURE RESPONSABLE

Développer l’apiculture afin de protéger les pollinisateurs, les habitats et les cultures traditionnelles : c’est l’ambition portée par la Fédération mahoraise des associations environnementales (FMAE) dans le cadre du plan national pollinisateurs 2021-2026.

Le plan national d’actions (PNA) « pollinisateurs domestiques et sauvages » a été lancé en 2021 en France. Objectif : mettre en place des actions concrètes pour lutter contre le déclin de ces insectes si précieux.

RAPPELONS QUE 90 % DES PLANTES À FLEURS ET 35 % DE CE QUE NOUS MANGEONS DÉPENDENT DE LA POLLINISATION PAR LES INSECTES !

À Mayotte, la FMAE s’est emparée de la problématique et s’occupe d’animer la déclinaison locale du PNA, coordonnée par la DEALM (Direction de l’environnement, de l’aménagement, du logement et de la mer de Mayotte). Les premières actions ciblent la conservation des abeilles Apis mellifera unicolor via trois volets : la recherche scientifique, la sensibilisation et la montée en compétences.

accompagner les apiculteurs amateurs pour les professionnaliser.
© FMAE

UN « COUVAIN » DE CONNAISSANCES ET DE BONNES PRATIQUES

La FMAE a lancé un projet de structuration de la filière apicole pour accompagner les apiculteurs amateurs et les professionnaliser. Un projet cofinancé par l’OFB via Biodiv’Eco. À ce jour, une trentaine de personnes ont suivi les formations, créant une toute nouvelle communauté d’« apiconservateurs » – comme ils se sont surnommés !

Car au-delà de l’apprentissage technique apicole, l’association aborde les questions de préservation des habitats, de diversité des écosystèmes et de services rendus par la biodiversité et les abeilles. À terme, la vente du miel sera assurée en circuit court via la création d’une coopérative. Certains restaurateurs sont déjà séduits par ce subtil condiment local…

La filière apicole mahoraise se structure autour d’une espèce d’abeille sauvage locale : Apis mellifera unicolor.
© FMAE

La démarche s’appuie aussi sur l’installation d’un rucher pédagogique et de recherche. La FMAE teste différents modèles de ruches, cherche à identifier les meilleurs emplacements – en prêtant notamment attention aux arbres investis par les fourmis et autres termites – et repère les plantes qui attirent le plus les abeilles. Avec l’appui de scientifiques commandités par la DEALM, ces recherches permettront de réaliser le premier inventaire des plantes mellifères de « l’île aux parfums » ainsi qu’un guide abordant les aspects techniques et économiques de l’apiculture à Mayotte.

Le projet accompagné par l’OFB se termine en mai 2024, mais la dynamique se poursuivra grâce aux apiconservateurs qui essaiment les bonnes pratiques sur l’île. La FMAE envisage une collaboration avec la Chambre d’agriculture, la CAPAM, porteuse d’un projet de développement apicole dans le cadre de RITA, Réseau d’innovation et de transfert agricole de Mayotte.

Des apiconservateurs aidés de la construction des ruches aux démarches administratives pour leur installation.
© FMAE

TÉMOIGNAGE

ALI MADI, PRÉSIDENT DE LA FÉDÉRATION MAHORAISES DES ASSOCIATIONS ENVIRONNEMENTALES (FMAE)

Ali Madi
À Mayotte, la plupart des habitants possèdent leur propre mundra, un petit champ cultivé où se mêlent plantes médicinales et alimentaires.
Dans notre culture, la relation avec la nature est profonde, ancrée dans les contes anciens où les abeilles ont également leur place. “Si l’abeille te pique, c’est que tu l’as dérangée ! Si la piqûre n’est pas trop forte, c’est qu’elle est là pour te soigner.” Le miel est une nourriture, mais c’est aussi un remède utilisé en médecine traditionnelle, et la cire est employée pour les soins capillaires et les massages.
À travers nos formations, nous transmettons des connaissances pratiques ainsi que notre héritage culturel, qui s’inscrit dans la bioculture et les 17 Objectifs de Développement Durable. Face aux défis posés par l’accélération des échanges avec le reste du monde, nous travaillons pour la conservation de nos savoirs traditionnels, des liens intergénérationnels et de notre relation ancestrale avec la nature.
Rédaction et interview : Romy Loublier
This article is from: