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Martinique

Les marchés bio alternatifs et solidaires proposent à la population locale les produits des fermes du PDER. © La Chabet

LE DÉVELOPPEMENT DE LA FILIÈRE DU BIO POUR MANGER SAIN ET LOCAL

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Le Pôle de développement d’économie rurale est né de la volonté d’offrir à la population martiniquaise une agriculture biologique accessible et locale, en créant un réseau d’acteurs engagés autour du développement économique et de l’innovation dans la filière bio.

Créé en 2019, le Pôle de développement d’économie rurale (PDER) tend vers un objectif simple : mettre la ruralité au cœur du développement économique du territoire. Le PDER souhaite ainsi assurer le transfert des connaissances et des savoir-faire agricoles, et valoriser les ressources naturelles pour « développer de manière durable et équitable la Martinique de demain ».

Il repose sur un réseau de 6 fermes biologiques fédérées, réparties sur l’ensemble de l’île et organisées autour des 6 pôles faisant écho aux valeurs et missions du PDER : production, distribution, transformation, formation, transmission et valorisation des patrimoines culturel et naturel.

Au-delà de la transition vers le « bio » des fermes fédérées et de l’accompagnement des agriculteurs à la production, le PDER compte de nombreuses réalisations à destination du grand public : création de marchés solidaires et distribution de « paniers bio » pour favoriser les circuits courts du producteur au consommateur, sensibilisation en milieu scolaire, mise en place d’un programme agrotouristique, etc.

Le « koudmen », partage du travail autour d’une parcelle à La Chabet.

© La Chabet

Le PDER accueille par ailleurs le premier « Atelier Chantier d’Insertion » (ACI) en agriculture biologique de Martinique. Cette structure d’insertion par l’activité économique a déjà formé une dizaine de salariés et offre à des jeunes des perspectives d’emploi et d’avenir concrètes.

Aujourd’hui, le PDER représente 21 emplois et semble avoir d’ores et déjà relevé le défi d’offrir à la population martiniquaise une alimentation bio, locale, variée et respectueuse de l’environnement !

Les jeunes de l’Atelier Chantier d’Insertion.

© La Chabet

INTERVIEW

Léon Tisgra, appelé familièrement «Tonton Léon », ici avec son petit fils, transmet les saveurs et valeurs de la ruralité aux jeunes générations.

© Hélène Clément

LÉON TISGRA

PIONNIER DE L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE EN MARTINIQUE ET FONDATEUR DU PÔLE DE DÉVELOPPEMENT D’ÉCONOMIE RURALE (PDER)

• Comment avez-vous imaginé le PDER ?

- Je suis un Martiniquais impliqué dans le développement de mon île depuis des décennies ! Les anciens du monde rural avaient des valeurs et des responsabilités qui les obligeaient : ils savaient observer et respecter la nature, avaient une culture, des connaissances et des savoir-faire que j’avais à cœur de transmettre à mon tour. J’ai voulu suivre la route de mon père et ai créé il y a près de 20 ans la première ferme bio de Martinique, puis le Groupement régional des agriculteurs bio certifiés. Le Pôle de développement d’économie rurale s’inscrit dans la lignée de ces initiatives, avec une forte volonté d’offrir à la jeunesse martiniquaise des parcours économiques et environnementaux prometteurs, issus de la ruralité.

Le Domaine de la Chabet, une des 6 fermes bio du PDER.

© Hélène Clément

• Le PDER pourrait-il être un levier pour l’accès à l’emploi des jeunes ?

- C’est certain ! Chacun des pôles du PDER est pensé comme un pôle de développement économique porteur d’embauches, et offre des dizaines d’opportunités d’emplois différents autour de la pépinière, la planification des cultures, la production, la distribution, la communication, la gestion des projets touristiques, la sensibilisation, etc.

Chaque jeune peut y trouver son compte, et nous rejoindre au sein de l’Atelier chantier insertion. Nous l’avons pensé comme un véritable Pôle d’excellence où les jeunes urbains peuvent être formés et accompagnés à ces différents métiers. Nous avons à cœur de pouvoir concilier le développement économique, le social, et l’environnement bien sûr, dans un esprit d’échange, de transmission et de respect. On invite chaque jour les jeunes à se surpasser, on leur donne confiance, c’est du renforcement positif, et ça marche !

• Produire, distribuer, transformer, former, communiquer… le projet semble titanesque, comment arrivez-vous à être sur tous les fronts à la fois ?

- Pour commencer, je ne suis pas seul ! Le PDER, c’est un véritable projet de territoire porté par des femmes et des hommes convaincus. Il regroupe un ensemble d’acteurs qui développent des compétences propres à chacun, pour les mettre à disposition du collectif, dans toute la Martinique. Le projet est ambitieux, mais nous avançons étape par étape selon le plan de développement établi. Il est écrit sur un rouleau de papier, qui fait quelque 16 mètres de long quand on le déroule ! C’est beaucoup, c’est vrai, mais on pourrait en ajouter, encore et encore… Ce ne sont pas les idées qui manquent !

Rédaction : Lucie Labbouz

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